Ceux qui partent de Jeanne Benameur. Actes Sud.💛💛💛💛

Ceux qui partent par Benameur

Elles Island au large de New York, la porte d’entrĂ©e des AmĂ©riques pour les Ă©migrants aux confins du 19Ăšme et 20Ăšme siĂšcle.
J’ai eu la chance d’aller Ă  Ellis Island et de prendre le temps d’une journĂ©e complĂšte pour m’imprĂ©gner des lieux. Prendre le temps de visiter chaque piĂšce et les documents et expositions proposĂ©es. Prendre le temps de faire face aux dortoirs mais aussi Ă  cette grande salle vide qui accueillait en longues lignes parallĂšles la cohorte des Ă©migrants. …
Mais la salle était vide et le bruit de fond était celui des visiteurs et non des émigrants.
Le livre de Jeanne Benameur Ceux qui partent restitue à merveille Ellis Island et le grouillement de cette foule cosmopolite.
Nous sommes un jour brumeux de 1910 et un paquebot d’Ă©migrants va accoster Ă  Ellis Island.
Parmi eux Donato et sa fille Emilia, quittant l’Italie du Nord et L’Europe bientĂŽt au prise avec la guerre.
Il y a aussi Esther, armĂ©nienne seule survivante de la destruction de son village, Gabor gitan et violoniste avec sa  » famille » rĂȘvant des plaines d’Argentine.
Sur le bateau il y a aussi Andrew Jonson , jeune photographe vivant Ă  New York et aimentĂ© par Ellis Island. C’est lĂ  que sont arrivĂ©s ses parents et grands parents en provenance d’Islande. Il a un besoin vital de comprendre son histoire au travers du regard des autres Ă©migrants.
Le roman va se dĂ©rouler dans un laps de temps trĂšs court entre la fin de journĂ©e et l’aube du lendemain.
Pendant cette nuit Ă  Ellis Island tous ces personnages vont se croiser, se rencontrer, s’Ă©mouvoir.
C’est la partie du roman de Jeanne Benameur , la plus prenante , la plus Ă©motionnelle.
Jeanne Benameur par une Ă©criture empathique, tendre, sentimentale dans le bon sens du mot nous fait vivre de l’intĂ©rieur cette perte de racines, ce dĂ©part voulu ou non. Elle nous parle de la terre natale, de la langue, de la solidaritĂ©, de la perte dans des phrases sublimes de vĂ©ritĂ© .
Elle arrive Ă  faire naĂźtre une sensualitĂ© dans ce lieu d’exil.
Et puis patatras, brutalement le bonheur de lecture se dissout . D’Ă©motion et de sensualitĂ©, nous passons Ă  la sexualitĂ©. Alors qu’il n’en n’avait pas Ă©tĂ© question depuis le dĂ©but du livre, la plupart des personnages deviennent  » accros » et c’est cela qui dicte la suite du roman.
Il m’a semblĂ© que Jeanne Benameur avait perdu le fil de son roman et l’on tombait dans un sentimantalisme de pacotille.
Grande frustration alors que Emilia, Donato, Gabor et Andrew sont confrontĂ©s Ă  leurs racines, et Ă  leur nouvelle vie d’Ă©migrĂ©s.
MĂȘme sentiment quand Jeanne Benameur caractĂ©rise ses personnages par une couleur. L’idĂ©e de dĂ©part dĂ©peint bien le personnage mais cela devient vite confus.
En SynthĂšse une dĂ©ception ,mais je retiendrais Ellis Island et ses Émigrants.
Toute ressemblance avec la rĂ©alitĂ© n’est pas fortuite…..
Le jour du lendemain
Il faudrait toujours savoir attendre avant de chroniquer un livre.
La nuit ( tellement en question dans le roman) porte conseil
La nuit la lecture de quelques avis et critiques , quelques discussions font réfléchir.
Ces deux parties trĂšs distinctes dans le livre de Jeanne Benameur me posait question par leur singularitĂ© et par la place prise par les corps et la sexualitĂ© dans cette nuit d’Ellis Island.
Une chronique sur un blog évoquait cette sexualité comme le seul langage commun dans cette foule cosmopolite .
Une interview de Jeanne Benameur explique que ce qu’il reste Ă  l’Ă©migrĂ© c’est son corps, c’est son espace de libertĂ©.
Et cet espace de libertĂ© charnelle revient souvent dans le livre de Jeanne Benameur. Pour Donato c’est la voix, le théùtre, pour les gitans c’est la danse, pour d’autres c’est l’amour passionnĂ©, la fusion des corps. Enfin pour Hazel c’est une reconquĂȘte de son corps qui va jusqu’au changement d’identitĂ©.
Dans une autre interview, elle dit avoir voulu parler des interstices, de ces moments entre deux.
Entre l’arrivĂ©e Ă  Ellis Island et le dĂ©barquement Ă  New York pour une nouvelle vie.
Je comprends mieux maintenant les deux parties de ce roman, et ces réflexions éclairent différemment ce que je prenais pour un sentimentalisme de pacotille.
Quand vous Ă©migrez, il n’y a que votre corps qui vous suive. C’est votre viatique , votre libertĂ© .
 » la seule frontiĂšre, fragile, palpitante, c’est notre propre peau « . Page 106
« Toute extase est une oeuvre de chair. Il n’y a pas d’esprit sans la chair. C’est comme ça. On est un ĂȘtre humain et c’est comme ça. …On le vit au théùtre et on le sait…..ils savent que finalement le corps c’est tout. »
Merci Ă  la nuit et aux avis et chroniques !
De 3 passons Ă  quatre coeurs

 

Une rĂ©flexion sur « Ceux qui partent de Jeanne Benameur. Actes Sud.💛💛💛💛 »

  1. il est Ă  mon programme car j’adore Jeanne Benameur dont j’essaie de lire tous les livres (et sa bibliographie est riche!) et qui ne m’a jamais déçue. je l’ai dĂ©couverte avec « Profanes »
    Coup de cƓur pour « Les demeurĂ©es »

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