La petite zone avec de la lumière de Sébastien Ménestrier. Editions Zoé. 🟩🟩🟩◼️◼️

La petite zone avec de la lumière.

Sébastien Ménestrier

Editions Zoé

ISBN : 978-2-88907-4-808 Août 2025

128 pages.

Bastien vient de sortir de Saint-Louis, en haut de la colline. Burnout, dépression, problèmes psychologiques. Il retrouve la rue, les gens, le travail, et surtout la famille. Sa mère Coco, sa soeur Anouk au corps blessé, son fils Nino et son ex Fanny.

Pour son retour à la vie et au travail, Bastien est embauché comme AESH (accompagnateur d’élève en situation de handicap) auprès de Thomas.

Par fragments, entre novembre 2018 et mars 2019, Sébastien Ménestrier va nous entrainer dans La petite zone avec de la lumière.

La petite zone avec de la lumière est un vers de Sandra Lillo.

« Tu ne me vois pas, alors je te le dis.

J’écris.

Je suis dans la petite zone avec de la lumière. »

Écrire, un échappatoire pour Bastien et pour relier les fragments de sa vie.

Dans ce cours roman, Sébastien Ménestrier va décrire la reconstruction de Bastien avec violence ou délicatesse. Cette reconstruction rassemble un trop-plein de thèmes qui finissent par parasiter le propos. Entre l’accident d’Anouk, la colère de la rue, les gilets jaunes, les retrouvailles familiales, les fragments se diluent un peu, beaucoup. Néanmoins reste une petite musique, une poésie, qui parlent de l’intime et de l’humain. Simplement.
Roman lu dans le cadre du Prix du livre 2025 de la librairie Au bord du jour – Voiron- Isère. Jury

Sébastien Ménestrier est né en 1979. Pianiste et enseignant, il met en scène des personnages dont la fragilité intérieure fait mouche et donne leur grâce brute à ses livres: Où la chanson va (Zoé, 2023), Le chant de Shilo (Zoé, 2022) et Pendant les combats (Gallimard, 2013), finaliste du Goncourt du premier roman et lauréat du festival de Chambéry.

Voyage voyage de Victor pouchet. L’arbalète Gallimard. 🟩🟩🟩🟩◼️

Voyage voyage

Victor Pouchet

L’arbalète Gallimard

ISBN : 978 – 2- 07311 – 908 – 7 Août 2025

192 pages

Embarquez avec Victor Pouchet. Acceptez de partir. Laissez vos préjugés. Croyez à la poésie, aux rêves, à l’amour.

Orso et Marie s’aiment mais leur quotidien se fracasse sur un chagrin brutal, existentiel. Que faut il faire ? Assumer, subir, prendre un chemin de côté.

Orso imagine un road trip en France avec comme idée, la visite de musées insolites : musée des Poids et mesures, musée du Fer, de l’Amiante, musée de la Gendarmerie, musée du Pigeon.

Ce road trip muséal va rythmer notre connaissance de la vie de Marie et Orso et nous faire découvrir l’origine de ce chagrin brutal. L’écriture délicate de Victor Pouchet nous entraine sur les chemins de l’école buissonnière entre tendresse, amour et résilience.

Qui n’a jamais pensé tout laisser et partir, faire un pas de côté ? Un pas de côté pas toujours maitrisé mais diablement libre. Une thérapie sur les chemins de traverse pour Marie et Orso.

Il fut agréable de voyager aux côtés de Marie et Orso. Il sera toujours temps de rentrer à la maison.
Livre lu dans le cadre du Prix du livre 2025 de la librairie Au bord du jour – Voiron – Isère. Jury

Victor Pouchet est né le 8 mai 1985 à Paris. Agrégé de lettres modernes, ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon après une khâgne au lycée Fénelon de Paris, il commence une thèse sur les descendants de Stendhal dans la critique au XXe siècle, puis l’abandonne pour commencer à Brest, avec deux amis, un « Tour du Monde de France de Bretagne » à pied par étapes annuelles, prévu pour s’achever en 2060. Il a été programmateur à la Maison de la Poésie de Paris entre 2013 et 2024.

Son premier roman, Pourquoi les oiseaux meurent , raconte une enquête sur une pluie d’oiseaux morts survenue dans la banlieue de Rouen. Publié aux éditions Finitude, il a reçu le Prix littéraire de Trouville.

Son deuxième roman, Autoportrait en chevreuil  est paru en 2020 aux éditions Finitude. Il figure dans la sélection du prix du Roman des étudiants France Culture-Télérama  et a reçu le prix Prix Blù Jean-Marc Roberts et le Prix Jesus Paradis .

On m’a jeté l’oeil de Anya Nousri. Le Castor Astral. 🟩🟩◼️◼️◼️

On m’a jeté l’oeil

Anya Nousri

Le castor Astral

ISBN : 978 – 2 – 89801 – 211 -2 Avril 2024 ( Montréal) Août 2025 ( Paris)

117 pages

On m’a jeté l’oeilAnya Nousri est un premier roman qui ne laisse pas indifférent sur la forme. Comme il est indiqué en note d’éditeur : « Afin de respecter l’intention de l’autrice, et proposer une expérience de lecture radicale, les termes arabes, kabyles et créoles ne sont pas traduits. »

Le roman est irrigué par une langue pluriethnique passant du français au verlan, au kabyle, au québécois. Cette radicalité de la forme m’a fortement perturbé et m’a empêché de m’attacher au fond du roman qui se veut lui aussi radical et subversif.

L’autrice aborde la charge culturelle, féminine, sexuelle et identitaire d’une jeune femme algérienne aux prises avec les différentes cultures qu’elle traverse. Comment être une femme libre quand on est ballotée entre traditions kabyles, mercantilisme occidental, réseaux sociaux et place de la femme.

Des interrogations importantes, essentielles. Malheureusement pour moi, la forme a pris le dessus et celle-ci a supplanté ces interrogations.

Souvent la radicalité empêche le dialogue, la compréhension. Cette radicalité est aussi un cri, un besoin de reconnaissance. Je les ai entendus mais je n’ai pu les atteindre.
Lu dans le cadre du prix de la librairie Au bord du jour ( Voiron – Isère ) . Jury

L’autrice Anya Nousri a récemment remporté le Grand Prix du livre de la Ville de Sherbrooke, dans le volet création littéraire, pour son premier roman, On m’a jeté l’oeil, publié aux éditions Triptyque. Un roman court, incisif, poignant.

L’autrice est née à Montréal, de parents algériens, mais elle étudie depuis deux ans à l’Université de Sherbrooke. La narratrice de son histoire navigue entre traditions et rationalité, entre superstitions et soif de liberté. Ce personnage-là, même si elle a ses réticences face à sa posture occidentale, elle s’y plonge quand même dans ces rituels. Même si elle dit qu’elle n’y croit plus, ce personnage souhaite chérir cet héritage, explique Anya.

Anya Nousri est un nom d’emprunt. Quand j’ai écrit ce livre, j’avais vraiment envie d’écrire tous les enjeux et toutes les nuances dont j’avais envie de parler, et de le faire avec toute la liberté possible, affirme l’autrice, qui s’est également créé un personnage, question de briser les codes.

Il faut le dire, Anya arbore un style assumé qui peut surprendre. Qui intrigue, à tout le moins. Elle porte des vêtements colorés et un masque perlé.

Et brûlent les enfances de Virginie Noar. Les Pérégrines. 🟩🟩🟩🟩🟩

Et brûlent les enfances

Virginie Noar

Les Pérégrines

ISBN : 979 – 1 – 02520 – 673 – 7 Août 2025

222 pages

Et brûlent les enfances de Virginie Noar est un coup de poing, un coup de coeur. Et brûlent les enfances, raconte la réalité d’une famille rattrapée par des renoncements, des cruautés. Et Virginie Noar nous délivre cela à hauteur d’enfant.

Alice, enfant de huit ans à l’époque, nous rapporte un récit à la mémoire incomplète. Alice est la narratrice principale. Il existe un autre narrateur. Celui-ci est un regard, un oeil, une photographie.

Ce regard, cet oeil vont régulièrement planter le décor : une chambre, un bureau, les détails d’une cuisine et puis une carte postale de la tour Eiffel.

Dans cette chambre Alice y cache ses silences. Dans un coin de la chambre, son petit frère dort. Alica a deux petits frères, Baptiste et Samy. Dans cet appartement populaire, il y a aussi Annick, la maman. Celle-ci a quitté son mari, et est partie avec ses trois enfants pour cet appartement populaire.

Un jour, Annick présente à ses enfants Adama. Alice et ses frères l’accueillent avec joie et espoir. Et puis arrive la naissance de Marie et Alice, qui nous dit : « Avant Marie, la vie ressemblait à une errance infinie sur terrain vague, grands espaces et pâle caillasse. Certain de trouver quelque chose de valable au bout du chemin rocailleux, je ne rêvais qu’à cette petite soeur qui viendrait un jour ou l’autre embellir les ennuis. Au fond, il s’agissait sûrement du désir de conserver l’enfance, paradis perdu et tout le tintouin, acte désespéré contre le temps déployant à toute vitesse ses emmerdes et ses rides. »

Le bonheur ne durera pas. Chacun va devoir composer avec un délitement familial. Alice, en grande soeur, va protéger au mieux ses frères et sa jeune soeur de cette vie devenue précaire.

Virginie Noar nous transporte et nous émeut auprès de cette famille cabossée, où l’amour reste présent. Les failles, les secrets, les difficultés se retrouvent dans les gestes anodins du quotidien et dans l’exigüité d’un appartement.

Virginie Noar nous touche par la finesse psychologique des personnages, par la justesse des situations et le regard que porte Alice sur le monde qui l’entoure.

Son écriture au plus près des personnages est simple, fluide et tellement juste. Elle nous rappelle ce que l’enfance recèle de non-dits et de traumatismes à venir. Un roman brûlant que l’on referme entre tendresse et violence, en gardant en mémoire les (nos) parts d’enfance volées.
Lu dans le cadre du Prix Livre 2025 de la librairie Au bord du jour – Voiron – Isère. Jury.

Virginie Noar, pigiste et travailleuse sociale, a trente-cinq ans. Elle exerce dans un espace de rencontre parents-enfants. Le Corps d’après est son premier roman. Elle réside en Ardèche, à Joyeuse.

La hideuse de Reine Bellivier. Christian Bourgeois Editeur. 🟩🟩◼️◼️◼️

La hideuse

Reine Bellivier

Christian Bourgeois Editeur

ISBN : 978 – 2 – 26705 – 535 – 1 Août 2025

198 pages

La Hideuse est le premier roman de Reine Bellivier. Premier roman sous forme d’enquête qui peut supposer une part autobiographique.
A la fin des années 1950, dans un bourg des Deux Sèvres, Marguerite, mariée et mère de trois enfants, quitte le domicile familial et disparaît sans un mot.
Des années plus tard, sa fille, la narratrice, enquête pour comprendre les raisons et les circonstances de cet événement.
Cette enquête va permettre de confronter les bribes de l’histoire et comprendre peut être les raisons de la disparition de Marguerite.
Cette enquête va aussi mettre en lumière la condition féminine dans les années 1950 et le besoin d’émancipation en n’étant pas seulement  » l’ange du foyer »
La narratrice va aussi s’appuyer sur des textes indices littéraires qu’elle trouvera chez Virginia Woolf ou Emil Ferris.

L’écriture du livre et la structure de celui-ci est ambitieuse. Malheureusement cette ambition se heurte pour moi à une confusion dans la lecture et la compréhension.
Je me suis lancé dans la lecture des premières pages du roman et j’ai du faire machine arrière et recommencer car je ne rentrais pas dans l’écriture et l’histoire.

Je suis donc resté un peu extérieur au roman malgré ses qualités de style et d’écriture.
Le titre du roman La hideuse m’interroge. Hideux ou hideuse est dit d’une personne d’une laideur repoussante ou moralement ignoble ou affreuse ( définition Larousse )
Dans l’ouvrage Reine Bellivier nomme les maris ou compagnons de sa mère : le Premier, l’Autre.
La hideuse caractérise semble-t-il Marguerite. Est-il possible que sa fille qui enquête sur sa mère ait cette impression. Où est-ce ce que ressentent les personnes ayant connu Marguerite.
 » Finalement la seule victime ici, c’est la fée du logis, l’ange du foyer. Est -ce que le prix a été payé ? oui, je crois. « 

Livre lu dans le cadre du Livre 2025 de la librairie Au bord du jour – Voiron – Isère

Reine Bellivier est née en 1982 et vit à Nantes. Son enfance a été marquée par le bocage des Pays de la Loire et plusieurs longs séjours à l’étranger. Après des études de lettres, elle coordonne des projets éditoriaux en indépendante. La Hideuse est son premier roman.

Marathon de Nicolas Debon. Dargaud. 🟩🟩🟩🟩◼️

Marathon

Nicolas Debon

Dargaud

ISBN : 978 – 2- 20507 – 821 – 3 Juin 2021

120 pages

Marathon, sorti en 2021, est un roman graphique de Nicolas Debon. Ce roman graphique retrace le marathon de 1928 aux jeux Olympiques d’Amsterdam.
La couverture du roman graphique résume parfaitement cette BD.
Un énorme bâtiment ,bétonné, quelques drapeaux. le tout dans des couleurs sombres, rouge orangé, sépia.
Et puis au bas de ce paquebot architectural une ribambelle de coureurs, la foulée ample . Les marathoniens qui sortent du stade.
Vous avez là les trois forces principales du roman. La quatrième , le petit algérien frêle ( français du fait de la colonisation), mécano à Billancourt et vainqueur du marathon apparaitra petit à petit.
Tout le roman sera fait de ce rouge, orangé sombre , mangé par ces bâtiments reconstruits à la fin de la première guerre.
Et puis il y a surtout la cohorte des marathoniens. Nicolas Debon nous plonge dans leurs courses. Que ce soit les américains sûrs d’eux, un chilien, un japonais, les finlandais, terreurs sur la distance et voulant succéder à Nurmi. Et puis il y a quatre françàis dont le numéro 71 El Ouafi Boughéra, le petit algérien mécano. Il est loin d’être le favori.
Nous sommes plongés dans leur course, haletante, difficile, à contre vent.
Pas besoin de texte, juste un dessin répétitif qui dit la longueur et la souffrance d’un marathon. Les visages se crispent, les pieds saignent. Et puis dans cette souffrance apparait El Ouafi qui va devenir champion olympique.
Cet exploit n’empechera pas une vie chaotique à El Ouafi.Il mourra dans des conditions non élucidées en 1959.
Marathon est une saga qui rend hommage à un homme peu connu, au sport . le tout avec un auteur qui devient tour à tour conteur, journaliste, chroniqueur et enfin dessinateur.

Nicolas Debon nait en 1968 en Lorraine. Après des études à l’École nationale supérieure d’art de Nancy, il déménage à Toronto en 1993 où il devient citoyen canadien . Il réside une dizaine d’années au Canada, et sera notamment dessinateur de vitraux, avant de suivre des cours du soir qui vont lui faire découvrir l’univers de l’illustration jeunesse. Ses premiers ouvrages sont publiés en Amérique du Nord, où ils ont été notamment finalistes des prix littéraires du Gouverneur général du Canada. Son premier travail pour l’édition française est paru en 2004.

Un été en mer : Voyage en Pélagos, sanctuaire de la Méditerranée. Simonetta Greggio et Olivier Weber. Actes Sud. 🟩🟩🟩🟩◼️

Un été en mer : Voyage en Pélagos, sanctuaire de la Méditerranée

Simonetta Greggio et Olivier Weber

Actes Sud

ISBN : 978 – 2 – 33020 – 707 – 6 Mai 2025

208 pages

Quelle belle idée d’avoir créée cette collection Monde sauvage pour une nouvelle alliance. Cette collection offre un lieu d’expression privilégié à tous ceux qui aujourd’hui veulent être à l’écoute du vivant.
En allant à l’écoute du vivant sur son territoire, les auteurs deviennent les meilleurs ambassadeurs du vivant.
Ce récit nous entraîne en Pelagos, un sanctuaire de la Méditerranée entre Cote d’azur, Corse et cotes italiennes. Pour nous entretenir de ce sanctuaire Pelagos deux écrivains.
D’abord Simonetta Greggio, italienne, scénariste , productrice et écrivaine.
Et puis olivier Weber grand reporter et écrivain.
Le récit se fait à deux voix de façon alternative. Chacun à tenu un journal pendant ce voyage à Pelagos.
Récit de rencontres humaines et animales. Récit de réflexion et de questionnement sur ce que devient la Méditerranée.
Récit sur l’urgence à protéger la biodiversité, à respecter les océans.
Cachalot, globicéphales resteront magiques.
Et comme il est dit en exergue : « Car je fus garçon et fille, et plante et oiseau et poisson qui trouve son chemin hors de la mer » Empédocle – Les purifications.

Simonetta Greggio, née le 21 avril 1961 à Rubano (province de Padoue) en Italie, est une romancière et traductrice italienne établie en France. Simonetta Greggio a fait ses études à la Faculté des lettres de Padoue. Arrivée à Paris en 1981, elle est journaliste pendant plusieurs années, collaborant à des revues et magazines divers dont CityTéléramaLa Repubblica. Elle partage sa vie entre ParisVenise et la Provence.

Olivier Weber, né le 12 juin 1958, est un écrivainreporterdiplomate et ancien correspondant de guerre français. Maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris, puis ambassadeur de France itinérant de 2008 à 2013, il est désormais président du prix Joseph-Kessel.

Le grand horizon de Lola Nicolle. Phèbus . 🟩🟩🟩◼️◼️

Le grand horizon

Lola Nicolle

Phébus

ISBN : 978 – 2 -7529 -1492 -7 Août 2025

202 pages

Vincent a une vie rangée, un boulet, une femme et un enfant.
Et Vincent va sortir de cette vie rangée en se lançant dans une course d’ultracyclisme : La Transcontinental Race. Une course qui relie deux points de l’Europe; le point le plus à l’est et le point le plus à l’ouest.
Course réelle qui a lieu tout les ans.
Pour son roman Lola Nicolle a choisi l’année 2019 où la Transcontinental Race reliée Bourgas ( Bulgarie à Brest en France.
Le but de cette course: traverser l’Europe en Quinze jours en parfaite autonomie. Juste 6 bornes obligatoires à checker. Pour le reste chacun suit sa route.
Pour Vincent il s’agit de se retrouver et de retrouver sa vie qui a pu lui échapper.
Ce qui a pu lui échapper : une amie d’enfance, un compagnon d’adolescence décédé, un ami cycliste.
Tout ce lit facilement avec un chapitre sur la course et puis un chapitre sur les amis et amies.
Peu d’interaction avec les personnes rencontrées dans les différents pays de ce périple.
De nombreux thèmes sont abordés dont l’écologie mais le tout de façon superficielle. Seule la réalité de le Transcontinental Race est approfondie.

Dans un style différent, hors compétition, le livre d’Emmanuel Ruben Sur la route du Danube explore cette même veine.
Deux copains à vélo remonte le Danube de l’embouchure à la source.
Un bon contre poids au roman le grand horizon.

Lola Nicolle est titulaire d’une licence de lettres modernes à l’Université Paris VII (2010-2013) et d’un master d’édition à Paris XIII (2014-2015).

Éditrice aux éditions de l’Iconoclaste depuis 2016, elle rejoint le groupe Delcourt en 2019 pour développer au printemps 2020 une collection de littérature française.

Elle est l’auteure d’un premier recueil de poésie, « Nous oiseaux de passage » (Blancs volants, 2017), et a participé à l’ouvrage collectif « Les Passagers du RER » publié aux éditions Les Arènes en 2019.

Elle signe son premier roman avec « Après la fête » (2019).

Nancy-Saigon d’Adrien Genoudet. Seuil. 🟩🟩🟩🟩◼️

Nancy – Saigon

Adrien Génoudet

Seuil

ISBN : 978 – 2- 02158 – 506 – 3 Août 2025

304 pages

Nous sommes en Lorraine en 2020. Simone est décédée depuis quelques années. Elle est enterrée dans le caveau familial. Et le caveau ne va plus pouvoir recevoir de nouvelles dépouilles. Il est décidé d’enlever le cercueil et de procéder à une incinération de Simone. C’est sa fille aînée, Edithe, qui en prend la charge.

En ouvrant le cercueil, Edithe s’aperçoit que sa mère a été enterrée dans un vêtement traditionnel vietnamien : un ao-dai. On ne se rappelle que d’une chose : le mari de Simone, Paul, lui avait envoyé cet ao-dai au début de la guerre d’Indochine avant de disparaître.

Le narrateur, neveu d’Edith, va hériter de cet habit et d’une boîte contenant la correspondance entre Simon et Paul. Une boîte sur laquelle il est écrit : Nancy – Saigon.

Cette correspondance va ouvrir une faille dans l’histoire familiale. le neveu reclus dans son studio à Paris lit, commente et recompose des vies. Au fil des lettres, un personnage apparait : François Tilleul, jeune soldat envoyé en Indochine.

Entre Paris, la Lorraine et l’Indochine se dessine une mémoire familiale douloureuse.

Ce n’est pas un roman de guerre, bien que les exactions soient présentes. C’est plutôt un roman familial avec un sentiment de mélancolie, de perte et de fatalité devant les événements.

Le style fluide imprégné des odeurs de la jungle nous dit aussi les secrets, l’indicible. Et pourtant il laisse en suspens une partie de cette histoire comme si l’ao-dai était éternel.
Lu en tant que jury du prix du Livre 2025 de la Librairie au Bord du Jour- Voiron – 38

Adrien Genoudet est docteur en études cinématographiques, en art et en histoire visuelle. Il a soutenu, en 2018, une thèse intitulée « L’effervescence des images. Les Archives de la Planète d’Albert Kahn », sous la direction de Christian Delage. ATER au Collège de France, il est attaché à la chaire du Pr Patrick Boucheron depuis septembre 2016.

Il reçoit, en 2017, le premier prix de la Fondation Hugot du Collège de France pour ses travaux.

Il est titulaire d’un master II Recherche en histoire et anthropologie des sociétés médiévales et modernes à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne obtenu en 2012.

Eclaircie de Carys Davies. La table ronde. 🟩🟩🟩◼️◼️

Eclaircie

Carys Davies

La Table Ronde

Traduction : David Fauquemberg

ISBN : 979 – 1 – 03711 – 469 – 3

192 pages

En 1843 le pasteur John Ferguson est envoyé sur une île septentrionale des Shetland pour
expulser le seul habitant : Ivar. John Ferguson va faire une chute depuis une falaise et va être
recueilli par Ivar.
John Ferguson est sur l’île pour le déplacement forcé d’Ivar. En manque d’argent il a accepté
cette mission car en tant que pasteur, il a fait scission avec l’Eglise presbytérienne afin de
développer la Nouvelle Eglise. À la suite de sa chute de la falaise, il a été recueilli par Ivar. Va
naître en eux une communauté faite de deux langues et d’un troisième personnage : Mary. Mary
est la femme de John Ferguson. Elle est restée en Ecosse. Mais lors de la chute de la falaise Ivar
a récupéré le portrait de Mary dans un cadre en cuir.
John et Ivar vont peu à peu s’apprivoiser autour de la langue norne, ancienne langue des
Shetland. Depuis la mort de sa grand-mère et de sa mère Ivar vit seul avec ses bêtes et son
rouet. Voir un autre humain est un bouleversement, un miroir. Rencontre inattendue de deux
inconnus
J’ai apprécié la lecture de ce roman du fait de sa concision. Concision des mots, des lieux, des
sentiments. L’autrice s’est servie de deux événements réels pour mettre en présence deux
personnages qui vont se découvrir petit à petit. Malgré la diƯérence de la langue, la raison de la
présence de John, chacun va accepter une éclaircie, une brève amélioration, une brève détente.
Des paysages durs et humides, des conditions de vie spartiates ne vont pas empêcher la
rencontre et la compréhension de l’autre. Une véritable éclaircie clôturera ce roman. Tout en
discrétion.

Lu dans le cadre du Prix 2025 de la librairie Au bord du jour à Voiron- 38. (Jury)

Carys Davies est l’auteur de deux recueils de nouvelles, qui lui ont valu d’être récompensée par le Frank O’Connor Award en 2015. Elle vit dans le nord-ouest de l’Angleterre.