Les morts et le journaliste d’Oscar Martinez. Métailié Essai. 💛💛💛💛

Oscar Martinez , journaliste salvadorien nous livre un témoignage poignant, bouleversant et exceptionnel sur son métier et la façon de le faire.
Le titre de cet essai est clair : les morts et le journaliste.
Le Salvador petit pays d’Amérique Centrale est gangréné par la violence des gangs ( pandilla ) et la pauvreté de sa population. le nombre d’homicide annuel est supérieur à 100 pour 100 000 habitants. Dans tous les quartiers les plus chauds de la planète , ce nombre dépasse à peine 50 pour 100 000 habitants.
Le titre du premier chapitre annonce la couleur : lisez ou laisser tomber. et Oscar Martinez de continuer : « La fin, je vous l’ai déjà racontée :les cadavres démembrés de trois frères salvadoriens jeunes et pauvres ont été retrouvé dans un champ de canne à sucre sans nom. si vous décidez de ne pas me lire, je vais vous éviter de tourner les pages . La dernière ligne de ce livre sera la suivante :Il y a des morts. Point. « 
Ces trois frères salvadoriens sont des sources d’Oscar Martinez. Ces trois frères ont décidé de témoigner et ces témoignages seront la cause de leur mort à venir.
Dans son essai, Oscar Martinez va entremêler le regard qu’il porte sur les faits et témoignages ainsi que ces réflexions sur ce qu’est le journalisme .
A tout moment cela est éloquent , qu’il s’agisse de la violence de la société salvadorienne ou qu’il s’agisse de la réalité du journalisme. Tout devient universel. Que ce soit le sort d’un paysan d’un enfant , du membre d’un gang ou d’un journaliste.
Cet essai nous rappelle les risques et les raisons du métier de journaliste. Ce rappel est salvateur, brutal mais tellement pertinent.
 » Tellement de journalistes l’ont dit. Notre travail ne consiste pas à être à l’endroit indiqué à l’heure indiquée. Ca, c’est le boulot des livreurs de pizzas ou de trains. Notre travail implique d’autres verbes : comprendre, expliquer, dévoiler, révéler, affirmer, questionner. »
« Je crois que journaliste, ce n’est pas le plus beau métier du monde. C’est juste un slogan. Ne le répétez pas., remettez le en cause « 
« L’honnêteté est un lieu commun. Sois honnête, sois honnête, sois honnête. C’est ce qu’on appelle enfoncer une porte ouverte. Etre honnête c’est surtout être brutal. Etre honnête c’est quelque chose qui se gagne.
Si l’honnêteté ne bouleverse pas le journaliste qui la propose, ce n’est pas de l’honnêteté, c’est tout au plus de l’angélisme ou de l’hypocrisie: je veux te sauver, je veux que le monde connaisse ton histoire, je veux changer ce monde, je veux la justice…
Ce n’est pas la même chose de dire à une source que tu veux raconter son histoire que de dire que tu veux le faire sans que cela signifie en aucune façon lui sauver la vie « 


Oscar MARTÍNEZ est un journaliste d’investigation et écrivain salvadorien qui travaille pour elfaro.net, journal en ligne spécialisé sur les sujets de violence, migration et crime organisé. Il a remporté de nombreux prix tout au long de sa carrière, notamment le prix Fernando Benítez de journalisme, le Prix des droits de l’homme et le Prix international de la liberté de presse.

Mes vies parallèles de Julien Leschiera. La Dilettante. 💛💛💛

Voici un premier roman et un auteur qui risquent l’originalité , le sujet casse gueule et qui s’en sortent plutôt bien.
En troisième de couverture un avis laconique : Ce premier roman ne contient pas une once de bonheur, c’est un feel-bad book. Une couverture au graphisme noir et blanc représentant un poil dans la main.
Tout cela pour un livre de plus de 500 pages à la pagination serrée dans laquelle une aération due aux paragraphes est peu présente.
Avouez qu’il y a mieux pour inciter à la lecture d’un roman.
Et pourtant Julien Leschiera, libraire à Clermont-Ferrand va nous arrimer à son feel-bad book.
Première phrase du roman :D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais désiré autre chose que ne rien faire « 
La gageure de Julien Leschiera sera de surfer sur ce pitch très court. Et il tiendra la gageure.
Charles Dubois l’anti-héros de ce livre est un être avachi. Déjà intra-utérin le gynécologue avait prévenu les parents : votre bébé est mou et avachi.
Charles le sera toute sa vie. D’avachi il deviendra faineasse ou feignasse.
Charles est un oisif.
Charles Dubois est un anti héros flamboyant, exaspérant qui fuit la vie et la réalité. Il se raccroche à des vies parallèles dans lesquelles son avachissement est moindre.
Cet avachissement n’est pas un acte politique. c’est juste une façon d’être : tout faire pour passer inaperçu et être invisible au monde. Il pense qu’en s’oubliant on l’oubliera à son tour. Bien que maître dans l’art de ne rien faire le monde est loin de le laisser tranquille.
Il devra faire face aux affres des copains et des copines , aux affres d’une vie de couple pour la moins monacale et autarcique. Il fera aussi des expériences ratées, mais comment pouvait il en être autrement, auprès du monde de l’édition et des médias. Son oisiveté réussira même à lui faire traverser l’Amérique latine.
Contrairement au titre , les vies parallèles restent secondaires et c’est la multitude d’aventures qui prend le pas.
Cela peut être la limite du livre , car pour être un oisif de qualité , il faut avoir autour de soi des coups du destin aux bon moments . Des rencontres fortuites, une aide financière facilitent l’oisiveté.
Cela n’enlève rien à la qualité de ce premier roman ,tenu avec habileté sur plus de 500 pages par Julien Leschiera alors que le sujet du roman prédisposé à la glissade assassine.
500 pages pour transmuter un possible récit cafardeux en récit enlevé et parfois picaresque.

10 000 !

Vous êtes en ce jour 10 000 à avoir visité mon blog.

Je vous en remercie.

Ce chiffre en soi n’est pas exceptionnel , mais il marque néanmoins un passage. Il marque l’intérêt que vous apportez à mes chroniques et au partage que vous en faite.

je suis toujours surpris par votre géographie. Bien sûr vous venez en très grande majorité de France et d’Europe. Mais les différents continents sont tous représentés et c’est un moment magique de s’apercevoir qu’une chronique a été lue aux Iles Salomon , au Cap Vert ou bien encore au Liban ou au Mali.

Ce blog n’a pour seul but que de faire découvrir des auteurs , des romans , des émotions. Parfois la relation , l’intimité ne se fait pas mais cela reste rare.

Bien à vous.

Alain.