Archives pour la catégorie Premier Roman

Nourrices de Séverine Cressan. Dalva. 🟩🟩🟩🟩◼️

Nourrices

Séverine Cressan

Dalva

ISBN : 978-2-48760 – 046 – 1 Août 2025

272 pages

Severine Cressan donne la parole à des femmes souvent invisibles ou de peu. Les nourrices. le roman n’est pas daté . On parle de Tour d’abandon, de charrettes, de maîtres de villes et de campagnes. le moyen âge, le 18 ou 19 -ème siècle ? Cela a peu d’importance en réalité.
Dans cette période non datée ni géographiquement située, Sylvaine qui vient de sevrer son fils Jehan va devenir nourrice d’un enfant de la ville, une petite fille nommée Gladie. Dans le même temps, elle va découvrir au milieu d’une clairière un bébé abandonné avec à côté de lui un carnet..
Sylvaine va donner son lait maternel à ses deux enfants. Malheureusement Gladie va mourir rapidement et Sylvaine et son mari Andoche vont substituer le bébé de la clairière à Gladie.
Cette substitution va bien entendu créer des péripéties.
Mais l’important n’est pas là. L’important est dans ces nourrices qui se battent pour les bébés, elles mêmes et leur liberté. Elles détiennent un trésor : la vie et le lait maternel. Elles sont pourtant invisibles et non reconnues. Elles sont de l’argent pour les hommes ,les ma8tres et les meneurs.
Nourrices raconte l’émancipation de ces femmes, leur recherche de liberté et la connaissance et reconnaissance de leur corps.
Sylvaine marche dans la forêt derrière la charrette conduite par le Meneur. Les femmes se font brinqueballées par le chemin.
Si Sylvaine marche derrière la charrette c’est que le Meneur a refusé sa présence. Alors Sylvaine marche derrière. Durant deux jours entre collines et forêts. Les femmes vont trouver toutes sortes de raison de ralentir la charrette pour que Sylvaine ne la perde pas de vue.
Et puis elles vont chanter et Sylvaine va suivre le chant. Et puis elles vont descendre l’une après l’autre de la charrette toujours en chantant.. Une chaîne, un lien qui devient un manifeste.
Livre lu dans le cadre du prix 2025 de la Librairie Au bord du jour à Voiron. ( Jury)

Séverine Cressan, née en 1976 dans la région lyonnaise, est passionnée depuis toujours par la littérature et la découverte de nouveaux horizons. Son amour des mots l’a conduite vers des études de lettres modernes et d’allemand puis au professorat. Elle a enseigné en France, en Allemagne et en Belgique. Elle vit aujourd’hui sur la côte Atlantique, au sud de la Bretagne.

La bouche dans le sable de Kevin Thiévon. Le bruit du monde. 🟩🟩🟩🟩◼️

La bouche dans le sable

Kévin Thiévon

Le bruit du monde

ISBN : 978-2-38601-072-9 Août 2025

224 pages

Premier roman bouleversant et maitrisé de bout en bout. Kevin Thievon a vécu en Irak et a pris ce pays en toile de fond de son roman.

Il va faire percuter deux adolescents dans le sud de la France, à Juan-les-Pins. D’abord l’adolescence de Marwan, jeune Irakien de 10 ans. Celui-ci a pour grand-père Ali le chimique, seigneur d’Irak qui a gazé les Kurdes en 1988. Ali le Chimique est au sommet du parti Bass et de la société irakienne. En 2003, lors de l’invasion irakienne, les parents de Marwan et lui-même sont exfiltrés et viennent vivre dans une villa du pouvoir irakien à Juan-les-Pins.

Marwan en France a peu de conscience du rôle génocidaire de son grand-père. Il reste loyal à la famille et à l’aura de celle-ci.

Dans le même temps, Elsa, petite fille de 8 ans vivant à Nantes, vient régulièrement en vacances dans la maison de ses grands-parents à Juan-les-Pins. Et puis Elsa va vivre totalement avec ses grands-parents à Juan-les-Pins.

Il y a aussi Sergio, un homme au visage cabossé par la vie, qui travaille au parc d’attraction du Luna Park. Il s’occupe du train fantôme. Il connaît la grand-mère d’Elsa, Féfée.

Dans le temps du roman, pas toujours chronologique, tous ces personnages vont se rencontrer et constituer un puzzle qui va se découvrir peu à peu. Même les noms changent : Elsa devient Zelda, Sergio peut être Sangar et derrière Féfée peut se cacher Julianne.

Avec une écriture réaliste, courte et de l’âge de l’auteur (32 ans), le récit met du temps à s’incarner. On est d’abord un peu spectateur, et puis le puzzle s’éclaircit. Au sein du kaléidoscope du roman, ces personnages vont interagir et se révéler les uns aux autres. Et pour nous, lecteurs, cette évolution va nous révéler la réalité du roman. Les émotions et les ressentis affluent et vous submergent. Bouleversé et interrogatif sur des vies mutilées par des monstres familiaux et en empathie pour ces exils.

Petit-fils d’un génocideur, comment être responsable et non coupable. Quelle identité se construire. Quel regard sur son pays. Un retour est -il possible ? Comment vivre et consolider une relation après un massacre ?

Marwan, Zelda, Sangar et Féfée n’ont plus de bouche dans le sable. La solidarité les aura sauvés. Peut-être pas dans ce qu’ils espéraient initialement. Mais : « Quelques cendres repoussent toujours après la cendre. » Il suffit d’aller voir « 
Livre lu dans le cadre du prix de la Librairie Au bord du Jour. Voiron. 38 ( Jury)

Né en 1993 à Lyon, Kévin Thiévon est diplômé de l’EDHEC et du King’s College de Londres. Son parcours dans les relations internationales l’a notamment conduit à vivre en Irak, un pays dont l’histoire a en partie inspiré ce premier roman.

Kévin Thiévon a été lauréat du Prix du Jeune Écrivain en 2020.

Il vit aujourd’hui à Paris.

Les Saules de Mathilde Beaussault. Seuil Cadre Noir. 🟩🟩🟩🟩◼️

.

Les Saules

Mathilde Beaussault

Seuil- Cadre Noir

ISBN : 978-2-02-157698-6 Janvier 2025

272 pages

Le premier roman de Mathilde Beaussault est une belle réussite.

Roman noir maîtrisé, dans un style parlé, qui nous entraîne dans les confins d’un hameau breton, entre Haute Motte et Basse Motte. À la Haute Motte, il y a un pharmacien. Celui-ci a une femme et une fille, Marie, 17 ans et déjà cataloguée  : «  Marie, couche-toi là  !  »

Le corps de Marie va être retrouvé. Elle a été étranglée. Ce corps a été découvert par Marguerite, enfant soi-disant simple d’esprit. Elle est la fille d’un couple d’agriculteurs qui vivent à la Basse Motte pas loin des saules et de la coulée verte où a été découvert le corps de Marie.

Un thriller classique avec un mobile, un coupable et des haines ressassées entre classes sociales. Mais Les Saules n’est pas qu’un thriller classique. Mathilde Beaussault installe une ambiance, une atmosphère prenante. Cette ambiance prime sur l’intrigue, bien que celle-ci soit bien ficelée. de même, la façon de décrire les interrogatoires est originale. Nous n’avons que les réponses des protagonistes dans un style familier, près de la réalité. Les questions des enquêteurs nous sont suggérées par les réponses des personnes interrogées. Cela donne des ressentis remarquables.

Les Saules est un roman noir rural et naturel où les personnages sont ciselés en quelques phrases et descriptions et où l’âpreté de chacun prend sa place et envoûte. Mathilde Beaussault nous entraîne dans cet univers et cette ambiance. Mieux nous nous fondons dans ce hameau breton et, comme Marguerite, nous épiions et essayons de comprendre.

Un premier roman d’une grande intensité. Mathilde Beaussault marche sur les traces de Franck Bouysse ou de Sandrine Collette. Excusez du peu.


Née en Bretagne mais angevine d’adoption depuis maintenant treize ans, Mathilde Beaussault enseigne le français dans un collège ligérien et vient de publier son premier roman.

Biberonnée à la littérature, Mathilde Beaussault lit chaque jour et ses choix sont très éclectiques (de Roland Barthes à Benjamin Whitmer en passant par Marguerite Duras ou Olivier Norek), mais elle est surtout  dingue des romans et nouvelles de Ron Rash . Ses origines paysannes lui ont inspiré ce roman noir rural qu’elle a situé dans un petit village au fin fond de la Bretagne dans les années quatre-vingt.

Les bons sentiments de Karine Sulpice. Liana Levi. 🟩🟩🟩🟩◼️

Les bons sentiments

Karine Sulpice

Liana Levi

ISBN : 979-10-349-1040-3 Février 2025

173 pages

Julien, jeune homme de 28 ans travaillant dans une ONG, l’Association, prend en otage trois de ses collègues de l’association.

C’est le point de départ du premier roman de Karine Sulpice. Vont apparaitre un certain nombre de personnages qui vont interférer avec Julien. D’abord les trois otages : Jeanne, Antoine et Kader. Devant le local de l’association se pressent les chaines d’infos et la foule. Dans cette foule, il y a Jessica et sa fille Laila. Jessica et Leila se rendent souvent à l’association pour rencontrer les travailleurs sociaux. Autour des locaux de l’association se sont positionnées les forces de l’ordre sous le commandement de Maurane le Queuvre.

Maurane le Queuvre va rentrer en relation avec Julien afin de connître ses attentes.

À travers ces personnages et la discussion téléphonique entre Mauranne le Queuvre et Julien, nous allons remettre en place le puzzle de la vie de Julien.

Et le puzzle de la vie de Julien est formé de burn-out, de dépression. Un burn-out ou une dépression due au travail associatif. En nous présentant les points de vue de chacun, l’émotion est là à fleur de peau et joue sur les réflexions et les cheminements de chacun.

Parce que nous sommes dans le monde associatif, Les bons sentiments doivent affluer. Quel joli titre de roman pour dire exactement l’inverse et parler des noirceurs de l’âme humaine.

Premier roman d’une grande humanité.

Karine Sulpice vit à Lille. Elle a toujours manié les mots, d’abord en tant que journaliste puis avocate, notamment en droit de la famille et du travail, pendant dix ans. Elle se consacre aujourd’hui à l’écriture.

quarante jours dans la jungle de Mat Youkee. Marchialy. 🟩🟩🟩🟩◼️

Quarante jours dans la jungle

Mat Youkee

Traduction Charles Bonnot

ISBN : 978-2-38134-060-9 Mars 2025

282 pages.

Qui a encore en mémoire les infos du 9 juin 2023 ? Ce jour-là, les chaînes d’infos nous apprirent que quatre enfants âgés de 13 à 1 ans avaient été retrouvés au fin fond de la jungle colombienne. Cela faisait 40 jours qu’on les recherchait suite au crash du Cessna qui les transportait avec leur mère et deux autres personnes. L’avion avait été retrouvé ainsi que les corps des adultes, mais pas de présence des enfants.

C’est cet événement que Matt Youkee, journaliste d’investigation britannique, a décidé de mettre en récit.

C’est un récit passionnant de bout en bout, doublé d’une réflexion et des interrogations que porte une telle histoire dans un pays où ont sévi l’armée, la guérilla des FARC, les cartels de la drogue et où vivent de nombreuses ethnies autochtones au milieu de la forêt amazonienne.

Magdalena est une femme indienne uitoto, mère des quatre enfants : Lesly, Soleiny, Tien et Cristin. Ces enfants sont issus de deux pères différents. Quand elle monte dans le vol HK-2803, elle souhaite quitter la jungle (pour de multiples raisons à découvrir). Elle veut se rendre dans les quartiers de la banlieue de Bogota.

Mat Youkee, comme tout journaliste d’investigation, va nous raconter son enquête et ses rencontres afin de comprendre ce qui a pu arriver et comment quatre enfants mineurs et en bas âge ont pu survivre dans la jungle colombienne. Cependant, il va entourer son enquête de facettes différentes concernant la société colombienne et indienne. Et c’est ce parti-pris qui illumine ce récit.

Au fur et à mesure du récit, on est confronté la réalité de la Colombie :

Pourquoi Magdalena, indienne, quitte la jungle ? Quelle place pour les ethnies indiennes ?

Quand est-il du patriarcat dans les ethnies indiennes ?

Comment faire des recherches dans une jungle aux mains des trafiquants et de la guérilla ?

Les enfants n’ont-ils pas été enlevés par la guérilla pour devenir des enfants soldats ?

Quel rôle joue l’armée et la présidence de la République ?

Que fait-on des chamans, des dieux et de la spiritualité dans la recherche des enfants ?

Toutes ces interrogations vont se télescoper durant le récit pour former une idée kaléidoscopique de la Colombie.

De ce récit, ce qui restera au fond de nous, ce sont ces quatre enfants livrés à eux-mêmes et qui auront en Lesly « une âme liane » pour les protéger. Ces enfants sont aujourd’hui « protégés » par la société dans les hôpitaux et dans des maisons d’enfants. Leur parcours reste difficile.

Ils veulent juste rentrer à la maison.

Mat Youkee est un journaliste d’investigation britannique basé en Colombie depuis plus de dix ans. Il collabore régulièrement à des journaux de renommée internationale tels que The GuardianThe Economist ou The Financial TimesQuarante jours dans la jungle est son premier livre.

Le mauvais rôle de Flore Montoyat. Harper collins. 🟩🟩🟩🟩◼️

Le mauvais rôle

Flore Montoyat

Harper Collins

ISBN : 979-1-03391 -961-2 Février 2025

208 pages.

Le Mauvais Rôle de Flore Montoyat est un premier roman autofictionnel. Sous les traits de Chloe, Flore Montoyat, une jeune femme après de brillantes études, entre à la Cour nationale du droit d’asile en tant que rapporteur. le rôle du rapporteur est de lire et de rapporter ce que lui disent les réfugiés demandant le droit d’asile. Ce rapport porte autant sur le pays que sur les conditions du demandeur. Et plus elle est confrontée à ces malheurs, plus elle est mal. Mal car elle perçoit le fossé immense entre sa condition de jeune femme brillante à la vie confortable et celle de ces réfugiés dont on conteste le récit : pas assez précis, pas assez réaliste ; avez-vous vraiment subi des exactions, des agressions, des viols ?

Christian, chrétien du Centrafrique, Faith jeune nigériane souhaitant devenir coiffeuse, et Anwar afghan rejetant les talibans, sont sur ce long chemin pour le droit d’asile.

C’est un roman documentaire choc et percutant qui jette une lumière crue sur la réalité de l’asile. C’est aussi le roman des utopies bafouées et des dégâts que cela peut produire. Et ce roman nous rappelle que la souffrance ne se quantifie pas, mais qu’elle questionne sur nos failles et notre humanité.

Avons-nous pris le temps d’écouter jusqu’au bout ?

Née en 1992, Flore Montoyat est une autrice lyonnaise. vivant à Forcalquier.
Passionnée de géopolitique, elle est spécialiste du droit des réfugiés. Elle a travaillé pour les Nations unies, puis passé quatre ans au cœur des décisions de la Cour nationale du droit d’asile. Elle puise son inspiration dans ces expériences professionnelles.

Le barman du Ritz de Philippe Collin. Albin-Michel . 🟩🟩🟩🟩◼️

Le barman du Ritz

Philippe Collin

Albin Michel

ISBN :  978-2-22647-993-8 Avril 2024

395 pages

Philippe Collin, homme de radio ( France Inter), s’est lancé dans l’écriture de son premier roman : le barman du Ritz. C’est une époque qu’il connaît bien ( 1940-1944) pour avoir été scénariste de BD pour le voyage de Marcel Grob et créateur du podcast le fantôme de Philippe Pétain qui a été décliné en livre Le barman du Ritz raconte l’histoire de Frank Meier entre 1940 et 1945. le Ritz est ce grand palace parisien situé place Vendôme qui a reçu l’élite parisienne, mais aussi l’état-major allemand et son pendant collaborationniste. En tant que barman, Frank Meier va frayer avec tout ce joli monde. C’est une galerie de portraits incroyable, des hauts gradés allemands en poste à Paris en passant par Guitry, Lifar, Cocteau ou Coco Chanel. Tout ce petit monde se tient et vit en vase clos alors que s’installe la France de Vichy. Au rythme des cocktails fabriqués par Frank Meier, des hommes,des femmes, résistants, collaborateurs, profiteurs de guerre vont s’aimer, se trahir et lutter.Philippe Collin nous restitue cela à la perfection. C’est méticuleux, documenté. Comme un bon homme de radio. C’est la limite de ce premier roman. Il manque de la profondeur sur des personnages romanesques à souhait et des évènements historiques qui auraient permis une fresque grandiose.Cela dit, le roman très agréable à lire dresse le constat toujours aussi terrifiant : qu’aurions-nous fait ? le toujours actuel affrontement entre la peur et le courage.

Philippe Collin est un homme de radio français né en 1975 à Brest. Titulaire d’une maîtrise d’histoire consacrée à l’épuration des collaborateurs à la Libération, il débute au micro en 2003, produit « Panique au Mangin Palace » puis, plus tard, des séries documentaires de podcasts d’histoire. Il publie son premier roman en avril 2024, Le Barman du Ritz, où il fait la narration très documentée autour de l’hôtel parisien le Ritz sous l’Occupation allemande, avec en personnage central Frank Meier : né autrichien fin du XIXe siècle et ancien combattant pour la France de la Première Guerre mondiale, il devient le plus grand barman du monde entre-deux-guerres, et va être amené à traverser la période du Paris occupé en frayant entre dignitaires allemands, dirigeants pétainistes, collaborateurs et résistants qui se croisent dans son établissement

Tout le bruit du Guéliz de Ruben Barrouk. Albin Michel .🟩🟩◼️◼️◼️◼️

Tout le bruit du Guéliz

Ruben Barrouk

Albin Michel

ISBN : 978-2-226-49605-8 Août 2024

224 pages

Une vieille dame habitant à Marrakech dans le quartier du Gueliz est hantée et tourmentée par un mystérieux bruit. Inquiet, sa fille et son petit-fils viennent de France pour élucider ce mystère.
Le petit-fils est le narrateur et, en filigrane, l’auteur de ce roman.
Bien vite le mystère sera percé , en lien avec la vie de cette vieille dame juive. Celle-ci est en effet l’une des dernières juives vivant à Marrakech. 
Ruben Barrouk a voulu, dans ce roman, faire un retour, un pèlerinage sur cette terre du Maroc où a vécu une très grande communauté juive. Nous pèlerinerons avec lui du quartier du Mellah aux mausolées de la vallée de l’Ourika.
Il nous dépeint un Marrakech pluvieux et gris loin du soleil des dépliants touristiques.
Cela reste lent et surtout plombé par un style et une écriture ampoulés qui surprennent pour un auteur de 28 ans.
Le recours à des métaphores et à des descriptions » arabisantes », la recherche de mots de vocabulaire originaux ( niellée, contremander, céler, etc.) font passer cette quête d’identité au second plan.
C’est dommage. 

Ruben Barrouk est né en 1997 à Paris. En 2022, il retourne sur les traces de sa famille séfarade à Marrakech, où vit sa grand-mère, personnage principal de ce premier roman.

L’Avenue de Verre de Clara Breteau . SEUIL .🟩🟩🟩🟩◼️

L’Avenue de verre

Clara Breteau

Le Seuil

ISBN : 978-2-02-157595-8 Janvier 2025

222 pages

Quel premier roman emballant et maitrisé Anna est née de père inconnu pour l’état civil Pourtant Anna connait son père Il est laveur de carreaux sur une grande avenue de Tours

À partir de ce point de départ Clara Breteau va nous entraîner dans un jeu de transparence et d’opacité qui sied merveilleusement bien au laveur de carreaux Effacement des traces, rendre propre

A la page 179 , Clara Breteau cit le philosophe André Gorz  » ::L’être qui naît est une foule innombrable, que la vie réduit bientôt à un individu : celui qui se manifeste et meurt « 

C’est toute la recherche de cette autofiction semble-t’il.retrouver l’identité du père algérien et les racines de Kabylie. Un immigré avec sûrement un père, Hadj, harki. C’est aussi la recherche d’une vérité car ce père était cachotier : Il n’avait pas donné son nom à Anna pour la protéger du racisme. Cela cachait autre chose.

Une étude psychologique poussée, avec une description fouillée des intimités. Les jeux de transparence, d’opacité, l’écriture de l’auteure nous amène jusqu’à la source, jusqu’à la source de cette Algérie malmenée depuis 1830.

L’être qui nait est une foule innombrable. Descellons pour retisser des mémoires.

Clara Breteau est maîtresse de conférences en arts et écologies à l’université Paris-8. À la croisée de la philosophie, de la géographie et de la création littéraire, elle mobilise pour ses enquêtes une méthode d’observation poétique, plaçant son regard dans les interstices entre matière et signification, sens et sensible, humains et non-humains.

Claire Breteau actuellement à un récit littéraire autofictionnel interrogeant, à travers l’histoire de la descendante française d’un immigré algérien, le trauma colonial et la manière dont il imprègne encore aujourd’hui les psychés et les corps des enfants de la diaspora, nés en France bien après l’indépendance.

Ce récit deviendra l’avenue de verre qui sera publié en Janvier 2025

Pour aller plus loin dans la géographie culturelle à la croisée de la culture et du vivant.

Les os noirs d’Agnès Jésupret . Liana Levi . 🟩🟩🟩◼️◼️

Les os noirs

Agnès Jésupret

Liana Levi

ISBN :  979-1-03490-948-3 Août 2024

192 pages.

A partir d’une fiction romancée Agnès Jésupret nous propose un premier roman original, agréable à lire.
Agnès Jésupret se définit comme une biographe anonyme. Elle recueille les confidences, les émotions, les pans de vie de personnes qui souhaitent faire appel aux écrivains publics.
Lors de l’une de ces séances elle a rencontré une vieille dame , dans une maison de retraite. Cette dame s’appelle Clara Ignorante. Elle va lui raconter l’histoire de se grands parents siciliens arrivés en Tunisie. Et plus particulièrement celle de son père , Pierre, mort en Tunisie et dont on s’apercevra, lors de l’exhumation de son corps, que ces os sont noirs . Des os noirs semblent dire qu’il y a eu empoisonnement.
A partir de cette interrogation Agnès Jésupret va nous rappeler ou nous faire découvrir  » La Tunisie à la croisée des souvenirs  » comme le dit le bandeau du roman.
Et cette Tunisie à la croisée des souvenirs est riche d’une histoire métissée assez sombre.
Agnès Jésupret nous rappelle que des siciliens ont immigré en Tunisie et étaient réellement les immigrés d’un pays sous protectorat français avec une population autochtone musulmane et la communauté juive.
Jusqu’à la deuxième guerre mondiale , ces différentes communautés vivaient en bonne intelligence. Les siciliens se francisaient.
Puis la guerre a tout fait exploser. L’Italie fasciste , la France collaborationniste, l’Afrikakorps, la chasse aux juifs.
A travers Clara Ignorante ,Pierre et sa famille, Agnès Jésupret rend très humaines les affres de l’Histoire. le tout avec des silences et des absences dues à la mémoire .

Agnès Jésupret vit à Marseille. Depuis plusieurs années elle met sa plume au service des souvenirs des autres et se définit elle-même comme une «biographe anonyme pour des gens qui le sont tout autant».