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Comme nous existons de Koutar Harchi. Actes Sud. 💛💛💛💛D

Comme nous existons par Harchi

Comme nous existons est un récit autobiographique qui retrace le cheminement intellectuel et politique de l’auteure Kaoutar Harchi.
Celle-ci est née en 1987 dans l’Est de la France. Elle est une enfant de l’immigration.
Ses parents Hania et Mohamed, Marocain, sont venus s’installer dans la ville de S dans l’Est de la France.
Par ce récit, Kaoutar Harchi nous plonge dans la réalité de son enfance, de sa jeunesse au sein de cette famille à la double appartenance marocaine et française.
Le parcours personnel de cette famille nous montre la violence sociale et politique mais aussi la réalité de ces familles déchirées entre deux cultures.
C’est un récit nécessaire, vital.
Il faut savoir lire et entendre les mots postcolonial, race blanche.
Il faut entendre et comprendre cette filiation entre Hania-Mohamed et Kaoutar. Hania et Mohamed donnent tout pour Kaoutar jusqu’à l’inscrire dans une école catholique afin de la soustraire au danger. Cette école, dont un professeur la traitera de  » m’a petite arabe « 
Pour l’auteure c’est un monde de rapport de classe de race qui marque les existences. Dans cette difficulté à trouver une place qui respecte sa culture et ce pays d’adoption, elle n’oubliera jamais ses parents.
Les dernières lignes de ce récit :
« Ce jour là une photographie aurait dû être prise qui aurait exprimé, à elle seule, bien plus que tout ce que j’écris ici en toute sincérité. Vous me verriez alors debout sur le pas-de-porte de l’appartement parental, un sac sur le dos, une valise neuve à la main. Et vous verriez Hania, se tenant sur le seuil de sa cuisine, légèrement penchée vers l’avant, les mains plongées dans son tablier, et Mohamed, sur le seuil de son salon, les mains dans le dos, très droit, la tête haute. Je le redis: une photographie aurait dû être prise pour fixer, ne jamais perdre cette scène de notre existence. Ce tableau. « 
Et puis cette langue littéraire que nous donne Kaoutar Harchi. Un plaisir de lecture.
En cette période de  » zemmourisation des esprits  » ce livre est salutaire.

Kaoutar Harchi, Auteur à BALLAST

Kaoutar Harchi, née en 1987 à Strasbourg, est une écrivaine et sociologue de la littérature française.

À 22 ans, elle publie son premier roman Zone cinglée chez Sarbacane. Elle publie ensuite deux autres romans, L’ampleur du saccage en 2011 et À l’origine notre père obscur en 2014 chez Actes Sud. En 2021, elle publie Comme nous existons chez Actes Sud.

Extrait de Comme nous existons de Kaoutrar Harchi

Des voitures de police stationnées en contrebas. D’autres patrouillaient. Des garçons courant à toutes jambes,criant. Des mères aux fenêtres, le corps en avant, offert au vide, qui crient, elles aussi, des paroles incompréhensibles. De cette fin du mois d’octobre 2005, voici dont je me souviens encore : à l’Elsau, une agitation inhabituelle, troublante. Un désordre immense. et cet air. L’air était d’une lourdeur. Ca bruissait, partout, de voix hagardes. Et la nuit et son lot de frayeurs . Nous étions tous et toutes des silhouettes marchant à pas vifs sur les chemins caillouteux menant à nos maisons. La douleur était là, elle affluait et refluait. Mais personne n’a su, de loin, la reconnaitre. Personne n’a su, ni n’a voulu, au vrai, comprendre que quelque chose, et c’était l’histoire, recommençait.

Et de rejoindre Hania et Mohamed.

Ils se trouvaient dans le salon, assis l’un à côté de l’autre sur le canapé, courbés vers l’avant, les coudes appuyés sur les genoux, les mains jointes soutenant leur tête, les yeux rivés au poste de télévision. Sans qu’ils m’adressent la parole, ils se serrèrent et me firent une place à leurs côtés. Je nous revois, tous trois, ainsi, immobiles, suspendus à cette voix hors champ qui relatait, encore et encore, de plans en travellings, selon les informations alors connues, et d’un ton monocorde, le cours des événements…..

….Comprendre, oui, qu’au Chêne Pointu, durant ces vacances d’automne, en ce mois sacré du ramadan, ils avaient couru, Zyed Benna et Bouna Traoré, à travers un terrain municipal à l’abandon, cherchant à fuir la police – c’est toujours la police -, et ils étaient morts.

Et puis de partout, du fond du grand monde, la tristesse est née, et la tristesse est venue. Ce fut comme une vague épaisse qui est montée, toute cette tristesse qui nous a pris, Hania, Mohamed et moi et combien d’autres millions de famille ? Ainsi, nous avons compris que tout, maintenant, le quotidien, la vie, l’avenir irait sans eux, sans ces deux enfants.

La vague de tristesse, aujourd’hui encore, ne s’est pas retirée, n’a guère emporté, et n’emportera jamais avec elle, l’incompréhension, la colère. C’est une vague, une lame de fond, un raz de marée que nombre d’entre nous ont affronté. C’est former une communauté d’expérience. Et toute personne qui fut écrasée par cette affliction appartient à cette communauté. Et tel un oubli impossible, l’oubli refusé, nous parlons de Zyed Benna et de BounaTraoré.

Le lendemain matin, après que nous eûmes fini de prier, j’ignore qui, de Hania ou de moi, dit : maintenant il faut y aller – qui eut, oui, cette impulsion miraculeuse, politique. Et de nous lever, de revêtir d’un mouvement rapide nos vestes, et de sortir.

L’arabe du futur. Tome 4. Riad Sattouf. Allary Editions. 💛💛💛💛

L'Arabe du futur, tome 4 par Sattouf

L’arabe du futur est une bande dessiné ou un roman graphique autobiographique de Riad Sattouf. Il est composé de six tomes qui couvre l’enfance et la jeunesse de l’auteur.
Le Tome 4 couvre la période 1987 /1992
Riad a entre 10 et 14 ans.
Le père de Riad a accepté un poste en Arabie Saoudite. La mère de Riad a refusé de le suivre et avec ces 3 enfants, elle revient s’installer en Bretagne, dans sa famille.
C’est toujours avec un égal plaisir que l’on suit l’enfance et l’adolescence de Riad.
De petit blond Riad devient un peu plus châtain. L’enfance et l’insouciance laisse place à l’adolescence à venir.
Rias Sattouf par petites touches amène ce changement.
Des changements paraissant anodins mais entrainant de fortes conséquences que ce soit sur son père sa mère ou Riad.
A travers ce Tome 4 , Riad Sattouf débobine le fil d’une histoire commencé 10 ans avant et qui prend des tours plus dramatiques.
L’Arabe du futur a pris un coup dans l’aile. La multiculture franco-syrienne aussi.
Le propos est sombre. Il s’agit bien du coup d’Etat fomenté par le père.
A suivre…

L’arabe du futur. Tome 3. Riad Sattouf. Allary Editions. 💛💛💛💛

L'Arabe du Futur, tome 3 par Sattouf

L’arabe du futur est une bande dessiné ou un roman graphique autobiographique de Riad Sattouf. Il est composé de six tomes qui couvre l’enfance et la jeunesse de l’auteur.
Le troisième tome couvre la période 1985 /1987.
Riad a entre 7 et 9 ans. Il vit en Syrie avec quelques retours en Bretagne.
Le village ne change pas. Les maisons sont toujours fissurées. Les méthodes d’éducation restent violentes. L’école a un portail sans clôture et les toilettes n’existent pas.
La Maman de Riad supporte de plus en plus mal les conditions de vie et surtout l’attitude de son mari.
Riad prend conscience que ses parents s’éloignent l’un de l’autre.
Quand il est avec ses cousins, ceci de plus en plus souvent font leurs prières , tournés ver La Mecque.
Son père rencontre un personnage haut placé de Syrie, rêve de l’Arabie Saoudite , de la Mecque. Il fait le ramadan.
Riad prend conscience peu à peu de la réalité de la Syrie, de la main mise de la religion, de la corruption et donc du grand changement de son père.
Mais Riad est toujours un enfant qui croit au Père Noel, à la petite souris.
La Maman de Riad est enceinte d’un troisième enfant. Direction la Bretagne.
Pour Riad c’est un temps magnifique avec ces grands parents et la découverte d’une école différente.
Jusque à la naissance de Fadi et le retour trois mois plus tard en Syrie.
et une demande de la Maman : quitter définitivement la Syrie.
Le Papa est d’accord. Il vient d’obtenir un poste en Arabie Saoudite.
Troisième Tome plus noir, malgré l’insouciance de Riad.
Riad Sattouf rend bien ses changements. On croît encore au Père Noel mais le rideau de la petite enfance se déchire peu à peu.
A suivre …

L’arabe du futur. Tome 2. Riad Sattouf. Allary Editions. 💛💛💛💛

L'Arabe du futur, tome 2 par Sattouf

L’arabe du futur est une bande dessiné ou un roman graphique autobiographique de Riad Sattouf. Il est composé de six tomes qui couvre l’enfance et la jeunesse de l’auteur.
Le tome 2 couvre la période 1984- 1985
Riad à 6 ans, il vit avec Papa, Maman et son petit frère Yahya près de Homs en Syrie.
Riad Sattouf reste fidèle à son partage des couleurs pour représenter les divers pays. Il rajoute néanmoins le rouge pour la fiction.
Il va aussi amener un élément différenciant : le cartable de Riad qui sera vert.
Ce deuxième tome installe durablement la famille de Riad dans la Syrie de Hafez El Assad.
Bien que le tome 2 ne dure que deux ans, les thèmes abordés (école- famille- traditions -lien au pouvoir ) fondent le  » durablement » de la famille de Riad en Syrie.
Riad Sattouf conserve la même graphie, la même rondeur dans le dessin. Apparaît une violence plus forte mais toujours vue par le regard de Riad.
Et donc toujours une touche d’innocence et d’inconscience dans le regard de Riad qui a entre 6 et 7 ans..
Tout est dessiné à travers ces souvenirs.
En premier lieu les souvenirs liés à l’école. Première expérience au coeur de la société syrienne. Comme lui a dit son père, afin d’être un arabe du futur, Riad se doit d’être le meilleur et il s’y attache.
Cela lui évite les coups de règles récurrents sur les doigts que subissent ces copains.
Par contre il n’échappe pas à l’hymne national ni à la première sourate du Coran a apprendre par coeur. Une maitresse gant de velours dans une main de fer.
Il y a aussi la débrouille pour obtenir machine à laver, magnétoscope. Marché noir, un peu de corruption et voilà.
et puis il y a l’évolution du Papa. Espérant toujours une meilleure place sociale mais se radicalisant peu à peu au contact de sa mère ou du monde musulman.
Riad reste encore imperméable à tout cela et son père reste un personnage nimbé de grandeur mais qu’il oublie facilement lors de ces séjours en Bretagne.
A suivre…

L’arabe du futur. Tome 1. Riad Sattouf. Allary Editions. 💛💛💛💛

L'Arabe du futur, tome 1 par Sattouf

L’arabe du futur est une bande dessiné ou un roman graphique autobiographique de Riad Sattouf. Il est composé de six tomes qui couvre l’enfance et la jeunesse de l’auteur.
Le tome 1 couvre la période de 1978 à 1984.
En 1980 Riad Sattouf à deux ans . Il est un ange aux cheveux blonds et il était un homme parfait.
Sa maman est bretonne de la région du Cap Frehel. Elle s’appelle Clémentine
Son papa est syrien. Il s’appelle Abdel Razak.
Ses parents se sont rencontrés lors de leurs études à La Sorbonne.
Abdel Razak faisait une thèse en histoire contemporaine. Il venait d’une famille pauvre vivant près de Homs en Syrie.
Il obtint son doctorat et sans en avoir parlé à Clémentine avait postulé pour un poste de maître à Tripoli en Libye.
La famille de Riad partit en Lybie puis en Syrie
C’est cette histoire que raconte le premier tome.
Riad Sattouf s’appuie sur un code couleur que l’on retrouvera dans chacun des tomes.
Ce qui se passe en France est bleu. Pour la Libye le choix s’est porté sur le jaune et pour la Syrie le rose l’emporte. Il y aura quelques planches de verts pour représenter Jersey.
Le dessin de Riad Sattouf est épuré et en grande partie arrondie . Ces arrondis permettent de modérer les scènes de tensions et donnent d’emblée de la bienveillance à certains personnages ( Charles , le grand père ou encore les cousins de Riad )
Riad Sattouf a expliqué le titre de sa bande dessinée L’ Arabe du futur par le fait que son père souhaitait que le panarabisme puisse permettre par l’école, et l’éducation l’installation d’un monde moderne arabe.
Tout ceci est vue par les yeux d’un enfant et Riad Sattouf reste dans se regard d’enfant.
Il constelle ces cases d’apartés qui représentent son ressenti aux odeurs, aux choses qu’il voit : l’odeur de l’herbe, des immondices, du corps des femmes ou une fissure dans un mur, encore une ligne blanche sur la route.
On ressent dans ce tome 1 le lien entre le père et le fils.
Dans le monde de Riad, celui ci s’identifie à son père. Un père arabe, progressiste souhaitant la réussite de Riad et la sienne aussi. Espérant toujours la reconnaissance que lui donne ses diplômes.
Mais en filigrane, sans pouvoir le nommer Riad ressent que ce progressisme arabe cache un fort dégoût d’Israël, des Juifs et des chrétiens.
Par delà la relation père fils, il y a la relation de Riad avec ce monde arabe qu’il ne connaît pas . Petit blond, vite assimilé à un Juif qui va découvrir une famille, des cultures et une école
Tout le talent de Riad Sattouf est de savoir enveloppé d’humour par ses dessins des moments difficiles.
Il parvient à nous transmettre ce regard de l’enfance qui ne conscientise pas toutes les situations.
Enfin ce premier tome est pour nous lecteur un retour dans la Libye et la Syrie des annees 80 et un rappel bienfaiteur sur la dureté de la vie dans ces pays.
Qui pouvait croire qu’en Lybie dans ces années 80, on avait un logement dont la fermeture de la porte se faisait exclusivement par un verrou en extérieur. Ainsi pas de droit de propriété. Si le verrou est mis c’est que la maison est libre.
Donc pour ne pas perdre la maison, on ne sort pas de chez soi. Ou comment brider les libertés.
A suivre..

Sémaphore en mer d’Iroise de Claire Fourier. Locus Solus. 💛💛💛

Sémaphore en mer d'Iroise par Fourier

En 100 chapitres plus ou moins courts Claire Fourier nous emmène sur les Terres du Finistère  et l’écume de la Mer d’Iroise  qui sont son ancrage originel.
Elle est de Ploudal – on ne dit pas Ploudalmézeau – dans le Nord Finistère  à  quelques encablures de la Mer d’Iroise, de l’Aber Benoît,  de Portsall  et surtout du rocher de Saint Samson.
 » le coeur de mon Finistère est un rocher- un éperon pyramidal qui s’avance dans la Mer d’Iroise,  en bordure de la route qui longe la mer sur la Côte des Légendes,  entre Porspoder et Trémazan, dans la commune de Landunvez. Et le coeur du coeur, un nid de pie ; je veux dire : un léger creux dans le granit, au sommet du rocher. »
 » Tout ce que je suis vient du rocher de Saint Samson »
Pour Claire Fourier ce rocher fut un tremplin mental vers la mélancolie :
 » le granit et le duvet d’écume m’ont appris à  aimer chez les êtres  la netteté de l’intellect et la brume du coeur « 
C’est aussi  » un paysage spirituel « .  » Là-haut,  on est très haut ; Dieu ne regarde pas sa création de plus haut »
Sur ce rocher Claire Fourier est devenue une cimmérienne  : femme du rivage, les pieds sur terre, le regard en mer.
C’est en pensant être dans ce nid de pie qu’il faut lire les 100 chapitres du livre.
Le mot chapitre ne convient pas totalement.
Il s’agit plutôt au gré de la plume de Claire Fourier,  de lettres, de moments de poésie,  de contes , de souvenirs, de petites nouvelles.
Bien ancré dans le granit et le regard portant loin, elle nous distille les moments de sa vie entre la Mémé Anna, la sagesse même,  maître du temps, reine des fleurs,de la maison et sa mère  Dolorosa rétive aux émotions.
Cette Mémé Anna, tel le sémaphore en Mer d’Iroise illumine ce livre.
Et puis comme nous sommes ancré dans le Finistère,  à quelques encablures de Brest, le militaire n’est jamais loin. le pompon rouge de Joseph le père nous rappellera que ce Nord Bretagne est marqué par le fait militaire : les côtes bretonnes ne peuvent être dissociées du Mur de l’Atlantique , tout comme une vie de marin, d’une vie de bourlingueur.
Dans une écriture classique et ciselée, Claire Fourier va nous dire cette vie faite de bons moments naturels et de moment de séparation,  des souvenirs de l’enfance sur ces terres de bruyère et d’ajoncs.
…. Et l’écriture va nous entraîner sur des chemins plus difficiles,  plus caillouteux.
A de nombreuses reprises nous serons confrontés au Capitaine Achab, à  Moby Dick, à la baleine blanche.
Nous seront confrontés à  Mallarmé, Rilke, Melville et tout un cortège d’écrivain, de peintres, de musiciens.
La lecture se fait plus ardue.
Cela n’est pas grave.  La lecture des chapitres n’a pas pour obligation d’être linéaire.
Il faudra prendre le temps de se remémorer Moby Dick ou les Préludes de Debussy.
Le temps ?
Le personnage central.
Claire Fourier est obnubilée par le temps.
Peut on le perdre ? Doit on le perdre ?
Ces reflexions sont des moments de lecture jubilatoire.
 » Un temps pour tout et articuler le temps, voilà ce qui est vivre »
 » Il faut perdre son temps que lorsqu’on est sûr d’en gagner »
 » Connais-toi toi- même  ; autrement dit : Connais le temps en toi « 
Et si il est question de temps,  il est question de vie, de mort,
Cette mort qui est au centre de la vie des Celtes.
Enfin ce livre est un hymne à l’écriture, aux moments d’écriture
 » La vie m’est dérive
Écrire en fait une rive
Penchée sur hier « 
 » le rideau est comme l’écriture  : le voile qui dévoile,  l’art du tamis »
Cet ouvrage à l’art du tamis. Les divers haïkus qui jalonnent le livre le confirme.
Les chapitres méritent d’être lus et relus.
Ce n’est pas toujours facile. Cela peut être ingrat parfois.
Mais la Terre du Finistère et la Mer d’Iroise sont elles faciles ?
Le granit est rugueux et la Mer d’Iroise est rarement calme.
Alors laissons le Sémaphore de la Mer d’Iroise nous illuminer de ces clairs-obscurs

Claire Fourier — Wikipédia
Claire Fourier est née le 15 juin 1944 à Ploudalmézeau, dans le département du Finistère en France1.
Elle fait des études secondaires à Brest puis supérieures à Rennes où elle obtient une maîtrise d’histoire1. Plus tard, elle est diplômée de l’École nationale supérieure de bibliothécaires située Villeurbanne près de Lyon2. Elle est professeure de lettres et bibliothécaire mais les mutations de son mari ne lui permettent pas d’exercer elle-même une activité stable. Elle se consacre alors à l’écriture3 et publie ses premiers récits en 19961.
Elle a emprunté son nom de plume à Charles Fourier pour l’amour de l’utopiste, de sa fantaisie et de sa théorie de l' »attraction passionnée »4.

L’hommequi n’est jamais mort d’Olivier Margot. Lattès .💛💛💛💛

L’homme qui n’est jamais mort par Margot

Que voilà une jolie pépite !
L’homme qui n’est jamais mort retrace la vie de Mathias Sindelar, footballeur autrichien dans les années 1930.
Ce n’est pas un livre de foot, ce n’est pas un livre de sport.
C’est un livre sur un grand personnage d’une honnêteté et d’une dignité absolue.
Il se fait qu’il est footballeur.
C’est un livre qui nous raconte la MittelEuropa entre la fin de l’empire austro hongrois et l’avènement du troisième Reich.
Mathias Sindelar était  de ces hommes déracinés,  d’origine morave, qui vivaient dans les quartiers pauvres de Vienne au milieu de tous ces migrants de l’Europe de l’est : bohémiens, tziganes, juifs.
Mathias Sindelar  était un génie du football. Il fut le meilleur footballeur du monde dans les années 30. Il inventa un jeu musical,un jeu collectif. L’art et la beauté n’étaient jamais loin.
On le surnomma le Mozart du football.
Bien que reconnu et adulé,  il n’oubliait pas d’où  il venait. Dans Ces années 30, il venait d’un monde pauvre prolétaire et ouvrier. Il venait d’un monde solidaire et multiculturel
Ce creuset restera au coeur de ces engagements et de ces convictions.
Et quand il fallu faire face au nazisme et à la barbarie il se trouva là pour célébrer un but devant les gradés nazis.
Et quand il fallu faire face au nazisme et à la barbarie il se trouva là pour refuser de mettre un écriteau dans son bar,  interdisant l’entrée de celui ci aux Juifs.
Toute sa vie il prona la tolérance qu’il avait vécu dans ces quartiers austrocommunistes.
Il le pays de sa vie
D’un footballeur de génie,  il devint un mythe et une légende.
Encore aujourd’hui,  plus de 80 ans après sa mort,  des centaines de personnes se recueillent sur sa tombe, à  Vienne le 23 Janvier .
Olivier Margot dans un style magistral nous fait rencontrer Mathias Sindelar ,ce footballeur qui fut avant tout un grand homme

 

Le mauvais génie d’Alain Freudiger. La Baconniere.💛💛💛

Le mauvais génie par Freudiger

Si vous êtes passionné par le saut à skis et par la vie dissolue de Matti Nykanen,  vous serez intéressé par ce petit opuscule de 120 pages écrit  par l’auteur suisse Alain Freudiger.
Si ce n’est pas le cas, vous passerez sûrement à côté de ce livre.
C’est à  priori le cas de la communauté Babeliote qui n’a fait aucune critique, ni mis à  jour la note de l’éditeur  et encore moins le résumé du livre !
Nous sommes bien dans un livre niche ! le saut à  skis .
Dans les années 80 Matti Nykanen règne sur le Saut à  Skis. Il sera quadruple champion olympique, mais aussi champion du monde de saut à skis mais aussi de vol à skis. Il gagnera plusieurs fois la coupe du monde ainsi que la Tournée des Quatre Tremplins. Pour les non initiés il s’agit d’une compétition de saut à skis qui à  lieu tous les ans en Janvier entre Autriche et Allemagne. Je vous fait grâce du nom des tremplins.
Donc Matti Nykanen est un grand champion mais un homme psychologiquement fragile.
Quelques mariages avortés,  des violences conjugales, beaucoup d’alcoolisme.
Après avoir été  champion reconnu et adulé en Finlande  ( j’ai oublié de vous dire qu’il était finlandais – mille excuses ) il sera chanteur à la voix frêle  et même strip teaser.
Voilà voilà.. .
Je résume  : soit vous êtes fana du saut à skis . Mais vraiment fana , style la journée dans le canapé en Janvier  devant Eurosport. Soit vous êtes fana des histoires croustillantes mariages divorces violence etc….
Moi je ne suis fana ni de l’un ni de l’autre  mais j’aime bien le saut à skis et le vol à skis.
Ce coté homme volant a un je ne sais quoi de magique.
Et ce côté homme faible à un je ne sais quoi de tragique.
Magique ? Tragique ? En définitif un petit livre agréable.
Une dernière chose  . Un dernier mystère.
Pour quelle raison ma médiathèque à choisi ce livre ?
Je ne les savais pas fana à ce point de Saut à skis !
Ps. Pour les inconditionnels du saut à skis la Tournée des 4 Tremplins a lieu à Oberstdorf – Garmisch – Innsbruck et Bischofshofen

Retour en images sur la fabuleuse lecture-spectacle de Morgarten d ...

Alain Freudiger, après avoir été critique de cinéma pour la revue FILM, poursuit un travail littéraire tout en participant à des expérimentations avec des musiciens de la scène improvisée. Il a notamment fondé le trio de poésie électro-acoustique Des Cendres, avec Benoît Moreau et Raphaël Raccuia en 2009. Rédacteur et membre du comité de la revue cinéphile « Décadrages – cinéma à travers champs », Alain Freudiger écrit également dans le journal La Distinction.

En 2007, paraît aux éditions Castagniééé son premier roman, Bujard et Panchaud ou Les Faux-Consommateurs, et un second en 2011, Les Places respectives, chez le même éditeur. En 2013, il publie en dialogue avec Stéphane Bovon Plus ou moins postmoderne, aux éditions Hélice Hélas. En 2015 paraît Morgarten, visite contemporaine de la Bataille du même nom, toujours aux éditions Hélice Hélas. En 2016, les éditions de La Baconnière publient Espagnes, son premier recueil de nouvelles. En 2019 paraissent le livre des cendres, livre de poésie/musique aux éditions Ripopée, et le roman Liquéfaction, chez Hélice Hélas.

En 2020, Alain Freudiger publie Le Mauvais génie – une Vie de Matti Nykänen, un livre consacré à l’ancien sauteur à skis finlandais, aux éditions de La Baconnière.

Journal d’un amour perdu d’Eric Emmanuel Schmitt. Albin Michel. 💛💛💛

Journal d'un amour perdu par Schmitt

Comme à l’habitude Éric Emmanuel Schmitt écrit bien. L’écriture est fluide, la langue française est à son meilleur. L’humanisme, l’empathie, l’émotion habite le livre. Et pourtant il y a un je ne sais quoi qui dérange.
Pourtant le sujet du roman Journal d’un amour perdu est on ne peut plus universel : la perte de sa Maman.
Peut être que ce qui me dérange est cet amour quasi incestuel entre Éric Emmanuel Schmitt et sa mère.
Tout cela est remarquablement écrit, ressenti. Les moments de détresse, tout comme les moments de l’enfance. Et pourtant il y a quelque chose qui dérange.
Serais ce le besoin de nier le père ( secret de la naissance ) afin que seule existe la relation avec Maman.
Et que penser du secret détenu par les Riklin sinon qu’il s’agit d’une facilité romanesque pour faire exister un moment le père.
Vous aurez compris que je reste mitigé, partagé devant ce Journal d’un amour perdu.
Contrairement à ce qui est indiqué en quatrième de couverture, je ne pense pas que nous touchions à l’universel à force de vérité personnelle et intime.
La vérité intime n’est que partielle et partiale. L’universel ne se suffit pas de partialité et de vérité partielle.

Un certain Paul Darrigrand de Philippe Besson. Julliard. 💛💛💛

 

Un certain Paul Darrigrand par Besson

Ayant il y a deux ans lu bon nombre de romans de Philippe Besson, allant de Un instant d’abandon en passant par La trahison de Thomas Spencerou encore la Maison Atlantique ou Une bonne raison de se tuer, j’avais terminé cette plongée littéraire avec Les passants de Lisbonne.
Que des grands plaisirs de lecture, grâce à la sensibilité, la précision de l’écriture de Philippe Besson .
Étant pas loin de l’overdose, j’ai zappé  Arrête avec tes mensonges et j’ai lu l’inintéressant Un personnage de roman et le moyennement intéressant L’enfant d’Octobre
J’attendais donc avec grand intérêt  Un certain Paul Darrigrand afin de renouer avec la plume de Philippe Besson tel que je l’ai aimé dans Les passants de Lisbonne.
Je ressort de cette lecture avec une impression mitigée. J’ ai retrouvé le style vif, incisif, nerveux. J’ai retrouvé l’étude fouillée des ressentis des sentiments.
Pourtant il m’a semblé qu’ au fil du roman, cela été plus lourd, répétitif,  comme si Philippe Besson sortant des personnages de fiction et parlant de lui avait du mal à s’incarner réellement.
Je l’ai surtout ressenti dans sa relation amoureuse avec Paul Darrigrand.
Quand il a été question de sa maladie, cela se ressentait moins car en définitif cette maladie est peut être le point central de son livre.
De la joie d’un amour il est passé au bord de la mort et l’on comprend mieux la phrase d’Annie Ernaux qui ouvre le livre :         Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais.