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Notre otage à Acapulco de Jean-Christophe Rufin. Flammarion. 💛💛💛

Notre otage à Acapulco de Jean-Christophe Rufin est la cinquième aventure du Consul Aurel Timescu.
Après avoir écumé la Guinée, le Mozambique, l’Azerbaïdjan et une principauté d’opérette , le voici au Mexique.
Voilà une destination qui sied mieux à notre cher consul.
Sa virée chez La princesse au petit moi m’avait laissé sur une impression très mitigée.
De passage au Mexique nous retrouvons notre consul tel que nous l’aimons. Toujours décalé vestimentairement, toujours à ne rien faire mais touche à tout tout de même !
Mexique oblige, Aurel laisse tomber le Tokay pour la Téquila et le Margarita. Ce n’est pas un mauvais choix !
Par contre son amour du piano bar ou du piano jazz est toujours là et il va pouvoir nous susurrer quelques roucoulades.
Comme vous devez l’imaginer, j’ai apprécié ce cinquième tome des aventures d’Aurel Timescu.
Jean-Christophe Rufin est revenu aux bases de sa série et cela lui va bien.
Une jeune femme , fille de ministre a disparu au Mexique vers Cancun.
On envoie Aurel au Mexique afin qu’il ne fasse rien . Mais au moins pour la diplomatie française on a pris en compte cette disparition.
Aurel va s’installer à Acapulco.
Acapulco : la baie ,le soleil, James Bond et encore la nostalgie de l’époque des stars d’Hollywood qui faisait vivre la baie
Acapulco 2022 : la drogue , les cartels , la misère , les gangs , la violence, la mort.
C’est dans ce décor qu’Aurel va vivre une rencontre improbable dans sa nostalgie du jazz, du cinéma des années 1950.
C’est dans ce décor qu’Aurel va être confronté à la violence mortifère des cartels mexicains.
Sous couvert du rêve d’Acapulco Jean-Christophe Rufin nous entraîne dans les arcanes d’une réalité mexicaine : un pays complétement gangréné par la violence où la mort est toujours présente , que ce soit par les traditions ou par la brutalité des différents parrains.
Le Tokay est un vin doux qui ne convenait pas . la Téquila est plus raide et a toute sa place ici.
Reste le soleil couchant sur la baie d’Acapulco , une chanson de Sinatra….
La nostalgie a la vie dure.

Requiem pour une république de Thomas Cantaloube. Série Noire Gallimard. 💛💛💛💛

Requiem pour une République par Cantaloube

Requiem pour une république  est le premier roman policier et politique de Thomas Cantaloube. Il est suivi d’une suite Frakas qui est sorti en avril 2021. Les deux livres peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre bien que les personnages soient récurrents.  Chaque roman à sa propre histoire et se clôt.
Le premier roman Requiem pour une république se situe entre 1959 et 1961 à Paris..
A l’automne 1959 un avocat algérien  lié au FLN est assassiné à Paris. Mais cet assassinat tourne à la tragédie car toute la famille sera décimée soit 5 personnes.
Trois personnages principaux et récurrents sur les deux romans sont à la recherche du meurtrier.
Tout d’abord Luc Blanchard, jeune flic du Quai des Orfévres, puis Antoine Carrega , ancien résistant, corse , en accointance avec le Milieu,  enfin Sirius Volkstrom, ancien collabo et réalisateur des basses oeuvres de la Préfecture de police et de Maurice Papon.
A partir de ces trois personnages principaux, Thomas Cantaloube va nous immerger dans ces années 1960 marquées par la guerre d’Algérie.
Tout le talent de Thomas Cantaloube réside entautre dans sa faculté à interagir entre la fiction et la réalité.  L’une ne prenant pas le pas sur l’autre. Et de passer du bureau de Maurice Papon à celui de François Mitterand, tout en n’oubliant pas d’aller à un meeting de Michel Debré et de saluer Charles Pasqua.
L’écriture est cinématographique,  les décors nous rappellent les noirs et blancs des films des années 50 . ( d’ailleurs Alfred Hitchcock saura se rappeler à votre bon souvenir )
Toutes les arrières salles de bar sont louches à souhait, les arrondissements de Paris quittent de pluie et de nuits.
En plus de ce talent d’ecriture, Thomas Cantaloube nous rappelle qu’ il est un ancien journaliste de Mediapart. Tout est documenté et sourcé.  Et au delà du roman policier, apparaît le roman politique.
Ces années 1960 sont les premières années de cette cinquième république  qui nous régit toujours.  Ces années soixante qui sont  peut-être les germes du racisme et de l’immigration des années actuelles.
En synthèse,  un grand plaisir de lecture policière et en même temps un regard acéré sur ce monde politique qui nous gouverne,.
Nous retrouverons les mêmes protagonistes dans Frakas.  Nous sommes 1 mois plus tard et l’Afrique et le Cameroun les attendent : guerre du Cameroun  , naissance de la Françafrique , meurtre…..
Policier, politique le même cocktail, le même plaisir.

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Toutes blessent,la dernière tue de Karine Giebel. Pocket.💛💛💛

Toutes blessent la dernière tue  par Giebel

Vulnerant omnes, ultima necat
at eae quq ad vos consumpsi me delectaverunt.
Toutes les heures blessent, la dernière tue
Mais j’ai aimé celles passées auprès de vous.
Cette citation latine qui donne le titre au roman de Karine Giebel résume à la perfection ce gros polar de plus de 700 pages.
C’est le premier roman de Karine Giebel que je lis et je remercie Pocket et Babelio de me l’avoir proposé dans le cadre de la Masse Critique Privilège.

C’est un roman dur , noir avec une accumulation de moments de violence.
Mais ce n’est surtout pas que cela.
L’écriture de Karine Giebel est précise , rapide comme peut être la violence.
La lecture des 700 pages est prenante et il est difficile de quitter le livre . on aimerait pouvoir le lire d’une seule traite.
Karine Giebel s’appuie sur un fait de société : l’esclavage moderne, pour défiler la trame de son roman.
Cette violence initiale qu’est l’esclavage irrigue le livre et chacun des personnages hormis Tama petite fille esclave en ce monde.
Aucun des personnages n’est caricatural, la violence de chacun a une raison d’être.
Dans ce panier de crabes Tama va vivre , survivre , se rebeller , se libérer.
Et pour Tama , Izri , Gabriel , Tayri et Lahna ( Lana) toutes les heures blessent la dernière tue , Mais Tama , Izri, Babriel , Tayri et Lahna ( Lana) ont aimé celles passées auprés de vous .
le roman est noir mais l’humanité arrive à poindre.

Tout cela dit , Lire un livre de Karine Giebel reste une expérience, pas toujours simple. La confrontation continue à la violence reste difficile surtout quand elle touche les enfants.
Il me semble que cette expérience restera unique.
Il y a tant d’autres livres à découvrir et à aimer.

Le Gang de la Clef à Molette d’Edward Abbey. Gallmeister.💛💛💛💛

Le gang de la clef à molette par Abbey

On ne peut qu’adhérer aux quelques phrases mis en exergue du livre dans l’édition Gallmeister.
C’est de la bombe , un chef d’oeuvre où la rage se marie au rire, un roman culte qui prône l’ecosabotage et l’insoumission à la loi. Un grand road movie. Comme le dit le Canard enchaîné « comment avons-nous pu passer à côté de ce classique de la contre culture américaine.
Pour un roman écrit dans les années 1970 , le Gang de la Clef à Molette est un livre visionnaire et d’anticipation.
Sous ces dehors jubilatoire et hilarant ce roman nous plonge dans notre époque actuelle avec le réchauffement climatique, la décroissance, la prise en compte de l’écologie.
Voilà donc 4 personnages aussi dissemblables que possible qui vont se lancer dans une aventure épique : contrarier le développement de l’Ouest Américain dans l’Utah autour du canyon du Colorado
Les voici donc prêt à saboter ligne de chemin de fer, ponts , pelleteuses , tracteurs et camions.
Et quand on sait que nos quatre Pieds Nickelés ont des pedigrees plus loufoques les uns que les autres ….
Il y a George Hayduke, vétéran du Viet Nam accro à la bière et aux armes à feu.
Il y a le docteur Sarvis à la noblesse sévère d’un Sibelius ( il fallait la trouver!) qui brûlent les panneaux publicitaires. ( On devrait tous avoir un hobby)
Il y a l’élément féminin, Abbzug, superbe jeune femme maîtresse du sexagénaire docteur Sarvis
Il y a enfin Seldom Seen Smith mormon polygame , ayant quelques épouses aux quatre coins de l’Utah.
Voici formé le Gang de la Clef à Molette .
Et face à eux il y a la loi et l’administration américaine représenté par un évêque, le FBI,ou encore l’équipe de Recherches et de Secours.
Le pot de terre contre le pot de fer
À travers tous ces protagonistes, le cœur de l’Amérique est là, tout comme son dilemme : conservatrice ou progressiste.
Et que croyait vous qu’il arriva ? le pot de fer ou le pot de terre ?
A vous de vous lancer à la suite du Gang de la Clef à Molette pour le savoir.
En tout cas c’est un livre réjouissant, iconoclaste qui ne peut être plus actuel

Yeruldelgger de Ian Manook. Le livre de poche. 💛💛💛💛

Yeruldelgger par Manook

Yeruldelgger n’est pas une nouveauté mais un voyage de 3 semaines en Mongolie m’a donné envie de commencer la trilogie mongole de Ian Manook. J’ai commencé la lecture à Oulan bator, puis les jours suivants dans les transferts en 4X4 ou le soir sous la Yourte.
Quoi de mieux que lire sur les lieux où se passe l’énigme !
Yeruldelgger est un très bon polar « ethnique » , alternant violence, thriller et connaissance de la Mongolie ( tradition et géopolitique )
Ian Manook à aussi la capacité à décrire la steppe mongole avec poésie.
Un bon moment de lecture en étant en plus dans le pays

De chair et d’os de Dolores Redondo .Mercure noir 💛💛💛

De chair et d'os par Redondo

De chair et d’os est le deuxième volet d’un triptyque se passant dans la vallée de Baztan dans le Pays basque espagnol , en Navarre aux confins de la France.
Cette vallée de Baztan est le pretexte à 3 histoires policières .
De chair et d’os reprend les personnages du 1er tome le gardien invisible.
Amaia Salazar inspectrice à la police Forale de Navarre et en poste à Pampelune se voir chargée d’enquêter sur d’atroce crimes sexuels . Les victimes sont toutes des femmes. Les assassins sont des hommes qui se suicident suite à leurs actes et qui inscrivent invariablement le nom d’une figure mythologique du Pays Basque pour revendiquer leur acte.
En même temps dans les villages de la vallée de Baztan se déroulent des faits proches de la sorcellerie et des traditions enfouies au coeur de chaque famille de cette vallée
Bien évidemment ces deux situations vont se télescoper et vont entrainer Amaia Salazar dans une enquête où sa famille sera malmenée.
Le plaisir de lecture de ce livre est évident car nous sommes plongés au milieu des mythologies basques et dans la beauté naturelle de ces vallées basques.
Le suspens est bien tenu. Assez de fausses pistes ou de pistes justes énoncées en vu du troisième tome sûrement.
Juste ce qu’il faut d’ésotérisme et de surnaturel pour nous faire comprendre cette mythologie basque
Et puis ce livre est aussi le livre d’une famille au travers de plusieurs générations . Une famille vu au travers de ces femmes
C’est un regard original et juste pour nous dire les traditions.
Au delà de ce livre , il faut se rappeler qu’au bout de cette vallée à deux pas de la France il existe le village de Zugaramurdi qui ,il y a deux siècles était partie prenante de cette vallée de Baztan.
Ce village est connu pour ces sorcières qui au 17ème siecle se réunissait dans les grottes alentour
C’est aussi le lieu de la plus grande inquisition contre la sorcellerie . Plus de 60 femmes ont été brûlées au bucher . Tout autant sont mortes dans les prisons du royaume.
Un musée à Zugaramurdi relate cet épisode.
Cela donne une résonance à ce livre policier.