Archives pour la catégorie Roman

La barque de Masao d’Antoine Choplin. Buchet-Chastel. 🟩🟩🟩🟩◼️

La barque de Masao

Antoine Choplin

Buchet-Chastel

ISBN : 9782283038666 Août 2024

208 pages.

La barque de Masao est fait de poésie et de résilience.
Antoine Choplin nous entraîne au Japon auprès de Masao, ouvrier. Il va rencontrer Harumi sa fille qu’il n’a pas vu depuis 10 ans.
Par quelques moments nous allons par bribes découvrir la vie de Masao, Harumi et Kazue la maman et l’épouse absente.
J’ai trouvé ce roman emprunt de poésie, d élégance et d’ atmosphère.
Tel les haïkus japonais, Antoine Choplin en quelques mots ou situations brossé avec finesse la relation entre Masao et Harumi et nous laisse découvrir
Les États d’âme de Kazue.
A tout cela s’ajoute une réflexion sur l’art et les possibilités de chacun face à la création.
Je me suis laissé emporter par la barque de Masao sur le bleu intense de la mer à la recherche de Kazue et d’Harumi.
Ce fut un doux voyage.

Antoine Choplin est un romancier et poète français né à Châteauroux (Indre) le 31 août 1962. Antoine Choplin grandit en région parisienne.

A l’âge de 17 ans, marqué par plusieurs lectures parmi lesquelles La terre n’est qu’un seul pays d’André Brugiroux, il part voyager en auto-stop, en Europe, puis en Afrique.

De retour, il reprend les études, intègre une grande école de commerce, puis un troisième cycle universitaire en économie mathématique.

Pendant quatre ans, il exerce dans ces domaines comme professeur assistant puis en tant que consultant.

En 1989, il décide de se rapprocher du secteur culturel et devient administrateur de Danse à Lille, structure de production et de diffusion chorégraphique.

En 1992, sa passion pour la montagne le conduit à s’installer dans les Alpes. Il fonde en Isère l’association Scènes obliques avec le souhait d’inventer à la culture vivante et à la littérature d’autres formes de médiation au profit de tous, en prise avec les paysages de montagne et en dialogue avec le monde scientifique.

Dans ce cadre, il crée notamment, en 1996, le Festival de l’Arpenteur, Théâtre pentu et parole avalancheuse, et en 2009 le projet CAIRNS, Rencontres internationales de proximité.

En 2003, il fonde la revue littéraire et réflexive « Arpentages » qu’il animera pendant 14 ans.

Les présences imparfaites de Youness Bousenna. Payot et Rivages. 🟩🟩🟩◼️◼️

Les présences imparfaites

Youness Bousenna

Payot et Rivages

ISBN : 9782743661700 Août 2024

240 pages

Les présences imparfaites est le premier roman de Youness Bousenna. Celui-ci est un journaliste de 35 ans travaillant entre autre pour le Monde où Marianne. Les présences imparfaites est un roman du désenchantement à travers le prisme du travail, de la famille, du couple et du temps qui passe.
Youness Bousenna a pris comme narrateur Marc, jeune homme de la classe moyenne né en 1961 à Thiais en banlieue parisienne . Sa vie peuplée d’ambition sera en réalité modeste et peut-être perdue.
L’espace de ce roman, Marc nous entraîne dans une confession de sa vie, retraçant son adolescence, ses années de journalistes, de reporter de terrain au Moyen Orient, mais aussi sa relation avec Cliaire ou avec ses parents restés vivre à Thiais.
La lucidité de Marc l’amène avec sincérité vers ses présences imparfaites. Et d’abord sa présence à lui auprès de Claire, de ses parents ou de ses collègues de travail.
La réflexion est teintée de désenchantement et de pessimisme. En cela elle est questionnement car écrit par un jeune homme de 35 ans .
En brossant le portrait de Marc comme un antihéros, Youness Bousenna décide de choisir le verre à moitié vide et donne peu de chance à des années d’espoir. Les derniers mots se son roman disent le contraire, comme une bouteille à la mer !
On connaît les vicissitudes d’une bouteille à la mer.
Peut être quelqu’un la trouvera.
Il en est de même du roman. Peut être seront nous nombreux à lire les derniers mots du roman et à garder espoir.

Youness Bousenna est journaliste (notamment pour Telerama, Socialter, Le Monde ou Limite), critique et chroniqueur de la vie des idées, rédacteur en chef littérature de la revue PHILITT, semestriel consacré à la philosophie et à la littérature.
Il est l’auteur de Camus, l’éternité est ici (Première Partie, 2019).
Les Présences imparfaites est son premier roman.

Traverser les montagnes et venir naitre ici de Marie Pavlenko. Les Escales. 🟩🟩🟩🟩🟩

Traverser les montagnes et venir naitre ici

Marie Pavlenko

Les Escales

ISBN :978-2-36569-807-8 Août 2024

342 pages

Astrid est une jeune femme qui a tout perdu. Elle quitte Paris et vient s’installer dans un hameau perdu du Mercantour. Elle espère pouvoir faire son deuil dans ces montagnes et se reconstruire.
Soraya a dix sept ans et a quitté avec toute sa famille la Syrie en guerre. Ils ont pris la route à travers les Balkans pour arriver en Italie avec un seul objectif : traverser les montagnes pour atteindre le Sud de la France dans le Mercantour.
Ces deux femmes vont se rencontrer. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des coïncidences. A travers cette rencontre, Astrid et Soraya vont s’appuyer l’une sur l’autre pour commencer à se reconstruire.
Par petites touches sensibles, Marie Pavlenko va nous dévoiler les fractures, les épreuves que traversent ces deux femmes. Dans ce Mercantour havre de nature et de montagnes, une histoire de femmes va se développer tout en émotion et humanité. L’humanité est bien le mot de ce livre. le bon côté de cette humanité se retrouve dans la sororité entre Astrid et Soraya ou encore Ida ou Max. Et puis il y a la noirceur de l’humanité quand il s’agit de rejeter ou de dénoncer des jeunes migrants. Traverser les montagnes et naître ici nous rappelle qu’il est toujours possible de transcender des moments et que la naissance a un sens multiple.
Cette reconstruction se fait au rythme de la nature et Marie Pavlenko nous livre des pages superbes sur les couleurs, les arbres ou l’état de la neige. Cette neige qui peut être violence et angoisse mais aussi un cocon douillet et réconfortant.
Reste la question des migrants. Soraya en livre toute l’épineuse question. On ne peut rester insensible à ce qu’elle est. Parce qu’Astrid est française et qu’elle a tout perdu, elle peut venir se perdre dans le Mercantour et se reconstruire. Parce que Soraya est syrienne et migrante, elle ne peut venir se reconstruire dans la vallée du Mercantour. Chacune a une profonde douleur et on ne met pas la douleur sur la balance. Chaque douleur est unique et ne mérite aucune comparaison. Elles peuvent se rencontrer, se dire et trouver un chemin de connivence.
C’est ce que propose Marie Pavlenko en traversant les montagnes, pour renaitre.

Marie Pavlenko, née en 1974 à Lille, est une écrivaine et poétesse française, autrice d’ouvrages de littérature d’enfance et de jeunesse, de littérature générale et de poésie. Ses livres sont traduits dans une douzaine de langues.

Marie Pavlenko obtient un master de lettres modernes à l’Université Sorbonne-Nouvelle. Elle poursuit ses études à l’école supérieure de journalisme de Lille. Elle s’installe à Paris après avoir vécu un an en Jordanie. Elle exerce le métier de journaliste pendant 15 ans.

En 2009, elle se met à écrire des ouvrages de fantasy, genre littéraire qu’elle affectionne depuis l’âge de dix ans.

En 2011, elle publie le Livre de Saskia, une trilogie à destination des adolescents.

Le roman La Fille-sortilège sort en 2013.

En 2019, elle publie Un si petit oiseau, l’histoire d’Abigail, future vétérinaire qui à la suite d’un accident se retrouve amputée d’un bras et doit recomposer sa vie. La même année, elle reçoit le prix Babelio Jeune adulte et le prix 15/17 à la Foire du livre de Brive.

Avec le roman Et le désert disparaîtra (2020), et sa nouvelle parue dans le recueil collectif Elle est le vent furieux (2021), Marie Pavlenko s’engage sur le thème de l’écologie

Nancy-Kabylie de Dorothéé-Myriam Kellou. Grasset. 🟩🟩🟩🟩◼️

Nancy- Kabylie

Dorothée-Myriam Kellou

Grasset

ISBN : 978-2-24682-874-7 Octobre 2023

216 pages

Il y a quelques jours sur la messagerie de Babelio j’ai reçu une demande de Dorothée-Myriam Kellou : Pouvait elle m’envoyer son livre par Pdf. Elle souhaitait que je lui partage mes ressentis et avis sur son ouvrage. Touché par la demande j’ai répondu par l’affirmative à sa demande

Nancy-Kabylie est le chemin pris par Dorothée- Myriam Kellou pour nous parler de la mémoire , de l’oubli, de l’exil, du déracinement .
Dorothée-Myriam Kellou est une jeune femme dont la mère Catherine est française et le père Malek , algérien et plus précisément kabyle.
Ce texte de 200 pages oscille entre souvenirs personnels et réflexion sur l’identité, la double culture, l’Algérie.
C’est un récit personnel, un itinéraire intime pour entendre comprendre et transmettre la mémoire.
Sommes nous à jamais coincé dans une seule définition de notre identité. identité.
A la recherche d’identité se juxtapose la colonisation et le colonisé, l’histoire sans fin entre la France et l’Algérie.
Et l’autrice nous met en mémoire ou nous fait découvrir les camps de regroupement mise en place par la France en Kabylie.
J’ai été très touché par l’écrit, le récit personnel.
Les pages écrites sur l’identité sont d’une telle importance.
C’est un essai qui s’est entendre, comprendre afin de pouvoir transmettre.
Et cela touche où cela peut faire mal, car le lien entre colonisation, esclavagisme est évident. Ou comment nier des identités qui mettront des générations pour se retrouver ou se construire à nouveau.
Sur le chemin de Kabylie , une fille et son père ont marché. le père a pu parler et transmettre un peu de sa langue, de lui, de son histoire, de son déracinement
Sa fille a pu lui dire qu’elle était étoilée ! ( vous comprendrez en lisant le livre )

Nancy-Kabylie est son premier roman.
Merci à Dorothée- Myriam Kellou pour l’envoi de son livre . Ce fut une très belle découverte et l’occasion de quelques mails agréables.

Dorothée-Myriam Kellou est journaliste et réalisatrice indépendante.

Elle a notamment révélé dans le journal Le Monde en juin 2016 l’affaire des financements indirects de l’État islamique par Lafarge en Syrie. Cette enquête a été récompensée par le prix Trace International de l’investigation journalistique à Washington D.C. Son premier film À Mansourah, tu nous as séparés a été présenté en première mondiale au Festival Visions du réel à Nyon en Suisse en avril 2019. Il a reçu plusieurs prix, dont le prix des droits humains au Festival international de film documentaire d’Agadir FIDADOC en juin 2019 et une Étoile de la Scam en 2021.

Récipiendaire de la bourse d’excellence Fulbright, elle est diplômée du master d’études arabes de l’Université de Georgetown à Washington D.C et de l’Institut d’Études Politiques de Lyon.

Malville d’Emmanuel Ruben. Stock. 🟩🟩🟩🟩◼️

Malville

Emmanuel Ruben

Stock

ISBN : 978-2-234-09591-5 Août 2024

264 pages

J’ai travaillé pendant 5 ans à Mortesel ( en réalité Morestel ) et j’habite les mornes plateaux des terres froides comme le dit Emmanuel Ruben. c’est le nord Isère avec vue sur les Massifs de la Chartreuse et du Vercors. Emmanuel Ruben connaît bien ce coin d’Isère, ce coin d’enfance, triangle délimité par le Rhône, les montagnes de l’Ain, et L’Isle Crémieu.
Dans les années 1970, au milieu de ce paysage, le gouvernement a construit une centrale nucléaire à Creys Malville. Elle avait pour nom Super Phénix. DE défauts en anomalies, elle a très peu fonctionné et a commencé à être démantelée en 2006. Cela n’a pas empêché de graves manifestations et un jeune écologiste , Vital Michallon a trouvé la mort en 1977.
Bien que la centrale n’existe plus, Morestel en garde le souvenir avec la Cité EDF , et encore aujourd’hui300 salariés qui assurent les activités de démantèlement.
Emmanuel Ruben s’appuie sur tous ces événements pour nous entrainer dans une dystopie dans les années 2036.
La France est gouverné par l’extrême droite. SuperPhénix a été relancé et un accident nuclèaire a eu lieu sur le site de la centrale.
Simon Vidouble, le double littéraire d’Emmanuel Ruben est confiné dans sa cave.
C’est lui qui va nous raconter son histoire et celle de son père ouvrier à la Centrale.
Nous voila au début d’un récit d’apprentissage et d’anticipation. Un récit d’enfance, de copains à l’ombre d’un monstre industriel. Des copains faisant penser à Tom Sawyer et Huckulberry Finn.
A côté de ce monstre quelle est la place de la nature ? Savez vous qu’il existe une société qui gère l’entièreté du Rhône au profit d’EDF. C’est cette société qui décide qui exproprie, qui interdit.
Malville nous interroge sur nos choix énergétiques et donc nos choix sanitaires et environnementaux. C’est passionnant et inquiétant. Mais qui en aurait douté.
C’est un roman qui se lit avec un intérêt soutenu dans lequel Emmanuel Ruben nous rappelle sa passion pour la géographie et l’extase géographique :
 » Je ressens ce que j’appelle l’extase géographique, qui est ma petite éternité matérielle, éphémère, mon épiphanie des jours ordinaires : oui, l’extase géographique, c’est le bonheur soudain de sortir de soi, de s’ouvrir de tous ses pores, de se sentir traversé par la lumière, d’échapper quelques instants à la dialectique infernale du dehors et du dedans »

Emmanuel Rubennom de plume de Jérémie Emmanuel Ruben Brassac, né le 16 novembre 1980 à Lyon, est un écrivain français.

Emmanuel Ruben étudie la géographie à l’École normale supérieure de Lyon. Il poursuit ses études à Paris, à l’Institut de géographie de l’université Panthéon-Sorbonne et à l’Institut national des langues et civilisations orientales.

Reçu à l’agrégation de géographie en 2004, il enseigne l’histoire et la géographie à l’étranger puis en banlieue parisienne.

Depuis septembre 2017, il vit sur les bords de la Loire et dirige la Maison Julien Gracq à Mauges-sur-Loire, un lieu culturel ouvert au public qui organise des événements littéraires, des expositions d’art contemporain et accueille en résidence des écrivains et des artistes. Il y accueille ponctuellement des artistes et écrivains comme Mathias EnardMaylis de KerangalÉtienne Davodeau. Au cours de résidences de création il y accueille des géographes ou jeunes écrivains tels que Francois-Henri Désérable, Jean-Louis Tissier ou Jean-Acier Danès.

Avant la fin du monde de Laurent Decaux. Albin Michel 🟩🟩🟩🟩◼️

Avant la fin du monde

Laurent Decaux

Albin Michel

978-2-226-47516-9 Septembre 2022

519 pages

Vittorio de Mussi est génois. Il est au soir de sa vie et il décide d’écrire un livre qui retracera celle-ci. Il est le narrateur de ce roman. Nous sommes au 14ème siècle et Vittorio de Mussi écrit actuellement sur un long voyage contraint et forcé qu’il a effectué en 1347.
En 1347 la République de Gènes Venise La Sérénissime se partagent l’hégémonie de la Méditerranée Occidentale. Ils ont installés des comptoirs commerciaux en Grèce, dans le Pont Euxin mais aussi sur les bords de la mer Noire jusqu’en Crimée. En Crimée le comptoir génois se situe dans la citadelle de Caffa.
. Ce comptoir de Crimée est pour la République de Gènes une porte sur l’Orient , la soie les épices.
Caffa n’intéresse pas que Gènes. Derrière Caffa se profile l’empire mongol du Khan et celui-ci souhaite avoir un accès à la mer . Il décide donc d’attaquer la citadelle de Caffa.
Pou cette raison , la république génoise envoie une armada de 46 navires afin de combattre et anéantir l’armée du Khan.
Parmi ces navires le Pompée dont le capitaine est Daniel de Mussi, père de Vittorio. Vittorio est aussi à bord en tant que scribe et détenteur du journal de bord.
La route de Jaffa sera jalonnée de rencontres, de batailles navales et la route finira par croiser le fléau de l’époque : la peste noire.
Il est dit que ce fléau fut la première guerre bactériologique. L’histoire nous rappelle que le Khan catapulta ( au sens propre) les cadavres des pestiférés par dessus les remparts de Caffa afin d »inoculer le virus de la peste dans la citadelle.
Avec un grand talent de conteur et d’historien, Laurent Decaux nous entraîne dans une épopée haletante, sans temps morts, se lisant agréablement. L’histoire et le romanesque se liant pour notre plus grand plaisir.
Avant la fin du monde restitue les aventures de père et du fils de Mussi , confrontés à l’Eglise, déchirés entre leur rôle de soldat, de marin et cette peste noire qui les poursuit et s’insinue partout sur mer et sur terre.
Aura t’elle le dernier mot ?

Laurent Decaux naît le 22 août 1981 à Paris. Il est le fils de l’historien et homme de lettres Alain Decaux et de la photographe Micheline Pelletier

Après des études au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris.

Passionné de vin, il cofonde en 2006 les caves Nysa à Paris, dont il quitte la gérance pour se consacrer à l’écriture.

Au vent mauvais de Kaouther Adimi. Seuil . 🟩🟩🟩🟩◼️

Au vent mauvais

Kaouther Adimi.

Seuil

ISBN : 978-2-02-1050356-2 Août 2022

261 pages

Dans Au vent mauvais Kaouther Adimi dépeint le destin croisé de trois personnages durant la colonisation, là lutte pour l’indépendance et jusqu’à l’été 1992 ou l’Algérie bascule dans la guerre civile.
Ces trois personnages , Leila, Tarek, Saïd sont natifs d’un village de l’est algérien : El Zahra. Nous sommes en 1920.
Leila sera marié contre son gré à13 ans et aura la force de divorcer et de retourner vivre chez sa mère avec son petit garçon. En retour elle recevra l’opprobre des villageois.
Tarek est un enfant puis un adolescent timide et solitaire. Il est berger.
Saïd, d’une famille plus aisée est plus ouvert et poursuivra des études à l’étranger en Tunisie. Un avenir d’écrivain l’attend.
Tarek et Saïd sont frères de lait et Tarek a une amitié indéfectible envers Saïd.
Secrètement se met en place un trio amoureux. Leila est l’objet des passions des deux garçons.
La guerre va faire éclater ce trio ainsi que la colonisation et l’indépendance.
Dans l’avancée du roman Saïd va s’effacer peu à peu mais restera présent comme un filigrane pour Tarek.
Par contre Tarek va avoir la vie d’un immigré algérien. Il va épouser Leila, aura des enfants et pour subvenir aux besoins de tous il partira travailler et vivre en France afin d’envoyer régulièrement des mandats à sa famille. Ces retours en Algérie s’espaceront de plus en plus
Leila restée au pays avec les enfants décidera d’apprendre à lire et à écrire. Un début d’émancipation.
Il ne faut pas croire que Saïd a totalement disparu. Il va réapparaitre au détour d’une librairie et d’un livre à Alger. Un livre qui a traumatisé Leila.
Le vent mauvais ne souffle pas qu’au travers de la colonisation, l’indépendance ou la guerre civile. Il peut aussi souffler au travers une littérature noire, déniant les identités ou les manipulant.
C’est un beau roman d’émotion, de souffrance et qui nous dit ce qua vécu et vit le peuple algérien, ancré dans le colonialisme, l’indépendance, la dictature, l’islamisme et le besoin d’exister par lui-même.
Enfin la dernière page du livre est bouleversante. Ancrant Kaouther Adimi dans cette histoire , elle nous redit que quelle soit la littérature celle-ci nous happe entre Nos richesses et vent mauvais.

Kaouther Adimi naît à Alger, où elle vit jusqu’à l’âge de quatre ans, avant que sa famille ne s’établisse à Grenoble pour quatre ans. Durant cette période elle découvre le plaisir de la lecture avec son père, qui l’emmène chaque semaine à la bibliothèque municipale.

En 1994, elle rentre en Algérie, qui vit alors sous l’emprise du terrorisme. N’ayant que très peu d’occasions de lire, elle commence à écrire ses propres histoires. En 2008, elle reçoit le Premier Prix du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger pour Sur la tête du Bon Dieu.

Elle est diplômée en lettres modernes et en management des ressources humaines.

À partir de septembre 2021, elle est pensionnaire à la Villa Médicis, à Rome, où elle travaille à son cinquième roman, Au vent mauvais, dans lequel, à travers les destins croisés de trois personnages, elle dresse une grande fresque de l’Algérie, de la colonisation à la lutte pour l’indépendance, jusqu’à l’été 1992, au moment où le pays bascule dans la guerre civile. Ce roman a reçu le Prix Montluc Résistance et Liberté, le 7 avril 2023

Il ne se passe jamais rien ici d’Olivier Adam. Flammarion. 🟩🟩🟩🟩◼️

Il ne se passe jamais rien ici

Olivier Adam

Flammarion

ISBN : 978-2-080441- 775 Mai 2024

360 pages.

Roman choral, Il ne se passe jamais rien ici est un polar qui décrit une communauté humaine et familiale dans un petit village au dessus du lac d’Annecy.
Une femme est retrouvée morte sur les bords du lac d’Annecy. La communauté villageoise et familiale est bouleversée par ce qui est sûrement un féminicide.
Le roman d’Olivier Adam va parfaitement osciller entre enquête policière et drame familial.
Tout le monde connaissait Fanny la victime. Plus particulièrement la famille d’Alain Terrier et les habitués du Café des Sports. Beaucoup d’hommes peuvent être suspectés dans le village ou dans la famille. Plus particulièrement Antoine , l’un des enfants de la famille Terrier. Antoine est un jeune homme sensible, socialement mal intégré, addict à quelques boissons et drogues et qui partage avec Fanny un amour impossible.
Antoine est le suspect, voire le coupable idéal. Mais est-ce aussi simple ?
C’est avec plaisir que l’on retrouve l’écriture d’Olivier Adam et ces thèmes favoris : la famille, les secrets, la mélancolie, la tristesse, la France périphérique.
A travers ces thèmes il a abordé la question des migrants, les votes populaires, les secrets de famille, la parentalité.
Aujourd’hui il aborde le féminicide et la violence cachée des hommes.
Olivier Adam nous décrit cette communauté comme il en a l’habitude : des losers, des mal-aimés, des familles déconstruites.
Un roman noir qui traque la fragilité de ses personnages et plus particulièrement les hommes. Dans cette fange malsaine sera-t-il possible de faire éclater les secrets enfouis et libérer la parole .
Rien n’est gagné.

Né en 1974, Olivier Adam est l’auteur de nombreux livres parmi lesquels Je vais bien, ne t’en fais pas (Le Dilettante, 2000) et, aux éditions de L’Olivier, Passer l’hiver (Goncourt de la nouvelle 2004), FalaisesÀ l’abri de rien (prix France Télévisions 2007 et prix Jean-Amila-Meckert 2008), Des vents contraires (prix RLT/Lire 2009) et Le Cœur régulier. Il a publié aux éditions Flammarion Les Lisières, (2012), Peine perdue (2014), La Renverse (2016) et Chanson de la ville silencieuse (2018). Il est également auteur de romans pour la jeunesse : On ira voir la mer (L’École des loisirs, 2002), La Messe anniversaire (2003), Sous la pluie (2004), Comme les doigts de la main (2005), Ni vu ni connu (2009) et Personne ne bouge (2011).
Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma, dont son premier roman, Je vais bien ne t’en fais pas, qui sera primé aux Césars en 2007, Poids léger et Des vents contraires. Scénariste, il a participé à l’écriture du film Welcome.

On m’appelle Demon Copperhead de Barbara Kingsolver. Albin Michel. 🟩🟩🟩🟩◼️

On m’appelle Demon Copperhead

Barbara Kingsolver

Traductrice : Martine Aubert.

Albin-Michel

ISBN : 978-2-226-47837-5 Janvier 2024

605 pages

On m’appelle Demon Copperhead de Barbara Kingsolver s’appuie sur le roman de Charles Dickens : David Copperfield.
Elle transpose sont récit aux Etats -Unis, de nos jours en Virginie.
Nous sommes dans le Comté de Lee auprès d’une communauté « Melungeon  » et de blancs aux prises avec la pauvreté.
Dans la même veine que lz livre de Charles DickensOn m’appelle Demon Copperhead est un roman d’apprentissage. le roman est à une voix, celle du narrateur Demon Copperhead. Une narration faite à hauteur d’enfant, d’émotions et de souvenirs.
Et les premières lignes du roman donnent le ton :  » Déjà je me suis mis au monde tout seul . Ils étaient trois ou quatre à assister à l’événement et ils m’ont toujours accordé une chose : c’est moi qui est dû me taper le plus dur, vu que ma mère était, disons, hors du coup. « 
Demon, notre narrateur est né d’une jeune femme toxico et d’un père disparu.
Pendant les 600 pages du roman Demon va nous raconter les aléas et vicissitudes de sa vie.
Aléas et vicissitude ne rendent pas compte de la réelle violence de son enfance. c’est un constat brutal de ce que peut être la vie d’un enfant puis d’un adolescent dans cette Amérique de la violence et de la solitude.. Trimballé de services sociaux en famille d’accueil, Demon arrive à se construire une communauté d’enfants issus du même milieu social et de quelques adultes. La pauvreté, les larcins, s’insinuent de partout. Les inégalités ravagent cette jeunesse. Quelques personnes bienveillantes apaisent tant soit peu ces blessures.
Ces ravages ont comme toile de fond la crise des opioïdes qui gangrène les Etats Unis. La société Pharma Purdue inonde le marché de soi-disant médicaments juste anti-douleurs. Médicaments pour les personnes atteintes de cancer mais aussi pour les jeunes joueurs de foot américain.. Et l’on devient vite addict à ces médicaments.
Cette jeunesse pauvre, en manque de repères et d’affection se refugie bien évidemment dans ces opioïdes et plus particulièrement l’Oxy.
Le road trip, le road movie de Demon nous touche en plein coeur et sa résilience dans ce monde hostile est magnifique.
A la fin de ce roman , on ne souhaite pas laisser Demon. Mieux que cela on aimerait le rencontrer et passer un long moment avec lui et sa gouaille. Il mérite notre respect.

Barbara Kingsolver est une écrivaine américaine. Sous forme d’essais, de nouvelles ou encore de poèmes, ses écrits reflètent son intérêt pour la justice sociale et la biodiversité.

Lorsqu’elle est âgée de sept ans, ses parents l’emmènent au Congo où son père officie en tant que médecin.

Barbara Kingsolver décide de quitter le Kentucky, qui ne lui offrait pas l’avenir qu’elle souhaitait, pour l’Indiana où elle devient diplômée en Biologie. Après avoir poursuivi ses études en écologie et biologie à l’Université d’Arizona, elle y devient écrivain scientifique. Souffrant d’insomnie, elle se met a écrire « L’ arbre aux haricots » et commence ainsi sa carrière de romancière. Dans ses romans, elle traite avec un certain humour des thèmes pourtant sérieux de la défense de la nature, des réfugiés, du sens de l’indépendance ou de la sensualité qui s’affirme à chaque époque de la vie.

Dans « Un autre monde », elle fait vivre un jeune garçon entre Mexique et États-Unis. Elle y évoque aussi bien les manifestations de vétérans et leur répression violente sous Hoover, que les amours de Frida Kahlo et de Léon Trotsky, son assassinat en 1940 ou que le Maccarthisme qui vient à bout du jeune héros. Ce roman a reçu le Prix Orange pour la fiction en 2010.

Elle partage son temps entre sa ferme des Appalaches et l’Arizona, avec son deuxième mari, Steven Hopp, et ses deux filles.

Prochain arrêt de Alex Schulman. Albin Michel . 🟩🟩🟩🟩◼️

Prochain arrêt par Schulman

Prochain arrêt

Alex Schulman

Albin Michel

Traduction : Anne Karila

ISBN : 978-2-22648-356-0 Janvier 2024

304 pages

Roman au scénario astucieux Prochain arrêt nous entraine au tréfond des secrets de la famille.
Pour démêler les fils de ce labyrinthe familial nous nous retrouvons dans un train entre Stockholm et Malma.
Nous suivons un père divorcé et sa fille, un couple en crise et une femme hantée par une énigme. L’astuce du scénario se situe là entre les personnages, le temps et le train.
Au début du roman ,nous sommes un peu dans le brouillard et la sortie du labyrinthe paraît bien loin.
Cinq personnages et tous les chapitres du roman autour de trois noms (Harriet, Oskar et Yana ) afin de nous perdre un peu plus.
Tout cela va s’éclaircir et Alex Schulman ,avec maestria ,va reconstituer le puzzle de toutes ces vies. Que vont chercher toutes ces personnes à Malma ? Sûrement la quête d’eux même et du poids des interdits et secrets.
You Are Not Alone.

Né en 1976 à Hemmesdynge en Suède, Axel Schulman étudie le cinéma, les sciences littéraires et la philosophie à l’université de Stockholm. En 2009, Il fait ses débuts en tant qu’auteur de fiction. Son roman Glöm mig remporte le prix de livre de l’année du Salon du livre de Göteborg en 2017. En 2018, son livre Burn All My Letters est salué par la critique et fait l’objet d’un film en 2022.
Les livres d’Alex Schulman se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires en Suède. Il est également connu pour diriger l’un des podcasts les plus populaires du pays, Alex & Sigge’s podcast. En 2022, sa carrière de dramaturge voit le jour avec le monologue Tröstrapporter (Avis de consolation) qu’il met en scène avec Gustav Skarsgård.