Archives pour la catégorie Essai

La Joie ennemie de Kaouther Adimi. Stock 🟩🟩🟩🟩◼️

La Joie ennemie

Kaouther Adimi

Stock

978-2-23408-647-0 Août 2025

256 pages

Dans le cadre de la collection Ma nuit au musée proposée par Stock, Kaouther Adimi a choisi de passer une nuit à l’Institut du Monde Arabe à la veille de l’ouverture d’une exposition sur la peintre algérienne Baya (1931-1998).

Cette proposition de passer une nuit dans un musée avait déjà été faite à Khaouter Adimi en 2018, mais les émotions avaient été tellement fortes qu’elle n’avait pu réaliser cette nuit au musée.

Ces émotions fortes étaient en relation avec l’Algérie, les couleurs et ces souvenirs d’enfance à Alger liés à la période noire du GIA entre 1990 et 2000.

L’Algérie est bien évidemment le point commun entre Baya et Khaouter Adimi. Et le point central est la rencontre que Khouater Adimi a faite des toiles de Baya en 1994 au musée des Beaux-Arts d’Alger. Khaouter Adimi à 8 ans. Elle est née en Algérie puis à 4 ans elle est partie vivre avec sa famille à Grenoble. Son père, journaliste, militaire par obligation financière, travaillait sur une thèse en France. Au vu des événements en Algérie, il préférera aux risques et périls de sa famille revenir en Algérie.

Dans cette nuit au musée, l’autrice nous parle de sa jeunesse faite de violence, de terrorisme et de la vie de Baya dans les années 1930.

La part belle est donnée à l’introspection de l’auteur par rapport à la vie de Baya. Cela peut être une limite à cet ouvrage. Mais comment ne pas être touché et ému par les souvenirs, les émotions d’une toute jeune fille, qui fait devoir de mémoire et de transmission.

L’art brut, naïf de Baya ainsi que les couleurs de ses tableaux faisant office de pont entre les époques et dessinant un espoir tenu.

Kaouther Adimi est la fille d’un père militaire et d’une mère ayant rédigé des articles de politique internationale. Elle naît à Alger, où elle vit jusqu’à l’âge de quatre ans, avant que sa famille ne s’établisse à Grenoble pour quatre ans. Durant cette période elle découvre le plaisir de la lecture avec son père, qui l’emmène chaque semaine à la bibliothèque municipale.

En 1994, elle rentre en Algérie, qui vit alors sous l’emprise du terrorisme. N’ayant que très peu d’occasions de lire, elle commence à écrire ses propres histoires. Alors qu’elle étudie à l’université d’Alger, elle voit une affiche de l’Institut français qui organise un concours de jeunes écrivains à Muret, en Haute-Garonne. Par deux fois, les nouvelles qu’elle soumet à l’attention du jury reçoivent le Prix du jeune écrivain francophone (Le chuchotement des Anges en 2006 et Pied de vierge en 2008). Grâce à ce concours, elle est invitée à Muret, à Toulouse, puis à Paris, où elle rencontre les Éditions Barzakh.

En 2008, elle reçoit le Premier Prix du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger pour Sur la tête du Bon Dieu.

Elle est diplômée en lettres modernes et en management des ressources humaines.

La Mystification indienne de Jean-Claude Perrier. Les Editions du Cerf. 🟩🟩🟩🟩◼️

La mystification indienne

Jean-Claude Perrier

Les Editions du Cerf

ISBN : 9782204157223 Mai 2025

213 pages

La Mystification indienne est le nouveau récit, essai de Jean-Claude PerrierJean-Claude Perrier est un écrivain journaliste aux prix multiples et passionné par l’Inde.
La mystification indienne est l’histoire d’une imposture. Celle d’Octave Mirbeau. Nous sommes en 1885. Octave Mirbeau, jeune journaliste et futur écrivain, s’embarque pour l’Inde.
« Rien n’est curieux comme une ville de l’Inde, ensommeillée, aux premières heures crépusculaires du jour. » Lettres d’Inde – Octave Mirbeau.
Les Lettres d’Inde, écrites dans deux journaux, regorgent de descriptions venant du Sri Lanka, de Pondichéry, du Tamil Nadu ou encore de l’Himalaya et du Sikkim.
On y est : les odeurs, les senteurs, la foule, les couleurs, le bruit, la colonisation. Et pourtant tout est inventé. Octave Mirbeau n’a jamais quitté la France.
la peinture avait le Douanier Rousseau qui a peint la jungle depuis le Jardin des Plantes.
La littérature aura Octave Mirbeau. Remarquez, on est à la même époque.
Jean-Claude Perrier s’est mis dans les pas de son prédécesseur et a fait le voyage en Inde afin de démêler le vrai du faux. Entre pérégrinations et réflexions, Jean-Claude Perrier nous parle de l’époque d’Octave Mirbeau, fervent dreyfusard, et du monde du journalisme. Mais il nous rappelle que les affabulations sont souvent proches de la réalité.
Et ce que retranscrit Octave Mirbeau raconte l’hindouisme, le bouddhisme, la colonisation anglaise, les comptoirs français avec beaucoup de véracité. On reste ébahi devant le talent de reporter d’Octave Mirbeau pour nous entretenir de la culture, et de la richesse d’une civilisation millénaire.
J’ai eu la chance de voyager au Sri Lanka, en Inde du Sud, au Népal et en Birmanie. J’ai retrouvé dans le voyage imaginaire d’Octave Mirbeau et le récit de Jean-Claude Perrier l’essence de ces différents pays, leurs particularités mais aussi le creuset de l’hindouisme et du bouddhisme. Et la gentillesse de ces peuples.
Si vous connaissez le sous-continent indien, laissez-vous porter.
Si vous ne connaissez pas, alors partez sur les traces d’Octave Mirbeau. C’est un excellent guide !

Je remercie les Éditions du Cerf pour l’envoi de ce livre.

Jean-Claude Perrier naît le 3 février 1957 à l’hôpital Rothschild, dans le 12e arrondissement de Paris.

Ayant débuté au Quotidien de Paris en 1980, il collabore aujourd’hui au Figaro littéraire, à Livres-Hebdo, au Magazine littéraire, à L’Obs et à L’Orient-Le Jour.

Il dirige également, aux éditions du Cherche midi, la collection « Domaine indien ». Il est, enfin, membre du jury du prix Senghor du premier roman francophone et francophile.

En matière littéraire, ses inspirations sont notamment André GidePierre LotiAndré Malraux et Henri Michaux

En 2013, candidat au fauteuil 2 de l’Académie française, laissé vacant par Hector Bianciotti, il recueille quatre voix contre treize à Dany Laferrière, trois à Catherine Clément et une à Arthur Pauly. En 2016, il réitère au fauteuil 5 de feue Assia Djeba], avant de retirer sa candidature quelques jours plus tard]. Il est de nouveau candidat en 2021 au fauteuil de François Weyergans

Aux marges du palais de Marcus Malte. Zulma . 🟩🟩🟩🟩◼️

Aux marges du palais

Marcus Malte

Zulma

ISBN : 979-1-03870-2-899 Août 2024

496 pages

Marcus Malte serait-il omniscient ?

Sa république médiocratique de Frzangzwe fait diablement référence à notre hexagone.

À la tête de la Frzangzwe, il y a l’archimaréchal Hubert Robert. On l’appelle aussi chef de l’État, PDG de la nation, pâtre de la patrie ou encore gouvernail du gouvernement. Il se pique d’une passion amateur : l’ufologie.

Le danger et le mal viendront du ciel.

Son plus proche conseiller et aussi premier fifrelin est Gabriel Pipaudi, dit l’archange ou la Pipe. Sous lui grouillent fifres et sous-fifres.

Dans le palais vivait la fille de l’archimaréchal. Anne-Sophie-Catherine-Elisabeth a 16 ans. En raccourcissant le prénom, on arrive à Aneth,c’est plus simple. Enfermée dans son palais de 365 pièces. Long comme un jour sans pain.

De l’autre côté du périphérique vit dans un manoir en ruine une communauté qui semble déjantée. Autour de la baronne, il y a Zap, la souris, Mo. Ils représentent les humiliés, les bannis, les moins que rien. Ces moins que rien et la baronne ont une idée en tête : voler la tour F le 1ᵉʳ mai. Ainsi, tous ces délaissés du système récupéreraient ce qui leur appartient et leur dignité.

Oui, Marcus Malte est omniscient. Comment ne pas reconnaitre dans cette fable Emmanuel Macron, Gabriel Attal ou encore les gilets jaunes et les laissés-pour-compte ?

Comment ne pas lire ce livre à l’aune de la situation politique actuelle ?

L’originalité est un mot qui sied à Marcus Malte. Originalité dans le propos, mais aussi dans le détournement des mots, dans les jeux de mots et, suprême originalité, les têtes de chapitres qui sont des définitions de mots croisés. Je ne résiste pas au plaisir de vous en partager quelques-uns :

En vingt et une lettres: induit et les fanes fanent.

En six lettres: de pair avec verge haute.

En huit lettres : quand X rejoint Y.

En dix lettres :il en fait, des tours et des tours.

(Si vous avez la réponse, je suis preneur !)

Ce roman est un divertissement intelligent, grinçant et dans l’esprit de Groland. Ça gratte, ça pique, ça interroge. Et l’interrogation nous ramène au réel, comme le discours final de l’archimaréchal truffé de citations de nos anciens présidents. La grandeur dans la langue de bois.

Pendant ce temps, la baronne démonte la Tour F et prône une révolution joyeuse et fraternelle.

À notre tour !

Si on y croyait.

Marcus Malte, pseudonyme de Marc Martiniani, né le 30 décembre 1967 à La Seyne-sur-Mer, est un romancier et nouvelliste français, auteur de plusieurs romans policiers et ouvrages de littérature d’enfance et de jeunesse.

Il a également fait paraître des romans policiers destinés à la jeunesse, notamment Il va venir (2005) et De poussière et de sang (2007).

Le 25 octobre 2016, le prix Fémina lui est attribué pour Le Garçon. En juin 2017, il reçoit pour ce même roman le prix Cardinal-Perraud, des mains de Mgr Benoît Rivière.

Le loup de Valberg de Pauline Briand. Edition Goutte d’or. 🟩🟩🟩🟩◼️

Le loup de Valberg.

Pauline Briand

Edition Goutte d’or

ISBN : 979-10-96906-51-2 Novembre 2024.

350 pages

En 2019 un louveteau erre dans les rues du village de Valberg dans le Mercantour. Il est famélique et atteint de gale.
Ce louveteau va être récupéré et soigné dans un centre de soin. Il sera relâché dans les montagnes de la Drôme en août 2020 muni d’un collier GPS afin de pouvoir le suivre .
Sa trace se perd fin octobre 2020 quand le collier GPS ne répond plus.
En novembre 2020, on retrouve le collier GPS , sectionné, coupé, ouvert ( les mots ont leur importance ). Pas de trace du loup. Pas de cadavre.
Telle est l’histoire du loup de Valberg.
De cette histoire, Pauline Briand, va faire un récit documentaire passionnant.
Pauline Briand est journaliste, spécialiste des enjeux relatifs à la biodiversité
Ce récit documentaire est une enquête pour retracer l’histoire du loup de Valberg qui aura mobilisée, les habitants de Valberg, les médias, deux ministres, les forces de l’ordre, les chasseurs, les éleveurs, des militants, des scientifiques et des pétitionnaires.
Pauline Briand donne la parole à chacun d’eux et retrace pas à pas la trajectoire de ce jeune loup.
Elle interroge, elle reste en lisière: on devine de quel côté son coeur balance mais elle retient tout cela entre pro et anti loup.
Et toujours quand il s’agit du loup les esprits s’enflamment. les réseaux sociaux se déchainent , l’imaginaire fait le reste.
Tout nous est proposé. A chacun de se faire son opinion. Les secrets, les non dits ne sont pas toujours où on les attends.
Le loup passionne, le loup intrigue.
Pauline Briand en fait un personnage à part entière. On vit avec lui dans une sorte de nature writing. Nous sommes dans sa peau, traversant les rivières, longeant les falaises, dévorant les marcassins, les lièvres ou les brebis. Nou sommes avec le loup de Valberg quand il renifle les airelles, les cynorrhodons, ou la piste fraîche d’une renarde.
En octobre 2020, le loup de Valberg disparait à Plan de Baix sur les contreforts sud du Vercors.
Son collier GPS est retrouvé.
Au début de ce billet je vous ai dit l’importance des mots ( encore plus quand il s’agit du loup )
Le collier est coupé ? Intervention humaine
Le collier est sectionné ? un choc avec une voiture, une bagarre entre animaux.
Le collier est ouvert ? le loup avait la possibilité de se délester de son collier.
Que lui est il arrivé ? Notre imaginaire et le loup : Une longue histoire sans fin.

Pauline Briand est journaliste et autrice spécialiste des enjeux environnementaux.

Pour BillebaudeUsbek & Rica ou le Musée national d’Histoire Naturelle, elle a écrit sur la myxomatose, les forêts et le changement climatique, la disparition des insectes, l’évolution de la vie, et l’anthropologie au-delà de l’humain. 

Auprès d’Astrid de la Chapelle, de Disnovation, de the Internet of Dead Things Institute et de Nicolas Nova, elle participe à des projets entre art et recherche qui travaillent le récit de l’Île de Pâques aux hybridations de l’Anthropocène. Pauline Briand contribue au Centre des Politiques de la Terre

Nancy-Kabylie de Dorothéé-Myriam Kellou. Grasset. 🟩🟩🟩🟩◼️

Nancy- Kabylie

Dorothée-Myriam Kellou

Grasset

ISBN : 978-2-24682-874-7 Octobre 2023

216 pages

Il y a quelques jours sur la messagerie de Babelio j’ai reçu une demande de Dorothée-Myriam Kellou : Pouvait elle m’envoyer son livre par Pdf. Elle souhaitait que je lui partage mes ressentis et avis sur son ouvrage. Touché par la demande j’ai répondu par l’affirmative à sa demande

Nancy-Kabylie est le chemin pris par Dorothée- Myriam Kellou pour nous parler de la mémoire , de l’oubli, de l’exil, du déracinement .
Dorothée-Myriam Kellou est une jeune femme dont la mère Catherine est française et le père Malek , algérien et plus précisément kabyle.
Ce texte de 200 pages oscille entre souvenirs personnels et réflexion sur l’identité, la double culture, l’Algérie.
C’est un récit personnel, un itinéraire intime pour entendre comprendre et transmettre la mémoire.
Sommes nous à jamais coincé dans une seule définition de notre identité. identité.
A la recherche d’identité se juxtapose la colonisation et le colonisé, l’histoire sans fin entre la France et l’Algérie.
Et l’autrice nous met en mémoire ou nous fait découvrir les camps de regroupement mise en place par la France en Kabylie.
J’ai été très touché par l’écrit, le récit personnel.
Les pages écrites sur l’identité sont d’une telle importance.
C’est un essai qui s’est entendre, comprendre afin de pouvoir transmettre.
Et cela touche où cela peut faire mal, car le lien entre colonisation, esclavagisme est évident. Ou comment nier des identités qui mettront des générations pour se retrouver ou se construire à nouveau.
Sur le chemin de Kabylie , une fille et son père ont marché. le père a pu parler et transmettre un peu de sa langue, de lui, de son histoire, de son déracinement
Sa fille a pu lui dire qu’elle était étoilée ! ( vous comprendrez en lisant le livre )

Nancy-Kabylie est son premier roman.
Merci à Dorothée- Myriam Kellou pour l’envoi de son livre . Ce fut une très belle découverte et l’occasion de quelques mails agréables.

Dorothée-Myriam Kellou est journaliste et réalisatrice indépendante.

Elle a notamment révélé dans le journal Le Monde en juin 2016 l’affaire des financements indirects de l’État islamique par Lafarge en Syrie. Cette enquête a été récompensée par le prix Trace International de l’investigation journalistique à Washington D.C. Son premier film À Mansourah, tu nous as séparés a été présenté en première mondiale au Festival Visions du réel à Nyon en Suisse en avril 2019. Il a reçu plusieurs prix, dont le prix des droits humains au Festival international de film documentaire d’Agadir FIDADOC en juin 2019 et une Étoile de la Scam en 2021.

Récipiendaire de la bourse d’excellence Fulbright, elle est diplômée du master d’études arabes de l’Université de Georgetown à Washington D.C et de l’Institut d’Études Politiques de Lyon.

Un dimanche à la montagne de Daniel de roulet. Libretto. 💛💛💛

Un dimanche à la montagne

Daniel de Roulet

Libretto 2024. 131 pages

ISBN : 978-2-36914-866-1

Première édition : Buchet Chastel 2006


Un dimanche à la montagne est un livre paru en 2006 chez Buchet Chastel. Il a été réédité en 2023 chez Libretto.
Cet opuscule de 150 pages se lit très rapidement laissant dans son sillage des trainées de nostalgie, de convictions et de jeunesse oubliée.
Dans la quatrième de couverture, la raison du dimanche à la montagne est révélée immédiatement. Pas de suspense.
En 1975, sur les hauteurs de Gstaad en Suisse , Axel Springer , magnat de la presse allemande ( Bild) était propriétaire d’un chalet lové au milieu des champs de neige.
En ce mois de janvier 1975, ce chalet sera détruit par un incendie criminel qui sera attribué à un groupe terroriste du Nord de l’Europe.
Les auteurs de cet incendie ne sauront jamais retrouvé.
La prescription pour cet acte est de 10 ans pour la justice suisse.
Et qui donc est l’auteur de cet incendie ? Daniel de Roulet , l’auteur de Un dimanche à la montagne.
Il a mis 30 ans avant d’avouer par écrit ( et après prescription) qu’il avait mis le feu au chalet d’Axel Springer.
Dans les années 1975 , jeune architecte social , de gauche et entichée d’une jolie compagne, Daniel de Roulet pensait pouvoir changer le monde. Ses convictions politiques et l’amour ont fait qu’incendier le chalet d’un milliardaire, magnat, conservateur et peut être pro nazi, était un acte révolutionnaire .
Le plaisir de lecture vient du décalage entre le sérieux de l’acte et la réalité des auteurs. Daniel de Roulet le restitue à merveille avec un côté léger et un peu pied nickelé.
Il nous restitue aussi ces années 1975 en Allemagne , avec la naissance de la bande à Baader , la politique allemande, l’Allemagne de l’Est.
Il noud rappelle aussi quel film fut L’honneur perdu de Katharina Blum qui dénonçait les dangers qui menacent la démocratie dans un pays où la presse à scandale phagocyte les médias.
Et comment ne pas se questionner sur la phrase de Gerhard Schröder au vu des connivences de celui-ci avec la Russie :
« Je ne sais pas si vous êtes comme moi, je passe mes journées à combattre ce pour quoi je luttais dans ma jeunesse « 
Un dimanche à la montagne porte bien son titre. Après une journée de randonnée, de skis, de raquettes il est toujours agréable de se poser, de revivre ses moments heureux joyeux et exigeants
il en est de même du livre. Un moment agréable de lecture ponctué de réflexion.

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Daniel de Roulet est le fils d’un pasteur protestant et a passé son enfance à Saint-Imier. Il est architecte et informaticien, et depuis 1997, écrivain à plein temps3.

Il a été fiché et observé par les autorités fédérales durant 17 ans4, de 1964 à 19815 (voir le « scandale des fiches »), après avoir signé une pétition en faveur des objecteurs de conscience. Son livre Double, paru en 1998, est basé sur cette expérience3,4.

Le 5 janvier 1975, Daniel de Roulet a incendié le chalet du magnat de la presse allemande Axel Springer, situé sur un alpage au-dessus de Rougemont. Il a rendu publique sa responsabilité dans le livre Un dimanche à la montagne, paru en 2006, après le délai de prescription3. À l’époque, Springer était considéré comme un nazi, comme le constate son biographe6

Le Château des Rentiers d’Agnès Desarthe. Editions de l’Olivier. 💛💛💛

Le Château des Rentiers

Agnès Desarthe

Les Editions de l’Olivier

215 pages

ISBN : 978-2-8236-1951-5

Août 2023

Qu’est ce qu’un phalanstère ? un phalanstère est un regroupement organique des éléments considérés nécessaires à la vie harmonieuse d’une communauté appelée phalange. le concept fut élaboré par Charles Fourier au 19ème siècle.
Pour quelle raison commencer ce billet par cette définition ?
Tout simplement car l’autrice parle de phalanstère pour ce rappeler que ces grands parents et d’autres personnes vivaient dans le même immeuble et avait inventé une vie en communauté. Phalanstère plutôt que vie en communauté ? le choix des mots a son importance pour Agnès Desarthe.
Cette importance des mots est parfois envahissante et enferme l’émotion.
Emotion au sein de ce livre dans lequel l’autrice télescope le présent, le passé et l’avenir autour de la notion du vieillissement, de la mémoire, de la vie.
Le Château des Rentiers est un livre déstructuré ou les souvenirs , les âges se mélangent avec humour et assez de légèreté.
Par des chapitres très courts Agnès Desarthe va aborder une multitude de thèmes. Parfois avec bonheur, plus souvent dans la complexité peu comprise.
Je reste donc sur une impression dubitative malgré une écriture ciselée et des questionnements existentiels.
« Quand on est vivant, c’est pour la première et la dernière fois. Je ne cesse de m’en étonner, de trouver cela effrayant et merveilleux « .


Agnès Desarthe, née Agnès Naouri le 3 mai 1966 à Paris, est une écrivaine française, auteure de livres pour adultes et pour enfants, et traductrice. Elle est l’auteure de deux pièces de théâtre7 (Les Chevaliers, mise en scène par Gilles Cohen au théâtre du Rond-Point en 2005 et Le Kit, qui n’a pas été encore montée) ainsi que de plusieurs chansons.

Portrait huaco de Gabriela Wiener. Métailié. 💛💛💛

Portrait huaco n’est pas un roman. Gabriela Wiener est une journaliste et éditorialiste péruvienne vivant en Espagne.
Portait huaco est son premier texte. Gabriela Wiener nous livre un texte âpre, cru, voir violent. Ce texte est servi par une écriture puissante et nerveuse.
Dans le cadre de son travail, Gabriela Wiener est à Paris et va visiter le musée du Quai Branly.
Elle est ébranlée par deux choses : d’abord par une statuette préhispanique en céramique représentant un visage indigène. Puis par le nom de la salle du Musée : Charles Wiener.
Charles Wiener qui est l’arrière- arrière-grand-père de l’autrice.
Charles Wiener est un explorateur du 19ème siècle qui a failli découvrir le Machu Picchu mais qui est surtout un pilleur d’objets inca .
Pour Gabriela Wiener c’est le début d’une recherche sur son passé et ce qu’elle est.
Réflexion sur le deuil, la famille, la bâtardise, le désir, le sexe.
Cette réflexion peut nous bousculer car Gabriela Wiener ne cache rien de ces addictions sexuelles, ni des différences de cultures, de race. Idem pour le colonialisme et le post colonialisme
Néanmoins il reste la force d’un texte vivant sur l’identité, sur nos filiations, nos dérives, nos vulnérabilités peut être.
Une découverte étonnante.
Merci aux Editions Métailié et à la Masse Critique de Babélio pour cet envoi


Gabriela Wiener, née à Lima en 1975, est considérée comme l’une des meilleures écrivaines latino-américaines de sa génération. Connue comme journaliste et écrivaine de narrative-non-fiction, son premier roman, Portrait huaco, en cours de traduction dans de nombreux pays, est considéré comme l’un des meilleurs livres parus en 2021.
Elle fait partie du groupe des nouveaux chroniqueurs latino-américains. Elle s’est installée en Espagne depuis 2003.

Maurice Ravel – Ni Femme, ni dieu, ni maître de Michèle Lhopiteau-Dorfeuille. Le Bord de L’Eau. 💛💛

Peut on parler de biographie de Maurice Ravel ? A proprement parlé, non.
D’ailleurs l’auteur nous l’indique rapidement. Michèle Lhopiteau-Dorfeuille a été marquée par le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel, et par le fait que son oeuvre reste méconnue du grand public. De plus cette oeuvre est numériquement modeste. Globalement , Maurice Ravel a écrit des pièces courtes , ce qui permet de mettre en avant cette oeuvre grâce aux QR codes.
C’est la très bonne idée de ce livre. Avoir la possibilité d’écouter et de voir des documents.
Cela me semble être la seule bonne idée.
Malgré une table des matières et des chapitres nombreux, j’ai eu l’impression constamment de passer du coq à l’âne.
Un premier chapitre chronologique reprenant des éléments historiques, biographiques et musicaux, puis des chapitres passant de l’oeuvre pour piano à l’art d’apprivoiser les fausses notes puis à l’enfance du musicien ou encore les voyages de Ravel.
Cela reste un livre érudit pour mélomane averti. Il y a sûrement d’autres livres plus simples pour découvrir Maurice Ravel.
Reste néanmoins le plaisir d’écouter les pièces pour piano de Ravel ( le tombeau de Couperin – Pavane pour une infante défunte ) et ne pas réduire le musicien au Boléro.
Dernier point concernant l’éditeur : Comment faire une couverture aussi médiocre, triste et funèbre. rien de bien engageant !.
En synthèse une lecture décevante qui n’entame pas le plaisir de l’écoute de l’oeuvre de Ravel.


Michèle Lhopiteau-Dorfeuille est un professeur de musique et chef de chœur qui depuis 1998 écrit également des guides d’écoute accompagnés de CD audios, destinés aux mélomanes adultes désireux d’approfondir leur connaissance dans tel ou tel domaine de la musique classique. Elle est, depuis 2010, membre du Comité de Rédaction de la revue parisienne « l’Éducation Musicale ».


Les morts et le journaliste d’Oscar Martinez. Métailié Essai. 💛💛💛💛

Oscar Martinez , journaliste salvadorien nous livre un témoignage poignant, bouleversant et exceptionnel sur son métier et la façon de le faire.
Le titre de cet essai est clair : les morts et le journaliste.
Le Salvador petit pays d’Amérique Centrale est gangréné par la violence des gangs ( pandilla ) et la pauvreté de sa population. le nombre d’homicide annuel est supérieur à 100 pour 100 000 habitants. Dans tous les quartiers les plus chauds de la planète , ce nombre dépasse à peine 50 pour 100 000 habitants.
Le titre du premier chapitre annonce la couleur : lisez ou laisser tomber. et Oscar Martinez de continuer : « La fin, je vous l’ai déjà racontée :les cadavres démembrés de trois frères salvadoriens jeunes et pauvres ont été retrouvé dans un champ de canne à sucre sans nom. si vous décidez de ne pas me lire, je vais vous éviter de tourner les pages . La dernière ligne de ce livre sera la suivante :Il y a des morts. Point. « 
Ces trois frères salvadoriens sont des sources d’Oscar Martinez. Ces trois frères ont décidé de témoigner et ces témoignages seront la cause de leur mort à venir.
Dans son essai, Oscar Martinez va entremêler le regard qu’il porte sur les faits et témoignages ainsi que ces réflexions sur ce qu’est le journalisme .
A tout moment cela est éloquent , qu’il s’agisse de la violence de la société salvadorienne ou qu’il s’agisse de la réalité du journalisme. Tout devient universel. Que ce soit le sort d’un paysan d’un enfant , du membre d’un gang ou d’un journaliste.
Cet essai nous rappelle les risques et les raisons du métier de journaliste. Ce rappel est salvateur, brutal mais tellement pertinent.
 » Tellement de journalistes l’ont dit. Notre travail ne consiste pas à être à l’endroit indiqué à l’heure indiquée. Ca, c’est le boulot des livreurs de pizzas ou de trains. Notre travail implique d’autres verbes : comprendre, expliquer, dévoiler, révéler, affirmer, questionner. »
« Je crois que journaliste, ce n’est pas le plus beau métier du monde. C’est juste un slogan. Ne le répétez pas., remettez le en cause « 
« L’honnêteté est un lieu commun. Sois honnête, sois honnête, sois honnête. C’est ce qu’on appelle enfoncer une porte ouverte. Etre honnête c’est surtout être brutal. Etre honnête c’est quelque chose qui se gagne.
Si l’honnêteté ne bouleverse pas le journaliste qui la propose, ce n’est pas de l’honnêteté, c’est tout au plus de l’angélisme ou de l’hypocrisie: je veux te sauver, je veux que le monde connaisse ton histoire, je veux changer ce monde, je veux la justice…
Ce n’est pas la même chose de dire à une source que tu veux raconter son histoire que de dire que tu veux le faire sans que cela signifie en aucune façon lui sauver la vie « 


Oscar MARTÍNEZ est un journaliste d’investigation et écrivain salvadorien qui travaille pour elfaro.net, journal en ligne spécialisé sur les sujets de violence, migration et crime organisé. Il a remporté de nombreux prix tout au long de sa carrière, notamment le prix Fernando Benítez de journalisme, le Prix des droits de l’homme et le Prix international de la liberté de presse.