Un passage vers le Nord d’Anuk Arudpragasam. Le Bruit du monde. 💛💛💛💛

Ce n’est pas fréquent , même voire rare , d’avoir entre les mains un roman qui nous raconte le Sri Lanka.
Anciennement Ceylan , le Sri Lanka reste lié géographiquement à l’Inde du Sud. Juste un isthme sépare l’île du sous continent indien. Cette proximité avec l’Inde fait que le Nord du Sri Lanka est peuplé de Tamouls , originaire du Tamil Nadu l’une des provinces du Sud de l’Inde. Les Tamouls vivants au Sri Lanka sont de religion hindou. Cette religion existait bien avant l’arrivée du bouddhisme dans l’île.
Depuis que le Sri Lanka a obtenu son indépendance de la grande Bretagne en 1948 les relations entre la majorité Sri Lankaise et la minorité tamoule sont difficiles. Cette tension a conduit à la formation de groupe demandant l’indépendance des Tamouls et du Nord et Nord Est de l’Ile. En 1976 fut crée le Mouvement des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul ( LTTE ) et appelé plus succinctement les Tigres du Tamoul.
Une guerre civile féroce a ensanglanté le pays et à pris fin en 2009.
Ceci longuement posé , il est plus facile de mettre en place la trame du roman.
La guerre civile est terminée.
Krishan est un jeune étudiant qui a terminé ses études en Inde à New Delhi. Il est de retour chez sa mère à Colombo et avant d’entamer sa vie professionnelle , il souhaite aider la population du Nord de l’ile qui a été traumatisé par la guerre civile. Il se met au service d’une ONG locale.
Il revient chaque fin de semaine chez sa mère à Colombo. Celle-ci vit avec Appamma ,sa mère et grand mère de Khrishan.
Appamma est de santé déclinante et requerra à terme l’aide d’une soignante.
Lors de l’un de ses séjours dans le Nord il a rencontré Rani , femme d’un certain âge qui accepte de devenir aide soignante auprès d’Appamma.
Rani fait des retours réguliers dans son village du Nord.
Lors de l’un de ces retours , Krishnan et sa mère vont être informés que Rani a été retrouvée morte au fonds d’un puits.
Krishan souhaite assister aux funérailles de Rani et entame un long voyage en train vers le Nord du Sri Lanka.
Ce voyage sera un temps de réflexion , de calme , de retour sur lui même et de lien avec Rani.
Que penser d’un étudiant qui vit à New Delhi loin de son pays et des affres de la guerre civile.
Pourquoi être privilégié alors qu’une partie de la jeunesse est au prise avec la guerre.
Quel devoir de mémoire Krishan doit il maintenir alors que Rani a perdu son mari et des deux garçons durant cette guerre civile.
A partir d’une écriture sensible, empathique et philosophique , l’auteur , Anuk Arudpragasam nous bluffe par par le portait qu’il nous dresse du Sri Lanka , de sa jeunesse et de son avenir.
Que ce soit l’intime ou plus prosaïquement le général , son écriture détaillée , très précise nous entraine au cœur des sentiments ou au cœur des rites des funérailles hindous avec une grande sensibilité.
Pour avoir découvert il y a une dizaine d’années le Sud de l’Inde et le Sri Lanka , j’ai retrouvé dans ce roman  » Un passage vers le Nord  » des émotions qui m’avaient traversé.
Une très belle découverte.

Docteur en philosophie diplômé à l’université Columbia, il a publié deux romans. Le premier, Un bref mariage, a été nominé au prix Dylan-Thomas. Le deuxième, Un passage vers le Nord, lui a valu d’être l’un des finalistes du Prix Booker en 2021.

Arudpragasam est né en 1988 à Colombo, Sri Lanka, de parents tamouls1. Il a grandi dans une famille aisée de Colombo. Sa famille est originaire du nord-est du pays. Cependant, lui-même n’a jamais été en contact direct avec la guerre civile qui a fait rage dans le nord et l’est de Sri Lanka de 1983 à 2009. Bien qu’il ne soit pas issu d’une famille littéraire, ses parents l’ont encouragé à lire des livres dès son plus jeune âge. Arudpragasam n’a suivi leurs conseils qu’à l’adolescence, lorsqu’il a trouvé un gout pour la littérature philosophique dans une librairie de Colombo2. Il a déménagé aux États-Unis à l’âge de 18 ans pour poursuivre des études à l’université Stanford, où il a obtenu un Bachelor of Arts (BA) en 20103. Après l’obtention de ce diplôme, il a vécu pendant un an dans l’État indien du Tamil Nadu. Il a ensuite entamé un doctorat en philosophie à l’université Columbia, qu’il a achevé en 2019. ( Biographie Wikipédia )

A retrouver sur Le Monde :

https://www.lemonde.fr/livres/article/2023/01/29/un-passage-vers-le-nord-d-anuk-arudpragasam-cendres-du-deuil-au-sri-lanka_6159757_3260.html

Le cartographe des absences de Mia Couto. Metailié. 💛💛💛💛

 » Les lieux sont comme les livres. Ils n’existent que lorsqu’on les lit pour la deuxième fois ».
Comment mieux définir le cartographe des absences de Mia Couto.
Histoire personnelle que raconte l’auteur.
En 2019 l’université de Beria au Mozambique invite le poète Diogo Santiago. Celui-ci va retourner au Mozambique sur les traces de son enfance et de celle de son père entre autre.
Son père Adriano Santiago , poète lui aussi, engagé contre le colonialisme portugais.
Ce retour au pays va redessiner la cartographie des absences et lui permettre de trouver les traces de son passé et de celui des hommes et des femmes qui ont vécu ce colonialisme portugais.
Le roman sera un incessant ballet entre ces années 1970 et l’année 2019.
Pour faire le lin entre ces deux périodes Diogo rencontrera Liana Campos. Liana est une orpheline. C’est parents se sont suicidés car ils ne pouvaient vivre leur amour étant de race différente.
Liana avait comme grand père Oscar Campos , inspecteur de la police du colonisateur , la sinistre PIDE.
Liana a récupéré chez ce grand père un certains nombre de documents concernant l’époque de la colonisation. Il s’agit surtout de courriers et du cahier intime du père de Diogo.
La cartographie des absences va pouvoir se dessiner.
En retour , Diogo aidera Liana à découvrir elle aussi sa cartographie des absences.
Liana et Diogo découvriront le niveau de violence et de racisme de ces années de colonisation ainsi que les choix qu’ont du faire leur père ou grand père.
Ce roman est porté par l’écriture et la poèsie de Mia Couto.
L’indicible est dit de façon claire, brutale, mais souvent avec les mots poétiques attribués à Adriano ou Diego Santiago.
Des portes ouvertes sur un avenir ou l’espoir est présent.
 » le souvenir est le meilleur moyen d’échapper au passé « 
« Je n’ai pas assez de ma peau, j’ai besoin de la tienne pour ne pas saigner « 
« La maison est une attente, seul revient celui qui n’en est jamais sorti »
« Tu apprendras mille langues, et tu mourras toujours dans une langue inconnue « 
« Le poète, ce gardien des histoires qui charrie des absences et des silences comme s’ils étaient des graines « 
Le cartographe a fait que des absences sont devenues des présences.
Des présences qui mettent un nom sur des hommes et des femmes et sur un pays qui ont survécu au colonialisme et à une guerre civile.

Mia Couto est né au Mozambique en 1955. Après avoir étudié la médecine et la biologie, il s’engage aux côtés du frelimo en faveur de l’indépendance du pays, devient journaliste puis écrivain. Il travaille actuellement comme biologiste, spécialiste des zones côtières, et enseigne l’écologie à l’université de Maputo. Pour Henning Mankell, « il est aujourd’hui l’un des auteurs les plus intéressants et les plus importants d’Afrique ». Ses romans sont traduits dans plus de 30 pays.

Il a reçu de nombreux prix pour son œuvre, dont le Prix de la francophonie en 2012, le prix Camões en 2013, le prix Neustadt 2014 (Allemagne), il a également été finaliste de l’Impac Dublin Literary Award et du Man Booker Prize en 2015.

Kolère de François Thiery-Mourelet. Posidonia Litteratures. 💛💛💛

François Thiery Mourelet est un touche à tout qui écrit sous différentes identités. Quand il s’agit de livres pratiques et de livres ayant trait aux fleurs de Bach, aux remèdes de santé de Hildegarde von Bingen ils signent ces livres sous le nom de Paul Ferris. Quand il s’agit de livres pour la jeunesse , indifféremment il signe Francis Bamer ou François Thiery.
Pour les romans et la poésie il s’agit de François Thiery Mourelet.
Kolere est un polar , nous sommes donc avec François Thiery Mourelet.
Dans ce polar , un expert médical et psychiatrique est mandaté pour examiner un meurtrier. Il s’agit de savoir si ce meurtrier est responsable de ses actes : Prison ou internement psychiatrique ?
Nous sommes en Haute Savoie entre Thonon et Evian. La Suisse et Lausanne ne sont jamais bien loin.
Les examens , les discussions avec le meurtrier , Tonin, vont ébranler notre expert, le docteur Joel Bessauld.
Un expert un brin original pas en odeur de sainteté avec ses confrères.
Mais Tonin est il coupable ? Pas aussi simple que cela , mais un expert est fait pour expertiser, pas pour rouvrir une enquête.
Le dilemme est posé.
Nous allons être aux cotés du Professeur Joel Bessauld , au plus prés de son enquête car il va enquéter.
Pour faciliter ou pas cette enquête l’auteur nous donne à manger régulièrement avec des extraits de procès verbaux, de journaux.
L’enquête prend forme entre résidence pour jeunes filles anorexiques et plus si affinités , grosses fortunes sur le bord du Léman et des personnages croquignolets.
On avance avec plaisir dans ces eaux troubles autour du lac.
Polar , psychologie , dérangement mental sont les ingrédients de Kolere .
Et n’oublier pas votre Sudoku ! et dans sudoKu il y a un K. Ah les K. !
Moment de lecture agréable qui va plus loin que le simple thriller.
Merci à Philippe Jaillet , François Thierry Mourelet et aux éditions Posidonia Litteratures pour l’envoi de ce livre.

François Thiéry, dit François Thiéry-Mourelet, est un auteur et illustrateur né en 1952 à Charleville-Mézières. Il fut journaliste et conseil en communication. Il est élu Secrétaire général de la Société des Gens de Lettres (SGDL) le 11 mai 20201. Il a aussi participé à plusieurs ouvrages collectifs (photographies, livres scolaires…)2.

Qui se souviendra de Phily-Jo de Marcus Malte. Zulma. 💛💛💛💛💛

Qui se souviendra de Phily Jo ?
Oui qui s’en souviendra ? Sûrement les lecteurs du roman de Marcus Malte.
C’est un roman jubilatiore où l’ on se laisse manipuler sachant qu’il est bien difficile de faire la part des choses.
Tout commence avant la lecture du roman quand on s’aperçoit que le roman a été traduit de l’américain par Édouard Dayms .
Comment se peut il qu’un personnage d’un précédent roman de Marcus Malte soit le traducteur d’un écrivain bien français.
La manipulation est en marche.
Visualisez des poupées gigognes. Des belles babouchkas colorées. Vous ouvrez la première et vous trouvez une autre babouchka un peu réduite et toujours autant colorée. Et ainsi de suite. Tout s’emboîte bien et ses couleurs vives !
Avec le livre de Marcus Malte vous avez la même impression. 5 chapitres comme autant de babouchkas, 5 chapitres haut en couleurs qui emboîtés les uns dans les autres sont un grand moment de lecture et de manipulation.
La première poupée gigogne est d’importance. C’est celle que l’on voit, qui fait miroiter ses couleurs.
Cette poupée nous raconte l’histoire mais surtout la mort d’un Geo Trouve-t-on : Phily Jo Deloncle.
Phily Jo est tombé d’un hôtel à Dallas . Il avait 34 ans. Suicide ou meurtre ?
Le questionnement est mené par le narrateur, son beau frère, qui est enclin à croire au meurtre.Phily Jo avait réussi à transformer l’énergie en FreePow, l’électricité libre et gratuite.
S’il y avait eu meurtre c’est parce qu’une organisation, la Pieuvre Noire , à la solde des producteurs d’énergie fossiles, veillait au bon fonctionnement du capitalisme et des intérêts bien sentis des dirigeants américains.
Je ne vous ai pas encore dit que nous sommes aux États Unis et au Texas plus particulièrement. La Mecque du pétrole, du Stetson du rock et de la country.
Le narrateur nous dit ses doutes et les mystères qui entourent la vie de Phily Jo.
Qui se souviendra de Phily Jo ?
La première poupée gigogne est en place.
Le récit doit se suffire à lui même.
Alors on change de narrateur pour chaque nouvelle poupée gigogne et chaque narrateur nous raconte la même (?) histoire avec un éclairage différent. Quelle vérité, quelle réalité. Les poupées gigogne ont la même forme, les mêmes couleurs, et pourtant leurs réalité sont différentes.
Marcus Malte nous entraîne loin dans la manipulation mais c’est un plaisir de le suivre et de se perdre dans ses emboîtement maléfiques ou pas.
Touts ces emboitements et manipulations seraient vains si le roman n’était inscrit dans la réalité de la première démocratie au monde: les États Unis. Une démocratie bien mal en point dans laquelle des condamnés vivent vingt ans et plus dans les couloirs de la mort, dans laquelle la famille Bush fut  » le roi du pétrole  » , dans laquelle un président permit l’assaut du Capitole.
Roman diabolique à l’ironie mordante, n’oubliant pas les références musicales et littéraires
Et puisque que l’on parle littérature, peut on envisager que l’écrivain est un grand manipulateur ? On croit à sa fiction à ses personnages. On accepte de ne pas croire au réel.
Comme quand on annonce que ce roman est traduit de l’américain. A chacun de se faire son avis. Pour qu’elle raison Marcus Malte n’aurait pu écrire un roman en langue
anglaise ?
Vous avez 5 poupées gigognes pour répondre.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

Marcus Malte, pseudonyme de Marc Martiniani, né le 30 décembre 1967 à La Seyne-sur-Mer1, est un romancier et nouvelliste français, auteur de plusieurs romans policiers et ouvrages de littérature d’enfance et de jeunesse.

A l’aube de nouveaux horizons de Nathalie A. Cabrol. Seuil . 💛💛💛💛💛

Avez vous entendu parler de l’astrobiologie ?
Qu’est ce qu’une terre ou une planète habitable ? Quand et comment peut se développer la vie dans l’univers ?
L’eau, le carbone , le méthane sont ils nécessaire à la naissance de la vie ?
Voila un certain nombre de questions que pose Nathalie Cabrol dans son passionnant essai : A l’aube de nouveaux horizons.
Astrobiologiste, Nathalie Cabrol dirige des projets de recherches pour la Nasa depuis 1998.t
Son essai bien que très pointu se lit avec un plaisir fou . Didactique comme il le faut , le livre questionne la grande question de l’humanité : Sommes nous seuls dans l’univers ?
De façon structurée Nathalie Cabrol va nous faire part de ces connaissances et de celle de la plupart des agences spatiale et astronomique du monde.
D’abord et tout au long de l’essai, elle nous rappelle la différence entre l’habilité et la découverte de la vie.
Prouver l’habilité d’un lieu de l’Univers est une chose assez simple pour des astrobiologistes : La distance des planètes au soleil , les marées gravitationnelles , la présence de méthane de carbone d’eau.
Cette habilité ne présage pas de la vie. Il faut que des conditions spéciales permettent l’apparition de la vie. Par exemple des échanges gazeux, magmatiques entre le centre et la croûte de la planète. La tectonique des plaque fait partie de ses conditions.
Jusqu’à ce jour nous sommes dans l’absence de la preuve et non dans la preuve de l’absence ( Carl Sagan)
Jusqu’à il y a encore 20 ans notre questionnement s’arrêtait aux confins du système solaire et nous amenait sur Mars , Jupiter , Saturne et leurs satellites Titan Europe ou Encelade.
Les nouvelles technologies spatiale ,digitale et numérique permettent maintenant de voir loin dans notre Univers. Cela a permis de découvrir des millions voire des milliards d’exoplanètes , candidates à la découverte de la vie.
Chapitre après chapitre de façon passionnante Nathalie Cabrol nous fait voyager dans L Univers à la découverte de cette vie .
Nathalie Cabrol ne reste pas dans sa seule vision scientifique. Spiritualité et vision holistique sont associés à la démarche scientifique.. Tout comme une réflexion prégnante sur notre planète et le réchauffement climatique.
Si vous pensez que cet essai parait être trop technique pour vous , alors lisez seulement le dernier chapitre : le temps comme miroir cosmique .
tout est synthétisé dans ces 20 pages et cette synthèse est traversée d’émotion et d’un amour de la vie insatiable.
Quand la science et l’holistique marchent de concert !


Nathalie Cabrol, née le 30 août 1963, est une astrobiologiste franco-américaine d’origine française spécialisée dans la planétologie, et également une plongeuse extrême.

Nathalie Cabrol est connue pour ses études sur les lacs anciens de Mars, et pour ses expéditions scientifiques en haute altitude dans les Andes chiliennes en tant que scientifique principale pour le projet High Lakes Project, financé par le NASA Astrobiology Institute (NAI). Elle et son équipe y documentent l’adaptation de la vie aux environnements aux conditions extrêmes, l’effet du réchauffement climatique rapide sur les écosystèmes des lacs et leurs habitats, leurs signatures géobiologiques, et son intérêt pour l’exploration planétaire.

Elle est la chercheuse en chef de l’équipe NAI de l’Institut SETI, sélectionnée en octobre 2014 pour développer des nouvelles stratégies d’exploration et de détection de bio-signatures dans le cadre de la mission Mars 2020. Elle est nommée directrice du centre Carl Sagan pour l’Étude de la Vie dans l’Univers de l’Institut SETI.

En se retournant sur 2022

Que reste -t- il des lectures de 2022 ? Des émotions affleurent-elles encore ? Dans quelles pages me loverai-je avec délectation ?

J’ai retenu 8 livres pour ce voyage littéraire. et géographique.

Un voyage littéraire qui m’emmena d’abord en Méditerranée, sur les rivages de Chypre.

L’île aux arbres disparus d’Elif Shafak. Flammarion. 💛💛💛💛💛

Un figuier souhaitait m’emporter dans un charivari d’émotion. Un figuier pour raconter un exil, une diaspora. Bouleversant. Plusieurs niveaux de lecture se superposent reliant hommes et arbres autour de l’exil, de la mémoire. Les arbres sont des gardiens de la mémoire de la terre natale et ravivent les souvenirs de nos racines. Peut on être déraciné?

Je quittais la chaleur méditerranéenne pour les brumes arctiques du Sptizberg au début du 20ème siècle

L’odyssée de Sven de Nathaniel Ian Miller. Buchet – Chastel . 💛💛💛💛

L’odyssée porte bien son nom : un voyage rempli d’aventures singulières auquel Nathaniel Ian Miller donne un éclat particulier par son empathie et son humanité.
Les cabanes du Spitzberg doivent encore être empreintes de l’âme de Sven, Tapio, Helga, Charles ou Eberhard.

Changeant de lieu mais restant au début du 20ème siècle, je voyageais entre Pays Basque, Catalogne et Paris avec l’anarchiste Pablo Martin Sanchez.

L’anarchiste qui s’appelait comme moi de Pablo Martin Sanchez. Zulma La Contre-allée. 💛💛💛💛💛

Une magnifique idée littéraire et fictionnelle : rechercher son homonyme sur Internet, le trouver et en faire un roman. J’ai rencontré Pablo Martin Sanchez à la Fête du livre de Bron en Mars 2022.
Il était toujours imprégné de ce roman et de ce cheminement.
Sa dédicace : » Cette histoire du passé qui parle bien du présent. »
Le cheminement de deux homonymes à 100 ans d’écart mais qui parlent d’une même voix .
Un livre qui parle d’aventure, d’Histoire, d’amour et de convictions.

Restons dans des latitudes proches du Sud de la France en nous téléportant dans le Lubéron vers Saint Saturnin les Apt. Téléporter et le mot juste car nous entrons en dystopie dans un mode créatif et original.

Le temps des grêlons d’Olivier Mak-Bouchard. Le Tripode . 💛💛💛💛

La Provence , un enfant narrateur , Arthur Rimbaud , des photons ,des grêlons, des frelons …. Ainsi font font.

L’enfant a un papa et un chat qui s’appelait Kodak. Normal le papa avait un magasin de photo. Clic -Clac, voila la dystopie !

Allez faire un détour par la Provence d’Olivier Mak-Bouchard et n’oubliez pas :
 » Lorsque tu fais une photo, tu la prends deux fois: une fois avec ton appareil, et encore une fois avec tes yeux. Tu cliques, tu clignes. Et puis tu gardera celle qui te semblera la plus réussie « 

Dans ce tas de photos il n’y avait pas de photos de la montagne , ni celle d’un guide , d’un père ne vivant que pour ses Alpes , sa montagne. La santé déclinant , la nuit des pères approchait.

La nuit des pères de Gaëlle Josse. Notabilia.💛💛💛💛💛

La plume de Gaelle Josse est à vif. Elle incise, elle fait mal bien sûr, mais elle est aussi soin, réparation.
Chaque voix à ses secrets, ses vérités.
C’est une lecture intense qui interroge sur nos propres vies et nos propres silences.
Silences enfouis car leurs vérités seraient une déflagration, un cri.
C’est une lecture qui nous dit l’importance du lien, qui nous touche au plus profond.
Chacun nous connaissons la nuit des pères, une nuit qui mène vers la liberté, une mort éveillée.

Continuant de visiter les régions de France , la Lorraine s’offrait à moi. Etonnamment avec un titre de roman celtique et irlandais : Connemara.

Connemara de Nicolas Mathieu. Actes Sud. 💛💛💛💛

Par son écriture et son style, Nicolas Mathieu nous ancre dans la peau de ces personnages, dans cette vraie vie, loin de Paris et la mondialisation
C’est terre à terre, charnel, sans équivoque.
Une écriture populaire, des mots simples nous plongent au coeur de ces jeunes, de leurs parents
Aucun voyeurisme, juste l’envie de vivre, d’exister.
Nicolas Mathieu nous parle de la cité, des relations sociales, de nos rêves et utopies.
Il est toujours l’heure de croire.
Il est toujours l’heure d’un départ.

Nicolas Mathieu travaille la pâte humaine comme un artisan. Toujours le regard, le mot juste. Tous les personnages sont emplis d’humanité, de détresse mais aussi de la possibilité d’une île.

Quand on parle de possibilité d’une île, vient Houellebecq mais aussi les embruns océaniques. C’est ceux-ci que j’ai été chercher dans le Nord Finistère afin que reviennent ceux qui sont loin.

Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian. Gallimard. 💛💛💛💛

Ce roman est un bonbon acidulé , fait de tableaux d’été en pente douce. On se remémore notre enfance; des moments qui n’existe plus. Ce qui est le présent des enfants est déjà des souvenirs chez les plus grands. Le temps passe , recouvre notre vie de souvenirs comme ses grandes marées qui découvrent exceptionnellement un pan de plage. Pierre Adrian nous parle de la vie , de sa fragilité avec une profonde émotion.Pierre Adrian nous parle de la vie , de sa fragilité avec une profonde émotion.

L’horizon breton a pour nom l’Océan Atlantique, et très au loin , avant les Amèriques , des iles paradisiaques mais aussi une ile tragique : Haiti

Le testament des solitudes d’Emmelie Prophète. Mémoire d’encrier. 💛💛💛💛

Emmelie Prophète nous livre un texte d’une rare force. Texte d’une centaine de pages qui emporte tout.
Une force et une rage telles qu’elles existent à Haïti. Un texte des solitudes autour de trois femmes entre Haïti et exil floridien.
Des femmes qui sont des mères, des soeurs, des filles. Chacune voulant rompre les héritages de servitudes pour atteindre des terres d’espoir Trois filles, nées en Haïti quand il fallait naître ni ici, ni femmes. Entre champs morts et rivières tristes, le seul rêve dont elles avaient hérité ,était celui de partir. .