Voici un livre qui me laisse dans l’expectative. Il s’agit du portrait de Lazare, l’homme ressuscité par Jésus. Pour raconter cette histoire, l’auteur Richard Zimler s’appuie sur une longue lettre que fait Lazare à son petit fils Yaphiel. Dans cette longue lettre Lazare va lui expliquer ce que sa résurrection à changé mais surtout son rapport avec Jésus alors que celui ci va rentrer dans Jérusalem pour Pâques. Afin d’être le plus près de la réalité, Richard Zimler va emprunter les termes hébreux pour désigner les personnages et les lieux. Jésus devient Yeshua ben Josef Lazare est Elezier ben Natan. Jérusalem est Yerushalayim. Ce parti pris donne une grande véracité à l’histoire, de même que l’immersion dans la Palestine de cette époque. L’occupation romaine est oppressante , le problème des langues est toujours là en filigrane. Comment se comprendre alors que cohabite le latin, l’hébreu, l’araméen, le grec, l’égyptien. Il est dit en quatrième de couverture que Richard Zimler réussit à faire de l’histoire la plus connue de toute notre culture un livre que l’on ne parvient pas à lâcher La quatrième de couverture dit aussi que dans ce portrait tout en nuances de Lazare, Richard Zimler replace Yeshua ben Josef dans le contexte culturel et religieux de l’époque à savoir celui du judaïsme et de ses traditions. Richard Zimler porte ainsi un nouveau regard sur une histoire qui nous est familière. Et c’est là que le bat blesse. Plusieurs fois j’ai eu envie de lâcher le livre. Lenteur de l’avancée. Grands passages mystiques de Elezier ben Natan ou de Yeshua ben Josef. Effectivement le portait de Lazare est tout en nuances , mais cette compassion et ce regard pose question. A aucun moment il n’est indiqué que c’est un roman. Pourtant des actions et des personnages ne correspondent pas à la réalité de l’Evangile de Jean. ( Présence de Loukkas – Luc) Richard Zimler nous fait vivre les quelques jours avant Pâques et la Pâques de Yeshua par les yeux de Elezier ben Natan. Jusqu’à quel point Elezier ben Natan a t il était si présent ? Enfin Richard Zimler insiste sur le judaïsme et la mysticité de Yeshua et la chrétienté naissante reste une secte détournant le message de Yeshua. Il me semble qu’il aurait été utile que l’auteur à la fin du livre mentionne son cheminement et ses différentes sources afin d’asseoir son récit.
L’appel du cacatoès noir à été écrit en 2009 par John Danalis. Il vient d’être édité et traduit en français par une petite maison d’édition Marchialy. John Danalis est un auteur et illustrateur australien. C’est son premier récit traduit en français. Nous sommes dans le récit, dans un récit de restitution. Depuis 40 ans John Danalis a grandi avec un crâne posé sur une étagère dans le salon de ces parents. La famille a même donné un nom à se crâne Mary. C’est seulement à 40 ans que John Danalis comprend l’horreur de la situation. Ce crâne appartient à un aborigène. Son père, vétérinaire, a longtemps parcouru le bush pour soigner les troupeaux. Lors de l’une de ses visites , à Swanhill, le père de John Danalis avait découvert les fours de campement ou coquilliers de plus de deux kilomètres de long. Ces coquilliers fournissaient un matériau bon marché, à drainage rapide, pour confectionner des revêtements de route. Des coquilliers entiers, qui souvent comprenaient des sites funéraires, furent excavés et convertis en route de campagne. Le crâne de Mary vient de là. Sa prise de conscience faite, John Danalis n’à plus qu’une obsession : rendre Mary à son peuple. Ce récit va nous permettre de suivre John Danalis dans sa recherche de l’histoire ancienne de l’Australie. Cela ressemble à une quête avec des rencontres, des certitudes qui vacillent et de profonds changements dans la vie de l’auteur. Pour nous lecteurs c’est la découverte du monde aborigène, de leur cosmogonie désigné sous le nom de Temps du Rêve. C’est le rappel que ce peuple indigène à été spolié de ces terres et de la mémoire des anciens. Que penser des musées qui dans leurs réserves conservent des centaines de milliers d’ossements ainsi que des milliers de lancés aborigènes. De jeunes aborigènes ont repris le flambeau et partout où ils le peuvent, ils mettent en place des cérémonies de réenterrement des ossements de leurs ancêtres. Sans haine, sans vengeance mais avec des remerciements pour les personnes qui permettent ce retour en Terre aborigène. Le crâne de Mary est retourné en terre aborigène après des cérémonies d’une grande émotion. Yangurr waletya waletya ati Werreka aty lar Kayi kuthup Yangurr waletya waletya ati Ngaliyuk wawimpa kutnyuk Werraka aty lar kumba Nguteyuk kurruk pa yemin yemin Kayi kuthup kayi kuthup kayi kuthup Nous venons à toi, nous nous présentons à toi Pour te ramener au pays Je suis désolé Nous venons à toi, nous nous présentons à toi Notre frère, notre soeur Pour te ramener au pays, reposer et dormir Ton pays et lieu de ta sépulture Je suis désolé, je suis désolé, je suis désolé WARPA WOY Chant de réenterrement Jida Gulpilil. Un récit qui m’à touché par sa simplicité, sa sincérité. Un récit qui nous parle d’ouverture, de recherche de la différence. Un récit qui nous parle de nos racines à chacun. « Je me sentais juste bien. Comme si j’étais à ma place. Comme si j’étais rentré au pays » Cette plume de cacatoès noire, animal totem pour les aborigènes Wemba Wemba est venu jusqu’à nous. Si vous la rencontrer dans une librairie ou une médiathèque, faites lui une petite place.
John Danalis est un auteur et illustrateur australien. L’Appel du cacatoès noir est son premier récit publié en français. « La quête émouvante d’un homme qui cherche à restituer un crâne aborigène. »
La danse du cacatoes noir . Animal totem des Aborigènes Wamba Wamba.
L’inconnu de la poste s’est avant tout quelques souvenirs au long des années. Tout d’abord le souvenir de cet adolescent, Gérald Thomassin, qui reçoit le César du meilleur Espoir pour le film le petit criminel. Puis le souvenir d’un flash infos indiquant que l’acteur Gérald Thomassin avait été arrêté pour le meurtre d’une postière à Montréal la Cluse dans l’Ain. Encore un autre flash infos indiquant que Gérald Thomassin ne s’était pas présenté à une confrontation et que depuis il avait disparu. Enfin, une ligne de journal pour dire qu’une ordonnance de non lieu à été prononcé en faveur de Gérald Thomassin. Donc, une histoire cinématographique et judiciaire un peu connue mais avec beaucoup de flous. Et puis le livre de Florence Aubenas pour mettre en place toutes les pièces du puzzle. Et la magie opère. Nous sommes chez Chabrol ou Simenon. D’abord l’atmosphère du territoire. Cet endroit reculé de l’Ain, cette cluse entre Lyon et Genève, au pied des montagnes et des sombres forêts de sapins. Pays rural de fermes, d’élevage qui va se transformer à la fin du vingtième siècle en Plastic Vallée. Et dans ce territoire un microcosme local. D’abord Raymond Burgod, le potentat de Montréal la Cluse. Ancien Premier adjoint devenu secrétaire de mairie. Incontournable. Imbu de lui même. Possessif envers sa fille unique Catherine. imposer un mariage lui paraît naturel. Catherine, donc sa fille, la quarantaine, mariée, deux enfants. Postière de son état. Mariée mais en instance de divorce. Toute sa vie est à Montréal la Cluse, dont toutes ses copines qui viennent tous les matins passer un moment dans l’arrière salle de l’agence postale. Catherine est une belle femme, toujours bien habillée, mais dépressive du fait de son divorce. Les copines ont tôt fait de l’emmener en boîte de nuit. Catherine a tôt fait de retrouver un amoureux. Dans cette ville de Montréal la Cluse, il y a aussi, quelques jeunes désargentés, déjantés, accro à l’alcool et à la drogue . Montréal la Cluse est un point de deal entre Lyon et Genève. Les caïds sont à Lyon ou Genève, les petits dealers à Montréal la Cluse. Et c’est dans ce microcosme que va venir s’installer l’acteur et comédien Gérald Thomassin. Enfant de la Ddass, lui aussi en proie à la dépression, l’alcool, la drogue et le suicide. Il va s’installer dans un studio en sous sol, en face de l’agence postale. Juste un soupirail pour entrevoir l’agence. Et dans ce studio vont défiler les déjantés et accros de Montréal la Cluse.
Un matin, quelques jours avant Noel 2008, Catherine Burgod est retrouvé morte dans l’arrière salle de l’agence postale. Elle a reçu 28 coups de couteaux. le contenu du coffre fort s’est envolé mais pas le sac à main de Catherine Burgod. Florence Aubenas à passé de long mois dans le Haut Bugey pour s’imprégner de l’atmosphère de cette région mais aussi pour rencontrer les protagonistes de cette affaire criminelle. Ce n’est pas un livre sur Gérald Thomassin. C’est un livre dans lequel il est l’un des protagonistes. Le talent de Florence Aubenas est de nous restituer une chronique judiciaire avec beaucoup d’humanité quelque soit les personnages. Qu’il s’agisse des potentats locaux, des petites frappes ou encore des directeurs de casting ou réalisateurs de cinéma. Un peu à la fois apparaît en filigrane, cette société a deux vitesses, Paris et la province, mais aussi les laissés pour compte de notre monde libéral. Florence Aubenas ne prend pas partie. Elle donne à chacun son éclairage, ses vérités, ses blessures. Elle donne des surnoms : Tintin, Rambouille, le Nain, le Nouveau, le Futur Ex…… Toujours avec humanité. Comme dans Simenon ou Chabrol, elle ausculte la société et décrit ses travers. C’est souvent noir, caustique. A chacun de faire son avis . L’âme humaine est complexe.
Retrouver Stefano Massini est un vrai plaisir de lecture. Après l’exceptionnel Les Frères Lehman,Stefano Massini nous reviens avec un livre dans la même veine littéraire, à savoir une écriture en vers libre. Cette fois ci il aborde un sujet qui peut apparaître secondaire : la naissance du football féminin en Angleterre. Mais traiter par Stefano Massini nous louvoyons entre poésie, drôlerie et film de Ken Loach. Nous sommes le 6 Avril 1917 à Sheffield dans une usine qui fabrique des bombes. Les hommes sont à la guerre, les femmes sont ouvrières et font vivre la famille. Ce jour là, onze d’entre-elle sont sur un mûret de l’entreprise. Devant elles une cour de brique rouge 330 pieds par 240 et un portail à chaque extrémité. Au milieu de la cour ce qui devrait être la réplique d’une bombe. ‘On raconte que tout commença avec Violet Chapman Carc’est elle qui donna le premier coup de pied » (p 11 ) Le football féminin voyait le jour. le Ladies Football Club était son premier club. Sous l’écriture de Stefano Massini, tout est humour et drôlerie mais derrière ce paravent se cache les réalités de l’époque : les hommes à la guerre, la condition ouvrière féminine, la non reconnaissance et le non respect de la femme , l’émergence du communisme. A travers le football, l’auteur nous raconte la création d’une nouvelle vie, d’une nouvelle liberté par et pour ces femmes. Comment collectivement avec leurs forces et leurs faiblesses, elles sont devenues maîtres de leur destin. « Le 20 Décembre 1918 On vit une femme de trente ans S’enfuir à toute allure Comme une forcenée Du stade de Stamford Bridge Interrompant définitivement le match. Personne ne sait ce qu’elle est devenue Dans les mains elle avait un ballon. »
Stefano Massini (né à Florence le 22 septembre 1975) est un écrivainitalien. Depuis 2015, il est consultant artistique pour le Piccolo Teatro de Milan.
Diplômé en littérature ancienne à l’Université de Florence, il commence à fréquenter, à l’âge de 24 ans, l’environnement théâtral pendant son service civil, en collaborant au Maggio Musicale Fiorentino1. En 2001, il est assistant bénévole de Luca Ronconi au Piccolo Teatro di Milano, lequel l’encourage à se consacrer à l’écriture de textes 2. Il commence à travailler dans l’écriture scénique et depuis 2005, il est dramaturge. Il a notamment remporté le prix Tondelli pour L’Orso Assordanto del Bianco3.
Les chevaux d’Hitler est un livre remarquable qui retrace la traque de l’un des trésors architectural du Troisième Reich. Arthur Brand qui nous raconte l’histoire est un enquêteur néerlandais spécialisé dans la criminologie artistique. Les chevaux d’Hitler sont des statues monumentales qui été érigées devant la chancellerie du Reich à Berlin. Elles ont disparu lors du bombardement du bunker d’Hitler par les russes et les alliés en 1945. Depuis cette date plus de nouvelles. Or en 2014, Arthur Brand est mis en contact avec une photo représentant les chevaux d’Hitler prise après 1945. S’agit il d’un faux ou les sculptures sont elles toujours existantes. C’est ce que va nous apprendre ce livre avec une enquête digne d’un roman d’espionnage. Tout y est : les nazis, les Russes, la Stasi, le KGB, les services secrets, les sociétés secrètes ou encore les marchands d’art véreux Et tout est réel. Cette enquête va nous permettre d’en savoir plus sur les deux grands sculpteurs du Troisième Reich : Josef Thorak et Arno Breker. Quel rôle avait il dans la machine d’État nazi. De même pour le rôle joué par l’état Est Allemand et les Russes dans la dispersion des oeuvres du Troisième Reich. Je n’en dirais pas plus pour conserver le côté polar et enquête C’est instructif ,enlevé , et très plaisant à lire. Que demander de plus !
Arthur Brand est surtout connu comme un enquêteur néerlandais sur la criminalité artistique qui a récupéré plus de 200 œuvres d’art. Sa vocation est d’être historien de l’art et consultant en art. C’est par amour de l’art qu’il prend la récupération de l’art perdu comme un intérêt personnel.
Meurtres aux Kerguelen. Voilà un titre et un lieu chargé de mystère et d’aventures. Étant passionné de philatélie polaire, je connais ces lieux et me dire qu’une intrigue policière allait être menée au coeur des Terres Australes et Antarticques Francaises ne pouvait pas me déplaire. Le roman est écrit à deux mains. Une main féminine, Sophie Laurent qui a vécu sur l’île Maurice et qui a travaillé pour la Curieuse, l’un des bateaux ravitailleurs de ces îles du bout du monde. Une main masculine, Olivier Montin, qui a travaillé pendant cinq ans dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises ( TAAF ) et qui de ce fait à effectué de nombreux voyages sur le Marion Dufresne, navire ravitailleur et scientifique. Rien ne manque dans ce » documentaire policier « . Vous saurez tous sur les TAAF, les rotations de la Curieuse et du Marion Dufresne. Vous ferez le tour des îles Amsterdam, Crozet et Kerguelen. Vous apprendrez à reconnaître les acronymes qui désignent les îles KER-CRO-AMS. Vous saurez qu’un responsable de district se nomme DisKer ou DisCro ou encore DisAms. Vous vivrez aussi au contact des personnels de ces bases perdues dans l’océan Indien. Vous apprendrez un peu sur les recherches scientifiques dans l’ionosphere ou dans la Biomasse, Vous serez confrontés aux vents permanents et à la rudesse des lieux et du climats. Vous découvrirez manchots, éléphants de mer, petrels, skuas, albatros et autres chionis. Un vrai documentaire. Concernant l’intrigue policière, elle met longtemps à se mettre en place. Des les premières pages nous savons qu’il y a mort et meurtre. Par contre il faudra attendre une bonne centaine de pages sur deux cent cinquante avant que l’enquête policière se déploie un peu. de la faute du documentaire. Il ne faut donc pas attendre un vrai polar avec ce livre. En résumé un documentaire sur les TAAF agrémenté d’un zeste de polar. Si ce n’était que cela, cela serait déjà bien …. Mais malheureusement ce n’est pas le cas car la forme et le style du livre sont désespérantes Comment un éditeur peut il accepté d’éditer un livre dans ces conditions de relecture. A croire que nous avons entre les mains une épreuve non corrigée Comment peut on laisser passé autant de fautes d’orthographe, autant de phrases lourdes sans parler des mots manquants. Comment ne peut on vérifier la chronologie des jours alors que celle ci représente les titres de chapitres. Donc nous passons du Mercredi 4 Novembre au Vendredi 4 Novembre puis du Dimanche 13 Novembre au Samedi 14 Novembre ! Autre point : le Marion Dufresne est indiqué à quai au Port à la Réunion. Quelques chapitres plus loin représentant une dizaine de jours, on le retrouve à quai au Cap en Afrique du Sud rentrant d’une opération scientifique d’une dizaine de jours aux Îles Bouvet. Soit il est à La Réunion, soit il est au Cap mais pas aux deux endroits. C’est impossible. J’arrête là tous ces exemples qui ont rendu la lecture de ce livre extrêmement pénible. Tellement pénible que le fond du livre est relégué bien loin …. Livre reçu dans le cadre de la Masse Critique Polar et Mauvais genres. Merci à Babelio et aux Éditions L’Harmattan … en attendant mieux la prochaine fois
Apeirogon : figure géométrique au nombre infini de côté. Il y a mieux que ce nom barbare pour donner un titre à un roman. Et pourtant…. Le dernier livre de Colum McCann est étourdissant dans sa forme comme dans le fond. Colum McCann s’appuie sur des faits réels qui ce sont déroulés il y a 23 et 13 ans en Israël et en Cisjordanie. En 1997 Rami Elhanan, israélien, a perdu sa fille de 13 ans Smadar lors d’un attentat kamikaze du Hamas dans Yehuda Street à Jérusalem. En 2007 Bassam Aramin, palestinien, à perdu sa fille de 10 ans Abir , abattu par un tireur israélien alors qu’elle allait à l’école. Rami et Bassam, né pour haïr le peuple ennemi vont au contraire devenir inlassablement des conteurs de leur vie et inlassablement des combattants pour la paix au travers des associations le Cercle des Parents ou Les combattants pour la Paix. A partir de ces événements Colum McCann va tisser un roman hybride entre fiction et réalité. Le roman est constitué de 1000 chapitres ( faut il voir un lien avec ce qui est dit au chapitre 220 : il n’y a de nombres amicaux qu’en deçà de 1 000 ) Les chapitres peuvent être de plusieurs pages ou au contraire ne contenir qu’une seule phrase. La première partie contient 499 chapitres numérotés de façon croissante ( 1 à 499 ). le chapitre 500 est double et il regroupe les interviews menés auprès de Rami Elhanan et Bassam Aramin. La deuxième partie contient elle aussi 499 chapitres numérotés de façon décroissante ( 499 à 1 ). Vous remarquerez que l’auteur s’est astreint à une numérotation arabe croissante et à une numérotation juive décroissante. Tout le roman est marqué par ce balancier entre monde arabe palestinien et monde israélien juif. Qu’il est difficile de rester sur une ligne de crête . Cette ligne de crête que Colum McCann décrit de façon poétique avec le fildeferiste Philippe Petit qui a tendu son fil au dessus de la vallée de Hinnom encore connue sous le nom de vallée de la Gehenne. Philippe Petit portait une tenue ample aux couleurs des drapeaux israélien et palestinien. le bras et la jambe opposée représentant un drapeau. Dans une poche un pigeon blanc qui devait s’envoler représentait la paix. Pas une colombe car Philippe Petit n’en avait pas trouvé à Jérusalem. Quel symbole ! Tout comme ce pigeon qui ne voulut pas s’envoler et resta posé sur la tête de Philippe Petit ou sur l’extrémité de son balancier et pouvant compromettre la traversée du fildeferiste.Ligne de crête. Cette ligne de crête qui nous rappelle que tout est géographie dans ces territoires minuscules. » Il se penche à gauche et slalome jusqu’à la voie de dépassement, vers les tunnels, le mur de séparation, la ville de Beit Jala. Un coup de guidon, deux possibilités : Gilo d’un coté ( israelien) Bethléem de l’autre. ( palestinien ) » Chapitre 2 : » Cette route mène à la Zone A sous autorité palestinienne. Entrée interdite aux citoyens israéliens. Danger de mort et violation de la loi israélienne. » Il est interdit à tous Israélien d’aller en Cisjordanie. Israël ne donne aucune information sur la Cisjordanie. Chapitre 67 » Au loin au dessus de Jérusalem le dirigeable s’élève « Du dirigeable on peut observer. Combien de capteurs de caméra ? Chapitre 251 » En 2004, des tourniquets ont été installés aux checkpoints piétons de Cisjordanie afin que les gens puissent passer en bon ordre…. A intervalles de quelques secondes, les tourniquets sont bloqués et les piétons restent enfermés dans de long tunnels métalliques. … La technique utilisée aux checkpoints est si fine que même les murmures les plus discrets peuvent être enregistrés. «
Tout est géographie et ligne de crête. C’est là que vivent les familles de Bassam et Rami. réunis par le malheur et la perte d’un enfant Plutôt qu’une narration classique, Colum MacCann nous distille un récit fragmenté comme ces bombes terroristes où israéliennes . La forme fragmentée du livre est le miroir de la complexité des relations israelo-palestiniennes. S’ouvrant sur les collines de Jérusalem et se terminant sur celles de Jéricho, le livre plonge dans tous les domaines. Il mélange politique, religion, histoire, musique, ornithologie, géopolitique, géographie. Il se déploie en cercles de plus en plus larges pour absorber tout ce qui, de près ou de loin, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, nous apprend quelque chose sur cette terre et ses hommes . Ces cercles qui nous disent que le conflit israelo- palestinien est le nôtre. Nous sommes tous l’un des innombrables côtés de l’Apeirogon. Ces côtés de l’Apeirogon qui invariablement reviendront nous dire les circonstances de la mort d’Abir et de Smadar. Et dans toutes les conférences qu’ils feront à travers le monde Rami et Bassam auront toujours les mêmes mots : Mon nom est Rami Elhanan. Je suis le père de Smadar. Mon nom est Bassam Aramin. Je suis le père d’Abir. Simplement humain. Tellement humain. Avec son humanisme Colum McCann saisit l’insaisissable situation de deux peuples voisins… Il était bien placé, lui, l’Irlandais au pays longtemps déchiré, pour essayer de comprendre cette folie d’une paix à trouver Et cette phrase prononcée par un frère d’Abir : «La seule vengeance consiste à faire la paix.» Magistral.
LE 25/09/2020 Extrait interview sur France Culture.
Les mille et une histoires de Colum McCann
L’écrivain irlando-américain Colum McCann est notre invité. Il revient 10 ans après “Et que le vaste monde poursuive sa course folle”. Un roman salué par la critique et traduit en 40 langues. Il signe cette rentrée Apeirogon, chez Belfond. Un titre emprunté à la géométrie, qui désigne un polygone au nombre infini de côté. Une figure géométrique qu’il transpose en littérature pour retracer les multiples facettes du conflit israelo-palestinien.
Apeirogon : de loin un cercle, de près un polygone au nombre infini de côtés
L’apeirogon, c’est une forme avec un nombre infini de côté. Je sais que c’est un titre assez risqué, mais ce que je voulais dire, c’est que nous sommes tous impliqués dans chaque récit. Nous sommes tous complices. Nous sommes tous présents. C’est l’histoire de deux hommes, deux pères qui ont perdu leur fille en Israël, en Palestine. Ça pourrait être aussi une histoire qui se passe à Paris, Dublin, ou New York. Une histoire, c’est toute nos histoires.
Mille et un chapitres : raconter pour survivre
« Après avoir rencontré Rami et Bassam, je me suis rendu compte qu’ils racontaient l’histoire de leurs filles pour les garder vivantes. Comme Shéhérazade dans les mille et une nuits. J’ai donc raconté mille et une histoire. Mais je voulais également que ça ait l’air d’une symphonie, que chaque section soit une note de cette symphonie. Je voulais tenter de refléter l’état d’esprit contemporain, la façon dont on passe d’un endroit à l’autre en sautant d’un endroit à l’autre, d’un sujet à l’autre ».
Ecrire sur les murs
Je n’aurais pas pu écrire ce roman à partir d’un endroit autre que mon enfance irlandaise. Je suis né à Dublin. Je me souviens petit être passé du côté Nord, j’ai vu les check point et je me suis demandé pourquoi il y avait des soldats. J’ai grandi dans une atmosphère semblable, certes pas identique, mais semblable, à ce qui se passe en Israël et en Palestine. J’ai toujours été fasciné par cette idée de paix, des faiseurs de paix, et par l’idée que la paix est plus difficile à atteindre que la guerre.
Tous des oiseaux
Colum signifie colombe ou tourterelle en gaélique. Je n’étais pas tellement intéressé par les oiseaux jusqu’à ce que j’aille à Jérusalem et que je rencontre les deux protagonistes de mon roman. Israël et la Palestine est la deuxième autoroute au monde pour les migrations d’oiseaux, qui viennent de la France, d’Allemagne, de Suède, d’Afrique du Sud, de l’Algérie… Ils survolent cet espace aérien. Et souvent, ils atterrissent sur le sol et ils apportent en quelque sorte les récits d’autres endroits à ce lieu particulier, Israël et la Palestine.
« Nous avons là le lieu de rencontre de trois continents l’Afrique, l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. Il y a le lieu de rencontre de ces religions, les principales religions du monde. Il y a une énergie là, une énergie nucléaire qui se tient dans cette partie du monde. Oui, oui, il y a un conflit terrible. Il y a énormément de tristesse. Il y a aussi une beauté incroyable là bas. Je voulais capturer cette beauté à travers les formes de ces oiseaux migrateurs ».
En 100 chapitres plus ou moins courts Claire Fourier nous emmène sur les Terres du Finistère et l’écume de la Mer d’Iroise qui sont son ancrage originel. Elle est de Ploudal – on ne dit pas Ploudalmézeau – dans le Nord Finistère à quelques encablures de la Mer d’Iroise, de l’Aber Benoît, de Portsall et surtout du rocher de Saint Samson. » le coeur de mon Finistère est un rocher- un éperon pyramidal qui s’avance dans la Mer d’Iroise, en bordure de la route qui longe la mer sur la Côte des Légendes, entre Porspoder et Trémazan, dans la commune de Landunvez. Et le coeur du coeur, un nid de pie ; je veux dire : un léger creux dans le granit, au sommet du rocher. » » Tout ce que je suis vient du rocher de Saint Samson » Pour Claire Fourier ce rocher fut un tremplin mental vers la mélancolie : » le granit et le duvet d’écume m’ont appris à aimer chez les êtres la netteté de l’intellect et la brume du coeur « C’est aussi » un paysage spirituel « . » Là-haut, on est très haut ; Dieu ne regarde pas sa création de plus haut » Sur ce rocher Claire Fourier est devenue une cimmérienne : femme du rivage, les pieds sur terre, le regard en mer. C’est en pensant être dans ce nid de pie qu’il faut lire les 100 chapitres du livre. Le mot chapitre ne convient pas totalement. Il s’agit plutôt au gré de la plume de Claire Fourier, de lettres, de moments de poésie, de contes , de souvenirs, de petites nouvelles. Bien ancré dans le granit et le regard portant loin, elle nous distille les moments de sa vie entre la Mémé Anna, la sagesse même, maître du temps, reine des fleurs,de la maison et sa mère Dolorosa rétive aux émotions. Cette Mémé Anna, tel le sémaphore en Mer d’Iroise illumine ce livre. Et puis comme nous sommes ancré dans le Finistère, à quelques encablures de Brest, le militaire n’est jamais loin. le pompon rouge de Joseph le père nous rappellera que ce Nord Bretagne est marqué par le fait militaire : les côtes bretonnes ne peuvent être dissociées du Mur de l’Atlantique , tout comme une vie de marin, d’une vie de bourlingueur. Dans une écriture classique et ciselée, Claire Fourier va nous dire cette vie faite de bons moments naturels et de moment de séparation, des souvenirs de l’enfance sur ces terres de bruyère et d’ajoncs. …. Et l’écriture va nous entraîner sur des chemins plus difficiles, plus caillouteux. A de nombreuses reprises nous serons confrontés au Capitaine Achab, à Moby Dick, à la baleine blanche. Nous seront confrontés à Mallarmé, Rilke, Melville et tout un cortège d’écrivain, de peintres, de musiciens. La lecture se fait plus ardue. Cela n’est pas grave. La lecture des chapitres n’a pas pour obligation d’être linéaire. Il faudra prendre le temps de se remémorer Moby Dick ou les Préludes de Debussy. Le temps ? Le personnage central. Claire Fourier est obnubilée par le temps. Peut on le perdre ? Doit on le perdre ? Ces reflexions sont des moments de lecture jubilatoire. » Un temps pour tout et articuler le temps, voilà ce qui est vivre » » Il faut perdre son temps que lorsqu’on est sûr d’en gagner » » Connais-toi toi- même ; autrement dit : Connais le temps en toi « Et si il est question de temps, il est question de vie, de mort, Cette mort qui est au centre de la vie des Celtes. Enfin ce livre est un hymne à l’écriture, aux moments d’écriture » La vie m’est dérive Écrire en fait une rive Penchée sur hier « » le rideau est comme l’écriture : le voile qui dévoile, l’art du tamis » Cet ouvrage à l’art du tamis. Les divers haïkus qui jalonnent le livre le confirme. Les chapitres méritent d’être lus et relus. Ce n’est pas toujours facile. Cela peut être ingrat parfois. Mais la Terre du Finistère et la Mer d’Iroise sont elles faciles ? Le granit est rugueux et la Mer d’Iroise est rarement calme. Alors laissons le Sémaphore de la Mer d’Iroise nous illuminer de ces clairs-obscurs
Claire Fourier est née le 15juin1944 à Ploudalmézeau, dans le département du Finistère en France1. Elle fait des études secondaires à Brest puis supérieures à Rennes où elle obtient une maîtrise d’histoire1. Plus tard, elle est diplômée de l’École nationale supérieure de bibliothécaires située Villeurbanne près de Lyon2. Elle est professeure de lettres et bibliothécaire mais les mutations de son mari ne lui permettent pas d’exercer elle-même une activité stable. Elle se consacre alors à l’écriture3 et publie ses premiers récits en 19961. Elle a emprunté son nom de plume à Charles Fourier pour l’amour de l’utopiste, de sa fantaisie et de sa théorie de l' »attraction passionnée »4.
Si vous êtes passionné par le saut à skis et par la vie dissolue de Matti Nykanen, vous serez intéressé par ce petit opuscule de 120 pages écrit par l’auteur suisse Alain Freudiger.
Si ce n’est pas le cas, vous passerez sûrement à côté de ce livre.
C’est à priori le cas de la communauté Babeliote qui n’a fait aucune critique, ni mis à jour la note de l’éditeur et encore moins le résumé du livre !
Nous sommes bien dans un livre niche ! le saut à skis .
Dans les années 80 Matti Nykanen règne sur le Saut à Skis. Il sera quadruple champion olympique, mais aussi champion du monde de saut à skis mais aussi de vol à skis. Il gagnera plusieurs fois la coupe du monde ainsi que la Tournée des Quatre Tremplins. Pour les non initiés il s’agit d’une compétition de saut à skis qui à lieu tous les ans en Janvier entre Autriche et Allemagne. Je vous fait grâce du nom des tremplins.
Donc Matti Nykanen est un grand champion mais un homme psychologiquement fragile.
Quelques mariages avortés, des violences conjugales, beaucoup d’alcoolisme.
Après avoir été champion reconnu et adulé en Finlande ( j’ai oublié de vous dire qu’il était finlandais – mille excuses ) il sera chanteur à la voix frêle et même strip teaser.
Voilà voilà.. .
Je résume : soit vous êtes fana du saut à skis . Mais vraiment fana , style la journée dans le canapé en Janvier devant Eurosport. Soit vous êtes fana des histoires croustillantes mariages divorces violence etc….
Moi je ne suis fana ni de l’un ni de l’autre mais j’aime bien le saut à skis et le vol à skis.
Ce coté homme volant a un je ne sais quoi de magique.
Et ce côté homme faible à un je ne sais quoi de tragique.
Magique ? Tragique ? En définitif un petit livre agréable.
Une dernière chose . Un dernier mystère.
Pour quelle raison ma médiathèque à choisi ce livre ?
Je ne les savais pas fana à ce point de Saut à skis !
Ps. Pour les inconditionnels du saut à skis la Tournée des 4 Tremplins a lieu à Oberstdorf – Garmisch – Innsbruck et Bischofshofen
Alain Freudiger, après avoir été critique de cinéma pour la revue FILM, poursuit un travail littéraire tout en participant à des expérimentations avec des musiciens de la scène improvisée. Il a notamment fondé le trio de poésie électro-acoustique Des Cendres, avec Benoît Moreau et Raphaël Raccuia en 2009. Rédacteur et membre du comité de la revue cinéphile « Décadrages – cinéma à travers champs », Alain Freudiger écrit également dans le journal La Distinction.
En 2007, paraît aux éditions Castagniééé son premier roman, Bujard et Panchaud ou Les Faux-Consommateurs, et un second en 2011, Les Places respectives, chez le même éditeur. En 2013, il publie en dialogue avec Stéphane Bovon Plus ou moins postmoderne, aux éditions Hélice Hélas. En 2015 paraît Morgarten, visite contemporaine de la Bataille du même nom, toujours aux éditions Hélice Hélas. En 2016, les éditions de La Baconnière publient Espagnes, son premier recueil de nouvelles. En 2019 paraissent le livre des cendres, livre de poésie/musique aux éditions Ripopée, et le roman Liquéfaction, chez Hélice Hélas.
En 2020, Alain Freudiger publie Le Mauvais génie – une Vie de Matti Nykänen, un livre consacré à l’ancien sauteur à skis finlandais, aux éditions de La Baconnière.
La couverture du livre d’Olga Tokarczuk « Les livres de Jakob m’avait fasciné lors d’un passage en librairie. A travers sept frontières, cinq langues, trois religions ce livre raconte le grand voyage de Jakob Frank entre Pologne et empire ottoman entre 1740 et début du 19ème siècle.
La quatrième de couverture ne fit que donner encore plus envie de rentrer dans cette histoire.
Et pourtant je ne pris pas le livre. Les 1000 pages m’effrayait.
Pourtant ce livre me trottait dans la tête….. et je le revis à la Médiathèque . C’était sûrement un signe !
Je me suis lancé !
Dire que la lecture fut facile serait un euphémisme.
Nous sommes donc autour des années 1750 dans la Grande Pologne soit la Pologne actuelle, la Lituanie et encore la partie occidentale de l’Ukraine actuelle.
Cette Grande Pologne vit ces dernières année.
Nous allons suivre les traces d’une secte juive à la tête de laquelle se trouve Jacok Frank.
. Comme la plupart des personnages de ce roman, Frank a bel et bien vécu, de 1725 à 1791. Et quelle vie que celle de Jakob, né Lejbowicz dans une famille de commerçants juifs de la province polonaise de Podolie (désormais en Ukraine), qui se forma aux préceptes d’un autre faux Messie (Sabbataï Tsevi, 1626-1676) dans les centres du « sabbataïsme », de Smyrne à la Moldavie, avant de s’inventer Messie à son tour, sous le nom de Jakob Frank.
« Frank » veut dire « étranger » »Etranger, donc éternellement migrant, dans le très vaste royaume polonais multi-ethnique et multiculturel qui s’étend alors jusqu’à l’Empire ottoman, et dont il parcourt à cheval les plaines , les forêts les villes et villages aux ruelles boueuses et défoncées, vêtu comme un Turc, fez sur la tête et manteau à grand col de fourrure . Etranger, donc infidèle, aux femmes, aux religions : au gré de ses ambitions, à la poursuite de son rêve d’une vie spirituelle toujours plus riche, Jakob se convertit à l’islam puis au catholicisme avec quiinze mille disciples en un baptême monumental .
Les 7 livres de Jakob retracent les tribulations mystiques, politiques et charnelles de ce héros charismatique, effrayant et mégalomane. Jakob Frank s’élève contre l’intransigeance des rabbins mais se rapproche de la hiérarchie catholique anti-juive, et finit traître aux yeux de tous.
Dans ce livre hautement romanesque Olga Tokarczuk nous rappelle la complexité de l’époque et de la région.
Complexité que l’on retrouve dans le changement incessant du nom des personnages entre nom juif polonais yddish ou encore allemand.
Complexité encore dans cette géopolitique religieuse entre juif, chrétien, musulman aux confins de l’Europe et de l’empire Ottoman
L’ombre d’une vieille femme mystérieuse, Ienta, plane sur l’ensemble du livre et projette sur lui un clair-obscur fantastique. Alors que Ienta agonise le jour d’un mariage, une amulette l’arrache à la mort mais non au coma. Elle va survivre dès lors sur le mode d’une « sortie hors de son corps »
Le découpage des 7 livres en court chapitres facilite la lecture et empêche de se perdre dans le labyrinthe des noms. Néanmoins essayer de retenir l’ensemble des noms est une gageure.
Vaut mieux se laisser porter par les personnages et l’histoire.
Ce découpage laisse aussi la place au quotidien et l’on ressent vraiment la froidure de l’hiver ,la pauvreté des familles, la chaleur de la vodka ou encore l’humidité des habitations et la saleté des villages.
Ces petits chapitres, pas toujours chronologiques dessinent aussi une société polonaise ultra catholique, fermée sur elle même, et dans laquelle une secte de 15 à 20 000 mille personnes a pu prospérer jusque dans la noblesse et les hautes sphères de l’église polonaise.
Tous sont pris en otage par les jeux de pouvoir et l’opportunisme des nobles et des ecclésiastiques. Ces derniers escomptent tirer des bénéfices politiques de cette masse inespérée de convertis
Autant entrer dans ces milles pages peut être long, autant à la fin de la lecture il est difficile de laisser tous ces hommes et femmes.
Ils sont de la pâte dont est faite l’humanité.
Prix Nobel de littérature, Olga Tokarczuk a reçu le Man Booker International Prize 2018 pour Les Pérégrins. Traduit en français en 2010 chez Noir sur Blanc, ce roman avait été couronné par le prix Niké (équivalent polonais du Goncourt), un prix que, chose rarissime, l’auteure a une nouvelle fois reçu pour son monumental roman : Les Livres de Jakób.
Née en Pologne en 1962, Olga Tokarczuk a étudié la psychologie à l’Université de Varsovie. Romancière polonaise la plus traduite à travers le monde, elle est reconnue à la fois par la critique et par le public. Sept de ses livres ont déjà été publiés en France : Dieu, le temps, les hommes et les anges ; Maison de jour, maison de nuit (Robert Laffont, 1998 et 2001) ; Récits ultimes, Les Pérégrins et Sur les ossements des morts (Noir sur Blanc, 2007, 2010, 2012) ; Les Enfants verts (La Contre-allée, 2016) ; et enfin Les Livres de Jakób (Noir sur Blanc, 2018).