Vingt et un jours de Laurence Tellier-Loniiewski. Gallimard.💛💛💛

Vingt et un jours par Tellier-Loniewski

Vingt et un jours pour obtenir un droit d’asile. C’ est le délai accordé en France aux demandeurs d’asile pour transmettre leur dossier à l’ Ofpra.
C’est ce laps de temps de 21 jours que Laurence Tellier-Loniewski à pris comme toile de fond de son roman intitulé  Vingt et un jours.
Nous sommes à  Murmont une commune de la Région parisienne où  est installé  un centre d’hébergement de réfugiés.  Parmi les réfugiés  il y a  Ehsan, jeune afghan.
Parmi les membres du centre d’hébergement il y a Jean Marc, directeur du centre, Lara, avocate bénévole , Emeline stagiaire de fin d’études.
Vingt et un jours pour qu’Ehsan dise , raconte. Vingt et un jours pour démêler le vrai du faux.
Vingt et un jours pour produire un dossier qui validera la demande d’asile. Sinon…
Laurence Tellier-Loniewski, ancienne avocate restitue parfaitement ces 21 jours et cette course contre la montre.
De plus chaque chapitre représentant une journée participe à cette course contre la montre.
Cela donne un roman très documenté pour ne pas dire documentaire et c’est là que l’on touche à la limite de l’exercice
Si le côté documentaire fonctionne bien, le côté roman fonctionne nettement moins bien. On reste sur l’écume des choses. Aucune histoire , aucun personnage n’est fouillé.
Des facilités d’écriture  ( un afghan connaissant Ehsan) vont permettre l’avancée du roman, mais quel dommage de ne pas avoir fouillé plus le personnage d’Emeline . On aurait aimé avoir le ressenti de cette jeune étudiante confronté au monde des migrants mais aussi à celui des travailleurs sociaux.

Laurence Tellier-Loniewski - Site Gallimard

Laurence Tellier-Loniewski est avocat à la Cour d’appel de Paris, titulaire du DJCE et d’un DEA Droit des affaires, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle et en droit commercial.

Le mauvais génie d’Alain Freudiger. La Baconniere.💛💛💛

Le mauvais génie par Freudiger

Si vous êtes passionné par le saut à skis et par la vie dissolue de Matti Nykanen,  vous serez intéressé par ce petit opuscule de 120 pages écrit  par l’auteur suisse Alain Freudiger.
Si ce n’est pas le cas, vous passerez sûrement à côté de ce livre.
C’est à  priori le cas de la communauté Babeliote qui n’a fait aucune critique, ni mis à  jour la note de l’éditeur  et encore moins le résumé du livre !
Nous sommes bien dans un livre niche ! le saut à  skis .
Dans les années 80 Matti Nykanen règne sur le Saut à  Skis. Il sera quadruple champion olympique, mais aussi champion du monde de saut à skis mais aussi de vol à skis. Il gagnera plusieurs fois la coupe du monde ainsi que la Tournée des Quatre Tremplins. Pour les non initiés il s’agit d’une compétition de saut à skis qui à  lieu tous les ans en Janvier entre Autriche et Allemagne. Je vous fait grâce du nom des tremplins.
Donc Matti Nykanen est un grand champion mais un homme psychologiquement fragile.
Quelques mariages avortés,  des violences conjugales, beaucoup d’alcoolisme.
Après avoir été  champion reconnu et adulé en Finlande  ( j’ai oublié de vous dire qu’il était finlandais – mille excuses ) il sera chanteur à la voix frêle  et même strip teaser.
Voilà voilà.. .
Je résume  : soit vous êtes fana du saut à skis . Mais vraiment fana , style la journée dans le canapé en Janvier  devant Eurosport. Soit vous êtes fana des histoires croustillantes mariages divorces violence etc….
Moi je ne suis fana ni de l’un ni de l’autre  mais j’aime bien le saut à skis et le vol à skis.
Ce coté homme volant a un je ne sais quoi de magique.
Et ce côté homme faible à un je ne sais quoi de tragique.
Magique ? Tragique ? En définitif un petit livre agréable.
Une dernière chose  . Un dernier mystère.
Pour quelle raison ma médiathèque à choisi ce livre ?
Je ne les savais pas fana à ce point de Saut à skis !
Ps. Pour les inconditionnels du saut à skis la Tournée des 4 Tremplins a lieu à Oberstdorf – Garmisch – Innsbruck et Bischofshofen

Retour en images sur la fabuleuse lecture-spectacle de Morgarten d ...

Alain Freudiger, après avoir été critique de cinéma pour la revue FILM, poursuit un travail littéraire tout en participant à des expérimentations avec des musiciens de la scène improvisée. Il a notamment fondé le trio de poésie électro-acoustique Des Cendres, avec Benoît Moreau et Raphaël Raccuia en 2009. Rédacteur et membre du comité de la revue cinéphile « Décadrages – cinéma à travers champs », Alain Freudiger écrit également dans le journal La Distinction.

En 2007, paraît aux éditions Castagniééé son premier roman, Bujard et Panchaud ou Les Faux-Consommateurs, et un second en 2011, Les Places respectives, chez le même éditeur. En 2013, il publie en dialogue avec Stéphane Bovon Plus ou moins postmoderne, aux éditions Hélice Hélas. En 2015 paraît Morgarten, visite contemporaine de la Bataille du même nom, toujours aux éditions Hélice Hélas. En 2016, les éditions de La Baconnière publient Espagnes, son premier recueil de nouvelles. En 2019 paraissent le livre des cendres, livre de poésie/musique aux éditions Ripopée, et le roman Liquéfaction, chez Hélice Hélas.

En 2020, Alain Freudiger publie Le Mauvais génie – une Vie de Matti Nykänen, un livre consacré à l’ancien sauteur à skis finlandais, aux éditions de La Baconnière.

Les Livres de Jakob d’Olga Tokarczuk. Noir sur Blanc. 💛💛💛💛

Les livres de Jakob par Tokarczuk

 

La couverture du livre d’Olga Tokarczuk  « Les livres de Jakob m’avait fasciné lors d’un passage en librairie. A travers sept frontières,  cinq langues, trois religions  ce livre raconte le grand voyage de Jakob Frank entre Pologne et empire ottoman entre 1740 et début du 19ème siècle.
La quatrième  de couverture ne fit que donner encore plus envie de rentrer dans cette histoire.
Et pourtant je ne pris pas le livre. Les 1000 pages m’effrayait.
Pourtant ce livre me trottait dans la tête….. et je le revis à la Médiathèque . C’était sûrement un signe !
Je me suis lancé !
Dire que la lecture fut facile  serait un euphémisme.
Nous sommes donc autour des années 1750 dans la Grande Pologne soit la Pologne actuelle, la Lituanie et encore la partie occidentale de l’Ukraine actuelle.
Cette Grande Pologne vit ces dernières année.
Nous allons suivre les traces d’une secte juive à la tête de laquelle se trouve Jacok Frank.
. Comme la plupart des personnages de ce roman, Frank a bel et bien vécu, de 1725 à 1791. Et quelle vie que celle de Jakob, né Lejbowicz dans une famille de commerçants juifs de la province polonaise de Podolie (désormais en Ukraine), qui se forma aux préceptes d’un autre faux Messie (Sabbataï Tsevi, 1626-1676) dans les centres du « sabbataïsme », de Smyrne à la Moldavie, avant de s’inventer Messie à son tour, sous le nom de Jakob Frank.
« Frank » veut dire « étranger » »Etranger, donc éternellement migrant, dans le très vaste royaume polonais multi-ethnique et multiculturel qui s’étend alors jusqu’à l’Empire ottoman, et dont il parcourt à cheval les plaines , les forêts  les villes et villages aux ruelles boueuses et défoncées, vêtu comme un Turc, fez sur la tête et manteau à grand col de fourrure . Etranger, donc infidèle, aux femmes, aux religions : au gré de ses ambitions, à la poursuite de son rêve d’une vie spirituelle toujours plus riche, Jakob se convertit à l’islam puis au catholicisme avec quiinze mille disciples en un baptême monumental .
Les 7 livres de Jakob retracent les tribulations mystiques, politiques et charnelles de ce héros charismatique, effrayant et mégalomane. Jakob Frank s’élève contre l’intransigeance des rabbins mais se rapproche de la hiérarchie catholique anti-juive, et finit traître aux yeux de tous.
Dans ce livre hautement romanesque Olga Tokarczuk nous rappelle la complexité  de l’époque  et de la région.
Complexité que l’on retrouve dans le changement incessant du nom des personnages entre nom juif polonais yddish ou encore allemand.
Complexité encore dans cette géopolitique  religieuse entre juif, chrétien,  musulman aux confins de l’Europe et de l’empire Ottoman
L’ombre d’une vieille femme mystérieuse, Ienta, plane sur l’ensemble du livre et projette sur lui un clair-obscur fantastique. Alors que Ienta agonise le jour d’un mariage, une amulette l’arrache à la mort mais non au coma. Elle va survivre dès lors sur le mode d’une « sortie hors de son corps  »
Le découpage des 7 livres en court chapitres  facilite la lecture et empêche de se perdre dans le labyrinthe des noms. Néanmoins essayer de retenir l’ensemble des noms est une gageure.
Vaut mieux se laisser porter par les personnages et l’histoire.
Ce découpage laisse aussi la place au quotidien et l’on ressent vraiment la froidure de l’hiver ,la pauvreté des familles,  la chaleur de la vodka ou encore l’humidité des habitations et la saleté des villages.
Ces petits chapitres,  pas toujours chronologiques dessinent aussi une société polonaise ultra catholique,  fermée sur elle même, et dans laquelle une secte de 15 à 20 000 mille personnes a pu prospérer  jusque dans la noblesse et les hautes sphères de l’église polonaise.
Tous sont pris en otage par les jeux de pouvoir et l’opportunisme des nobles et des ecclésiastiques. Ces derniers escomptent tirer des bénéfices politiques de cette masse inespérée de convertis
Autant entrer dans ces milles pages peut être long, autant à la fin de la lecture il est difficile de laisser tous ces hommes et femmes.
Ils sont de la pâte dont est faite l’humanité.

Olga Tokarczuk

Prix Nobel de littérature, Olga Tokarczuk a reçu le Man Booker International Prize 2018 pour Les Pérégrins. Traduit en français en 2010 chez Noir sur Blanc, ce roman avait été couronné par le prix Niké (équivalent polonais du Goncourt), un prix que, chose rarissime, l’auteure a une nouvelle fois reçu pour son monumental roman : Les Livres de Jakób.

Née en Pologne en 1962, Olga Tokarczuk a étudié la psychologie à l’Université de Varsovie. Romancière polonaise la plus traduite à travers le monde, elle est reconnue à la fois par la critique et par le public. Sept de ses livres ont déjà été publiés en France : Dieu, le temps, les hommes et les anges ; Maison de jour, maison de nuit (Robert Laffont, 1998 et 2001) ; Récits ultimes, Les Pérégrins et Sur les ossements des morts (Noir sur Blanc, 2007, 2010, 2012) ; Les Enfants verts (La Contre-allée, 2016) ; et enfin Les Livres de Jakób (Noir sur Blanc, 2018).

Le flambeur de la Caspienne de Jean Christophe Rufin. Flammarion.💛💛💛

Le flambeur de la Caspienne par Rufin

Voici le troisième tome des histoires d’Aurel Timescu , l’extravagant consul fictionné par Jean Christophe Rufin. Aprés deux premières histoires qui se sont déroulés en Afrique , Aurel Timescu a été nommé en Azerbaidjan, à Bakou.
Comme dans ces deux premiers tomes Jean Christophe Rufin nous entraîne dans les arcanes de la diplomatie et des ambassades.
Dès son arrivée à Bakou, Aurel Timescu est confronté au décés de la femme de l’ambassadeur et rapidement il doute du caractère accidentel du décés.
On retrouve alors ce consul atypique amoureux du piano,du Tokay et nettement moins du travail de consul.
C’est léger, toujours bien écrit. Sans ce prendre au sérieux Jean Christophe Rufin nous distille des petits polars sympathiques.
Un bon roman pour l’été.

Etoiles vagabondes de Sholem Aleykhem. Le Tripode 💛💛💛💛

Étoiles vagabondes par Aleykhem

Un passage dans une librairie et me voila attiré par la belle couverture d’Etoiles vagabondes.
Cette attirance se double du fait que cette couverture ne m’est pas inconnue.
En effet je l’avais vu dans Télèrama et surtout la critique du livre m’avais intéressée.
Un roman écrit au début du siècle sous forme de feuilleton dans un journal polonais pour nous parler de théâtre et de culture Yiddish.
Et ce texte est inédit.
Ce fut une belle découverte que ce roman de Sholem Aleykhem. Rien dans l’écriture ne paraît daté d’un siècle. Tout est contemporain.
La mise en train peut être un peu compliquée car il faut s’habituer aux noms qui peuvent varier , aux coutumes et cultures yiddish. Mais une fois ceci acquis ,on se laisse emporter par ce grand récit d’aventure qui vaut bien un récit de Dumas ou Mark Twain.
Le découpage en petits chapitres ( cf une première édition sous forme de feuilleton) facilite la lecture . Ce feuilletonage fait que Shomen Aleykhem explique à nouveau des situations pour ne pas perdre les lecteurs de son feuilleton.
De plus l’écriture est enlevée, humoristique et il n’y a pas besoin d’être un exégète de la culture yiddish.
Donc au début du XXème siècle en Bessarabie ( La Moldavie actuelle) dans le village de Holenechti va s’installer un théâtre yiddish. Deux enfants ont les yeux qui pétillent devant ce théatre.
Il s’agit de Leybl le fils de Béni Rafalowitch l’homme le plus riche du village et de Reyzl, la fille du chantre Ysroeli.
Pour diverses raisons et une promesse qu’ils se sont faites , ces deux enfants vont quitter leur village et suivre ce théâtre itinérant yiddish.
C’est le début d’une histoire qui les mènera de Bessarabie , à Bucarest , Londres et New York.
La vie d’un Peuple nomade et migrant.
La vie extravertie d’une communauté juive comme a pu nous le conter Popeck ou encore Rabbi Jacob.
Nous sommes au début du XXème siècle et l’horreur n’est pas encore présente….

Cholem Aleikhem nom de plume de Cholem Naoumovitch Rabinovitch, né le 2 mars 1859 à Pereïaslav et mort le 13 mai 1916 à New York, est un écrivain ukrainien de langue yiddish. Très populaire de son vivant, il est l’auteur de romans, de nouvelles et de pièces de théâtre

 Il a fait beaucoup pour promouvoir le yiddish dans la littérature et a été le premier à écrire des contes pour enfants dans cette langue.

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