Archives pour la catégorie roman étranger

Nage libre de Jessica Anthony. Le Cherche Midi. 🟩🟩🟩◼️◼️

Nage libre

Jessica Anthony

Traduction Claro

ISBN : 978-2-7491-8194-3 janvier 2025

139 pages

Dans une résidence américaine en novembre 1957, Kathleen Beckett refuse d’accompagner son mari et ses deux enfants à l’office dominical. Elle préfère aller nager dans la piscine de la résidence. Et plus que cela, elle ne quittera pas la piscine jusqu’à nouvel.

Avec ce court roman Nage libreJessica Anthony a écrit un roman intrigant, un peu grinçant. En 139 pages, à travers le couple formé par Kathleen et Virgil, elle va nous faire découvrir leurs secrets intimes et la réalité de l’American way of life avec, surtout, la femme au foyer abandonnant ses rêves.

Spoutnik 2 avec son chien Laika tourne autour de la terre, Kathleen refuse de sortir d’une piscine, les mensonges et adultères se révèlent peu à peu. Tout le monde se cache derrière les apparences. Il ne se passe pas grand-chose dans cette journée qui soutient le roman. Mais ce pas grand-chose cristallise les reproches et les frustrations des uns et des autres. Kathleen est sa frustration tennistique. Virgil est son culte pour Charlie Parker

Dans cette piscine, la nage va t’-elle devenir libre ?

 Jessica Anthony est une écrivaine américaine. Son premier roman Le convalescent est paru au Cherche Midi en 2016. Nage libre est son quatrième ouvrage.

quarante jours dans la jungle de Mat Youkee. Marchialy. 🟩🟩🟩🟩◼️

Quarante jours dans la jungle

Mat Youkee

Traduction Charles Bonnot

ISBN : 978-2-38134-060-9 Mars 2025

282 pages.

Qui a encore en mémoire les infos du 9 juin 2023 ? Ce jour-là, les chaînes d’infos nous apprirent que quatre enfants âgés de 13 à 1 ans avaient été retrouvés au fin fond de la jungle colombienne. Cela faisait 40 jours qu’on les recherchait suite au crash du Cessna qui les transportait avec leur mère et deux autres personnes. L’avion avait été retrouvé ainsi que les corps des adultes, mais pas de présence des enfants.

C’est cet événement que Matt Youkee, journaliste d’investigation britannique, a décidé de mettre en récit.

C’est un récit passionnant de bout en bout, doublé d’une réflexion et des interrogations que porte une telle histoire dans un pays où ont sévi l’armée, la guérilla des FARC, les cartels de la drogue et où vivent de nombreuses ethnies autochtones au milieu de la forêt amazonienne.

Magdalena est une femme indienne uitoto, mère des quatre enfants : Lesly, Soleiny, Tien et Cristin. Ces enfants sont issus de deux pères différents. Quand elle monte dans le vol HK-2803, elle souhaite quitter la jungle (pour de multiples raisons à découvrir). Elle veut se rendre dans les quartiers de la banlieue de Bogota.

Mat Youkee, comme tout journaliste d’investigation, va nous raconter son enquête et ses rencontres afin de comprendre ce qui a pu arriver et comment quatre enfants mineurs et en bas âge ont pu survivre dans la jungle colombienne. Cependant, il va entourer son enquête de facettes différentes concernant la société colombienne et indienne. Et c’est ce parti-pris qui illumine ce récit.

Au fur et à mesure du récit, on est confronté la réalité de la Colombie :

Pourquoi Magdalena, indienne, quitte la jungle ? Quelle place pour les ethnies indiennes ?

Quand est-il du patriarcat dans les ethnies indiennes ?

Comment faire des recherches dans une jungle aux mains des trafiquants et de la guérilla ?

Les enfants n’ont-ils pas été enlevés par la guérilla pour devenir des enfants soldats ?

Quel rôle joue l’armée et la présidence de la République ?

Que fait-on des chamans, des dieux et de la spiritualité dans la recherche des enfants ?

Toutes ces interrogations vont se télescoper durant le récit pour former une idée kaléidoscopique de la Colombie.

De ce récit, ce qui restera au fond de nous, ce sont ces quatre enfants livrés à eux-mêmes et qui auront en Lesly « une âme liane » pour les protéger. Ces enfants sont aujourd’hui « protégés » par la société dans les hôpitaux et dans des maisons d’enfants. Leur parcours reste difficile.

Ils veulent juste rentrer à la maison.

Mat Youkee est un journaliste d’investigation britannique basé en Colombie depuis plus de dix ans. Il collabore régulièrement à des journaux de renommée internationale tels que The GuardianThe Economist ou The Financial TimesQuarante jours dans la jungle est son premier livre.

Un jeu sans fin de Richard Powers. Actes Sud. 🟩🟩🟩🟩🟩

Un jeu sans fin.

Richard Powers

Traduction : Serge Chauvin

Actes Sud

ISBN : 978-2-333020-0-343 Février 2025

394 pages.

Un jour sans fin est le dernier volet d’un tryptique composé de L’Arbre-Monde et de Sidérations.

Dans L’Arbre-MondeRichard Powers, à travers le botaniste Pat Westerford, nous avait fait découvrir le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres.

Dans Sidérations, Théo Byrnes, un astrobiologiste élève seul son fils et chaque soir père et fils explorent ensemble les exoplanètes en tentant de percer le mystère de la vie.

Dans un jeu sans fin, Evie Beaulieu Todd Keanr, Rafi Young et Ina ont tous un lien avec Makatea, un atoll des Tuamotu en Polynésie française. Makatea a été dévasté en 1960 par l’exploitation des phosphates. Jusqu’à trois mille personnes ont vécu sur place. Aujourd’hui, Makatyea est un atoll de 90 personnes.

Et il est envisagé la construction de villes flottantes autour de l’atoll, en dehors de toute contrainte. Une mise en danger des fonds marins et de la communauté vivant sur l’île.

Comme toujours, Richard Powers écrit un roman dense entre science, poésie et réalité écologique du monde.

Il n’y a pas d’étonnement à retrouver dans ce roman un Américain libertaire créateur de son entreprise Playground, pionnière dans les jeux vidéo, les réseaux sociaux et l’IA. Cet Américain libertaire, c’est Todd Keane. Il est le narrateur du livre et nous le découvrons quand il vient d’apprendre qu’il est porteur de la maladie de Lévy, dégénérescence non soignable. À travers sa narration, il va mettre en perspective les 60 dernières années et les liens qui unissent les personnages.

C’est du grand art littéraire qui trouvera un épilogue étonnant dans les dernières pages du roman. Un épilogue qui donnera une nouvelle couleur au roman.

Richard Powers fait preuve d’une virtuosité incroyable pour mettre en scène tous ces personnages à différentes périodes de leur vie avant de les réunir à Makatea. Tout comme il fait preuve de poésie pour nous parler des fonds marins, du vivant et des micro-organismes. Les pages sur la danse du sepeiide sont d’une beauté à couper le souffle.

S’attaquer aux grands problèmes de ce monde, IA, écologie,dérèglement climatique, engendre un roman magnifique entre résilience et éternité.

Chapeau, monsieur Powers.

Richard Powers, né le 18 juin 1957 à Evanston dans l’Illinois (États-Unis), est un écrivain américain. Richard Powers devient un auteur reconnu et à succès aux États-Unis au début des années 1990, avec des romans explorant les relations entre sciences (physiquegénétiquetechnologie) et art (musique). Il obtient plusieurs récompenses et distinctions dont une bourse MacArthur en 1989, ainsi que le Lannan Litterary Award en 1999. Il est titulaire en 2010 et 2013 de la chaire d’écriture Stein à l’université Stanford1, avant d’être nommé professeur titulaire d’écriture créative dans cette même université Stanford (à la chaire Phil and Penny Knight Professor of Creative Writing).

Il est lauréat du prix Pulitzer de la fiction de littérature 2019 pour son roman L’Arbre-monde.

Cairns de Martin Baldysz. Paulsen. 🟩🟩🟩🟩◼️

Cairns

Martin Baldysz

Paulsen

Traduit du norvégien par Marina Heide

ISBN : 978-2-37502-4-355 Janvier 2025. 112 pages

Pas de lieu, pas de temps. La montagne et les fjords norvégiens.

Il y a un an, Kirsten Nesse, jeune bergère de 17 ans, s’est réfugiée dans la montagne après avoir tué un chasseur. C’est ce que l’on dit.

Un jour, Kirsten Nesse croise le chemin du garde champêtre. Elle lui demande de dire au pasteur de venir la rencontrer en montagne.

Pour partir à sa recherche, le pasteur Sebastian Ribe souhaite emmener avec lui Reidar Skarren, connu comme le Marginal ou le Montagnard. Chacun est attiré différemment par le divin. Pour le pasteur, la vocation religieuse, et pour Reidar Skarren, la dive bouteille !

Avec CairnsMartin Baldysz nous délivre un récit court et concis, devenant de plus en plus sombre au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans la montagne rocheuse, marécageuse et brumeuse. Aux prises avec une nature incarnée, la solitude de la montagne répond à la solitude de Kirsten, de Reidar et du pasteur. Cette nature incarnée, les elfes, les trolls et Huldra, femme mythique à la queue de vache, révèlent les tourments de chacun et les vérités cachées.

Dans ce monde de brumes et de tourments, le cairn reste un point, une bouée, un horizon, un repère. Mais n’est-il que pierre ? Dans ce monde de brumes et de montagnes, l’animisme est maître.

En lisant ce roman, résonnent les moments d’un autre roman magnifiant la montagne et les mythes : le chant des pentes de Simon Parcot. Derrière le sombre et le tragique, il y a toujours et encore la beauté de la nature, cette nature incarnée.

« En goûtant le breuvage, les yeux clos, il eût l’impression de tomber dans un buisson de genévriers, comme lorsqu’il était enfant. Un goût poivré se répandit au fond de lui, une odeur de mousse et de terre retournée. Puis l’odeur d’un cheval marchant d’un pas lourd dans une neige épaisse.

Cairns est le premier roman de Martin Baldysz traduit en français.


Martin Baldysz
 est romancier. Il vit au cœur de la nature dans une ferme de l’ouest Norvégien.

En attendant le déluge de Dolores Redondo. Gallimard. 🟩🟩🟩◼️◼️

En attendant le déluge

Dolorès Redondo

Gallimard. Série Noire.

Traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon

ISBN : 978-2-07301-8-694 Août 2024

550 pages.

Pour son roman thriller En attendant le délugeDolores Redondo s’appuie sur deux faits réels . D’abord en 1969, en Écosse, sévit un tueur en série appelé Bible John. Il a tué trois jeunes femmes et s’est évaporé dans la nature. A ce jour son identité n’est pas connu. Est il vivant, est il mort ? Personne ne sait.
Autre fait réel : les inondations centenales de Bilbao en août 1983 qui vont faire plus de 40 morts.
Ces deux événements vont servir de pont pour le roman de Dolores Redondo.
Et si Bible John avait quitté l’Écosse et s’était réfugié au Pays Basque.
Partant de ce postulat, l’autrice invente le personnage de Noah, policier écossais qui retrouve la trace de Bible John à Bilbao.
C’est du thriller pur jus avec ses codes bien précis : des meurtres plus glauques les uns que les autres, les failles secrètes des personnages, un environnement tragique et la pluie jusqu’à plus soif.
Tout cela se lit sans déplaisir mais au bout de 550 pages, tout est bien humide, spongieux et couleur sang.

Dolores Redondo, née le 1969 à Saint-Sébastien, dans la province de Guipuscoa, au Pays basque, est une romancière espagnole, auteur de romans historiques et policiers.

Après des études de droit, elle travaille dans le commerce pendant plusieurs années.

En 2009, elle publie un premier roman historique nommé Los privilegios del ángel.

En 2013, elle écrit le roman policier El guardián invisible qui est le premier volume de la trilogie de la vallée du Baztan, commune où se déroule l’intrigue.

Les carnets du Congo de Nikolaj Frobenius. Actes Sud. 🟩🟩🟩◼️◼️

Les carnets du Congo

Nikolaj Frobenius

Actes Sud

Traduction du norvégien : Françoise Heide

ISBN : 978-2-330-19804-6 Octobre 2024 ( Edition originale 2018 )

320 pages.

Les carnets du Congo est un roman de l’auteur norvégien Nikolaj Frobenius s’appuyant en partir sur une histoire réelle.
En mai 2009, dans l’est du Congo le chauffeur Abeli Kasongo est abattu sur une piste, dans la jungle. Dans le véhicule se trouvaient deux ex soldats norvégiens, Joshya French et Tjostolv Moland.
Après une poursuite ils vont être arrêtés et accusés du meurtre du chauffeur. Au terme d’un procès « africain  » ils sont condamnés à mort.
Reste le mystère de leur présence au Congo. Que faisaient-ils ? Touristes, mercenaires, agents secrets ?
Le narrateur du roman est envoyé au Congo par un réalisateur de films afin d’écrire le scénario de cette histoire.
Tel est le point de départ de ce roman qui m’a un peu laissé sur ma faim.
Le Congo, les rebelles, les mines d’or, le Rwanda voisin laissaient espérer une fresque aventureuse enlevée. Ce n’est pas le cas. Tout ceci est abordé par petites touches et ne donne pas une vision globale du pays.
L’auteur, Nikolaj Frobenius s’est attaché au narrateur et à son passé qui interagit avec le présent congolais. Cette interaction étant propice aux mensonges, à la paranoïa et à la distorsion de la vérité.
Une facette intéressante du livre est effectivement la distorsion entre la réalité des faits , ses inconnues et la traduction qu’il en sera faite dans un scénario de films. Jusqu’où peut on retravailler des inconnues.
Reste une lecture agréable agrémentée d’un trouble sur les vicissitudes de l’Afrique et de ses agents d’influence.

Né en 1965 à Oslo, Nikolaj Frobenius a étudié au London Institute of Screenwriting. Il a écrit des romans, des pièces de théâtre et des scénarios, comme par exemple celui du thriller Insomnia (l’original norvégien aussi bien que le plus récent remake américain avec Al Pacino) ou Øyenstikker de Markus Holst (dont la musique a été écrite par Magne Furuholmen du groupe A-ha). Actes Sud a déjà publié Le Valet de Sade (1998), Le Pornographe timide (2000), Je est ailleurs (2004), Je vous apprendrai la peur (2011) et Branches obscures (2016) et Les Carnets du Congo (2024).

48 indices sur la disparition de ma sœur de Joyce Carol Oates. Philippe Rey. 🟩🟩🟩◼️◼️

48 indices sur la disparition de ma sœur.

Joyce Carol Oates

Philippe Rey

Traduction : Christine Auché

ISBN : 978-2-38482-074-0 Mars 2024

286 pages

La dernière fois que G (Georgene) a aperçu sa soeur M ( Marguerite) Fulmer, nous étions le 11 Avril 1991 pas loin d’Aurora on Cayuga au Nord de l’Etat de New-York.
La dernière fois que G a aperçu M s’est au travers d’un jeu de miroir.
M a 27 ans , étudiante en art et sculptrice, elle partait à son université.
G sa soeur cadette à 22 ans.
M est une belle jeune fille, éthérée , appréciée et aimée de tous.
G est une jeune fille moche, légèrement boulotte travaillant au guichet de la poste locale et franchement jalouse de sa soeur.
M et G ont perdu leur mère il y a quelques années des suites d’un cancer.
Elles vivent avec leur père dans une grande maison bourgeoise. le père étant un homme de pouvoir à la tyrannie facile.
M est proche d’un sculpteur et artiste Elke. Celui- ci a un goût artistique pour les corps et les cadavres.
48 indices sur la disparition de ma soeur est découpé en 48 chapitres non chronologiques et linéaires.
La narratrice de ces 48 chapitres est G ( Georgene) la jeune soeur. Nous sommes 22 ans après les faits et M n’est pas réapparu.
Chaque chapitre , pour Georgene, est l’occasion de réfléchir à chaque indice menant à la disparition de Marguerite.
Cette narration est sous-tendue par le temps qui a passé, les souvenirs, la mémoire mais aussi par la psychologie pour le moins instable de G.
L’autrice Joyce Carol Oates remet tout cela en perspective par une écriture fractionnée fait de passage en italiques, de nombreuses parenthèses représentant en partie la psyché de G.
On peut être dérouté par ce parti pris qui ne permet pas à la lecture d’être fluide.
Mais quelques chapitres passés, on entre dans le livre et on comprend rapidement que cette façon de faire nous permet de mieux appréhender les affres psychologiques de Georgene. Comment se remémorer des événements tragiques à leurs justes valeurs.
Le fait que la dernière vision de sa soeur M se fasse à travers un jeu de miroir est symptomatique de cela.
Ces 48 indices permettront ils de résoudre cette disparition ? Peut être ou peut être pas.
Joyce Carol Oates nous délivre un roman âpre et vénéneux et jongle avec les codes du thriller et les fantasmes.

Joyce Carol Oates, née le 16 juin 1938 à Lockport dans l’État de New York, est une femme de lettres américaine prolifique, à la fois poétesseromancièrenouvellistedramaturge et essayiste. Elle a également publié plusieurs romans policiers sous les pseudonymes Rosamond Smith et Lauren Kelly.

Parmi ses romans les plus célèbres on peut trouver Nous étions les Mulvaney (1996), Un livre de martyrs américains (2017), Reflets en eau trouble (1992) et Blonde (2000) qui est considéré comme le « chef-d’œuvre de sa carrière ». Son roman semi biographique a pu bénéficier d’une adaptation télévisée peu de temps après sa sortie et surtout d’une adaptation cinématographique au début des années 2020.

Un entretien avec Joyce Carol Oates sur France Inter ( Eté 2024 )

On m’appelle Demon Copperhead de Barbara Kingsolver. Albin Michel. 🟩🟩🟩🟩◼️

On m’appelle Demon Copperhead

Barbara Kingsolver

Traductrice : Martine Aubert.

Albin-Michel

ISBN : 978-2-226-47837-5 Janvier 2024

605 pages

On m’appelle Demon Copperhead de Barbara Kingsolver s’appuie sur le roman de Charles Dickens : David Copperfield.
Elle transpose sont récit aux Etats -Unis, de nos jours en Virginie.
Nous sommes dans le Comté de Lee auprès d’une communauté « Melungeon  » et de blancs aux prises avec la pauvreté.
Dans la même veine que lz livre de Charles DickensOn m’appelle Demon Copperhead est un roman d’apprentissage. le roman est à une voix, celle du narrateur Demon Copperhead. Une narration faite à hauteur d’enfant, d’émotions et de souvenirs.
Et les premières lignes du roman donnent le ton :  » Déjà je me suis mis au monde tout seul . Ils étaient trois ou quatre à assister à l’événement et ils m’ont toujours accordé une chose : c’est moi qui est dû me taper le plus dur, vu que ma mère était, disons, hors du coup. « 
Demon, notre narrateur est né d’une jeune femme toxico et d’un père disparu.
Pendant les 600 pages du roman Demon va nous raconter les aléas et vicissitudes de sa vie.
Aléas et vicissitude ne rendent pas compte de la réelle violence de son enfance. c’est un constat brutal de ce que peut être la vie d’un enfant puis d’un adolescent dans cette Amérique de la violence et de la solitude.. Trimballé de services sociaux en famille d’accueil, Demon arrive à se construire une communauté d’enfants issus du même milieu social et de quelques adultes. La pauvreté, les larcins, s’insinuent de partout. Les inégalités ravagent cette jeunesse. Quelques personnes bienveillantes apaisent tant soit peu ces blessures.
Ces ravages ont comme toile de fond la crise des opioïdes qui gangrène les Etats Unis. La société Pharma Purdue inonde le marché de soi-disant médicaments juste anti-douleurs. Médicaments pour les personnes atteintes de cancer mais aussi pour les jeunes joueurs de foot américain.. Et l’on devient vite addict à ces médicaments.
Cette jeunesse pauvre, en manque de repères et d’affection se refugie bien évidemment dans ces opioïdes et plus particulièrement l’Oxy.
Le road trip, le road movie de Demon nous touche en plein coeur et sa résilience dans ce monde hostile est magnifique.
A la fin de ce roman , on ne souhaite pas laisser Demon. Mieux que cela on aimerait le rencontrer et passer un long moment avec lui et sa gouaille. Il mérite notre respect.

Barbara Kingsolver est une écrivaine américaine. Sous forme d’essais, de nouvelles ou encore de poèmes, ses écrits reflètent son intérêt pour la justice sociale et la biodiversité.

Lorsqu’elle est âgée de sept ans, ses parents l’emmènent au Congo où son père officie en tant que médecin.

Barbara Kingsolver décide de quitter le Kentucky, qui ne lui offrait pas l’avenir qu’elle souhaitait, pour l’Indiana où elle devient diplômée en Biologie. Après avoir poursuivi ses études en écologie et biologie à l’Université d’Arizona, elle y devient écrivain scientifique. Souffrant d’insomnie, elle se met a écrire « L’ arbre aux haricots » et commence ainsi sa carrière de romancière. Dans ses romans, elle traite avec un certain humour des thèmes pourtant sérieux de la défense de la nature, des réfugiés, du sens de l’indépendance ou de la sensualité qui s’affirme à chaque époque de la vie.

Dans « Un autre monde », elle fait vivre un jeune garçon entre Mexique et États-Unis. Elle y évoque aussi bien les manifestations de vétérans et leur répression violente sous Hoover, que les amours de Frida Kahlo et de Léon Trotsky, son assassinat en 1940 ou que le Maccarthisme qui vient à bout du jeune héros. Ce roman a reçu le Prix Orange pour la fiction en 2010.

Elle partage son temps entre sa ferme des Appalaches et l’Arizona, avec son deuxième mari, Steven Hopp, et ses deux filles.

Les héritiers de l’Arctique de Aslak Nore. Le Bruit du monde. 🟩🟩🟩◼️◼️

Les héritiers de L’Arctique

Aslak Nore

Traduction : Loup-Maelle Besançon

Le Bruit du Monde

ISBN : 978-5-4392- 0625- 1 Avril 2024

496 pages

Les héritiers de l’Arctique de Aslak Nore est la continuation de la saga de la famille Falck. Aslak Nore nous a fait connaitre cette famille dans son livre précédent le cimetière de la mer.
Ce deuxième livre peut tout à fait être une découverte de l’univers de l’auteur norvégien.
Il y a peu de lien entre le cimetière de la mer et les héritiers de l’Arctique, et quand nécessaire l’auteur nous facilite la compréhension et la lecture.
La famille Falck, famille norvégienne influente, est composée de deux branches, l’une à Bergen, l’autre à Oslo.
Un jour, un personnage russe est retrouvé empoisonné à Barentsburg, au Svalbard. Avant de mourir celui-ci révèle l’existence d’une taupe russe dans la famille Falck.
Toute ressemblance avec des empoisonnements d’espions russe est voulue.
A partir de cette révélation Aslak Nore va construire son roman autour de l’identité norvégienne, des secrets d’une grande famille, du réchauffement climatique qui ouvre de nouvelles perspectives commerciales sur les routes du Nord et aussi sur la faiblesse des démocraties et la montée des régimes autocratiques.
Les héritiers de l’Arctique est un agréable roman d’espionnage, ludique fait de rebondissements, d’enjeux d’héritage mais aussi d’enjeux géopolitique.
Un bon roman pour commencer l’été
Et pour peu que la chaleur s’installe, la fraicheur du Spitzberg sera la bienvenue.

Aslak Nore est un écrivain et journaliste norvégien, éditeur, auteur de non-fiction et de roman policier.

Il est le fils de l’écrivain Kjartan Fløgstad (1944). Après des études à la New Shool for Social Research de New York, il rejoint le bataillon d’élite norvégien Telemark en Bosnie, avant de travailler comme journaliste au Moyen Orient et en Afghanistan. Il vit aujourd’hui à Marseille.

Il fait ses débuts littéraires en 2007, avec le roman « Gud er norsk ». Auteur de plusieurs bestsellers et lauréat du prix Riverton pour le meilleur roman policier en Norvège en 2018, il a connu le succès en France dès sa première publication, « Le cimetière de la mer » (« Havets kirkegård », 2021), qui a obtenu le prix des Mémoires de la mer 2023. En 2023, il a publié « Les héritiers de l’Arctique » (« Ingen skal drukne »)

Plus grand que le Monde de Meredith Hall. Philippe Rey. 🟩🟩◼️◼️◼️

Plus grand que le monde

Meredith Hall

Traduction : Laurence Richard

ISBN :978-2-38482-064-1 Février 2024

365 pages.

Voici un livre qui est encensé sur Babelio. 41 critiques .Plus de 1 200 lecteurs et une note moyenne de 4.15. Des critiques de la presse sont élogieuses ( le point – le temps -Times)
Joyce Maynard y va de son commentaire : Bouleversant de poésie, de beauté et de grâce.
Les mots qui ressortent de ces éloges : famille, amour, compassion, résilience, chagrin, rédemption.
Le titre anglais du livre de Meredith Hall est Bénéficence que l’on peut traduire par Bienfaisance. L’éditeur français a choisi Plus grand que le monde.
Tout ce préambule pour dire que je ne me retrouve pas dans ces éloges et commentaires.
Avant de vous expliquer mon ressenti , un résumé de ce roman.
il s’agit d’une histoire familiale étendue sur 5 générations dans une ferme du Maine à Alstead dans le Nord Est des Etats Unis, Dans les années 30 vit dans cette ferme la famille Senter. Arrière grand père et grand père Senter ont vécu sur ces terres. Aujourd’hui c’est Tup Senter qui en a la charge. Il est marié à Doris et ils ont trois enfants : Sonny, Doddie et Beston. La vie va faire qu’un évènement tragique va affecté cette famille. Le roman va se poursuivre jusque en 1968 et nous montrer l’évolution de cette famille.
C’est de cette histoire que ressort les mots : famille, amour, compassion, résilience, chagrin, rédemption.
Et bien pour ma part je n’ai pas ressenti cela. Bien au contraire.
Meredith Hall nous décrit effectivement une famille amoureuse, soudée, heureuse mais elle nous décrit surtout une ferme, des lieux et des personnages proches de la petite maison dans la prairie ou d’un dessin animé de Walt Disney. Cela dégouline de bons sentiments où tout est beau, bon et gentil. L’époux est bon, l’épouse est bonne, les enfants sont modèles, la ferme est d’une propreté incroyable. Tout est aseptisé. le côté religieux est présent bien évidemment avec le Bon Dieu. On vit en vase clos .Tout est beau.
Je n’ai pas trouvé de poésie, de grâce et de beauté.
J’ai trouvé au contraire une famille regroupée autour du patriarcat, d’une certaine idée du conservatisme et de la non remise en question.
Le drame familial sous couvert de solidarité et de résilience ne fait qu’amplifier ce ressenti.
Plus grand que le monde porte bien son titre.
Malaise.

Meredith Hall est une écrivaine et professeur émérite à l’Université du New Hampshire.
En 2007, elle publie ses mémoires, Without a Map, immédiatement reconnus outre-Atlantique comme un classique du genre. Elle collabore régulièrement avec Five Points, The Gettysburg Review, The Kenyon Review, ou encore The New York Times. « Plus grands que le monde » est son premier roman.