L’usage du monde de Nicolas Bouvier.Editions Droz 💛💛💛💛💛

L'usage du monde par BouvierQuand il est demandé à des explorateurs,des aventuriers ou des écrivains voyageurs quel est leur livre de voyage, la majorité répond L’usage du Monde de Nicolas Bouvier.
Donc étant fan de voyages et de lecture de voyage je me lance dans la lecture de L’usage du Monde dans la réédition du Livre chez Droz.
Et effectivement ce livre est magique,entêtant.

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Nicolas Bouvier 24 ans, avec Thierry Vernet du même âge partent avec leur Fiat Topolino en 1953 pour un grand périple entre la Yougoslavie et l’Afghanistan. Leur périple durera 18 mois avec des arrêts prolongés à Istanbul ,Tabriz ,Quetta et Kaboul. Pour voyager ils vivront des dessins et aquarelles de Thierry Vernet et des cours de Français et articles de journaux de Nicolas Bouvier.
Ce qui est remarquable c’est la fluidité de l’écriture de Nicolas Bouvier. En peu de mots mais avec des mots justes et soupeses il nous décrit un personnage, un lieu. Nous sommes avec eux, au milieu de leur voyage . de même pour les dessins de Thierry Vernet qui parsèment le livre. A première vue ces dessins noir et blanc paraissent simples et grossiers alors qu’ils sont simplement justes.
Ce voyage dans ce Moyen Orient des années 1950 nous paraît pas si loin de la problématique actuelle de cette region.
Dans tout le livre on ressent l’empathie de Nicolas Bouvier pour les lieux traversés et leur population et plus particulièrement pour l’Afghanistan et les peuples tziganes et rom
Un grand moment de voyage nomade

Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer. Edition de L’Observatoire 💛💛💛💛

 

Ces rêves qu'on piétine par Spitzer

Ces rêves qu’on piétine est le premier roman de Sébastien Spitzer.
Quelle entrée en matière !

Un sujet ardu traité et même sur-traité : la fin de la seconde guerre mondiale , les camps de concentration et la chute de l’Allemagne nazie .
Et bien Sébastien Spitzer nous livre un livre historique , émouvant et d’une magnifique écriture.
D’abord il faut dire que ce n’est pas un roman au sens littéral du terme.
Sébastien Spitzer s’appuie sur d’importantes documentations et recherche pour en faire la trame de son récit. La part romanesque du livre est là pour servir d’écrin à cette réalité. En aucun cas le romanesque prend le pas sur la réalité.
A la fin du livre en quelques pages Sébastien Spitzer nous explique comment a été mené ce récit.
Il est préférable d’avoir lu le livre avant de lire ces quelques pages.
La grande force de ce livre est le parti pris narratif de l’auteur.
Dans un laps de temps de quelques jours en fin avril 1945 , Sébastien Spitzer va nous emmener dans le bunker d’Adolf Hitler et des dignitaires du Troisième Reich , ainsi que dans les pas d’une cohorte d’un millier de déportés sortie des camps mais encore prisonniers de l’armée allemande.
Un personnage central va faire le lien entre ce bunker et cette cohorte de déportés
Il s’agit de Magda Goebbels , femme de Joesph Goebbels N°2 du troisiéme Reich.
Magda Goebbels est une femme qui à eu plusieurs vies en contradiction les unes avec les autres.
Née d’une union illégitime entre un ingénieur et une employée de maison , elle va être élevée par le mari que sa mère va épouser : un commerçant juif du nom de Richard Friedlander.
Elle même va avoir une liaison amoureuse avec un jeune sioniste Victor Arlosoroff et va porter de l’intérêt pour la cause qu’il défend.
Puis elle va militer au NSDAP ( parti nazi) ,trouver du travail dans ce parti et rencontrer Joseph Goebbels. Elle va devenir ainsi une intime d’Hitler jusqu’à devenir la première dame du Reich.
Et en ces derniers jours d’Avril 1945 ,elle assiste repliée dans le Bunker de Berlin à la chute du troisième Reich
Dans le même temps , sur des chemins d’Europe Centrale un millier de déportés marche , ils l’espèrent, vers leur liberté. Parmi eux Aimé , Judah , Fela et sa petite fille Ava.
Cette petite fille de 3 à 4 ans détient un petit sac de cuir avec des feuillets écrits. Ces feuillets écrits sont le lien de tous ces déportés depuis des années.
Le lien a commencé avec Richard Friedlander et se perpétue jusqu’à Ava.
Ce lien représente entrautre le silence de Magda Goebbels.
Tout le récit oscille entre la folie destructrice du troisième Reich et la force , l’abnégation de ces hommes et femmes qui ont vécu l’enfer , l’anéantissement de leur personnalité et de leur judéité mais qui sont debout.
Le parallèle est saisissant entre la lourdeur bétonnée de ce bunker et la fragilité de cette cohorte humaine , affamée et maigre. Les dignitaires du Troisième Reich se terrent comme des rats alors que des gens de peu et de rien marchent et veulent retrouver leur liberté.
Et cette marche vers la liberté est portée par deux femmes : Fela qui a vécu toutes les insanités et sa fille Ava , née dans un camp , de ses insanités.
Ce sont les parties du livre les plus émouvantes : le regard de cette petite fille sur un monde dont elle ne connaît que l’enfermement , les vêtements rayés et la violence à toute heure .
Émotion au travers des personnages de Richard Friedlander ,Aimé , Judah et Fela qui auront donnés leur vie afin qu’Ava puisse vivre et témoigner de l’horreur.
Et puis sidération devant ce que peut devenir un être humain. Comment est il possible qu’un être humain puissent s’enfoncer dans l’abîme au point de tuer ses enfants.
Je terminerais par l’émotion profonde que j’ai ressenti à la lecture de l’un des feuillets que détenait Ava.
Dans ce texte il est dit le nom des personnes qui ont connu Richard Friedlander , qui ont pris la suite et qui sont morts à sa suite.
Le début du texte donne les noms des personnes et ce qu’ils sont.
Et puis la qualification des personnes se fait plus rares jusqu’à
je m’appelle Valery Munz je suis né en Belgique
je m’appelle Olga Munz j’étais la femme de Valery…
je m’appelle Léonie Kiffer, je suis née…
je m’appelle Adam Pollock, je…
je m’appelle Helga…
Je m’appelle…
je….
Judah est mort hier (……) Nous porterons ces lettres jusqu’à toi Magda Goebbels.
Émotion devant
Cette cohorte d’affamés , de corps déglingués , cette cohorte dans l’urgence de la mort et de la vie
cette cohorte dont on à piétiné les rêves mais cette cohorte vivante par Ava.

Le Koh – I – Noor. William Dalrymple et Anita Anand. Editions Noir sur Blanc 💛💛💛

Koh-I-Noor par Dalrymple

Livre reçu dans le cadre d’une Masse Critique privilège. Merci à Babelio et aux Editions Noir sur Blanc de m’avoir fait découvrir ce livre.
Il s’agit de l’ histoire d’un diamant qui a une époque a été le plus gros diamant du monde : le Koh-I – Noor.
Le livre pourrait être un roman mais en réalité c’est la narration de 150 ans d’histoire entre l’inde , le Penjab , la Compagnie des Indes Orientales et l’empire britannique.
Les auteurs de livre ont voulu dissiper les malentendus qui restaient accrochés à la mythologie de ce diamant.
William Dalrymple est un historien spécialisé dans la littérature du voyage et vivant en Inde à Dehli. Anita Anand est une journaliste originaire du Penjab.
Le Koh – I – Noor est bien un livre de littérature de voyage.
Nous allons suivre sur 200 ans les tribulations du plus gros diamant du monde.
Si ce n’était que cela , ce livre n’aurait pas d’intérêt particulier.
Mais ce livre est surtout l’histoire des peuples et des pays aux confins de l’Inde. le Koh – I – Noor a bouleversé la géopolitique et la vie d’un certains nombre de Maharajas.
Pour résumé ce diamant et toutes les pierres joyaux et spinelles sont le trésor d’un Maharaja et d’un pays. Ce diamant va être la vitrine de certaines régions d’Iran , d’Afghanistan mais aussi du Penjab et de la compagnie des Indes Orientales.
Ce pouvoir à travers le Koh – I – Noor va modeler l’histoire de cette région : Penjab -Sikh mais aussi l’empire britannique
Je vous laisse découvrir les pérégrinations de ce diamant mais surtout des hommes et des femmes de cette région.
Pour l’anecdote nous retrouverons pas loin de ce diamant le Duc de Wellington vainqueur de Waterloo.
Nous passerons beaucoup de temps auprès de Dulip Singh maharaja déchu vivant en Angleterre ,mais au terme de sa vie voulant redonner vie à sa diamant au Penjab.
A l’heure actuelle ce diamant est toujours la propriété de la Couronne britannique et les diplomatie indienne , pakistanaise n’ont de cesse de ramener le Koh – i – Noor sur sa terre natale.
Ce livre est une belle découverte sur l’histoire du Penjab du Pakistan et de l’Inde mais aussi une confirmation des méfaits de la colonisation et des guerres fratricides.

4321 . Paul Auster. Actes Sud 💛💛💛💛💛

4 3 2 1 par Auster

Avant de se confronter à 4321 de Paul Auster , il faut se préparer , comme on se prépare pour une aventure ,une expédition.
Nous voila devant un livre de plus de 1 000 pages pesant au propre comme au figuré son pesant de phrases, de chapitres , d’érudition littéraire et d,histoire des Etats Unis entre 1950 et 1970.
Se confronter à un livre de plus de 1 000 pages cela veut dire que la lecture peut être longue et prendre quelques jours ou semaines. Doit -on s’atteler à cette seule lecture ou doit on intercaler des livres plus courts pour s’offrir un sas.
Les quelques informations glanées sur le livre me disait que l’écriture de Paul Auster avait changé et que le livre était fait de longues phrases pouvant atteindre jusqu’à 25 lignes.
Ces même informations m’indiquaient que le livre détaillait la jeunesse et l’adolescence d’un jeune homme mais sous quatre angles différents.
Armé de toutes ces infos , je me lançais tête la première dans la lecture de 4321 et de la jeunesse d’Archibald Ferguson.
Il faut être honnête et dire que la mise en route sur les 150 premières pages fut un peu difficile. Difficulté due au découpage du roman avec la vie des quatre Ferguson racontée par tranches les unes après les autres.
Quelques pages avec Ferguson 1 puis idem avec Ferguson 2 3 et 4.
Il faut s’imprégner de la famille Ferguson. L’avantage c’est que Archie Ferguson 1 2 3 ou 4 a les mêmes caractéristiques physiques mentales ,tout comme sa famille ,quelque soit le numéro du Ferguson. Cela facilite la compréhension sachant qu’entre les chapitres consacrés à chaque Ferguson il y a des interactions.
Restaient encore deux écueils :
1/Est il raisonnable de lire parallèlement d’autres livres ?
2/ Dans la lecture la tentation est grande de lire à la suite chaque histoire de Ferguson au lieu de suivre la chronologie du livre.
Après m’être échappé sur une autre lecture , j’ai vite compris qu’il fallait que je reste fidèle à 4321
Et j’ai aussi décidé de suivre la chronologie qu’avait mise en place Paul Auster
Une fois ces postulats compris et intégrés la lecture de 4321 devient plus simple et assez entêtante.
Nous sommes confrontés à 4 Ferguson qui vont vivre différemment leur jeunesse, leur adolescence et leur arrivée au monde adulte.
Ces bifurcations dans leur vie seront dues au travail des parents , à la vie de couple des parents , à la famille mais aussi au rapport à la mort d’un être cher.
Ces 4 déclinaisons possibles de la vie d’Archie Ferguson sont complètement imbriquées dans la vie sociale , politique des Etats Unis entre 1950 et 1970.
Comme à son habitude Paul Auster pose ses personnages autour de New York et de Brooklyn. Comme à son habitude Paul Auster nous fait part de sa francophilie et de son goût du cinéma , de la poésie et du base-ball.
Comme je l’ai dit plus tôt Archie Freguson est UN et ces quatre déclinaisons reprennent ce UN.
Ce qui fait que les 4 Ferguson sont des épris des lettres , de l’écriture ,du cinéma et de la poésie et que chacun pendant son adolescence et ses études va chercher à se réaliser par le journalisme , l’édition où l’écriture.
Dans ces 1000 pages au gré des identités de Ferguson , nous serons plongé dans l’Amérique politique avec l’assassinat de Kennedy et Martin Luther King , dans l’Amérique en guerre avec la guerre du Vietnam, dans l’Amérique sociale avec la ségrégation raciale ( émeute de Newark) , mais aussi dans l’Amérique universitaire de Columbia et Princeton avec la rebellion et les émeutes estudiantines.
Les 4 Ferguson traverserons différemment ces Amériques et à travers ces traversées nous retrouverons les grands thèmes chers à Paul Auster : la recherche du père – la difficulté de vivre en couple – le sexe est il amour ? et inversement et puis son amour pour la littérature la poésie et le cinéma.
Et sa passion inextinguible pour le base ball. Ce qui donne des pages qui sont assez ardues à lire pour un Frenchie.
Enfin dans ce livre courre de la première à la dernière page la quête de l’identité .
Notre identité se réalise t ‘elle entre 0 et 20 ans.
Quels choix avons nous ?
Qui sommes nous , notre passé est il important. Serions nous tous des immigrés ?
Quelle importance de s’appeler Reztnikoff , Ferguson ou Rockefeller ?
4321 est un grand livre sur la recherche de soi et de nos vies possibles ou rêvées.
Lancez vous dans l’aventure et l’expédition de 4321 .
C’est une aventure humaine hors norme.
J’ai le souvenir des paroles d’une chanson des Cow-boys Fringants , groupe canadien de musique rock
La chanson s’appelle Droit Devant.
Elle est pour moi un joli reflet au livre de Paul Auster.
Prépare toi petit garçon
Elle s’ra longue l’expédition
Et même si on n’en revient jamais vivant
Il faut marcher Droit Devant
Quand il était haut comme trois pommes
Et qu’il n’était qu’un tout petit bonhomme
On le poussa hors du berceau
Lui mettant un baluchon sur le dos
Le bagage vide d’expérience
Il posera le pied dans son existence
On n’est pas sitôt arrivé
Que l’on doit faire face à sa destinée
D’abord il faut franchir ce fleuve
Qui est l’enfance de toutes les épreuves
Là où même sa propre famille
Risque de le couler par la torpille
Déjà on saura si sa coque
Et son bateau traverseront les époques
Ou bien s’il ramera à la dure
Dans une chaloupe remplie de fissures
Prépare toi petit garçon
Elle s’ra longue l’expédition
Et même si on n’en revient jamais vivant
Il faut marcher Droit Devant
Puis vient ce passage obligé
Dans cette forêt parfois agitée
Là où en plus d’chercher sa voie
On est souvent perdu au fond de soi
C’est en sortant de cette allée
Qu’il pourra prendre les routes pavées
Ou se contenter d’une avenue
Précaire en dehors des sentiers battus
Prépare toi petit garçon
Elle s’ra longue l’expédition
Et même si on n’en revient jamais vivant
Il faut marcher Droit Devant
Enfin vient la montagne hostile
Et son ascension au mille périls
Où les victoires sont triomphales
Mais où les chutes sont souvent brutales
Seuls quelques-uns se hissent en haut
Et réussissent à planter leur drapeau
La plupart stoppe à mi-trajet
Et se résigne bien à court du sommet
Prépare toi petit garçon
Elle s’ra longue l’expédition
Et même si on n’en revient jamais vivant
Il faut marcher Droit Devant
Quand viendra l’âge du bilan
L’important sera que tu sois content
Car on fait ce qu’on peut dans la vie
Tout dépend de ce qu’on a comme outils
On voudrait tous être aux commandes
Mais l’offre est plus petite que la commande
Que l’on soit minus ou géants
Il faut être fort pour traverser le temps.
Bonne chance