Les carnets du Congo de Nikolaj Frobenius. Actes Sud. 🟩🟩🟩◼️◼️

Les carnets du Congo

Nikolaj Frobenius

Actes Sud

Traduction du norvégien : Françoise Heide

ISBN : 978-2-330-19804-6 Octobre 2024 ( Edition originale 2018 )

320 pages.

Les carnets du Congo est un roman de l’auteur norvégien Nikolaj Frobenius s’appuyant en partir sur une histoire réelle.
En mai 2009, dans l’est du Congo le chauffeur Abeli Kasongo est abattu sur une piste, dans la jungle. Dans le véhicule se trouvaient deux ex soldats norvégiens, Joshya French et Tjostolv Moland.
Après une poursuite ils vont être arrêtés et accusés du meurtre du chauffeur. Au terme d’un procès « africain  » ils sont condamnés à mort.
Reste le mystère de leur présence au Congo. Que faisaient-ils ? Touristes, mercenaires, agents secrets ?
Le narrateur du roman est envoyé au Congo par un réalisateur de films afin d’écrire le scénario de cette histoire.
Tel est le point de départ de ce roman qui m’a un peu laissé sur ma faim.
Le Congo, les rebelles, les mines d’or, le Rwanda voisin laissaient espérer une fresque aventureuse enlevée. Ce n’est pas le cas. Tout ceci est abordé par petites touches et ne donne pas une vision globale du pays.
L’auteur, Nikolaj Frobenius s’est attaché au narrateur et à son passé qui interagit avec le présent congolais. Cette interaction étant propice aux mensonges, à la paranoïa et à la distorsion de la vérité.
Une facette intéressante du livre est effectivement la distorsion entre la réalité des faits , ses inconnues et la traduction qu’il en sera faite dans un scénario de films. Jusqu’où peut on retravailler des inconnues.
Reste une lecture agréable agrémentée d’un trouble sur les vicissitudes de l’Afrique et de ses agents d’influence.

Né en 1965 à Oslo, Nikolaj Frobenius a étudié au London Institute of Screenwriting. Il a écrit des romans, des pièces de théâtre et des scénarios, comme par exemple celui du thriller Insomnia (l’original norvégien aussi bien que le plus récent remake américain avec Al Pacino) ou Øyenstikker de Markus Holst (dont la musique a été écrite par Magne Furuholmen du groupe A-ha). Actes Sud a déjà publié Le Valet de Sade (1998), Le Pornographe timide (2000), Je est ailleurs (2004), Je vous apprendrai la peur (2011) et Branches obscures (2016) et Les Carnets du Congo (2024).

Aux marges du palais de Marcus Malte. Zulma . 🟩🟩🟩🟩◼️

Aux marges du palais

Marcus Malte

Zulma

ISBN : 979-1-03870-2-899 Août 2024

496 pages

Marcus Malte serait-il omniscient ?

Sa république médiocratique de Frzangzwe fait diablement référence à notre hexagone.

À la tête de la Frzangzwe, il y a l’archimaréchal Hubert Robert. On l’appelle aussi chef de l’État, PDG de la nation, pâtre de la patrie ou encore gouvernail du gouvernement. Il se pique d’une passion amateur : l’ufologie.

Le danger et le mal viendront du ciel.

Son plus proche conseiller et aussi premier fifrelin est Gabriel Pipaudi, dit l’archange ou la Pipe. Sous lui grouillent fifres et sous-fifres.

Dans le palais vivait la fille de l’archimaréchal. Anne-Sophie-Catherine-Elisabeth a 16 ans. En raccourcissant le prénom, on arrive à Aneth,c’est plus simple. Enfermée dans son palais de 365 pièces. Long comme un jour sans pain.

De l’autre côté du périphérique vit dans un manoir en ruine une communauté qui semble déjantée. Autour de la baronne, il y a Zap, la souris, Mo. Ils représentent les humiliés, les bannis, les moins que rien. Ces moins que rien et la baronne ont une idée en tête : voler la tour F le 1ᵉʳ mai. Ainsi, tous ces délaissés du système récupéreraient ce qui leur appartient et leur dignité.

Oui, Marcus Malte est omniscient. Comment ne pas reconnaitre dans cette fable Emmanuel Macron, Gabriel Attal ou encore les gilets jaunes et les laissés-pour-compte ?

Comment ne pas lire ce livre à l’aune de la situation politique actuelle ?

L’originalité est un mot qui sied à Marcus Malte. Originalité dans le propos, mais aussi dans le détournement des mots, dans les jeux de mots et, suprême originalité, les têtes de chapitres qui sont des définitions de mots croisés. Je ne résiste pas au plaisir de vous en partager quelques-uns :

En vingt et une lettres: induit et les fanes fanent.

En six lettres: de pair avec verge haute.

En huit lettres : quand X rejoint Y.

En dix lettres :il en fait, des tours et des tours.

(Si vous avez la réponse, je suis preneur !)

Ce roman est un divertissement intelligent, grinçant et dans l’esprit de Groland. Ça gratte, ça pique, ça interroge. Et l’interrogation nous ramène au réel, comme le discours final de l’archimaréchal truffé de citations de nos anciens présidents. La grandeur dans la langue de bois.

Pendant ce temps, la baronne démonte la Tour F et prône une révolution joyeuse et fraternelle.

À notre tour !

Si on y croyait.

Marcus Malte, pseudonyme de Marc Martiniani, né le 30 décembre 1967 à La Seyne-sur-Mer, est un romancier et nouvelliste français, auteur de plusieurs romans policiers et ouvrages de littérature d’enfance et de jeunesse.

Il a également fait paraître des romans policiers destinés à la jeunesse, notamment Il va venir (2005) et De poussière et de sang (2007).

Le 25 octobre 2016, le prix Fémina lui est attribué pour Le Garçon. En juin 2017, il reçoit pour ce même roman le prix Cardinal-Perraud, des mains de Mgr Benoît Rivière.

Nord sentinelle de Jérôme Ferrari. Actes Sud. 🟩🟩🟩🟩◼️

Nord Sentinelle

Jérôme Ferrari

Actes Sud

ISBN : 978-2-33019-441-3 Août 2024

144 pages

Nord Sentinelle. Tout est dit dans le titre. le titre est inspiré de North Sentinel, une île qui fait partie des îles Andaman au large de l’Inde. Sa population, les sentinelles, est considérée comme l’une des dernières tribus de la planète totalement coupées du monde. L’île est défendue par des guerriers qui n’hésitent pas à tuer pour rester loin du monde.

Et pour bien enfoncer le clou, Jérôme Ferrari insiste avec sa citation en exergue : « le chef fanatique et son peuple barbare menaçaient de mort l’infidèle qui s’aventurait dans leurs murs — un sorcier noir ayant, raconte-t-on, vu dans les premiers pas des Francs le déclin et la chute . » (Richard F. Burton). Premiers pas en Afrique de l’Est .

À travers un conte de l’indigène et du voyageur, Jérôme Ferrari, sans la nommer, va nous emmener en Corse. Deux personnages pour les deux faces de la même pièce. D’un côté, les Corses de souche, les indigènes, de l’autre côté, les touristes, les étrangers. La tradition, la vendetta face à l’ogre commercial et immobilier.

Pour une banale querelle de fin de soirée, Alexandre Romani va poignarder Albin l’étudiant dont les parents possèdent une résidence sur l’île.

Tout est en place pour une tragédie moderne. Qu’est-ce que l’insularité face au monde et à l’étranger ? Doit-on prôner le repli sur soi ?

En 130 pages, Jérôme Ferrari pose un constat sombre et entame une réflexion nourrie sur ce qui lie colonisation et tourisme et génère la violence.

Jérôme Ferrari, né en 1968 à Paris, est un écrivain et traducteur français.

Il effectue une partie de ses études à la Sorbonne, où il obtient la licence de philosophie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est aussi titulaire de l’agrégation de philosophie et d’un DEA en ethnologie. Ses parents sont originaires de Fozzano et de Sartène, et il a lui-même vécu en Corse et enseigné la philosophie au lycée de Porto-Vecchio. Durant cette période, il a organisé notamment des « cafés philosophies » à Bastia, puis enseigné au lycée international Alexandre-Dumas d’Alger, au lycée Fesch Ajaccio jusqu’en 2012, et au lycée français Louis Massignon d’Abou Dabi jusqu’en 2015.

Depuis la rentrée 2015, il enseigne la philosophie en hypokhâgne, au lycée Giocante de Casabianca à Bastia.

Il obtient le prix Goncourt 2012 pour son livre Le Sermon sur la chute de Rome.

Marius et SAbinus. Deux frères à Pompéi. Florence Medina. Poulpe Fictions. 🟩🟩🟩◼️◼️

Marius et Sabinus. deux frères à Pompéi

Florence Médina

Poulpe Fictions

ISBN : 978-2-3774-2360-6 Août 2024

255 pages

Incursion dans l’univers de la jeunesse avec ce roman de Florence Medina : Marius et Sabinus , Deux frères à Pompéi.
À travers ce roman, Florence Médina mélange L Histoire et la fiction.
Pour l’Histoire, nous sommes à l’automne 79 , à la veille de l’éruption du Vésuve qui recouvrira d’une nuée ardente Pompéi et Herculanum.
Pour la fiction, nous sommes avec deux frères qui représentent la société romaine de l’époque.
Marius, le plus âgé, a 16 ans. Il est esclave et apprenti gladiateur.
Sabinus , le plus jeune, est parfumeur en formation. Sabinus est un ingénu. C’est une personne née libre, qui n’a jamais connu la servitude, l’esclavage. Il doit cette liberté à sa mère qui a été affranchie avant sa naissance .
Il n’en est rien pour Marius qui reste esclave . Sa mère n’étant pas affranchie à sa naissance.
Ce roman regorge de documentation et de détails et donne une structure très réaliste au roman.
Une riche cliente de Sabinus lui a confié une mission secrète afin de faire échouer un mariage.
Un tigre arrive à Pompéi pour participer aux jeux du cirque.
.
L’histoire se déroule de façon fluide et a tous les atouts pour que les jeunes lecteurs s’identifient à Marius, à Sabinus ou aux personnages féminins , Livia ou Cléone.
Au roman s’ajoute une présentation des personnages et un lexique de quelques mots romains qui facilitent la lecture.
En fin de roman, quelques pages pour en savoir plus sur la cité antique de Pompéi. Ces pages sont écrites par Laetitia Cavagna, archéologue au CNRS.
On peut alors refermer ce roman intelligent, documenté et très agréable à lire.

Florence Médina est née en 1968. Après avoir été comédienne, serveuse (comme toutes les comédiennes, ou presque…), hôtesse d’accueil, adjointe aux relations publiques, adjointe à tout dans une compagnie théâtrale, poseuse d’enduit mural…, elle s’est décidée à mettre sa manie de bouger les mains au service d’une noble profession : interprète français/LSF. À part ça, dès qu’elle le peut, elle écrit.

L’Avenue de Verre de Clara Breteau . SEUIL .🟩🟩🟩🟩◼️

L’Avenue de verre

Clara Breteau

Le Seuil

ISBN : 978-2-02-157595-8 Janvier 2025

222 pages

Quel premier roman emballant et maitrisé Anna est née de père inconnu pour l’état civil Pourtant Anna connait son père Il est laveur de carreaux sur une grande avenue de Tours

À partir de ce point de départ Clara Breteau va nous entraîner dans un jeu de transparence et d’opacité qui sied merveilleusement bien au laveur de carreaux Effacement des traces, rendre propre

A la page 179 , Clara Breteau cit le philosophe André Gorz  » ::L’être qui naît est une foule innombrable, que la vie réduit bientôt à un individu : celui qui se manifeste et meurt « 

C’est toute la recherche de cette autofiction semble-t’il.retrouver l’identité du père algérien et les racines de Kabylie. Un immigré avec sûrement un père, Hadj, harki. C’est aussi la recherche d’une vérité car ce père était cachotier : Il n’avait pas donné son nom à Anna pour la protéger du racisme. Cela cachait autre chose.

Une étude psychologique poussée, avec une description fouillée des intimités. Les jeux de transparence, d’opacité, l’écriture de l’auteure nous amène jusqu’à la source, jusqu’à la source de cette Algérie malmenée depuis 1830.

L’être qui nait est une foule innombrable. Descellons pour retisser des mémoires.

Clara Breteau est maîtresse de conférences en arts et écologies à l’université Paris-8. À la croisée de la philosophie, de la géographie et de la création littéraire, elle mobilise pour ses enquêtes une méthode d’observation poétique, plaçant son regard dans les interstices entre matière et signification, sens et sensible, humains et non-humains.

Claire Breteau actuellement à un récit littéraire autofictionnel interrogeant, à travers l’histoire de la descendante française d’un immigré algérien, le trauma colonial et la manière dont il imprègne encore aujourd’hui les psychés et les corps des enfants de la diaspora, nés en France bien après l’indépendance.

Ce récit deviendra l’avenue de verre qui sera publié en Janvier 2025

Pour aller plus loin dans la géographie culturelle à la croisée de la culture et du vivant.

Le murmure de la mer d’Hippolyte. Les Arènes BD. 🟩🟩🟩🟩◼️

Murmure de la mer

Hippolyte

Les Arènes BD

ISBN :  979-1-03751-156-0 Avril 2024

Magnifique roman graphique sur un sujet brûlant : la Méditerranée et les migrants.
Le murmure de la mer est d’abord un hommage, une révérence aux bénévoles et sauveteurs des ONG qui sillonnent la Méditerranée.
Les infos nous rappellent régulièrement que des bateaux de migrants traversent la Grande Bleue, au mieux; où coulent au pire. Et puis Sos Méditerranée, Océan Viking recueillent les migrants.
Hippolyte par son texte et ses aquarelles nous restitue, émotion , liens tissés et colère. Et de nous dire que la mer murmure…. en attendant d’hurler devant tant de malheurs et d’hypocrisie.
Et face à ses malheurs et cette hypocrisie, Hippolyte fait le pari de la solidarité et de l’empathie, le pari des visages et du carnet de bord. Etre au plus près des migrants et des bénévoles.
La lecture d’Eldorado de Laurent Gaudé ou de Mur Méditerranée de Louis Philippe Dalembert est un joli fil d’Ariane.
Le Murmure de la Mer ou Mur Méditerranée . Murmures et hurlements.

Mur Méditerranée de Louis Philippe Dalembert SAbine Weispieser Editeur . 💛💛💛💛💛

Hippolyte, de son vrai nom Franck Meynet, né le 21 août 1976, est un illustrateur et un auteur français de bande dessinée. Installé à La Réunion, il est l’auteur de plusieurs séries dont les adaptations de Dracula et du Maître de Ballantrae de Robert-Louis Stevenson.

D’un album à l’autre, Hippolyte fait montre d’une grande souplesse stylistique, adaptant intelligemment son style et sa technique à l’histoire qu’il met en scène: carte à gratter et approche expressionniste dans Dracula, noir et blanc aux hachures prononcées dans Brako ou aquarelles léchées (notamment dans le Maître de Ballantrae), réalisme plus affirmé (la fantaisie des dieux) ou dessin nettement plus simplifié et stylisé (les Ombres, Incroyable), autant d’approches diversifiées qui caractérisent le travail d’Hippolyte.

Le premier renne d’Olivier Truc. Métailié. 🟩🟩🟩🟩◼️

Olivier Truc

Le premier renne.

Métailié

ISBN : 979-10-226-1387-3 Août 2024

527 pages.

Le premier renne d’Olivier Truc est le cinquième tome de la police des rennes, saga policière commencé en 2012.
Deux personnages récurrents : Nina et Klemet, policiers au sein de la police des rennes.
Un territoire unique pour cette saga policière : le territoire Sami à cheval entre Norvège, Suède et Finlande.
Chaque tome de la saga est indépendant.
La récurrence provient de la culture Sami, ce peuple de 80 000 autochtones vivant de l’agriculture et de l’élevage des rennes.
L’histoire de le premier renne se situe au nord de la Suède , vers Kiruna et ses mines de fer.
En pleine période de marquage des troupeaux de rennes, une partie d’un troupeau est décimé le long de la voie ferrée qui transporte le minerai de la mine de Kiruna.
Nina et Klemet sont appelés à résoudre cette enquête qui déchire un clan d’éleveurs Sami. Per-Ola dirige le clan d’une main de fer et décide qui appartient au sameby, le vaste territoire qui délimite l’aire de travail d’un groupement d’éleveurs de rennes qui ensemble élèvent, surveillent, marquent et abattent un nombre donné de bêtes, décidé par les fonctionnaires des préfectures.
Parmi ces éleveurs , Ailo, Sten et Aaron. Aaron a été choisi dans ce sameby au détriment de sa soeur Anja, jeune Sami à qui on a confié le pouvoir de tuer. Anja est révoltée; elle écouté les pierres, ne veut pas se taire. Elle est proche de sa grand-mère Elena qui est la mémoire de la tradition des Sami. Elena chante le territoire au travers des Joiks, Chaque joik reflète une personne ou un lieu.
Sur ce territoire sámi apparait l’enjeu énorme des terres rares que recéle le sol autour de Kiruna. L’extraction de ces terres rares et la survie du peuple vont se télescoper.
Autour du solstice d’été et du jour permanent, dans un paysage magnifique, entre réalisme et tradition sámi, Olivier Truc nous raconte une histoire haletante où la liberté et les racines sont à la base de tout.
Des personnages hauts en couleurs et des femmes de caractère qui captivent et des loups, des rennes et des corbeaux pour la symbiose avec la nature.
Sans oublier Joseph venant de la haute vallée de Bléone en Provence et Izko Detchevery, clin d’oeil au cartographe des Indes Boréales, autre roman d’Olivier Truc qui parlait d’évangélisation, de catholiques, de protestants et de l’éradication de la culture et des chants des Sami.
Au delà du thriller, ce roman est imprégné de la lutte pour le maintien des cultures autochtones et la protection des écosystèmes et du vivant.

Tu étais née nomade,
Te voilà vagabonde.
On te prive de transhumance,
On t’abandonne à l’errance.
Ils croyaient te soumettre,
Ils t’ont fait renaître.

(Joik à sa façon de Joseph pour Anja ) .

Olivier Truc est un journaliste, écrivain et scénariste français né à Dax le 22 novembre 1964. Il habite Stockholm depuis 1994 et a été correspondant notamment de la radio RTL, de l’hebdomadaire Le Point, du quotidien Libération (1998-2005) puis du journal Le Monde (2005-2016) pour les pays nordiques et baltes. Il est aussi documentariste pour la télévision.

Il est également l’auteur du roman policier Le Dernier Lapon qui a été traduit en plus de vingt langues et a obtenu plus de vingt prix dont le prix Quai du polar 2013, le prix Mystère de la critique 2013 et le prix Michel-Lebrun 2013. La série se poursuit avec Le Détroit du Loup en 2014 et La Montagne rouge en 2016. La série se situe de nos jours en Laponie et, à travers les enquêtes de deux officiers de la Police des rennes, Nina Nansen et Klemet Nango, raconte le Grand Nord.

Les Jardins de Torcello de Claudie Gallay. Actes Sud 🟩🟩◼️◼️◼️

Les jardins de Torcello par Gallay

Les Jardins de Torcello

Claudie Gallay

Actes Sud

ISBN : 978-2-330-19421-5 Août 2024

404 pages

Il faut toujours lire avec intérêt la quatrième de couverture. Celle du roman Les Jardins de Torcello ne déroge pas à ce principe. Il fallait lire que les sentiments seraient effleurés, que les révoltes seraient minuscules.
C’est réellement le cas dans ce roman, les sentiments sont effleurés et les révoltes sont minuscules. Ça ronronne, comme le chat Spoontus dans la maison de Torcello.
Pourtant tout portait à un roman d’atmosphère : Venise, la lagune, les canaux, la lumière, l’eau et les jardins de Torcello.
Une jeune femme Jess en rupture de ban avec sa famille est venue s’installer à Venise. Elle a obtenu une petite location par des amis sur la Giudecca avec vue imprenable sur les Zattere, la pointe de la douane et Santa Maria de la Salute. Elle a mis sur pied sa petite entreprise sur internet. Elle propose des visites guidées de Venise à partir du thème voulu par ses clients. Elle ne pourra pas rester longtemps dans cette location et devra trouver un autre logement. Elle cherche aussi un autre job d’appoint. On lui propose de faire des ménages chez un avocat pénaliste Maxence Darsène qui vit sur l’île de Torcello. Celui-ci vit avec son compagnon Colin et son grand projet est de réhabiliter les Sept jardins de Torcello.
Le roman va se dérouler de saison en saison entre les allers retours incessants entre Venise et Torcello. Il n’y a pas d’intrigue, il y a le temps qui passe et la découverte par petites touches des vies des protagonistes.
Et comme les sentiments sont effleurés et les révoltes minuscules, je me suis ennuyé sur les vaporettos, dans les jardins de Torcello et les ruelles de Venise. Bien sûr Claudie Gallay connaît bien Venise et nous entraîne avec ces personnages dans une Venise moins connue. Mais il reste des incontournables : l’acqua Alta, la biennale d’Art, le bal costumé, la disparition de la lagune.
Je suis resté sur les quais et je n’ai pas été emporté par le récit. Peut-être parce que certains personnages étaient trop stéréotypés : l’avocat friqué homosexuel et son compagnon Colin. On a du mal à croire à leur réel engouement pour le jardin des simples et la protection du vivant.
Les brumes de la lagune et Venise la Sérénissime méritaient mieux.

Claudie Gallay (née en 1961 à Bourgoin-Jallieu, dans le département de l’Isère) est une écrivaine française. Son roman Les Déferlantes, publié en 2008, remporte de nombreux prix littéraires. Issue d’une famille d’agriculteurs, Claudie Gallay passe son enfance à Saint-Savin, dans le département de l’Isère.

Depuis l’adolescence, elle écrit. Sa famille accepte ce rêve. Mais C. Gallay, qui travaille comme institutrice, propose de nombreux manuscrits avant que son premier roman ne soit publié.

En 2001, son manuscrit l’Office des vivants est retenu par l’éditrice Sylvie Gracia. Cette publication marque le signe d’une entrée en écriture. En 2008, la parution et le succès que rencontre Les Déferlantes met vraiment l’écrivaine sous la lumière des projecteurs, un succès qui se confirme avec la parution de L’amour est une île.