Roca Pelada d’Eduardo Fernando Varela. Metaillie. 💛💛💛💛

J’ai découvert Eduardo Fernando Varela par la lecture de son roman Patag9n8e r9ute 203. Un condensé d’humanité dans des lieux improbables. le road trip d’un chauffeur routier le long de la route 203 dans l’immensité de la Patagonie. Totalement décalé.
Tout comme Roca Pelada.
Nous sommes toujours en Amérique du Sud sur une crête au dessus de l’Altiplano. La crête fait frontière entre deux pays non nommés. Les Six mille et les Sept mille veillent sur la Garde Frontière d’un côté et la Ronde des Confins de l’autre. Un no man’s Land sépare les deux postes frontières. le lieutenant Costa commande la Garde Frontière, le capita8ne Gaitan règne sur la Ronde des Confins mais va bientôt être remplacé par une femme Vera Brower.
A 5 000m sur l’Altiplano il ne se passe rien à priori. La montagne accapare tout. Et pourtant la montagne vibre et tremble, une femelle puma la parcourt. Même un mystérieux vieillard paraît et disparaît derrière les cônes volcaniques. Quant aux militaires gardant la frontière, c’est à celui qui déplacera les météorites afin qu’ils appartiennent au pays.
Dans ce bout du monde il y a aussi une équipe de mineurs et un train récalcitrant qui met un temps infini pour arriver au butoir de la Garde Frontière et une escouade de caporal venus des tropiques.
Une liste à la Prevert décapante, surréaliste et hilarante.
Reste à embarquer avec Eduardo Fernando Varela pour de désert des Tartares version sud-américaine.
Tous les personnages sont confrontés à l’absurde mais aussi aux limites du pouvoir dans une contrée rocheuse et désertique . Est ce dérision de garder une frontière à si haute altitude ?
Peut être que oui quand il s’agit d’histoire, de tradition, de la magie des anciens et du culte des morts ?
C’est un joli roman de méditation, de poésie.
Comme la Patagonie, l’Altiplano est magnétique et intemporel, nous ouvrant aux limites de nos libertés.


Eduardo Fernando VARELA vit entre Buenos Aires, où il écrit des scénarios, et Venise, où il vend des cartes anciennes. Il est l’auteur de Patagonie route 203, succès public et critique, premier roman écrit à 60 ans. Roca Pelada est son deuxième roman.

Son odeur après la pluie de Cédric Sapin Defour. STOCK. 💛💛💛💛

Un titre et un bandeau qui vous accroche pour peu que vous soyez sensible à nos amis les chiens.
D’abord un titre Son odeur après la pluie qui sent bon le retour de balade avec son chien. L’odeur d’un temps de connivence, de dépense, de moments partagés .
Et puis la photo de profil d’un bouvier bernois. La tendresse,la délicatesse, la gentillesse.
Ce gentil bouvier bernois s’appelle Ubac. Il est né en 2003 et va partager la vie de Cédric puis de Mathilde et Cédric.
Partager la vie n’est pas le verbe juste. Ce sera plus que cela. Une osmose, une fusion entre l’homme l’animal.
Cédric Sapin-Defour nous entraîne dans tes torrents d’émotions d’humanité ou comment une relation avec un animal nous dit le vivant.
Bien évidemment ce livre touche au plus profond et nous invite sur les routes de la différence, de la tolérance, de la vie mais aussi de la séparation et de la mort.
L’auteur nous parle de tout cela avec délicatesse mais aussi avec force.
Ubac est une vie qui fait irruption et devient indispensable. Un lien essentiel entre l’homme et l’animal .
Un compagnonnage intense qui touche au coeur.
Jean Paul Dubois qui préface le livre de Cédric Sapin Dufour a obtenu le Prix Goncourt pour son roman :Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même facon .
C’est bien le cas de Cédric. Avec Ubac il habite le monde au plus près de son regard, au plus près du sol, de la nature et de cette relation partagée.
Ce livre nous touche car il parle d’un compagnonnage respectueux qui grandit les uns et les autres.
Pour toute personne ayant compagnonner avec un chien, ce livre est un baume apaisant qui nous rappelle tout ce que pous nous apporter une présence animale.
Plus que touché par cette histoire car elle emprunte quelques chemins que nous avons vécu avec notre chien Fjord.
Fjord était un berger australien avec lequel nous avons comme Ubac et Cédric marchés sur les chemins du Beaufortain.
Comme Ubac, Fjord a respiré le grand air du Beaufortain et s’est extasié de la vue allant du Mont- Blanc au Lac de Roselend.
Comme pour Ubac, nous avons du descendre Fjord à la clinique des Quatre vallées à Albertville.Pas pour des tiques mais pour un épilé.
Fjord nous a quitté il y a 3 ans.
En reprenant les termes de Cédric Sapin Defour, Fjord a du rejoindre Ubac d’arbres en âmes et que le plus de vous persiste.



Auteur et avant tout alpiniste, Cédric Sapin-Defour a été chroniqueur pour le mensuel Montagnes Magazine, il est aujourd’hui collaborateur au quotidien Libération. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Le Dico impertinent de la montagne (JMEditions, 2014), Qu’ignore-je ? L’Alpinisme (JMEditions, 2016), Gravir les montagnes est une affaire de style (Paulsen, 2017), Les Sept vies de François Damilano (Paulsen, 2018), Espresso (Paulsen Guérin, 2019) et Double Espresso (Paulsen Guérin, 2022).

Ce n’est pas un fait divers. Philippe Besson. Julliard . 💛💛💛💛

Il faut lire le titre du dernier roman de Philippe Besson comme un mantra.
Sans cesse se le remettre en tête et le répéter :
Ceci n’est pas un fait divers
Ceci n’est pas un fait divers.
Ceci n’est pas un fait divers.

Papa vient de tuer Maman
c’est ce que Léa a dit au téléphone à son frère . Léa a treize ans, son frère 19 ans.
Que l’on soit jeune adolescent ou jeune adulte on n’est pas préparé à ce genre de phrase : Papa vient de tuer Maman.
Qu’est ce que cela veut dire , qu’est que cela sous entend, qu’est que cela va induire ?
Philippe Besson, comme à son habitude, avec une écriture intense, précise, faite de peu de mots mais choisis à bon escient va nous entrainer dans le maelstrom que vont vivre ce frère et cette soeur.
Comment vivre quand il ne reste rien : Une Maman assassinée par son mari. La mort et l’emprisonnement La perte des parents.
Comment en arrive-t-on à un féminicide ? Que n’ai-je vu ? Que n’ai-je dis ?
Sera-t-il possible de me reconstruire ?
et toujours le mantra : Ce n’est pas un fait divers.
Philippe Besson n’occulte rien du combat de ces deux enfants : la perte d’une maison, de l’enfance. Mais aussi pour Léa le lien qu’il reste au père au contraire de son frère qui est dans la radicalité.
Reste le combat pour l’avenir immédiat et une nouvelle vie.
rien ne sera simple.
Ceci n’est pas un fait divers.
J’ai été happé par ce roman et la justesse des situations.
Comme le dit si justement Philippe Besson : quand vous tapez féminicide sur votre ordinateur, le mot se souligne de rouge. Pas reconnu.
Ceci n’est pas un fait divers.


Philippe Besson, né le 29 janvier 1967 à Barbezieux-Saint-Hilaire (Charente), est un écrivaindramaturge et scénariste français, anciennement directeur des ressources humaines en entreprise. Il a été également critique littéraire et animateur de télévision.

Il se fait connaître en tant qu’écrivain avec le roman En l’absence des hommes en 2001, qui reçoit plusieurs prix. En 2023, il totalise 23 romans, dont plusieurs ont été adaptés pour le cinéma ou le théâtre, et il a participé à l’écriture du scénario de plusieurs films pour la télévision.

Il n’y aura pas de sang versé. Maryline Desbiolles. Sabine Wespieser editeur.💛💛

Maryline Desbiolles s’est emparée d’un évènement assez peu connu pour en faire le centre de son roman : la grève des ovalistes à Lyon en 1868.
Evénement peu connu mais qui est en réalité la première manifestation et grève de femmes.
Une ovaliste est une femme qui travaille dans les ateliers de soierie lyonnaise . Elles garnissent les bobines des moulins ovales afin de donner au fil grège la torsion nécessaire au tissage.
Elles sont plus de 2 500 ovalistes à travailler dans la soierie lyonnaise.
Ces ovalistes venaient de toute la région depuis l’Ain, l’Ardèche, la Drôme, les Savoie et jusqu’au Piémont Italien. Venir est un terme édulcoré. « Les soyeux  » allaient chercher ces jeunes femmes illettrées dans les territoires reculés pour en faire une main d’oeuvre bon marché vivant dans la misère.
Maryline Desbiolles va suivre quatre d’entre elles : Toia la piémontaise, Rosalie Plantavin de Nyons dans la Drôme, Marie Maurier de Haute Savoie et Clémence Blanc qui est lyonnaise.
C’est le point fort du roman : avoir personnalisé cette foule d’ovalistes à partir de ces quatre personnages. Cela donne force et réalité.
Malheureusement l’écriture de Maryline Desbiolles est difficile car faite de répétitions comme si il fallait enfoncer le clou pour mieux se faire comprendre.
De même pour le découpage du roman et la métaphore qu’en fait l’autrice.
Les quatre ovalistes sont comparées à des relayeuses sur un stade, dans l’ovale de la cendrée. Un chapitre est consacré à chaque relayeuse sans que cette description apporte un plus au roman.
Reste de ce roman la grève des ovalistes , la condition féminine, la connaissance de la soeirie lyonnaise. Un roman documentaire sur les années 1868/ 1869 à Lyon chez les soyeux et les ovalistes.
Le destin de Toia, Rosalie, Marie ou Clémence nous a t il bouleversé ?
Pas vraiment et c’est dommage.


Maryline Desbiolles, née le 21 mai 1959 à Ugine (Savoie), est une écrivaine française. Elle obtient le Prix Femina en 1999 pour Anchise.

Maryline Desbiolles est d’origine italienne du côté maternel1.

En 1981, elle crée à Nice où elle vit une revue de poésie et de littérature, Offset, puis en 1990, La mètis, du nom de l’intelligence rusée pour les Grecs 2. En 1998, son roman La Seiche attire l’attention pour son style3.

La faute d’Allesandro Piperno. Liana Levi . 💛💛💛

La faute ou l’imposture. Voilà ce que nous raconte le narrateur de ce roman.
Mais de quelle faute, de quelle imposture s’agit-il ?
S’agit -il du couple mal assorti que forme ces parents. Couple modeste vivant à Rome.
S’agit-il de la révélation que lui fera sa mère à l’adolescence :Elle est juive.
S’agit -il du fait que sa mère n’entretienne plus de relations avec sa famille car celle-ci récuse son mari. La famille Sacerdoti fait partie de la bourgeoisie catholique romaine. L’Oncle Gianni , avocat renommé, en est l’élément extraverti par excellence.
Notre narrateur vit donc modestement à l’ombre de cette famille.
Un jour , Oncle Gianni l’invitera pour passer une semaine avec ses cousins et cousines à New York.
Une invitation de deuxième choix. Il remplace une cousine Sacerdoti malade. Sans cela il serait resté à Rome.
Il va succomber aux charmes de cette famille, de cet oncle, de ce luxe.
Voilà peut être La faute.
Ce narrateur sans nom ni prénom nous livrera le récit de son enfance et de l’homme qu’il est devenu quatre décennie plus tard. Un homme tourmenté par son enfance, un couple parental de moins en moins crédible entre un père inconséquent et une mère faite de droiture maladive.
Allesandro Piperno pousse le plus loin possible l’introspection familiale et l’identité de celle-ci, quitte à ce que le narrateur s’enlise et découvre des failles auxquelles il ne s’attendait pas.
La faute est un roman ample, parfois bavard à l’écriture agréable mais qui demande une attention soutenue


Alessandro Piperno est diplômé en littérature française de l’université de Rome « Tor Vergata », où il enseigne ensuite cette matière avant d’être nommé chercheur en octobre 2008. Alessandro Piperno est considéré comme un auteur majeur de la littérature italienne contemporaine. Tous ses textes sont publiés en France par les éditions Liana Levi.

13 Novembre 2015 – Le Procès. Charlie Hebdo. Les Echappées. 💛💛💛💛

Les coïncidences ont voulu que je vois récemment les films Novembre et Revoir Paris et que je reçoive dans le cadre de la Masse Critique graphique de Babélio les ouvrages 13 novembre 2015 le procès retraçant le récit des audiences de ce procès.
En définitif ces trois supports m’ont permis d’avoir un point de vue globale.
Novembre retrace l’enquête policière suite aux attentats du Stade de France, des terrasses et du Bataclan le 13 Novembre 2015. C’est totalement factuel.
Revoir Paris traite de l’amnésie et du difficile retour à la vie d’une survivante des fusillades des terrasses.
13 Novembre 2015 le procès retrace de façon exhaustive les audiences et met en résonnance ce qui ressort des films : le côté factuel et aussi l’intime des victimes et des familles.
L’ouvrage 13 Novembre 2015 le procés est un ouvrage réalisé par trois journalistes et trois dessinateurs de Charlie Hebdo.
Charlie Hebdo est l’un des ces seuls média a voir suivi in extenso le procès.
L’ouvrage est autant littéraire que graphique.
Ce fût un procès hors norme et les textes et illustrations le rendent bien.
Ces attentats furent une sidération. Les chroniques les raconte avec force.
Cela reste une lecture exigeante et salutaire. Tout cela se lit à petite dose. J’ai du mal à imaginer ce qu’à dû être l’intensité de ce procès.
Cet ouvrage par ces comptes rendus nous restitue immédiatement ce que seront les archives dans quelques années quand elles seront accessibles.
Ce procès était une gageure , mais il est l’apanage des démocraties. Prendre le temps du recul, prendre le temps d’écouter toutes les parties, même les pires des assassins.
Ce procès nous permet de comprendre le comment et le pourquoi. c’est une chose.
Mais les textes et les dessins de Charlie Hebdo nous permettent de mettre des visages sur tous ces anonymes qui ont vécu à leur dépends ces attentats.
j’ai été marqué par ces pages en continue, couvertes d’aquarelle de visages. Ceux des survivants venant nous parler de leur vie, de leur perte. Ceux des forces de l’ordre qui ont servi quelque soit les conditions. Ceux des familles des assassins confrontaient à l’indicible.
Par cet ouvrage Charlie Hebdo fait oeuvre d’histoire et de mémoire.

Les Ignorants. Etienne Davodeau. Futuropolis. 💛💛💛💛

Mieux vaut tard que jamais. les Ignorants est un roman graphique d’Etienne Davodeau sorti en 2011.
J’ai eu l’occasion de découvrir l’oeuvre d’Etienne Davodeau grâce à mes deux filles. La première avait laisser trainer chez elle le droit du sol. Belle idée de roman graphique que cette marche entre la grotte de Pech Merle dans le Sud ouest et le lieu d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure dans l’est de la France. J’avais été conquis par le propos , le dessin et le côté docu-fiction engagé.
Et voila que ma deuxième fille lors d’une conversation WhatsApp me parle de Les ignorants qu’elle vient de lire et qu’elle me conseille vivement.
j’ai suivi son conseil , j’ai lu les Ignorants et j’ai aimé.
J’ai aimé .
comment aurait-il pu en être autrement ? J’aime le livre, l’écriture , la BD. j’aime le vin et tout ce qui tourne autour : la culture, les paysages, les dégustations.
Cette BD raconte une histoire de passion, de transmission, de rencontres de convivialité entre Etienne Davodeau et Richard Leroy viticulteur.
Chacun est ignorant de ce que représente la passion de l’autre.
La BD sur un espace temps d’un an va nous faire arpenter les rangs de vignes tout comme les allées des Salons de BD
Au delà des moments qui fabriquent le vin ou une bande dessinée il reste le fait d’aimer.
Qu’est ce qui doit plaire dans un vin ou un livre ? Il existe des milliers de façons de réaliser une BD ou un vin.
La seule chose importante est de rester soi.
Le vin doit parler de la vigne, de la terre, du ciel, des nuages. Pour cela ,moins on le bouleverse, mieux c’est. En 2011 Les vins bio et la biodynamie étaient encore balbutiants. Ce n’est plus le cas en 2023. Pareil pour un dessin, un coup de crayon ou un texte. Au delà de la technique c’est l’émotion que l’on recherche.
Et puis ces passions sont des passions d’équipe, de rencontres de convivialité.
Refaire le monde autour d’un livre , d’une BD en dégustant un bon vin.
çà discute, çà se dispute, çà rit. c’est la vie .

« Je préfère un vin vraiment bon pendant six mois plutôt qu’un vin dont on me dit qu’il sera bon pendants des années  » Jean François Ganevat – Viticulteur Jurassien.
A bon buveur d’étiquette salut !

Étienne Davodeau, né le 19 octobre 1965 à Botz-en-Mauges (Maine-et-Loire), est un dessinateur et scénariste français de bandes dessinées. Avec près de 45 albums publiés en 30 ans (en janvier 2023), l’auteur-dessinateur s’est imposé comme une grande figure de la bande dessinée documentaire et des récits animés1.

Il est en particulier connu pour Lulu femme nue ou ses albums documentaires comme Les Ignorants (un ouvrage vendu à plus de 250 000 exemplaires1), Les Mauvaises Gens : une histoire de militants ou encore Un homme est mort.