Archives pour la catégorie Non classé

Le coeur battant du monde de Christian Spitzer. Albin Michel.💛💛💛💛💛

Le coeur battant du monde par Spitzer

Quand on referme le roman de Sébastien Spitzer , le coeur battant du monde, reviens vers nous le visage et le regard de l’enfant en couverture du livre. Et nous sommes happés par ce regard.
Qu’interroge-t’il ? Qui est le coeur battant du monde ?
Et nous reviens la dernière phrase du roman : Chaque jour, quand retentit la cloche pour annoncer la fin de la journée de travail, une larme coule sur sa joue, minuscule. Une larme chargée de tout ce que cette petite vie lui a pris et ne lui rendra jamais.
Comme dans son premier livre Ces rêves qu’on piétine , Sébastien Spitzer à le don, le talent de marier fiction et réalité et de donner corps à des émotions intenses.
Dans Ces rêves qu’on piétine, il nous installait au sein du bunker d’Hitler avec Martha Goebbels et en même temps sur le chemin de liberté d’une femme et de son enfant rentrant des camps de concentration. Déjà le regard de l’enfant.
Il récidive avec le coeur battant du monde. Nous sommes dans les années 1860 à Londres et de nouveau le regard d’un enfant nous interpelle.
Cet enfant c’est Freddy. Il est né illégitime, fruits des amours de Karl Marx et d’une employée de maison.
Karl Marx , marié avec l’aristocrate Johanna de Westphalen. Ils ont trois filles.
Freddy sera donc un enfant abandonné, caché et accueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine et vit à Londres dans le East End , le quartier de la misère.
Par amour pour Freddy, elle volera, mentira et se prostituera sans révéler à Freddy le mystère de sa naissance.
Tout est vrai, hormis Charlotte, personnage de fiction.
Sur cette trame Sébastien Spitzer va nous emmener, le coeur battant, dans le Londres et le Manchester de la révolution industrielle.
C’est foisonnant, lyrique, enlevé.
A travers Freddy nous allons rencontrer le beau personnage de Charlotte, mère courage , totalement donnée à Freddy, ce fils qu’elle n’a pu avoir. Personnage au combien romanesque.
Ne sont pas romanesques Marx et Engels ! Ils sont ancrés dans leur réalité. D’abord ils se sont installés à Londres car ils ont du fuir l’Allemagne suite aux manifestations où ils défendaient les thèses socialistes et communistes.
Marx s’est installé à Londres afin de pouvoir écrire son manifeste le Capital.
Engels est envoyé par son père à Manchester pour diriger l’une de ses entreprises textiles. Les bénéfices du marché du coton lui permettent d’être le mécène de Marx et de faire vivre sa famille.
On n’avait pas obligatoirement cette vision de Marx et du Marxisme. Avant le marxisme, Marx était un petit bourgeois, vivant grâce à un mécène , aimant le confort victorien de Londres et le boursicotage au Stock Exchange.
Quand à Engels, il appréciait grandement de pouvoir asseoir sa fortune sur des ouvriers qui travaillaient 15h par jour dans des conditions effroyables.
Nous sommes dans le coeur battant du Monde, car Londres en 1860 est le coeur du monde.
Un coeur fragile qui vit la fin de l’ère industrielle et qui doit faire face à la crise du coton suite à la Guerre de Sécession aux Etats-unis avec comme conséquence les révoltes ouvrières et la révolte irlandaise.
Le coeur battant du monde n’est pas seulement celui de Londres. C’est aussi celui des laissé pour compte, des petites gens.
Aucun manichéisme chez Sébastien Spitzer pour décrire ces antagonismes, mais on voit où va son émotion et la nôtre.
Freddy est le porte drapeau de ses laissés pour compte.
A travers son histoire il nous dit combien l’engagement est plus fort que la théorisation d’une doctrine, combien la fidélité à des valeurs peut élever.
En exergue du livre , Sébastien Spitzer à mis une citation de Charles Dickens :
On sait à une livre près, ce qu’une machine peut produire, mais je ne connais aucun expert……capable d’estimer la quantité de bien ou de mal, d’amour ou de haine. ….dans la larme d’un seul de ces braves ouvriers au visage impassible et aux gestes bien réglés.
Et bien pour Freddy , bien que minuscule, cette larme est chargée de tout ce que la vie lui a pris.
On revient à ce regard d’enfant. ……….le coeur battant.

Le vol de la Joconde de Dan Franck. Grasset.💛💛💛💛

Le vol de la Joconde par Franck

Voici un court roman , gai, jovial, truculent qui se lit en connivence avec l’auteur et les deux personnages principaux : Picasso et Apollinaire, excusez du peu.
Dan Franck est un grand connaisseur des années 1910 et de la vie littéraire, picturale et musicale que connaissait Montmartre et Montparnasse.
Il a dépeint cette période dans un roman magnifique : le Temps des Bohémes.
Dans son nouveau roman le vol de la Joconde, il va s’appuyer sur un fait réel pour nous emmener dans les pas de Picasso et Apollinaire.
Le 22 Août 1911 La Joconde est volée au Louvre . le présumé coupable est un certain Gerry Pieret bien connu dans le monde de l’art pour ses vols et emprunts.
Quand Apollinaire lit la nouvelle dans le journal, son sang ne fait qu’un seul tour. Il faut qu’il joigne à tout prix Picasso.
Car auparavant Gerry Pieret , ancien secretaire d’Appollinaire ,lui avait vendu 2 statuettes antiques volées au Louvre pour le compte de Picasso. Pieret s’étant bien abstenu de mentionner le vol à Apollinaire, devenu receleur à son corps défendant.
Ces statuettes ibériques du cinquième siècle ayant servi de modèle pour la toile Les demoiselles d’Avignon de Picasso.
Picasso et Apollinaire se retrouvent au Bateau Lavoir, mettent les statues dans une valise et les voilà partis à cacher cette valise.
Dan Franck va inventer une traversée de Paris qui durera Cinq jours et qui nous mènera de Montmartre à Montparnasse, dans les gares.
Cette cavalcade sera l’occasion d’arrêt chez le Douanier Rouseau , Matisse, Max Jacob , Modigliani et bien d’autres.
Dan Franck ciséle des dialogues fins entre Picasso et Apollinaire et nous gratifie de quelques anachronismes historiques voulus avec humour.
Et pour que nous soyons partie prenante de cette cavalcade, il parseme son dialogue de « nous » et nous entraîne à sa suite.
C’est réjouissant, enlevé et cela donne envie de relire le Temps des Bohémes pour redécouvrir ce charivari de Montmartre et Montparnasse
Très bon moment de lecture

Rhapsodie italienne de Jean Pierre Cabanes. Albin Michel💛💛💛💛

Rhapsodie Italienne par Cabanes

Comme l’annonce le titre Rhapsodie italienne de Jean-Pierre Cabanes , et pour reprendre la définition de rhapsodie , ce roman est une suite de récits épiques.
Ces récits épiques ont lieu en Italie entre 1915 et 1945.
Et comme pour tous les poèmes épiques il faut des personnages valeureux , romanesques dont l’honneur , la fidélité sont des valeurs premières
Les deux premiers protagonistes sont Lorenzo Mori et Nino Calderone.
Lorenzo Mori est un jeune officier de l’armée italienne. Il vit à Vérone. Quand on le rencontre pour la première fois , il va au mariage de Julia. Celle-ci se marie avec Umberto Galluzzi qu’il déteste.
A peine marié Umberto Galluzzi provoque en duel Lorenzo Mori.
Umberto Galluzzi meurt lors du duel et Lorenzo Mori épouse secrètement Julia car ces deux là s’aiment d’un amour fou. Valeur…Honneur … Romanesque
A l’autre bout de l’Italie , en Sicile précisément, il est aussi question d’honneur. Nino Calderone jeune sicilien a commis un crime d’honneur. Il est dans l’obligation de s’enrôler dans l’armée.
Nous sommes en 1915 , la première guerre mondiale vient de commencer et les Italiens sont aux prises avec les Austro-Hongrois dans la Vénétie. Ce sont « les terre irredenti » , ces terres qui ne sont pas italiennes mais où vivent des Italiens.
Lorenzo et Nino vont se battre pour libérer ces « terre irredenti » et vont devenir des frères d’armes des « arditi » ces militaires qui se sont battus à Vittorio Veneto.
A la fin de la guerre l,un va retourner à Vérone et l’autre en Sicile.
Le destin va les éloigner et en même temps ils resteront liés. Quand tu est « arditi » tu l’es pour la vie.
Pendant la guerre Lorenzo Mori a rencontré Mussolini et il va rapidement adhérer u fascisme et devenir un homme indispensable pour Mussolini.
De son côté Nino Calderone va choisir de rentrer dans la clandestinité d’une mouvance que l’on appelle pas encore Cosa Nostra. Il devient L’ancilu Mostru .( l’ange monstre)
Les trois autres protagonistes sont trois femmes valeureuses,romanesques , amoureuses.
Il y a Julia , le grand amour de Lorenzo , femme rebelle , sociale qui défend la condition féminine.
Il y a Carmela , la Sicilienne à la tête d’un domaine et qui aime Nino
Il y a enfin Laura , la fille de Julia et Lorenzo. Jeune fille intrépide comme son père mais dont les idées penchent plus vers le communisme.
Autour de ces personnages de fiction , viennent s’agréger des personnages réels de cette période 1915 /1945.
Apparaissent Mussolini , ses maîtresses Margharita Sarfatti ,Clara Petacci, sa fille Edda son gendre Ciano , les généraux Graziani et Badoglio.
Défilent devant nous , la prise de pouvoir de Mussolini,la guerre d’Espagne , la guerre d’Ethiopie, le développement du fascisme , l’alliance Hitler Mussolini , le front russe jusqu’à la chute finale.
C’est remarquable et cela ne doit pas être résumé. C’est au lecteur de s’approprier cette Rhapsodie italienne où les événements se succèdent les uns aux autres.
Devant nous grâce à ce mélange parfait entre fiction et réél se déroule l’une des pages importante de l’Histoire de l’Italie mais aussi de l’Europe : la montée du fascisme et du nazisme dans les années 30.
Un petit bémol : Comme il s’agit d’une histoire épique , les héros et les amours sont souvent invincibles et les décorations militaires , les blessures de guerre sont nombreuses.
Ce petit bémol n’enlève en rien de la qualité à ce roman historique qui se lit avec avidité malgré ces 700 pages .

Enfin pour ceux qui sont interéssés par l’Histoire de l’Italie je vous conseille la lecture de Tous sauf moi de Francesca Melandri. Roman qui parle du passé fasciste et colonialiste de l’Italie au travers de la Guerre en Ethiopie et de l’arrivée des Migrants actuellement. Ma critique de ce livre est sur Babélio.

Ps . Ce livre sortira en librairie début Octobre 2019. Livre lu et obtenu dans le cadre de la Masse Critique Privilège de Babelio.

 

Le Gang de la Clef à Molette d’Edward Abbey. Gallmeister.💛💛💛💛

Le gang de la clef à molette par Abbey

On ne peut qu’adhérer aux quelques phrases mis en exergue du livre dans l’édition Gallmeister.
C’est de la bombe , un chef d’oeuvre où la rage se marie au rire, un roman culte qui prône l’ecosabotage et l’insoumission à la loi. Un grand road movie. Comme le dit le Canard enchaîné « comment avons-nous pu passer à côté de ce classique de la contre culture américaine.
Pour un roman écrit dans les années 1970 , le Gang de la Clef à Molette est un livre visionnaire et d’anticipation.
Sous ces dehors jubilatoire et hilarant ce roman nous plonge dans notre époque actuelle avec le réchauffement climatique, la décroissance, la prise en compte de l’écologie.
Voilà donc 4 personnages aussi dissemblables que possible qui vont se lancer dans une aventure épique : contrarier le développement de l’Ouest Américain dans l’Utah autour du canyon du Colorado
Les voici donc prêt à saboter ligne de chemin de fer, ponts , pelleteuses , tracteurs et camions.
Et quand on sait que nos quatre Pieds Nickelés ont des pedigrees plus loufoques les uns que les autres ….
Il y a George Hayduke, vétéran du Viet Nam accro à la bière et aux armes à feu.
Il y a le docteur Sarvis à la noblesse sévère d’un Sibelius ( il fallait la trouver!) qui brûlent les panneaux publicitaires. ( On devrait tous avoir un hobby)
Il y a l’élément féminin, Abbzug, superbe jeune femme maîtresse du sexagénaire docteur Sarvis
Il y a enfin Seldom Seen Smith mormon polygame , ayant quelques épouses aux quatre coins de l’Utah.
Voici formé le Gang de la Clef à Molette .
Et face à eux il y a la loi et l’administration américaine représenté par un évêque, le FBI,ou encore l’équipe de Recherches et de Secours.
Le pot de terre contre le pot de fer
À travers tous ces protagonistes, le cœur de l’Amérique est là, tout comme son dilemme : conservatrice ou progressiste.
Et que croyait vous qu’il arriva ? le pot de fer ou le pot de terre ?
A vous de vous lancer à la suite du Gang de la Clef à Molette pour le savoir.
En tout cas c’est un livre réjouissant, iconoclaste qui ne peut être plus actuel

Reviens de Samuel Benchetrit. Grasset💛💛💛💛

Reviens par Benchetrit

Nous attendons des nouvelles de nos enfants que nous sommes incapables de donner de nous-mêmes.
On pense souvent que certaines personnes sont heureuses alors qu’elles ne veulent pas inquiéter les autres. Les gens heureux sont avant tout des gens gentils
Voici quelques unes des réflexions d’un écrivain  en quête d’inspiration et d’amour.
Samuel Benchetrit nous donne avec Reviens un roman tendre, poétique, parfois absurde mais aussi grave et émouvant.
Cet écrivain en panne d’inspiration est au prise avec bons nombres de tracas et d’événements  dans sa vie familiale.
Son fils entre adolescence et monde adulte est parti à la découverte du monde. Son ex femme le harcèle,  son inspecteur des impôts , Paul Blanchot, lui envoie un mail depuis Abidjan lui demandant de l’argent, sans oublier la lecture à haute voix dans une maison de retraite,  ni l’achat d’un canard auprès de la Ferme de Claire et les tribulations d’un livre sur Amazon.
Cela peut paraître foutraque.  Çà l’est. C’est la représentation de l’état d’esprit de cet écrivain.
Il vit enfermé dans son appartement, enfermé dans sa perte d’inspiration et à la recherche de son fils.
Et quand il sort de son enfermement littéraire, il se trouve devant des tas de possibles et de probables plus absurdes les uns que les autres.
Apparemment absurdes, mais tellement vrais.
La naïveté ou le naturel de cet écrivain fait qu’il reste ouvert aux découvertes  plaisantes ou désagréables.
Mais derrière ce doux rêveur, apparaît une critique de l’édition, du monde numérique, des plates formes.
Mais cette critique se déguste comme un petit bonbon acidulé. La critique ne prends pas le dessus sur la joie de vivre .
Et c’est le mélange de tout cela qui donne une atmosphère émouvante à ce roman
Comme pour une peinture impressionniste, il faut prendre du recul pour comprendre que chaque point compose le tableau.
Reviens me donne cette impression, ces couleurs pastels, cette douceur, cette émotion.
Difficile de dire que l’émotion vient d’un point ou d’un autre,  mais elle est là présente.
On ressort de ce livre apaisé.
Quelle aventure d’aimer une infirmière bègue,  et de devoir résoudre la question suivante:
Quel unique mot pourrait dire un père inuit à son fils qui part pour un voyage dans les glaciers ?

Couleurs de l’incendie. Pierre Lemaitre. Albin Michel 💛💛💛💛

 

Couleurs de l'incendie par Lemaitre

Mes aïeux ! Quel livre !
Quel plaisir de se trouver au milieu des personnages de Pierre Lemaitre.
Celui ci est digne de Dumas et des meilleurs feuilletonistes de la fin du 19 ème siècle et du début du 20 ème siècle.
Autant Au revoir là-haut pouvait être dur , noir comme cette Grande Guerre qui sous tendait le livre , autant Couleurs de l’incendie est virevoltant , cynique , caustique et humoristique.
Attention la lecture de ce livre est addictive.On retrouve là toute la science que Pierre Lemaitre insuffle à ces polars.
Nous sommes en 1927. Marcel Péricourt , père d’Edouard l’un des protagonistes de Au revoir là-haut est décédé.
Le Tout Paris assiste aux obsèques de ce banquier à la tête d’un empire financier.
Derrière le cercueil , on retrouve Madeleine sa fille et Paul son petit fils ainsi que Charles Péricourt son frère.
Dans les intimes il y a encore Hortense , la femme de Charles ,Gustave Joubert le fondé de pouvoir de la banque Péricourt , Léonce Picard ,femme de chambre , André Delcourt précepteur de Paul .
Un événement cruel et tragique durant les obsèques va disloquer ce bel agencement et va placer certains sur le chemin de la cupidité , de la trahison ou d’autres sur le chemin de la ruine et du déclassement.
A partir de là Pierre Lemaitre va orchestrer avec maestria une histoire à la Dumas comme dans le Comte de Monte Cristo. Vengeance , déguisements , usurpation d’identité se mêlent les uns aux autres tout au long des chapitres du roman.
Ces chapitres qui baignent dans l’histoire de France des années 1920 / 1930.
Nous sommes au coeur de la crise de 1929 , au coeur du capitalisme mais aussi de la montée en puissance du communisme et du facisme.
Pierre Lemaitre se sert à merveille de cette Histoire de France pour faire vivre les complots et les vengeances de ces personnages. C’est caustique , cynique .C’est haut en couleur comme Solange Gallinato cette diva obèse et couverte de tulle dont le chant à capella mets le monde à ses pieds.c’est truculent comme cette nurse polonaise , Vladi qui irradie de vie. C’est beau élégant comme cette Léonce Picard dont la beauté n’a pas de limite ; cette beauté qui peut mener son petit monde où elle veut.
A la fin du livre Pierre Lemaitre met en perspective les différentes vies à venir de ces personnages et de ce fait les sort partiellement et totalement d’une suite
Sachant que Couleurs de l’incendie fait partie d’une trilogie commencée avec Au revoir là-haut , j’ai hâte de connaître la fin de cette trilogie.
En synthèse la lecture de Couleurs de l’incendie permet un grand et bon moment de lecture , pas prise de tête, mais de grande qualité et de respect de son lecteur.
Que demander de plus ?

Pactum Salis d’Olivier Bourdeaut. Editions Finitude 💛💛💛

Pactum salis par Bourdeaut

Dire que le deuxième roman d’Olivier Bourdeaut était attendu est un euphémisme.
Dire qu’il allait déchainer les critiques sur Babélio s’est une réalité.
Autant de pour que de contre
Autant de déceptions et que de lecteurs heureux ou même conquis.
Je fais partie des lecteurs heureux.
J’ai passé un agréable moment dans la presqu’île de Guérande avec Jean , Michel et les marais salants.
Evidemment ce deuxième roman d’Olivier Bourdeaut est très loin de l’ambiance d’En attendant Bojangles
Evidemment qu’il faut se défaire des émotions et des sentiments dont nous enveloppé les personnages d’En attendant Bojangles.
Je souscris à certaines critiques qui sont formulées .
Oui , on peut ressentir qu’Olivier Bourdeaut s’écoute écrire.
Oui on peut ne pas aimer l’emploi de nombreux adjectifs
Oui on peut trouver la rencontre des personnages peu réaliste.
Lors de la lecture du premier tiers du livre j’étais un peu dans cet état d’esprit et puis comme on dit prosaïquement la mayonnaise à prise.
Je n’ai pu levé les yeux du livre et je l’ai lu d’une traite avec une sensation haletante.
Avec le recul l’emploi des adjectifs , le coté peu réaliste de la rencontre des 2 personnages et l’impression qu’Olivier Bourdeaut s’écoute parler se sont évanouis.
Je retiens de ce livre une violence dans la rencontre de deux personnages : une violence qui peut aussi être appelée force et on parle d’amitié , une violence qui peut aussi être une destruction et une haine. Destruction par l’alcool, haine de l’autre et misanthropie pour Jean ou encore haine de soi et de ce que l’on est pour Jean et Michel
La rencontre incongrue de ces deux personnages les révèle à eux mêmes . Sans cette rencontre Jean et Michel seraient ils les mêmes ?
Et puis je retiens aussi de ce livre la description des marais salants ,du métier de paludier et des lumières océaniques.
Olivier Bourdeaut a une belle facilité pour décrire des paysages sombres ou ensoleillées.
Enfin je trouve que son écriture sait faire preuve de dérision et d’auto dérision.
Dans ces dialogues entre Jean et Michel j’ai l’impression de voir de jeunes coqs voulant dominer l’autre et le monde par des considérations grotesques , déplacées et d’une grande immaturité.
et c’est cette immaturité qui se transforme tout au long du roman. malgré leurs égo , leurs misanthropies leurs violences ils deviennent plus humains.
En synthèse une belle lecture au milieu des marais salants de Guérande avec des personnages de roman tellement humains et en définitif un petit côté thriller qui donne à réfléchir sur l’amitié et comment on peut s’en servir ou non.

En attendant Bojangles. Olivier Bourdeaut. Editions Finitude 💛💛💛💛

En attendant Bojangles par Bourdeaut

Il n’est jamais trop tard pour livre un livre….
En attendant Bojangles fait partie de ceci. J’avais entendu parler de ce premier roman ayant eu des prix, un tapage médiatique. de ce fait une petite méfiance me tenait à l’écart de cet ouvrage.
Et puis il y a quinze jours Olivier Bourdeaut était présent à La Grande Librairie pour présenter son deuxième roman Pactum Salis.
Et là , l’auteur m’a donné envie de rentrer dans son monde. Donc autant commencer par En Attendant Bojangles.
Direction la Médiathèque , le livre était disponible. Je n’avais pas le souvenir d’un roman si court.
Tout a été dit sur ce roman : l’histoire racontée par l’enfant avec des retours au journal du père George afin de recadrer nos sentiments et émotions , la Maman dont le prénom change au maximum tous les deux jours , Mademoiselle Superfatoire , animal de compagnie on ne peut plus étrange et puis en musique de fond ,la voix lancinante de Nina Simonenous chantant Mister Bojangles.
Ce qui m’a touché c’est le regard de l’enfant et son interprétation des événements. Comment un enfant entrevoit l’amour , la folie mais aussi le monde qui l’entoure. Comment interprète-t il tous les déménagements intérieurs de sa mère.
Ce qui m’ a ému c’est la passion absolue que se voue deux personnes et cette passion va être transcendée par les événements et la maladie.
Tout peut paraître loufoque avec l’échiquier géant , la tonne de courrier non lu et Mademoiselle Superfétatoire.
Mais il faut bien faire vivre cette folie si on ne veut pas se perdre.
Vu par l’enfant cela donne une vie légère , insouciante détachée des normes.
Vue par George et sa femme aux milles prénoms ne pas se perdre c’est vivre cette folie. George était loufoque ,déjanté et il a trouvé « mieux ». Il a trouvé plus fou que lui.
Et c’est avec cette folie qu’il vont construire la réalité de leur vie et non des châteaux en Espagne
Olivier Bourdeaut nous régale par son style , par sa finesse d’écriture et sa facilité à nous montrer la folie que ce soit à travers un enfant ou des adultes.
Chapeau Bas !