Archives pour la catégorie Documentaire

L’Afrique Noire, un rêve français de Philippe San Marco. Editions Gaussen. 💛💛💛

Avec L’Afrique Noire, un rêve françaisPhilippe San Marco s’est lancé dans un récit documentaire de haut vol concernant la colonisation française entre 1890 et 1950.
Pour ce documentaire Philippe San Marco avait un allié de poids : son grand père Paul Vazeilles qui apparait d’ailleurs dans le sous-titre du livre : Dans les pas de Paul Vazeilles, broussard de grande brousse.
Ce livre document va donc suivre le parcours de Paul Vazeilles au travers de ses 15 affectations.
Chaque affectation permettra à Philippe San Marco de nous interroger sur les grands points de la colonisation : assimilation , indigénat, races inférieures, esclavage et captif, santé, éducation ,islam et catholicisme.
Tout cela donne un livre dense, touffu , pas toujours simple à suivre.
Néanmoins les réflexions mises sur la table permettent de comprendre le monde d’aujourd’hui au travers de cette colonisation.
Philippe San Marco ne m’a pas toujours convaincu dans ces explications mais il a le mérite d’amener à la réflexion.
On sent dans ce document une défense de son grand père et plus largement une défense de ce qu’à apporté la colonisation au vu des théories actuelles qui la dénonce maintenant.
Il est aussi intéressant et édifiant de lire les textes de Clémenceau ou Jaurès concernant la colonisation. Des phrases qu’il serait impossible d’écrire de nos jours.
En synthèse un livre ardu ouvrant à une réflexion intéressante.

Philippe Sanmarco, né le 16 février 1947 à Ebolowa, est un homme politique français. Il est un ancien député socialiste des Bouches-du-Rhône il est conseiller municipal de Marseille jusqu’en 2014. De 2008 à 2014, il est adjoint PS au maire Jean-Claude Gaudin pour contrer Jean-Noël Guérini candidat à Marseille

Les Chevaux d’Hitler d’Arthur Brand. Armand Colin. 💛💛💛

Les chevaux d'Hitler par Brand

Les chevaux d’Hitler est un livre remarquable qui retrace la traque de l’un des trésors architectural du Troisième Reich.
Arthur Brand qui nous raconte l’histoire est un enquêteur néerlandais spécialisé dans la criminologie artistique.
Les chevaux d’Hitler sont des statues monumentales qui été érigées devant la chancellerie du Reich à  Berlin. Elles ont disparu lors du bombardement du bunker d’Hitler par les russes et les alliés en 1945.
Depuis cette date plus de nouvelles.
Or en 2014, Arthur Brand est mis en contact avec une photo représentant les chevaux d’Hitler prise après  1945.
S’agit il d’un faux ou les sculptures sont elles toujours existantes.
C’est ce que va nous apprendre ce livre avec une enquête digne d’un roman d’espionnage.
Tout y est : les nazis, les Russes,  la Stasi,  le KGB, les services secrets, les sociétés secrètes ou encore les marchands d’art véreux 
Et tout est réel.
Cette enquête va nous permettre d’en savoir plus sur les deux grands sculpteurs du Troisième  Reich : Josef Thorak et Arno Breker. Quel rôle avait il dans la machine d’État nazi.
De même  pour le rôle joué  par l’état Est Allemand et les Russes dans la dispersion des oeuvres du Troisième Reich.
Je n’en dirais pas plus pour conserver le  côté polar et enquête
C’est instructif ,enlevé , et très plaisant à  lire.
Que demander de plus !

Qui est Arthur Brand, «l'Indiana Jones du monde de l'art»?
Arthur Brand est surtout connu comme un enquêteur néerlandais sur la criminalité artistique qui a récupéré plus de 200 œuvres d’art. Sa vocation est d’être historien de l’art et consultant en art. C’est par amour de l’art qu’il prend la récupération de l’art perdu comme un intérêt personnel. 

Histoire d’un Vignoble : Limoux de Turetti et Chaluleau. Editions Loubatières.💛💛💛💛

Histoire d'un vignoble, Limoux par Chaluleau
Histoire d’un vignoble LIMOUX est un opuscule de 140 pages qui retrace l’histoire et l’évolution du vignoble de Limoux situé dans l’Aude à 20 kms de Carcassonne .
Le vignoble de Limoux est connu pour sa blanquette , vin pétillant.
Ce livre fait la part belle à cette blanquette mais n’oublie pas les vins blancs tranquilles ni les vins rouges.
Ce livre , malgré son érudition, reste agréable à lire et permet de découvrir ce vignoble et son évolution.
Qui sait que la Blanquette de Limoux était le vin préféré de Thomas Jefferson troisième président des Etats Unis.
Ce livre nous rappelle aussi qu’avant d’être décriée la Blanquette de Limoux fut sur toutes les tables de l’aristocratie et de la troisième République.
Ce livre nous apprend aussi ce qu’est la méthode champenoise pour rendre un vin tranquille effervescent.
Enfin quelques vignerons produisent encore la Blanquette de Limoux avec la méthode ancestrale. Seule entre en ligne de compte le sucre contenu dans le cépage mauzac vendangé et les conditions climatiques voire cosmiques.
Le moût fermente à 6 degré d’alcool avant d’être mis en bouteille au mois de mars au moment de la vieille lune, c’est à dire à la lune descendante et le vin prend alors mousse.
Depuis une dizaine d’années des vignerons champenois sont venus s’installer dans le Limouxin pour perpétuer la qualité de cette blanquette de Limoux.
Elle fût dévoyé au milieu du 20ème siécle , car le Languedoc Roussillon était une région vinicole de quantité et plus de qualité.
C’est un temps révolu . L’AOP Limoux ( première appellation historiquement) a retrouvé ces lettres de noblesse.
C’est toute cette histoire que nous raconte Laurence Turetti et Georges Chaluleau.
c’est passionnant car on y retrouve l’évolution de la viticulture mais aussi et surtout l’évolution des moeurs et des réalités sociales.
Et le livre étant fini , je n’ai pu que descendre à la cave chercher une bouteille de Blanquette de Limoux ( car j’en ai )
Une bouteille en méthode ancestrale de Jean Louis Denois « Lune Vieille de Mars ».
Des arômes beurrés et un goût de pomme pour fermer ce livre.
Quoi de mieux !

Un orchestre pour sauver le monde, Voyage au coeur du Sistema de Vincent Agrech. Editions Stock 💛💛💛💛

Un orchestre pour sauver le monde par Agrech

En écoutant Brava ou Mezzo j’avais eu l’occasion de connaitre l’Orchestre Bolivar et son chef emblématique Gustavo Dudamel. J’avais étais marqué et impressionné par le dynamisme et la vitalité de cet orchestre et de ces musiciens. de la bonne humeur , une façon originale de sortir des canons de la musique classique et la découverte d’un répertoire sud américain.
Ces différentes écoutes m’avait ouvert aux orchestres de jeunes , au Sistema et au Venezuela.
Et puis le livre de Vincent Agrech Un orchestre pour sauver le mondedans la dernière Masse Critique. Je tope avec d’autres ce livre.
Et le voila quelques jours après dans ma boite aux lettres.
Merci à Babelio et aux Editions Stock pour cette découverte et lecture.
Le livre de Vincent Agrech est exhaustif et nous présente de façon complète cette expérience du Sistema au Venezuela.
Vincent Agrech, journaliste, critique musical et producteur nous retrace la vie de Sistema de sa naissance vers les années 1970 jusqu’à sa mise en sourdine en 2017 du fait des événements politiques au Venezuela.
Sistema est au départ un système d’éducation musicale contre la pauvreté, la délinquance.
Au point de départ il y a José Antonio Abreu , pianiste, éducateur , économiste , député et enfin ministre de la culture.
C’est lui qui est à la fondation et à la direction de Sistema : un réseau national d’orchestre d’enfants.
Pour cela il va créer dans les villes et les campagnes des nucléos, soit des entités où les enfants entourés de professeurs et de musiciens vont apprendre le chant , la musique. et cette apprentissage va se faire en groupe , une vingtaine d’heure par semaine. c’est en cela que tient une partie de l’originalité de Sistema : l’apprentissage en groupe et non comme en Europe de façon individuelle.
Cette éducation musicale à partir des nucléos va perdurer pendant 40 ans et se développer . Au début les instruments étaient importées de l’Union Soviètique et des Pays de l’Est.
mais l’évolution de Sistema va faire naitre des nouveaux métiers autour de la lutherie.
Les premiers éléves de Sistema deviendront des éducateurs et des frormateurs pour les nouveaux arrivants dans Sistema.
Certains de ces élèves deviendront des musiciens professionnels et permettront la naissance de l’Orchestre Simon Bolivar , tête de proue de Sistema.
Parmi ces élèves figurait Gustavo Dudamel. Il a suivi le cursus depuis le nucléo, l’apprentissage du violon et enfin la direction d’Orchestre.
Tout cela ne fut possible que grâce à José Antonio Abreu qui mis sa culture au service d’un engagement politique et sa conscience jésuitique à la réalisation de Sistema
Le Venezuela comme tous les autres pays d’Amérique du Sud a été fortement colorée par l’Eglise Catholique ( colonisation ) et plus particulièrement par le message des Jésuites : A savoir un développement du spirituel , du culturel dans une organisation assez pyramidale.
Dans Sistema , Maestro Abreu a calqué ce message : Développer la jeunesse par la culture musicale dans une organisation sans faille : nucléos , groupes , orchestres , administration
Et la politique ne peut être oubliée dans la réussite et les difficultés actuelles de Sistema.
Le Venezuela reste admirative de Simon Bolivar , l’émancipateur des colonies espagnoles, qui participa de manière décisive à l’indépendance de de nombreux pays sud américains.
Son combat contre la monarchie espagnole a été interprété par Hugo Chavez comme un archétype de la lutte contre toute influence étrangère.
Et actuellement de façon encore plus importance par son successeur Nicolas Mauro.
Le Sistema est donc partie intégrante de la politique vénézuélienne et représente pour le pouvoir une vitrine importante ( surtout l’Orchestre Simon Bolivar).
Le Sistema vit essentiellement sur les subsides de l’Etat.
Etant une vitrine importante , le Sistema est devenu pour le pouvoir un signe de réussite .Et cette réussite a été quantifiée : 1 million d’élèves , 1 300 orchestres et l’Orchestre Simon Bolivar comme étoile.
Cette implication de l’Etat va pouvoir être vécu sans trop de heurts jusqu’à la mort de Chavez.
voila ce qu’en dit Gustavo Dudamel page 51
« Le Sistema est le symbole du pays, admiré et soutenu pars tous. Son financement dépend de l’Etat, il n’y a donc rien d’illogique à ce que le Bolivar, qui en est le fleuron, se produise dans des circonstances officielles……Nous nous sommes fixés l’objectif du million avec l’appui du gouvernement. Cette massification permet de franchir un nouiveau seuil qualitatif. Alors, oui, j’assume pleinement le témoignage de ma reconnaissance. Car ce qui est entrain d’advenir au Venezuela est quelque chose de merveilleux, un exemple pour le monde, comme une explosion de l’art et de la pensée »
Avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas Maduro, les choses vont lentement mais radicalement changer.
Au coeur de l’été 2017 Maduro a convoqué l’élection d’une assemblée constituante. Il s’agit en fait d’un coup d’état institutionnel.
Gustavo Dudamel publie alors un communiqué (page 162)
« Ma foi en la justice, et dans le respect de la diversité des opinions, m’oblige, comme citoyen vénézuélien, à dénoncer la décision illégale de la part du gouvernement de faire élire une assemblée constituante qui aurait le pouvoir non seulement de réécrire la constitution mais aussi de dissoudre les institutions nationales »
Suite à ce communiqué Nicolas Maduro annule la tournée aux Etats Unis du nouvel orchestre national juvénile du Venezuela.Puis quelques jours plus tard la tournée asiatique du Bolivar adulte.
Depuis le printemps 2017, Gustavo Dudamel n’a plus dirigé l’orchestre phare de son pays natal, dont il est toujours directeur musical, et n’est pas retourné au Venezuela.
Il vit la moitié de l’année à Los Angeles dont il dirige l’Orchestre Philharmonique , et l’autre moitié de l’année à Madrid, en Espagne, pays dont il a obtenu la double nationalité.
Plus de 30% des membres des orchestres Sistema ont pris le chemin de l’Exil.
Triste réalité mais le livre de Vincent Agrech n’est pas que cela.
Son titre en est le reflet : Un orchestre pour sauver le monde.
Pendant 40 ans Sistema a mis en place une idée originale pour amener collectivement des enfants vers l’Art la pensée et le développement de soi.
Sistema a fait des émules dans de nombreux continents et pays.
C’est de ces expériences que nous parle Vincent Agrech . Que ce soit à Kaboul , en Turquie , dans les camps de migrants en Grèce , mais aussi aux Etats Unis, dans les banlieues parisiennes ou encore à Fukushima au Japon, un formidable réseau d’orchestres d’enfant se met en place ouvrant de nouvelles portes et répondant aux fléaux de l’exclusion du déracinement et de la guerre.
Sistema est en sourdine actuellement au Venezuela , mais grâce à tous ce qui se sont investis depuis 40 ans l’idée de Sistema s’est propagée et vit actuellement au coeur du monde.
Gustavo Dudamel continue son oeuvre avec les jeunes de Los Angeles.
Les musiciens vénézuéliens attendent des jours meilleurs pour poursuivre
Et pour terminer cette critique quelques mots de Vincent Agrech à l’attention de Gustavo Dudamel ( page 304)
« Le Sistema vénézuélien fut une expérience inouie et paradoxale.Sa fin possible confirme ce que nous, Européens, savions déjà : l’art n’a pas le pouvoir de se substituer aux nécessités vitales, la barbarie peut l’étouffer. Il a celui , en revanche de ressusciter, comme toute chose d’essence spirituelle. le Sistema vénézuélien ressuscitera. La flamme est gardée ailleurs, par ceux qui sont partis, ceux qui se sont convertis, et même, tant qu’ils en ont la force, ceux qui sont restés….. le monde a encore beaucoup à apprendre du Sistema….Celui d’une main tendue, à travers la musique, aux enfants les plus pauvres. Celui d’une éducation d’excellence où se rencontrent toutes les classes sociales. ailleurs en Amérique latine, et même sur d’autres continents, certains vont déjà plus loin que l’original, avec moins de zones d’ombre….
Cher Gustavo, la charge qui pèse sur toi est aussi écrasante qu’infini son chagrin.Tu es un emblème, l’incarnation d’un idéal. Tu dois guider à travers la tempête un navire au bord duquel on t,interdit de monter et dont l’équipage est aux fers.
Et si tu parviens à convaincre, il faudra penser un nouveau Sistema pour le Venezuela, continuer à brandir pour le reste du monde un flambeau que personne ne pourra lever aussi haut que toi « 

Le Goût du large de Nicolas Delesalle. Livre de poche 💛💛💛💛

Le goût du large par Delesalle

Dans de nombreuses critiques faites sur Babelio pour le goût du large de Nicolas Delesalle, revient la notion de récit de voyage. Je ne trouve pas que le livre soit un récit de voyage.
Sylvain Tesson quand il se pose en Sibérie , quand il revient de Moscou en moto ou encore quand il traverse les chemins noirs de la France nous fait un récit de voyage.
Nicolas Delesalle lui nous donne des fragments , des souvenirs de sa vie journalistique , des instants de ces reportages.
Si il y a un récit de voyage c’est un récit interne.
Et quoi de mieux qu’un porte container pour nous parler de lui.
Le porte container symbole de notre armoire à souvenir et émotion.
Tous ces containers colorés anonymes, juste marqués par une référence chiffrée qui vont d’un océan à l’autre avant d’être débarqués.
Ce long porte container , ces différents ponts , son équipage Multi-ethnique voguant au gré des océans. Un environnement spartiate , pas très stable.
C’est sur l’un de ces porte containers , le MSC Cordoba que Nicolas Delesalle va embarquer à Anvers pour atteindre Istanbul 9 jours plus tard.
Pendant 9 jours il va découvrir le goût du large. Mais pas le goût du largevécu lors d’une croisière avec cocktails , soirées dansantes et excursions dans des lieux paradisiaques.
Non il va découvrir le goût du large quotidien d’une dizaine de marins ayant laissés familles et proches pour travailler sur un porte container dont ils ne connaissent pas le chargement, mais dont ce chargement représente le monde économique actuel.
Le goût du large lors d’une croisière vous éloigne du monde ,dans une bulle de frivolité et de luxe surfait.
Le goût du large dans un porte container vous raccroche au monde.
Alors que l’on pourrait croire que ce voyage dans les flancs de ce bateau de fer et de rouille soit un enfermement , un moment hors du monde , et bien c’est tout le contraire.
Nicolas Delesalle est présent au monde et la pérégrination du MSC Cordoba est pour lui le moyen d’ouvrir ses containers d’émotion et de souvenirs.
Et l’ouverture de ces containers nous offre une écriture simple , émue , humoristique . Une écriture qui nous fait humer les embruns de l’Océan ,mais aussi les effluves de l’Afrique , de l’Asie ou encore l’humidité prégnante d’un coin du Causse Noir vers Millau.
Cette écriture nous fait entendre les cris , les détresses, les espoirs de ces pays , de ces peuples bordant la Méditerranée.
Comment ne pas être profondément touché par ce passage du porte container entre Tunisie et Sicile , « surfant sur une mer de cadavres  » alors qu’aujourd’hui l’Aquarius a toute les peines du monde pour trouver un port accueillant aux migrants.
Par tous les souvenirs de ces reportages , Nicolas Delesalle nous instille la réalité de notre monde contemporain.
Ce monde que nous ne souhaitons pas toujours voir . Un container anonyme , coloré, mais bien fermé dont nous voulons ignorer le contenu.
Le goût du large est un beau roman de vie.

Marcher à Kerguelen. François Garde.Gallimard 💛💛💛💛

Marcher à Kerguelen par Garde

 

François Garde a été administrateur de l’une des Terres Australes et Antarctique sFrançaises (TAAF) durant les années 2000. il avait l’administration des Iles Kerguelen dans l’Océan Indien à 2 000 km du Continent Antarctique. Durant son mandat il vint une dizaine de fois sur les Iles Kerguelen. Il lui restera une nostalgie pour ces Iles du Bout du Monde.
Scan_20170127_100613 C’est tout naturellement qu’il reviendra sur Kerguelen pour un trek de 24 jours.
Pour cela il sera accompagné de Mika alpiniste et photographe , de Bertrand ancien officier de marine et photographe et de Fred alpiniste et patron de l’unité de haute montagne de Chamonix.
A quatre avec 25 kgs chacun sur le dos ils vont traverser Kerguelen du Nord à l’Ouest et au sud.
Mika et Bertrand vont relater cette marche à travers leur site photos.
Pour Mika sur Latitudes Nord et sur Flickr
Pour Bertrand sur son blog http://www.linstantinne.com/
François Garde lui va tenir un journal de cette longue marche jour après jour.
Marcher à Kerguelen nous relate ce journal
C’est un journal simple , plein d’humilité mais ô combien représentatif de cette marche et de l’état d’esprit de ces quatre marcheurs.
Il faut dire qu’il y a besoin d’une grande humilité devant Kerguelen.
Île battue continuellement par le vent et non les vents.
Île aux mille lacs , rivières et cascades
Iles aux souilles , aux falaises de basalte
Iles de la pluie et de la neige.

 


Et François Garde de nous raconter cette marche en reprenant régulièrement cette litanie : vent – neige -pluie- humidité-col-falaise – souille….
Cela aurait pu être répétitif. Sachant que toute les pages François Gardenous abreuve des noms des lieux qu’il traverse. Par-ici la Baie de L’oiseau, ou le lac de Rochegude. un peu plus loin le couloir Mangin ou le Val du Retour. Et puis encore des noms sortis de nulle part :le fjord des Portes Noires, la baie de Chimay, la vallée de la Mouche, la cabane Mortadelle, ou encore la péninsule Raillier du Baty sans oublier le Grand Rempart , le Petit et le Grand Ross.
Et bien au contraire cette énumération de vaux, de cabanes , de lacs , de montagnes, de fjords nous emmène dans la marche et dans l’intérieur de Kerguelen.
Bien que les hommes aient eu besoin de nommer pour se reconnaître , pour prendre la propriété des Iles Kerguelen , celles -ci restent un territoire inhabité , à découvrir et hostile à la vie humaine.
Cette longue marche confronte ces quatre hommes à cette réalité.
La vie humaine ne s’installe pas sur Kerguelen hormis la base scientifique de Port aux Français.
A l’inverse la vie naturelle explose : l’eau , le ciel, les nuages , les éléphants de mer, les manchots royaux, les pingouins gorfou, mais aussi les pétrels ,les skuas, les goélands .
Des tentatives d’implantation des hommes il reste des rennes , des chats de rats. Ceux ci conquièrent l’intérieur des terres de Kerguelen alors que la faune originelle reste sur les plages et au abords de l’Océan car c’est là qu’il y a la vie.

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Et puis il y a ces paysages que nous imaginons : Ces falaises de basaltes ruisselantes d’eau dans lequel le vent vient s’engouffrer. Ces longues vallées souilleuses et spongieuses , le vert tentant d’éliminer le gris. Ce ciel bas avec dans la brume les langues glacières.
Dans son journal François Garde nous raconte tout cela , mais il nous raconte bien plus .
Il nous raconte la marche. Il nous raconte le vent , le vent de l’Esprit. Il nous raconte nos rêves.
Extrait page 233 : « Les trésors de Kerguelen ne sont ni monétisables ni exploitables. cette île n’a jamais enrichi personne. Tout ce que la nature donne à profusion reste sur place. Un seul produit d’exportation : le rêve -le rêve décliné n souvenirs, en désirs, en timbres, en nostalgies, en images, en contemplations. de ce fret là, je me revendique négociant. »
C’est un beau livre sur la recherche de nos rêves mais aussi sur la recherche de soi.
A la fin de la lecture , se confronter au photos de Mika ou de Bertrand donne une autre couleur à ce journal. Les couleurs sombres qui dominent durant la lecture prennent un éclat extraordinaire.
Ventus est vita mea
C’est inscrit sur la Chapelle Notre Dame du Vent à Port aux Français.
Le Vent est ma vie.
« il faut le silence des vents au dehors pour être attentif et présent au Vent de l’Esprit « François Garde.

L’univers à portée de main. Christophe Galfard. Flammarion 💛💛💛💛💛

L'Univers à portée de main par Galfard

Il n,est jamais trop tard pour lire un livre. Celui de Christophe Galfard est sorti il y a deux ans. Mais dans le cadre de l’émission La grande Librairie de Novembre il était invité avec Hubert Reeves et Jean Claude Carrière. Et de disserter sur l’Univers , la nuit et les mondes parallèles. Christophe Galfard jeune astrophysicien travaillant avec Stephen Hauwking , excuser du peu ,
nous reparle de son livre sorti il y a deux ans . et là le discours est simple , compréhensible , sérieux et humoristique. L’univers à portée de main !
Dés le lendemain je me procure le livre et me jette comme un mort de faim dans la découverte de l’univers.
et dès les premières pages je retrouve ce discours simple, vulgarisateur .
En 400 pages nous apprendrons tout du plus grand au plus petit . le coup de génie de Christophe Galfard est de faire de livre un roadmovie où nous sommes tour à tour esprit , mini-moi , à califourchon sur un proton ou encore sur une plage des tropiques à admirer le ciel et les étoiles. Nous voyageons dans le Système solaire jusqu’au confins de l’Univers à 13.8 Milliards d’années.
A la sortie de ce livre , nous sommes heureux de pouvoir partager tant de connaissances et de remercier Christophe Galfard de nous avoir donner du temps et de la compréhension.
Quel bonheur de voyager avec Newton , Einstein , Higgs , Planck et tous ces prix Nobel du 20ème siécle.
Quel griserie que de voyager de Soleil en Voie Lactée et Trou Noir.
Et que dire de l’infiniment petit , la danse des électrons , des quarks mais aussi des gluons !
Bien sûr il arrive que cela soit ardu mais une deuxième lecture de quelques pages et c’est reparti.
Et puis Chistophe Galfard nous accompagne , nous prends par la main. Il a la bonne idée de toujours synthétiser ces avancées au bout d’une vingtaine de pages .Cela évite de ce perdre.
Il y aurait de quoi avec la gravitation , l’espace-temps , La courbure de l’univers ,l’électrofaible ,a physique quantique mais aussi les branes , la théorie des cordes et les univers bulles.
Mais non c’est un voyage de culture et de vulgarisation. Et puis nous sommes avec la grande tante de Sydney et ces vases !
Je ne regarderais plus le ciel de la même façon ni même ces petites poussières que l’on voit briller dans le soleil.
Merci Monsieur Christophe Galfard

Lettre au dernier grand pingouin. Jean Luc Porquet . Editions Escales 💛💛💛💛

Lettre au Dernier Grand Pingouin par Porquet

Je viens de passer quelques heures avec un Grand Pingouin.
Vous ne connaissez peut être pas le Grand Pingouin ( je ne le connaissez pas avant moi-même)
Il s’agit d’un alcidé de 80cm de haut avec un très grand bec un manteau de plumes noires et blanches , des pattes palmées à 3 doigts et 2 moignons d’ailes.
Si vous souhaitez le rencontrer il faudra aller dans les musées d’histoire naturelle à Nantes le havre Abbeville ou encore dans les réserves des musées de Lille ou Saint Omer.
Le grand pingouin a disparu de la surface de la Terre en 1844.
c’est de ce constat qu’est parti Jean Luc Porquet pour écrire Lettre au dernier grand pingouin.
Cette lettre est un plaidoyer pour l’écologie , la nature et les animaux.
c’est aussi une réfléxion sur la place de l’homme , sur sa responsabilité dans le monde qu’il fabrique.
c’est une réfléxion érudite et vulgarisatrice sur notre écologie , sur notre économie sur notre pouvoir.
les cycles naturels de la terre ont fait qu’il y a eu cinq extinctions.
Nous sommes entrain de vivre la sixième. La différence par rapport au cinq autres c’est que celle -ci n’est pas entièrement naturelle.
c’est l’Homme lui-même qui est le chef d’orchestre.
Et Jean Luc Porquet de développer les thèmes de la croissance verte , de la décroissance.
De réfléchir sur l’intérêt de protéger le monde animal avant de protéger l’homme . Est ce normal ?
De réfléchir à un monde où l’on ne mangerait plus d’animaux ni les produits dérivés. Est ce bien le véganisme ?
Et puis il y a des moments de poésie autour des lucioles , des papillons , des petits déjeuners dans la maisonnette.
Je serais juste partagé sur la fin du livre où il termine en retournant au grand silence.
Est il trop tard pour agir ?
Cette élégie funèbre et désabusée est semble -t -il sans espoir.
je ne le pense pas . Toutes les actions entreprises ,même infimes sont un maillon sur le chemin de la terre.
Je terminerais par une anecdote personnelle.
Il y a quelque temps j’ai visité le Musée d’Histoire Naturelle de Paris et sa galerie de l’Evolution et la salle des espèces disparues
J’étais avec ma petite fille de 5 ans
Elle est restée sidérée devant le Dodo et elle a pleuré.
Elle disait : pourquoi il a disparu ? pourquoi il ne peut plus vivre ?
Dans ces pleurs il y avait une réelle émotion et une réelle incompréhension.
Ce livre de Jean Luc Porquet nous ouvre à ces émotions et ces interrogations.

Les passeurs de livres de Daraya. Delphine Minoui. Seuil 💛💛💛💛💛

Les passeurs de livres de Daraya par Minoui

Je me souviens d’un reportage TV, des gens dans un car évacués d’une ville en Syrie. J’avais en son temps était bouleversé par ces images. Des regards derrière une vitre de bus. Toute l’horreur de la guerre, des déplacements forcés.
Ce bus quittait Daraya dans la proche banlieue de Damas
En lisant Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui j’ai découvert pourquoi ce bus emmené loin des familles.
Par son écoute, son empathie Delphine Minoui nous offre un livre unique
Elle nous offre une réflexion profonde sur la réalité de la Syrie
Comment ne pas être ému, bouleversé par ces jeunes de Daraya qui vont relever un défi fou.
Daraya est une ville martyr de Syrie. Bachar El Assad est persuadé que cette ville est un nid de terroristes affiliés à al Nostra ou à Daesh
Et quand il ne pense pas cela il est persuadé que Daraya veut lui prendre une partie de son pouvoir dictatorial
Alors le régime syrien bombarde, affame Daraya.
Pendant 4 ans jours et nuits , nuits et jours
Daraya passera de 22 000 à 8 000 habitants . Des morts , des exils en Turquie.
Dans ce Daraya fracassé, des jeunes syriens vont entretenir la lumière.
Ils ont 23 ans et ils vont décider de construire une bibliothèque cachée pour eux et les gens de Daraya.
Ils vont récupérer dans les maisons bombardées tous les livres encore existants que ce soit des livres arabes,européens ou américains
Ils vont tout cataloguer et tout mettre à disposition
Il y a les enfants soldats. Il y a maintenant les bibliothécaires soldats
Ces livres sont pour eux synonyme de liberté de culture de résistance.
Delphine Minoui va nous faire découvrir ce parcours et nous convertir au bienfait de Skype Whatsapp et d’Internet et des réseaux sociaux
Ces réseaux sociaux qui sont pour ces jeunes syriens un lien primordial face à la dictature syrienne
Delphine Minoui,à la suite de ces jeunes syriens à été la passeuse de livres de Daraya
A notre tour d’être des passeurs de livre
Le livre qui par ces écrits est un vecteur de liberté de tolérance de culture.
Page 29 du livre
« Leur résistance par les livres est fascinante. …les livres ces sédiments de la mémoire qui défient les carcans.Du temps. de l’asservissement . de l’ignorance »
A lire absolument

 

L’usage du monde de Nicolas Bouvier.Editions Droz 💛💛💛💛💛

L'usage du monde par BouvierQuand il est demandé à des explorateurs,des aventuriers ou des écrivains voyageurs quel est leur livre de voyage, la majorité répond L’usage du Monde de Nicolas Bouvier.
Donc étant fan de voyages et de lecture de voyage je me lance dans la lecture de L’usage du Monde dans la réédition du Livre chez Droz.
Et effectivement ce livre est magique,entêtant.

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Nicolas Bouvier 24 ans, avec Thierry Vernet du même âge partent avec leur Fiat Topolino en 1953 pour un grand périple entre la Yougoslavie et l’Afghanistan. Leur périple durera 18 mois avec des arrêts prolongés à Istanbul ,Tabriz ,Quetta et Kaboul. Pour voyager ils vivront des dessins et aquarelles de Thierry Vernet et des cours de Français et articles de journaux de Nicolas Bouvier.
Ce qui est remarquable c’est la fluidité de l’écriture de Nicolas Bouvier. En peu de mots mais avec des mots justes et soupeses il nous décrit un personnage, un lieu. Nous sommes avec eux, au milieu de leur voyage . de même pour les dessins de Thierry Vernet qui parsèment le livre. A première vue ces dessins noir et blanc paraissent simples et grossiers alors qu’ils sont simplement justes.
Ce voyage dans ce Moyen Orient des années 1950 nous paraît pas si loin de la problématique actuelle de cette region.
Dans tout le livre on ressent l’empathie de Nicolas Bouvier pour les lieux traversés et leur population et plus particulièrement pour l’Afghanistan et les peuples tziganes et rom
Un grand moment de voyage nomade