Reste de la lecture de la revanche des orages une légère déception. J’ai été transporté par le roman de Sébastien Spitzer Ces rêves qu’on piétine , alliage de réalité historique et de fiction émotionnelle. les deux romans étaient du même acabit , La Fièvre et le coeur battant du monde. Le coeur battant du monde , un titre qui dit tout des livres de Sébastien Spitzer : un événement historique , au plus prés des hommes et des femmes avec une empathie pour ces personnages. La revanche des orages ne devait pas être d’un autre alliage. La vie de Claude Eatherly , pilote qui a participé au bombardement d’Hiroshima en 1945. Il revient en héros aux Etats- Unis. Mais pas lui. Il se replie dans son mutisme , entend des voix. Sa famille se désintègre tout comme son mental. C’est cette descente aux enfers que nous raconte Sébastien Spitzer et la magie n’opère pas. Dans très peu de moments je me suis senti touché par ce pilote et sa famille. le désastre nucléaire a aussi eu raison de ma sensibilité ! Il y a néanmoins des moments de grâce avec Hanae, rescapée d’Hiroshima, voix de ce monde détruit. Reste une lecture agréable , historique et qui donne à réfléchir sur la faiblesse humaine et ses innombrables conséquences.
Sébastien Spitzer, né le 9 mars 1970 à Paris, est un écrivain français. Il est aussi scénariste et enseignant à Sciences Po Paris.
Sébastien Spitzer, après une CPGE, étudie à l’Institut d’études politiques de Paris1 avant de se tourner vers le journalisme, travaillant pour Jeune Afrique, Canal+, M6, TF1, Marianne ou Rolling Stone. En 2017, il publie son premier roman et décroche plusieurs prix, dont le prix Stanislas, le prix Emmanuel-Roblès et le prix Méditerranée des lycéens pour Ces rêves qu’on piétine, qui sera traduit en plusieurs langues. Il sera finaliste du prix Goncourt des lycéens pour Le Cœur battant du monde. Il est enfin lauréat du prix Bibliothèques pour tous et le prix de l’Académie de Pharmacie pour La Fièvre. Il est aussi l’auteur de documents. La plupart de ses livres sont disponibles au Livre de Poche. ( Albin – Michel)
Autres livres de Sébastien Spitzer chroniqués sur ce Blog.
Nous avons tous en mémoire des noms qui jalonnent l’histoire contemporaine de l’Argentine : Péron, anciens nazis, dictature, Videla, les Malouines, les mères de la Place de Mai, disparitions, Coupe du Monde 1978. Ce roman d’Anne Christelle Tinel va sacrément nous rafraichir la mémoire et raviver de sombres souvenirs. Dans un récit déstructuré mais facile à suivre, elle va nous mettre dans les pas de Malena , jeune argentine aux parents engagés, politiquement à gauche. A travers différents tableaux, nous allons peu à peu reconstruire sa vie. Un accident dans les montagnettes de Creuse. Un exil avec une arrivée à Gènes puis à Paris dans les locaux de la Cimade. La rencontre d’Arnaud. Puis l’Argentine . Malena, c’est ton nom est le roman de l’identité, de la prise de conscience. La lecture du roman peut sembler ardu par moment du fait d’une non ponctuation. Mais cette amoncellement dit bien cette déconstruction, cette recherche de soi de l’autre. Roman émouvant qui donne la part belle aux femmes, dont ces magnifiques mères argentines. Malena est bien plus qu’un nom. Il est le nom des gens de l’exil.
Anne-Christine Tinel écrit des pièces de théâtre et des romans. Membre de la SACD et des EAT, elle rejoint en 2012 la section Ecriture de l’ENSATT, codirigée par Enzo Cormann et Mathieu Bertholet, en qualité d’auteur stagiaire professionnel.
Trois romans sont publiés chez Elyzad : Tunis, par hasard,L’oeil postiche de la statue kongo et Malena, c’est ton nom. A la suite de ces publications Anne-Christine Tinel reçoit deux bourses d’aide à l’écriture, l’une du Centre de Lettres Midi-Pyrénées, l’autre du Centre National du Livre.
Plusieurs pièces ont été distinguées ces dernières années. Demain dès l’aube, je partirai est créée sous le titre Sources par Humani Théâtre. Ce texte a fait l’objet d’un soutien de la commission Ecrire pour la rue de la SACD/ Beaumarchais (2016). Dans le formulaire puis Fartlek sont retenues coup sur coup au palmarès du CNT-ARTCENA (2016/17) pour l’aide à la création. Fartlek est créée en mars 2020 par Marion Aicart et babouk, la cie. Quelques textes sont publiés notamment Fartlek aux Editions Koïnè et La mer n’a pas d’horizon aux Editions de Vallières.
Le Rocher blanc est la clé de voute du dernier roman d’Anna Hope. Ce rocher blanc est posé en mer au large de San Blas au Mexique, dans le golfe de Californie. ce Rocher blanc a été primordial dans la vie d’un certain nombre de personne. Anna Hope va en choisir quatre à des époques différentes. Tout d’abord une écrivaine en 2020 ( double d’Anna Hope ?) , en temps de pandémie Covid et de transition énergétique. Ensuite un chanteur en 1969 que l’on reconnaitra rapidement comme étant Jim Morrision. Pour poursuivre une fille , indienne Yoeme, Petite ombre, en 1907 en proie à l’esclavagisme et la déportation. Enfin un lieutenant espagnol, naviguant en 1775 afin de conquérir et de cartographier la Basse Californie. Anna Hope va construire et déconstruire son roman de façon chronologique. Nous partirons de 2020 pour aller en 1969, 1907, 1775. Le Rocher Blanc sera le point d’appui pour repartir de 1775 et remonter à 2020. Cela aurait pu rendre le récit confus. Ce n’est pas la cas car chaque personnage et chaque époque sont bien identifiés. cela crée un sas qui permet de mieux intérioriser les personnages. Pourquoi ce Rocher blanc est il central ? » C’est le lieu où pour la première fois, l’informe s’est épris de la forme. et donc, et donc, et ainsi et alors, voila comment le monde est né. » page 195 Pour la tribu indienne Wixarikas le monde est né là. Au fil du roman et des quatre époques l’universalité du Rocher blanc va être affiné et c’est la grande réussite de ce roman. Que l’on soit en 1775, 1907, 1969 ou 2020 le Rocher blanc inspire les rêves et les folies des hommes. Ce Rocher blanc est témoin des méfaits de la déportation, de l’esclavagisme, du pouvoir mais il est aussi témoin d’une recherche spirituelle ou d’une recherche écologique. il est aussi le témoin du Temps. le temps existe-t-il ? C’est un roman qui ne donne pas de clés. A chacun de les trouver et de les faire siennes. Pour ma part je resterais profondément touché par Petite Ombre et sa soeur Maria Luisa. Les pages sur leur emprisonnement sont d’une terrible beauté et d’une sororité unique. Un magnifique roman qui allie émotion, intelligence et respect du lecteur.
Son premier roman, Le Chagrin des vivants, a été publié en janvier 2014 par Doubleday au Royaume-Uni et Random House aux États-Unis5. Anna Hope a figuré sur la liste des candidats retenus pour le prix du meilleur écrivain de l’année 2014 aux « National Book Awards6 ». L’auteure décrit la vie d’Ada, Evelyn et Hettie pendant les cinq jours qui précédent l’arrivée à Londres du cercueil du soldat inconnu, le 11 novembre 1920. Une construction subtile met au premier plan plusieurs femmes pendant cette période7. Elle déclare : « Dans le chagrin des vivants, je voulais montrer les sentiments qui animent les femmes »8. Le roman a été sélectionné au prix Folio des lycéens parmi six autres9. Ada a perdu son fils unique Michael mais ne peut l’accepter. Evelyn est employée du Ministère de la Défense pour recueillir les réclamations (et demandes de réévaluation) concernant les indemnités des guerriers démobilisés. Hettie, ou Henriette Burns, travaille comme danseuse professionnelle dans un Palais de Danse (L’Enclos) et redonne la moitié de son salaire à sa mère pour s’occuper de son frère traumatisé de guerre et chômeur.
Son deuxième roman, La Salle de bal (The Ballroom), publié en 2016, se situe dans un hôpital psychiatrique en Angleterre, au début du xxe siècle, dans lequel le Dr Fuller organise pour ses patients un bal hebdomadaire, croyant dans les bienfaits de la musique pour la guérison des malades. John Mulligan, dépressif à la suite de la mort de sa fille, et Ella Fay, enfermée pour insubordination, y tombent amoureux10. L’histoire a été inspirée à Anna Hope par celle de son arrière-arrière grand-père, enfermé lui-même dans un asile du Yorkshire11
La critique du journal Le monde
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Pour qu’un livre finisse par être écrit et publié il faut parfois plus que du talent et de l’imagination : une intervention divine, le coup de pouce de puissances invisibles… L’écrivaine britannique Anna Hope en sait quelque chose. Sans les forces mystérieuses d’un chaman amérindien, Le Rocher blanc, son quatrième roman, n’aurait tout simplement jamais vu le jour.
Pour comprendre la genèse de ce texte, il faut remonter loin en arrière dans l’histoire personnelle de l’autrice. Il faut même pénétrer dans l’intimité de son couple. Pendant des années, en effet, Anna Hope et son conjoint ont voulu un enfant. Passionnément mais en vain. Jusqu’à ce qu’un événement étrange se produise : « Après avoir traversé des années de chagrin, mon mari et moi avons été invités à prendre part à une cérémonie chamanique wixarika, raconte-t-elle au “Monde des livres”. Un rite au cours duquel nous étions encouragés à prier pour l’arrivée de cet enfant. »
Et les esprits ne les ont pas seulement entendus. Ils les ont exaucés – c’est du moins ce qu’affirme Anna Hope. Quelque temps plus tard, l’écrivaine se découvrait enceinte d’une petite fille. Plus tard encore, elle et son mari décidaient de retourner en pèlerinage sur les lieux du « miracle », dans l’ouest du Mexique, au cœur de la Sierra Madre, là où vivent les Indiens wixarika. « Il fallait que j’adresse des remerciements. Des offrandes. Que je demande protection. Pour ma fille. »
Un lieu on ne peut plus sacré
Le roman commence précisément à cet endroit : dans le minibus brinquebalant qui emporte Anna Hope, son mari (ou plutôt son futur ex-mari) et leur fille, sur les chemins tortueux de l’Etat du Nayarit, en direction de la ville côtière de San Blas et de son fameux rocher blanc. Ce lieu est on ne peut plus sacré pour les Indiens wixarika (dit aussi Huichol). Car c’est là, dans l’océan Pacifique, autour de cette « cime blanche » dépassant des vagues, que, « pour la première fois, l’informe s’est épris de la forme ». C’est là, d’après eux, que « le monde est né ».
Bien entendu, l’histoire du livre ne serait pas complète si elle ne racontait pas comment une jeune Anglaise – née à Manchester en 1974 – a pu un jour se retrouver dans pareil pèlerinage, en train de déposer sur la crête des vagues, au pied de la pierre éternelle, des bougies à la flamme vacillante et des calebasses gravées. Anna Hope explique que son intérêt pour le chamanisme amérindien remonte au temps de sa jeunesse, lorsqu’elle voyageait dans le nord du Mexique. A l’époque, pourtant, elle « ne voyait pas du tout comment les cultures animistes pourraient un jour jouer un rôle dans [s]a vie ». C’est par son mari que tout est arrivé. « Il était profondément intéressé par le chamanisme, lui aussi. En tant que docteur en psychologie à l’université de Greenwich, à Londres, il avait étudié ces cultures du point de vue universitaire, et beaucoup publié à leur sujet. Professionnellement, il avait forgé des liens avec le peuple wixarika, dont les pratiques chamaniques se poursuivent depuis la nuit des temps, jamais interrompues. » Lire aussi (2009) : Mexique, la magie de la mémoire, par J. M. G. Le Clézio
C’est comme cela qu’un jour, ayant eu connaissance du problème du couple, un chaman wixarika a volé à son secours, en lui transmettant la providentielle invitation. Celle qui allait conduire à la double naissance du bébé et du livre. Encore faut-il ajouter à tout cela un vrai travail de recherches de la part de l’autrice. « J’ai été étonnée par le nombre d’histoires qui, au fil des siècles, tels des courants, n’ont cessé de tourbillonner autour de ce rocher blanc », note Anna Hope.
L’esprit des éditions Le Bruit du monde
Des histoires, il y en a à foison dans ce très beau roman qui ne se résume pas, loin de là, à sa dimension mystique. C’est même pour cela, entre autres, que Marie-Pierre Gracedieu, cofondatrice des récentes éditions Le Bruit du monde, l’a choisi. Pas seulement par fidélité à son autrice, mais aussi parce que, symboliquement, Le Rocher blanc reflétait parfaitement l’esprit de sa nouvelle aventure éditoriale. « J’avais lu le premier roman d’Anna Hope [Le Chagrin des vivants, Gallimard, 2016] alors qu’il allait être publié en Grande-Bretagne et qu’elle n’avait pas encore d’éditeur en France », raconte l’éditrice, qui se rappelle avoir été d’emblée « vivement impressionnée par sa finesse d’analyse et sa maîtrise narrative ». « Quand elle m’a adressé Le Rocher blanc, je venais à peine de créer Le Bruit du monde, à Marseille, et j’ai été émue de constater qu’elle aussi avait largué les amarres, et quitté l’Angleterre pour s’intéresser à une région du Mexique dont elle me parlait souvent. » Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pedro Cesarino, l’apprenti des Amérindiens
Constatant immédiatement que la diversité des fils narratifs faisait voyager le lecteur, non seulement au Mexique, mais aussi vers d’autres régions et à d’autres périodes historiques, l’éditrice a décidé de faire de ce texte un emblème. Un roman qui, parce qu’il permettait, selon elle, d’« observer la course folle du monde à une hauteur inédite, sans que ne manque aucune nuance », venait « parfaitement illustrer la ligne éditoriale de la maison ».
Etonnant de penser à tous ces enchaînements de faits, petits ou grands, à cette série d’événements rationnels et irrationnels, qui se sont succédé et additionnés, pour aboutir finalement à l’ouvrage que l’on tient aujourd’hui dans les mains. Des suites de coïncidences ? Peut-être. Peut-être pas. Depuis leur au-delà magique, les puissances du monde chamanique, elles, n’y voient aucun hasard.
Critique
Le début et la fin de tout
Au large de San Blas, au nord-ouest du Mexique, un rocher blanc émerge du Pacifique. Depuis des siècles, la tribu indienne des Wixarika, le peuple indigène de la région, en a fait un lieu sacré, symbole de la naissance de l’univers et site de pèlerinage. C’est autour de ce roc mythique que l’écrivaine Anna Hope a choisi d’enrouler les fils de son quatrième roman.
On y croise une jeune Anglaise venue remercier les puissances chamaniques wixarika de lui avoir « envoyé » l’enfant qu’elle ne pouvait pas avoir ; le chanteur Jim Morrison, traqué par la justice comme par ses fans et réfugié là à la fin des années 1960 ; une jeune Indienne jadis promise à l’esclavage ; et enfin un capitaine de navire espagnol, chargé, en 1775, de cartographier les lieux.
Parfaitement ingénieuse, la construction du texte épouse la forme du rocher. On passe d’un personnage à un autre, d’une période à une autre, avec l’impression de gravir une pente – physique et métaphysique – jusqu’à un sommet central, le chapitre « Le Rocher blanc », d’où l’on redescend jusqu’à la réconciliation finale.
Mais, surtout, avec un brio subtil et un sens consommé du mystère, Hope joue sur la constante opposition des contraires. Le lieu de la naissance et de la régénération n’est jamais dissociable de l’idée de fin : fin des cultures autochtones menacées jadis par la colonisation, ou disparition redoutée, aujourd’hui, de ce paradis naturel, à cause des dérèglements climatiques et de la déraison humaine. Puissant et original, ce texte ressemble à une offrande littéraire, à une longue prière dont on sort à la fois troublé et ragaillardi.
Extrait
« Elle regarde [l’offrande] osciller (…), prise dans des courants que jamais l’écrivaine ne pourra connaître ni maîtriser.
Et voilà que des souvenirs remontent de l’eau :
(…) Elle est là, sur la plage, avec sa fille et son mari. Les jeunes hommes reviennent mouillés de leur bain, les enfants bondissent – et tous les fantômes de tous les morts de toutes les âmes à l’ouest les contemplent. Toute la vie à venir les contemple.
Le Rocher blanc les contemple.
Son mari les contemple.
Elle voit qu’il la regarde, lève la main vers lui, l’agite à travers la distance entre eux. Comme elle a aimé cet homme ! Comme leurs troncs se sont entremêlés, comme ils se sont grandis, comme ils se sont donnés !
Emmelie Prophète nous livre un texte d’une rare force. Texte d’une centaine de pages qui emporte tout. Une force et une rage telles qu’elles existent à Haïti. Un texte des solitudes autour de trois femmes entre Haïti et exil floridien. Des femmes qui sont des mères, des soeurs, des filles. Chacune voulant rompre les héritages de servitudes pour atteindre des terres d’espoir. Ce texte fait vivre l’écriture haïtienne et nous rappelle la langue de Dany Laferiere ou encore Lyonel Trouillot. Haïti est un pays de démesure, de la pauvreté au tremblement de terre sans oublier la violence inhérente à cette pauvreté. Le testament des solitudes est une réflexion sur le départ, le retour, la mort. La mort qui est aussi une partie de l’âme de Haiti. ‘Passager autant qu’on peut l’être, emmitouflée dans mon héritage d’ombre et de silence, on est en octobre, on aurait pu être en juin ou dans un autre mois. Les mois , les heures, les jours ne sont que les métaphores de cette grande blessure en forme d’île, une large cicatrice ecartelée s6r la Mer des Caraïbes, toute sincère dans sa misère » Page 101 J’ai été emporté par ce texte et par la force qui émane de ses trois destins feminins qui se rencontrent. Trois filles, nées en Haïti quand il fallait naître ni ici, ni femmes. Entre champs morts et rivières tristes, le seul rêve dont elles avaient hérité etait celui de partir. Page 9
Elle est surtout connue comme écrivaine. Romancière, l’essentiel de son œuvre est publié chez Mémoire d’encrier. Son dernier roman Les Villages de Dieu connaît un grand succès.
Elle est installée comme nouvelle titulaire du ministère de la Culture et de la Communication (MCC) par le Premier ministre Ariel Henry, lequel a présidé, le lundi 17 janvier 2022, une cérémonie d’installation qui s’est tenue dans les locaux du Ministère4,5
Il est des livres qui ne sont que de passage. Le livre d’Amelie Fonlupt fait partie de cette catégorie . Et son titre La passagère confirme cette impression. Passager : Celui où celle qui est de passage, qui ne fait que passer Mamé, grand mère capverdienne s’est exilé en France dans les années 1960 avec sa fille Reine. Mamé est revenue au Cap Vert. Pas Reine qui est restée vivre en banlieue parisienne. Des enfants sont nés dont Lena qui est la narratrice de ce roman. Ce roman retrace la vie de trois générations de femmes exilées en France. Pour chacune le déracinement est une épreuve Autant j’ai aimé les 50 premières pages qui se passent au CapVert, autant j’ai eu du mal ensuite. J’ai eu l’impression que l’ensemble été survolé avec les passages obligatoires pour parler de l’exil, du déracinement. A force de survoler, l’émotion disparaît et reste des personnages convenus que ce soit Madame Patrick ou encore Monsieur et Madame chez qui Reine travaille. La passagère aurait pu être un prémice à la transmission. Mamé, Reine et Lena auraient pu être ces liens. Malheureusement elles ne sont que de passage,
Quel plaisir de retrouver les ambiances fictionnelles de Franck Bouysse. Toujours ce mélange de monde rural, de paysage et de personnages atypiques. L’homme peuplé est de la même veine que Né d’aucune femme ou Buveurs de vent. Toujours des titres de roman qui interrogent et emmènent le lecteur. L’homme peuplé ne fait pas exception à la règle. Paysages d’hiver. Neige, arbres nus. Ambiance froide et glaciale Mais aussi la chaleur de l’été, la légèreté d’une fleur, le vent dans les arbres. Des animaux, des fermes, des stabulations. Un village, une épicerie- bar. Le tout sûrement dans la ruralité du Massif Central. Harry, écrivain en mal d’inspiration vient s’y ressourcer dans une vieille ferme, qu’il a acheté suite à une succession. Rapidement il se sent épié . Dans cette campagne, les ombres, les bruits deviennent étranges, fantasmagoriques. Cela serait il le fait de son voisin Caleb, guérisseur et sourcier. Caleb vivant sous l’emprise de sa mère. Ou cela serait-il le fait de Sofia qui tient l’épicerie. Quel secret protège t-elle ? Franck Bouysse nous entraîne dans un maelström entre réalité, passé, monde intérieur. Que recherche Harry l’écrivain ? Une vérité, une création romanesque ? Le tout dans une nature somptueuse magnifiée par l’écriture de Franck Bouysse. Des associations de mots qui engendrent immédiatement des visions, des odeurs. Une écriture qui sculpte des personnages, des personnalités. Rien n’est fade. Tout à un sens. L’homme peuplé est un roman exigeant qui ne se donne pas. Il faut accepter des incompréhensions, des étonnements. La nature humaine n’est pas simple et il est difficile d’en accueillir les fantômes et les fatalités. Et quand arrive la fin du roman le présent et le passé sont intimement liés et nous questionnent sur la réalité de L’homme peuplé.
Du même auteur sur ce blog
Buveurs de vent
Imaginez vous surplombant le Gour Noir. Une vallée encaissée traversé par un viaduc. Plus bas dans la vallée, une petite ville et son énorme usine électrique. Une usine électrique qui tisse sa toile et phagocite tout. Il y a eu la guerre quelques années plutôt. L’imagination court. Pleins de lieux viennent à l’esprit. Tous plus noirs les uns que les autres. Qui n’a pas en tête les vallées encaissées des Vosges,du Massif Central, des Alpes ou des Pyrénées. Ces vallées sombres dans lesquelles le béton des barrages ou des usines électriques teinte de gris le paysage. Nous sommes dans l’univers qu’ à installé Franck Bouysse. Et l’univers, on le sent bien il est bien prégnant. Reste maintenant à faire vivre les personnages. Une belle brochette ! D’abord, Joyce le tyran. Il dirige l’usine et en vérité la totalité de la vallée. Tout lui appartient. Jusqu’à la ville dont les noms de rue ne sont qu’une déclinaison de son patronyme : Joyce Principale, Joyce 1, Joyce 5 etc… Pour être un bon tyran il faut des sbires. Joyce à ce qu’il faut et la panoplie est réjouissante et inquietante : Double et Snake pour les basses oeuvres , Lynch pour maintenir l’ordre ou encore Salles et Renoir. Le western n’est pas loin. Il manque une famille. La voila: le grand père Elie, pipe au bec et estropié. Il vit chez ses enfants: Martha sa fille et son gendre Martin. Martha est confite dans sa bigoterie alors que Martin travaille à l’usine , boit quelques bières au bar l’amiral et bat ses enfants. Il en a quatre . Bigoterie obligé Martha à souhaitait leur donner le prénom des quatre évangélistes : Marc, Mathieu, Luc et Jean. Jean est une fille appelé par son grand père Mabel Marc est battu par son père car il a une passion pour les livres. Mathieu ne pense qu’à la nature et parle aux arbres. Luc est dans son monde, enfant tragique recherchant des trésors et protégeant les animaux. Mabel a la beauté sauvage de la femme. Ces quatre là forme une fratrie unie. Leur signe : quatre cordes accrochées sous le viaduc. Quatre cordes dans le vide. Tout est en place pour le destin tragique de cette vallée entre soumission et promesse d’insoumission. La violence et la cruauté du tyran va révéler chaque personnage. Que ce soit positivement ou négativement. Chacun va devoir prendre position pour alléger cette soumission. Devient on insoumis seul ? A partir d’un élément et d’un groupe ensuite, peut on envisager une solidarité et un peuple. L’histoire est noire et pour retrouver la lumière le chemin est long. C’est un livre magnétique et magnifique. La force de la langue de Franck Bouysse est à l’unisson de cet univers noir, électrique et bétonné. C’est sauvage ! Et comme Marc, Mathieu,Luc et Mabel nous sommes Buveurs de Vent.
Né d’aucune femme
Sur la desserte il y une bonne dizaine de livres, lus où à lire. Dans ces livres depuis quelques mois, la couverture du roman Né d’aucune femme de Franck Bouysse m’appelait régulièrement. Mais je remettais la lecture préférant tel autre roman. Et puis en ce début de 2020 l’appel du livre à été le bon. Mais quel appel. Commencer 2020 sous les auspices de Franck Bouysse met le curseur très haut dans la qualité d’écriture, l’émotion, l’empathie, la noirceur, la lumière et les très-fond de l’âme humaine. Comment ne pas être bouleversé par ce roman d’une rare sensibilité, vibrant, poignant, vous prenant dans ses filets et ne vous lâchant plus. Nous sommes quelque part entre Limousin et Perigord dans la deuxième moitié du 19ème siècle. Gabriel est prêtre et il a charge d’âmes. Et l’une de ces âmes, en confession, lui demande alors qu’il va bénir le corps d’une femme à l’asile de récupérer des cahiers cachés sous sa robe. Ce sont les cahiers de Rose. Cahiers dans lesquels Rose raconte son histoire afin que celle ci ne soit pas oubliée. Rose est une jeune fille de 14 ans qui a été vendu par son père paysan à un maître châtelain. Elle a été vendu car son père, sa mère, ses trois soeurs n’arrivent pas à vivre du fruit du travail de la terre et de l’élevage. A partir de là vont s’enchaîner de façon logique et dramatique une série d’événements qui marqueront la vie de Rose. C’est tragique, c’est romanesque. Par son écriture magistrale Franck Bouysse nous emmène au fond de l’âme humaine mais aussi au fond des bois et des demeures. On entend les planchers craquer ainsi que les branches dans les bois . On distingue l’ombre de la bougie sur le mur de la chaumière. On ressent physiquement les cris, la violence ou encore la chaleur de la forge. Et quelle écriture remarquable pour nous traduire les sentiments, les peurs, les émotions de Rose. L’histoire que nous raconte Franck Bouysse dans Né d’aucune femme est une histoire somme toute assez » classique » dans cette deuxième partie du 19eme siècle. Qui n’a pas rencontré en faisant des recherches dans sa généalogie des ascendants qui sont des enfants abandonnés, des bâtards ou encore des enfants cachés. Qui n’a pas dans ses ancêtres une bonne qui a fauté avec un bourgeois ou un châtelain. Cette réalité, Franck Bouysse l’a sacralisée au travers de Rose et des personnages de son roman. Nous sommes partie prenante des personnages et comment ne pas être ému par cette page où il nous décrit le petit déjeuner des trois soeurs de Rose. Comment ne pas être ému devant la mère de Rose , devant Onésime ou encore devant Edmond. De la même façon comment ne pas crier notre colère au maître, à la vieille ou encore au docteur. Et puis nous partirions bien chevaucher à travers bois sur la jument. Le roman de Franck Bouysse est magistral car son récit est complet. Tout est compris dans le roman, de l’indicible à l’espoir, du mal à l’amour, de la violence à la bienveillance. D’une histoire commune à beaucoup de personnes au 19eme siècle il en fait Une vie qui touche à l’universel. Rose restera encore longtemps mes côtés. » ma manière de le remercier pour tout ce que j’ai cru pas être la réalité, jusqu’à ce que je me retrouve dans le tourbillon, la seule réalité, celle d’hier, celle d’aujourd’hui, celle de demain, celle de toujours, celle de cette vie et celle d’après cette vie » ( p.284 ). Immense grandeur de l’âme humaine.
Troisième incursion dans l’univers de Miguel Bonnefoy . Après Sucre noir et héritages voici L’inventeur. Fini l’Amérique latine qui était la toile de fond de ces deux derniers romans. L’Inventeur se passe en France à la fin du 19ème siècle et nous fait découvrir un savant méconnu : Augustin Mouchot. En ces temps de transition écologique et de sobriété énergétique, comment ne pas être attentif à un inventeur de la fin du 19ème siècle qui découvre l’énergie solaire Augustin Mouchot, professeur de mathématiques est obnubilé par le soleil et son énergie Obnubilation d’un chercheur ce qui veut dire aussi rien de très réaliste quant à la mise en perspective de cette découverte Pourtant sa machine nommée Octave sera présenté à Napoléon III Sans succès ou dirons-nous un succès d’estime Il faut dire que l’industrialisation bat son plein et que le charbon emporte tout Et Augustin Mouchot restera un inventeur qui n’a pas son nom dans les dictionnaires Le genre d’aubaine pour Miguel Bonnefoy Un personnage tel qu’il les aime Et contrairement à Sucre Noir et héritages , cela ne prend pas L’écriture savoureuse est là mais manque le souffle, le lyrisme , la poésie Faut -il de l’exotisme et du dépaysement pour que la plume de Miguel Bonnefoy virevolte Le personnage d’Augustin Mouchot et sa vie sont extraordinaires mais on ne s’attache pas Lors d’un passage en Franche Comté d’Augustin Mouchot , celui-ci nous parle d’un vigneron partie faire affaire en Amérique Latine On repense à héritages, à la famille Lonsonnier Trop d’attente sûrement Alors attendons un prochain roman de Miguel Bonnefoy
Né en France d’une mère diplomate sud-américaine qui a été l’attachée culturelle de l’ambassade du Venezuela à Paris4 et d’un père romancier chilien5, Miguel Bonnefoy a grandi au Venezuela et au Portugal. Il y a suivi sa scolarité dans des lycées français4.
En 2009, il remporte le grand prix de la nouvelle de la Sorbonne Nouvelle avec La Maison et le Voleur. Il publie en italien Quand on enferma le labyrinthe dans le Minotaure en 2009, et en français Naufrages en 2011, sélectionné pour le prix de l’inaperçu 2012.
Quand vous vous promenez à Camaret sur Mer, dans la presqu’île de Crozon , vous apercevez de l’autre coté du port , Notre Dame de Rocamadour et le cimetière des épaves. Dans ce cimetière reposent les épaves de nombreux langoustiers. Ces bateaux qui dans les années 1960 /1990 sillonnaient l’Atlantique entre Bretagne et Mauritanie. C’est à travers l’un d’eux , Fleur de sable , que Nathalie De Broc va installer son roman. Fleur de Sable est un langoustier qui a été construit au port Rhû à Douarnenez. Et trois amis d’enfance vont se retrouver sur ce langoustier. Nathalie De Broc va nous raconter l’histoire de ces trois amis auquels il faut ajouter Elisa , soeur de l’un d’entre eux, Germain. Elle est amoureuse de Christian et est aimé secrètement par le troisième Paolig. A travers ce roman , Nathalie de Broc nous fait revivre avec bonheur ces années autour du port de Douarnenez. Ce fut une belle découverte que de suivre la pêche à la langouste au long des côtes de la Mauritanie. Le romanesque amoureux entre les personnages et l’exotisme de la Mauritanie et du désert sont traités avec réussite. En définitif une lecture simple et agréable.
Journaliste indépendante pour France 3 Ouest, elle a été présentatrice du journal de RFO. Elle est également traductrice et auteur de guides touristiques aux Éditions Gallimard. Elle est la cousine germaine du navigateur Bertrand de Broc. Elle a animé l’émission de Bric et de Broc sur France Bleu Breizh Izel le samedi pendant une année, émission où elle s’entretenait avec des invités qui se confiaient sur leur actualité et leur vie. Depuis 2004, elle publie aux Presses de la Cité et a reçu en 2009 le prix de l’Association des Ecrivains Bretons pour son roman la Tête en Arrière (éditions Diabase).
Marie Sizun nous entraine dans La maison de Bretagne sise sur le bord de l’océan à l’Île tudy dans le sud Finistère. c’est une maison de famille qui a reçu grands parents, parents et enfants. Des générations en partie disparus. Il reste aujourd’hui Claire et sa soeur Armelle. Armelle dont les nouvelles se font rare. Claire , propriétaire de cette maison décide de la vendre. Un dimanche d’octobre, en provenance de Paris elle sur L’Ile afin d’entamer les procédures de vente. Une mauvaise surprise l’attend. Nous allons suivre Claire pendant une semaine avant son retour à Paris. Cette semaine prévu pour mettre en vente la maison va se révéler être une introspection sur sa vie, ses parents et sa soeur. L’absence d’un père , les relations houleuse avec sa mère et sa soeur Armelle. J’ai eu beaucoup de mal à croire à cette histoire traitée en une semaine. Comment en une semaine passé d’un passé enfoui à : ma vie, ma lumière comme le disent les derniers mots du roman. La psychologie des personnages est survolée et certaines situations sont un peu grotesques . Comment croire à certaines proximités relationnelles et émotionnelles en si peu de temps qui font dire à Claire qu’elle a une nouvelle famille. Le tout aurait eu un autre poids avec un temps long. Vu tout le passé enfoui revenant à la surface , Claire a du avoir une sacrée migraine à la fin de la semaine !
Suite à 15 jours de rando dans le Cap Sizun en Cornouaille bretonne , je poursuis un cycle de lecture peu ou prou régional. Cette fois-ci il s’agit du livre d’Hervé Bellec » Chez Scarlette « Hervé Bellec a imaginé une île regroupant les caractéristiques des Iles du Ponant ( Sein – Molène – Ouessant ) l’Ile des maures est situé à deux heures du continent au large du Finistère. Sur le quai du port il y a le bar de la Falaise tenu par Scarlette. C’est le point central ou se réunissent bon nombres d’iliens. Il y a d’abord Solange , parisienne à la soixantaine radieuse, qui est venue s’installer définitivement afin de se refugier d’un avenir préoccupant. Il y a aussi Phanie , jeune policière du continent; Marina la médecin roumaine ; Morgane la fille de Scarlette étudiante sur le continent. Un monde féminin autour duquel s’agite un certain nombre d’hommes. le terme s’agite est approprié car le roman tourne autour de personnages féminins auxquels on peut ajouté la féminité d’une île, d’une tempête. Tout cela donne un microcosme, une unité de lieu dans un bar, autour d’un vieux jukebox. Cette proximité, voire cette promiscuité, met les caractères à nus et permet à Hervé Bellec de beaux portraits de femmes. le tout servi par la beauté sauvage d’une île. Et proximité n’est pas très loin de solidarité. Un roman où les émotions affleurent comme les écueils et se fracassent sur les rochers . Un maelstrom de nature sauvage, d’émotion, de sentiments mais aussi le calme d’une mer qui se retire , d’un jusant qui découvre pour chacun des pans enfouis de sa vie. Joli moment sur cette Ile des Maures.
Hervé Bellec est un écrivain français né en 1955. Il a été musicien dans le groupe de rock humoristique Fernand L’Éclair (un 45 tours chez Nevenoe en 19801), bistrotier puis professeur d’histoire et géographie à Brest2, et collabore à la revue ArMen3.