
L’ordre du jour , Prix Goncourt 2017, est un livre qui peut paraĂźtre petit. Petit par son format et petit par le nombre de pages : 150.
Mais ce n’est qu’illusion.
Ces 150 pages sont la quintessence d’une Ă©poque Ă travers un Ă©vĂ©nement historique : l’annexion de l’Autriche au TroisiĂšme Reich allemand. ĂvĂ©nement connu sous le nom de l’Anschluss.
Comme Ă son habitude Ăric Vuillard a une Ă©criture ciselĂ©e, prĂ©cise, un brin ironique ou mieux caustique.
Eric Vuillard à le don pour détailler un événement et le mettre en perspective. Mise en perspective qui est une mise en abßme des turpitudes humaines.
Et ces turpitudes sont nombreuses et exécrables.
L’annexion de l’Autriche en est un exemple frappant.
Avant de penser Ă annexer l’Autriche, il est de bon ton de rĂ©unir ce que l’Allemagne fait de mieux au niveau entreprenarial. Ils sont 24 pardessus noirs Ă avoir rĂ©pondu Ă la demande de Goering : apporter leurs oboles sonnantes et trĂ©buchantes Ă la gloire du TroisiĂšme Reich. En terme plus cru, cracher au bassinet .
Et sous ces 24 pardessus et chapeaux noirs se cachent Krupp, Opel, IG Farben, BASF, Agfa, Siemens, Allianz, Telefunken.
Le TroisiĂšme Reich est au dessus de tout. Rien ne peut et ne doit l’arrĂȘter.
Dans ces conditions là gravité cÎtoie le ridicule.
Et d’une page Ă l’autre du rĂ©cit nous balançons entre ces deux extrĂȘmes.
Ou comment van Ribentropp prolonge une rĂ©union Ă Londres afin que Chamberlain ne puisse lire un billet annonçant l’invasion de l’Autriche.
La diplomatie poussée au ridicule.
Ou cette colonne souffreteuse de blindĂ©s envahissant l’Autriche et que personne ne voit atteindre Vienne.
Reste ces 24 pardessus noirs qui ont connaissance des camps de concentration et qui piochent allĂšgrement chez les dĂ©portĂ©s une main d’oeuvre gratuite et corvĂ©able jusqu’Ă la mort.
Reste parmi ces 24 pardessus noirs, Krupp, qui a ce jour n’a eu aucun pardon pour ces pratiques.
Un petit livre
150 pages
Mais tout est encore Ă Â l’ordre du jour.
Récit salutaire .

Il publie un premier rĂ©cit en 1999, puis deux livres aux tons poĂ©tiques (dont Tohu3), et un roman Ă©pique, sur la conquĂȘte du PĂ©rou par Pizarro et la chute de l’Empire inca, Conquistadors4, en 2009. Conquistadors reçoit le prix Ignatius J. Reilly 20105.
Il rĂ©alise en 2008 un long mĂ©trage, Mateo Falcone, adaptation de la nouvelle de Prosper MĂ©rimĂ©e. Le film, prĂ©sentĂ© au festival du film de Turin ainsi qu’au festival Premiers Plans d’Angers, sort en salle en novembre 2014.
Son rĂ©cit intitulé L’Ordre du jour qui relate plusieurs Ă©pisodes des prĂ©mices et du dĂ©but du TroisiĂšme Reich, remporte le prix Goncourt 20176. SaluĂ© par la critique, il fait un an plus tard, lors de sa sortie aux Ătats-Unis, l’objet d’une Ă©tude de l’historien Robert Paxton7.
En janvier 2019, il publie La Guerre des pauvres, initialement prĂ©vue pour le printemps ; il estime que « le contexte actuel [celui du mouvement des gilets jaunes] aimantait le livre, il mâa semblĂ© que le moment Ă©tait venu de le publier8. » Le rĂ©cit porte sur la guerre des Paysans allemands, l’un de ses chefs, le prĂ©dicateur Thomas MĂŒntzer, et quelques-uns de ceux qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©9.
il m’a bien plu et il rĂ©sonne particuliĂšrement ces derniers jours đ
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