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Les morts et le journaliste d’Oscar Martinez. Métailié Essai. 💛💛💛💛

Oscar Martinez , journaliste salvadorien nous livre un témoignage poignant, bouleversant et exceptionnel sur son métier et la façon de le faire.
Le titre de cet essai est clair : les morts et le journaliste.
Le Salvador petit pays d’Amérique Centrale est gangréné par la violence des gangs ( pandilla ) et la pauvreté de sa population. le nombre d’homicide annuel est supérieur à 100 pour 100 000 habitants. Dans tous les quartiers les plus chauds de la planète , ce nombre dépasse à peine 50 pour 100 000 habitants.
Le titre du premier chapitre annonce la couleur : lisez ou laisser tomber. et Oscar Martinez de continuer : « La fin, je vous l’ai déjà racontée :les cadavres démembrés de trois frères salvadoriens jeunes et pauvres ont été retrouvé dans un champ de canne à sucre sans nom. si vous décidez de ne pas me lire, je vais vous éviter de tourner les pages . La dernière ligne de ce livre sera la suivante :Il y a des morts. Point. « 
Ces trois frères salvadoriens sont des sources d’Oscar Martinez. Ces trois frères ont décidé de témoigner et ces témoignages seront la cause de leur mort à venir.
Dans son essai, Oscar Martinez va entremêler le regard qu’il porte sur les faits et témoignages ainsi que ces réflexions sur ce qu’est le journalisme .
A tout moment cela est éloquent , qu’il s’agisse de la violence de la société salvadorienne ou qu’il s’agisse de la réalité du journalisme. Tout devient universel. Que ce soit le sort d’un paysan d’un enfant , du membre d’un gang ou d’un journaliste.
Cet essai nous rappelle les risques et les raisons du métier de journaliste. Ce rappel est salvateur, brutal mais tellement pertinent.
 » Tellement de journalistes l’ont dit. Notre travail ne consiste pas à être à l’endroit indiqué à l’heure indiquée. Ca, c’est le boulot des livreurs de pizzas ou de trains. Notre travail implique d’autres verbes : comprendre, expliquer, dévoiler, révéler, affirmer, questionner. »
« Je crois que journaliste, ce n’est pas le plus beau métier du monde. C’est juste un slogan. Ne le répétez pas., remettez le en cause « 
« L’honnêteté est un lieu commun. Sois honnête, sois honnête, sois honnête. C’est ce qu’on appelle enfoncer une porte ouverte. Etre honnête c’est surtout être brutal. Etre honnête c’est quelque chose qui se gagne.
Si l’honnêteté ne bouleverse pas le journaliste qui la propose, ce n’est pas de l’honnêteté, c’est tout au plus de l’angélisme ou de l’hypocrisie: je veux te sauver, je veux que le monde connaisse ton histoire, je veux changer ce monde, je veux la justice…
Ce n’est pas la même chose de dire à une source que tu veux raconter son histoire que de dire que tu veux le faire sans que cela signifie en aucune façon lui sauver la vie « 


Oscar MARTÍNEZ est un journaliste d’investigation et écrivain salvadorien qui travaille pour elfaro.net, journal en ligne spécialisé sur les sujets de violence, migration et crime organisé. Il a remporté de nombreux prix tout au long de sa carrière, notamment le prix Fernando Benítez de journalisme, le Prix des droits de l’homme et le Prix international de la liberté de presse.

Méditer comme une montagne de Jean Philippe Pierron. Les Editions de L’Atelier. 💛💛💛💛

Ce livre est un essai philosophique qui tente de redonner un ancrage spirituel à nos relations , attentions et égards auprès de la Terre.
Le sous titre du livre le confirme : Exercices spirituels d’attention à la terre et à ceux qui l’habitent.
Jean Philippe Pierron inclut tout cela dans un mot : l’Ecospiritualité.
C’est un essai exigeant qui traite du lien de l’homme au monde , à la nature, au différents vivants.
Cet essai est une réflexion sur l’écologie profonde.
« L’écologie profonde concerne nos attitudes originaires, personnelles ou collectives, qui nous font considérer la nature non pas comme un bien à exploiter mais comme un partenaire avec lequel se relier. En revenant à cette dimension relationnelle et en l’envisageant d’une manière spirituelle, il s’agit de travailler sur les racines de la crise écologique  » P.32.
L’écologie ne doit pas être présenté en termes techniques car la solution ne sera que technique. on risque une écologie de réparation et non une écologie de fondation.
L’écologie profonde doit être une conversion. L’écologie profonde c’est le sens et la place que nous donnons à  » l’être humain » sur la Terre.
C’est cette idée que va brasser l’auteur en nous parlant de prière , de méditation mais aussi en nous faisant réfléchir sur l’attention ou encore sur la différence entre individualisé et et individuant.
Une notification Facebook nous rappelant un anniversaire est individualisée mais reste une notification.
Souhaiter de soi-même un anniversaire ( même avec retard ) est une attention , un acte individuant.
Reprenant le concept développer par Baptiste Morisot dans Manières d’être vivant , Jean Philippe Pierron nous parle des égards ajustés. Un exemple parlant : Dans un village , un captage d’eau. Pour le protéger, celui ci est clôturé. L’eau appartient -elle seulement aux hommes. Pourquoi ne pas la partager avec les animaux , les végétaux ?
L’écospiritualité n’est pas chose facile et demande de changer nos logiciels.
Alors pourquoi ne pas commencer à s’imprégner du vivant autour de nous.
Des méditations de pleine conscience pour faire travailler ces cinq sens : la vue , l’odorat, le goût, le toucher, l’ouïe.
Un petit bémol suite à la lecture de cet essai.
La spiritualité sur laquelle s’appuie Jean Philippe Pierron est une spiritualité provenant de la Bible , des Ecritures de Saint François d’Assise , de Pierre Teilhard de Chardin ou encore d’encycliques papales.
Il me semble que l’écospritualité est existante aussi dans le bouddhisme, l’hindouisme, ou encore dans les tribus amérindiennes.
Reste un essai salvateur , qui doit pouvoir résonner en nous afin de donner de l’attention à la Terre et aux manières d’être vivant.

Agrégé et docteur en philosophie, Jean-Philippe Pierron est Professeur de Philosophie. Ancien doyen de la faculté de philosophie de Lyon III et directeur de l’école doctorale. Désormais Professeur à l’Université de Bourgogne et membre de son comité régional d’Ethique, il centre ses recherches sur l’imagination morale autour de l’éthique médicale comme de l’éthique de l’environnement. Co-fondateur de la chaire Valeur(s) du soin, il est l’auteur de nombreux ouvrages portant sur la santé, l’écologie, le soin, ses valeurs et relations.

A l’aube de nouveaux horizons de Nathalie A. Cabrol. Seuil . 💛💛💛💛💛

Avez vous entendu parler de l’astrobiologie ?
Qu’est ce qu’une terre ou une planète habitable ? Quand et comment peut se développer la vie dans l’univers ?
L’eau, le carbone , le méthane sont ils nécessaire à la naissance de la vie ?
Voila un certain nombre de questions que pose Nathalie Cabrol dans son passionnant essai : A l’aube de nouveaux horizons.
Astrobiologiste, Nathalie Cabrol dirige des projets de recherches pour la Nasa depuis 1998.t
Son essai bien que très pointu se lit avec un plaisir fou . Didactique comme il le faut , le livre questionne la grande question de l’humanité : Sommes nous seuls dans l’univers ?
De façon structurée Nathalie Cabrol va nous faire part de ces connaissances et de celle de la plupart des agences spatiale et astronomique du monde.
D’abord et tout au long de l’essai, elle nous rappelle la différence entre l’habilité et la découverte de la vie.
Prouver l’habilité d’un lieu de l’Univers est une chose assez simple pour des astrobiologistes : La distance des planètes au soleil , les marées gravitationnelles , la présence de méthane de carbone d’eau.
Cette habilité ne présage pas de la vie. Il faut que des conditions spéciales permettent l’apparition de la vie. Par exemple des échanges gazeux, magmatiques entre le centre et la croûte de la planète. La tectonique des plaque fait partie de ses conditions.
Jusqu’à ce jour nous sommes dans l’absence de la preuve et non dans la preuve de l’absence ( Carl Sagan)
Jusqu’à il y a encore 20 ans notre questionnement s’arrêtait aux confins du système solaire et nous amenait sur Mars , Jupiter , Saturne et leurs satellites Titan Europe ou Encelade.
Les nouvelles technologies spatiale ,digitale et numérique permettent maintenant de voir loin dans notre Univers. Cela a permis de découvrir des millions voire des milliards d’exoplanètes , candidates à la découverte de la vie.
Chapitre après chapitre de façon passionnante Nathalie Cabrol nous fait voyager dans L Univers à la découverte de cette vie .
Nathalie Cabrol ne reste pas dans sa seule vision scientifique. Spiritualité et vision holistique sont associés à la démarche scientifique.. Tout comme une réflexion prégnante sur notre planète et le réchauffement climatique.
Si vous pensez que cet essai parait être trop technique pour vous , alors lisez seulement le dernier chapitre : le temps comme miroir cosmique .
tout est synthétisé dans ces 20 pages et cette synthèse est traversée d’émotion et d’un amour de la vie insatiable.
Quand la science et l’holistique marchent de concert !


Nathalie Cabrol, née le 30 août 1963, est une astrobiologiste franco-américaine d’origine française spécialisée dans la planétologie, et également une plongeuse extrême.

Nathalie Cabrol est connue pour ses études sur les lacs anciens de Mars, et pour ses expéditions scientifiques en haute altitude dans les Andes chiliennes en tant que scientifique principale pour le projet High Lakes Project, financé par le NASA Astrobiology Institute (NAI). Elle et son équipe y documentent l’adaptation de la vie aux environnements aux conditions extrêmes, l’effet du réchauffement climatique rapide sur les écosystèmes des lacs et leurs habitats, leurs signatures géobiologiques, et son intérêt pour l’exploration planétaire.

Elle est la chercheuse en chef de l’équipe NAI de l’Institut SETI, sélectionnée en octobre 2014 pour développer des nouvelles stratégies d’exploration et de détection de bio-signatures dans le cadre de la mission Mars 2020. Elle est nommée directrice du centre Carl Sagan pour l’Étude de la Vie dans l’Univers de l’Institut SETI.

L’Afrique Noire, un rêve français de Philippe San Marco. Editions Gaussen. 💛💛💛

Avec L’Afrique Noire, un rêve françaisPhilippe San Marco s’est lancé dans un récit documentaire de haut vol concernant la colonisation française entre 1890 et 1950.
Pour ce documentaire Philippe San Marco avait un allié de poids : son grand père Paul Vazeilles qui apparait d’ailleurs dans le sous-titre du livre : Dans les pas de Paul Vazeilles, broussard de grande brousse.
Ce livre document va donc suivre le parcours de Paul Vazeilles au travers de ses 15 affectations.
Chaque affectation permettra à Philippe San Marco de nous interroger sur les grands points de la colonisation : assimilation , indigénat, races inférieures, esclavage et captif, santé, éducation ,islam et catholicisme.
Tout cela donne un livre dense, touffu , pas toujours simple à suivre.
Néanmoins les réflexions mises sur la table permettent de comprendre le monde d’aujourd’hui au travers de cette colonisation.
Philippe San Marco ne m’a pas toujours convaincu dans ces explications mais il a le mérite d’amener à la réflexion.
On sent dans ce document une défense de son grand père et plus largement une défense de ce qu’à apporté la colonisation au vu des théories actuelles qui la dénonce maintenant.
Il est aussi intéressant et édifiant de lire les textes de Clémenceau ou Jaurès concernant la colonisation. Des phrases qu’il serait impossible d’écrire de nos jours.
En synthèse un livre ardu ouvrant à une réflexion intéressante.

Philippe Sanmarco, né le 16 février 1947 à Ebolowa, est un homme politique français. Il est un ancien député socialiste des Bouches-du-Rhône il est conseiller municipal de Marseille jusqu’en 2014. De 2008 à 2014, il est adjoint PS au maire Jean-Claude Gaudin pour contrer Jean-Noël Guérini candidat à Marseille

Au printemps des monstres de Philippe Jaenada. Mialet-Barrault 💛💛💛💛

Au printemps des monstres par Jaenada

Début de la quatrième page de couverture, Texte de Philippe Jaenada : Ce n’est pas de la tarte à résumer, cette histoire .
Oh que oui !
Essayons de faire simple.
27 mai 1964 – le corps d’un enfant de 11 ans, Luc Taron est trouvé dans les bois de Verrières en Seine et Oise.
Pendant un mois , un individu qui se fait appeler l’Etrangleur va inonder médias et police de plus de 50 courriers pour revendiquer le meurtre.
Au bout d’un mois il se fera arrêter . Il s’appelle Lucien Léger. Il a 27 ans. Il passe des aveux circonstanciés.
Un an et demi après il est condamné à la prison à perpétuité.
Il sera pendant très longtemps le plus vieux prisonnier français.
Il restera 41 ans en prison jusqu’en 2005.
Lucien Léger mourra en 2008.
Fermez le ban comme dirait Philippe Jaenada.
Cela ne mérite pas, à première vue un livre de 750 pages.
C’est mal connaitre Philippe Jaenada.
Comme dans la Petite Femelle , la Serpe , Philippe Jaenada va minutieusement reprendre tous les éléments de ce fait divers.
Et comme toujours, il va intriquer sa vie personnelle dans cette enquête. Fidèle à ses habitudes d’écriture les disgressions sont encapsulées dans de multiples parenthèses où l’humour vaut bien la longueur des parenthèses.
Reste que ce livre est un monument de documentation que Philippe Jaenada déstructure pour nous dire que les monstres ne sont pas obligatoirement où c’est le plus évident.
Dans cette société des années 60 encore proche de la fin de la Deuxième guerre mondiale, les Trente Glorieuses semblent très loin.
Philippe Jaenada nous dresse un portrait saisissant de cette époque en démontant point par point la réalité de tueur de Lucien Léger.
Il nous livre des pages étonnantes sur la réalité humaine d’Yves Taron , père du petit garçon tué. Il fait apparaitre des personnages au double jeu inquiétant tel Jacques Salce. Il n’exonère pas Lucien Léger de ses responsabilités.
Tout comme il n’oublie pas de nous montrer les terribles ratés ( volontaires ?) des différents enquêteurs et commissaires.
Malgré les incohérences du dossier , aucune demande de révision de procès n’aboutira.
Et puis il y a Solange, la femme de Lucien Léger . Bout de femme ballotée par la vie et de santé fragile. Fragilité de santé que l’on assimilera rapidement à une maladie mentale.
Solange qui restera fidèle à Lucien.
Solange , l’inverse d’un monstre.
Je suis sorti de ce livre un peu cassé par temps de noirceur, de folie , de mensonges , de monstres.
Tant de vies bousillées.
Cela reste une expérience de lire Philippe Jaenada et je ne la regrette pas.
Reprenant la quatrième de couverture de Philippe Jaenada : Dans cette société naissante qui deviendra la nôtre, tout est trouble, tout est factice.
Quel terrible constat.

Au printemps des monstres

Philippe Jaenada EAN : 9782080238184
752 pages
Éditeur : MIALET BARRAULT (18/08/2021)

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Philippe Jaenada est né à Saint-Germain-en-Laye où ses grands parents maternels possèdaient le restaurant Le Grand Cerf. Issu d’une famille de pieds-noirs récemment revenue d’Algérie, il a grandi dans une banlieue pavillonnaire de Morsang-sur-Orge dans l’Essonne1. Après des études scientifiques, il s’est installé à Paris en 1986 où il enchaîne les petits boulots pendant plusieurs années2. Sa première nouvelle est publiée en 1990 dans L’Autre Journal. Les sept premiers romans de Philippe Jaenada sont d’inspiration autobiographique. Outre ses livres, il écrit des articles pour le magazine Voici3. Avec sa compagne Anne-Catherine Fath, ils ont un fils, Ernest. Habitant le 10e arrondissement, il a ses habitudes au Bistrot Lafayette4.

Dans un style souvent humoristique, Philippe Jaenada se raconte dans ses sept premiers romans largement inspirés par sa propre vie. Il y raconte les péripéties d’un Parisien toujours muni de son sac matelot et habitué des bars de quartier « dans un déluge de phrases, de parenthèses, de digressions, avec un esprit d’une vivacité peu commune qui ne cesse de jouer à saute-mouton. Dans le drame, il n’oublie jamais la dérision, se mettant en scène en train d’écrire comme un forcené5. » Il se tourne vers le fait divers dans ses ouvrages suivants : Bruno Sulak (Sulak), Pauline Dubuisson (La Petite femelle) et Georges Arnaud (La Serpe, inspiré du triple assassinat du château d’Escoire). Tout en conservant son style caractéristique et ses anecdotes autobiographiques, il entreprend pour ces trois ouvrages un important travail de recherches archivistiques6.

Ces ouvrages lui ont valu de recevoir divers prix littéraires, notamment le prix Femina en 2017 pour La Serpe7.

En descendant la rivière d’Edward Abbey. Gallmeister. 💛💛💛

En descendant la rivière par Abbey

En descendant la rivière est une compilation de 11 textes ou nouvelles écrites par Edward Abbey dans les années 1980. Elles sont éditées pour la première fois en français en 2021 par les Éditions Gallmeister. Merci à elles !
Edward Abbey, américain, disparu en 1989 est l’un des grands personnages de la contre culture et l’écologie radicale.
Son roman le plus célèbre devenu culte, le gang de la clé à molette, est un creuset de contre culture et d’écologie radicale.
Edward Abbey est l’un des plus grands écrivains de l’Ouest Américain, qu’il s’agisse de parler des déserts, des canyons et rivières mais aussi des barrages et des effets néfastes de l’homme sur la nature.
Nous retrouvons ces thèmes sans les 11 textes formant En descendant la rivière.
Ces textes écrits dans les années 1980 n’ont pris aucune ride ! Bien pour la lecture mais inquiétant pour la prise de conscience insuffisante de la place de l’écologie et de la nature sur notre planète.
L’un des textes les plus long nous met en présence de Henry David Thoreau naturaliste et philosophe américain du 19 ème siècle. Un écologiste radical de la veine d’Edward Abbey. Mais surtout un homme de conviction, qui marque encore de nos jours par ses écrits et positions contre l’esclavagisme.
A côté de ce texte fort, quelques textes courts pour nous parler de l’ours, du faucon crécerelle et des rivières et des canyons.
En ayant toujours à l’esprit la grandeur de la nature et sa beauté
Un petit bémol : Edward Abbey est américain ; donc quelque soit les situations America First. Cela dénature le propos quelquefois.
Mais cela reste mineur. En descendant la rivière reste un livre salutaire qui interroge sur notre place et sur les motivations de nos dirigeants et de nous mêmes.

ABBEY Edward - Faune Sauvage

Edward Abbey, né le 29 janvier 1927 à Indiana dans l’État de Pennsylvanie et mort le 14 mars 1989 à Tucson dans l’Arizona, est un écrivain et essayiste américain, doublé d’un militant écologiste radical.

L’appel du cacatoes noir de John Danalis. Marchialy . 💛💛💛💛

L'appel du cacatoès noir par Danalis

L’appel du cacatoès noir à été écrit en 2009 par John Danalis. Il vient d’être édité et traduit en français par une petite maison d’édition Marchialy.
John Danalis est un auteur et illustrateur australien.
C’est son premier récit traduit en français.
Nous sommes dans le récit, dans un récit de restitution.
Depuis 40 ans John Danalis a grandi avec un crâne posé sur une étagère dans le salon de ces parents. La famille a même donné un nom à se crâne Mary.
C’est seulement à 40 ans que John Danalis comprend l’horreur de la situation.
Ce crâne appartient à un aborigène. Son père, vétérinaire, a longtemps parcouru le bush pour soigner les troupeaux.
Lors de l’une de ses visites , à Swanhill, le père de John Danalis avait découvert les fours de campement ou coquilliers de plus de deux kilomètres de long. Ces coquilliers fournissaient un matériau bon marché, à drainage rapide, pour confectionner des revêtements de route. Des coquilliers entiers, qui souvent comprenaient des sites funéraires, furent excavés et convertis en route de campagne.
Le crâne de Mary vient de là.
Sa prise de conscience faite, John Danalis n’à plus qu’une obsession : rendre Mary à son peuple.
Ce récit va nous permettre de suivre John Danalis dans sa recherche de l’histoire ancienne de l’Australie.
Cela ressemble à une quête avec des rencontres, des certitudes qui vacillent et de profonds changements dans la vie de l’auteur.
Pour nous lecteurs c’est la découverte du monde aborigène, de leur cosmogonie désigné sous le nom de Temps du Rêve. C’est le rappel que ce peuple indigène à été spolié de ces terres et de la mémoire des anciens.
Que penser des musées qui dans leurs réserves conservent des centaines de milliers d’ossements ainsi que des milliers de lancés aborigènes.
De jeunes aborigènes ont repris le flambeau et partout où ils le peuvent, ils mettent en place des cérémonies de réenterrement des ossements de leurs ancêtres. Sans haine, sans vengeance mais avec des remerciements pour les personnes qui permettent ce retour en Terre aborigène.
Le crâne de Mary est retourné en terre aborigène après des cérémonies d’une grande émotion.
Yangurr waletya waletya ati
Werreka aty lar
Kayi kuthup
Yangurr waletya waletya ati
Ngaliyuk wawimpa kutnyuk
Werraka aty lar kumba
Nguteyuk kurruk pa yemin yemin
Kayi kuthup kayi kuthup kayi kuthup
Nous venons à toi, nous nous présentons à toi
Pour te ramener au pays
Je suis désolé
Nous venons à toi, nous nous présentons à toi
Notre frère, notre soeur
Pour te ramener au pays, reposer et dormir
Ton pays et lieu de ta sépulture
Je suis désolé, je suis désolé, je suis désolé
WARPA WOY
Chant de réenterrement
Jida Gulpilil.
Un récit qui m’à touché par sa simplicité, sa sincérité.
Un récit qui nous parle d’ouverture, de recherche de la différence.
Un récit qui nous parle de nos racines à chacun.
« Je me sentais juste bien. Comme si j’étais à ma place. Comme si j’étais rentré au pays »
Cette plume de cacatoès noire, animal totem pour les aborigènes Wemba Wemba est venu jusqu’à nous.
Si vous la rencontrer dans une librairie ou une médiathèque, faites lui une petite place.

John Danalis - Marchialy
John Danalis est un auteur et illustrateur australien. L’Appel du cacatoès noir est son premier récit publié en français. « La quête émouvante d’un homme qui cherche à restituer un crâne aborigène. »

La danse du cacatoes noir . Animal totem des Aborigènes Wamba Wamba.

L’inconnu de la poste de Florence Aubenas. L’Olivier.💛💛💛

L'inconnu de la poste par Aubenas

L’inconnu de la poste s’est avant tout quelques souvenirs au long des années.
Tout d’abord le souvenir de cet adolescent, Gérald Thomassin, qui reçoit le César du meilleur Espoir pour le film le petit criminel.
Puis le souvenir d’un flash infos indiquant que l’acteur Gérald Thomassin avait été arrêté pour le meurtre d’une postière à Montréal la Cluse dans l’Ain.
Encore un autre flash infos indiquant que Gérald Thomassin ne s’était pas présenté à une confrontation et que depuis il avait disparu.
Enfin, une ligne de journal pour dire qu’une ordonnance de non lieu à été prononcé en faveur de Gérald Thomassin.
Donc, une histoire cinématographique et judiciaire un peu connue mais avec beaucoup de flous.
Et puis le livre de Florence Aubenas pour mettre en place toutes les pièces du puzzle.
Et la magie opère.
Nous sommes chez Chabrol ou Simenon.
D’abord l’atmosphère du territoire. Cet endroit reculé de l’Ain, cette cluse entre Lyon et Genève, au pied des montagnes et des sombres forêts de sapins. Pays rural de fermes, d’élevage qui va se transformer à la fin du vingtième siècle en Plastic Vallée.
Et dans ce territoire un microcosme local.
D’abord Raymond Burgod, le potentat de Montréal la Cluse. Ancien Premier adjoint devenu secrétaire de mairie. Incontournable. Imbu de lui même. Possessif envers sa fille unique Catherine. imposer un mariage lui paraît naturel.
Catherine, donc sa fille, la quarantaine, mariée, deux enfants. Postière de son état.
Mariée mais en instance de divorce.
Toute sa vie est à Montréal la Cluse, dont toutes ses copines qui viennent tous les matins passer un moment dans l’arrière salle de l’agence postale. Catherine est une belle femme, toujours bien habillée, mais dépressive du fait de son divorce. Les copines ont tôt fait de l’emmener en boîte de nuit. Catherine a tôt fait de retrouver un amoureux.
Dans cette ville de Montréal la Cluse, il y a aussi, quelques jeunes désargentés, déjantés, accro à l’alcool et à la drogue . Montréal la Cluse est un point de deal entre Lyon et Genève. Les caïds sont à Lyon ou Genève, les petits dealers à Montréal la Cluse.
Et c’est dans ce microcosme que va venir s’installer l’acteur et comédien Gérald Thomassin. Enfant de la Ddass, lui aussi en proie à la dépression, l’alcool, la drogue et le suicide. Il va s’installer dans un studio en sous sol, en face de l’agence postale. Juste un soupirail pour entrevoir l’agence.
Et dans ce studio vont défiler les déjantés et accros de Montréal la Cluse.

Un matin, quelques jours avant Noel 2008, Catherine Burgod est retrouvé morte dans l’arrière salle de l’agence postale. Elle a reçu 28 coups de couteaux. le contenu du coffre fort s’est envolé mais pas le sac à main de Catherine Burgod.
Florence Aubenas à passé de long mois dans le Haut Bugey pour s’imprégner de l’atmosphère de cette région mais aussi pour rencontrer les protagonistes de cette affaire criminelle. Ce n’est pas un livre sur Gérald Thomassin. C’est un livre dans lequel il est l’un des protagonistes.
Le talent de Florence Aubenas est de nous restituer une chronique judiciaire avec beaucoup d’humanité quelque soit les personnages. Qu’il s’agisse des potentats locaux, des petites frappes ou encore des directeurs de casting ou réalisateurs de cinéma.
Un peu à la fois apparaît en filigrane, cette société a deux vitesses, Paris et la province, mais aussi les laissés pour compte de notre monde libéral.
Florence Aubenas ne prend pas partie. Elle donne à chacun son éclairage, ses vérités, ses blessures.
Elle donne des surnoms : Tintin, Rambouille, le Nain, le Nouveau, le Futur Ex…… Toujours avec humanité.
Comme dans Simenon ou Chabrol, elle ausculte la société et décrit ses travers. C’est souvent noir, caustique.
A chacun de faire son avis .
L’âme humaine est complexe.

L’Evangile des Anguilles de Patrick Svensson. Seuil. 💛💛💛💛

L'Evangile des Anguilles par Svensson

Le titre énigmatique du livre ainsi que la phrase l’accompagnant ( Histoire d’un père, d’un fils, et de la créature la plus mystérieuse du monde animal ) m’ont donné envie de me lancer dans le livre de Patrick Svensson. Bien m’en a pris !
Le livre de Patrick Svensson est un concentré sur la vie des anguilles mais aussi la mise à nu de la relation entre l’auteur et son père. le livre basculant avec bonheur de l’un à l’autre.
Pour qui ne connaît pas sur le bout des doigts la vie de l’anguille, le premier chapitre en quelques pages nous rappelle ce qu’est la vie de l’anguille. Je fais court.
Elle nait au milieu de L’Atlantique dans la Mer des Sargasses. Elle a la forme d’une petite feuille de saule qui va se laisser dériver jusqu’aux côtes européennes où elle devient une civelle. Devenue civelle elle remonte fleuves, rivières et étangs en se transformant en anguille. Là, elle restera des années avant de vouloir se reproduire. Et pour se reproduire elle reprendra la direction de la Mer des Sargasses, où reproduction faite, elle mourra.
Patrick Svensson a vécu son enfance en Scanie dans le Sud de la Suède, et le Sud de la Suède est l’un des lieux de vie de l’anguille. Enfant, avec son père, il allait régulièrement pêcher les anguilles.
Simultanément l’auteur va nous révéler l’aventure scientifique de l’anguille et la relation intime avec son père .
Par petites touches délicates, Patrick Svensson va nous dévoiler comment les mystères de l’origine de l’anguille parle du mystère que chacun porte en soi :celui de notre propre origine et du sens même de la vie.
Avant d’en arriver aux dernières pages du livre, bouleversantes, nous aurons appris qu’Aristote pensait que les anguilles se créait elle même à partir de la vase, que Freud à disséquer en vain les anguilles afin de leur trouver un sexe!
Tout aussi sérieusement , aucun scientifique n’a trouvé une anguille adulte dans la Mer des Sargasses. Et pourtant.
Depuis 20 ans il est indéniable que l’anguille nous quitte. Elle est un marqueur important de la sixième extinction de masse . Pourtant l’anguille paraît éternelle, elle existe depuis que le monde est monde. Elle peut rester hors de l’eau des heures paraître morte et ressusciter au contact de l’eau.
L’anguille reste un animal dont nous ne connaissons pas grand chose. Il faut croire…. comme pour notre propre origine.
L’ Évangile des Anguilles, un titre on ne peut mieux trouver pour nous parler des hommes.

Patrik Svensson, né en 1972, a grandi dans une petite ville du nord-ouest de la Scanie, dans le sud de la Suède, non loin de ce qu’on appelle souvent « la côte des anguilles ». Passionné dès son enfance par le monde naturel et animal, il a fait des études de littérature puis est devenu journaliste, spécialisé dans les arts, la culture mais aussi la recherche scientifique. Best-seller traduit dans plus de 30 pays et lauréat du prix August, le « Goncourt » suédois, L’Évangile des anguilles est son premier livre.

Apeirogon de Colum McCann. Belfond . 💛💛💛💛💛

Apeirogon par McCann

Apeirogon : figure géométrique  au nombre infini de côté.
Il y a mieux que ce nom barbare pour donner un titre à un roman. Et pourtant….
Le dernier livre de Colum McCann est étourdissant  dans sa forme comme dans le fond.
Colum  McCann s’appuie sur des faits réels qui ce sont déroulés il y a 23 et 13 ans en Israël et en Cisjordanie.
En 1997 Rami Elhanan, israélien,  a perdu sa fille de 13 ans Smadar lors d’un attentat kamikaze du Hamas dans Yehuda Street à Jérusalem.
En 2007 Bassam Aramin, palestinien, à perdu sa fille de 10 ans  Abir , abattu par un tireur israélien alors qu’elle allait à l’école.
Rami et Bassam, né pour haïr le peuple ennemi vont au contraire devenir inlassablement des conteurs de leur vie et inlassablement  des combattants pour la paix au travers des associations le Cercle des Parents ou Les combattants pour la Paix.
A partir de ces événements Colum McCann va tisser un roman hybride entre fiction et réalité.
Le roman est constitué de 1000 chapitres ( faut il  voir un lien avec ce qui est dit au chapitre 220 : il n’y a de nombres amicaux qu’en deçà de 1 000 ) Les chapitres peuvent être de plusieurs pages ou au contraire ne contenir qu’une seule phrase.
La première partie contient 499 chapitres numérotés de façon croissante ( 1 à 499 ). le chapitre 500 est double et il regroupe les interviews menés auprès  de Rami Elhanan et Bassam Aramin.
La deuxième partie contient elle aussi 499 chapitres numérotés de façon décroissante ( 499 à  1 ).
Vous remarquerez que l’auteur s’est astreint à une numérotation arabe croissante et à  une numérotation juive décroissante.
Tout le roman est marqué  par ce balancier entre monde arabe palestinien et monde israélien juif. Qu’il est difficile de rester sur une ligne de crête .
Cette ligne de crête que Colum McCann décrit de façon poétique avec le fildeferiste Philippe Petit qui a tendu son fil au dessus de la vallée de Hinnom encore connue sous le nom de vallée de la Gehenne. Philippe Petit portait une tenue ample aux couleurs des drapeaux israélien et palestinien. le bras et la jambe opposée représentant un drapeau. Dans une poche un pigeon blanc qui devait s’envoler représentait la paix.
Pas une colombe car Philippe Petit n’en avait pas trouvé à Jérusalem.  Quel symbole !
Tout comme ce pigeon qui ne voulut pas s’envoler et resta posé sur la tête de Philippe Petit ou sur l’extrémité de son balancier et pouvant compromettre la traversée du fildeferiste.Ligne de crête.
Cette ligne de crête qui nous rappelle que tout est géographie dans ces territoires minuscules.
 » Il se penche à  gauche et slalome jusqu’à la voie de dépassement,  vers les tunnels, le mur de séparation,  la ville de Beit Jala. Un coup de guidon, deux possibilités : Gilo d’un coté ( israelien) Bethléem de l’autre. ( palestinien ) »
Chapitre 2 :   » Cette route mène à la Zone A sous autorité palestinienne. Entrée interdite aux citoyens israéliens. Danger de mort et violation de la loi israélienne. »
Il est interdit à tous Israélien d’aller en Cisjordanie.  Israël ne donne aucune information sur la Cisjordanie.
Chapitre 67  » Au loin au dessus de Jérusalem le dirigeable s’élève « 
Du dirigeable on peut  observer.  Combien de capteurs de caméra ?
Chapitre 251  » En 2004, des tourniquets ont été installés aux checkpoints piétons de Cisjordanie afin que les gens puissent passer en bon ordre…. A intervalles de quelques secondes, les tourniquets sont bloqués  et les piétons restent enfermés dans de long tunnels métalliques. … La technique utilisée aux checkpoints est si fine que même les murmures les plus discrets peuvent être enregistrés. « 

Tout est géographie et ligne de crête.  C’est là que vivent les familles de Bassam et Rami.
réunis par le malheur et la perte d’un enfant
Plutôt qu’une narration classique, Colum MacCann nous distille un récit fragmenté  comme ces bombes terroristes où israéliennes . La forme fragmentée  du livre est le miroir de la complexité  des relations israelo-palestiniennes.
 S’ouvrant sur les collines de Jérusalem et se terminant sur celles de Jéricho, le livre plonge dans tous les domaines. Il mélange politique, religion, histoire, musique, ornithologie, géopolitique, géographie.
Il se déploie en cercles de plus en plus larges pour absorber tout ce qui, de près ou de loin, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, nous apprend quelque chose sur cette terre et ses hommes .
Ces cercles qui  nous disent que le conflit israelo- palestinien est le nôtre.  Nous sommes tous l’un des innombrables côtés de l’Apeirogon.
Ces côtés de l’Apeirogon qui invariablement reviendront nous dire les circonstances de la mort d’Abir et de Smadar.
Et dans toutes les conférences qu’ils feront à travers le monde Rami et Bassam auront toujours les mêmes mots :
Mon nom est Rami Elhanan. Je suis le père de Smadar.
Mon nom est Bassam Aramin. Je suis le père  d’Abir.
Simplement humain. Tellement humain.
Avec son humanisme Colum McCann saisit l’insaisissable situation de deux peuples voisins… Il était bien placé, lui, l’Irlandais au pays longtemps déchiré, pour essayer de comprendre cette folie d’une paix à  trouver
 Et cette phrase prononcée par un frère d’Abir : «La seule vengeance consiste à faire la paix.»
Magistral.

Colum McCann | Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme

Colum McCann (né le 28 février 1965 à Dublin) est un écrivain irlandais. Après avoir été journaliste, il commence à écrire des romans en 1995 et accède à la notoriété avec Et que le vaste monde poursuive sa course folle (Let The Great World Spin, 2009) primé à de nombreuses occasions. Il vit à New York où il enseigne l’écriture créative.

LE 25/09/2020 Extrait interview sur France Culture.

Les mille et une histoires de Colum McCann

L’écrivain irlando-américain Colum McCann est notre invité. Il revient 10 ans après “Et que le vaste monde poursuive sa course folle”. Un roman salué par la critique et traduit en 40 langues. Il signe cette rentrée Apeirogon, chez Belfond. Un titre emprunté à la géométrie, qui désigne un polygone au nombre infini de côté. Une figure géométrique qu’il transpose en littérature pour retracer les multiples facettes du conflit israelo-palestinien.

Apeirogon : de loin un cercle, de près un polygone au nombre infini de côtés

L’apeirogon, c’est une forme avec un nombre infini de côté. Je sais que c’est un titre assez risqué, mais ce que je voulais dire, c’est que nous sommes tous impliqués dans chaque récit. Nous sommes tous complices. Nous sommes tous présents. C’est l’histoire de deux hommes, deux pères qui ont perdu leur fille en Israël, en Palestine. Ça pourrait être aussi une histoire qui se passe à Paris, Dublin, ou New York. Une histoire, c’est toute nos histoires.  

Mille et un chapitres : raconter pour survivre

« Après avoir rencontré Rami et Bassam, je me suis rendu compte qu’ils racontaient l’histoire de leurs filles pour les garder vivantes. Comme Shéhérazade dans les mille et une nuits. J’ai donc raconté mille et une histoire. Mais je voulais également que ça ait l’air d’une symphonie, que chaque section soit une note de cette symphonie. Je voulais tenter de refléter l’état d’esprit contemporain, la façon dont on passe d’un endroit à l’autre en sautant d’un endroit à l’autre, d’un sujet à l’autre ».

Ecrire sur les murs

Je n’aurais pas pu écrire ce roman à partir d’un endroit autre que mon enfance irlandaise. Je suis né à Dublin. Je me souviens petit être passé du côté Nord, j’ai vu les check point et je me suis demandé pourquoi il y avait des soldats. J’ai grandi dans une atmosphère semblable, certes pas identique, mais semblable, à ce qui se passe en Israël et en Palestine. J’ai toujours été fasciné par cette idée de paix, des faiseurs de paix, et par l’idée que la paix est plus difficile à atteindre que la guerre. 

Tous des oiseaux

Colum signifie colombe ou tourterelle en gaélique. Je n’étais pas tellement intéressé par les oiseaux jusqu’à ce que j’aille à Jérusalem et que je rencontre les deux protagonistes de mon roman.  Israël et la Palestine est la deuxième autoroute au monde pour les migrations d’oiseaux, qui viennent de la France, d’Allemagne, de Suède, d’Afrique du Sud, de l’Algérie… Ils survolent cet espace aérien. Et souvent, ils atterrissent sur le sol et ils apportent en quelque sorte les récits d’autres endroits à ce lieu particulier, Israël et la Palestine. 

« Nous avons là le lieu de rencontre de trois continents l’Afrique, l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. Il y a le lieu de rencontre de ces religions, les principales religions du monde. Il y a une énergie là, une énergie nucléaire qui se tient dans cette partie du monde. Oui, oui, il y a un conflit terrible. Il y a énormément de tristesse. Il y a aussi une beauté incroyable là bas. Je voulais capturer cette beauté à travers les formes de ces oiseaux migrateurs ».