Archives pour la catégorie Roman policier

Okavango de Caryl Férey. Gallimard série Noire. 💛💛💛💛

Depuis longtemps j’ai entendu parler des polars de Caryl Férey. Des polars du bout du monde : Zulu, Mapuche Haka.  Jusqu’alors je n’avais pas succombé. Les ambiances violentes, ultra-noires et glauques me laisser à l’écart.

Et puis il y eut Okavango.

Rien que le nom est un appel au voyage et au mystère. Okavango, le fleuve dont le delta se perd au milieu des terres d’Afrique australe. Okavango, le paradis du Big Five. Okavango, la nature sauvage.

Qu’allait en faire Caryl Férey ?

Okavango est bien plus qu’un polar ou un thriller noir et violent. Caryl Férey a réussi à mettre dans le même creuset le monde politico-historique, les guerres civiles, l’héritage de la colonisation, les ethnies des différents pays, le braconnage international, des histoires d’amours et des animaux partout !

Tout est juste tout au long de ce roman engagé d’une violence très réaliste.

Tout commence par le meurtre d’un jeune Khoi ou San au sein d’une réserve ultra sécurisée. La réserve, Wild Bunch appartient à John Latham, Sud-Africain blanc pour lequel on ne donnerait pas le Bon Dieu sans confession. Afin de retrouver l’assassin une ranger est envoyée. Elle s’appelle Solanah Betwase. Elle est Botswanaise. Elle représente la KaZa, grande réserve animalière comprenant 36 réserves dispersées sur 5 Pays : Namibie, Botswana, Angola, Zambie et Zimbabwe.

La mort de ce jeune Khoi ou San n’est que la partie émergée de l’iceberg. D’autres meurtres d’humains, d’animaux voir des empoisonnements rituels mettent Solanah Betwase sur la piste d’un vaste traffic de braconnage entre l’Afrique et l’Asie. Les lions, les éléphants, les rhinocéros sont violemment tués afin de récupérer cornes, défenses et ongles.

Au-delà de la qualité du roman, ce qui émeut c’est la place donnée au monde animal. Qu’il s’agisse de lions, de gazelles, d’hippo, de rhino, d’éléphants, de guépard, de hyènes, d’oiseaux, ils sont les personnages centraux du livre et participent activement à ce thriller. Et l’on n’est pas surpris de lire qu’un lion a été assassiné et que l’homme devient une proie !

Les animaux ne sont plus des victimes expiatoires.

La liberté et la préservation des animaux et de la nature concourt à notre propre liberté. Dans son roman, Caryl Férey écrit un vibrant plaidoyer pour la défense des animaux. En note d’auteur Caryl Ferey nous rappelle qu’il voulait être tueur de braconnier quand il était petit. Okavango est une belle arme, violemment pacifique.

Il nous dit aussi que voir les animaux dans leur maison est bouleversant, ou alors on est un caillou.

Il y a encore des cailloux sur le chemin, mais il me semble que nous sommes tous les jours un peu plus nombreux à la faire valser loin du chemin.

 Seth, Priti et Solanah nous précèdent.


Né à Caen1, Caryl Férey grandit en Bretagne après l’installation de sa famille à Montfort-sur-Meu, près de Rennes, en 1974. Sa mère tenait une petite parfumerie, son père était VRP pour une multinationale fabriquant des emballages. Sa grand-mère institutrice lui a transmis le goût de la lecture1. Son prénom lui a été donné en référence au condamné à mort américain Caryl Chessman, exécuté en 19602.

Après avoir été expulsé d’établissements scolaires, il achève sa scolarité par correspondance et obtient son baccalauréat1,3.

À la fin des années 1980, il est admiratif du style de Philippe Djian, dont il a lu le roman Bleu comme l’enfer. Exempté du service militaire à Rennes, il part avec un ami en Nouvelle-Zélande4.

Grand voyageur, il parcourt l’Europe à moto, et fait un tour du monde à vingt ans5.

Les principaux romans de Caryl Férey se situent dans des pays marqués par un passé récent douloureux – colonisation, apartheid, dictature – qui sert de toile de fond à ses histoires : la Nouvelle-Zélande pour Haka et Utu, l’Afrique du Sud pour Zulu, l’Argentine pour Mapuche, le Chili pour Condor et la Colombie pour Paz.

Ses livres sont des romans noirs où la critique sociale et le chaos sont omniprésents. « Je me sens toujours du côté des opprimés », déclare-t-il en 20173.

Caryl Férey travaille près de quatre ans sur chaque roman1. Il procède par étapes : un premier voyage pour découvrir le pays, prendre des repères ; ensuite commence un long travail de documentation, d’études, avant de passer à l’écriture de l’histoire ; un nouveau voyage sur place privilégiera les rencontres et permettra d’affiner, d’ancrer dans le réel ; et au retour c’est l’écriture elle-même qui est travaillée encore un an5. Lorsqu’il écrit, c’est environ 7 ou 8 heures par jour4.

Croix de Cendre d’Antoine Sénanque. Grasset. 💛💛💛💛💛

Parlons d’abord de l’auteur avant de parler du roman .
Quelle maestria d’Antoine Sénanque pour nous conter Croix de cendre.
La bibliographie à la fin du roman est courte : 4 livres. Comme on dit ce n’est pas la quantité qui fait la qualité.
Et là la qualité est présente à chaque page . Un travail documentaire, historique, religieux, spirituel de haute volée.
Car Antoine Sénanque n’a pas choisi une période simple pour son roman : le Moyen âge religieux. On aurait vite fait de se perdre aux confins des années 1350.
La peste a envahi l’Europe. Depuis peu des ordres religieux viennent de naître. Les Dominicains et les Franciscains courent les routes et les chemins entre prédication et pauvreté. La papauté est installée en Avignon avec Jean XXII. L’empereur Frédéric Barberousse règne sur l’Allemagne , la Thuringe et le Nord de l’Europe. le pouvoir papal et le pouvoir politique se disputent Dieu. L’Inquisition s’installe. Elle s’attaque aux Albigeois, aux Cathares, aux Templiers mais aussi aux béguinages ou encore aux Dominicains qui s’écartent de la ligne tel Maitre Eckhart qui professe le Libre Esprit. L’hérésie gagne le monde
Epoque semble-t-il confuse où les pouvoirs terrestres et célestes sont prêts à toutes les turpitudes.
Et de ce maelstrom , Antoine Sénanque en fait un polar médiéval. Bluffant.
En voici la trame.
Près de Toulouse dans le monastère de Verfeil, Antonin fils de médecin est dominicain. Il connait les plantes qui soignent. Il a comme ami, Robert, fils de valet de ferme et moine peu cultivé.
Le prieur du monastère, Guillaume, leur demande de se rendre à Toulouse afin de récupérer un vélin afin de fabriquer un parchemin. Parchemin d’importance car Guillaume souhaite y écrire une confession.
A leur retour , Antonin écoutera les confessions de Guillaume et les couchera sur le parchemin.
Alors plus jeune Guillaume a connu et accompagné Maitre Eckhart sur les routes de l’Europe. Celui-ci écrivant et professant des sermons provocants et dangereux. Il accompagna Eckhart à la Sorbonne, à Strasbourg mais aussi par dessus les mers jusqu’en Crimée.
Les révélations que pourraient faire Guillaume inquiète l’Inquisiteur général Louis de Charnes.
La suite est le plaisir de la lecture et de l’écriture. de religieux et politique, le roman devient polar. Il se savoure avec délectation.
Si en plus vous mettez dans vos oreilles quelques chants grégoriens , ou chorale de moines , le poème du Long Désir de Mathilde, béguine de Ruhl, en exergue du livre vous transportera.
Magnifique coup de cœur de cette rentrée littéraire.


Antoine Sénanque est né en 1959, à Neuilly sur Seine. De sa carrière d’interne chef de clinique, il tire un premier roman coup de poing, « Blouse », brûlot acéré contre la médecine qui lui vaudra la reconnaissance du public autant que les foudres de ses pairs.

En 2007, il reçoit le prix Jean Bernard pour son second ouvrage, « La Grande Garde ». Neurologue expérimenté, il parvient à rendre palpable la tension d’un service de chirurgie et dépeint les rapports de pouvoirs au sein du monde hospitalier. L’écriture de Sénanque est chirurgicale, précise, brutale et sans concession, pleine d’humeur et d’humour, toujours.

En 2006-2007, Antoine Sénanque change de cap pour passer sur le tard une licence d’histoire à la Sorbonne, expérience qui lui inspirera « L’ami de Jeunesse », sorti en 2008 et pour lequel il reçoit le prix Découverte Figaro. D’Histoire, il est aussi question avec « L’Homme mouillé », récit singulier où s’entremêlent mythologies anciennes et esprit scientifique, suivant les aventures de son anti-héros, Pal Vadas. Une percée dans les aspirations spirituelles d’Antoine Sénanque qui se poursuit avec son nouveau roman paru en mai 2012, « Salut Marie ». L’auteur y fait jaillir de sa plume truculente le questionnement insolent et subtil d’un personnage ordinaire et morose confronté à l’apparition de la Vierge Marie.


Un Destin sauvage, si sauvage d’Inga Vesper. Editions de La Martinière 💛💛💛

Inga Vesper reste fidèle aux Etats Unis pour son deuxième roman Un destin sauvage, si sauvage.
Dans son roman précédent Un long, si long après midi elle avait pris l’Américan way of life des années 60 pour défendre la cause féminine au travers d’un roman policier très juste.
Elle récidive avec ce nouvel opus.
Elle a choisi deux époques différentes : les années 30 et les années 1970 et un lieu unique : le Nouveau Mexique.
Son roman tournera autour de trois personnages féminins.
D’abord Cornelia. Dans les années 30, elle tient un hôtel dans un endroit désertique du Nouveau Mexique. Peu de clients. Mais l’un d’entre eux parle de grotte , d’or . Reste une carte et la disparition de Cornélia
Ensuite dans les année 1970 , une communauté hippie vient s’installer à Bodville pas loin de l’hôtel vétuste que tenait Cornélia. C’est sa fille Géraldine qui a repris ce commerce claudiquant. Géraldine à une fille , Lauren ou Glitter qui fait partie de la communauté hippie.
Enfin Joanna , ancienne flic, qui vient d’échapper à son mari violent, et qui se retrouve par hasard à Bodville.
La communauté hippie à peine installée, Mike l’un de ces membres et compagnon (?) de Glitter est retrouvé mort. Accident ou meurtre ?
En s’appuyant sur ces trois personnages féminins qui formeront les en têtes de ses 39 chapitres, Inga Vesper va nous entrainer dans les mystères des différentes générations et de la société américaine.
Le côté policier est le prétexte à une plongée dans les affres de la condition féminine , mais aussi dans la face obscure du mouvement hippie. Sous couvert de Peace and Love et de drogue , la femme était globalement niée sous couvert d’amour libre.
Et puis il y aussi les populations natives . Nous sommes au Nouveau Mexique , territoire des nations indiennes.
On peut toujours avoir à redire sur le réalisme de l’enquête policière, mais ce n’est pas le propos central du roman.
Inga Vesper retrace avec force le destin de trois femmes qui croient en leur liberté alors que la rigidité de la société leur refuse .
Et dire que ces échos des années 70 sont encore bien prégnants dans notre société actuelle !


Inga Vesper est journaliste et écrivaine, auteure de roman policier.

Elle a déménagé d’Allemagne au Royaume-Uni pour travailler comme aide-soignante, avant que l’envie d’écrire et d’explorer ne l’amène au journalisme scientifique. Elle est titulaire d’une maîtrise en gestion du changement climatique du Birkbeck College à Londres.

Inga a travaillé et vécu en Syrie et en Tanzanie, mais est toujours revenue à Londres, car il n’y a pas de meilleur endroit pour trouver une bonne histoire que le pont supérieur d’un bus.

Mai 1967 de Thomas Cantaloube. Gallimard . 💛💛💛💛

Mai 1967 est le troisième volet de la trilogie de Thomas Cantaloube sur les affres et le côté obscur de la 5ème République. Après les soubresauts de la Guerre d’Algérie dans Requiem pour la République puis l’installation de la FrancAfrique au Cameroun, Thomas Cantaloube nous remémore un événement méconnu : le soulèvement de la Guadeloupe en Mai 1967.
Nous retrouvons trois des personnages principaux des deux romans précédents .
Luc Blanchard, ancien policier devenu journaliste à France Antilles.
Antoine Carrega, ancien résistant corse en accointances avec le milieu marseillais.
Sirius Volkstrom, ancien collaborateur et réalisateur des basses œuvres de la Préfecture de Poilce.
Ces trois personnages vont se croiser et se décroiser en Guadeloupe.. Luc Blanchard vit maintenant en Guadeloupe avec sa femme guadeloupéenne et sa fille. Antoine Carrega ou Lucchesi fait du convoyage entre Marseille et les Antilles. Sirius Volkstrom lui travaille en sous main pour la CIA dans les Antilles.
En Mai 1967 à Point à Pitre le GONG, mouvement de libération guadeloupéen essaye de soulever la population au travers de manifestations. L’une d’elle va dégénérer et provoquer la mort de huit personnes. Lucille la femme de Luc Blanchard se trouve dans cette manifestation comme personnel médical .
Suite à cette manifestation, la police arrête un certains nombre de guadeloupéens dont Lucille. Ils sont transférés en Métropole pour être jugés dans le cadre de cette insurrection.
Thomas Cantaloube, comme à son habitude va entremêler le réel et la fiction pour nous entraîner sur les chemins noirs de la République et du pouvoir gaulliste.
C’est toujours aussi prenant et réaliste.


Né en banlieue parisienne, Thomas Cantaloube y passe son enfance, avec un intermède de deux ans aux États-Unis, à Cincinnati (Ohio) à l’âge de sept-huit ans. Après son baccalauréat, il s’installe à Paris pour ses études.

En janvier 2019, il publie son premier roman, Requiem pour une République, une plongée dans les débuts de la Ve République sur fond de guerre d’Algérie entre 1959 et 1961. L’ouvrage est salué par Le Monde2Les Échos3Télérama4Le Figaro5L’ObsLibération6Le ParisienEl Watan7, de nombreux blogs consacrés au polar8,9,10,11 et obtient six prix littéraires.

En mars 2020, il quitte Mediapart pour se consacrer à l’écriture de fiction, romans et scénarios.

Entre 2019 et 2023, il publie les trois tomes d’une trilogie consacrée aux débuts de la Ve République, confrontant ses trois personnages de fiction (Luc Blanchard, Antoine Carrega-Lucchesi, Sirius Volkstrom) à des événements réels et aux conséquences de la décolonisation française.

Les nuits de la peur bleue d’Eric Fouassier. Albin Michel. 💛💛💛💛

Les nuits de la peur bleue est le troisième tome du Bureau des affaires occultes d’Eric Fouassier, roman policier et historique.
Il n’y a aucune difficulté à commencer par ce troisième tome. Celui-ci a sa propre histoire qui ne demande pas de connaitre le fond des deux autres tomes. Et quand il y en a besoin Eric Fouassier nous donnent des informations simples qui permettent la fluidité du récit.
Nous sommes à Paris en 1832. La monarchie de Juillet est installée depuis le 9 Juillet 1830. Louis Philippe 1er est intronisé roi des Français et Casimir Périer est à la tête du ministère..
François Vidocq est chef de la sûreté. Dans celle -ci se décline le bureau des affaires occultes. A la tête de ce bureau l’inspecteur Valentin Verne secondé par Aglaé Marceau et deux personnages étranges , Tafik ancien mamelouk et L’Entourloupe ancien escroc repenti.
Au printemps 1832 sévit une épidémie de choléra, la peur bleue. Au milieu des morts que répand l’épidémie une série de meurtres dans le quartier Saint Merri. Les victimes sont poignardées avant d’être amputées d’un organe.
Ce roman policier est une uchronie s’insérant parfaitement dans la réalité historique.
Et comment ne pas voir des ponts avec l’épidémie de Covid ?
Infection ou contagion ? doit -on confiner ? Que dit la science. ?
Sous couvert d’une énigme policière Eric Fouassier traite d’un sujet passionnant : une épidémie face à la science , la politique et l’avidité humaine.
Valentin Verne est un digne émule du Nicolas le Floch de Jean François Parot.
Un excellent moment de lecture et de détente qui donne envie de lire les deux premiers tomes afin de connaître les les affres qu’a vécu Valentin Verne avec le Vicaire.

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Éric Fouassier, né le 6 octobre 19631, est un romancier et nouvelliste français, auteur de plusieurs romans policiers historiques, dont Le Bureau des affaires occultes récompensé notamment par le prix Maison de la Presse 20212. Il a également publié un roman psychologique sous le pseudonyme d’Yves Magne. Docteur en droit et en pharmacie, Éric Fouassier est professeur d’université et membre de l’Académie nationale de pharmacie. Il a également siégé pendant près de vingt ans au sein du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens3.

Bois aux Renards d’Antoine Chainas. Gallimard La noire . 💛💛💛

Bois aux Renards est un lieu de contes de mythes et de légendes comme l’indique en première page Antoine Chainas. C’est un lieu dans lequel on entre mais dont on est pas sûr de sortir.
Dans Bois aux Renards vit une communauté avec à sa tête Admete et Hermione. Communauté, secte, survivalisme. Peut être, ou pas. Mais sûrement hors du temps. Dans ce même Bois aux Renards il existe une grande bâtisse dans laquelle vit une femme entourée de cages vides.
Bois aux Renards va aussi faire entrer en son sein un couple de tueurs en série : Bernadette et Yves. Ceux ci dans leur combi Volkswagen entraînent des jeunes filles vers la mort. Malheureusement pour eux, une jeune témoin, Anna, assiste à l’un des meurtres.
Pour fuir Anna va se réfugier dans Bois aux Renards.
Pour retrouver Anna, Bernadette, Yves et le combi Volkswagen vont s’enfoncer dans Bois aux Renards.
Entre contes, légendes et réalités Antoine Chainas nous livre un roman ardu, plus noir que noir aux accents mythologiques. Il faut s’accrocher aux branches de Bois aux Renards ! Mais encore pas trop, l’endroit n’est pas des plus accueillants !
Il faut aussi s’accrocher à un vocabulaire quelque peu élitiste décrivant avec précision détails anatomiques et ésotérisme.
Je n’ai donc pas été convaincu par Bois aux Renards et je ne vous souhaite pas d’y entrer par inadvertance.
Si par hasard vous y entrez, vous comprendrez le lien avec le renard. Un indice : SorCS 1.

Antoine Chainas, né en 1971, est un écrivain français de romans policiers. Il s’est imposé, à partir de 20071, comme l’un des auteurs phares de la collection « Série noire » dirigée par Aurélien Masson chez Gallimard. Il traduit aussi des romans policiers anglo-saxons2.

Le Grand Monde de Pierre Lemaitre. Calmann Levy. 💛💛💛💛

C’est toujours avec un plaisir certain que l’on ouvre un livre de Pierre Lemaitre et Le Grand Monde ne déroge pas à cette règle. Après la trilogie Les enfants du désastre qui a couvert la France de 1914 à l’Exode de1940 , nous nous trouvons devant une nouvelle trilogie commençant en 1948 à Beyrouth, au cœur de la famille Pelletier.
Tout commence par un pèlerinage annuel fêtant l’entreprise de savonnerie Pelletier dont Louis et Angèle sont les propriétaires. Ce pèlerinage est sacré et les quatre enfants se doivent d’être présent , quitte à ce que jean le patriarche paye le voyage à certains de ses enfants vivant en France.
Ces enfants sont au nombre de 4 : Jean dit Bouboule, François, Etienne et Hélène.
Jean est marié à Geneviève.
Comme à son habitude Pierre Lemaitre a le chic pour nous faire entrer de plein pied dans une famille et de nous faire découvrir peu à peu les failles de chacune et chacun.
Je resterai volontairement évasif sur les événements du livre car c’est un plaisir de s’immerger par soi même dans les affres et espoirs de la famille Pelletier.
La quatrième de couverture est restée elle même évasive et énigmatique .
Néanmoins quelques jalons pour vous mettre l’eau à la bouche.:
Avec Pierre Lemaitre il y a toujours quelques meurtres , du popu et de la bourgeoisie, et puis un scandale.
Dans la trilogie Les enfants du désastre, le scandale portait sur la construction des Monuments aux morts après la Première guerre mondiale.
Dans Le grand Monde il s’agit du Scandale des Piastres en Indochine entre 1948 et 1954.
Avec Pierre Lemaitre il y a toujours de l’amour mais aussi beaucoup de coups fourrés.
Avec Pierre Lemaitre la lecture est toujours addictive et jubilatoire.
Jubilatoire quand au détour d’une page le lien prend forme avec Les enfants du désastre mais Chut ! A vous de découvrir.

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Pierre Lemaitre passe sa jeunesse entre Aubervilliers et Drancy auprès de parents employés1, qu’il situe politiquement « à gauche »2,3.

Psychologue de formation et autodidacte en littérature4, il effectue une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, leur enseignant la communication, la culture générale ou animant des cycles d’enseignement de la littérature à destination de bibliothécaires.

Il se consacre ensuite à l’écriture en tant que romancier et scénariste, vivant de sa plume à partir de 20061. Il assure chaque mois la rubrique Classiques et Cie dans Le Magazine littéraire jusqu’au changement de nom de ce magazine. De 2011 à 2013, il est administrateur de la Société des gens de lettres5.

Les chiens de Pasvik d’Olivier Truc. Métailié Noir. 💛💛

Les chiens de Pasvik est la quatrième enquête de la police des rennes. Depuis 2012 Olivier Truc nous emmène dans le Grand Nord auprès de la police des rennes.
Dans cette aventure nous retrouvons Klemet à Kirkenes au nord de la Norvège aux confins des frontières norvégiennes, finlandaises et russes.
Des frontières , mais à quoi peuvent elles servir pour des rennes dont le territoire est sans frontières.
Des rennes de Piera traversent la frontière est se retrouvent en Russie.
C’est l’incident qui met en branle les gardes frontières , le FSB, la police des rennes et les chiens de Pasvik.
Ce branle bas de combat mettra à jour les trafics mafieux, les douaniers véreux ou encore les éleveurs nostalgiques de leurs traditions sami.
Là se trouve la limite de ce polar nordique : beaucoup de personnages, beaucoup de problèmes superposés.
L’intrication de ces bouts de territoires dépeint sur le roman.
Dans ce blanc nordique , on n’a du mal à savoir si l’on est en Norvège en Finlande ou en Russie.
Pareil pour l’intrigue qui s’étale tel le manteau neigeux. Beaucoup de langueur comme si Olivier Truc avait du mal a faire exister ces personnages.
Il faut attendre au moins 200 pages pour être happé par l’ histoire et puis cela retombe.
Foutu Grand Nord, pas de jour pas de nuit, lumières blanches et brumes.
Idem pour Les Chiens de Pasvik.

Olivier Truc est journaliste depuis 1986, il vit à Stockholm depuis 1994. Où il a été le correspondant du Monde et du Point, après avoir travaillé à Libération.
Spécialiste des pays baltes, il est aussi documentariste pour la radio et la télévision. Il est l’auteur de la biographie d’un rescapé français du goulag, L’Imposteur (Calmann-Levy).
Le 13 septembre 2012 est paru « Le dernier Lapon » aux éditions Métailié. Dans une atmosphère à la « Fargo », au milieu d’un paysage incroyable, des personnages attachants et forts nous plongent aux limites de l’hypermodernité et de la tradition d’un peuple luttant pour sa survie culturelle. Un thriller magnifique et prenant, écrit par un auteur au style direct et vigoureux, qui connaît bien la région dont il parle.

Un long, si long après midi d’Inga Vesper. Editions de La Martinière. 💛💛💛

Un long, si long après midi a tout du polar classique des années 60 aux États Unis. Tout est raccord jusqu’à la couverture du livre représentant l’American Way of Life au travers de la cuisine d’un pavillon américain d’une banlieue résidentielle de Santa Monica.
L ‘American Way of Life s’étale sans vergogne dans ce pavillon. Une famille riche, blanche, des enfants, une femme au foyer, une belle pelouse, de magnifiques géraniums, des haies taillées au cordeau, et une bonne noire comme femme de ménage.
Tout est en bonne ordre dans la famille de Joyce , Franck et des enfants Barbara et Lily.
Et immanquablement ce vernis va se craqueler. Joyce va disparaître et ce qui paraissait une vie rangée va voler en éclat.
Car l’ American Way of Life des années 1950/ 1960 se traîne quelques boulets , comme la condition des femmes, la condition des Noirs.
C’est la grande réussite du roman d’Inga Vesper. Sous couvert d’enquête policière, Inga Vesper ausculte la société américaine et ses inégalités.
La lutte pour les droits civiques n’en est qu’à ses premiers balbutiements mais déjà on voit poindre les combats pour l’égalité des femmes et des Noirs.
Le combat de Joyce et de Ruby pour être libres est au coeur de se roman policier fait d’apparence et de faux semblants.
Bien sûr qu’il y aura un coupable et la construction policière est parfaite. Mais est ce le plus important dans ce roman ?
Ce roman est révélateur de l’Amérique des années 60 et de ses turpitudes mais aussi des besoins de libertés,d’élévation de ceux qui sont englués dans l’American Way of Life.
Premier roman d’une belle justesse.

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Inga Vesper est journaliste et écrivaine, auteure de roman policier.

Elle a déménagé d’Allemagne au Royaume-Uni pour travailler comme aide-soignante, avant que l’envie d’écrire et d’explorer ne l’amène au journalisme scientifique. Elle est titulaire d’une maîtrise en gestion du changement climatique du Birkbeck College à Londres.

Inga a travaillé et vécu en Syrie et en Tanzanie, mais est toujours revenue à Londres, car il n’y a pas de meilleur endroit pour trouver une bonne histoire que le pont supérieur d’un bus.

« Un long, si long après-midi » (« The Long, Long Afternoon », 2021) est son premier roman.

L’assassin de la Rue Voltaire de Henri Loevenbruck. Editions XO. 💛💛💛💛

L'assassin de la rue Voltaire par Loevenbruck

L’assassin de la rue Voltaire est la troisième aventure et enquête de Gabriel Joly ayant pour cadre la Révolution Française.
Après le loup des Cordeliersle Mystère de la main rouge, voici venu le temps de l’assassin de la rue Voltaire. Bien qu’il existe une continuité entre chaque enquête, celles ci peuvent être lues indépendamment.
Nous sommes donc aux prémices de la Révolution Française.
La première enquête le loup des Cordeliers s’est déroulé autour du 14 Juillet de la prise de la Bastille
La deuxième enquête, le Mystère de la main rouge a couru de Paris en Corse sur la fin du mois de Juillet 1789.
La troisième enquête , l’assassin de la rue Voltaire se situe à Paris , en Août. Pendant la nuit du 4 Août les privilèges ont été abolis et dorénavant , l’assemblée travaille sur la Constitution des Droits de l’homme.
Gabriel Joly , notre héros , est monté à Paris en Mai 1789, espérant devenir un grand journaliste. Employé par son oncle au Journal de Paris , il s’y ennuie et s’intéresse plus aux faits divers. Cet intérêt le mettra sur la trace du Loup des Cordeliers et lui conférera l’amitié de Camille Desmoulins et Danton.


De retour à Paris après avoir résolu les énigmes du Loup des Cordeliers et de la main rouge , Gabriel Joly est au prise avec une nouvelle énigme.
Des meurtres ont lieu dans l’enceinte de la Comédie française , haut lieu de la culture et de la royauté. Gabriel Joly parviendra-t-il à résoudre cette enquête dans les temps impartis , la cour royale ne souhaitant pas que piteux spectacle s’éternise.
Comme à son habitude , Henri Loevenbruck s’appuie sur une documentation historique importante pour intégrer son récit dans la réalité de l’Histoire.
Le découpage en cours chapitres, fait que l’intérêt et la tension ne baissent pas ; bien au contraire.
Dans cette enquête, l’avancée de la Révolution est moins présente mais reste toujours présente en arrière plan.
Tout le premier plan est à l’honneur de la Comédie Française; qu’il s’agisse de ses comédiens ,de son architecture ou de ses loges, balcons, caves et théâtre.
Laissez vous emporter dans les sous pentes du théâtre. Laissez vous surprendre par les costumes, perruques et parfums. Un assassin rôde autour de vous !
L’assassin de la rue Voltaire mérite bien quelques de lecture.
Henri Loevenbruck enquête après enquête conserve le souffle des aventures à la Dumas.
En attendant l’enquête suivante….

Henri Loevenbruck - Babelio
Henri Lœvenbruck, né le 21 mars 1972 à Paris, est un écrivainchanteur et compositeur français.
Auteur de thrillers, de romans d’aventure et de fantasy, il est traduit dans plus de quinze langues. Auteur-compositeur-interprète, il écrit des chansons pour lui-même et pour d’autres artistes français.

Après une jeunesse partagée entre le 11e arrondissement de Paris et l’Angleterre, Henri Lœvenbruck fait une khâgne au lycée Chaptal à Paris, une maîtrise d’anglais à la Sorbonne, puis se lance dans le journalisme1 et la musique. Il publie son premier roman en 1998 aux éditions Baleine, sous le pseudonyme de Philippe Machine. Sa trilogie de La Moïra (publiée entre 2001 et 2003) se vend à 300 000 exemplaires toutes éditions confondues et est traduite en douze langues2. Il se lance ensuite dans le thriller avec les éditions Flammarion où il rencontre à nouveau le succès3, notamment avec la série d’Ari Mackenzie, vilain petit canard des Renseignements généraux, dans laquelle il dénonce notamment les dérives de grandes ONG en Afrique4.

Dans les années 1990, Henri Lœvenbruck chantait et jouait de l’orgue Hammond dans divers groupes de rock parisiens. Début 2008, après avoir écrit des chansons pour d’autres artistes (comme Kelks), il décide de remonter sur scène pour présenter une douzaine de chansons « à texte ». En 2009, il participe, en tant que traducteur5 et choriste, à l’album Molly Malone – Balade irlandaise6 de son ami Renaud7. En 2009, il a enregistré un mini LP8, en collaboration avec Vincent-Marie Bouvot. De 2013 à 2015, il rejoint le groupe de rock Freelers9, qui fait de nombreux concerts dans des festivals en France, et au sein duquel il joue du clavier et de l’orgue Hammond.

Il est membre du collectif d’artisteLa Ligue de l’Imaginaire.

En juillet 2011, il a été nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres10.