Celle-qui-sait-les-herbes de marc Graciano. Le Tripode. 🟩🟩◼️◼️◼️

Celle-qui-sait-les-herbes

Marc Graciano

Le Tripode

ISBN :  978-2-37055-467-3 Août 2025

150 pages

Lecture et impression contrastées pour la lecture du dernier livre de Marc GracianoCelle-qui-sait-les-herbes.

Le sujet avait retenu mon attention : des temps immémoriaux, sûrement des territoires arctiques et une vieille chamane, Celle-qui-sait-les-herbes, qui veut transmettre son savoir à un disciple lors d’un grand voyage initiatique.

L’écriture, les longues phrases, le choix des mots, la méticulosité des descriptions m’ont dans un premier temps entraîné dans ses atmosphères arctique et chamanique. Et puis la lecture, le choix des mots sont devenus un exercice de style. L’histoire de transmission et le voyage se perdaient petit à petit derrière le vocabulaire très recherché, la circonlocution des phrases et l’emploi constant des conjonctions de coordination. À cela s’ajoutait un manque d’émotion et d’empathie autour des personnages.

Et toutes ces impressions mitigées se sont concentrées sur la fin du livre. Une fin du livre très rapide avec le besoin d’expliquer. Mais pourquoi vouloir expliquer des ressentis, une transmission. Le sentiment que l’auteur pense que ces lecteurs manquent d’intelligence du cœur et d’émotion. et de repenser qu’effectivement le livre de Marc Graciano est un exercice de style.

Déception.

Marc Graciano est un écrivain français né en Dordogne le 14 février 1966. Marc Graciano publie en 2013 son premier roman, Liberté dans la montagne, en lequel Fabienne Pascaud voit « un texte envoûtant comme une hypnotique litanie, toute de mots rares et vieux, de répétitions et d’énigmes, de merveilleux et d’effroi ».

À propos de son deuxième roman, Une forêt profonde et bleue, Thomas Stélandre note dans Le Nouveau Magazine littéraire : « On ne sait si on est parachuté au Moyen Âge ou dans un monde mythique, mais l’on est d’emblée saisi par la beauté de décors sauvages et un défilé de scènes sans dialogues, décrites avec un soin extrême »

Chagrin d’un chant inachevé de François-Henri Désérable. Gallimard. 🟩🟩🟩◼️◼️

Chagrin d’un chant inachevé

François-Henri Désérable

Gallimard

978-2-07079-236-8 Avril 2025

196 pages

François-Henri Désérable est un écrivain voyageur. Les planisphères de son enfance lui ont ouvert les portes du monde et de l’aventure. Avant de nous narrer son périple en Iran avec l’usure du monde, il avait déjà usé ces chaussures en 2017 sur la route de Che Guevara en Amérique latine en 1951 et 1952.
C’est le point de départ initial de ce récit : Chagrin d’un chant inachevé, qu’il emprunte à un poète turc, Nazim Hikmet
« Et je n’emporterai dans ma tombe
Que le chagrin d’un roman inachevé. »
Durant tout le récit et le voyage, nous serons accompagnés d’artistes, d’écrivains, passant de Neruda à Rimbaud, BalzacFrida Kahlo et plus près de nous Miguel Bonnefoy et l’évocation d’une résidence d’écriture chez Julien Gracq.
François-Henri Désérable a voulu mettre ses pieds sur la route du Che Guevara et de Granados. Plus avance le récit et plus la route se fait brumeuse. Cette route devient un prétexte à un road trip joyeux, iconoclaste avec des rencontres improbables.
L’auteur nous captive par une écriture proche de l’oral et teintée d’un humour potache qui tranche avec les contrées traversées. Cela n’empêche pas d’être face à la pauvreté, la violence et ce que dénonçait Che Guevara en 1952 est toujours d’actualité.
Entre digressions et réalité François-Henri Désérable nous partage un carnet de voyages. Il ne faut pas attendre de ce livre un traité sur Che Guevara ou une analyse politique. le carnet de voyage a une utilité : nous faire rêver et nous donner envie.

Fils d’un joueur de hockey sur glace devenu directeur d’un service de médecine du travail et d’une secrétaire à la Croix-Rouge, François-Henri Désérable passe l’essentiel de son enfance et de son adolescence à Amiens, en Picardie. Son grand-père paternel était quincailler, et son grand-père maternel, vénitien, était gondolier.

Très jeune engagé dans le club de hockey sur glace des Gothiques d’Amiens, il effectue ses études secondaires dans le Minnesota, aux États-Unis, puis au lycée La Providence, à Amiens. À dix-huit ans, il devient joueur de hockey professionnel (il le sera pendant dix ans) et entre en faculté de droit à l’université de Picardie Jules-Verne puis à l’université Jean-Moulin-Lyon-III. À vingt-trois ans, il entreprend une thèse sur « L’exécution des sentences arbitrales face à l’immunité d’exécution des États » qu’il abandonne par la suite pour se consacrer entièrement à la littérature.

François-Henri Désérable commence à écrire à dix-huit ans, après la lecture de Belle du Seigneur d’Albert Cohen. En 2012, il figure parmi les lauréats du prix du jeune écrivain de langue française pour Clic ! Clac ! Boum !, une nouvelle sur la mort de Danton.

La Joie ennemie de Kaouther Adimi. Stock 🟩🟩🟩🟩◼️

La Joie ennemie

Kaouther Adimi

Stock

978-2-23408-647-0 Août 2025

256 pages

Dans le cadre de la collection Ma nuit au musée proposée par Stock, Kaouther Adimi a choisi de passer une nuit à l’Institut du Monde Arabe à la veille de l’ouverture d’une exposition sur la peintre algérienne Baya (1931-1998).

Cette proposition de passer une nuit dans un musée avait déjà été faite à Khaouter Adimi en 2018, mais les émotions avaient été tellement fortes qu’elle n’avait pu réaliser cette nuit au musée.

Ces émotions fortes étaient en relation avec l’Algérie, les couleurs et ces souvenirs d’enfance à Alger liés à la période noire du GIA entre 1990 et 2000.

L’Algérie est bien évidemment le point commun entre Baya et Khaouter Adimi. Et le point central est la rencontre que Khouater Adimi a faite des toiles de Baya en 1994 au musée des Beaux-Arts d’Alger. Khaouter Adimi à 8 ans. Elle est née en Algérie puis à 4 ans elle est partie vivre avec sa famille à Grenoble. Son père, journaliste, militaire par obligation financière, travaillait sur une thèse en France. Au vu des événements en Algérie, il préférera aux risques et périls de sa famille revenir en Algérie.

Dans cette nuit au musée, l’autrice nous parle de sa jeunesse faite de violence, de terrorisme et de la vie de Baya dans les années 1930.

La part belle est donnée à l’introspection de l’auteur par rapport à la vie de Baya. Cela peut être une limite à cet ouvrage. Mais comment ne pas être touché et ému par les souvenirs, les émotions d’une toute jeune fille, qui fait devoir de mémoire et de transmission.

L’art brut, naïf de Baya ainsi que les couleurs de ses tableaux faisant office de pont entre les époques et dessinant un espoir tenu.

Kaouther Adimi est la fille d’un père militaire et d’une mère ayant rédigé des articles de politique internationale. Elle naît à Alger, où elle vit jusqu’à l’âge de quatre ans, avant que sa famille ne s’établisse à Grenoble pour quatre ans. Durant cette période elle découvre le plaisir de la lecture avec son père, qui l’emmène chaque semaine à la bibliothèque municipale.

En 1994, elle rentre en Algérie, qui vit alors sous l’emprise du terrorisme. N’ayant que très peu d’occasions de lire, elle commence à écrire ses propres histoires. Alors qu’elle étudie à l’université d’Alger, elle voit une affiche de l’Institut français qui organise un concours de jeunes écrivains à Muret, en Haute-Garonne. Par deux fois, les nouvelles qu’elle soumet à l’attention du jury reçoivent le Prix du jeune écrivain francophone (Le chuchotement des Anges en 2006 et Pied de vierge en 2008). Grâce à ce concours, elle est invitée à Muret, à Toulouse, puis à Paris, où elle rencontre les Éditions Barzakh.

En 2008, elle reçoit le Premier Prix du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger pour Sur la tête du Bon Dieu.

Elle est diplômée en lettres modernes et en management des ressources humaines.

La maison vide de Laurent Mauvignier. Les Editions de Minuit. 🟩🟩🟩🟩🟩

La maison vide

Laurent Mauvignier

Les Editions de Minuit

Prix Goncourt 2025

ISBN : 978-2-7073-5674-1 Août 2025

752 pages

La maison vide est celle de la famille de Laurent Mauvignier. Cette famille au travers des générations a changé de nom : Proust, Chichery, Douet, Mauvignier.

Elle a été la maison de Jules, héros de 14-18, de l’arrière-grand-mère Marie Ernestine, de Firmin, de Marguerite, du grand-père André.

Une maison abandonnée et que va rouvrir le père de Laurent Mauvignier dans les années 1970. L’auteur est âgé de 7 ans. Ce père qui va se suicider quelques années plus tard, sans donner de raison. Laurent Mauvignier tourne autour de ce suicide sans en faire le centre de son roman.

le centre se situe dans cette maison vide. Il faut interroger les meubles, les objets, le marbre cassé, la Légion d’honneur, le piano. Il faut interroger les secrets, les vivants et les morts qui ont donné une âme à cette maison.

Par cette maison, Laurent Mauvignier va dire l’histoire de sa famille, une histoire faite de certitudes, de secrets et de non-dits. de pièce en pièce, la poussière a été mise sous le lit, des tiroirs n’ont plus de clés, les portes sont juste entrouvertes.

Alors d’une écriture ample, fine, juste, tout va s’éclairer petit à petit.

« D’un bout à l’autre d’un siècle trop court, ils sont posés l’un en face de l’autre, (Marie-Ernestine et le père de Laurent Mauvignier) se répondent, dialoguent par-dessus la béance que laisse Marguerite, fille de l’une et mère de l’autre. Moi, de mon côté de la rive du temps, j’aperçois tout ca comme le seul récit diffracté d’un monde dont la gloire a été – par la mort de Jules- le signe avant-coureur de la catastrophe familiale qui a nourri le récit qu’aujourd’hui quelque chose en moi cherche à comprendre, comme pour reconstituer le puzzle, vieux cliché que l’image du puzzle, mais limpide et évidente qu’elle s’impose avec une force telle que je refuse à la révoquer, oui, l’image d’un puzzle dans une histoire du temps que j’ai cherché depuis ce matin à reconstituer en retrouvant le certificat de Légion d’honneur dressé en 1920 sur lequel ont fait le panégyrique d’un Jules parmi les autres, mort dans la boue de la grande Guerre avec ces majuscules tonitruantes comme une charge de cavalerie. » (pages 23-24)

Ce que ne connait pas Laurent Mauvignier de l’histoire familiale, il va le reconstituer avec pudeur, justesse, violence parfois. Avec finesse, il va combler, les manques, faire remonter des douleurs, des absences, des rejets. Avec finesse, il met à jour une résilience et donne de la dignité à des souffrances tues.

Avec ce roman ample, Laurent Mauvignier perce les strates intergénérationnelles et fait surgir les drames familiaux enfouis dans la mémoire et la conscience. Il transforme les secrets et non-dits en nouvelle présence.

Cette reconstitution familiale nous touche car elle peut sûrement être notre . La famille est le creuset, des silences, des secrets et des absences recuites .

« …c’en nous laissant, nous, enfants et petit enfants d’une histoire dont nous ne connaitrons que l’écume, dans l’ignorance presque totale, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul témoin ou seulement des gens trop âgés ou frappés de cette maladie au nom allemand : Alzheimer. » (page 723)

Laurent Mauvignier est un écrivain français.

Issu d’un milieu modeste, il abandonne des études de BEP comptabilité pour entrer à l’École des Beaux arts de Tours en 1984. Il sera diplômé en 1991 dans le département Arts plastiques, puis s’inscrira à la faculté de Lettres Modernes, sans mener à terme ce nouveau cursus.

Son rapport à l’écriture commence alors qu’il est hospitalisé à l’âge de huit ans. Il reçoit un exemplaire d’ »Un bon petit diable », de la Comtesse de Ségur.

DJ Bambi d’Audur Ava Olafsdottir. Zulma. 🟩🟩🟩🟩◼️

Dj Bambi

Audur Ava Olafsdottir

Zulma

Traduction : Eric Boury

ISBN :  979-1-03870-393-3 Septembre 2025

256 pages

DJ Bambi est l’histoire d’un homme né soixante ans plus tôt qui s’est toujours senti femme. Elle a choisi le prénom de Logn qui signifie en islandais : absence de vent ou calme plat. Suite à son divorce et à un traitement hormonal, Logn attend d’être opérée du bas (quelle pudeur) afin d’avoir un corps qui lui corresponde vraiment.

À terme, elle souhaite prendre le prénom de sa grand-mère, Grudidur. Seul son jumeau Trausti la soutient, au contraire de sa famille qui la rejette.

Cette réalité, Logn, l’a tenue enfouie et a mis des années à l’accepter.

Après le rouge vif de la rhubarbe, c’est le deuxième roman d’Audur Olafsdottir que je lis. J’ai retrouvé la même poésie et la même empathie pour ces personnages. des personnages différents aux proies avec la reconnaissance.

Choisir le sujet transgenre n’est pas le sujet le plus simple à aborder. Pour le rendre quotidien et ancré dans la réalité Audur Olafsdottir nomme à l’infini les noms des rues, des plages, des caps, des lieux de Reykjavik, nous englobe dans le ciel, les étoiles et au plus près des goélands.

Pour déposer le sujet, elle choisit un personnage appelée Audur T. (étonnant !) qui interview Logn et veut en faire un livre.

J’ai ressenti durant cette lecture la difficulté qu’il y avait à traiter du transgenre et la difficulté de parler et de comprendre ce chemin de transition. Cela a été accentué par la réalisation ou non du livre d’Audur T. et d’un événement final.

Reste qu’Agustina dans le Rouge vif de la rhubarbe ou Logn dans DJ Bambi sont des personnes qui se tiennent droites, éminemment humaines. Il faut se rappeler qu’au départ Bambi parle de l’ostracisme fait aux juifs.

Logn, Agustina différents.

Auður Ava Ólafsdóttir est sans conteste la reine des lettres islandaises ! Depuis Rosa candida, le charme inimitable de ses romans tient peut-être à son talent sans pareil pour nous faire explorer les troublantes drôleries de l’inconstance humaine avec une poésie et un humour d’une grâce inégalable. Elle a reçu notamment les plus hautes distinctions nordiques, et le Prix Médicis étranger pour Miss Islande.

« Révélée au public français grâce à Rosa candida, l’Islandaise Auður Ava Ólafsdóttir possède l’art de dire les choses compliquées avec des mots simples. Celui aussi de suggérer l’émerveillement devant le miracle quotidien de l’existence. » – Elena Balzamo, Le Monde des Livres.

Le rouge vif de la rhubarbe d’Audur Ava Olafsdottir. Zulma. 🟩🟩🟩🟩◼️

Le rouge vif de la rhubarbe

Audur Ava Olafsdottir

Zulma

Traduction : Catherine Eyjolfsson

ISBN : 978-2-843-04756 -5 Islande 1998 – France 09/2016

156 pages

Le rouge vif de la rhubarbe est un court roman, sensible, délicat et poétique se déroulant sur les terres islandaises.

Agustina a été conçue dans un champ rouge vif de rhubarbe. Un père de passage lors de l’escale d’un navire et absent à jamais. Une mère, scientifique de la migration des oiseaux, toujours aux quatre coins de la terre et qui n’existe que par des lettres.

Agustina vit auprès de Nina, une amie de sa mère.

Agustina est née avec des jambes de coton qui ne peuvent la porter et des béquilles sont ses meilleures amies.

Agustina a une vie horizontale, elle ne peut grimper, ou entamer des randonnées dans les paysages escarpés de son île. Elle a néanmoins un lien vertical avec les nuages, le ciel et Dieu.

Agustina a un rêve : atteindre le sommet de la Montagne, 844 mètres, afin de voir le monde de haut et de s’englober dans un paysage.

A partir des scènes du quotidien, autour de la cuisine, de la pêche, des rencontres, Audur Aya Olafsdottir va instiller une poésie et une tendresse autour d’Agustina, sirène ou ange.

Quand l’ordinaire de la vie et le handicap confèrent au merveilleux.

Auður Ava Ólafsdóttir est sans conteste la reine des lettres islandaises ! Depuis Rosa candida, le charme inimitable de ses romans tient peut-être à son talent sans pareil pour nous faire explorer les troublantes drôleries de l’inconstance humaine avec une poésie et un humour d’une grâce inégalable. Elle a reçu notamment les plus hautes distinctions nordiques, et le Prix Médicis étranger pour Miss Islande.

« Révélée au public français grâce à Rosa candida, l’Islandaise Auður Ava Ólafsdóttir possède l’art de dire les choses compliquées avec des mots simples. Celui aussi de suggérer l’émerveillement devant le miracle quotidien de l’existence. » – Elena Balzamo, Le Monde des Livres.

Je voulais vivre d’Adelaïde de Clermont-Tonnerre. Grasset. 🟩🟩🟩🟩◼️

Je voulais vivre

Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Editions Grasset

Prix Renaudot 2025

ISBN :978-2-246-83166-2 Août 2025

475 pages

Les Trois MousquetairesAlexandre Dumas, Athos, Porthos, Aramis, D’Artagnan et Milady de Winter. Que ce soit par la lecture ou le cinéma, nous avons tous aimé la bravoure des Mousquetaires et la félonie de Milady de Winter.

Tout comme l’autrice, Adélaïde de Clermont-Tonnerre. C’est ce qu’elle nous confirme à la fin de son livre Je voulais vivre. Mais depuis des années, un murmure insistant est venu parasiter ses pensées : Milady de Winter est-elle réellement la femme qu’on a couverte de tous les maux ? Est-elle l’idéale coupable en tant que femme désirante et désirée, femme diablesse, tentatrice et putain ?

Ce murmure est devenu envahissant et l’autrice a décidé d’écarter la légende pour rencontrer la femme. Milady, femme de fiction, méritait un roman afin que l’on connaisse sa vérité.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre s’est insinuée dans les blancs, les failles, les interstices de quatre romans de Dumas (Les trois mousquetaires, Vingt ans après, le vicomte de Braguelonne, La jeunesse des mousquetaires) afin de nous restituer Anne de Breuil, la comtesse De La Fère, Charlotte Backston, Milady de Winter.

L’autrice fait le portrait d’une femme libre, vivant dangereusement dans un monde dominé par les intrigues et les hommes. Nous traverserons le 17ᵉᵉ siècle aux côtés de figures bien connues mais au plus près d’Anne du Breuil.

À travers les voix de d’Artagnan,de James de Winter, d’Olivier de la Fère ou du Père Lamandre, Milady nous apparait sous un autre jour, se battant contre son destin et sa condition de jeune femme.

Servi par une écriture et un souffle romanesque, le roman se lit à l’aune des trois Mousquetaires, et nous permet de mieux cerner Milady, femme double, victime mais aussi maitre de sa destinée.

Une réussite.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, ancienne élève de l’École normale supérieure, est journaliste et romancière. Fourrure (Stock) a été récompensé par cinq prix littéraires, dont le prix des Maisons de la Presse et le prix Sagan, suivi par Le Dernier des nôtres (Grasset), Grand Prix du roman de l’Académie française 2016, traduit en dix langues. Et enfin, Les Jours heureux (Grasset, 2021), prix Cabourg du roman.

Nous sommes faits d’orage de Marie Charrel. Les Léonides. 🟩🟩🟩🟩◼️

Nous sommes faits d’orage

Marie Charrel

Editions Les Léonides

ISBN : 978-2-48833- 500-3 Août 2025

400 pages.

Nous sommes faits d’orage de Marie Charrel est un roman qui se passe en Albanie. L’Albanie, petit pays des Balkans, frontalier de la Grèce. La Grèce, terre de tragédie. Cette tragédie qui traverse le roman de Marie Charrel sur plusieurs générations. Cette tragédie trouve son substrat dans cette Albanie aux traditions séculaires faites de violence, de sorcellerie qui porte le nom de Kanun depuis le Moyen-Âge.

À la mort de sa mère, Sarah, qui vit en Islande, reçoit en héritage les clés d’une bicoque perdue dans les montagnes albanaises et une demande de sa mère : trouve Elora !

Sarah part en Albanie et découvre un village oublié et globalement abandonné. Elle apprend rapidement qu’Elora est morte il y a bien longtemps.

L’enquête sur Elora va se dérouler sur trois périodes : dans les années 1975, les années 1990 et maintenant en 2023/2024. Et durant ces périodes, l’Albanie est le pays le plus fermé au monde, dirigé par Enver Hoxha, dictateur admirateur de Staline.

Sarah, partie sur les traces de sa mère, va découvrir l’histoire d’un peuple et d’un pays ainsi que ses traditions autour de créatures étonnantes : les drangues, la shtriga, la kulshedra.

En 1975, trois jeunes garçons quittent leur village pour l’université de Tirana. Ces trois garçons, Sokol, Ilir, Dritan tombent amoureux de la même jeune fille : Esther. Esther épousera l’un deux et tous les quatre seront confrontés de façon différente à la dictature de Hoxha.

En 1990, Elora et Agon amis d’enfance, vont vivre un drame qui les séparera et les jettera dans la violence.

Marie Charrel entremêle avec talent les trois époques et confectionne une toile d’araignée, dans laquelle nous nous laissons prendre avec plaisir. Toile d’araignée entre dictature, violence et tradition.

Toile d’araignée qui nous offre des personnages de femmes magnifiques, en quête d’émancipation, de liberté. Dans cette société de vendetta (le Kanun), les femmes ont un seul pouvoir : arrêter les vendettas en offrant le pardon ; les hommes, eux, doivent venger sans fin la mort d’un homme.

Nous sommes faits d’orage est une histoire tragique et romanesque traversée par un souffle indéniable qui nous emporte.

La coïncidence fait qu’un autre livre sorti récemment parle aussi du Kanun. Il s’agit du livre de Jean-Christophe Rufin : le revenant d’Albanie. Son personnage principal, le consul Aurel Timescu, est lui aussi aux prises avec le Kanun. Livre plus léger mais aussi étonnant sur les traditions albanaises

Marie Charrel commence sa carrière en 2006. Diplômée de l’Institut d’études politiques de Grenoble, spécialité économie sociale, et de l’IPJ, elle devient lauréate de l’académie Prisma. Elle intègre ainsi la rédaction du magazine Capital.

Son premier roman intitulé Une fois ne compte pas est publié par Plon en 2010. Le livre reçoit un accueil enthousiaste de la critique.

En 2013, Marie Charrel rejoint la rédaction du journal Le Monde pour suivre la politique monétaire internationale et l’économie européenne.

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Cour Nord d’Antoine Choplin. editions du Rouergue. 🟩🟩🟩🟩◼️

Cour Nord

Antoine Choplin

Editions du Rouergue

ISBN : 978-2-81260-091-3 Janvier 2010

133 pages

Comme toujours avec Antoine Choplin, un roman court et ciselé. Antoine Choplin nous emmène dans les années 1980 dans le Nord de la France, entre pays minier et Lille. Y habitent Gildas et Leopold, père et fils. Ils travaillent tous les deux dans l’usine sidérurgique. Ce matin là, ils partent rejoindre les camarades en grève. Les patrons souhaitent fermer l’usine et une réunion syndicat – patronat est prévu dans l’après midi.
Gildas est le leader syndical de l’usine et espère empêcher la fermeture de l’usine.
Léopard est moins impliqué au grand dam de son père.
Léopard à une passion : le jazz et tout ce qui tourne autour de Theolonius Monk et Chet Baker. Avec trois amis ils forment un quartette dans lequel il joue de la trompette.
Autour de Gildas, Leopold et de l’usine, il y a le bar, lieu central des rencontres et des discussions, des moments d’aparté avec Nadine ou Ahmed.
Par petites touches Antoine Choplin va nous faire entrer dans ces vies et leurs mystères.
C’est simple, c’est fort, c’est humain.
Il me reste un bouquet d’oeillets rouges se détachant sur le marbre gris d’une tombe au son de la trompette de Leopold jouant Chet Baker.

Né en 1962, Antoine Choplin vit près de Grenoble, où il partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Il est directeur de « Scènes obliques », dont la vocation est d’organiser des spectacles vivants dans les lieux inattendus, des sites de montagne. Il est aussi l’animateur depuis 1996 du Festival de l’Arpenteur (Isère), qui chaque mois de juillet programme des rencontres inhabituelles entre des créateurs (notamment des écrivains) et le public. Il s’est fait connaître en 2003 lors de la publication de son roman, Radeau, (La Fosse aux Ours, 2003), qui a connu un vrai succès populaire (Prix des librairies « Initiales », Prix du Conseil Général du Rhône).

Les jardins perdus de Rouda. Liana Levi. 🟩🟩🟩🟩◼️

Les Jardins perdus

Rouda

Liana Levi

ISBN ;  979-1-03491-098-4 Août 2025

224 pages

Les jardins perdus est une cité du 93. Des barres d’immeubles différenciées grâce à des noms d’écrivains. Dans la barre Balzac vit la famille Chevallier. le père, la mère et les deux fils : Zac et Martin. Une famille blanche, comme d’autres dans cette barre et qui vivent avec des familles noires, maghrébines ou encore de l’Europe de LEst.
Nous sommes en 2023 après les émeutes causées par la mort de Nahel suite à un tir à bout portant d’un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre

Zac dans le cadre de ses études est parti faire un stage à Conakry en Guinée . Lors de l’un de ses retours il apprend que son frère Martin a disparu depuis quelques jours.
Zac ne peut admettre cette disparition et va partir à la recherche de son frère. Il va rapidement comprendre que Martin est parti dans un mouvement d’extrême droite.
Afin de retrouver son frère, Zac va se mettre sans ses pas et côtoyer ce mouvement d’extrême droite.
Les jardins perdus est un roman social touchant aussi bien le délitement familial que l’embrasement politique.
Les abandons, les renoncements sont le terreau d’idéologies nauséabondes.
C’est réaliste, cru et violent.
Le tout accompagné d’une bande son, rap
Un roman rêche, sans concession’ brûlant..

Rouda est né à Montreuil en 1976. Il est membre actif du mouvement slam depuis 2000 et est considéré comme l’un des pionniers de la scène slam française, notamment en tant que membre fondateur du collectif 129H et compagnon de route de Grand Corps MaladeS Petit Nico ou D’ de Kabal.

En 2006, il coécrit et interprète le morceau Parole du bout du monde, sur le premier album de Grand Corps Malade Midi 20, double disque de platine. Son premier album solo, Musique des lettres, sort en 2007 sur le label Le Chant du Monde / Harmonia Mundi. Il se vend à près de 10.000 exemplaires et fait l’objet d’une tournée de 50 dates en France et à l’étranger. The French Guy, son deuxième album solo, sort en 2016 en autoproduction et distribué par le label Modulor. Fatras, son troisième EP, sort en 2019.

De 2010 à 2013, il est également chroniqueur du Micro ouvert de la matinale du Mouv’.

Le 05 janvier 2023, il publie son premier roman, Les mots nus, aux Éditions Liana Levi, qui bénéfice d’un accueil enthousiaste  En 2024, Rouda est lauréat de la 37ème édition du Festival du premier roman de Chambéry..