Archives pour la catégorie Roman fantastique

Zem de Laurent Gaudé. Actes Sud. 🟩🟩🟩◼️◼️

Zem

Laurent Gaudé

Actes Sud

ISBN : 978-2-330-14094-6 Août 2025

288 pages

Trois ans ont passé à Magnapole. Zem et Salia ne se sont pas revus. Magnapole est toujours découpée en trois zones. Les zones 1 et 2 sous le dôme climatique. La zone 3 devant faire face aux pluies acides.

Le port de Magnapole est en ébullition. On va fêter la fête des cinq cents jours, des nouveaux quais et des Grands Travaux. de plus est attendu un cargo chasseur d’icebergs qui amène de l’eau naturelle, pure de milliers d’années. Alors que tous les yeux sont tournés vers ce cargo, un container livre une macabre cargaison : à l’intérieur cinq cadavres anonymes.

Quel est le secret de ce container ? Ce secret va être le centre de l’intrigue que va développer Laurent Gaudé. Toujours dans la dystopie mais un peu plus dans l’enquête policière. Enquête policière bien ancrée dans la recherche des terres rares et les galères d’un monde aux prises avec le changement climatique. Un monde noir avec la création d’une zone 4 de déchets et de rebuts mais aussi le début d’une résistance à ce monde en déshérence.

À travers les thèmes abordés, Laurent Gaudé nous rappelle la force de son écriture pour nous parler des hommes et des femmes, de leur condition et de notre monde gangréné par le pouvoir, le gain et la fuite en avant.

« Lorsqu’ils arrivent en contrebas de Delphes, Zem demande au chauffeur de s’arrêter cinq minutes. Il sait qu’il n’a pas le temps de monter jusqu’au temple. Ce serait prendre un risque inconsidéré. Et puis d’ailleurs, il ne voit pas de chemin. Il a dû être recouvert par la végétation au fil du temps. Mais il veut cinq minutes, simplement pour respirer l’endroit… Je suis de retour. murmure Zem. Il ferme les yeux puis les rouvre. Il sait que Delphes le sent. le mystère l’entoure. C’est beau. Rien n’a été sali. Rien n’a été creusé, foré, aménagé, parce qu’il n’y a ici que l’esprit. Et de cela ils ne savent que faire. »

Laurent Gaudé est un écrivain français.

Ancien élève de l’École Alsacienne de Paris, il poursuit ensuite des études de Lettres Modernes et des études Théâtrales à Paris III Sorbonne Nouvelle. Il prépare l’agrégation mais ne sent pas d’attirance pour l’enseignement. Son sujet de thèse porte sur le théâtre. Il décide de vivre de sa plume et publie sa première pièce, « Onysos le furieux », en 1997. Ce premier texte sera monté en 2000 au Théâtre national de Strasbourg dans une mise en scène de Yannis Kokkos. Suivront alors des années consacrées à l’écriture théâtrale, avec notamment « Pluie de cendres » (2001) jouée au Studio de la Comédie Française, « Combat de Possédés » (1999), traduite et joué en Allemagne, puis mise en lecture en anglais au Royal National Theatre de Londres, « Médée Kali » (2003) joué au Théâtre du Rond Point et « Les Sacrifiées » (2004).

Parallèlement à ce travail, Laurent Gaudé se lance dans l’écriture romanesque. En 2001, âgé de vingt neuf ans, il publie son premier roman, « Cris ». L’année suivante, en 2002, il obtient le Prix Goncourt des Lycéens et le prix des Libraires 2003 avec « La mort du roi Tsongor », son deuxième roman. En 2004, il remporte le prix Goncourt ainsi que le prix du jury Jean-Giono avec son roman « Le Soleil des Scorta » qui sera également un succès de librairie (80 000 exemplaires vendus entre la parution du roman et l’attribution du prix Goncourt).

Chien 51 de Laurent Gaudé. Actes Sud . 🟩🟩🟩◼️◼️

Chien 51

Laurent Gaudé

Actes Sud

ISBN : 978-2-33019-4-147 Septembre 2024

304 pages.

Et Laurent Gaudé se lança dans la science-fiction. On dira plutôt dans la dystopie. À vrai dire je ne suis pas un adepte de la science-fiction. Va encore pour la dystopie.

Pourtant j’avais passé mon tour. J’ai lu un certain nombre de livres et d’essais de Laurent Gaudé et je souhaitais rester sur cette impression. Et puis Laurent Gaudé est venu à la librairie Lucioles à Vienne pour une soirée autour de son dernier roman Zem. Je ne pouvais manquer cette occasion, et bien évidemment ce qui devait arriver arriva : L’achat et la lecture de Chien 51 et Zem.

Lors de cette rencontre, Laurent Gaudé expliqua ne pas être un adepte et fan de science-fiction et qu’il découvrait un nouvel horizon littéraire. Que coupler une dystopie avec une enquête policière et ses thèmes favoris (migrants-solidarité-réchauffement climatique-humanisme) avait un sens. Sur ce, il lut un extrait de Zem.

J’étais hameçonné.

Je ne vais pas revenir sur l’histoire de Chien 51. Tous les Babéliotes l’ont fait depuis trois ans.

J’ai ressenti à la lecture de Chien 51 que la dystopie est vraiment proche de la réalité que nous vivons. Comme si deux images étaient légèrement décalées. Et Laurent Gaudé excelle par son écriture pour nous emporter dans la tragédie, le réalisme et la compréhension, sombre, de ce décalage.

Aucune description physique précise de Salia ou Zem. Comme à son habitude, Laurent Gaudé nous laisse libre de notre imagination. Ses personnages se construisent par la parole et les événements qu’ils traversent.

Et les événements que traversent Salia et Zem nous décrivent un monde assez proche de notre monde actuel et qui n’augure pas de beaux jours.

Il apparait rapidement que ce n’est pas dans la dystopie et la science-fiction que Laurent Gaudé donne le meilleur, mais comme ces thèmes de prédilection (pouvoir-solidarité-inégalité) sont le fil de cette histoire, et que l’écriture de Laurent Gaudé porte le roman, on se laisse prendre.

Laurent Gaudé, né le 6 juillet 1972 dans le 14e arrondissement de Paris est un écrivain français.

Il a obtenu le prix Goncourt des lycéens et le prix des libraires avec La Mort du roi Tsongor, en 2002, puis le prix Goncourt pour son roman Le Soleil des Scorta, en 2004.

Parallèlement à ses études, il commence à écrire. En 1994, âgé de 22 ans, il envoie un premier texte intitulé Une fille et trois garçons à Du théâtre, la revue qui le publie. Ce même texte, ajouté à deux autres, sera publié par Claude Lanzmann dans la revue Les Temps modernes.

En 2001, il écrit son premier roman Cris, un récit choral sur la guerre de 14-18, publié par Actes Sud. S’ensuivent des années où Laurent Gaudé écrit aussi bien des pièces de théâtre (Médée kaliLe Tigre bleu de l’EuphrateLes SacrifiéesSalina…) que des romans.

En 2002, La Mort du roi Tsongor, son deuxième roman, lui vaut d’être reconnu à la fois par le monde littéraire et par le grand public. Cité pour le prix Goncourt, il est récompensé par le prix Goncourt des lycéens et le prix des libraires. Deux ans plus tard, il remporte le prix Goncourt ainsi que le prix du jury Jean-Giono avec son roman Le Soleil des Scorta, également un succès de librairie (80 000 exemplaires vendus entre la parution du roman et l’attribution du prix Goncourt en 2004).

Dans les années qui suivent, tout en poursuivant l’écriture de romans (EldoradoLa Porte des EnfersOuraganÉcoutez nos défaites) Laurent Gaudé continue son travail pour le théâtre et développe de nouvelles collaborations avec d’autres formes d’art : photographie, musique, poésie, films…

Le chant des pentes de Simon Parcot. Le mot et le reste. 🟩🟩🟩🟩◼️

Le chant des pentes

Simon Parcot

Le mot et le reste

ISBN : 978-2-38431-434-8 Août 2024

176 pages

La vallée du Vénéon en Isère a connu récemment des inondations qui ont emporté le village mythique de l’Oisans : La Bérarde au coeur de l’Oisans et des Ecrins. Mais cette magnifique vallée a gardé en son sein deux écrins : le premier est bien connu : Jean Marc Rochette , le dessinateur, l’alpiniste , le créateur du Transperceneige , d’Ailefroide, le loup, et la dernière reine.
Le deuxième va vite être connu. Il s’agit de Simon Parcot, 29 ans, philosophe des sentiers.
Sont roman , le chant des pentes est une réussite totale.
S’appuyant sur les chants sifflés du village d’Aas dans les Pyrénées et sur les chemins des Ecrins, il nous livre un conte pastoral bouleversant.
Mais n’est ce qu’un conte ? Comme tout les contes celui-ci a vocation à dire les choses secrètes, à dire la fantasmagorie et le lien à la nature.
Dans un village de montagne une jeune fille Gayané ne parle pas comme la plupart des enfants..
A la suite d’un rêve, Gayané décide de partir du village et de rejoindre l’alpage du grand Lac par delà les fôrèts.
Les villageois ne vont plus à l’alpage car ils pensent qu’il est hanté par des êtres siffleurs et des personnages mi- humains et mi-vautours.
Pour ce voyage initiatique Gayané sera accompagnée par Hélias, son ami interprète, Manolios le doyen des bergers et La Mule une contrebandière.
Le chant des pentes est un récit de transmission, de langue, d’animisme, de résilience mais aussi d’esprit.
L’écriture de Simon Parcot nous entraine en forêt, dans les alpages, au coeur de la montagne Lumineuse. C’est doux, c’est violent, parfois angoissant. Il faut accepter de lâcher prise et d’arpenter les chemins de montagnes avec des êtres habités par la nature et en symbiose avec celle-ci jusqu’à cette langue sifflée qui irrigue le roman.
Ensuite il sera temps pour chacun de faire sien, le conte et de s’en imprégner.

Simon Parcot est écrivain et philosophe de sentiers.

Jeune, il voyage fréquemment dans le Caucase, les Balkans ou l’Afrique du Nord. Il expérimente le désert, de feu d’abord (Sahara), de glace ensuite (Spitzberg – Pôle Nord). Plus tard, il découvre le Brésil, la folie de l’Inde, la rudesse de l’Himalaya (Népal). Il use aussi ses semelles sur les sentiers d’Europe (Chemins de Compostelle, chemin de Stevenson, Tour de l’Oisans).

Après une expérience en tant que professeur de philosophie, il décide de revenir à la montagne, et d’habiter dans le massif des écrins. Là-bas, il se consacre à l’écriture et invente les « balades-philo », des initiations ambulantes à la philosophie.

La montagne et son univers l’inspirent :

Bois aux Renards d’Antoine Chainas. Gallimard La noire . 💛💛💛

Bois aux Renards est un lieu de contes de mythes et de légendes comme l’indique en première page Antoine Chainas. C’est un lieu dans lequel on entre mais dont on est pas sûr de sortir.
Dans Bois aux Renards vit une communauté avec à sa tête Admete et Hermione. Communauté, secte, survivalisme. Peut être, ou pas. Mais sûrement hors du temps. Dans ce même Bois aux Renards il existe une grande bâtisse dans laquelle vit une femme entourée de cages vides.
Bois aux Renards va aussi faire entrer en son sein un couple de tueurs en série : Bernadette et Yves. Ceux ci dans leur combi Volkswagen entraînent des jeunes filles vers la mort. Malheureusement pour eux, une jeune témoin, Anna, assiste à l’un des meurtres.
Pour fuir Anna va se réfugier dans Bois aux Renards.
Pour retrouver Anna, Bernadette, Yves et le combi Volkswagen vont s’enfoncer dans Bois aux Renards.
Entre contes, légendes et réalités Antoine Chainas nous livre un roman ardu, plus noir que noir aux accents mythologiques. Il faut s’accrocher aux branches de Bois aux Renards ! Mais encore pas trop, l’endroit n’est pas des plus accueillants !
Il faut aussi s’accrocher à un vocabulaire quelque peu élitiste décrivant avec précision détails anatomiques et ésotérisme.
Je n’ai donc pas été convaincu par Bois aux Renards et je ne vous souhaite pas d’y entrer par inadvertance.
Si par hasard vous y entrez, vous comprendrez le lien avec le renard. Un indice : SorCS 1.

Antoine Chainas, né en 1971, est un écrivain français de romans policiers. Il s’est imposé, à partir de 20071, comme l’un des auteurs phares de la collection « Série noire » dirigée par Aurélien Masson chez Gallimard. Il traduit aussi des romans policiers anglo-saxons2.