Pactum Salis d’Olivier Bourdeaut. Editions Finitude 💛💛💛

Pactum salis par Bourdeaut

Dire que le deuxième roman d’Olivier Bourdeaut était attendu est un euphémisme.
Dire qu’il allait déchainer les critiques sur Babélio s’est une réalité.
Autant de pour que de contre
Autant de déceptions et que de lecteurs heureux ou même conquis.
Je fais partie des lecteurs heureux.
J’ai passé un agréable moment dans la presqu’île de Guérande avec Jean , Michel et les marais salants.
Evidemment ce deuxième roman d’Olivier Bourdeaut est très loin de l’ambiance d’En attendant Bojangles
Evidemment qu’il faut se défaire des émotions et des sentiments dont nous enveloppé les personnages d’En attendant Bojangles.
Je souscris à certaines critiques qui sont formulées .
Oui , on peut ressentir qu’Olivier Bourdeaut s’écoute écrire.
Oui on peut ne pas aimer l’emploi de nombreux adjectifs
Oui on peut trouver la rencontre des personnages peu réaliste.
Lors de la lecture du premier tiers du livre j’étais un peu dans cet état d’esprit et puis comme on dit prosaïquement la mayonnaise à prise.
Je n’ai pu levé les yeux du livre et je l’ai lu d’une traite avec une sensation haletante.
Avec le recul l’emploi des adjectifs , le coté peu réaliste de la rencontre des 2 personnages et l’impression qu’Olivier Bourdeaut s’écoute parler se sont évanouis.
Je retiens de ce livre une violence dans la rencontre de deux personnages : une violence qui peut aussi être appelée force et on parle d’amitié , une violence qui peut aussi être une destruction et une haine. Destruction par l’alcool, haine de l’autre et misanthropie pour Jean ou encore haine de soi et de ce que l’on est pour Jean et Michel
La rencontre incongrue de ces deux personnages les révèle à eux mêmes . Sans cette rencontre Jean et Michel seraient ils les mêmes ?
Et puis je retiens aussi de ce livre la description des marais salants ,du métier de paludier et des lumières océaniques.
Olivier Bourdeaut a une belle facilité pour décrire des paysages sombres ou ensoleillées.
Enfin je trouve que son écriture sait faire preuve de dérision et d’auto dérision.
Dans ces dialogues entre Jean et Michel j’ai l’impression de voir de jeunes coqs voulant dominer l’autre et le monde par des considérations grotesques , déplacées et d’une grande immaturité.
et c’est cette immaturité qui se transforme tout au long du roman. malgré leurs égo , leurs misanthropies leurs violences ils deviennent plus humains.
En synthèse une belle lecture au milieu des marais salants de Guérande avec des personnages de roman tellement humains et en définitif un petit côté thriller qui donne à réfléchir sur l’amitié et comment on peut s’en servir ou non.

En attendant Bojangles. Olivier Bourdeaut. Editions Finitude 💛💛💛💛

En attendant Bojangles par Bourdeaut

Il n’est jamais trop tard pour livre un livre….
En attendant Bojangles fait partie de ceci. J’avais entendu parler de ce premier roman ayant eu des prix, un tapage médiatique. de ce fait une petite méfiance me tenait à l’écart de cet ouvrage.
Et puis il y a quinze jours Olivier Bourdeaut était présent à La Grande Librairie pour présenter son deuxième roman Pactum Salis.
Et là , l’auteur m’a donné envie de rentrer dans son monde. Donc autant commencer par En Attendant Bojangles.
Direction la Médiathèque , le livre était disponible. Je n’avais pas le souvenir d’un roman si court.
Tout a été dit sur ce roman : l’histoire racontée par l’enfant avec des retours au journal du père George afin de recadrer nos sentiments et émotions , la Maman dont le prénom change au maximum tous les deux jours , Mademoiselle Superfatoire , animal de compagnie on ne peut plus étrange et puis en musique de fond ,la voix lancinante de Nina Simonenous chantant Mister Bojangles.
Ce qui m’a touché c’est le regard de l’enfant et son interprétation des événements. Comment un enfant entrevoit l’amour , la folie mais aussi le monde qui l’entoure. Comment interprète-t il tous les déménagements intérieurs de sa mère.
Ce qui m’ a ému c’est la passion absolue que se voue deux personnes et cette passion va être transcendée par les événements et la maladie.
Tout peut paraître loufoque avec l’échiquier géant , la tonne de courrier non lu et Mademoiselle Superfétatoire.
Mais il faut bien faire vivre cette folie si on ne veut pas se perdre.
Vu par l’enfant cela donne une vie légère , insouciante détachée des normes.
Vue par George et sa femme aux milles prénoms ne pas se perdre c’est vivre cette folie. George était loufoque ,déjanté et il a trouvé « mieux ». Il a trouvé plus fou que lui.
Et c’est avec cette folie qu’il vont construire la réalité de leur vie et non des châteaux en Espagne
Olivier Bourdeaut nous régale par son style , par sa finesse d’écriture et sa facilité à nous montrer la folie que ce soit à travers un enfant ou des adultes.
Chapeau Bas !

Etretat . Extrait Chroniques littéraires de Guy de Maupassant.Le Gaulois. 20 août 1880

IMG_8845

Quand , sur une plage pleine de soleil ,la vague rapide roule les fins galets, un bruit charmant, sec comme le déchirement d’une toile, joyeux comme un rire et cadencé, court par toute la longueur de la rive, voltige au bord de l’écume, semble danser, s’arrête une seconde, puis recommence avec chaque retour du flot . Ce petit nom d’Etretat, nerveux et sautillant, sonore et gai, ne semble-t-il pas né de ce bruit de galets roulés par les vagues ?

La plage dont la beauté célèbre a été si souvent illustrée par les peintres,semble un décor de féerie avec ses deux merveilleuses déchirures de falaises qu’on nomme les Portes. Elle s’étend  en amphithéâtre régulier dont le Casino occupe le centre; et le village, une poignée de maisons plantées dans tous les sens, tournant leurs faces de tous les côtés, maniérées, irrégulières et drôles, paraît jeté du ciel par la main de quelque semeur et avoir pris racine au hasard de la chute . Poussé aux bords des flots, il ferme l’extrémité d’une adorable vallée aux lointains ondoyants et dont les collines, de chaque côté, sont criblées de chalets disparaissant sous les arbres de leurs jardins.

Aux environs, de petits vallons sans nombre, des ravins sauvages pleins de bruyères et d’ajoncs s’étendent dans tous les sens; et souvent, au détour d’un sentier, on aperçoit là-bas, dans une échancrure profonde, la vaste mer bleue, éclatante de lumière, avec une voile blanche à l’horizon.

On marche dans la senteur des côtes marines, fouetté par l’air léger du large, l’esprit perdu, le corps heureux de toutes ces sensations fraîches, quand des rires vous font tourner la tête; et des femmes élégantes, à la taille mince,  au grand chapeau de paille tombant sur les yeux, semant dans la brise saine leurs parfums troublants de Parisienne, passent, joyeuses, à vos côtés.

Extraits des Chroniques littéraires de Guy de Maupassant . 1880

IMG_9140

Falaise des Fous de Patrick Grainville. Seuil 💛💛💛💛

Falaise des fous par Grainville

Le titre du livre de Patrick Grainville Falaise des Fous à 2 F. On pourrait lui en rajoutait un : Foisonnant.
Il y a des hasards qui n’en sont pas .
il était prévu depuis quelques semaines d’emmener nos petits enfants à Etretat pendant les vacances de Pâques et voilà que sort en librairie le livre de Patrick Grainville.
J’ai donc commencé à lire ce livre aux abords des falaises d’Etretat. Evidemment que cela donne une autre ampleur à la lecture du roman de Patrick Grainville.
Se balader sur les falaises d’Aval et d’Amont , déambuler le long de la plage de galets et du Perrey mais aussi le long de toutes ces villas du début du XXème siécle , en ayant en tête les paragraphes écrits par Patrick Grainville.


Mais aussi être au pied de la valleuse de Jombourg , devant la Manneporte et la falaise d’Aval , au soleil et imaginer Claude Monet installant son chevalet au milieu des galets.
Tout cela est un plus dans la lecture de ce livre foisonnant.
Sur 60 ans , de 1867 à 1927 le narrateur de la Falaise des fous , Charles Guillemet va nous faire vivre cette période où lui pêcheur d’Etretat au gré de sa vie va voir vivre Claude Monet , Courbet mais aussi Guy de Maupassant.
Et à partir de là , le livre devient foisonnant. Nous sommes au milieu de la naissance de l’impressionnisme,. Nous sommes à Etretat , à Honfleur , au Havre , à Rouen ,à Paris ou encore à Giverny. Nous sommes au sein des tableaux de Monet ,de Courbet ,de Daubigny ,de Pissaro ,de Manet de Degas.
Mais nous sommes aussi de plein pied dans l’histoire de cette fin de 19ème siècle : La guerre de 1870 , la Commune , l’Affaire Dreyfus puis le début du 20éme siècle et la course vers la 1ère guerre mondiale
Les pages sur la 1ère guerre mondiale sont d’une force inouie.
Ce livre étant tellement foisonnant qu’ il est difficile d’en faire une synthèse simple.
Ce qui ressort à la fin de la lecture de ce livre , c’est l’extraordinaire vie artistique de la Normandie dans les années 1860/1900 , ce maelstrom de peintres , d’écrivain mais aussi d’art lyrique.
Ce livre donne envie d’aller au Musée d’Orsay et de se repasser en boucle les tableaux de Monet -Degas – Manet – Pissaro ou Derain
Je viens de finir la lecture de la Falaise des Fous loin d’Etretat , au pied des montagnes de l’Isère.


Me reste en image les couleurs dorées du soir sur la falaise d’Aval mais aussi sur la grève de la Manneporte.
Me reste en image l’estuaire de la Seine et la majesté de ce fleuve.
Mais il me restera surtout cette fresque historique que Patrick Grainville a mené de main de maître.
La falaise des fous se termine en 1927
Couleurs de l’incendie de Pierre Lemaitre commence en 1927
Ce sera la prochaine lecture dans la continuité historique.

A contre-courant d’Antoine Choplin. Paulsen 💛💛💛

À contre-courant par Choplin

Je ne connaissais pas Antoine Choplin. Il a fallu une Masse Critique de Babelio pour que je découvre ce livre dans la liste proposée. Vivant en Isère je ne pouvais qu’être intéressée et intrigué par l’idée de remonter l’Isère depuis sa confluence avec le Rhône jusqu’à sa source dans les glaciers de la Vanoise.
N’ayant pas reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique , je me le procurais et entamé la lecture de ce livre original.
Livre original dans sa forme avec cette remontée de l’Isère faite aux quatre saisons d’une année en suivant au plus prés possible les chemins de halage.
Antoine Choplin vit en Isére dans le Grésivaudan et cette marche déambulation est un retour aux sources.
Nous ne sommes pas dans un livre sur la randonnée et l’introspection. Il s’agit plus de bulles de 3 à 4 jours de marche sur un terrain connu d’Antoine Choplin. C’est une autre façon de voir de découvrir la région dans laquelle on vit , on travaille.
Chaque bulle de 3 jours correspond à une saison et à un tronçon de l’Isère à contre courant.
Et dans chacune de ses bulles Antoine Choplin se découvre et nous interroge sur l’écriture mais aussi sur l’industrialisation ou encore le tourisme.
Et pendant toutes les pages de cette déambulation , nous sommes heureux de marcher aux cotés d’Antoine Choplin et de ces compagnons de voyage ou de soirées.
Il nous donne à vivre une partie de son intimité . Quel plaisir de l’entendre parler du festival des Arpenteurs et des scènes obliques. Festival qui a lieu en Juillet aux Adrets dans le Massif de Belledonne en Isére.
Un festival qui veut parler de littérature de musique dans des lieux de montagne , éloignés tout en profitant de randonnées et de paysages magnifiques
Ce livre est un joli moment dans le temps et hors du temps.
Il m’a donné envie de repartir sur les chemins de halages de l’Isère vers La Sône et Saint Marcellin.
Mais il m’a aussi donné envie de repartir en montagne en compagnie d’un livre.
Un beau moment de lecture.

Les Chemins de Chartreuse. Promenade littéraire. Jean Sgard. PUG 💛💛💛💛

Les chemins de la Chartreuse par Sgard En ce dimanche ensoleillé de Mai 2017 , je me suis installé dehors face au Massif de la Chartreuse pour lire cet essai.
Pour un lecteur qui ne connaît pas la Chartreuse , le livre pourras paraître moins intéressant.
Encore que !
Les 200 pages de ce livre sont une déambulation de 700 ans sur les chemins de Chartreuse depuis l’installation de Saint Bruno au désert de Chartreuse jusqu’à Balzac et son médecin de campagne vivant dans les montagnes de Chartreuse,
Un essai qui fait réfléchir sur ce qu’est un chemin. A quoi sert il : lien-economie-religion -méditation etc….
Un essai qui parle de montagne de botanique de littérature de chrétienté, qui convoque Balzac,Chateaubriand,Lamartine,Rousseau ou encore Mandrin
Un essai qui nous rappelle que le Massif de la Chartreuse était le pourvoyeur en bois de la marine royale
Et puis il y a la Grande Chartreuse , ce monastère édifice mais aussi délimitant à lui tous seul ce massif de la Chartreuse et pour lequel existeront un Grand Chemin et aussi un chemin commercial et touristique


Cet essai est magnifiquement documenté et nous restitue une Chartreuse originelle qu’il me presse de retrouver sous mes pas lors de quelques randonnées dans les semaines à venir
Ce fût une belle après midi ensoleillée et à lire et contempler ce Massif de la Chartreuse et plus particulièrement le Grand Som sous lequel dans sa clairière verte et paisible, un monastère invite à prendre le Grand Chemin.

31012018-IMG_8060
Monastère de La grande Chartreuse et Le Grand Som  2 026 m.

Merci Jean Sgard pour cette rêverie et promenade chartrousine .

Les Terres Froides Yves Bichet. Fayard 💛💛💛

Les Terres froides par BichetRésumé de L’éditeur

« Tous les matins du monde… sont sans retour. » Voilà bien une phrase, martelée par la mère pendant des années, qui peut marquer toute une vie. Celle du narrateur, sûrement arrivé à l’âge adulte, pris au jeu du « je me souviens ». Un narrateur-auteur né en Isère, dans la région des Terres froides, non loin du mythique lac de Paladru, avec sa cité lacustre et ses chevaliers-paysans. Terre de l’enfance, imprégnée par la poésie des brumes..

 

 

De passage à la librairie Les Lucioles à Vienne ,mon regard est attiré par un livre : Les Terres froides d’Yves Bichet . Est ce que ce livre parlerait de la Région de l’Isère où j’habite ?
Je lis la quatrième de couverture. C’est bien cela. J’achète le livre et dès le retour à la maison je me plonge dans sa lecture.

IMG_8427
Terres froides : Plaine de Bièvre en direction de Beaucroissant

Je connais Yves Bichet pour avoir déjà lu deux de ses livres : La part animale et
L’homme qui marche. Je me souviens de lecture un peu difficile et rude.
Que va t’il en être cette fois ci ?
Je ne suis pas originaire de ces Terres Froides de L’Isère .Cette région m’a acceuili il y a 40 ans , alors que mes origines sont les Flandres françaises .
Et bien le livre d’Yves Bichet à partir de ces souvenirs d’enfance et des personnages qui la compose fait revivre ces Terres Froides. le Style d’Yves Bichet reste égal à lui même et ça râpe un peu !

J’ai retrouvé dans les personnages , les descriptions les Terres Froidesque j’ai découverte depuis 40 ans. Ces Terres Froides où les histoires de capteurs de vipères courent le long du Barbaillon ou de la Bourbre. J’ai retrouvé au travers des Rogations ,les pèlerinages et les processions que ce soit à Notre Dame de la Milin ou encore à La Salette de Bevenais.
Et encore la description climatique et géographique des Terres Froides.
Yves Bichet n’y va pas avec le dos de la cuillère: le froid la neige le brouillard tout l’hiver. Ceux sont des souvenirs d’enfance.
J’ai les mêmes sur mes hivers d’enfance dans les Flandres .
J’ai le souvenir d’hiver complet d’humidité de froid de bruine et de grisaille.
Est ce la réalité climatique ? Non seulement les souvenirs de notre enfance
C’est la même chose pour les Terres Froides.
C’est une région dure et froide mais elle ne se résume pas au brouillard et au froid
Ce pays de collines entre les plaines lyonnaises et les Alpes reste un havre de paix de calme et de ruralité .

 


Se ballader sur ces collines avec la vue sur le Mont Blanc ,Belledone et la Chartreuse est toujours un ressourcement . Et dans le vent on entend toujours les chants et prières des Rogations ,le sifflement des vipères mais aussi la douce nostalgie des histoires d’amour de l’enfance d’Yves Bichet .
Si un jour vous prenez l’autoroute entre Lyon et Grenoble vous traverserez ces Terres Froides. Après Bourgoin l’autoroute vers Grenoble serpente dans les collines . Vous y êtes . Vous êtes dans les Terres Froides. Après avoir passé le Col de Rossatiere un ensemble de collines s’ouvrent à vous. C’est le pays d’Yves Bichet : Virieu,Chabons , Burcin.
C’est le pays de « La Barthélemy  » cette maitresse dont le bureau devient une prison malodorante
C’est le pays d’Antoine le copain ,l’âme soeur
C’est le pays d’Elisabeth, de l’amour et du coup de foudre , le vrai.

Depuis 40 ans c’est aussi mon pays .

 

L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante. 4 tomes . Gallimard 💛💛💛

 

 

Placeholder Image

Me voilà arrivé au terme de la saga d’Elena Ferrante : L’amie prodigieuse. J’en ressort avec un sentiment mitigé. Autant j’avais adhéré aux deux premiers tomes : l’enfance , l’adolescence de Lena et Lila, leurs premiers émois amoureux mais aussi le Naples ouvrier et populaire et puis les règles de la société italienne avec en sourdine les coups de basses de la Camorra. , autant les Tomes 3 et 4 ne m’ont pas convaincu.

Vous trouverez ci- dessous  mon appréciation sur chacun des tomes

L’amie prodigieuse Tome 1

L'amie prodigieuse, tome 1 : Enfance, adolescence par FerrantePremier tome d’une série de quatre L’amie prodigieuse nous plonge dans l’Italie des années 1950 et plus particulièrement à Naples ou nous suivons deux enfants : Lila ou Lina et Lena ou Lenu qui est la narratrice.
Nous sommes dans un quartier pauvre de Naples au milieu de ces familles et de cette vie trépidante
Il y a la famille Cerullo,famille de Lila dont le Papa est cordonnier tout comme
son grand frère Rino
Il y a la famille Gréco,famille de Lina dont le Papa est portier à la mairie
Et puis il y a la famille Caracas dont le père Achille est l’ogre dont ont peur les enfants
Et puis la famille Peluso,famille de menuisier
Et puis les familles…..Capuccio Sarratore Scano Spagnuolo et Solara
Comme c’est un livre d’enfance il y a aussi les enseignants Ferrari Oliviero Gerace et Galiani
Et puis il y a Naples la mer et le soleil les années 1950 la Lambretta et la Millecento
C’est le livre d’une amitié entre 2 petites filles Lina et Lenà, qui ne vont pas vivre la même scolarité
Car pour l’une le travail prend le pas sur les études
C’est le livre de l’enfance,de l’adolescence des groupes de copains
C’est le livre des peurs,des rencontres,de la transformation
C,est le livre de Naples,des petits métiers des mamans
Une paire de chaussures Cerullo sera le fil conducteur et agregera une partie de l’histoire tout en nous faisant comprendre en filigrane que la Mafia n’est pas loin
L ‘écriture de Elena Ferrante nous transporte dans ces quartiers populaires et pauvres avec précision et avec de beaux moments de poésie
Nous partageons Naples la travailleuse et nous devinons Naples la méditerranéenne avec sa baie et l’île d’ Ischia
Pourtant l’instant le Vésuve reste une ombre discrète sur Naples et la saga de L’amie prodigieuse

L’amie prodigieuse Tome 2. Le nouveau nom.

L'amie prodigieuse, tome 2 : Le nouveau nom par Ferrante  Quel plaisir de retrouver les personnages d’Elena Ferrante , de retrouver Lila et Lena , de retrouver l’Italie et Naples.
Quel plaisir de retrouver l’écriture fluide et précise d’Elena Ferrante.
Me voila de nouveau plongé dans les vies de Lila et Lena , dans cette vie napolitaine rude , violente.
La totalité de ce livre nous fait vivre avec Lena et nous donne à voir les fluctuations de leur amitié et de l’importance de l’attirance de l’une vers l’autre.
Le 1er tome nous avait laissé entrevoir les chemins différents que prenaient Lila et Lena.
Ce deuxiéme tome amplifie ces chemins
Lila s’est marié avec Stefano mais son mariage est un naufrage
Lena poursuit ces études et découvre Milan -Pise et Paris.
Un long passage du livre se passe sur l’Ile d’Ischia ou Lila , Lena passent leur vacances d’été avec Nunzia la mére de Lena et la rencontre de Nino Sarratore
C’est un moment de lecture extraordinaire. Psychologie de cette bande de jeunes -jeu de séduction – grandeur des caractéres de Lila et Léna.
j’ai beaucoup apprécié la liberté que conquiert Lila malgré les grilles de son mariage et la morale napolitaine.
Quelle force de caractère , quelle envie d’être droite , d’être femme et de vivre sa vie .

L’amie prodigieuse Tome 3 . Celle qui fuit et celle qui reste.

L'amie prodigieuse, tome 3 : Celle qui fuit et celle qui reste par FerranteElena Ferrante poursuit l histoire des deux amis Lila et Lina
Elles sont devenues trentenaires et mère de famille.
l’une est restée à Naples , l’autre est partie vivre à Florence.
Ce troisième tome va nous dérouler la vie de LIla sur Florence et les regards qu’elle porte sur Lina rester à Naples.
Tout cela au contact des années 1970 /1980 dans cette Italie sociale où communisme démocratie chrétienne lutte des gauches et brigades rouges dominent la vie culturelle et politique italienne en ajoutant en filigrane la mafia
malgré cela ce troisième tome reste pour moi une déception.
l’histoire se dilue et tourne en rond autour de nos deux personnages féminins
l’écriture d’Elena Ferrante est toujours fluide et agréable mais par rapport au tome 2 , celui ci manque de fond et de psychologie.
nous restons sur des questionnements sur l’amour ,les hommes les femmes
la narration de l’amitié entre Lila et Lina et des personnages qui peuvent passer de l’une à l’autre reste l’idée centrale du livre et malheureusement ne sont pas développé de façon plus importante la situation politique italienne
ça ronronne

L’amie prodigieuse Tome 4. L’enfant perdu

L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue par Ferrante

Je n’ai pas accroché à la fin de cette saga et ce que j’avais ressenti dans le Tome 3 à été accentué dans le Tome 4.
Comment parler d’une amie prodigieuse ( Lila ou Lena ?) alors que tout cela ressemble beaucoup à une relation toxique.
Que penser de Lila qui subit sa vie, ses relations avec les hommes mais aussi avec ces filles.
Pour quelles raisons revient elle vivre dans son quartier populaire de Naples :par amitié ou par opportunisme . La relation toxique.
Peut on trouver réaliste ces différents voyages professionnels à travers l’Italie ou la France laissant ces enfants des semaines entières soit à Gênes chez ces ex beaux parents ,à Florence chez son ex mari ou encore à Milan chez une amie ou encore à Naples chez Lila. Ces enfants Dede et Elsa qui étaient en âge d’être à l’école.
C’est un exemple des facilités d’écriture qui m’ont dérangé tout comme la façon de plaquer l’histoire politique et sociale de L’Italie. Une ligne pour mentionner l’attentat de Bologne. A peu près autant pour parler de l’assassinat d’Aldo Moro.
Quand au terrible tremblement de terre du 23 Novembre 1980 qui frappa Naples et sa région, il permet à Elena Ferrante de mettre en situation Lila et Lena dans une voiture et c’est tout.Le tremblement de terre n’a aucune répercussion physique, psychologique sur les autres personnages
Enfin que dire des 3 ou 4 pages sur Naples à la fin du livre. Vraiment plaqué
Voilà cette critique pour dire ma déception sur la fin de cette saga.
Je mets 3 étoiles pour l’ensemble de l’oeuvre et la fluidité de l’écriture d’Elena Ferrante mais je ne partage pas les avis des observateurs qui disent qu’Elena Ferrante possède l’une des voix les plus fortes de la fiction contemporaine.

Lettre au dernier grand pingouin. Jean Luc Porquet . Editions Escales 💛💛💛💛

Lettre au Dernier Grand Pingouin par Porquet

Je viens de passer quelques heures avec un Grand Pingouin.
Vous ne connaissez peut être pas le Grand Pingouin ( je ne le connaissez pas avant moi-même)
Il s’agit d’un alcidé de 80cm de haut avec un très grand bec un manteau de plumes noires et blanches , des pattes palmées à 3 doigts et 2 moignons d’ailes.
Si vous souhaitez le rencontrer il faudra aller dans les musées d’histoire naturelle à Nantes le havre Abbeville ou encore dans les réserves des musées de Lille ou Saint Omer.
Le grand pingouin a disparu de la surface de la Terre en 1844.
c’est de ce constat qu’est parti Jean Luc Porquet pour écrire Lettre au dernier grand pingouin.
Cette lettre est un plaidoyer pour l’écologie , la nature et les animaux.
c’est aussi une réfléxion sur la place de l’homme , sur sa responsabilité dans le monde qu’il fabrique.
c’est une réfléxion érudite et vulgarisatrice sur notre écologie , sur notre économie sur notre pouvoir.
les cycles naturels de la terre ont fait qu’il y a eu cinq extinctions.
Nous sommes entrain de vivre la sixième. La différence par rapport au cinq autres c’est que celle -ci n’est pas entièrement naturelle.
c’est l’Homme lui-même qui est le chef d’orchestre.
Et Jean Luc Porquet de développer les thèmes de la croissance verte , de la décroissance.
De réfléchir sur l’intérêt de protéger le monde animal avant de protéger l’homme . Est ce normal ?
De réfléchir à un monde où l’on ne mangerait plus d’animaux ni les produits dérivés. Est ce bien le véganisme ?
Et puis il y a des moments de poésie autour des lucioles , des papillons , des petits déjeuners dans la maisonnette.
Je serais juste partagé sur la fin du livre où il termine en retournant au grand silence.
Est il trop tard pour agir ?
Cette élégie funèbre et désabusée est semble -t -il sans espoir.
je ne le pense pas . Toutes les actions entreprises ,même infimes sont un maillon sur le chemin de la terre.
Je terminerais par une anecdote personnelle.
Il y a quelque temps j’ai visité le Musée d’Histoire Naturelle de Paris et sa galerie de l’Evolution et la salle des espèces disparues
J’étais avec ma petite fille de 5 ans
Elle est restée sidérée devant le Dodo et elle a pleuré.
Elle disait : pourquoi il a disparu ? pourquoi il ne peut plus vivre ?
Dans ces pleurs il y avait une réelle émotion et une réelle incompréhension.
Ce livre de Jean Luc Porquet nous ouvre à ces émotions et ces interrogations.

Les passeurs de livres de Daraya. Delphine Minoui. Seuil 💛💛💛💛💛

Les passeurs de livres de Daraya par Minoui

Je me souviens d’un reportage TV, des gens dans un car évacués d’une ville en Syrie. J’avais en son temps était bouleversé par ces images. Des regards derrière une vitre de bus. Toute l’horreur de la guerre, des déplacements forcés.
Ce bus quittait Daraya dans la proche banlieue de Damas
En lisant Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui j’ai découvert pourquoi ce bus emmené loin des familles.
Par son écoute, son empathie Delphine Minoui nous offre un livre unique
Elle nous offre une réflexion profonde sur la réalité de la Syrie
Comment ne pas être ému, bouleversé par ces jeunes de Daraya qui vont relever un défi fou.
Daraya est une ville martyr de Syrie. Bachar El Assad est persuadé que cette ville est un nid de terroristes affiliés à al Nostra ou à Daesh
Et quand il ne pense pas cela il est persuadé que Daraya veut lui prendre une partie de son pouvoir dictatorial
Alors le régime syrien bombarde, affame Daraya.
Pendant 4 ans jours et nuits , nuits et jours
Daraya passera de 22 000 à 8 000 habitants . Des morts , des exils en Turquie.
Dans ce Daraya fracassé, des jeunes syriens vont entretenir la lumière.
Ils ont 23 ans et ils vont décider de construire une bibliothèque cachée pour eux et les gens de Daraya.
Ils vont récupérer dans les maisons bombardées tous les livres encore existants que ce soit des livres arabes,européens ou américains
Ils vont tout cataloguer et tout mettre à disposition
Il y a les enfants soldats. Il y a maintenant les bibliothécaires soldats
Ces livres sont pour eux synonyme de liberté de culture de résistance.
Delphine Minoui va nous faire découvrir ce parcours et nous convertir au bienfait de Skype Whatsapp et d’Internet et des réseaux sociaux
Ces réseaux sociaux qui sont pour ces jeunes syriens un lien primordial face à la dictature syrienne
Delphine Minoui,à la suite de ces jeunes syriens à été la passeuse de livres de Daraya
A notre tour d’être des passeurs de livre
Le livre qui par ces écrits est un vecteur de liberté de tolérance de culture.
Page 29 du livre
« Leur résistance par les livres est fascinante. …les livres ces sédiments de la mémoire qui défient les carcans.Du temps. de l’asservissement . de l’ignorance »
A lire absolument