Je ne connaissais pas Antoine Choplin. Il a fallu une Masse Critique de Babelio pour que je découvre ce livre dans la liste proposée. Vivant en Isère je ne pouvais qu’être intéressée et intrigué par l’idée de remonter l’Isère depuis sa confluence avec le Rhône jusqu’à sa source dans les glaciers de la Vanoise.
N’ayant pas reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique , je me le procurais et entamé la lecture de ce livre original.
Livre original dans sa forme avec cette remontée de l’Isère faite aux quatre saisons d’une année en suivant au plus prés possible les chemins de halage.
Antoine Choplin vit en Isére dans le Grésivaudan et cette marche déambulation est un retour aux sources.
Nous ne sommes pas dans un livre sur la randonnée et l’introspection. Il s’agit plus de bulles de 3 à 4 jours de marche sur un terrain connu d’Antoine Choplin. C’est une autre façon de voir de découvrir la région dans laquelle on vit , on travaille.
Chaque bulle de 3 jours correspond à une saison et à un tronçon de l’Isère à contre courant.
Et dans chacune de ses bulles Antoine Choplin se découvre et nous interroge sur l’écriture mais aussi sur l’industrialisation ou encore le tourisme.
Et pendant toutes les pages de cette déambulation , nous sommes heureux de marcher aux cotés d’Antoine Choplin et de ces compagnons de voyage ou de soirées.
Il nous donne à vivre une partie de son intimité . Quel plaisir de l’entendre parler du festival des Arpenteurs et des scènes obliques. Festival qui a lieu en Juillet aux Adrets dans le Massif de Belledonne en Isére.
Un festival qui veut parler de littérature de musique dans des lieux de montagne , éloignés tout en profitant de randonnées et de paysages magnifiques
Ce livre est un joli moment dans le temps et hors du temps.
Il m’a donné envie de repartir sur les chemins de halages de l’Isère vers La Sône et Saint Marcellin.
Mais il m’a aussi donné envie de repartir en montagne en compagnie d’un livre.
Un beau moment de lecture.
Les Chemins de Chartreuse. Promenade littéraire. Jean Sgard. PUG 💛💛💛💛
En ce dimanche ensoleillé de Mai 2017 , je me suis installé dehors face au Massif de la Chartreuse pour lire cet essai.
Pour un lecteur qui ne connaît pas la Chartreuse , le livre pourras paraître moins intéressant.
Encore que !
Les 200 pages de ce livre sont une déambulation de 700 ans sur les chemins de Chartreuse depuis l’installation de Saint Bruno au désert de Chartreuse jusqu’à Balzac et son médecin de campagne vivant dans les montagnes de Chartreuse,
Un essai qui fait réfléchir sur ce qu’est un chemin. A quoi sert il : lien-economie-religion -méditation etc….
Un essai qui parle de montagne de botanique de littérature de chrétienté, qui convoque Balzac,Chateaubriand,Lamartine,Rousseau ou encore Mandrin
Un essai qui nous rappelle que le Massif de la Chartreuse était le pourvoyeur en bois de la marine royale
Et puis il y a la Grande Chartreuse , ce monastère édifice mais aussi délimitant à lui tous seul ce massif de la Chartreuse et pour lequel existeront un Grand Chemin et aussi un chemin commercial et touristique
Cet essai est magnifiquement documenté et nous restitue une Chartreuse originelle qu’il me presse de retrouver sous mes pas lors de quelques randonnées dans les semaines à venir
Ce fût une belle après midi ensoleillée et à lire et contempler ce Massif de la Chartreuse et plus particulièrement le Grand Som sous lequel dans sa clairière verte et paisible, un monastère invite à prendre le Grand Chemin.

Merci Jean Sgard pour cette rêverie et promenade chartrousine .
Les Terres Froides Yves Bichet. Fayard 💛💛💛
Résumé de L’éditeur
« Tous les matins du monde… sont sans retour. » Voilà bien une phrase, martelée par la mère pendant des années, qui peut marquer toute une vie. Celle du narrateur, sûrement arrivé à l’âge adulte, pris au jeu du « je me souviens ». Un narrateur-auteur né en Isère, dans la région des Terres froides, non loin du mythique lac de Paladru, avec sa cité lacustre et ses chevaliers-paysans. Terre de l’enfance, imprégnée par la poésie des brumes..
De passage à la librairie Les Lucioles à Vienne ,mon regard est attiré par un livre : Les Terres froides d’Yves Bichet . Est ce que ce livre parlerait de la Région de l’Isère où j’habite ?
Je lis la quatrième de couverture. C’est bien cela. J’achète le livre et dès le retour à la maison je me plonge dans sa lecture.

Je connais Yves Bichet pour avoir déjà lu deux de ses livres : La part animale et
L’homme qui marche. Je me souviens de lecture un peu difficile et rude.
Que va t’il en être cette fois ci ?
Je ne suis pas originaire de ces Terres Froides de L’Isère .Cette région m’a acceuili il y a 40 ans , alors que mes origines sont les Flandres françaises .
Et bien le livre d’Yves Bichet à partir de ces souvenirs d’enfance et des personnages qui la compose fait revivre ces Terres Froides. le Style d’Yves Bichet reste égal à lui même et ça râpe un peu !
J’ai retrouvé dans les personnages , les descriptions les Terres Froidesque j’ai découverte depuis 40 ans. Ces Terres Froides où les histoires de capteurs de vipères courent le long du Barbaillon ou de la Bourbre. J’ai retrouvé au travers des Rogations ,les pèlerinages et les processions que ce soit à Notre Dame de la Milin ou encore à La Salette de Bevenais.
Et encore la description climatique et géographique des Terres Froides.
Yves Bichet n’y va pas avec le dos de la cuillère: le froid la neige le brouillard tout l’hiver. Ceux sont des souvenirs d’enfance.
J’ai les mêmes sur mes hivers d’enfance dans les Flandres .
J’ai le souvenir d’hiver complet d’humidité de froid de bruine et de grisaille.
Est ce la réalité climatique ? Non seulement les souvenirs de notre enfance
C’est la même chose pour les Terres Froides.
C’est une région dure et froide mais elle ne se résume pas au brouillard et au froid
Ce pays de collines entre les plaines lyonnaises et les Alpes reste un havre de paix de calme et de ruralité .
Se ballader sur ces collines avec la vue sur le Mont Blanc ,Belledone et la Chartreuse est toujours un ressourcement . Et dans le vent on entend toujours les chants et prières des Rogations ,le sifflement des vipères mais aussi la douce nostalgie des histoires d’amour de l’enfance d’Yves Bichet .
Si un jour vous prenez l’autoroute entre Lyon et Grenoble vous traverserez ces Terres Froides. Après Bourgoin l’autoroute vers Grenoble serpente dans les collines . Vous y êtes . Vous êtes dans les Terres Froides. Après avoir passé le Col de Rossatiere un ensemble de collines s’ouvrent à vous. C’est le pays d’Yves Bichet : Virieu,Chabons , Burcin.
C’est le pays de « La Barthélemy » cette maitresse dont le bureau devient une prison malodorante
C’est le pays d’Antoine le copain ,l’âme soeur
C’est le pays d’Elisabeth, de l’amour et du coup de foudre , le vrai.
Depuis 40 ans c’est aussi mon pays .
L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante. 4 tomes . Gallimard 💛💛💛
Me voilà arrivé au terme de la saga d’Elena Ferrante : L’amie prodigieuse. J’en ressort avec un sentiment mitigé. Autant j’avais adhéré aux deux premiers tomes : l’enfance , l’adolescence de Lena et Lila, leurs premiers émois amoureux mais aussi le Naples ouvrier et populaire et puis les règles de la société italienne avec en sourdine les coups de basses de la Camorra. , autant les Tomes 3 et 4 ne m’ont pas convaincu.
Vous trouverez ci- dessous mon appréciation sur chacun des tomes
L’amie prodigieuse Tome 1
Premier tome d’une série de quatre L’amie prodigieuse nous plonge dans l’Italie des années 1950 et plus particulièrement à Naples ou nous suivons deux enfants : Lila ou Lina et Lena ou Lenu qui est la narratrice.
Nous sommes dans un quartier pauvre de Naples au milieu de ces familles et de cette vie trépidante
Il y a la famille Cerullo,famille de Lila dont le Papa est cordonnier tout comme
son grand frère Rino
Il y a la famille Gréco,famille de Lina dont le Papa est portier à la mairie
Et puis il y a la famille Caracas dont le père Achille est l’ogre dont ont peur les enfants
Et puis la famille Peluso,famille de menuisier
Et puis les familles…..Capuccio Sarratore Scano Spagnuolo et Solara
Comme c’est un livre d’enfance il y a aussi les enseignants Ferrari Oliviero Gerace et Galiani
Et puis il y a Naples la mer et le soleil les années 1950 la Lambretta et la Millecento
C’est le livre d’une amitié entre 2 petites filles Lina et Lenà, qui ne vont pas vivre la même scolarité
Car pour l’une le travail prend le pas sur les études
C’est le livre de l’enfance,de l’adolescence des groupes de copains
C’est le livre des peurs,des rencontres,de la transformation
C,est le livre de Naples,des petits métiers des mamans
Une paire de chaussures Cerullo sera le fil conducteur et agregera une partie de l’histoire tout en nous faisant comprendre en filigrane que la Mafia n’est pas loin
L ‘écriture de Elena Ferrante nous transporte dans ces quartiers populaires et pauvres avec précision et avec de beaux moments de poésie
Nous partageons Naples la travailleuse et nous devinons Naples la méditerranéenne avec sa baie et l’île d’ Ischia
Pourtant l’instant le Vésuve reste une ombre discrète sur Naples et la saga de L’amie prodigieuse
L’amie prodigieuse Tome 2. Le nouveau nom.
Quel plaisir de retrouver les personnages d’Elena Ferrante , de retrouver Lila et Lena , de retrouver l’Italie et Naples.
Quel plaisir de retrouver l’écriture fluide et précise d’Elena Ferrante.
Me voila de nouveau plongé dans les vies de Lila et Lena , dans cette vie napolitaine rude , violente.
La totalité de ce livre nous fait vivre avec Lena et nous donne à voir les fluctuations de leur amitié et de l’importance de l’attirance de l’une vers l’autre.
Le 1er tome nous avait laissé entrevoir les chemins différents que prenaient Lila et Lena.
Ce deuxiéme tome amplifie ces chemins
Lila s’est marié avec Stefano mais son mariage est un naufrage
Lena poursuit ces études et découvre Milan -Pise et Paris.
Un long passage du livre se passe sur l’Ile d’Ischia ou Lila , Lena passent leur vacances d’été avec Nunzia la mére de Lena et la rencontre de Nino Sarratore
C’est un moment de lecture extraordinaire. Psychologie de cette bande de jeunes -jeu de séduction – grandeur des caractéres de Lila et Léna.
j’ai beaucoup apprécié la liberté que conquiert Lila malgré les grilles de son mariage et la morale napolitaine.
Quelle force de caractère , quelle envie d’être droite , d’être femme et de vivre sa vie .
L’amie prodigieuse Tome 3 . Celle qui fuit et celle qui reste.
Elena Ferrante poursuit l histoire des deux amis Lila et Lina
Elles sont devenues trentenaires et mère de famille.
l’une est restée à Naples , l’autre est partie vivre à Florence.
Ce troisième tome va nous dérouler la vie de LIla sur Florence et les regards qu’elle porte sur Lina rester à Naples.
Tout cela au contact des années 1970 /1980 dans cette Italie sociale où communisme démocratie chrétienne lutte des gauches et brigades rouges dominent la vie culturelle et politique italienne en ajoutant en filigrane la mafia
malgré cela ce troisième tome reste pour moi une déception.
l’histoire se dilue et tourne en rond autour de nos deux personnages féminins
l’écriture d’Elena Ferrante est toujours fluide et agréable mais par rapport au tome 2 , celui ci manque de fond et de psychologie.
nous restons sur des questionnements sur l’amour ,les hommes les femmes
la narration de l’amitié entre Lila et Lina et des personnages qui peuvent passer de l’une à l’autre reste l’idée centrale du livre et malheureusement ne sont pas développé de façon plus importante la situation politique italienne
ça ronronne
L’amie prodigieuse Tome 4. L’enfant perdu
Comment parler d’une amie prodigieuse ( Lila ou Lena ?) alors que tout cela ressemble beaucoup à une relation toxique.
Que penser de Lila qui subit sa vie, ses relations avec les hommes mais aussi avec ces filles.
Pour quelles raisons revient elle vivre dans son quartier populaire de Naples :par amitié ou par opportunisme . La relation toxique.
Peut on trouver réaliste ces différents voyages professionnels à travers l’Italie ou la France laissant ces enfants des semaines entières soit à Gênes chez ces ex beaux parents ,à Florence chez son ex mari ou encore à Milan chez une amie ou encore à Naples chez Lila. Ces enfants Dede et Elsa qui étaient en âge d’être à l’école.
C’est un exemple des facilités d’écriture qui m’ont dérangé tout comme la façon de plaquer l’histoire politique et sociale de L’Italie. Une ligne pour mentionner l’attentat de Bologne. A peu près autant pour parler de l’assassinat d’Aldo Moro.
Quand au terrible tremblement de terre du 23 Novembre 1980 qui frappa Naples et sa région, il permet à Elena Ferrante de mettre en situation Lila et Lena dans une voiture et c’est tout.Le tremblement de terre n’a aucune répercussion physique, psychologique sur les autres personnages
Enfin que dire des 3 ou 4 pages sur Naples à la fin du livre. Vraiment plaqué
Voilà cette critique pour dire ma déception sur la fin de cette saga.
Je mets 3 étoiles pour l’ensemble de l’oeuvre et la fluidité de l’écriture d’Elena Ferrante mais je ne partage pas les avis des observateurs qui disent qu’Elena Ferrante possède l’une des voix les plus fortes de la fiction contemporaine.
Lettre au dernier grand pingouin. Jean Luc Porquet . Editions Escales 💛💛💛💛
Je viens de passer quelques heures avec un Grand Pingouin.
Vous ne connaissez peut être pas le Grand Pingouin ( je ne le connaissez pas avant moi-même)
Il s’agit d’un alcidé de 80cm de haut avec un très grand bec un manteau de plumes noires et blanches , des pattes palmées à 3 doigts et 2 moignons d’ailes.
Si vous souhaitez le rencontrer il faudra aller dans les musées d’histoire naturelle à Nantes le havre Abbeville ou encore dans les réserves des musées de Lille ou Saint Omer.
Le grand pingouin a disparu de la surface de la Terre en 1844.
c’est de ce constat qu’est parti Jean Luc Porquet pour écrire Lettre au dernier grand pingouin.
Cette lettre est un plaidoyer pour l’écologie , la nature et les animaux.
c’est aussi une réfléxion sur la place de l’homme , sur sa responsabilité dans le monde qu’il fabrique.
c’est une réfléxion érudite et vulgarisatrice sur notre écologie , sur notre économie sur notre pouvoir.
les cycles naturels de la terre ont fait qu’il y a eu cinq extinctions.
Nous sommes entrain de vivre la sixième. La différence par rapport au cinq autres c’est que celle -ci n’est pas entièrement naturelle.
c’est l’Homme lui-même qui est le chef d’orchestre.
Et Jean Luc Porquet de développer les thèmes de la croissance verte , de la décroissance.
De réfléchir sur l’intérêt de protéger le monde animal avant de protéger l’homme . Est ce normal ?
De réfléchir à un monde où l’on ne mangerait plus d’animaux ni les produits dérivés. Est ce bien le véganisme ?
Et puis il y a des moments de poésie autour des lucioles , des papillons , des petits déjeuners dans la maisonnette.
Je serais juste partagé sur la fin du livre où il termine en retournant au grand silence.
Est il trop tard pour agir ?
Cette élégie funèbre et désabusée est semble -t -il sans espoir.
je ne le pense pas . Toutes les actions entreprises ,même infimes sont un maillon sur le chemin de la terre.
Je terminerais par une anecdote personnelle.
Il y a quelque temps j’ai visité le Musée d’Histoire Naturelle de Paris et sa galerie de l’Evolution et la salle des espèces disparues
J’étais avec ma petite fille de 5 ans
Elle est restée sidérée devant le Dodo et elle a pleuré.
Elle disait : pourquoi il a disparu ? pourquoi il ne peut plus vivre ?
Dans ces pleurs il y avait une réelle émotion et une réelle incompréhension.
Ce livre de Jean Luc Porquet nous ouvre à ces émotions et ces interrogations.
Les passeurs de livres de Daraya. Delphine Minoui. Seuil 💛💛💛💛💛
Je me souviens d’un reportage TV, des gens dans un car évacués d’une ville en Syrie. J’avais en son temps était bouleversé par ces images. Des regards derrière une vitre de bus. Toute l’horreur de la guerre, des déplacements forcés.
Ce bus quittait Daraya dans la proche banlieue de Damas
En lisant Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui j’ai découvert pourquoi ce bus emmené loin des familles.
Par son écoute, son empathie Delphine Minoui nous offre un livre unique
Elle nous offre une réflexion profonde sur la réalité de la Syrie
Comment ne pas être ému, bouleversé par ces jeunes de Daraya qui vont relever un défi fou.
Daraya est une ville martyr de Syrie. Bachar El Assad est persuadé que cette ville est un nid de terroristes affiliés à al Nostra ou à Daesh
Et quand il ne pense pas cela il est persuadé que Daraya veut lui prendre une partie de son pouvoir dictatorial
Alors le régime syrien bombarde, affame Daraya.
Pendant 4 ans jours et nuits , nuits et jours
Daraya passera de 22 000 à 8 000 habitants . Des morts , des exils en Turquie.
Dans ce Daraya fracassé, des jeunes syriens vont entretenir la lumière.
Ils ont 23 ans et ils vont décider de construire une bibliothèque cachée pour eux et les gens de Daraya.
Ils vont récupérer dans les maisons bombardées tous les livres encore existants que ce soit des livres arabes,européens ou américains
Ils vont tout cataloguer et tout mettre à disposition
Il y a les enfants soldats. Il y a maintenant les bibliothécaires soldats
Ces livres sont pour eux synonyme de liberté de culture de résistance.
Delphine Minoui va nous faire découvrir ce parcours et nous convertir au bienfait de Skype Whatsapp et d’Internet et des réseaux sociaux
Ces réseaux sociaux qui sont pour ces jeunes syriens un lien primordial face à la dictature syrienne
Delphine Minoui,à la suite de ces jeunes syriens à été la passeuse de livres de Daraya
A notre tour d’être des passeurs de livre
Le livre qui par ces écrits est un vecteur de liberté de tolérance de culture.
Page 29 du livre
« Leur résistance par les livres est fascinante. …les livres ces sédiments de la mémoire qui défient les carcans.Du temps. de l’asservissement . de l’ignorance »
A lire absolument
Dans la combi de Thomas Pesquet de Marion Montaigne. Dargaud 💛💛💛💛
Comment peut on vouloir être dans la combi de Thomas Pesquet ?
Dans une BD de 200 pages Marion Montaigne va nous dire et dessiner tout ce qu’il y a dans la combi de Thomas Pesquet
Eh bien il y en a de la volonté , de l’orgueil de l’humour et des connaissances dans cette combi.
C’est la grande réussite de cette BD : Elle restitue avec humour , souvent caustique le chemin de vie de Thomas Pesquet pour en arriver à se retrouver dans une fusée russe en approche de l’ISS.
Mais cet humour ne cache pas la réalité de la préparation , la difficulté d’être choisi.
De façon ludique et pédagogique Marion Montaigne nous parle de l’impesanteur de la gravité mais aussi des expériences scientifiques et de leurs loufoqueries.
Mais aussi des difficultés de la vie quotidienne dans un univers sans apesanteur , des conditions drastiques d’entrainement ou encore de la rusticité du retour dans la cabine Soyouz.
Et malgré cela Thomas Pesquet a envie de remettre rapidement sa combi.
C’est que la Terre doit être belle au milieu de l’Univers !
L’usage du monde de Nicolas Bouvier.Editions Droz 💛💛💛💛💛
Quand il est demandé à des explorateurs,des aventuriers ou des écrivains voyageurs quel est leur livre de voyage, la majorité répond L’usage du Monde de Nicolas Bouvier.
Donc étant fan de voyages et de lecture de voyage je me lance dans la lecture de L’usage du Monde dans la réédition du Livre chez Droz.
Et effectivement ce livre est magique,entêtant.
Nicolas Bouvier 24 ans, avec Thierry Vernet du même âge partent avec leur Fiat Topolino en 1953 pour un grand périple entre la Yougoslavie et l’Afghanistan. Leur périple durera 18 mois avec des arrêts prolongés à Istanbul ,Tabriz ,Quetta et Kaboul. Pour voyager ils vivront des dessins et aquarelles de Thierry Vernet et des cours de Français et articles de journaux de Nicolas Bouvier.
Ce qui est remarquable c’est la fluidité de l’écriture de Nicolas Bouvier. En peu de mots mais avec des mots justes et soupeses il nous décrit un personnage, un lieu. Nous sommes avec eux, au milieu de leur voyage . de même pour les dessins de Thierry Vernet qui parsèment le livre. A première vue ces dessins noir et blanc paraissent simples et grossiers alors qu’ils sont simplement justes.
Ce voyage dans ce Moyen Orient des années 1950 nous paraît pas si loin de la problématique actuelle de cette region.
Dans tout le livre on ressent l’empathie de Nicolas Bouvier pour les lieux traversés et leur population et plus particulièrement pour l’Afghanistan et les peuples tziganes et rom
Un grand moment de voyage nomade
Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer. Edition de L’Observatoire 💛💛💛💛
Ces rêves qu’on piétine est le premier roman de Sébastien Spitzer.
Quelle entrée en matière !
Un sujet ardu traité et même sur-traité : la fin de la seconde guerre mondiale , les camps de concentration et la chute de l’Allemagne nazie .
Et bien Sébastien Spitzer nous livre un livre historique , émouvant et d’une magnifique écriture.
D’abord il faut dire que ce n’est pas un roman au sens littéral du terme.
Sébastien Spitzer s’appuie sur d’importantes documentations et recherche pour en faire la trame de son récit. La part romanesque du livre est là pour servir d’écrin à cette réalité. En aucun cas le romanesque prend le pas sur la réalité.
A la fin du livre en quelques pages Sébastien Spitzer nous explique comment a été mené ce récit.
Il est préférable d’avoir lu le livre avant de lire ces quelques pages.
La grande force de ce livre est le parti pris narratif de l’auteur.
Dans un laps de temps de quelques jours en fin avril 1945 , Sébastien Spitzer va nous emmener dans le bunker d’Adolf Hitler et des dignitaires du Troisième Reich , ainsi que dans les pas d’une cohorte d’un millier de déportés sortie des camps mais encore prisonniers de l’armée allemande.
Un personnage central va faire le lien entre ce bunker et cette cohorte de déportés
Il s’agit de Magda Goebbels , femme de Joesph Goebbels N°2 du troisiéme Reich.
Magda Goebbels est une femme qui à eu plusieurs vies en contradiction les unes avec les autres.
Née d’une union illégitime entre un ingénieur et une employée de maison , elle va être élevée par le mari que sa mère va épouser : un commerçant juif du nom de Richard Friedlander.
Elle même va avoir une liaison amoureuse avec un jeune sioniste Victor Arlosoroff et va porter de l’intérêt pour la cause qu’il défend.
Puis elle va militer au NSDAP ( parti nazi) ,trouver du travail dans ce parti et rencontrer Joseph Goebbels. Elle va devenir ainsi une intime d’Hitler jusqu’à devenir la première dame du Reich.
Et en ces derniers jours d’Avril 1945 ,elle assiste repliée dans le Bunker de Berlin à la chute du troisième Reich
Dans le même temps , sur des chemins d’Europe Centrale un millier de déportés marche , ils l’espèrent, vers leur liberté. Parmi eux Aimé , Judah , Fela et sa petite fille Ava.
Cette petite fille de 3 à 4 ans détient un petit sac de cuir avec des feuillets écrits. Ces feuillets écrits sont le lien de tous ces déportés depuis des années.
Le lien a commencé avec Richard Friedlander et se perpétue jusqu’à Ava.
Ce lien représente entrautre le silence de Magda Goebbels.
Tout le récit oscille entre la folie destructrice du troisième Reich et la force , l’abnégation de ces hommes et femmes qui ont vécu l’enfer , l’anéantissement de leur personnalité et de leur judéité mais qui sont debout.
Le parallèle est saisissant entre la lourdeur bétonnée de ce bunker et la fragilité de cette cohorte humaine , affamée et maigre. Les dignitaires du Troisième Reich se terrent comme des rats alors que des gens de peu et de rien marchent et veulent retrouver leur liberté.
Et cette marche vers la liberté est portée par deux femmes : Fela qui a vécu toutes les insanités et sa fille Ava , née dans un camp , de ses insanités.
Ce sont les parties du livre les plus émouvantes : le regard de cette petite fille sur un monde dont elle ne connaît que l’enfermement , les vêtements rayés et la violence à toute heure .
Émotion au travers des personnages de Richard Friedlander ,Aimé , Judah et Fela qui auront donnés leur vie afin qu’Ava puisse vivre et témoigner de l’horreur.
Et puis sidération devant ce que peut devenir un être humain. Comment est il possible qu’un être humain puissent s’enfoncer dans l’abîme au point de tuer ses enfants.
Je terminerais par l’émotion profonde que j’ai ressenti à la lecture de l’un des feuillets que détenait Ava.
Dans ce texte il est dit le nom des personnes qui ont connu Richard Friedlander , qui ont pris la suite et qui sont morts à sa suite.
Le début du texte donne les noms des personnes et ce qu’ils sont.
Et puis la qualification des personnes se fait plus rares jusqu’à
je m’appelle Valery Munz je suis né en Belgique
je m’appelle Olga Munz j’étais la femme de Valery…
je m’appelle Léonie Kiffer, je suis née…
je m’appelle Adam Pollock, je…
je m’appelle Helga…
Je m’appelle…
je….
Judah est mort hier (……) Nous porterons ces lettres jusqu’à toi Magda Goebbels.
Émotion devant
Cette cohorte d’affamés , de corps déglingués , cette cohorte dans l’urgence de la mort et de la vie
cette cohorte dont on à piétiné les rêves mais cette cohorte vivante par Ava.
Le Koh – I – Noor. William Dalrymple et Anita Anand. Editions Noir sur Blanc 💛💛💛
Livre reçu dans le cadre d’une Masse Critique privilège. Merci à Babelio et aux Editions Noir sur Blanc de m’avoir fait découvrir ce livre.
Il s’agit de l’ histoire d’un diamant qui a une époque a été le plus gros diamant du monde : le Koh-I – Noor.
Le livre pourrait être un roman mais en réalité c’est la narration de 150 ans d’histoire entre l’inde , le Penjab , la Compagnie des Indes Orientales et l’empire britannique.
Les auteurs de livre ont voulu dissiper les malentendus qui restaient accrochés à la mythologie de ce diamant.
William Dalrymple est un historien spécialisé dans la littérature du voyage et vivant en Inde à Dehli. Anita Anand est une journaliste originaire du Penjab.
Le Koh – I – Noor est bien un livre de littérature de voyage.
Nous allons suivre sur 200 ans les tribulations du plus gros diamant du monde.
Si ce n’était que cela , ce livre n’aurait pas d’intérêt particulier.
Mais ce livre est surtout l’histoire des peuples et des pays aux confins de l’Inde. le Koh – I – Noor a bouleversé la géopolitique et la vie d’un certains nombre de Maharajas.
Pour résumé ce diamant et toutes les pierres joyaux et spinelles sont le trésor d’un Maharaja et d’un pays. Ce diamant va être la vitrine de certaines régions d’Iran , d’Afghanistan mais aussi du Penjab et de la compagnie des Indes Orientales.
Ce pouvoir à travers le Koh – I – Noor va modeler l’histoire de cette région : Penjab -Sikh mais aussi l’empire britannique
Je vous laisse découvrir les pérégrinations de ce diamant mais surtout des hommes et des femmes de cette région.
Pour l’anecdote nous retrouverons pas loin de ce diamant le Duc de Wellington vainqueur de Waterloo.
Nous passerons beaucoup de temps auprès de Dulip Singh maharaja déchu vivant en Angleterre ,mais au terme de sa vie voulant redonner vie à sa diamant au Penjab.
A l’heure actuelle ce diamant est toujours la propriété de la Couronne britannique et les diplomatie indienne , pakistanaise n’ont de cesse de ramener le Koh – i – Noor sur sa terre natale.
Ce livre est une belle découverte sur l’histoire du Penjab du Pakistan et de l’Inde mais aussi une confirmation des méfaits de la colonisation et des guerres fratricides.