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La Folie Océan de Vincent Message. Seuil. 🟩🟩🟩🟩◼️

La Folie Océan

Vincent Message

Seuil

ISBN : 978-2-02157-210-0 Août 2025

368 pages.

La Folie Océan  est un roman qui allie documentation et côté polar. Comme le titre du roman le sous entend, celui-ci parle d’ocean et de tout ce qui s’y rapporte. le mot ‘océan’ n’est pas tout à fait juste car nous sommes sur les côtes de la Manche, sur la Côte de Granit Rose.

Quentin, jeune trentenaire, est plongeur et aussi membre de l’équipe  de la Reserve Nationale Naturelle des Sept Îles.  Il a une fibre écologique  et milite au sein de l’association Atlantis contre les chalutiers industriels qui accaparent les ressources maritimes.  Un militantisme engagé et pouvant avoir recours à  la violence.

Quentin a donné des cours de plongée à Maya, la quarantenaire, biologiste spécialiste du plancton. Elle vit avec Bruno, la soixantaine, qui travaille dans le meme laboratoire que Maya. Ils habitent Paris.

La relation entre Maya et Quentin va devenir amoureuse et Maya va assumer une vie amoureuse avec deux hommes et l’assentiment de ceux-ci.

Lors de l’un de ces séjours en Bretagne, Maya trouve que Quentin est fébrile.Il faut dire qu’il vient de recevoir des menaces de mort.

La lecture documentaire et scientifique du roman oscillera entre la découverte du monde océanique et la connaissance sur le plancton, les diatomées, les cocolithophores et les balanes, mais aussi les fous de Bassan, les macareux et les phoques gris.

Le côté polaire nous entraînera auprès de Nereos, un ensemble d’armateurs pour la pêche industrielle, et de Frankiz, une association militant contre l’extension de la Réserve des Sept Îles.

Ajouter à  cela des copains d’enfance  qui ne jouent plus dans la même cour et vous avez tous les ingrédients d’un bon polar documentaire. 

Vincent Message maîtrise parfaitement le documentaire et le polar et nous plonge dans la réalité d’aujourd’hui autour des enjeux écologiques et industriels en nous rappelant la force de l’océan et son importance vitale.

Un très bon moment de lecture rehaussé par le fait que cette lecture s’est faite sur les lieux mêmes de la Folie Océan et qu’il paraissait envisageable de rencontrer Maya ou Quentin au détour du GR 34 sur l’Ile Grande, à Loquemeau.

Vincent Message est un écrivain français né en 1983 à Paris.

Vincent Message a fait des études de lettres et de sciences humaines à l’École normale supérieure. Après des années passées à Berlin et à New-York, il enseigne depuis 2008 la littérature comparée à l’Université Paris VIII

Les piliers de la mer de Sylvain Tesson. Albin Michel. 🟩🟩🟩◼️◼️

Les piliers de la mer

Sylvain Tesson

Albin Michel

ISBN : 978 – 2- 22649- 132-9 Avril 2025

224 pages

Voilà un Tesson pur jus ! de l’aventure avec les escalades des piliers de la mer ou stacks autour de la planète. Des réflexions à n’en plus finir sur les stacks; réflexions géographiques, philosophiques et métaphysiques. Des liens littéraires pour envelopper tout cela, et puis un gros cigare par ci, par là sans oublier une bonne bouteille. du classique, mais un classique qui devient ronronnant et qui n’égale pas Les chemins noirs ou La panthère des neiges..
Dans ces livres les réflexions philosophiques avaient un support plus profond et approprié.
Avec Les piliers de la mer nous sommes dans une énumération d’escalades de stacks ( 106 !) , de difficultés techniques, de moyens d’arriver au pied des stacks ( nage- à pied – canot etc…). le tout sans ordre bien défini. On passe du coq à l’âne assez facilement et cela ne valorise pas la lecture. Surtout qu’il arrive à Sylvain Tesson d’être grandiloquent et dans le verbiage
Une déception donc. Cela arrive même au meilleur.

Sylvain Tesson, né le 26 avril 1972 à Paris, est un écrivainvoyageur et essayiste français. Il est principalement connu pour ses récits de voyage à travers le monde, et est ainsi régulièrement classé dans la catégorie littéraire des écrivains-voyageurs qu’il a contribué à populariser dans le paysage littéraire contemporain

Baumgartner de Paul Auster .Actes Sud. 🟩🟩🟩🟩◼️

Baumgartner

Paul Auster

Actes Sud

Traduction : Anne Laure Tissut

ISBN : 978-2-330-18875-7 Mars 2024

Baumgartner peut être lu comme le bilan d’une existence et il est naturel que Baumgartner soit un miroir très peu dépoli de Paul Auster.
Ce roman assez court ( 20 pages) est nostalgique et poignant car il investit le long cours de la vie.
Seymour Baumgartner, 71 ans, professeur à Princeton revisite la grande histoire de sa vie qu’a été son amour pour sa femme Anna Blume ( tiens, tiens un personnage des romans de Paul Auster).
Quand commence le roman Sy Baumgartner est veuf depuis 10 ans. Sur une plage, un soir, un dernier bain a été fatal à Anna. Une vague a brisé sa nuque.
Veuf vivant dans son appartement au gré de ses souvenirs.
Ce matin là un ensemble d’incidents, et une chute accidentelle va le ramener aux souvenirs de sa vie. Et les grands souvenirs de sa vie tournent autour d’Anna et de sa famille éxilée de l’Europe de l’Est et plus particulièrement.
Ce grand père maternel qui s’appelait … Auster.
Paul Auster nous gratifie d’un roman ou le désir de vie se télescope à la mémoire , parfois incertaine des souvenirs, alors que les prémices de la vieillesse apparaissent.
Lentement le puzzle de la vie de Baumgartner se met en place entre réalité, imagination et confession.
Les doutes, les angoisses, les fantômes perdus jalonnent le chemin.
Le vrai, le faux. Baumgartner– Auster.
Peut être le dernier roman de Paul Auster.

Paul Auster, né le 3 février 1947 à NewarkNew Jersey, aux États-Unis, est un écrivainscénariste et réalisateur américain. Une partie de son œuvre évoque la ville de New York, notamment le quartier de Brooklyn où il vit. D’abord traducteur de poètes français, il écrit des poèmes avant de se tourner vers le roman et à partir des années 1990 de réaliser aussi quelques films.

Le banquet des Empouses d’Olga Tokarczuk. Les Editions Noir sur Blanc. 🟩🟩🟩🟩◼️

Le Banquet de Empouses

Olga Tokarczuk – Prix Nobel

Les Editions Noir sur Blanc

Traduction : Maryla Laurent

ISSBN: 978-2-88250-866-9 Février 2024

1913. Sanatorium de Gorbersdorf ( aujourd’hui Sokolowsko en Pologne). Nichée au fond d’une vallée des Sudètes, entourée de montagne, la pension pour Messieurs reçoit des malades atteint de tuberculose ou de phtisie. Cette pension reçoit les personnes en attente d’une chambre de meilleure qualité dans les locaux même du sanatorium.
Un jeune homme arrive dans cette pension. Il s’agit de Mieczylaw Wojnik, étudiant en ingénierie des adductions d’eaux. Dans cette pension, il va être confronté à un parterre de Messieurs parfaitement tuberculeux et misogynes.
Dans l’un des précédents roman d Olga TokarczukSur les ossements des morts, des animaux de cette même région des Sudètes se vengeaient des chasseurs en les tuant.
Dans le banquet des Empouses, ce sont les Empouses qui sont à la manoeuvre pour punir ces Messieurs.
Olga Tokarczuk fait de ces Empouses les narratrices. Des narratrices qui aiment les détails et ….. les chaussures.
Cela donne un art de la description porté au sommet.
Les premières pages du roman pour décrire l’arrivée du jeune Wojnik sont un régal. Ou comment décrire un pavé luisant sur lequel apparait la jambe gauche, puis la droite marchant vers la pension pour Messieurs et petit à petit décrire des vêtements, un personnage, un lieu, une époque .
Tout comme la description que font les Empouses d’un aéropage de chaussures sous une table. Tout est dit , physiquement, psychologiquement et socialement.

Mais qu’est ce qu’une Empouse ? Si vous êtes féru de mythologie, vous le savez. Sinon vous le découvrirez au détour de ce livre étonnant.

Donc le jeune Wojnik c’est installé à la pension. C’est lui que l’on va suivre durant tout le roman.
Il va devoir faire face à la mort de la femme de l’aubergiste de la pension. Mais aussi faire face à ces Messieurs imbus de leur supériorité et que quelque soit la conversation tout finit autour de la femme pour déplorer ses faiblesses, son cerveau différent et son absence d’âme.
Wojnik doit aussi faire face à ses propres tourments : une mère morte en couche, ou comment croire qu’elle a abandonné son enfant.
De ces situations de départ, Olga Tokarczuk va écrire un roman ancré dans le réel, le fantastique, les croyances populaires. C’est un parti pris qui peut déranger . Mais ce parti pris permet de pointer la rigidité des normalités et les bouleversements du monde à l’aube d’une guerre mondiale.
C’est aussi un roman qui nous parle de nature, de forêt, de brumes et de soleil voilé.
Enfin, c’est surtout un roman féministe, tolérant qui ouvre sur toutes les mixités , sur toutes les identités.
Par delà le roman d’épouvante naturopathique Olga Tokarczuk parle au plus profond de nos croyances.

Olga Tokarczuk, née le 29 janvier 1962 à Sulechów (voïvodie de Lubusz) en Pologne, est une femme de lettres polonaise.

Elle obtient le prix Nobel de littérature 2018, décerné en 2019.

Olga Tokarczuk étudie la psychologie à l’université de Varsovie. Durant ses études, elle travaille, bénévolement, avec des personnes souffrant de troubles mentaux. Après avoir terminé ses études, elle devient psychothérapeute à Wałbrzych.

À partir de 1997, elle se consacre entièrement à l’écriture, se disant inspirée par William Blake. Elle contribue aussi à la revue littéraire Granta.

Le lendemain de l’annonce de son prix, la ville de Wrocław où elle réside rend les transports publics gratuits aux usagers ayant sur eux un livre d’Olga Tokarczuk.

Ses romans sont traduits en plus de 25 langues dont le catalan, l’hindi et le japonais. Elle est l’autrice polonaise la plus traduite hors de son pays.

Autres livres d’Olga Tokarczuk chroniqués sur le site :

Sur les ossements des morts : https://auxventsdesmots.fr/2020/06/04/sur-les-ossements-des-morts-dolga-tokarczuk-libretto-%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b/

Les livres de Jakob. : https://auxventsdesmots.fr/2020/07/27/les-livres-de-jakob-dolga-tokarczuk-noir-sur-blanc-%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b/

Et vous passerez comme des vents fous de Clara Arnaud. Acte Sud . 💛💛💛💛💛

Trois personnages inoubliables. le décor pyrénéen, l’estive, la montagne, les villages…. Et puis l’Ours.
Le roman commence en 1902 avec Jules, jeune garçon des Pyrénées ariègeoises. Celui-ci part dans la montagne prélever un jeune ourson dans la tanière familiale. La description est grandiose. Revenu au village d’Arpiet, il pense pouvoir réaliser son rêve, quitter les Pyrénées et parcourir le monde avec son ours, tantôt guérisseur tantôt bête de foire.
Au fil du roman, Jules reviendra nous donner des nouvelles de son parcours autour du monde avec son ourse.
Le narratif principal se situera de nos jours autour de deux autres personnages : Gaspard et Alma.
Gaspard est revenu en Ariège avec sa femme et des deux filles. le retour à la terre. de nouveau il passera l’été là-haut dans la montagne avec ses bêtes, ses chiens et sa jument.
Alma est éthologue. Pour son métier elle a vécu auprès des ours en Alaska et en Asturies. Sa nouvelle mission est d’étudier l’adaptation des ours dans la montagne ariègeoise.
L’écriture de Clara Arnaud est à la hauteur de la beauté de la montagne et de la nature. On est au plus près de l’estive, de la transhumance, de la vie des brebis. La rosée nous enveloppe tout comme le brouillard sur le Mont Calme. Les bruissements nous surprennent au détour d’une page. On est heureux d’être encabané quand l’orage se déchaine. On est dans les pas d’Alma au plus près de la vie des plantigrades. La vie, les saisons, les dangers, la mort animale ou humaine.
Tout pourrait être pour le mieux dans cette nature mais les peurs ancestrales et actuelles des humains prennent parfois le dessus. L’ours reste un fauteur de trouble, un mangeur de brebis. Il est pourtant dans son milieu, dans sa tanière. Est-il possible d’envisager une cohabitation entre l’homme et l’animal ?
L’auteur ne prend pas partie mais explore toutes les pistes. Les regards différents de Gaspard et d’Alma se répondent et proposent une réflexion profonde sur le rapport au sauvage.
On ressort de ce livre avec un surplus de vie, d’émotion, un besoin d’arpenter la montagne, de respecter les bergers, l’estive et les ours.
La montagne, les brebis, l’ours, les hommes est un fil d’ariane que nous rappelle Clara Arnaud. Gaspard vit dans l’ancienne maison de Jules, le montreur d’Ours.
Clara Arnaud termine son roman pars les vers d’Hovhannés Chiraz :
Nous étions en paix comme une montagne
Vous êtes venus comme des vents fous
Nous avons fait front comme nos montagnes
Vous avez hurlé comme les vents fous
Eternels nous sommes comme nos montagnes
Et vous passerez comme des vents fous.
Belle réflexion qui referme ce magnifique roman.

Clara Arnaud est écrivain voyageur et romancière.

La lecture de récits d’aventure exacerbe ses rêves de voyage et, à 15 ans, elle découvre la langue chinoise. Mais son premier voyage en Chine n’est pas pour tout de suite : à 16 ans, elle traverse l’Europe en train, du sud au nord ; à 17 ans, elle pédale seule au Québec et réitère l’expérience cycliste dans l’Ouest irlandais un an plus tard. Puis, c’est au Kirghizistan que la porte sa farouche passion pour les montagnes et les chevaux.

En 2008, après une année de préparation et âgée d’à peine 21 ans, Clara Arnaud débarque en Chine. Durant cinq mois, ce pays lui offre une expérience bouleversante qui culmine au Tibet et dont elle tire un récit aux éditions Gaïa intitulé « Sur les chemins de Chine » pour lequel elle reçoit de nombreux prix dont le Grand prix de la fondation Zellidja en 2009.

Entre ses voyages, Clara se consacre à ses études de géographie, de chinois et d’économie à Sciences-Po, ainsi qu’à sa passion pour la course à pied et l’équitation. Elle est titulaire d’un master à Sciences-Po (2009-2011) et à l’Université Tsinghua (2011).

Clara Arnaud travaille depuis plus de dix ans sur des projets de développement international, et ses premières missions l’amènent au Sénégal, au Bénin et au Ghana, avant la République Démocratique du Congo et le Honduras.

Elle consacre son premier roman, « L’orage » (2015), à Kinshasa, la capitale congolaise où elle restera deux ans. En 2021, elle publie son roman, « La verticale du fleuve ».

Dans ces remerciements Clara Arnaud pensent surtout à Francis Chevillon et Gilda Chevillon sans qui le texte du roman serait tout autre chose.

Voici un texte de Francis Chevillon sur l’apprivoisement du berger.

Comment apprivoiser un berger

Francis Chevillon, bergerIl y a beaucoup d’espèces plus ou moins en voie de disparition dans les montagnes. Aujourd’hui, je voudrais parler de celle que l’on appelle communément « pâtre » ou « berger. »

C’est une espèce étrange, généralement armée d’un bâton, d’un couvre-chef de formes plus ou moins diverses et d’un parapluie en bandoulière (quel que soit le temps d’ailleurs). Pratiquement, il est toujours accompagné d’un ou plusieurs chiens, souvent bruyants, mais pas toujours agressifs.

Ses moeurs sont quelquefois surprenantes: affable, ou bourru, sans qu’on ne comprenne toujours la cause. Nous avons à ce propos relevé quelques constantes intéressantes:

Plus le groupe de visiteurs sera important et voyant, plus il aura tendance à se cacher.

D’autre part, on peut noter qu’il est assez facile à apprivoiser avec du vin, du Ricard ou de la viande rouge (la verroterie est à déconseiller), par contre, nous en avons rencontré un qui préférait le jus de fruit au vin, le riz complet et la salade au steack braisé (ces goûts bizarres correspondent, nous semble-t-il, à la longueur des cheveux du-dit berger, mais cela reste à vérifier!)

2 bergersAprès une étude psycho-sociologique poussée et de nombreuses expériences, nous avons déterminé un point qui semble fondamental et doit conditionner toutes nos attitudes. Il est persuadé, dans tous les cas–même si c’est à des degrés divers–que la montagne lui appartient. Il s’agit donc, pour nous, d’en tenir compte. Par exemple, il appréciera toujours qu’on lui demande la permission d’établir un campement, ou de capter une source. Il s’avérera même dans certains cas de « bons conseils », notamment pour prévoir le temps (il semble jouir à ce propos d’un sens supplémentaire), ou pour nous aider dans un travail de prospection car, en général, il connait assez bien son secteur, quoiqu’il marque un dégout souvent prononcé pour tout ce qui peut ressembler à un trou ou à une grotte. A ce propos, il est toujours judicieux de lui faire remarquer qu’après nos explorations, nous reboucherons ou nous protégerons les trous que nous avons désobés. De même qu’il aime à ce que la place du campement soit nettoyée au moment du départ (plastiques, boîtes de conserves, etc…)

Une autre constante d’ordre psychologique que nous avons pu observer est le fait que « la modestie ne l’étouffe pas ». Il aura même tendance, dans certains cas, à pratiquer une attitude condescendante en ce qui nous concerne. Nous en avons même rencontré un qui se comparait à l’Aigle ou à l’Isard. Cela semble dû au fait qu’il se tient plus particulièrement sur les crêtes ou aux endroits escarpés pour surveiller son bétail.

Une méthode simple pour l’apprivoiser consiste à lui signaler les bêtes isolées que l’ont peut apercevoir, en prenant bien soin de lui signifier la marque ou « pégé » qu’elles ont sur le dos, ainsi que sa couleur ou sa localisation. (Le pégé est une marque à la peinture que les brebis ont, soit sur les épaules, le dos ou l’arrière-train; il est différent selon les propriétaires. Les vaches quant à elles n’ont qu’une étiquette (appelée « boucle ») à l’oreille, avec un numéro). Il convient de le renseigner de façon assez souple afin de lui laisser la possibilité de dire « qu’il le savait déjà ». Idem pour les bêtes mortes que l’on peut rencontrer.

A ce propos, il semble évident qu’il nous faut éviter à tout prix de laisser rôder nos chiens (il est même grandement préférable de ne pas en avoir) car il marque un obession notoire à ce sujet.

Pour que le contact soit facilité, il est nécessaire de connaître quelques termes dont il se sert le plus couramment, afin d’éviter d’être traité de « touriste »–ce qui sonne souvent comme une insulte dans sa bouche.

Les BREBIS ou femelles adultes. Elles sont la grosse majorité du troupeau et c’est le terme général qu’il emploie lorsqu’il veut parler d’un groupe, et non pas le vocable MOUTON réservé aux mâles chatrés de plus d’un an. Les mâles entiers pour la reproduction étant les BELIERS, souvent avec des cornes, encore que cela dépende des régions, de même que les brebis.

Un berger sur les estivesIl emploie le terme « mousquer » ou « coumer » pour parler de l’habitude qu’on les bêtes de se protéger du soleil pendant les heures chaudes du midi. C’est d’ailleurs une attiutde qu’il partage aussi volontiers. Il parle de « faire la sieste » et il n’est jamais judicieux de venir le voir à ces heures là, même pour lui demander une boîte d’allumettes ou un ouvre-boîtes.

Une autre tactique d’apprivoisement que nous avons employée avec succès–surtout dans le cas de cabane isolée ou éloignée de la limite des bois–consiste à lui rendre visite avec un fagot de bois que l’on décharge ostensiblement devant la porte de son abri. Sa reconnaissance, même si elle n’est pas marquée, sera bien évidemment proportionnelle à la dimension du-dit fagot. Cette méthode est donc à déconseiller aux personnes déjà lourdement chargées ou fatiguées de naissance, mais peut provoquer une invitation à la veillée dans la mesure où l’on aime à entendre des histoires animalières ou de l’ancien temps. (Il convient d’éviter dans ce cas d’arriver trop nombreux, surtout si l’on ne fournit pas la boisson.)

Soulignons à ce propos qu’il est fermement déconseillé de pénétrer dans « sa » cabane en son absence, même si celle-ci (errare humanum est) est portée « refuge » sur notre carte.

Un autre sens (en plus de la prédiction du temps dont nous avons parlé plus haut) semble être plus développé que d’ordinaire, c’est la vue, qui’il complète d’ailleurs trés souvent par une paire de jumelles plus ou moins sophistiquées. A ce propos, il nous faudra admettre qu’il sera presque toujours au courant de tout ce qui touche nos allées et venues ou nos activités matinales. Il faut savoir en tenir compte.

Es espérant que ces quelques remarques sans prétention puissent aplanir le fossé qui sépare presque deux civilisations, et qu’ensemble nous puission jouir des montagnes qui nous entourent.

–Francis Chevillon

Portrait huaco de Gabriela Wiener. Métailié. 💛💛💛

Portrait huaco n’est pas un roman. Gabriela Wiener est une journaliste et éditorialiste péruvienne vivant en Espagne.
Portait huaco est son premier texte. Gabriela Wiener nous livre un texte âpre, cru, voir violent. Ce texte est servi par une écriture puissante et nerveuse.
Dans le cadre de son travail, Gabriela Wiener est à Paris et va visiter le musée du Quai Branly.
Elle est ébranlée par deux choses : d’abord par une statuette préhispanique en céramique représentant un visage indigène. Puis par le nom de la salle du Musée : Charles Wiener.
Charles Wiener qui est l’arrière- arrière-grand-père de l’autrice.
Charles Wiener est un explorateur du 19ème siècle qui a failli découvrir le Machu Picchu mais qui est surtout un pilleur d’objets inca .
Pour Gabriela Wiener c’est le début d’une recherche sur son passé et ce qu’elle est.
Réflexion sur le deuil, la famille, la bâtardise, le désir, le sexe.
Cette réflexion peut nous bousculer car Gabriela Wiener ne cache rien de ces addictions sexuelles, ni des différences de cultures, de race. Idem pour le colonialisme et le post colonialisme
Néanmoins il reste la force d’un texte vivant sur l’identité, sur nos filiations, nos dérives, nos vulnérabilités peut être.
Une découverte étonnante.
Merci aux Editions Métailié et à la Masse Critique de Babélio pour cet envoi


Gabriela Wiener, née à Lima en 1975, est considérée comme l’une des meilleures écrivaines latino-américaines de sa génération. Connue comme journaliste et écrivaine de narrative-non-fiction, son premier roman, Portrait huaco, en cours de traduction dans de nombreux pays, est considéré comme l’un des meilleurs livres parus en 2021.
Elle fait partie du groupe des nouveaux chroniqueurs latino-américains. Elle s’est installée en Espagne depuis 2003.

La ballade du feu d’Olivier Mak-Bouchard. Le Tripode. 💛💛💛💛💛

Quel plaisir que la lecture du dernier rom d’Olivier Mak-Bouchard La ballade du feu.
C’est un roman des chemins de traverse, tendre et souriant.
C’est un roman lumineux et solaire comme les ocres du Lubéron et de Rustrel.
Comme l’ocre se façonne, Olivier Mak-Bouchard construit minutieusement un roman des erreurs de trajectoire, de géolocalisation.
Dans cette construction méticuleuse circule un chat très volubile, un potier chômeur, une vétérinaire engagée, un postier syndicaliste ou encore des santons et un aigle de Bonelli.
Avec humour et poésie Olivier Mak-Bouchard nous délivre la vie simple de ces personnages et la possibilité d’une seconde chance.
Le tout est malicieux , drôle et attendrissant.
Entre réalisme et surnaturel se construit une fable sociale jusqu’au chamboulement final inattendu.
Olivier Mak-Bouchard sous un vernis d’humour de poésie et de légèreté transcende la vie de ces personnages.
Son précédent roman le Temps des grêlons était déroutant. Celui-ci est jouissif !


Olivier Mak-Bouchard a grandi dans le Luberon. Il vit désormais à San Francisco. Il est l’auteur au Tripode du Dit du Mistral (prix Première Plume, 2020) et du Temps des Grêlons (2022).

Son odeur après la pluie de Cédric Sapin Defour. STOCK. 💛💛💛💛

Un titre et un bandeau qui vous accroche pour peu que vous soyez sensible à nos amis les chiens.
D’abord un titre Son odeur après la pluie qui sent bon le retour de balade avec son chien. L’odeur d’un temps de connivence, de dépense, de moments partagés .
Et puis la photo de profil d’un bouvier bernois. La tendresse,la délicatesse, la gentillesse.
Ce gentil bouvier bernois s’appelle Ubac. Il est né en 2003 et va partager la vie de Cédric puis de Mathilde et Cédric.
Partager la vie n’est pas le verbe juste. Ce sera plus que cela. Une osmose, une fusion entre l’homme l’animal.
Cédric Sapin-Defour nous entraîne dans tes torrents d’émotions d’humanité ou comment une relation avec un animal nous dit le vivant.
Bien évidemment ce livre touche au plus profond et nous invite sur les routes de la différence, de la tolérance, de la vie mais aussi de la séparation et de la mort.
L’auteur nous parle de tout cela avec délicatesse mais aussi avec force.
Ubac est une vie qui fait irruption et devient indispensable. Un lien essentiel entre l’homme et l’animal .
Un compagnonnage intense qui touche au coeur.
Jean Paul Dubois qui préface le livre de Cédric Sapin Dufour a obtenu le Prix Goncourt pour son roman :Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même facon .
C’est bien le cas de Cédric. Avec Ubac il habite le monde au plus près de son regard, au plus près du sol, de la nature et de cette relation partagée.
Ce livre nous touche car il parle d’un compagnonnage respectueux qui grandit les uns et les autres.
Pour toute personne ayant compagnonner avec un chien, ce livre est un baume apaisant qui nous rappelle tout ce que pous nous apporter une présence animale.
Plus que touché par cette histoire car elle emprunte quelques chemins que nous avons vécu avec notre chien Fjord.
Fjord était un berger australien avec lequel nous avons comme Ubac et Cédric marchés sur les chemins du Beaufortain.
Comme Ubac, Fjord a respiré le grand air du Beaufortain et s’est extasié de la vue allant du Mont- Blanc au Lac de Roselend.
Comme pour Ubac, nous avons du descendre Fjord à la clinique des Quatre vallées à Albertville.Pas pour des tiques mais pour un épilé.
Fjord nous a quitté il y a 3 ans.
En reprenant les termes de Cédric Sapin Defour, Fjord a du rejoindre Ubac d’arbres en âmes et que le plus de vous persiste.



Auteur et avant tout alpiniste, Cédric Sapin-Defour a été chroniqueur pour le mensuel Montagnes Magazine, il est aujourd’hui collaborateur au quotidien Libération. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Le Dico impertinent de la montagne (JMEditions, 2014), Qu’ignore-je ? L’Alpinisme (JMEditions, 2016), Gravir les montagnes est une affaire de style (Paulsen, 2017), Les Sept vies de François Damilano (Paulsen, 2018), Espresso (Paulsen Guérin, 2019) et Double Espresso (Paulsen Guérin, 2022).

Au loin, quelques chevaux, deux plumes. Jean Louis Milesi. Les Presses de la Cité. 💛💛💛💛

Au début du vingtième siècle , un photographe de la bonne société de Seattle, ouest des Etats-Unis sillonnait les plaines de l’Arkansas et du Minnesota afin de pouvoir photographier la danse de la pluie chez les Indiens. Il ne fallait plus perdre de temps car ces Indiens, les Sioux, commençaient à vivre dans des réserves et leurs rites disparaissait peu à peu.
Ce photographe s’appelait Edward S Curtis. Il a toute sa vie durant photographier les Indiens afin de les rendre visibles et vivants.
Ces photos sépia de portraits d’Indiens ont fait le tour du monde et donné lieu à des expositions magnifiques.
Jean Louis Milesi , l’auteur de livre , est avant tout un scénariste de films. Il est le scénariste attitré de Robert Guédiguian. Il est l’auteur des scénarios de Marius et Jeannette, Les neiges du Kilimandjaro.
Au loin quelques chevaux, deux plumes est une fiction autour de la vie Edward S Curtis. Ce n’est pas sa biographie mais un instant de sa vie au détour de l’année 1900.
S’appuyant sur des faits et personnages réels ( la pendaison de Mankato – Princesse Angeline -Merril Gates – Association Aux amis de l’Indien ) Jean Louis Miles nous invite à suivre Edward S Curtis sur la piste des Sioux.
Et plus particulièrement Mika Ohiteka. A travers l’histoire de Mika c’est une histoire universelle qui va apparaitre : la perte des terres – les réserves – l’invisibilité d’un peuple – la lutte mais aussi la ségrégation.
Edward S Curtis était parti pour photographier les Indiens. Les photographiera t il ? Est ce le plus important.
Au loin il y aura toujours quelques chevaux et deux plumes.
Roman plein d’humanité qui capte un moment, un lieu tel qu’il est et qui peut être ,par la grâce de la photographie redonnera naissance.

Edward Sheriff Curtis, né le 16 février 1868 près de Whitewater et mort le 19 octobre 1952 à Whittier, est un photographe ethnologue américain1.

Il a été l’un des principaux anthropologues sociaux des Amérindiens d’Amérique du Nord2 — et de l’Ouest américain — laissant trace d’écrits, d’enregistrements sonores des chants indiens1 et de nombreuses photos sur verre. Ainsi, de manière non exhaustive, il a entrepris l’inventaire photographique d’Amérindiens des 80 tribus existantes. Cette population indienne qui était estimée à plus d’un million d’individus au xviiie siècle, avait chuté aux alentours de 40 000 lorsqu’il lança son projet.

10 000 !

Vous êtes en ce jour 10 000 à avoir visité mon blog.

Je vous en remercie.

Ce chiffre en soi n’est pas exceptionnel , mais il marque néanmoins un passage. Il marque l’intérêt que vous apportez à mes chroniques et au partage que vous en faite.

je suis toujours surpris par votre géographie. Bien sûr vous venez en très grande majorité de France et d’Europe. Mais les différents continents sont tous représentés et c’est un moment magique de s’apercevoir qu’une chronique a été lue aux Iles Salomon , au Cap Vert ou bien encore au Liban ou au Mali.

Ce blog n’a pour seul but que de faire découvrir des auteurs , des romans , des émotions. Parfois la relation , l’intimité ne se fait pas mais cela reste rare.

Bien à vous.

Alain.