Archives pour la catégorie Policier

Grindadrap de Caryl Férey. Série noire Gallimard. 🟩🟩🟩◼️◼️

Grindadrap

Caryl Férey

Série noire Gallimard

ISBN : 978-2-07303-732-9 Avril 2025

382 pages

Grindadráp  : chasse traditionnelle aux cétacés dans les régions arctiques. le but de cette chasse est de rabattre des groupes importants de baleines, de dauphins, d’orques, d’épaulards vers une plage où les habitants des îles Féroé les mettent à mort à coups de haches et de couteaux.

Cet ensemble d‘habitants est mené par un chef, et celui-ci est retrouvé mort au milieu des cétacés.

À partir de cet événement et d’un certain nombre d’autres, Caryl Férey va orchestrer un huis clos assez suffocant. Des éléments naturels déchaînés, un bateau-usine norvégien, des membres activistes de Sea Shepherd participent à cette suffocation.

Depuis OkavangoCaryl Férey décline une veine écologique qui se retrouve dans Grindadràp. le côté polar est moins important que le message politique qui est développé. Cette veine nouvelle peut déstabiliser les fans de Caryl Ferey.

Ce message politique porte sur le massacre des cétacés, les pêcheries industrielles, la pollution et la toxicité des viandes de cétacés. Autour de ce message fourmille un nombre de personnages importants, représentant les forces vives des îles Féroé.

Un personnage sort du lot. Il s’agit de Gab, jeune homme trentenaire, ancien soigneur du Marineland d’Antibes. Il est maintenant activiste au sein de l’organisation Sea Shepherd. Au long du roman, nous découvrons Gab, son passé, son goût pour l’apnée et son amour des orques. Cela dérive vers l’animisme, le chamanisme et les animaux totem. On comprend mieux alors la note de l’auteur en fin de roman qui rend hommage à Jean Malaurie et Pierre Robert de LatourPierre Robert de Latour a écrit Frères des orques et Jean Malauriede la pierre à l’âme.

Né à Caen, Caryl Férey grandit en Bretagne après l’installation de sa famille à Montfort-sur-Meu, près de Rennes, en 1974. Sa mère tenait une petite parfumerie, son père était VRP pour une multinationale fabriquant des emballages. Sa grand-mère institutrice lui a transmis le goût de la lecture[1]. Son prénom lui a été donné en référence au condamné à mort américain Caryl Chessman, exécuté en 1960]

Après avoir été expulsé d’établissements scolaires, il achève sa scolarité par correspondance et obtient son baccalauréat.

À la fin des années 1980, il est admiratif du style de Philippe Djian, dont il a lu le roman Bleu comme l’enfer. Exempté du service militaire à Rennes, il part avec un ami en Nouvelle-Zélande.

Grand voyageur, il parcourt l’Europe à moto, et fait un tour du monde à vingt ans.

Les principaux romans de Caryl Férey se situent dans des pays marqués par un passé récent douloureux – colonisation, apartheid, dictature – qui sert de toile de fond à ses histoires : la Nouvelle-Zélande pour Haka et Utu, l’Afrique du Sud pour Zulu, l’Argentine pour Mapuche, le Chili pour Condor et la Colombie pour Paz.

Ses livres sont des romans noirs où la critique sociale et le chaos sont omniprésents. « Je me sens toujours du côté des opprimés », déclare-t-il en 2017.

Caryl Férey travaille près de quatre ans sur chaque roman[. Il procède par étapes : un premier voyage pour découvrir le pays, prendre des repères ; ensuite commence un long travail de documentation, d’études, avant de passer à l’écriture de l’histoire ; un nouveau voyage sur place privilégiera les rencontres et permettra d’affiner, d’ancrer dans le réel ; et au retour c’est l’écriture elle-même qui est travaillée encore un an. Lorsqu’il écrit, c’est environ 7 ou 8 heures par jour.

En attendant le déluge de Dolores Redondo. Gallimard. 🟩🟩🟩◼️◼️

En attendant le déluge

Dolorès Redondo

Gallimard. Série Noire.

Traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon

ISBN : 978-2-07301-8-694 Août 2024

550 pages.

Pour son roman thriller En attendant le délugeDolores Redondo s’appuie sur deux faits réels . D’abord en 1969, en Écosse, sévit un tueur en série appelé Bible John. Il a tué trois jeunes femmes et s’est évaporé dans la nature. A ce jour son identité n’est pas connu. Est il vivant, est il mort ? Personne ne sait.
Autre fait réel : les inondations centenales de Bilbao en août 1983 qui vont faire plus de 40 morts.
Ces deux événements vont servir de pont pour le roman de Dolores Redondo.
Et si Bible John avait quitté l’Écosse et s’était réfugié au Pays Basque.
Partant de ce postulat, l’autrice invente le personnage de Noah, policier écossais qui retrouve la trace de Bible John à Bilbao.
C’est du thriller pur jus avec ses codes bien précis : des meurtres plus glauques les uns que les autres, les failles secrètes des personnages, un environnement tragique et la pluie jusqu’à plus soif.
Tout cela se lit sans déplaisir mais au bout de 550 pages, tout est bien humide, spongieux et couleur sang.

Dolores Redondo, née le 1969 à Saint-Sébastien, dans la province de Guipuscoa, au Pays basque, est une romancière espagnole, auteur de romans historiques et policiers.

Après des études de droit, elle travaille dans le commerce pendant plusieurs années.

En 2009, elle publie un premier roman historique nommé Los privilegios del ángel.

En 2013, elle écrit le roman policier El guardián invisible qui est le premier volume de la trilogie de la vallée du Baztan, commune où se déroule l’intrigue.

48 indices sur la disparition de ma sœur de Joyce Carol Oates. Philippe Rey. 🟩🟩🟩◼️◼️

48 indices sur la disparition de ma sœur.

Joyce Carol Oates

Philippe Rey

Traduction : Christine Auché

ISBN : 978-2-38482-074-0 Mars 2024

286 pages

La dernière fois que G (Georgene) a aperçu sa soeur M ( Marguerite) Fulmer, nous étions le 11 Avril 1991 pas loin d’Aurora on Cayuga au Nord de l’Etat de New-York.
La dernière fois que G a aperçu M s’est au travers d’un jeu de miroir.
M a 27 ans , étudiante en art et sculptrice, elle partait à son université.
G sa soeur cadette à 22 ans.
M est une belle jeune fille, éthérée , appréciée et aimée de tous.
G est une jeune fille moche, légèrement boulotte travaillant au guichet de la poste locale et franchement jalouse de sa soeur.
M et G ont perdu leur mère il y a quelques années des suites d’un cancer.
Elles vivent avec leur père dans une grande maison bourgeoise. le père étant un homme de pouvoir à la tyrannie facile.
M est proche d’un sculpteur et artiste Elke. Celui- ci a un goût artistique pour les corps et les cadavres.
48 indices sur la disparition de ma soeur est découpé en 48 chapitres non chronologiques et linéaires.
La narratrice de ces 48 chapitres est G ( Georgene) la jeune soeur. Nous sommes 22 ans après les faits et M n’est pas réapparu.
Chaque chapitre , pour Georgene, est l’occasion de réfléchir à chaque indice menant à la disparition de Marguerite.
Cette narration est sous-tendue par le temps qui a passé, les souvenirs, la mémoire mais aussi par la psychologie pour le moins instable de G.
L’autrice Joyce Carol Oates remet tout cela en perspective par une écriture fractionnée fait de passage en italiques, de nombreuses parenthèses représentant en partie la psyché de G.
On peut être dérouté par ce parti pris qui ne permet pas à la lecture d’être fluide.
Mais quelques chapitres passés, on entre dans le livre et on comprend rapidement que cette façon de faire nous permet de mieux appréhender les affres psychologiques de Georgene. Comment se remémorer des événements tragiques à leurs justes valeurs.
Le fait que la dernière vision de sa soeur M se fasse à travers un jeu de miroir est symptomatique de cela.
Ces 48 indices permettront ils de résoudre cette disparition ? Peut être ou peut être pas.
Joyce Carol Oates nous délivre un roman âpre et vénéneux et jongle avec les codes du thriller et les fantasmes.

Joyce Carol Oates, née le 16 juin 1938 à Lockport dans l’État de New York, est une femme de lettres américaine prolifique, à la fois poétesseromancièrenouvellistedramaturge et essayiste. Elle a également publié plusieurs romans policiers sous les pseudonymes Rosamond Smith et Lauren Kelly.

Parmi ses romans les plus célèbres on peut trouver Nous étions les Mulvaney (1996), Un livre de martyrs américains (2017), Reflets en eau trouble (1992) et Blonde (2000) qui est considéré comme le « chef-d’œuvre de sa carrière ». Son roman semi biographique a pu bénéficier d’une adaptation télévisée peu de temps après sa sortie et surtout d’une adaptation cinématographique au début des années 2020.

Un entretien avec Joyce Carol Oates sur France Inter ( Eté 2024 )

L’Horloger de Jérémie Claes. Editions Héloïse D’Ormesson. 💛💛💛

L’Horloger de Jérémie CLaes

Editions Héloise D’Ormesson

458 pages

ISBN : 978-2- 35087-929- 1

8 février 2024

L’Horloger est le premier roman de Jérémie Claes. le mot roman est erroné, il s’agit d’un thriller qui nous emmènera des Etats-Unis, en Provence, en Belgique, ailleurs en Europe ou encore en Patagonie. Ce thriller embrassera la période entre 1940 et les années actuelles.
Au travers de chapitres courts et datés, Jérémie Claes nous dévoile la vie de Jacob Dreyfus.
Jacob Dreyfus a réalisé une enquête qui a permis le démantèlement d’une milice suprémasciste américaine.
Suite à cette enquête sa femme Sara sera assassinée et Jacob Dreyfus ainsi que son fils seront exfiltrés des Etats – Unis.
Se mettra alors en place une chasse à l’homme qui traversera les continents.
Le thriller , haletant, est bien mené et les 450 pages du roman se tournent avec entrain. Une galerie de personnages hauts en couleurs agrémentent avec bonheur le récit.
Qui est donc L’Horloger qui mène cette chasse à l’homme.
Les trois quart du roman nous rapprochent de ce personnage et puis il y a comme une césure , un basculement dans une théorie un peu fumeuse qui malheureusement m’a fait sortir de la réalité du roman.
Entre complotisme et un peu de science fiction, j’ai perdu le sens du roman.
Pourtant j’étais bien avec Jacob , Solane, Lucie, le Scorpion . Malgré les dangers, ils restaient de bons vivants attachés aux bienfaits vinicoles et gustatifs de la vieille Europe. Ils dégustaient quelques Chartreuse verte et Chartreuse VEP ( vieillissement exceptionnellement prolongé ) auxquelles j’étais particulièrement sensible, moi-même vivant pas loin du Massif de la Chartreuse.
La Chartreuse Verte a donc un peu atténué la fin de ce thriller bien que le Mécanisme de l’horlogerie se soit un peu grippé.

Né en 1975, Jérémie Claes est caviste et chroniqueur à la télévision belge. Il vit entre Bruxelles et Namur, et retourne régulièrement en Provence, à Forcalquier et à Gourdon, le village de sa grand-mère. L’Horloger est son premier roman.

Adieu mes frères de Peter Blauner. Harper Collins . 💛💛

Prenez un grand faitout.
Dans ce grand faitout mettre les ingrédients suivants :
L’Egypte en 1956.
L’arrivée de Gamel Nasser au pouvoir.
Les Frères Musulmans
Cécil B de Mille et le tournage des Dix commandements
L’état du monde en 2015.
Pour lier l’ensemble , deux personnes qui se répondent à 60 ans d’écart.
Ali le grand père qui répond à son petit fils Alex.
Ali vit en 1956 au Caire et il est engagé sur le tournage des Dix Commandements. Alex vit en 2015 aux Etats Unis et va tout quitter pour faire le djihad sous le nom d’ Abu Sorour.
Laissez mijoter et servez.
Vous verrez que l’ensemble sera correct mais manquera terriblement de personnalité.
Une histoire d’amour assez irréaliste ne parviendra pas à rehausser le goût.
Adieu mes frères est un livre agréable à lire mais qui n’emporte pas.
Pourtant l’époque et les sujets abordés sont porteurs.
Hélas la superficialité des situations ‘ ( par ex la radicalisation d’Alex ) donne peu de crédit à ce roman.
Et que penser du bandeau en première page de Stephen King :
« Il m’arrive rarement de découvrir un livre qui me rappelle pourquoi je suis tombé amoureux de la littérature. Adieu mes frères en fait partie « 
J’ai trouvé Stephen King plus pertinent en d’autres occasions !

——————————————————————————————

Peter Blauner, né le 29 octobre 19591 à New York aux États-Unis, est un écrivain et un scénariste américain, auteur de roman policier.

Il est le scénariste de plusieurs séries télévisées américaines comme New York, section criminelle (Law and Order: Criminal Intent), Los Angeles, police judiciaire (Law and Order: Los Angeles) et surtout New York, unité spéciale (Law and Order: Special Victims Unit) dont il est également le producteur.

Okavango de Caryl Férey. Gallimard série Noire. 💛💛💛💛

Depuis longtemps j’ai entendu parler des polars de Caryl Férey. Des polars du bout du monde : Zulu, Mapuche Haka.  Jusqu’alors je n’avais pas succombé. Les ambiances violentes, ultra-noires et glauques me laisser à l’écart.

Et puis il y eut Okavango.

Rien que le nom est un appel au voyage et au mystère. Okavango, le fleuve dont le delta se perd au milieu des terres d’Afrique australe. Okavango, le paradis du Big Five. Okavango, la nature sauvage.

Qu’allait en faire Caryl Férey ?

Okavango est bien plus qu’un polar ou un thriller noir et violent. Caryl Férey a réussi à mettre dans le même creuset le monde politico-historique, les guerres civiles, l’héritage de la colonisation, les ethnies des différents pays, le braconnage international, des histoires d’amours et des animaux partout !

Tout est juste tout au long de ce roman engagé d’une violence très réaliste.

Tout commence par le meurtre d’un jeune Khoi ou San au sein d’une réserve ultra sécurisée. La réserve, Wild Bunch appartient à John Latham, Sud-Africain blanc pour lequel on ne donnerait pas le Bon Dieu sans confession. Afin de retrouver l’assassin une ranger est envoyée. Elle s’appelle Solanah Betwase. Elle est Botswanaise. Elle représente la KaZa, grande réserve animalière comprenant 36 réserves dispersées sur 5 Pays : Namibie, Botswana, Angola, Zambie et Zimbabwe.

La mort de ce jeune Khoi ou San n’est que la partie émergée de l’iceberg. D’autres meurtres d’humains, d’animaux voir des empoisonnements rituels mettent Solanah Betwase sur la piste d’un vaste traffic de braconnage entre l’Afrique et l’Asie. Les lions, les éléphants, les rhinocéros sont violemment tués afin de récupérer cornes, défenses et ongles.

Au-delà de la qualité du roman, ce qui émeut c’est la place donnée au monde animal. Qu’il s’agisse de lions, de gazelles, d’hippo, de rhino, d’éléphants, de guépard, de hyènes, d’oiseaux, ils sont les personnages centraux du livre et participent activement à ce thriller. Et l’on n’est pas surpris de lire qu’un lion a été assassiné et que l’homme devient une proie !

Les animaux ne sont plus des victimes expiatoires.

La liberté et la préservation des animaux et de la nature concourt à notre propre liberté. Dans son roman, Caryl Férey écrit un vibrant plaidoyer pour la défense des animaux. En note d’auteur Caryl Ferey nous rappelle qu’il voulait être tueur de braconnier quand il était petit. Okavango est une belle arme, violemment pacifique.

Il nous dit aussi que voir les animaux dans leur maison est bouleversant, ou alors on est un caillou.

Il y a encore des cailloux sur le chemin, mais il me semble que nous sommes tous les jours un peu plus nombreux à la faire valser loin du chemin.

 Seth, Priti et Solanah nous précèdent.


Né à Caen1, Caryl Férey grandit en Bretagne après l’installation de sa famille à Montfort-sur-Meu, près de Rennes, en 1974. Sa mère tenait une petite parfumerie, son père était VRP pour une multinationale fabriquant des emballages. Sa grand-mère institutrice lui a transmis le goût de la lecture1. Son prénom lui a été donné en référence au condamné à mort américain Caryl Chessman, exécuté en 19602.

Après avoir été expulsé d’établissements scolaires, il achève sa scolarité par correspondance et obtient son baccalauréat1,3.

À la fin des années 1980, il est admiratif du style de Philippe Djian, dont il a lu le roman Bleu comme l’enfer. Exempté du service militaire à Rennes, il part avec un ami en Nouvelle-Zélande4.

Grand voyageur, il parcourt l’Europe à moto, et fait un tour du monde à vingt ans5.

Les principaux romans de Caryl Férey se situent dans des pays marqués par un passé récent douloureux – colonisation, apartheid, dictature – qui sert de toile de fond à ses histoires : la Nouvelle-Zélande pour Haka et Utu, l’Afrique du Sud pour Zulu, l’Argentine pour Mapuche, le Chili pour Condor et la Colombie pour Paz.

Ses livres sont des romans noirs où la critique sociale et le chaos sont omniprésents. « Je me sens toujours du côté des opprimés », déclare-t-il en 20173.

Caryl Férey travaille près de quatre ans sur chaque roman1. Il procède par étapes : un premier voyage pour découvrir le pays, prendre des repères ; ensuite commence un long travail de documentation, d’études, avant de passer à l’écriture de l’histoire ; un nouveau voyage sur place privilégiera les rencontres et permettra d’affiner, d’ancrer dans le réel ; et au retour c’est l’écriture elle-même qui est travaillée encore un an5. Lorsqu’il écrit, c’est environ 7 ou 8 heures par jour4.

Un Destin sauvage, si sauvage d’Inga Vesper. Editions de La Martinière 💛💛💛

Inga Vesper reste fidèle aux Etats Unis pour son deuxième roman Un destin sauvage, si sauvage.
Dans son roman précédent Un long, si long après midi elle avait pris l’Américan way of life des années 60 pour défendre la cause féminine au travers d’un roman policier très juste.
Elle récidive avec ce nouvel opus.
Elle a choisi deux époques différentes : les années 30 et les années 1970 et un lieu unique : le Nouveau Mexique.
Son roman tournera autour de trois personnages féminins.
D’abord Cornelia. Dans les années 30, elle tient un hôtel dans un endroit désertique du Nouveau Mexique. Peu de clients. Mais l’un d’entre eux parle de grotte , d’or . Reste une carte et la disparition de Cornélia
Ensuite dans les année 1970 , une communauté hippie vient s’installer à Bodville pas loin de l’hôtel vétuste que tenait Cornélia. C’est sa fille Géraldine qui a repris ce commerce claudiquant. Géraldine à une fille , Lauren ou Glitter qui fait partie de la communauté hippie.
Enfin Joanna , ancienne flic, qui vient d’échapper à son mari violent, et qui se retrouve par hasard à Bodville.
La communauté hippie à peine installée, Mike l’un de ces membres et compagnon (?) de Glitter est retrouvé mort. Accident ou meurtre ?
En s’appuyant sur ces trois personnages féminins qui formeront les en têtes de ses 39 chapitres, Inga Vesper va nous entrainer dans les mystères des différentes générations et de la société américaine.
Le côté policier est le prétexte à une plongée dans les affres de la condition féminine , mais aussi dans la face obscure du mouvement hippie. Sous couvert de Peace and Love et de drogue , la femme était globalement niée sous couvert d’amour libre.
Et puis il y aussi les populations natives . Nous sommes au Nouveau Mexique , territoire des nations indiennes.
On peut toujours avoir à redire sur le réalisme de l’enquête policière, mais ce n’est pas le propos central du roman.
Inga Vesper retrace avec force le destin de trois femmes qui croient en leur liberté alors que la rigidité de la société leur refuse .
Et dire que ces échos des années 70 sont encore bien prégnants dans notre société actuelle !


Inga Vesper est journaliste et écrivaine, auteure de roman policier.

Elle a déménagé d’Allemagne au Royaume-Uni pour travailler comme aide-soignante, avant que l’envie d’écrire et d’explorer ne l’amène au journalisme scientifique. Elle est titulaire d’une maîtrise en gestion du changement climatique du Birkbeck College à Londres.

Inga a travaillé et vécu en Syrie et en Tanzanie, mais est toujours revenue à Londres, car il n’y a pas de meilleur endroit pour trouver une bonne histoire que le pont supérieur d’un bus.

Mai 1967 de Thomas Cantaloube. Gallimard . 💛💛💛💛

Mai 1967 est le troisième volet de la trilogie de Thomas Cantaloube sur les affres et le côté obscur de la 5ème République. Après les soubresauts de la Guerre d’Algérie dans Requiem pour la République puis l’installation de la FrancAfrique au Cameroun, Thomas Cantaloube nous remémore un événement méconnu : le soulèvement de la Guadeloupe en Mai 1967.
Nous retrouvons trois des personnages principaux des deux romans précédents .
Luc Blanchard, ancien policier devenu journaliste à France Antilles.
Antoine Carrega, ancien résistant corse en accointances avec le milieu marseillais.
Sirius Volkstrom, ancien collaborateur et réalisateur des basses œuvres de la Préfecture de Poilce.
Ces trois personnages vont se croiser et se décroiser en Guadeloupe.. Luc Blanchard vit maintenant en Guadeloupe avec sa femme guadeloupéenne et sa fille. Antoine Carrega ou Lucchesi fait du convoyage entre Marseille et les Antilles. Sirius Volkstrom lui travaille en sous main pour la CIA dans les Antilles.
En Mai 1967 à Point à Pitre le GONG, mouvement de libération guadeloupéen essaye de soulever la population au travers de manifestations. L’une d’elle va dégénérer et provoquer la mort de huit personnes. Lucille la femme de Luc Blanchard se trouve dans cette manifestation comme personnel médical .
Suite à cette manifestation, la police arrête un certains nombre de guadeloupéens dont Lucille. Ils sont transférés en Métropole pour être jugés dans le cadre de cette insurrection.
Thomas Cantaloube, comme à son habitude va entremêler le réel et la fiction pour nous entraîner sur les chemins noirs de la République et du pouvoir gaulliste.
C’est toujours aussi prenant et réaliste.


Né en banlieue parisienne, Thomas Cantaloube y passe son enfance, avec un intermède de deux ans aux États-Unis, à Cincinnati (Ohio) à l’âge de sept-huit ans. Après son baccalauréat, il s’installe à Paris pour ses études.

En janvier 2019, il publie son premier roman, Requiem pour une République, une plongée dans les débuts de la Ve République sur fond de guerre d’Algérie entre 1959 et 1961. L’ouvrage est salué par Le Monde2Les Échos3Télérama4Le Figaro5L’ObsLibération6Le ParisienEl Watan7, de nombreux blogs consacrés au polar8,9,10,11 et obtient six prix littéraires.

En mars 2020, il quitte Mediapart pour se consacrer à l’écriture de fiction, romans et scénarios.

Entre 2019 et 2023, il publie les trois tomes d’une trilogie consacrée aux débuts de la Ve République, confrontant ses trois personnages de fiction (Luc Blanchard, Antoine Carrega-Lucchesi, Sirius Volkstrom) à des événements réels et aux conséquences de la décolonisation française.

Les nuits de la peur bleue d’Eric Fouassier. Albin Michel. 💛💛💛💛

Les nuits de la peur bleue est le troisième tome du Bureau des affaires occultes d’Eric Fouassier, roman policier et historique.
Il n’y a aucune difficulté à commencer par ce troisième tome. Celui-ci a sa propre histoire qui ne demande pas de connaitre le fond des deux autres tomes. Et quand il y en a besoin Eric Fouassier nous donnent des informations simples qui permettent la fluidité du récit.
Nous sommes à Paris en 1832. La monarchie de Juillet est installée depuis le 9 Juillet 1830. Louis Philippe 1er est intronisé roi des Français et Casimir Périer est à la tête du ministère..
François Vidocq est chef de la sûreté. Dans celle -ci se décline le bureau des affaires occultes. A la tête de ce bureau l’inspecteur Valentin Verne secondé par Aglaé Marceau et deux personnages étranges , Tafik ancien mamelouk et L’Entourloupe ancien escroc repenti.
Au printemps 1832 sévit une épidémie de choléra, la peur bleue. Au milieu des morts que répand l’épidémie une série de meurtres dans le quartier Saint Merri. Les victimes sont poignardées avant d’être amputées d’un organe.
Ce roman policier est une uchronie s’insérant parfaitement dans la réalité historique.
Et comment ne pas voir des ponts avec l’épidémie de Covid ?
Infection ou contagion ? doit -on confiner ? Que dit la science. ?
Sous couvert d’une énigme policière Eric Fouassier traite d’un sujet passionnant : une épidémie face à la science , la politique et l’avidité humaine.
Valentin Verne est un digne émule du Nicolas le Floch de Jean François Parot.
Un excellent moment de lecture et de détente qui donne envie de lire les deux premiers tomes afin de connaître les les affres qu’a vécu Valentin Verne avec le Vicaire.

—————————————————————————————–

Éric Fouassier, né le 6 octobre 19631, est un romancier et nouvelliste français, auteur de plusieurs romans policiers historiques, dont Le Bureau des affaires occultes récompensé notamment par le prix Maison de la Presse 20212. Il a également publié un roman psychologique sous le pseudonyme d’Yves Magne. Docteur en droit et en pharmacie, Éric Fouassier est professeur d’université et membre de l’Académie nationale de pharmacie. Il a également siégé pendant près de vingt ans au sein du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens3.

Notre otage à Acapulco de Jean-Christophe Rufin. Flammarion. 💛💛💛

Notre otage à Acapulco de Jean-Christophe Rufin est la cinquième aventure du Consul Aurel Timescu.
Après avoir écumé la Guinée, le Mozambique, l’Azerbaïdjan et une principauté d’opérette , le voici au Mexique.
Voilà une destination qui sied mieux à notre cher consul.
Sa virée chez La princesse au petit moi m’avait laissé sur une impression très mitigée.
De passage au Mexique nous retrouvons notre consul tel que nous l’aimons. Toujours décalé vestimentairement, toujours à ne rien faire mais touche à tout tout de même !
Mexique oblige, Aurel laisse tomber le Tokay pour la Téquila et le Margarita. Ce n’est pas un mauvais choix !
Par contre son amour du piano bar ou du piano jazz est toujours là et il va pouvoir nous susurrer quelques roucoulades.
Comme vous devez l’imaginer, j’ai apprécié ce cinquième tome des aventures d’Aurel Timescu.
Jean-Christophe Rufin est revenu aux bases de sa série et cela lui va bien.
Une jeune femme , fille de ministre a disparu au Mexique vers Cancun.
On envoie Aurel au Mexique afin qu’il ne fasse rien . Mais au moins pour la diplomatie française on a pris en compte cette disparition.
Aurel va s’installer à Acapulco.
Acapulco : la baie ,le soleil, James Bond et encore la nostalgie de l’époque des stars d’Hollywood qui faisait vivre la baie
Acapulco 2022 : la drogue , les cartels , la misère , les gangs , la violence, la mort.
C’est dans ce décor qu’Aurel va vivre une rencontre improbable dans sa nostalgie du jazz, du cinéma des années 1950.
C’est dans ce décor qu’Aurel va être confronté à la violence mortifère des cartels mexicains.
Sous couvert du rêve d’Acapulco Jean-Christophe Rufin nous entraîne dans les arcanes d’une réalité mexicaine : un pays complétement gangréné par la violence où la mort est toujours présente , que ce soit par les traditions ou par la brutalité des différents parrains.
Le Tokay est un vin doux qui ne convenait pas . la Téquila est plus raide et a toute sa place ici.
Reste le soleil couchant sur la baie d’Acapulco , une chanson de Sinatra….
La nostalgie a la vie dure.