Concerto pour main gauche de Yann Damezin. La Boîte à Bulles.💛💛💛💛💛

Concerto pour main gauche par Damezin

Quel coup de coeur ! Quelles découvertes !
Découverte d’un Jeune auteur de Bd , Yann Damezin qui est aussi scénariste.
Découverte d’un personnage , Paul Wittgenstein , pianiste autrichien ayant vécu au début du 20ème siécle et qui a eu le bras droit amputé pendant la première guerre.
Découverte d’un dessin mais le mot est trop faible . Découverte d’une graphie ,d’un art, le tout en noir et blanc.
La premièrepage de se roman graphique donne le ton.
6 cases pour montrer de profil une femme enceinte et ces 6 mêmes cases pour mettre en dessin, en graphie un son , une émotion, un ressenti.
Toute la vie de Paul Wittgenstein librement inspiré par Yann Damezin poursuivra ce postulat. Un dessin pour la biographie et une création graphique pour ressentir; s’émouvoir.
C’est jubilatoire, c’est créatif, sonore, poétique.
A chaque page nous restons béat devant ces sons transformés en feuilles , ces émotions transformées en Gorgone, en animaux fantastiques ou encore en corps déstructurés.
Quand on referme ce roman graphique on est étourdi d’une telle vie car cela est bien la vie de Paul Wiitgenstein, et longtemps la représentation graphique de Yann Damezin nous accompagne et nous donne à entendre différemment le Concerto pour main gauche de Ravel.
Et c’est avec délectation que l’on ouvre à nouveau ce roman graphique pour découvrir les subtilités des dessins
et se laisser emporter par une certaine poésie.

Né en 1991, Yann Damezin a intégré l’école Émile Cohl directement après son bac dans le but de devenir illustrateur. La littérature, le livre et l’image sous toutes leurs formes le passionnent. Ce Lyonnais aime les univers étranges et oniriques, et son travail se nourrit d’influence très diverses : miniature persane, primitifs italiens, expressionnisme etc..

Sur les ossements des morts d’Olga Tokarczuk. Libretto. 💛💛💛💛

Sur les ossements des morts par Tokarczuk

J’ai découvert la littérature d’Olga Tokarczuk grâce à la Librairie Lucioles à Vienne (38). le libraire m’a proposé de rentrer dans son oeuvre par son livre Sur les Ossements des morts.
C’est un roman qui lorgne vers le polar mais qui en définitif nous entraîne dans une réflexion sur la place de la nature et des animaux dans notre monde.
Pour mener à bien cette enquête-réflexion Olga Tokarczuk nous déniche un personnage haut en couleur.
Il s’agit de Janina , ingénieur à la retraite qui vit seule dans un hameau du sud de la Pologne , à la lisière de la Tchèquie et des Sudètes.
On comprend rapidement que Janina est d’un caractère entier, bourru et qu’il est facile de la prendre pour une excentrique voir une folle.
Comment peut il en être autrement puisque Janina est totalement investie dans l’astrologie et la place des planètes.
Les planètes , les dates , les thèmes astrologiques amène un coté fantasmagorique à la vie de Janina.
Et puis il va y avoir des morts mystérieuses de chasseurs de braconniers. Dans son excentricité Janina va donner un sens à ces meurtres : Ce sont les animaux qui se vengent.
Et nous allons la suivre sur la piste de ces meurtres et de ces animaux.
La résolution de ces meurtres sera effective mais reste une péripétie dans le livre. Assez rapidement la silhouette humaine ou animale du meurtrier s’impose.
Mais là n’est pas le plus important.
Le plus important est dans notre rapport à la nature , aux animaux à l’argent.
Olga Tokarczuk a une écriture ciselée, précise, pleine d’humour. D’un humour noir qui sied merveilleusement à cette histoire. Elle nous raconte aussi une région polonaise aux quatre saisons. C’est précis, détaillé . c’est froid et glacial comme l’hiver, et nous allons de découverte en découverte.
Connaissez vous le cucujus vermillon ?
En tout cas ce livre fut une belle découverte.

Olga Tokarczuk est une écrivaine polonaise née en 1962. Romancière la plus célèbre de sa génèration, elle est l’auteur polonais contemporain le plus traduit au monde  . Elle a reçu le Prix Nobel de Littérature 2018.

La voie cruelle d’Ella Maillart. Payot 💛💛💛💛

La Voie cruelle par Maillart

Le récit de voyage entre Europe et Asie ( Afghanistan – Inde ) est marqué par le livre de Nicolas Bouvier L’usage du monde qui raconte ce périple dans les années 1950.
Pourtant d’autres compatriotes suisses ont réalisé ce voyage en 1939 entre Suisse et Afghanistan à bord d’une Ford moteur V8 de 18 chevaux.
Il s’agit d’Ella Maillart et d’Annemarie Schwarzenbach.
Ella Maillart est une ancienne athlète de haut niveau reconvertit dans le cinéma et le récit de voyage.
Annemarie Schwarzenbach deszcend d’une riche famille industrielle et s’est vite dressée contre les conformismes de son milieu. Personnage androgyne et morphinomane, elle est l,opposée d’Ella Maillart.
L’une est calme, posée; l’autre est fragile et maladive.
Ce récit de voyage est écrit par Ella MaillartAnnemarie Schwarzenbach prendra le nom de Christina.
Ce récit de voyage est double. Il nous raconte l’avancée de ces deux jeunes filles vers l’Asie, mais aussi la souffrance de Christina vis à vis de la drogue. En cela le titre du livre ne laisse aucune ambiguïté . Ce périple est une voie cruelle durant laquelle Christina peut être rattrapé par ces démons.
La part belle du livre reste néanmoins le voyage.
Et quel voyage. Il faut se rappeler que l’on est en 1939 ,que le nazisme a pignon sur rue et que la guerre frappe à la porte de l’Europe.
Cette traversée des pays du Moyen Orient et des anciennes Républiques soviétiques nous rappelle qu’hormis des changements de frontières et de régime , cette région reste d’une instabilité effrayante.
Alors que dire de ce périple féminin dans un monde masculin où la place de la femme n,est sûrement pas au volant d’une Ford V8.
Ce mélange de périple et de fuite en avant de Christina nimbe ce récit de voyage du mystère humain et de ces silences.
Un joli pendant au livre L’usage du monde de Nicolas Bouvier.

Ella Maillart est née à Genève en 1903. Après une brillante carrière de sportive et de cinéaste, elle entreprend une série de voyages au Turkestan, en Chine,  etc.. En 1986 elle traversait encore le Tibet. Elle est décedée en 1997.