
Vivre tout bas
Jeanne Benameur.
Actes Sud
ISBN : 978-2-33020-035-0 Janvier 2025
200 pages
Prenez une poignée de sable dans votre main. Même la main bien fermée, le sable file. Tous les interstices sont propices à la fuite délicate du sable. restent dans la main quelques grains délicats qui vous rappellent que votre main a contenu un trésor.
Il en va de même pour le dernier roman de Jeanne Benameur. Une délicatesse et du mystère pour nous conter un moment et des personnages immensément connus. Pas la peine de citer leurs noms, hormis Jean.
Une femme apparait au bord de la mer, vers un village de pêcheurs. Elle vient de perdre son fils, après la traversée de la grande souffrance. Son fils l’a confié à Jean, l’ami fidèle.
Cette femme va rencontrer une petite fille silencieuse, des visages sur la pierre de la falaise, un homme délicatement homme. Et petit à petit cette femme va s’affranchir de l’iconographie qui la pétrifie et devenir ce qu’elle souhaite ; une femme que la vie des autres traverse.
Les cent premières pages du roman peuvent donner une impression de dispersion et de peu d’intérêt et puis tout se concentre, devient délicatesse et émotion.
« Ajouter une pierre au cairn c’est dire Je suis passé et je veille. C’est tout. c’est avoir choisi la pierre pour qu’elle vienne s’ajouter aux autres sans en rompre l’équilibre. »
Le roman de Jeanne Benameur est veille et passage. Comme le sable qui fuit mais dont on garde la fluide sensation et la mystérieuse délicatesse. C’est tout. Mais c’est l’essentiel.
Alors « au matin, elle laissera ses sandales usées sur le seuil de la porte. » pour des pas qui avancent
.

Jeanne Benameur est une écrivaine française.
Née d’un père tunisien et d’une mère italienne, elle est la dernière d’une famille de cinq enfants. Elle a cinq ans et demi quand elle arrive avec sa famille en France, à La Rochelle.
Elle suit les cours du conservatoire d’art dramatique puis elle effectue des études de lettres à Poitiers, où elle suit aussi des cours de philosophie et d’histoire de l’art. Après l’obtention du CAPES, elle est professeure de lettres : d’abord à Mauzé-sur-le-Mignon, puis en banlieue parisienne. Ce n’est qu’à partir de 2000 qu’elle se consacre entièrement à l’écriture.
Elle a publié pour la première fois en 1989 aux Éditions Guy Chambelland des textes poétiques, puis chez divers éditeurs. Elle se distingue sur la scène littéraire avec « Les Demeurées » qui reçoit en 2001 le prix Unicef. Puis, c’est le prix du centre du Livre Poitou Charentes pour « Laver les ombres » en 2007 ; les prix Paroles d’encre, le prix du Rotary et le prix du Roman d’entreprise pour « Les Insurrections singulières » en 2011. En 2013, « Profanes » reçoit le grand prix RTL-Lire. « La patience des traces » (2022) est lauréat du prix du roman France télévision 2022. Son autobiographie « Ça t’apprendra à vivre » (1998) a été portée à la scène en 2006 par la compagnie La Poursuite.
Parallèlement à son travail d’écrivaine, elle anime régulièrement des ateliers d’écriture. Membre du jury du prix Fémina depuis 2023.
Elle vit maintenant à Paris où elle consacre l’essentiel de son temps à l’écriture : théâtre, roman, poésie, nouvelles.

















