Archives pour la catégorie Roman noir

Grindadrap de Caryl Férey. Série noire Gallimard. 🟩🟩🟩◼️◼️

Grindadrap

Caryl Férey

Série noire Gallimard

ISBN : 978-2-07303-732-9 Avril 2025

382 pages

Grindadráp  : chasse traditionnelle aux cétacés dans les régions arctiques. le but de cette chasse est de rabattre des groupes importants de baleines, de dauphins, d’orques, d’épaulards vers une plage où les habitants des îles Féroé les mettent à mort à coups de haches et de couteaux.

Cet ensemble d‘habitants est mené par un chef, et celui-ci est retrouvé mort au milieu des cétacés.

À partir de cet événement et d’un certain nombre d’autres, Caryl Férey va orchestrer un huis clos assez suffocant. Des éléments naturels déchaînés, un bateau-usine norvégien, des membres activistes de Sea Shepherd participent à cette suffocation.

Depuis OkavangoCaryl Férey décline une veine écologique qui se retrouve dans Grindadràp. le côté polar est moins important que le message politique qui est développé. Cette veine nouvelle peut déstabiliser les fans de Caryl Ferey.

Ce message politique porte sur le massacre des cétacés, les pêcheries industrielles, la pollution et la toxicité des viandes de cétacés. Autour de ce message fourmille un nombre de personnages importants, représentant les forces vives des îles Féroé.

Un personnage sort du lot. Il s’agit de Gab, jeune homme trentenaire, ancien soigneur du Marineland d’Antibes. Il est maintenant activiste au sein de l’organisation Sea Shepherd. Au long du roman, nous découvrons Gab, son passé, son goût pour l’apnée et son amour des orques. Cela dérive vers l’animisme, le chamanisme et les animaux totem. On comprend mieux alors la note de l’auteur en fin de roman qui rend hommage à Jean Malaurie et Pierre Robert de LatourPierre Robert de Latour a écrit Frères des orques et Jean Malauriede la pierre à l’âme.

Né à Caen, Caryl Férey grandit en Bretagne après l’installation de sa famille à Montfort-sur-Meu, près de Rennes, en 1974. Sa mère tenait une petite parfumerie, son père était VRP pour une multinationale fabriquant des emballages. Sa grand-mère institutrice lui a transmis le goût de la lecture[1]. Son prénom lui a été donné en référence au condamné à mort américain Caryl Chessman, exécuté en 1960]

Après avoir été expulsé d’établissements scolaires, il achève sa scolarité par correspondance et obtient son baccalauréat.

À la fin des années 1980, il est admiratif du style de Philippe Djian, dont il a lu le roman Bleu comme l’enfer. Exempté du service militaire à Rennes, il part avec un ami en Nouvelle-Zélande.

Grand voyageur, il parcourt l’Europe à moto, et fait un tour du monde à vingt ans.

Les principaux romans de Caryl Férey se situent dans des pays marqués par un passé récent douloureux – colonisation, apartheid, dictature – qui sert de toile de fond à ses histoires : la Nouvelle-Zélande pour Haka et Utu, l’Afrique du Sud pour Zulu, l’Argentine pour Mapuche, le Chili pour Condor et la Colombie pour Paz.

Ses livres sont des romans noirs où la critique sociale et le chaos sont omniprésents. « Je me sens toujours du côté des opprimés », déclare-t-il en 2017.

Caryl Férey travaille près de quatre ans sur chaque roman[. Il procède par étapes : un premier voyage pour découvrir le pays, prendre des repères ; ensuite commence un long travail de documentation, d’études, avant de passer à l’écriture de l’histoire ; un nouveau voyage sur place privilégiera les rencontres et permettra d’affiner, d’ancrer dans le réel ; et au retour c’est l’écriture elle-même qui est travaillée encore un an. Lorsqu’il écrit, c’est environ 7 ou 8 heures par jour.

Les Saules de Mathilde Beaussault. Seuil Cadre Noir. 🟩🟩🟩🟩◼️

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Les Saules

Mathilde Beaussault

Seuil- Cadre Noir

ISBN : 978-2-02-157698-6 Janvier 2025

272 pages

Le premier roman de Mathilde Beaussault est une belle réussite.

Roman noir maîtrisé, dans un style parlé, qui nous entraîne dans les confins d’un hameau breton, entre Haute Motte et Basse Motte. À la Haute Motte, il y a un pharmacien. Celui-ci a une femme et une fille, Marie, 17 ans et déjà cataloguée  : «  Marie, couche-toi là  !  »

Le corps de Marie va être retrouvé. Elle a été étranglée. Ce corps a été découvert par Marguerite, enfant soi-disant simple d’esprit. Elle est la fille d’un couple d’agriculteurs qui vivent à la Basse Motte pas loin des saules et de la coulée verte où a été découvert le corps de Marie.

Un thriller classique avec un mobile, un coupable et des haines ressassées entre classes sociales. Mais Les Saules n’est pas qu’un thriller classique. Mathilde Beaussault installe une ambiance, une atmosphère prenante. Cette ambiance prime sur l’intrigue, bien que celle-ci soit bien ficelée. de même, la façon de décrire les interrogatoires est originale. Nous n’avons que les réponses des protagonistes dans un style familier, près de la réalité. Les questions des enquêteurs nous sont suggérées par les réponses des personnes interrogées. Cela donne des ressentis remarquables.

Les Saules est un roman noir rural et naturel où les personnages sont ciselés en quelques phrases et descriptions et où l’âpreté de chacun prend sa place et envoûte. Mathilde Beaussault nous entraîne dans cet univers et cette ambiance. Mieux nous nous fondons dans ce hameau breton et, comme Marguerite, nous épiions et essayons de comprendre.

Un premier roman d’une grande intensité. Mathilde Beaussault marche sur les traces de Franck Bouysse ou de Sandrine Collette. Excusez du peu.


Née en Bretagne mais angevine d’adoption depuis maintenant treize ans, Mathilde Beaussault enseigne le français dans un collège ligérien et vient de publier son premier roman.

Biberonnée à la littérature, Mathilde Beaussault lit chaque jour et ses choix sont très éclectiques (de Roland Barthes à Benjamin Whitmer en passant par Marguerite Duras ou Olivier Norek), mais elle est surtout  dingue des romans et nouvelles de Ron Rash . Ses origines paysannes lui ont inspiré ce roman noir rural qu’elle a situé dans un petit village au fin fond de la Bretagne dans les années quatre-vingt.

En attendant le déluge de Dolores Redondo. Gallimard. 🟩🟩🟩◼️◼️

En attendant le déluge

Dolorès Redondo

Gallimard. Série Noire.

Traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon

ISBN : 978-2-07301-8-694 Août 2024

550 pages.

Pour son roman thriller En attendant le délugeDolores Redondo s’appuie sur deux faits réels . D’abord en 1969, en Écosse, sévit un tueur en série appelé Bible John. Il a tué trois jeunes femmes et s’est évaporé dans la nature. A ce jour son identité n’est pas connu. Est il vivant, est il mort ? Personne ne sait.
Autre fait réel : les inondations centenales de Bilbao en août 1983 qui vont faire plus de 40 morts.
Ces deux événements vont servir de pont pour le roman de Dolores Redondo.
Et si Bible John avait quitté l’Écosse et s’était réfugié au Pays Basque.
Partant de ce postulat, l’autrice invente le personnage de Noah, policier écossais qui retrouve la trace de Bible John à Bilbao.
C’est du thriller pur jus avec ses codes bien précis : des meurtres plus glauques les uns que les autres, les failles secrètes des personnages, un environnement tragique et la pluie jusqu’à plus soif.
Tout cela se lit sans déplaisir mais au bout de 550 pages, tout est bien humide, spongieux et couleur sang.

Dolores Redondo, née le 1969 à Saint-Sébastien, dans la province de Guipuscoa, au Pays basque, est une romancière espagnole, auteur de romans historiques et policiers.

Après des études de droit, elle travaille dans le commerce pendant plusieurs années.

En 2009, elle publie un premier roman historique nommé Los privilegios del ángel.

En 2013, elle écrit le roman policier El guardián invisible qui est le premier volume de la trilogie de la vallée du Baztan, commune où se déroule l’intrigue.

Madelaine avant l’aube de Sandrine Collette. JC LATTES. 🟩🟩🟩🟩🟩

Madelaine avant l’aube

Sandrine Collette

JC Lattès

ISBN : 978-2-7096-7453-9 Août 2024

252 pages

Goncourt des Lycéens 2024

Connaissez-vous le Pays Arrière ? Un bout de terre entre forêts, montagne et les méandres paresseux du fleuve Basilic. Dans ce bout de terre, un village, La Foye, et l’un de ces hameaux, Les Montées.

Les Montées, trois maisons. La première pour Rose l’herboriste guérisseuse et Bran, la deuxième pour Léon et Ambre, la troisième pour Eugène, Aelys et leurs trois enfants Germain, Artaud et Mayeul.

Aelys et Ambre sont jumelles et, malheureusement, elles n’ont pas choisi l’homme qu’il fallait.

Le pays Arrière n’a pas d’âge. Des indices, pourtant, On travaille la terre à la bêche, on meurt de famine, la peste arrive aux portes des villages. Et puis il y a des seigneurs et maitres. Les seigneurs Ambroisie père et fils règnent sur le Pays Arrière et Ambroise fils ne lésine pas sur les moyens.

Ambroisie, comme le nom est bien choisi ! Ambroisie, plante opportuniste envahissante dont le pollen est hautement allergisant pour l’homme. (Et surtout pour la femme !)

Les Ambroisie père et fils font plus qu’être envahissants. Tout leur appartient : les terres, les récoltes, les hommes et les femmes. L’injustice se conjugue à tous les temps de l’indicatif.

Et puis un jour surgit Madelaine, l’enfant de la faim, l’enfant de la révolte. Recueillie dans un premier temps par Rose et Bran, elle va s’intégrer dans cette nouvelle famille.

Et Madelaine n’est pas comme les autres. Elle est libre, animale, passionnée et vivante.

L’écriture de Sandrine Collette magnifie ce conte rural et paysan d’une grande actualité. le patriarcat, le consentement, la culpabilité, la place des femmes sont la trame de ce conte.

Pour cela, Sandrine Collette prend son temps. Elle installe ces personnages, décrit cette nature belle mais aussi hostile. Et la vie qui crie famine. Et la vie rude des paysans. Et la mort. Et la vie.

Et pour dire l’indicible, Sandrine Collette n’emploie que quelques mots. A-t-on bien compris ? A-t-on bien lu ? Qu’en pensez ? Et puis quelques pages plus loin, l’explication arrive. On avait bien lu et compris.

Cette lenteur des saisons et du travail paysan donne du sens aux dernières 50 pages quand la tragédie advient.

50 pages magistrales qui referment ce roman sombre, rêche et âpre.

Reste Madelaine avant l’aube. Mais il adviendra l’aube comme tous les jours. Comme tous les jours, la lumière remplace les ténèbres. Un peu d’espoir tout de même.

Sandrine Collette, née en 1970 à Paris, est une figure incontournable de la littérature française contemporaine. Elle se distingue par ses romans noirs et ses thrillers psychologiques.

Elle suit un parcours académique brillant. Après avoir obtenu un baccalauréat littéraire, elle poursuit ses études avec un master en philosophie. Passionnée par les sciences humaines, elle décide de se spécialiser en science politique et soutient une thèse en 1999 intitulée “De la loterie nationale à la française des jeux (1933-1998) : contribution à une sociologie de l’état moderne”.

Sandrine Collette fait une entrée remarquée dans le monde littéraire avec son premier roman, Des nœuds d’acier, publié en 2013. Ce thriller psychologique, qui raconte l’histoire d’un homme emprisonné et torturé par deux frères, remporte le Grand prix de littérature policière et le Prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne.

Elle enchaîne avec Un vent de cendres en 2014, un roman qui revisite le conte de La Belle et la Bête dans un cadre de vendanges en Champagne. En 2016, elle publie Il reste la poussière, qui lui vaut le Prix Landerneau du polar. Son huitième roman, Et toujours les forêts, une fiction post-apocalyptique, est récompensé par le prix de La Closerie des Lilas, le prix Amerigo Vespucci et le grand prix RTL-Lire en 2020.

Parmi ses œuvres marquantes, on trouve également On était des loups, publié en 2022, qui lui vaut le prix Jean Giono et le prix Renaudot des lycéens. Sandrine Collette continue d’explorer les recoins sombres de l’âme humaine avec une plume incisive et poétique.

Madelaine avant l’aube, publié en 2024 plonge le lecteur dans l’univers rural du Morvan, où les secrets de famille et les drames personnels se dévoilent au fil des pages. Madelaine avant l’aube est finaliste la même année au prix Goncourt et au Prix Goncourt des lycéens qu’il remporte.

Sandrine Collette est une auteure dont les récits captivants et les personnages complexes, combinés à son talent littéraire, fait d’elle une figure incontournable de la littérature contemporaine. 

Les héritiers de l’Arctique de Aslak Nore. Le Bruit du monde. 🟩🟩🟩◼️◼️

Les héritiers de L’Arctique

Aslak Nore

Traduction : Loup-Maelle Besançon

Le Bruit du Monde

ISBN : 978-5-4392- 0625- 1 Avril 2024

496 pages

Les héritiers de l’Arctique de Aslak Nore est la continuation de la saga de la famille Falck. Aslak Nore nous a fait connaitre cette famille dans son livre précédent le cimetière de la mer.
Ce deuxième livre peut tout à fait être une découverte de l’univers de l’auteur norvégien.
Il y a peu de lien entre le cimetière de la mer et les héritiers de l’Arctique, et quand nécessaire l’auteur nous facilite la compréhension et la lecture.
La famille Falck, famille norvégienne influente, est composée de deux branches, l’une à Bergen, l’autre à Oslo.
Un jour, un personnage russe est retrouvé empoisonné à Barentsburg, au Svalbard. Avant de mourir celui-ci révèle l’existence d’une taupe russe dans la famille Falck.
Toute ressemblance avec des empoisonnements d’espions russe est voulue.
A partir de cette révélation Aslak Nore va construire son roman autour de l’identité norvégienne, des secrets d’une grande famille, du réchauffement climatique qui ouvre de nouvelles perspectives commerciales sur les routes du Nord et aussi sur la faiblesse des démocraties et la montée des régimes autocratiques.
Les héritiers de l’Arctique est un agréable roman d’espionnage, ludique fait de rebondissements, d’enjeux d’héritage mais aussi d’enjeux géopolitique.
Un bon roman pour commencer l’été
Et pour peu que la chaleur s’installe, la fraicheur du Spitzberg sera la bienvenue.

Aslak Nore est un écrivain et journaliste norvégien, éditeur, auteur de non-fiction et de roman policier.

Il est le fils de l’écrivain Kjartan Fløgstad (1944). Après des études à la New Shool for Social Research de New York, il rejoint le bataillon d’élite norvégien Telemark en Bosnie, avant de travailler comme journaliste au Moyen Orient et en Afghanistan. Il vit aujourd’hui à Marseille.

Il fait ses débuts littéraires en 2007, avec le roman « Gud er norsk ». Auteur de plusieurs bestsellers et lauréat du prix Riverton pour le meilleur roman policier en Norvège en 2018, il a connu le succès en France dès sa première publication, « Le cimetière de la mer » (« Havets kirkegård », 2021), qui a obtenu le prix des Mémoires de la mer 2023. En 2023, il a publié « Les héritiers de l’Arctique » (« Ingen skal drukne »)

Okavango de Caryl Férey. Gallimard série Noire. 💛💛💛💛

Depuis longtemps j’ai entendu parler des polars de Caryl Férey. Des polars du bout du monde : Zulu, Mapuche Haka.  Jusqu’alors je n’avais pas succombé. Les ambiances violentes, ultra-noires et glauques me laisser à l’écart.

Et puis il y eut Okavango.

Rien que le nom est un appel au voyage et au mystère. Okavango, le fleuve dont le delta se perd au milieu des terres d’Afrique australe. Okavango, le paradis du Big Five. Okavango, la nature sauvage.

Qu’allait en faire Caryl Férey ?

Okavango est bien plus qu’un polar ou un thriller noir et violent. Caryl Férey a réussi à mettre dans le même creuset le monde politico-historique, les guerres civiles, l’héritage de la colonisation, les ethnies des différents pays, le braconnage international, des histoires d’amours et des animaux partout !

Tout est juste tout au long de ce roman engagé d’une violence très réaliste.

Tout commence par le meurtre d’un jeune Khoi ou San au sein d’une réserve ultra sécurisée. La réserve, Wild Bunch appartient à John Latham, Sud-Africain blanc pour lequel on ne donnerait pas le Bon Dieu sans confession. Afin de retrouver l’assassin une ranger est envoyée. Elle s’appelle Solanah Betwase. Elle est Botswanaise. Elle représente la KaZa, grande réserve animalière comprenant 36 réserves dispersées sur 5 Pays : Namibie, Botswana, Angola, Zambie et Zimbabwe.

La mort de ce jeune Khoi ou San n’est que la partie émergée de l’iceberg. D’autres meurtres d’humains, d’animaux voir des empoisonnements rituels mettent Solanah Betwase sur la piste d’un vaste traffic de braconnage entre l’Afrique et l’Asie. Les lions, les éléphants, les rhinocéros sont violemment tués afin de récupérer cornes, défenses et ongles.

Au-delà de la qualité du roman, ce qui émeut c’est la place donnée au monde animal. Qu’il s’agisse de lions, de gazelles, d’hippo, de rhino, d’éléphants, de guépard, de hyènes, d’oiseaux, ils sont les personnages centraux du livre et participent activement à ce thriller. Et l’on n’est pas surpris de lire qu’un lion a été assassiné et que l’homme devient une proie !

Les animaux ne sont plus des victimes expiatoires.

La liberté et la préservation des animaux et de la nature concourt à notre propre liberté. Dans son roman, Caryl Férey écrit un vibrant plaidoyer pour la défense des animaux. En note d’auteur Caryl Ferey nous rappelle qu’il voulait être tueur de braconnier quand il était petit. Okavango est une belle arme, violemment pacifique.

Il nous dit aussi que voir les animaux dans leur maison est bouleversant, ou alors on est un caillou.

Il y a encore des cailloux sur le chemin, mais il me semble que nous sommes tous les jours un peu plus nombreux à la faire valser loin du chemin.

 Seth, Priti et Solanah nous précèdent.


Né à Caen1, Caryl Férey grandit en Bretagne après l’installation de sa famille à Montfort-sur-Meu, près de Rennes, en 1974. Sa mère tenait une petite parfumerie, son père était VRP pour une multinationale fabriquant des emballages. Sa grand-mère institutrice lui a transmis le goût de la lecture1. Son prénom lui a été donné en référence au condamné à mort américain Caryl Chessman, exécuté en 19602.

Après avoir été expulsé d’établissements scolaires, il achève sa scolarité par correspondance et obtient son baccalauréat1,3.

À la fin des années 1980, il est admiratif du style de Philippe Djian, dont il a lu le roman Bleu comme l’enfer. Exempté du service militaire à Rennes, il part avec un ami en Nouvelle-Zélande4.

Grand voyageur, il parcourt l’Europe à moto, et fait un tour du monde à vingt ans5.

Les principaux romans de Caryl Férey se situent dans des pays marqués par un passé récent douloureux – colonisation, apartheid, dictature – qui sert de toile de fond à ses histoires : la Nouvelle-Zélande pour Haka et Utu, l’Afrique du Sud pour Zulu, l’Argentine pour Mapuche, le Chili pour Condor et la Colombie pour Paz.

Ses livres sont des romans noirs où la critique sociale et le chaos sont omniprésents. « Je me sens toujours du côté des opprimés », déclare-t-il en 20173.

Caryl Férey travaille près de quatre ans sur chaque roman1. Il procède par étapes : un premier voyage pour découvrir le pays, prendre des repères ; ensuite commence un long travail de documentation, d’études, avant de passer à l’écriture de l’histoire ; un nouveau voyage sur place privilégiera les rencontres et permettra d’affiner, d’ancrer dans le réel ; et au retour c’est l’écriture elle-même qui est travaillée encore un an5. Lorsqu’il écrit, c’est environ 7 ou 8 heures par jour4.

Un Destin sauvage, si sauvage d’Inga Vesper. Editions de La Martinière 💛💛💛

Inga Vesper reste fidèle aux Etats Unis pour son deuxième roman Un destin sauvage, si sauvage.
Dans son roman précédent Un long, si long après midi elle avait pris l’Américan way of life des années 60 pour défendre la cause féminine au travers d’un roman policier très juste.
Elle récidive avec ce nouvel opus.
Elle a choisi deux époques différentes : les années 30 et les années 1970 et un lieu unique : le Nouveau Mexique.
Son roman tournera autour de trois personnages féminins.
D’abord Cornelia. Dans les années 30, elle tient un hôtel dans un endroit désertique du Nouveau Mexique. Peu de clients. Mais l’un d’entre eux parle de grotte , d’or . Reste une carte et la disparition de Cornélia
Ensuite dans les année 1970 , une communauté hippie vient s’installer à Bodville pas loin de l’hôtel vétuste que tenait Cornélia. C’est sa fille Géraldine qui a repris ce commerce claudiquant. Géraldine à une fille , Lauren ou Glitter qui fait partie de la communauté hippie.
Enfin Joanna , ancienne flic, qui vient d’échapper à son mari violent, et qui se retrouve par hasard à Bodville.
La communauté hippie à peine installée, Mike l’un de ces membres et compagnon (?) de Glitter est retrouvé mort. Accident ou meurtre ?
En s’appuyant sur ces trois personnages féminins qui formeront les en têtes de ses 39 chapitres, Inga Vesper va nous entrainer dans les mystères des différentes générations et de la société américaine.
Le côté policier est le prétexte à une plongée dans les affres de la condition féminine , mais aussi dans la face obscure du mouvement hippie. Sous couvert de Peace and Love et de drogue , la femme était globalement niée sous couvert d’amour libre.
Et puis il y aussi les populations natives . Nous sommes au Nouveau Mexique , territoire des nations indiennes.
On peut toujours avoir à redire sur le réalisme de l’enquête policière, mais ce n’est pas le propos central du roman.
Inga Vesper retrace avec force le destin de trois femmes qui croient en leur liberté alors que la rigidité de la société leur refuse .
Et dire que ces échos des années 70 sont encore bien prégnants dans notre société actuelle !


Inga Vesper est journaliste et écrivaine, auteure de roman policier.

Elle a déménagé d’Allemagne au Royaume-Uni pour travailler comme aide-soignante, avant que l’envie d’écrire et d’explorer ne l’amène au journalisme scientifique. Elle est titulaire d’une maîtrise en gestion du changement climatique du Birkbeck College à Londres.

Inga a travaillé et vécu en Syrie et en Tanzanie, mais est toujours revenue à Londres, car il n’y a pas de meilleur endroit pour trouver une bonne histoire que le pont supérieur d’un bus.

Mai 1967 de Thomas Cantaloube. Gallimard . 💛💛💛💛

Mai 1967 est le troisième volet de la trilogie de Thomas Cantaloube sur les affres et le côté obscur de la 5ème République. Après les soubresauts de la Guerre d’Algérie dans Requiem pour la République puis l’installation de la FrancAfrique au Cameroun, Thomas Cantaloube nous remémore un événement méconnu : le soulèvement de la Guadeloupe en Mai 1967.
Nous retrouvons trois des personnages principaux des deux romans précédents .
Luc Blanchard, ancien policier devenu journaliste à France Antilles.
Antoine Carrega, ancien résistant corse en accointances avec le milieu marseillais.
Sirius Volkstrom, ancien collaborateur et réalisateur des basses œuvres de la Préfecture de Poilce.
Ces trois personnages vont se croiser et se décroiser en Guadeloupe.. Luc Blanchard vit maintenant en Guadeloupe avec sa femme guadeloupéenne et sa fille. Antoine Carrega ou Lucchesi fait du convoyage entre Marseille et les Antilles. Sirius Volkstrom lui travaille en sous main pour la CIA dans les Antilles.
En Mai 1967 à Point à Pitre le GONG, mouvement de libération guadeloupéen essaye de soulever la population au travers de manifestations. L’une d’elle va dégénérer et provoquer la mort de huit personnes. Lucille la femme de Luc Blanchard se trouve dans cette manifestation comme personnel médical .
Suite à cette manifestation, la police arrête un certains nombre de guadeloupéens dont Lucille. Ils sont transférés en Métropole pour être jugés dans le cadre de cette insurrection.
Thomas Cantaloube, comme à son habitude va entremêler le réel et la fiction pour nous entraîner sur les chemins noirs de la République et du pouvoir gaulliste.
C’est toujours aussi prenant et réaliste.


Né en banlieue parisienne, Thomas Cantaloube y passe son enfance, avec un intermède de deux ans aux États-Unis, à Cincinnati (Ohio) à l’âge de sept-huit ans. Après son baccalauréat, il s’installe à Paris pour ses études.

En janvier 2019, il publie son premier roman, Requiem pour une République, une plongée dans les débuts de la Ve République sur fond de guerre d’Algérie entre 1959 et 1961. L’ouvrage est salué par Le Monde2Les Échos3Télérama4Le Figaro5L’ObsLibération6Le ParisienEl Watan7, de nombreux blogs consacrés au polar8,9,10,11 et obtient six prix littéraires.

En mars 2020, il quitte Mediapart pour se consacrer à l’écriture de fiction, romans et scénarios.

Entre 2019 et 2023, il publie les trois tomes d’une trilogie consacrée aux débuts de la Ve République, confrontant ses trois personnages de fiction (Luc Blanchard, Antoine Carrega-Lucchesi, Sirius Volkstrom) à des événements réels et aux conséquences de la décolonisation française.

Bois aux Renards d’Antoine Chainas. Gallimard La noire . 💛💛💛

Bois aux Renards est un lieu de contes de mythes et de légendes comme l’indique en première page Antoine Chainas. C’est un lieu dans lequel on entre mais dont on est pas sûr de sortir.
Dans Bois aux Renards vit une communauté avec à sa tête Admete et Hermione. Communauté, secte, survivalisme. Peut être, ou pas. Mais sûrement hors du temps. Dans ce même Bois aux Renards il existe une grande bâtisse dans laquelle vit une femme entourée de cages vides.
Bois aux Renards va aussi faire entrer en son sein un couple de tueurs en série : Bernadette et Yves. Ceux ci dans leur combi Volkswagen entraînent des jeunes filles vers la mort. Malheureusement pour eux, une jeune témoin, Anna, assiste à l’un des meurtres.
Pour fuir Anna va se réfugier dans Bois aux Renards.
Pour retrouver Anna, Bernadette, Yves et le combi Volkswagen vont s’enfoncer dans Bois aux Renards.
Entre contes, légendes et réalités Antoine Chainas nous livre un roman ardu, plus noir que noir aux accents mythologiques. Il faut s’accrocher aux branches de Bois aux Renards ! Mais encore pas trop, l’endroit n’est pas des plus accueillants !
Il faut aussi s’accrocher à un vocabulaire quelque peu élitiste décrivant avec précision détails anatomiques et ésotérisme.
Je n’ai donc pas été convaincu par Bois aux Renards et je ne vous souhaite pas d’y entrer par inadvertance.
Si par hasard vous y entrez, vous comprendrez le lien avec le renard. Un indice : SorCS 1.

Antoine Chainas, né en 1971, est un écrivain français de romans policiers. Il s’est imposé, à partir de 20071, comme l’un des auteurs phares de la collection « Série noire » dirigée par Aurélien Masson chez Gallimard. Il traduit aussi des romans policiers anglo-saxons2.