Comme un empire dans un empire d’Alice Zeniter. Flammarion .💛💛💛💛

Comme un empire dans un empire par Zeniter

Le roman d’Alice Zeniter nous plonge dans notre monde actuel.  Totalement contemporain.
Totalement d’aujourd’hui.  C’est un pari ardu que d’écrire sur la réalité de son époque sans recul possible.
C’est ce qu’a fait Alice Zeniter avec son roman Comme un empire dans un empire.
Deux personnages principaux comme le pile ou face d’une pièce.
Il y a l’. Elle est hackeuse.
Il y a Antoine, assistant parlementaire d’un député socialiste.
Deux façons diamétralement opposées de mener un engagement politique et social.
Comment être dans l’action, et saisir le réel de son époque  ?
Le fait de prendre part à  la société induit il un engagement dans des lieux de pouvoir ou peut il être un engagement auprès de communautés ou dans les arcanes du Web.
Ces deux personnages, issus de la classe moyenne et de la méritocratie , veulent être de ceux qui peuvent quelque chose. Antoine le fera par la politique . l’le fera par l’intérieur du Web..
A partir de là Alice Zeniter va nous raconter l’ histoire de ces 2 personnages,  de leur rencontre,  d’une éventuelle rencontre amoureuse.
Mais cette histoire n’est pas le sujet du roman
Le sujet du roman est l’actualité,  les mouvements sociaux ( Nuit debout – #me too ou encore les gilets jaunes) le dedans et le dehors d’Internet.
Alice Zeniter ne prend pas position et nous livre ces personnages à distance.
A nous de nous faire notre opinion.
Cela peut manquer de chaleur et de tendresse envers l’et Antoine.
Ne sont ils pas des rouages pour nous dire notre engagement dans notre monde actuel.
Oui nous vivons dans un empire connecté,  médiatique, ultra rapide  . Mais dans cet empire ne pouvons nous pas créer notre propre empire, avoir notre propre engagement ?
Les règles changent, le monde politique peut sembler obsolète et désolant. Cela empêche t il de trouver d’autres modes d’action ou de revisiter l’engagement politique  ?
On peut être militant du dehors ou du dedans.
Alice Zeniter connaît bien cette génération militante  . Elle en fait partie.
Tout est décrit avec finesse ,exactitude au prix d’une belle documentation.
Alice Zeniter nous incite à aller voir le monde d’un peu plus près.
Et ça vaut le coup.

Le Télégramme - Livres - Prix Goncourt. L'ancre briochine d'Alice Zeniter

Alice Zeniter, née d’un père d’origine algérienne (kabyle) et d’une mère française4,5, a grandi à Champfleur, dans la Sarthe, jusqu’à ses 17 ans2, et a suivi une partie de son parcours scolaire à Alençon2, dans l’Orne.

Alice Zeniter a publié son premier roman en 2003, Deux moins un égal zéro, aux Éditions du Petit Véhicule, à 16 ans6.

De 2006 à 2011, elle est élève à l’École normale supérieure, rue d’Ulm7.

Son second roman, Jusque dans nos bras, publié en 2010, chez Albin Michel, est traduit en anglais sous le titre Take This Man.

Elle enseigne également le français en Hongrie, où elle vit plusieurs années. Elle y est assistante-stagiaire à la mise en scène dans la compagnie théâtrale Krétakör du metteur en scène Arpad Schilling8. Puis elle collabore à plusieurs mises en scène de la compagnie théâtrale Pandora, et travaille en 2013 comme dramaturge pour la compagnie Kobal’t9.

En 2013, elle est chargée d’enseignement à l’université Sorbonne Nouvelle. Cette même année, elle crée sa propre compagnie, L’Entente Cordiale et met en scène plusieurs spectacles, notamment des pièces jeune public et des lectures musicales de ses propres textes10,11.

Elle collabore à l’écriture du long métrage Fever, une adaptation du roman éponyme de Leslie Kaplan, réalisé par Raphaël Neal et sorti en 2015.

L’Art de perdre, publié en 2017, a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Goncourt des lycéens. Le livre retrace le destin d’une famille originaire d’Algérie française dont l’aïeul a quitté l’Algérie en 1962, considéré comme harki par les Algériens et Algérien par les Français.

Héritage de Miguel Bonnefoy. Payot et Rivages.💛💛💛💛💛

Héritage par Bonnefoy

Quel plaisir de lecture que le dernier livre de Miguel Bonnefoy  » Héritage  » .
Comme dans Sucre Noir Miguel Bonnefoy nous entraîne dans les pas de son histoire et de ses exils.  Sucre Noir nous parlait du monde caribéen. Héritage, lui, nous entraîne sur un siècle de la France au Chili. France et Chili qui seront des terres de vie et d’exil.
Sous la trace de ce roman se peint en filigrane les éxils et immigration de la famille de Miguel Bonnefoy.
En 200 pages d’une rare finesse, d’une écriture ciselée,  poétique  mais aussi pouvant être enlevée et rugueuse, Miguel Bonnefoy nous convie à  une fresque éblouissante auprès de personnages romanesques, engagés et tellement humain.
Personnages liées par les liens familiaux au delà  de l’ Atlantique.
Tout commence avec un jurassien bon teint, viticulteur de son état.  Nous sommes dans les années qui suivent la guerre de 1870.
Le philoxera à déjà détruit les vignobles bordelais et du Sud de la France.
Le vignoble du Jura est lui aussi touché.  Notre viticulteur à tout perdu sauf un pied de vigne et un peu de cette terre à l’odeur de noix et de morilles.
Avec 30 francs et ce pied de vigne en poche, il prend le bateau au Havre pour rejoindre la Californie et la Napa Valley.  le canal de Panama n’existant pas , le passage par le Canal de Magellan et le sud austral est une nécessité.  Dans ces parages désolés la fièvre typhoïde se déclara,  le toucha et obligea le bateau à faire escale à Valparaiso.
Notre viticulteur de Lons le Saunier décida en définitive de rester à  Valparaiso au Chili.
Les arcanes de l’immigration fit qu’on lui donna le nom de Lonsonnier.
Il rencontra Delphine Morizet, bordelaise émigrée au Chili.
De  leur rencontre naquit Lazare.
Lazare Lonsonnier…… je pourrai continuer à vous présenter la famille Lonsonnier mais il n’y en a aucune utilité.
A vous de vous laisser porter par le souffle, la poésie et la magie de cet Héritage.
D’événements extraordinaires en événements quotidiens Miguel Bonnefoy tisse une histoire familiale sur le 20eme siècle.
Les oiseaux, les odeurs, les agrumes ajouteront des moments oniriques à ce 20ème siècle barré de deux guerres mondiales.
Bien qu’ancré dans la réalité, Miguel Bonnefoy nous entraîne dans l’ imaginaire de cette famille et de sa force et de son souffle épris de liberté. .
Je terminerai en reprenant  les phrases en exergue du livre.
« Ceux qui ne peuvent se rappeler leur passé  sont condamnés à le répéter « 
Et le passé  de Miguel Bonnefoy est un bel héritage.

Miguel Bonnefoy - Sucre noir - YouTube
Né en France, Miguel Bonnefoy grandit au Venezuela et au Portugal.
En 2009, il remporte le grand prix de la nouvelle de la Sorbonne Nouvelle avec La Maison et le Voleur. Il publie en italien Quand on enferma le labyrinthe dans le Minotaure en 2009, et en français Naufrages en 2011, sélectionné pour le prix de l’inaperçu 2012.
En 2013, il est lauréat du prix du jeune écrivain avec Icare et autres nouvelles.
Le Voyage d’Octavio son premier roman, publié en 2015, est finaliste du prix Goncourt du premier roman.
En 2016, il remporte avec Jungle le prix des lycéens et apprentis d’Île-de-France.
En 2017, Sucre noir est finaliste du prix Femina.
En 2018-2019, il est pensionnaire à la Villa Médicis.

Héritage, de Miguel Bonnefoy, paru le 19 août 2020 aux éditions Rivages (207 pages)

Extrait : « Quand Ilario Da lui demandait où se trouvait ce pays de merveilles, Aukan pointait la bibliothèque derrière lui et s’exclamait avec un mouvement exalté :
– Ce pays est dans les livres.
Ce fut lui qui alphabétisa l’enfant, d’abord en mapuche, car il s’agissait selon lui de la première grammaire, puis en espagnol, le jour où il constata que sa vivacité d’esprit pouvait contenir aisément une langue ancienne et une autre récente. Ilario Da put rapidement tracer des lettres sans trembler, à l’aide d’une plume d’oie vierge et d’un encrier d’ivoire, avec une déférence religieuse. Quand il eut fini d’écrire son premier mot, il le lut à voix haute, avec un geste déclamatoire : 
Revolución. Il se cloîtra dans sa chambre pour le reproduire en grand, sur plusieurs feuilles différentes, tachant à l’encre noire tous les tapis, remplissant des cahiers de ces dix lettres prophétiques qui n’avait pas encore à ses yeux le triomphe qu’elles auraient bientôt. Ces pages, aux caractères maladroits et gigantesques, furent conservés par Margot dans un petit carton rouge qu’elle rangea à l’étage de la fabrique, sur une étagère de la chapelle de Lazare, jusqu’à ce que vingt ans plus tard la dictature les tirât de l’oubli. »

Sémaphore en mer d’Iroise de Claire Fourier. Locus Solus. 💛💛💛

Sémaphore en mer d'Iroise par Fourier

En 100 chapitres plus ou moins courts Claire Fourier nous emmène sur les Terres du Finistère  et l’écume de la Mer d’Iroise  qui sont son ancrage originel.
Elle est de Ploudal – on ne dit pas Ploudalmézeau – dans le Nord Finistère  à  quelques encablures de la Mer d’Iroise, de l’Aber Benoît,  de Portsall  et surtout du rocher de Saint Samson.
 » le coeur de mon Finistère est un rocher- un éperon pyramidal qui s’avance dans la Mer d’Iroise,  en bordure de la route qui longe la mer sur la Côte des Légendes,  entre Porspoder et Trémazan, dans la commune de Landunvez. Et le coeur du coeur, un nid de pie ; je veux dire : un léger creux dans le granit, au sommet du rocher. »
 » Tout ce que je suis vient du rocher de Saint Samson »
Pour Claire Fourier ce rocher fut un tremplin mental vers la mélancolie :
 » le granit et le duvet d’écume m’ont appris à  aimer chez les êtres  la netteté de l’intellect et la brume du coeur « 
C’est aussi  » un paysage spirituel « .  » Là-haut,  on est très haut ; Dieu ne regarde pas sa création de plus haut »
Sur ce rocher Claire Fourier est devenue une cimmérienne  : femme du rivage, les pieds sur terre, le regard en mer.
C’est en pensant être dans ce nid de pie qu’il faut lire les 100 chapitres du livre.
Le mot chapitre ne convient pas totalement.
Il s’agit plutôt au gré de la plume de Claire Fourier,  de lettres, de moments de poésie,  de contes , de souvenirs, de petites nouvelles.
Bien ancré dans le granit et le regard portant loin, elle nous distille les moments de sa vie entre la Mémé Anna, la sagesse même,  maître du temps, reine des fleurs,de la maison et sa mère  Dolorosa rétive aux émotions.
Cette Mémé Anna, tel le sémaphore en Mer d’Iroise illumine ce livre.
Et puis comme nous sommes ancré dans le Finistère,  à quelques encablures de Brest, le militaire n’est jamais loin. le pompon rouge de Joseph le père nous rappellera que ce Nord Bretagne est marqué par le fait militaire : les côtes bretonnes ne peuvent être dissociées du Mur de l’Atlantique , tout comme une vie de marin, d’une vie de bourlingueur.
Dans une écriture classique et ciselée, Claire Fourier va nous dire cette vie faite de bons moments naturels et de moment de séparation,  des souvenirs de l’enfance sur ces terres de bruyère et d’ajoncs.
…. Et l’écriture va nous entraîner sur des chemins plus difficiles,  plus caillouteux.
A de nombreuses reprises nous serons confrontés au Capitaine Achab, à  Moby Dick, à la baleine blanche.
Nous seront confrontés à  Mallarmé, Rilke, Melville et tout un cortège d’écrivain, de peintres, de musiciens.
La lecture se fait plus ardue.
Cela n’est pas grave.  La lecture des chapitres n’a pas pour obligation d’être linéaire.
Il faudra prendre le temps de se remémorer Moby Dick ou les Préludes de Debussy.
Le temps ?
Le personnage central.
Claire Fourier est obnubilée par le temps.
Peut on le perdre ? Doit on le perdre ?
Ces reflexions sont des moments de lecture jubilatoire.
 » Un temps pour tout et articuler le temps, voilà ce qui est vivre »
 » Il faut perdre son temps que lorsqu’on est sûr d’en gagner »
 » Connais-toi toi- même  ; autrement dit : Connais le temps en toi « 
Et si il est question de temps,  il est question de vie, de mort,
Cette mort qui est au centre de la vie des Celtes.
Enfin ce livre est un hymne à l’écriture, aux moments d’écriture
 » La vie m’est dérive
Écrire en fait une rive
Penchée sur hier « 
 » le rideau est comme l’écriture  : le voile qui dévoile,  l’art du tamis »
Cet ouvrage à l’art du tamis. Les divers haïkus qui jalonnent le livre le confirme.
Les chapitres méritent d’être lus et relus.
Ce n’est pas toujours facile. Cela peut être ingrat parfois.
Mais la Terre du Finistère et la Mer d’Iroise sont elles faciles ?
Le granit est rugueux et la Mer d’Iroise est rarement calme.
Alors laissons le Sémaphore de la Mer d’Iroise nous illuminer de ces clairs-obscurs

Claire Fourier — Wikipédia
Claire Fourier est née le 15 juin 1944 à Ploudalmézeau, dans le département du Finistère en France1.
Elle fait des études secondaires à Brest puis supérieures à Rennes où elle obtient une maîtrise d’histoire1. Plus tard, elle est diplômée de l’École nationale supérieure de bibliothécaires située Villeurbanne près de Lyon2. Elle est professeure de lettres et bibliothécaire mais les mutations de son mari ne lui permettent pas d’exercer elle-même une activité stable. Elle se consacre alors à l’écriture3 et publie ses premiers récits en 19961.
Elle a emprunté son nom de plume à Charles Fourier pour l’amour de l’utopiste, de sa fantaisie et de sa théorie de l' »attraction passionnée »4.

L’Oeil était dans l »arbre… de Michel Picard. Edition de L’Harmattan. 💛💛

L'oeil était dans l'arbre… et regardait de drôles d'oiseaux par Picard (II)

D’abord merci aux Éditions de l’Harmattan  de m’avoir transmis l’ebook  du livre de Michel Picard : L’oeil était dans l’arbre.
J’ai vu que ce roman avait une douzaine de critiques sur Babelio et qu’une seule était négative.
Et bien je vais rajouter un deuxième avis négatif.
Je ne suis pas adepte de ce genre de littérature,  gore , glaçante et volontairement violente.
Cette littérature ne m’apporte aucun plaisir de lecture.
Cela ne suffit pas pour donner un avis négatif.  C’est un style de littérature auquel je n’adhère pas mais ce n’est pas pour cela que le roman ne serait pas bon.
J’ai lu la totalité du roman   et malheureusement je n’ai pas trouvé que le roman soit bon.
Le roman se passe sur 2 jours : le jour d’avant et le jour d’après.
Il commence d’ailleurs par le jour d’après.
Adrien 18 ans va enterrer un cadavre dans la forêt .
On en saura pas beaucoup plus. Pour en savoir plus il faudra découvrir le jour d’avant.
Et ce jour d’avant est une accumulation d’événements,  de personnages  qui rendent peu crédible l’histoire.
Il se passe tellement de choses en une demi journée que cela en donne le tournis. Une accumulation de révélations  et d’événements plus irréalistes les uns que les autres. A cette accumulation s’ajoute la violence, la perversité.
La lecture devient hachée.
Comment est il possible en une demi journée qu’autant de personnages venant d’horizon si différents se rencontrent.
Cela donne un roman touffu et pour lequel on ne s’accroche à  aucun personnage.
 Savoir qui est le cadavre dans la forêt reste en définitif secondaire  alors que c’est la raison de connaître le jour d’avant.
Cette overdose d’événements,  de violence, de perversité  prennent le pas sur la totalité du roman et le vide de toute substance.

Sabre d’Emmanuel Ruben . Stock 💛💛💛💛

Sabre par Ruben

Quelle facette du nouveau livre d’Emmanuel Ruben mettre en avant. Sabre est un roman multiforme et protéiforme.
Comme dans son précédent roman Sur la route du Danube , Emmanuel Ruben prend prétexte d’un objet pour nous faire voyager dans le monde, la géographie,  l’histoire mais aussi la littérature  .
L’objet de Sur la route du Danube était  le vélo et le Danube. Objet qui nous a permis  tout en remontant le Danube de réfléchir à  l’histoire des Balkans, de la MittelEuropa  ou encore de ka place des migrants dans nos sociétés.  Emmanuel Ruben était  lui même  sur le vélo.
Pour Sabre il a pris son double littéraire,  Samuel Vidouble( !! ) pour nous raconter l’histoire d’un sabre familial jadis accroché  dans la maison familiale et alpestre des grands parents.
Cette recherche du sabre et de son histoire est le prétexte  à la mise en perspective de ce roman multiforme.
Emmanuel Ruben nous entraîne dans une saga familiale truffée de secrets, de non dits.
Cette saga familiale  qui déclenchera grâce à une imagination débordante, une histoire vraie-fausse ou rêvée  de Victor Vidouble de Saint Pesant. C’est drôle et enlevé.
Si ce n’était que cela, le roman serait déjà réussi . Mais il est plus .
Sous les traits de Samuel Vidouble,  Emmanuel Ruben nous parle de lui. de ce prof d’histoire géographie confronté aux mondes d’aujourd’hui mais aussi à sa jeunesse iséroise  et à cette famille originaire des montagnes alpines et d’un monde rural entrain de disparaitre.
La recherche du sabre l’a conduit dans les pas violents de la Révolution, des champs de bataille de l’Empire. C’est violent,  sanguinolant et les victoires sont souvent des défaites.
On croisera Bernadotte, BonaparteDe Gaulle. On voyagera à Dieppe, Moscou, Alger ou encore  Berlin.
Il sera difficile de dénouer le vrai de la fiction mais est ce important  ?
On s’aperçoit  que les chimères et les réalités de l’histoire disent une grande part de la réalité de notre époque.
 » Et, tandis qu’ils obtempéreront sans broncher, tu saisiras  sur le bureau la grande équerre jaune des profs de maths, histoire de te donner une contenance,  mais, croisant le regard de Salie au premier rang, tu reposeras l’éq’uerre aussitôt,  penseras une dernière fois à cet enfant seul le soir, dans la salle à manger de ses grands parents, les yeux rivés  vers ce sabre fêlé,  ce bijou de famille qui le croisait, pointait les ténèbres  et lui indiquait, telle l’aiguille d’une  boussole intime, la source infinie du péril « 
Un livre remarquable alliant histoire, réflexion  mais aussi drôlerie et imagination.

Emmanuel rUBEN (14389014325).jpg

Emmanuel Rubennom de plume de Jérémie Emmanuel Ruben Brassac, né le 16 novembre 1980 à Lyon, est un écrivain français.

Emmanuel Ruben étudie la géographie à l’École normale supérieure de Lyon1. Il a poursuivi ses études à Paris, à l’Institut de géographie de l’université Panthéon-Sorbonne et à l’Institut national des langues et civilisations orientales.

Reçu major à l’agrégation de géographie (2004), il enseigne l’histoire et la géographie à l’étranger puis en banlieue parisienne.

L’hommequi n’est jamais mort d’Olivier Margot. Lattès .💛💛💛💛

L’homme qui n’est jamais mort par Margot

Que voilà une jolie pépite !
L’homme qui n’est jamais mort retrace la vie de Mathias Sindelar, footballeur autrichien dans les années 1930.
Ce n’est pas un livre de foot, ce n’est pas un livre de sport.
C’est un livre sur un grand personnage d’une honnêteté et d’une dignité absolue.
Il se fait qu’il est footballeur.
C’est un livre qui nous raconte la MittelEuropa entre la fin de l’empire austro hongrois et l’avènement du troisième Reich.
Mathias Sindelar était  de ces hommes déracinés,  d’origine morave, qui vivaient dans les quartiers pauvres de Vienne au milieu de tous ces migrants de l’Europe de l’est : bohémiens, tziganes, juifs.
Mathias Sindelar  était un génie du football. Il fut le meilleur footballeur du monde dans les années 30. Il inventa un jeu musical,un jeu collectif. L’art et la beauté n’étaient jamais loin.
On le surnomma le Mozart du football.
Bien que reconnu et adulé,  il n’oubliait pas d’où  il venait. Dans Ces années 30, il venait d’un monde pauvre prolétaire et ouvrier. Il venait d’un monde solidaire et multiculturel
Ce creuset restera au coeur de ces engagements et de ces convictions.
Et quand il fallu faire face au nazisme et à la barbarie il se trouva là pour célébrer un but devant les gradés nazis.
Et quand il fallu faire face au nazisme et à la barbarie il se trouva là pour refuser de mettre un écriteau dans son bar,  interdisant l’entrée de celui ci aux Juifs.
Toute sa vie il prona la tolérance qu’il avait vécu dans ces quartiers austrocommunistes.
Il le pays de sa vie
D’un footballeur de génie,  il devint un mythe et une légende.
Encore aujourd’hui,  plus de 80 ans après sa mort,  des centaines de personnes se recueillent sur sa tombe, à  Vienne le 23 Janvier .
Olivier Margot dans un style magistral nous fait rencontrer Mathias Sindelar ,ce footballeur qui fut avant tout un grand homme

 

L’Enigme de la chambre 622 de Joel Dicker. De Fallois .💛

L'Énigme de la Chambre 622 par Dicker.

Autant le dire d’entrée le dernier livre de Joël Dicker l’énigme de la chambre 622 m’a irrité  pour son manque de style, son manque de réalisme  et par son arrogance.
J’avais beaucoup aimé La vérité sur l’affaire Harry Quebert.  J’avais moins aimé  le livre des Baltimore et j’en étais resté là des romans de Joël Dicker.
Le libraire m’interpella et me dit : prenez le dernier Joël Dicker, c’est un bon livre pour l’été !
Je suivis son conseil sans être convaincu à  100%  .
Mais un bon livre pour l’été pourquoi pas ?
Malheureusement le dernier livre de Joël Dicker n’est pas un bon livre d’été  et encore moins un bon livre.
Je reviens donc à mon irritation du départ
Je commencerais par l’arrogance. Ce n’est que mon ressenti.
Une des parties du livre concerne la relation de Joël Dicker avec son éditeur  Bernard de Fallois décédé  en 2018.
Cette relation qui paraît si importante aurait peut être mérité de la part de Joël Dicker un livre à  part.
Là c’est encapsulé dans un récit et ce n’a pas lieu d’être à premier abord.
Et puis si l’on regarde de plus près, je trouve que par maladresse – je n’ose penser par malhonnêteté – s’installe une certaine arrogance de la part de Joël Dicker.
J’ai ressenti la relation que décrit Joël Dicker avec son editeur  comme la seule véritable relation de cet éditeur de 90 ans. Comme si Joël Dicker était le légataire universel et le seul à  même de connaître Bernard de Fallois .
Maladresse ou brosse à  reluire alors que le livre est édité  par les Éditions de Fallois.
De même que penser de cette autre partie du roman dans laquelle Joël Dicker himself poursuit l’enquête policière avec Scarlett.
Et celle ci de ne jamais nommer Joël Dicker par son nom, mais par l’entité  » l »écrivain  »
Quelle vanité,  quelle arrogance.
Concernant le manque de réalisme et le manque de style, cela concerne les autres parties du roman qui nous raconte l’énigme de la chambre 622. 500 pages d’aller retour entre Verbier et Genève, entre le palace et les banques de Genève,  le tout sur quinze ans.
500 pages truffées d’invraisemblances , de personnages et de situations irréalistes.
Il y a pourtant une trame continue dans ce roman  : l’héritage sous toutes ces formes, financier, mobilier et humain. Cet héritage humain prenant la forme du besoin de reconnaissance.
Ce besoin de reconnaissance que l’on retrouve entre Sol le père et Lev le fils.
Sol ce saltimbanque qui voudrait que son fils Lev devienne un grand acteur,
Usant de dissimulation et de transformation.
Et comme un jeu de miroir cette relation filiale est transposée dans la relation entre Joël Dicker et Bernard de Fallois  de façon très maladroite.
Soit cette relation à une extrême profondeur et elle ne méritait pas cet encapsulage dans un roman, soit cette relation est une relation d’opportunité  pour écrire un roman.
Tout dans ce roman est opportun. …
Donc on revient à  l’irritation du début de cette chronique.

Manières d’être vivant de Baptiste Morisot. Acte Sud .💛💛💛💛

 

Manières d'être vivant: Enquêtes sur la vie à travers nous par Morizot

Manières d’être vivant est un ensemble de récits et de réflexions sur la place du vivant, de la nature, de l’homme.
Dans un premier temps Baptiste Morisot s’attache au récit de ces différents pistages de loups dans le Vercors.
Dans le deuxième partie du livre il devient philosophe pour nous parler d’interdependance , d ‘égards ajustés, de diplomatie.
Cette partie là est plus difficile à lire et à suivre pour les non initiés à la philo
La postface d’Alain Damasio permet une belle synthèse et une bonne compréhension du texte de Baptiste Morisot.
Néanmoins sans être un féru de philo, cet essai et ces récits apportent une réflexion sur le vivant tout à fait compréhensible .
Les passages, à la suite des loups dans le Vercors, sont magnifiques et ancre la réflexion de Baptiste Morisot dans la réalité.
Cette réalité nous rappelle que la nature n’est pas une ressource. Ressource extractive ou productive. La nature est le creuset de milliers de manières d’être vivant. Et que ces milliers de manières font que depuis la nuit des temps l’évolution de l’homme ( une manière parmi tant d’autres d’être vivant ) et de la nature est imbriquée. Ne pas oublier que nous venons de l’océan et que le sel nous est indispensable.
L’homme est amalgamé par les manières d’être vivant du passé mais aussi par celles du futur.
Nous ne sommes qu’une manière d’être. Et nous ne pouvons décréter soumettre la nature et les autres formes du vivant sous peine de disparaître.
Nous devons mettre en place des interdépendances, des diplomaties.
Prenons l’exemple des loups et des brebis et de leurs bergers.
Certain défendront à tout crin la réintroduction du loup.
D’autres défendront véhémentement le pastoralisme et le travail des bergers et des patous.
Chacun dans ces certitudes.
L’interdépendance C’est d’être d’un bord mais penser que dans l ‘autre bord il y a des choses justes qui pourraient faciliter et accroître la réussite de chaque bord.
En définitif nous devons avoir des égards ajustés. Jusqu’à récemment, nous avions peu d’égards pour la nature. Nous la traitions comme une ressource . Peu d’égards envers les abeilles avec l’intensification des pesticides.
Pourtant sans abeilles ,pas de pollinisation, pas de fleurs pas de printemps.
Les égards ajustés sont nombreux, tout comme les manières d’être vivant. Ne n’oublions pas.
C est ce que nous dit cet essai . Il peut être érudit et difficile mais il est salvateur.
Ça vaut le coup de prendre le temps de lire et de réfléchir aux manières d’être vivant.

Né en 1983 à Draguignan, Baptiste Morisot entreprend des études de philosophie en classe préparatoire littéraire, et étudie en tant qu’auditeur à l’École normale supérieure de Lyon, où il obtient l’agrégation de philosophie puis soutient en 2011 une thèse de doctorat sur le rôle du hasard dans le processus d’individuation, à la lumière de l’œuvre de Gilbert Simondon1. Après un an comme ATER à l’université de Nice, il est nommé maître de conférences dans le département de philosophie de l’université d’Aix-Marseille .

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Vingt et un jours de Laurence Tellier-Loniiewski. Gallimard.💛💛💛

Vingt et un jours par Tellier-Loniewski

Vingt et un jours pour obtenir un droit d’asile. C’ est le délai accordé en France aux demandeurs d’asile pour transmettre leur dossier à l’ Ofpra.
C’est ce laps de temps de 21 jours que Laurence Tellier-Loniewski à pris comme toile de fond de son roman intitulé  Vingt et un jours.
Nous sommes à  Murmont une commune de la Région parisienne où  est installé  un centre d’hébergement de réfugiés.  Parmi les réfugiés  il y a  Ehsan, jeune afghan.
Parmi les membres du centre d’hébergement il y a Jean Marc, directeur du centre, Lara, avocate bénévole , Emeline stagiaire de fin d’études.
Vingt et un jours pour qu’Ehsan dise , raconte. Vingt et un jours pour démêler le vrai du faux.
Vingt et un jours pour produire un dossier qui validera la demande d’asile. Sinon…
Laurence Tellier-Loniewski, ancienne avocate restitue parfaitement ces 21 jours et cette course contre la montre.
De plus chaque chapitre représentant une journée participe à cette course contre la montre.
Cela donne un roman très documenté pour ne pas dire documentaire et c’est là que l’on touche à la limite de l’exercice
Si le côté documentaire fonctionne bien, le côté roman fonctionne nettement moins bien. On reste sur l’écume des choses. Aucune histoire , aucun personnage n’est fouillé.
Des facilités d’écriture  ( un afghan connaissant Ehsan) vont permettre l’avancée du roman, mais quel dommage de ne pas avoir fouillé plus le personnage d’Emeline . On aurait aimé avoir le ressenti de cette jeune étudiante confronté au monde des migrants mais aussi à celui des travailleurs sociaux.

Laurence Tellier-Loniewski - Site Gallimard

Laurence Tellier-Loniewski est avocat à la Cour d’appel de Paris, titulaire du DJCE et d’un DEA Droit des affaires, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle et en droit commercial.

Le mauvais génie d’Alain Freudiger. La Baconniere.💛💛💛

Le mauvais génie par Freudiger

Si vous êtes passionné par le saut à skis et par la vie dissolue de Matti Nykanen,  vous serez intéressé par ce petit opuscule de 120 pages écrit  par l’auteur suisse Alain Freudiger.
Si ce n’est pas le cas, vous passerez sûrement à côté de ce livre.
C’est à  priori le cas de la communauté Babeliote qui n’a fait aucune critique, ni mis à  jour la note de l’éditeur  et encore moins le résumé du livre !
Nous sommes bien dans un livre niche ! le saut à  skis .
Dans les années 80 Matti Nykanen règne sur le Saut à  Skis. Il sera quadruple champion olympique, mais aussi champion du monde de saut à skis mais aussi de vol à skis. Il gagnera plusieurs fois la coupe du monde ainsi que la Tournée des Quatre Tremplins. Pour les non initiés il s’agit d’une compétition de saut à skis qui à  lieu tous les ans en Janvier entre Autriche et Allemagne. Je vous fait grâce du nom des tremplins.
Donc Matti Nykanen est un grand champion mais un homme psychologiquement fragile.
Quelques mariages avortés,  des violences conjugales, beaucoup d’alcoolisme.
Après avoir été  champion reconnu et adulé en Finlande  ( j’ai oublié de vous dire qu’il était finlandais – mille excuses ) il sera chanteur à la voix frêle  et même strip teaser.
Voilà voilà.. .
Je résume  : soit vous êtes fana du saut à skis . Mais vraiment fana , style la journée dans le canapé en Janvier  devant Eurosport. Soit vous êtes fana des histoires croustillantes mariages divorces violence etc….
Moi je ne suis fana ni de l’un ni de l’autre  mais j’aime bien le saut à skis et le vol à skis.
Ce coté homme volant a un je ne sais quoi de magique.
Et ce côté homme faible à un je ne sais quoi de tragique.
Magique ? Tragique ? En définitif un petit livre agréable.
Une dernière chose  . Un dernier mystère.
Pour quelle raison ma médiathèque à choisi ce livre ?
Je ne les savais pas fana à ce point de Saut à skis !
Ps. Pour les inconditionnels du saut à skis la Tournée des 4 Tremplins a lieu à Oberstdorf – Garmisch – Innsbruck et Bischofshofen

Retour en images sur la fabuleuse lecture-spectacle de Morgarten d ...

Alain Freudiger, après avoir été critique de cinéma pour la revue FILM, poursuit un travail littéraire tout en participant à des expérimentations avec des musiciens de la scène improvisée. Il a notamment fondé le trio de poésie électro-acoustique Des Cendres, avec Benoît Moreau et Raphaël Raccuia en 2009. Rédacteur et membre du comité de la revue cinéphile « Décadrages – cinéma à travers champs », Alain Freudiger écrit également dans le journal La Distinction.

En 2007, paraît aux éditions Castagniééé son premier roman, Bujard et Panchaud ou Les Faux-Consommateurs, et un second en 2011, Les Places respectives, chez le même éditeur. En 2013, il publie en dialogue avec Stéphane Bovon Plus ou moins postmoderne, aux éditions Hélice Hélas. En 2015 paraît Morgarten, visite contemporaine de la Bataille du même nom, toujours aux éditions Hélice Hélas. En 2016, les éditions de La Baconnière publient Espagnes, son premier recueil de nouvelles. En 2019 paraissent le livre des cendres, livre de poésie/musique aux éditions Ripopée, et le roman Liquéfaction, chez Hélice Hélas.

En 2020, Alain Freudiger publie Le Mauvais génie – une Vie de Matti Nykänen, un livre consacré à l’ancien sauteur à skis finlandais, aux éditions de La Baconnière.