Champs de bataille : L’histoire enfouie du remembrement
Inès Léraud – Pierre Van Hove
Delcourt
ISBN : 978-2-41307-513-4 Novembre 2024
192 Pages
Roman graphique passionnant dans la lignée de celui qu’Inès Léraud a documenté sur les Algues vertes, une histoire interdite Nous sommes toujours en Bretagne dans les années 1950. La bretagne est un pays de bocages fait de petites parcelles et de vergers. La guerre et l’après guerre demandent une reconstruction industrielle et un nouveau départ. Ce bocage comme celui de Normandie n’est pas propice à une exploitation agricole où les premiers tracteurs pourront intervenir à travers champs et chemins.
Le remembrement permettra ce changement. Les maires seront mis à contribution: regrouper les terres, exproprier, trouver de nouvelles terres. Les haies disparaitront; les talus seront arasés, les cours d’eau perdront leur méandres, les chemins vicinaux feront place à des routes. Cette politique du remembrement durera jusqu’en 2004.. ¨Pendant 50 ans le remembrement produira un champs de bataille. Oh pas un champs de bataille guerrier . Mais un champs de bataille tout de même. Cette politique de remembrement va mettre à mal des agriculteurs, des familles que l’on va exproprier, envoyer chez Citroën à Rennes, bastonner lors des manifestations ou encore plus abject enfermer en psychiatrie pendant des mois arguant d’une faiblesse d’esprit.. Le paysage actuel de nos campagnes résulte de ces champs de bataille pour lesquels l ‘état a détruit un écosystème et une biodiversité qui nous confronte encore plus au dérèglement climatique.
Cette politique a été mené par des hommes et des gouvernements. Il est édifiant de voir que ce remembrement à pris naissance dans la France de Vichy, puis a été poursuivi dans le cadre de la construction de l’Europe et de la PAC. En s’appuyant sur une documentation importante et sur le dessin de Pierre van Hove, Champs de bataille remontent aux origines d’une catastrophe écologique et sociale dont les conséquences sont plus que jamais visibles et d’actualité.
Inès Léraud a grandi dans le Maine-et-Loire. Documentariste, elle se forme à l’enquête au sein de l’équipe de Là-bas si j’y suis, sur France Inter, puis collabore à l’émission Les Pieds sur terre, sur France Culture, où elle réalise notamment le podcast « Journal breton. La fabrique du silence ». En 2019, elle publie avec Pierre Van Hove aux éditions La Revue Dessinée – Delcourt, Algues vertes, l’histoire interdite, traduit en quatre langues et porté au cinéma par Pierre Jolivet. Elle a cofondé le média d’investigation breton Splann !
Pierre Van Hove est un scénariste et dessinateur de bandes dessinées français.
Dessinateur autodidacte, il se consacre depuis quelques années à l’activité d’illustrateur pour la presse, l’édition jeunesse et la bande dessinée. Intéressé par une approche collaborative, critique et humoristique avec des auteurs venant ou non du champ du dessin , il a publié avec Alessandro Tota « Le voleur de livres » aux éditions Futuropolis en 2015. « Algues vertes », avec Inès Leraud, connait un franc succès.
François-Henri Désérable est un écrivain voyageur. Les planisphères de son enfance lui ont ouvert les portes du monde et de l’aventure. Avant de nous narrer son périple en Iran avec l’usure du monde, il avait déjà usé ces chaussures en 2017 sur la route de Che Guevara en Amérique latine en 1951 et 1952. C’est le point de départ initial de ce récit : Chagrin d’un chant inachevé, qu’il emprunte à un poète turc, Nazim Hikmet « Et je n’emporterai dans ma tombe Que le chagrin d’un roman inachevé. » Durant tout le récit et le voyage, nous serons accompagnés d’artistes, d’écrivains, passant de Neruda à Rimbaud, Balzac, Frida Kahlo et plus près de nous Miguel Bonnefoy et l’évocation d’une résidence d’écriture chez Julien Gracq. François-Henri Désérable a voulu mettre ses pieds sur la route du Che Guevara et de Granados. Plus avance le récit et plus la route se fait brumeuse. Cette route devient un prétexte à un road trip joyeux, iconoclaste avec des rencontres improbables. L’auteur nous captive par une écriture proche de l’oral et teintée d’un humour potache qui tranche avec les contrées traversées. Cela n’empêche pas d’être face à la pauvreté, la violence et ce que dénonçait Che Guevara en 1952 est toujours d’actualité. Entre digressions et réalité François-Henri Désérable nous partage un carnet de voyages. Il ne faut pas attendre de ce livre un traité sur Che Guevara ou une analyse politique. le carnet de voyage a une utilité : nous faire rêver et nous donner envie.
Fils d’un joueur de hockey sur glace devenu directeur d’un service de médecine du travail et d’une secrétaire à la Croix-Rouge, François-Henri Désérable passe l’essentiel de son enfance et de son adolescence à Amiens, en Picardie. Son grand-père paternel était quincailler, et son grand-père maternel, vénitien, était gondolier.
Très jeune engagé dans le club de hockey sur glace des Gothiques d’Amiens, il effectue ses études secondaires dans le Minnesota, aux États-Unis, puis au lycée La Providence, à Amiens. À dix-huit ans, il devient joueur de hockey professionnel (il le sera pendant dix ans) et entre en faculté de droit à l’université de Picardie Jules-Verne puis à l’université Jean-Moulin-Lyon-III. À vingt-trois ans, il entreprend une thèse sur « L’exécution des sentences arbitrales face à l’immunité d’exécution des États » qu’il abandonne par la suite pour se consacrer entièrement à la littérature.
Dans le cadre de la collection Ma nuit au musée proposée par Stock, Kaouther Adimi a choisi de passer une nuit à l’Institut du Monde Arabe à la veille de l’ouverture d’une exposition sur la peintre algérienne Baya (1931-1998).
Cette proposition de passer une nuit dans un musée avait déjà été faite à Khaouter Adimi en 2018, mais les émotions avaient été tellement fortes qu’elle n’avait pu réaliser cette nuit au musée.
Ces émotions fortes étaient en relation avec l’Algérie, les couleurs et ces souvenirs d’enfance à Alger liés à la période noire du GIA entre 1990 et 2000.
L’Algérie est bien évidemment le point commun entre Baya et Khaouter Adimi. Et le point central est la rencontre que Khouater Adimi a faite des toiles de Baya en 1994 au musée des Beaux-Arts d’Alger. Khaouter Adimi à 8 ans. Elle est née en Algérie puis à 4 ans elle est partie vivre avec sa famille à Grenoble. Son père, journaliste, militaire par obligation financière, travaillait sur une thèse en France. Au vu des événements en Algérie, il préférera aux risques et périls de sa famille revenir en Algérie.
Dans cette nuit au musée, l’autrice nous parle de sa jeunesse faite de violence, de terrorisme et de la vie de Baya dans les années 1930.
La part belle est donnée à l’introspection de l’auteur par rapport à la vie de Baya. Cela peut être une limite à cet ouvrage. Mais comment ne pas être touché et ému par les souvenirs, les émotions d’une toute jeune fille, qui fait devoir de mémoire et de transmission.
L’art brut, naïf de Baya ainsi que les couleurs de ses tableaux faisant office de pont entre les époques et dessinant un espoir tenu.
Kaouther Adimi est la fille d’un père militaire et d’une mère ayant rédigé des articles de politique internationale. Elle naît à Alger, où elle vit jusqu’à l’âge de quatre ans, avant que sa famille ne s’établisse à Grenoble pour quatre ans. Durant cette période elle découvre le plaisir de la lecture avec son père, qui l’emmène chaque semaine à la bibliothèque municipale.
En 1994, elle rentre en Algérie, qui vit alors sous l’emprise du terrorisme. N’ayant que très peu d’occasions de lire, elle commence à écrire ses propres histoires. Alors qu’elle étudie à l’université d’Alger, elle voit une affiche de l’Institut français qui organise un concours de jeunes écrivains à Muret, en Haute-Garonne. Par deux fois, les nouvelles qu’elle soumet à l’attention du jury reçoivent le Prix du jeune écrivain francophone (Le chuchotement des Anges en 2006 et Pied de vierge en 2008). Grâce à ce concours, elle est invitée à Muret, à Toulouse, puis à Paris, où elle rencontre les Éditions Barzakh.
En 2008, elle reçoit le Premier Prix du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger pour Sur la tête du Bon Dieu.
Elle est diplômée en lettres modernes et en management des ressources humaines.
Son odeur après la pluie avait été un coup de coeur émotionnel et c’est non sans appréhension que je me lançais dans la lecture de Où les étoiles tombent de Cédric Sapin Defour. Appréhension car le livre semblait être de la même veine (même filon) que Son odeur après la pluie. Dans le premier livre, la perte du chien Ubac et sa vie retracée. Dans le deuxième livre, l’accident très grave de sa femme Mathilde et l’épreuve retracée. La justesse du propos de Cédric Sapin Defour et la vérité de celui-ci éteignent dès les premières pages cette appréhension. Le vendredi 12 août 2022, Cédric et Mathilde s’adonnent au parapente dans une vallée italienne à Bolzano. Chacun a décollé à quelques secondes d’écart. Les rotations ont commencé afin de monter dans les thermiques. Les regards se trouvent au détour d’une rotation et puis Cédric perd de vue la voile de Mathilde. Elle gît au sol dans les rochers. Cédric se pose en catastrophe et court vers le lieu de l’accident. A-t-elle survécu et que faire ? Le récit découpé en scènes de l’accident et en scènes d’hospitalisation est rythmé par les J des jours passés et des jours présents. C’est le roman vrai d’un couple face à l’accident, la mort, la séparation ; la perte, le handicap. Ce roman vrai nous est raconté et ressenti par Cédric. L’urgence est là, les inquiétudes s’installent. L’écriture et le style sont simples, sans fioritures. le coeur parle humblement et humainement. Où les étoiles tombent est un hymne à l’amour, à la fidélité, à l’engagement et à l’attachement. D’une histoire qui aurait pu être voyeurisme, il en fait une réflexion universelle. Dans une interview à Ouest-France, Cédric Sapin-Defour dit : « Le degré émotionnel de ce que j’ai vécu était tellement fort que ces moments ont convoqué tout ce que j’avais construit, toutes mes expériences. Je crois très fort à la bienveillance, à la sensibilité des êtres, même si chaque jour me démontre le contraire. Pourtant, quand tu es dans le dur, il y a des personnes, des anonymes, qui sont là. le plus grand mal que causent les cyniques, c’est de nous rendre hésitants dans notre capacité à exprimer notre contentement, notre reconnaissance, notre gratitude. » C’est ce que j’ai ressenti profondément en suivant la reconstruction de Mathilde et Cédric Cette justesse, cette bienveillance font un bien fou malgré le drame vécu.
Né à Saint-André-des-Vergers, dans l’Aube, en 1975, Cédric Sapin-Defour ne fait qu’y passer, suivant ses parents enseignants d’éducation physique et sportive au gré de leurs mutations professionnelles. C’est de grand air dont son frère aîné et lui sont baignés toute leur enfance, avec un goût familial prononcé pour les activités de pleine nature. Dans le Nord ensuite, la maison est une auberge espagnole réunissant joyeusement tous les autres profs de gym exilés de l’intérieur. De cela, l’intéressé conserve le sentiment d’être de nulle part et les plaisirs d’une vie en bande, avec les week-ends et les vacances consacrés au sport.
Au hasard de la visite familiale de hauts lieux naturels, Cédric Sapin-Defour découvre un jour, il a alors 8 ans, Chamonix et l’aiguille du Midi. C’est un choc esthétique. Ce jour-là, précisément, il est entré en alpinisme, observant ce qu’il considérait être des astronautes allant vers des jeux et des territoires inconnus mais dont il pressentait qu’ils mêlaient tous les bonheurs de la vie, l’engagement, la beauté et la camaraderie. La montagne ne le quittera plus. Loin d’elle, il en découvre le récit et cette vertu magique du mouvement immobile, de l’élan. Le goût des mots et de la littérature d’exploration, aussi, s’installent pour toujours. Les mutations vont répondre à cette aspiration : la famille s’installe à Oyonnax en 1986, à proximité des Alpes.
Dans l’Ain, Cédric Sapin-Defour poursuit une scolarité acceptable sans être flamboyante, le nez à la fenêtre. Après s’être égaré trop longtemps dans un cursus de médecine, il en revient à ses premières amours en devenant enseignant d’EPS, tradition familiale oblige. Temps libre et autonomie financière le poussent vers les montagnes où se confirme cette dépendance à la cinétique du corps et de l’esprit. Escalade, alpinisme, ski de randonnée? C’est en pratiquant curieux et généraliste qu’il entreprend de découvrir l’univers vertical avec une préférence pour la douceur et les vertiges du ski. Envisageant un temps de devenir guide de haute montagne, il se ravise pour se recentrer sur une pratique alpine personnelle à laquelle il consacre l’essentiel de son temps et de son énergie. Il trouve, très tôt dans son cursus vertical, un autre moyen d’emmener les autres en montagne. C’est en leur rapportant des récits de là-haut, ses émerveillements, ses interrogations, des parallèles sans cesse tissés entre la montagne et la vie. Son intention est d’inviter le plus grand nombre à goûter aux joies et aux frissons des sommets. Il peste contre l’iniquité du monde et l’impossibilité pour beaucoup de connaître les bonheurs de cette rencontre tellurique.
Cédric Sapin-Defour pratique intensément les activités de montagne, avec son épouse Mathilde, elle aussi professeur d’éducation physique, comme compagnon de cordée et de vie : leur camp de base est, depuis 2005, établi à Arêches dans le Beaufortain, avec moult bouviers bernois et labradors autour d’eux. Et c’est à Beaufort que le professeur d’EPS enseigne, intimement persuadé que les nouvelles générations ne sont pas devenues subitement insensibles aux choses du mouvement et au goût des autres.
Cédric Sapin-Defour écrit, beaucoup. Articles et chroniques dans journaux et des revues (Libération, Montagnes Magazine, « Ça pic » et « Prises de tête » dans Alpes Magazine, Sport et vie, Les Others), essais et livres, notamment pour Guérin/éditions Paulsen. La montagne est là, toujours, décor ou personnage, mais comme pour mieux préciser l’existence, ses pics et ses creux, comme pour mieux comprendre les hommes, leurs forces et leurs fêlures. Au-delà de la montagne, ce sont les grands espaces qui l’attirent, ces lieux nous rappelant à notre petitesse mais nous autorisant à y grandir, ces territoires où la nature résiste et nous enseigne les directions. De plus en plus, ses écrits s’écartent de la seule verticalité pour l’audacieuse idée d’embrasser le monde.
Cédric Sapin-Defour et son épouse ont un projet de voyage au long cours, itinérance de massifs en massifs, de grands espaces en grands espaces pour témoigner des beautés fragiles de notre monde et l’urgence de changer nos modes de vie. Départ imminent, l’œil ouvert et le carnet dans la poche? ( Biographie de Transboréal)
La Mystification indienne est le nouveau récit, essai de Jean-Claude Perrier. Jean-Claude Perrier est un écrivain journaliste aux prix multiples et passionné par l’Inde. La mystification indienne est l’histoire d’une imposture. Celle d’Octave Mirbeau. Nous sommes en 1885. Octave Mirbeau, jeune journaliste et futur écrivain, s’embarque pour l’Inde. « Rien n’est curieux comme une ville de l’Inde, ensommeillée, aux premières heures crépusculaires du jour. » Lettres d’Inde – Octave Mirbeau. Les Lettres d’Inde, écrites dans deux journaux, regorgent de descriptions venant du Sri Lanka, de Pondichéry, du Tamil Nadu ou encore de l’Himalaya et du Sikkim. On y est : les odeurs, les senteurs, la foule, les couleurs, le bruit, la colonisation. Et pourtant tout est inventé. Octave Mirbeau n’a jamais quitté la France. la peinture avait le Douanier Rousseau qui a peint la jungle depuis le Jardin des Plantes. La littérature aura Octave Mirbeau. Remarquez, on est à la même époque. Jean-Claude Perrier s’est mis dans les pas de son prédécesseur et a fait le voyage en Inde afin de démêler le vrai du faux. Entre pérégrinations et réflexions, Jean-Claude Perrier nous parle de l’époque d’Octave Mirbeau, fervent dreyfusard, et du monde du journalisme. Mais il nous rappelle que les affabulations sont souvent proches de la réalité. Et ce que retranscrit Octave Mirbeau raconte l’hindouisme, le bouddhisme, la colonisation anglaise, les comptoirs français avec beaucoup de véracité. On reste ébahi devant le talent de reporter d’Octave Mirbeau pour nous entretenir de la culture, et de la richesse d’une civilisation millénaire. J’ai eu la chance de voyager au Sri Lanka, en Inde du Sud, au Népal et en Birmanie. J’ai retrouvé dans le voyage imaginaire d’Octave Mirbeau et le récit de Jean-Claude Perrier l’essence de ces différents pays, leurs particularités mais aussi le creuset de l’hindouisme et du bouddhisme. Et la gentillesse de ces peuples. Si vous connaissez le sous-continent indien, laissez-vous porter. Si vous ne connaissez pas, alors partez sur les traces d’Octave Mirbeau. C’est un excellent guide !
Je remercie les Éditions du Cerf pour l’envoi de ce livre.
Marathon, sorti en 2021, est un roman graphique de Nicolas Debon. Ce roman graphique retrace le marathon de 1928 aux jeux Olympiques d’Amsterdam. La couverture du roman graphique résume parfaitement cette BD. Un énorme bâtiment ,bétonné, quelques drapeaux. le tout dans des couleurs sombres, rouge orangé, sépia. Et puis au bas de ce paquebot architectural une ribambelle de coureurs, la foulée ample . Les marathoniens qui sortent du stade. Vous avez là les trois forces principales du roman. La quatrième , le petit algérien frêle ( français du fait de la colonisation), mécano à Billancourt et vainqueur du marathon apparaitra petit à petit. Tout le roman sera fait de ce rouge, orangé sombre , mangé par ces bâtiments reconstruits à la fin de la première guerre. Et puis il y a surtout la cohorte des marathoniens. Nicolas Debon nous plonge dans leurs courses. Que ce soit les américains sûrs d’eux, un chilien, un japonais, les finlandais, terreurs sur la distance et voulant succéder à Nurmi. Et puis il y a quatre françàis dont le numéro 71 El Ouafi Boughéra, le petit algérien mécano. Il est loin d’être le favori. Nous sommes plongés dans leur course, haletante, difficile, à contre vent. Pas besoin de texte, juste un dessin répétitif qui dit la longueur et la souffrance d’un marathon. Les visages se crispent, les pieds saignent. Et puis dans cette souffrance apparait El Ouafi qui va devenir champion olympique. Cet exploit n’empechera pas une vie chaotique à El Ouafi.Il mourra dans des conditions non élucidées en 1959. Marathon est une saga qui rend hommage à un homme peu connu, au sport . le tout avec un auteur qui devient tour à tour conteur, journaliste, chroniqueur et enfin dessinateur.
Nicolas Debon nait en 1968 en Lorraine. Après des études à l’École nationale supérieure d’art de Nancy, il déménage à Toronto en 1993 où il devient citoyen canadien . Il réside une dizaine d’années au Canada, et sera notamment dessinateur de vitraux, avant de suivre des cours du soir qui vont lui faire découvrir l’univers de l’illustration jeunesse. Ses premiers ouvrages sont publiés en Amérique du Nord, où ils ont été notamment finalistes des prix littéraires du Gouverneur général du Canada. Son premier travail pour l’édition française est paru en 2004.
Un été en mer : Voyage en Pélagos, sanctuaire de la Méditerranée
Simonetta Greggio et Olivier Weber
Actes Sud
ISBN : 978 – 2 – 33020 – 707 – 6 Mai 2025
208 pages
Quelle belle idée d’avoir créée cette collection Monde sauvage pour une nouvelle alliance. Cette collection offre un lieu d’expression privilégié à tous ceux qui aujourd’hui veulent être à l’écoute du vivant. En allant à l’écoute du vivant sur son territoire, les auteurs deviennent les meilleurs ambassadeurs du vivant. Ce récit nous entraîne en Pelagos, un sanctuaire de la Méditerranée entre Cote d’azur, Corse et cotes italiennes. Pour nous entretenir de ce sanctuaire Pelagos deux écrivains. D’abord Simonetta Greggio, italienne, scénariste , productrice et écrivaine. Et puis olivier Weber grand reporter et écrivain. Le récit se fait à deux voix de façon alternative. Chacun à tenu un journal pendant ce voyage à Pelagos. Récit de rencontres humaines et animales. Récit de réflexion et de questionnement sur ce que devient la Méditerranée. Récit sur l’urgence à protéger la biodiversité, à respecter les océans. Cachalot, globicéphales resteront magiques. Et comme il est dit en exergue : « Car je fus garçon et fille, et plante et oiseau et poisson qui trouve son chemin hors de la mer » Empédocle – Les purifications.
Voilà un Tesson pur jus ! de l’aventure avec les escalades des piliers de la mer ou stacks autour de la planète. Des réflexions à n’en plus finir sur les stacks; réflexions géographiques, philosophiques et métaphysiques. Des liens littéraires pour envelopper tout cela, et puis un gros cigare par ci, par là sans oublier une bonne bouteille. du classique, mais un classique qui devient ronronnant et qui n’égale pas Les chemins noirs ou La panthère des neiges.. Dans ces livres les réflexions philosophiques avaient un support plus profond et approprié. Avec Les piliers de la mer nous sommes dans une énumération d’escalades de stacks ( 106 !) , de difficultés techniques, de moyens d’arriver au pied des stacks ( nage- à pied – canot etc…). le tout sans ordre bien défini. On passe du coq à l’âne assez facilement et cela ne valorise pas la lecture. Surtout qu’il arrive à Sylvain Tesson d’être grandiloquent et dans le verbiage Une déception donc. Cela arrive même au meilleur.
Sylvain Tesson, né le 26avril1972 à Paris, est un écrivain, voyageur et essayiste français. Il est principalement connu pour ses récits de voyage à travers le monde, et est ainsi régulièrement classé dans la catégorie littéraire des écrivains-voyageurs qu’il a contribué à populariser dans le paysage littéraire contemporain
Dans ce récit, on ressent l’incertitude qui est née du retour de Trump à la Maison-Blanche, de ses incartades et de ses vérités fluctuantes. Incertitudes renforcées par la place prise par l’IA et les maitres de la tech.
Giuliano Da Empoli s’appuie sur une citation de Machiavel et sur une famille de la même époque.
La citation de Machiavel dans le prince « Le vrai pouvoir échoit à ceux qui savent installer le chaos »
La famille : les Borgia, adeptes d’un pouvoir sans limites et imprévisible car gouvernant dans l’arbitraire le plus total. Ça vous rappelle quelqu’un ? Ou quelques-uns ? Pour l’auteur, aucun doute : « ce cortège bariolé d’autocrates décomplexés, de réactionnaires et complotistes impatients d’en découdre »
Pouvoir sans limites et chaos pour l’IA et la tech, car celles-ci sont aussi borgiennes selon Giuliano Da Empoli. Elles ne veulent pas des limites de la démocratie, ni du social. Seule la rentabilité et la finance peuvent mener le monde.
Giuliano Da Empoli ne juge pas, il relaie des faits glaçants et effrayants de ce nouveau monde. Reviennent alors des lieux de pouvoir qu’il décrit dans son livre : une assemblée des Nations-Unies, une réception en Arabie saoudite avec MBS. Cela peut paraître loin de nous ? Alors relisez jusqu’à plus soif « la fable du maire de Lieusaint et de Waze ».
En 2016, il fonde le think tank Volta, membre du réseau Global Progress, dont la vocation est de donner vie à un groupe de réflexion de nouvelle génération, abordant des thèmes liés aux évolutions du monde contemporain tout en prenant en compte l’histoire et la culture italiennes.
De façon souvent confuse, Syrie et Lafarge nous disent quelque chose. On a le souvenir d’une usine, de la guerre civile, d’un embargo. On croit savoir qu’il y a des juges, mais y a-t-il eu un procès ? Et c’était quand, tout cela ?
Justine Augier, dans un récit époustouflant, va tout remettre d’aplomb et la recherche d’infos va nous confirmer qu’un procès en correctionnelle est prévu fin 2025.
Retour sur les faits : le cimentier Lafarge a maintenu coûte que coûte l’activité de son usine de Jalabaya en Syrie jusqu’en septembre 2014. Maintenir coûte que coûte l’activité signifie que la cimenterie a continué de tourner en temps de guerre, a financé le terrorisme de Daech et a mis en danger la vie des salariés syriens. Les salariés européens avaient quitté Jalabaya depuis longtemps.
Au vu de ces faits, une poignée de jeunes femmes, avocates, juristes, stagiaires, vont consacrer leur temps et leurs connaissances à rendre tangible la notion de responsabilité et à lutter contre l’impunité des puissants. Ces jeunes femmes, Marie-Laure, Tracy, Sarah, travaillent au sein des associations Sherpa et ECCHR. Avec ces jeunes femmes, il y a aussi Dorothée Myriam Kellou, pigiste à France 24. Le but de ces jeunes femmes et de 11 anciens salariés syriens a été de déposer en 2016 une plainte contre Lafarge, sa filiale syrienne et ses dirigeants.
Le mémorandum de plus de 60 pages porte sur l’exploitation abusive du travail d’autrui, les conditions de travail indignes, la mise en danger d’autrui, le financement d’entreprises terroristes et la complicité de crime contre l’humanité.
C’est ce combat dont parle le récit de Justine Augier, en traitant en parallèle l’avancée des plaintes et l’historique de la cimenterie de Jalabaya. À aucun moment la lecture du récit est fastidieuse. Il est sidérant, surtout quand le pot de terre se bat contre le pot de fer.
À force de talent et d’abnégation, ces jeunes femmes vont faire vaciller le pot de fer. Rien n’est acquis. Les procédures sont toujours dilatoires et toutes les ficelles sont bonnes pour retarder et encore retarder la mise en place d’un procès.
Pour la batterie d’avocats au service de Lafarge et des puissants, il semble plus jouissif de malaxer la procédure et d’oublier la réalité de la plainte. Dans nos années 2025, où l’état de droit est attaqué régulièrement, cela fait réfléchir.
Ce qui fait aussi réflexion concerne aussi qui fait quoi.
Les femmes sont juristes, stagiaires, avocates et cherchent la vérité. Les hommes sont des puissants, des avocats procéduriers. Réducteur ? Il ne semble pas. Les exemples sont légion dans ce récit.
Saisissant et salutaire.
Rendez-vous fin 2025 pour un procès sûrement retentissant.
Elle suit son conjoint lors de ses affectations à l’international. Elle réside cinq ans à Jérusalem . En 2013, après avoir exploré les différents quartiers de la ville, elle publie un portrait sur Jérusalem.
Elle reçoit le prix Fénéon en 2011, pour son roman En règle avec la nuit[.
En 2017, elle publie une enquête sur Razan Zaitouneh, avocate syrienne enlevée en 2013 à Douma près de Damas.
En 2024, elle publie le récit Personne morale, inspiré par le scandale Lafarge (le cimentier français est mis en examen pour avoir versé des millions d’euros au groupe terroriste Daesh via une usine en Syrie.) La chercheuse et critique Tiphaine Samoyault salue un « récit haletant ».