L’Escale de Marion Lejeune. Le bruit du Monde.🟩🟩🟩🟩◼️

L’escale

Marion Lejeune

Le bruit du monde

ISBN :978-2-38601-003-3 Mars 2024

277 pages

Dans ce premier roman Marion Lejeune nous entraîne dans les brumes et froidure de l’Atlantique Nord. Au large des côtes norvégienne et danoises, existe l’Archipel, un chapelet d’îles. le Gren bateau de commerce vient y faire escale. Parmi les marins il y a Grigori, russe de la Mer blanche. A bord il a perdu quelques paris et les dettes sont arrivées. Quoi de mieux qu’une escale pour quitter le navire et se réfugier chez les instituteurs Jon et Halle.
L’escale se prolongera dans cet archipel perdu, battu par les vents et hérissé de falaises cascadeuses. Malgré 7ne nature hostile des hommes et des femmes vivent leur quotidien .
Ce qui fait le charme de ce roman vient de la force d’évocation de l’autrice. On ressent physiquement cette nature, la collecte des œufs dans les falaises ou encore le Grind, cette étonnante et violente chasse à la baleine. Et puis par association de mots, Marion Lejeune nous décrit ces hommes et ces femmes, leurs gestes simples, leurs visages tannés, Avec des mots et des couleurs l’Archipel prend forme entre gris, anthracite, vert et horizon de moutons.
On s’ancre dans cet archipel, comme Grigori, hors du temps.
Q6’est qu’une escale ? le bateau, une ile… Y a t il une différence. Qui est en mouvement et qui est fixe !.
Tout est dans l’exergue de Anna Milani : « La question des limites avait été dépassée depuis longtemps, les lieux n’étaient plus circonscrits, situables sur des cartes, immobiles. Ils se déplaçaient avec le voyageur. »
Ce roman a l’écriture délicate est doté d’un grand pouvoir d’évocation.
Marion Lejeune nous emmène loin dans les brumes et embruns de l’Atlantique Nord .
Envoûtant.

Marion Lejeune est née en 1988 à Grenoble. Elle a voyagé en Islande, dans les pays scandinaves et en Russie. Elle vit aujourd’hui en région parisienne, où elle prépare de futures échappées.
L’Escale est son premier roman.

Eva et les bêtes sauvages d’Antonio Ungar. Notabilia . 🟩🟩🟩🟩◼️

Eva et les bêtes sauvages

Antonio Ungar

Traduction : Robert Amutio

Notabilia

ISBN : 978-2-88250-905-5 . 179 pages

Janvier 2024

Novembre 1999. Une barque sur l’Orénoque. En Colombie, près de la frontière vénézuélienne. Dans cette barque, une jeune femme , Eva. Elle vient d’être touchée par une balle sous la clavicule. Peut être est-ce la fin ?
Qui est Eva et que fait-elle seule dans une barque au fond de la jungle amazonienne ?
Avec ce personnage l’auteur Antonio Ungar nous retrace sur la base de faits réels la décomposition d’un pays et des hommes.
C’est prenant de bout en bout, sous-tendu par une violence de tous les instants.
Eva est une jeune fille de la bonne société colombienne. Bonne Société veut aussi dire alcool, sexe, drogue. Eva est addict à tout. Une descente aux enfers.
Pourtant dans un moment de conscience aigue, elle décide de reprendre en main sa vie, de la risquer pour sauver celle des autres. Et décide de trouver dans son travail d’infirmière le moyen d’être utile au cœur de l’Amazonie, à Puerto Inidira.
La jungle porte bien son nom . Des strates de violence où cohabitent indiens indigènes, colons, mafieux, paramilitaires et guerillos des Farc. Chaque lopin de terre recèle or et cocaïne. La descente au enfers d’Eva prend une autre voie.
C’est un texte dur, noir, puissant et violent. Les bêtes sauvages auront -elles raisons d’Eva ?
Il semble qu’en 2024 malgré l’accord passé entre le gouvernement colombien et les Farc, rien n’est beaucoup changé. La jungle a peur du vide.
Reste néanmoins dans cette jungle inextricable des îlots d’espoir.


Écrivain et journaliste, Antonio Ungar figure dans la liste « Bogotá 39 » réunissant les trente-neuf meilleurs auteurs latino-américains de moins de trente-neuf ans. Né en 1974 dans la capitale colombienne, il a habité en Palestine et vit aujourd’hui à Bogotá. Il travaille comme correspondant pour des journaux espagnols, italiens et sud-américains, une activité pour laquelle il a remporté en 2006 le prix de journalisme Simón Bolívar.

Une singularité de Bastien Hauser. Actes Sud. 🟩🟩🟩◼️◼️

Une singularité

Bastien Hauser

Actes Sud

ISBN : 978-2-330-18951-8 272 pages

.Mars 2024

Une singularité est le premier roman déroutant de Bastien HauserBastien Hauser est né en Suisse. Il a 28 ans et habite à Bruxelles.
Le titre du roman Une singularité résume totalement la singularité de ce texte. le roman se passe sur trois mois entre avril et juillet 2019.
En avril 2019 Abel Fleck tombe dans sa cuisine victime d’un AVC. Il est pris en charge rapidement, l’hémorragie est de courte durée. A l’IRM reste une tache provoquée par l’hématome.
Malgré la prise en charge rapide Abel est fatigué, désorienté. S’ajoute des pertes de mémoires et la difficulté à trouver ses mots.
Ainsi commence le roman. L’écriture épouse les états d’Abel et nous laisse un peu perdu dans sa désorientation.
A la même époque , des scientifiques découvrent de nouvelles informations sur les trous noirs.
Abel dans les répliques de son AVC fait le lien avec les trous noirs. Un trou noir se trouve au centre d’une galaxie. le trou noir n’a rien d’un trou. Il provient de la mort d’une étoile. Ils aspirent tout sur leur passage. Rien ne leur résiste.
Aux prises avec des acouphènes, des arcs électriques , Abel devient certain que la tache dans son cerveau est elle aussi un trou noir.
Le roman va devenir une exploration vertigineuse du corps et du cosmos en plusieurs temporalités. Abel se sent propulsé au coeur du grand mystère.
Je ne vous dévoilerai pas ou ces temporalités vont emmener Abel.
Il faut bien accrocher sa ceinture pour suivre Abel entre fêtes permanentes, aperçu cosmique . Aux fêtes permanentes se greffe la désespérance.
C’est un roman qui peut rebuter mais qui mérite d’être lu pour l’originalité du propos

Né en Suisse en 1996, Bastien Hauser est auteur et metteur en scène. Membre du collectif Et cætera, il est diplômé du master Textes et création littéraire de La Cambre à Bruxelles et lauréat du laboratoire d’écriture dramatique de la Société suisse des auteurs.

Ne vois-tu pas que je brule ? de Michal Ben-Naftali. Actes Sud. 🟩🟩🟩◼️◼️

Ne vois-tu pas que je brûle ?

Michal Ben-Naftali

Actes Sud

Traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech

ISBN : 978-2-330-18702-6 . 138 pages

Février 2024

Court roman de 138 pages, Ne vois tu pas que je brûle ? de l’écrivaine israélienne Michal Ben- Naftali est un texte ramassé et tendu.
Ana est étudiante en histoire et littérature. Elle travaille un mémoire sur la répression des sorcières au 16ème siècle.
Elle vit à Jérusalem avec son compagnon Yohann. Par hasard, à l’université, elle rencontre la propriétaire de son appartement, Loria une femme de cinquante six ans, atteinte d’un glaucome et perdant petit à petit la vue.
Ana va accepter de venir lire des livres chez Loria.
Ana va découvrir que Loria est une fille d’exilée russe, une femme engagée dans les mouvements contestataires de gauche. Mai hormis cela, Loria conserve beaucoup de mystère. Elle ne travaille pas, elle ne parle pas de son environnement familial et maitrise parfaitement l’art de la dissimulation.
Ana est subjuguée par cette femme .
Mais en écho aux sorcières du 16ème siècle, qui ensorcelle l’autre ? Qui est la plus vulnérable? Qui manipule qui ?
La vulnérabilité, l’ensorcellement et la manipulation touchent aussi le lecteur qui se perd un peu dans ce roman de la dissimulation et de la séparation

Michal Ben-Naftali, traductrice en hébreu de Jacques Derrida et André Breton, enseigne la littérature française et l’écriture créative à l’Université de Tel Aviv. L’Énigme Elsa Weiss, son premier roman, a été couronné par le Prix Sapir 2016. L’autrice fait son grand retour en 2024 avec Ne vois-tu pas que je brûle ?. 

Du Même Bois de Marion Fayolle. Gallimard. 🟩🟩🟩🟩🟩

Du même bois

Marion Fayolle

Gallimard

ISBN : 978-2-07-302581-4 . 113 pages

Janvier 2024.

Marion Fayolle est dessinatrice et autrice de romans graphiques. Jusqu’à maintenant le dessin est son expression. Pourtant le sujet qu’elle veut aborder lui semble ne pouvoir être exprimé par des dessins.
Marion Fayolle a donc écrit son premier roman du même bois  » et c’est une réussite totale.
J’ai eu la chance de rencontrer Marion Fayolle à La fête du livre de Bron en mars. sa dédicace dit tout :
 » Belle promenade dans mes paysages »
et puis un dessin simple : Des nuages et une ligne de montagne pour horizon Une fois le dessin tourné à 90 degrés apparaît un visage.
Nous sommes en Ardèche , sur le plateau, aux confins des sources de la Loire.
Nature, hommes et animaux s’entremêlent dans un court récit magnifique au tour de trois générations d’ardéchois. Et chacun sur ce plateau ardéchois fait partie du cycle perpétuel de la vie, de la mort et de la transmission. La vie et la mort imprègnent les hommes, les femmes mais aussi la pierre, la montagne, les animaux de la ferme.
Marion Fayolle nous raconte avec justesse, émotion et empathie l’histoire d’une ferme, de ces hommes ,de ces femmes et de ces enfants. Il n’y a pas nécessité à les nommer. le pépé, la grand-mère, le gamin, l’oncle, le père, la fille suffisent pour nous dire :
« Les enfants, les bébés, il les appellent les « petitous ». Et c’est vrai qu’ils sont des petits Touts. Qu’ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-, parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu’ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout.
Du même bois.

Originaire de l’Ardèche, Marion Fayolle étudie au sein de la section illustration de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg entre 2006 et 2011. En 2009, elle crée la revue Nyctalope aux côtés de ses camarades Simon Roussin et Matthias Malingrëy. L’illustratrice collabore avec de grands titres de presse internationaux, tels que Le Monde MagazineXXITéléramaLe 1The New Yorker ou encore The New York Times1,2,3. Depuis 2012, ses livres sont publiés aux éditions Magnani.

Baumgartner de Paul Auster .Actes Sud. 🟩🟩🟩🟩◼️

Baumgartner

Paul Auster

Actes Sud

Traduction : Anne Laure Tissut

ISBN : 978-2-330-18875-7 Mars 2024

Baumgartner peut être lu comme le bilan d’une existence et il est naturel que Baumgartner soit un miroir très peu dépoli de Paul Auster.
Ce roman assez court ( 20 pages) est nostalgique et poignant car il investit le long cours de la vie.
Seymour Baumgartner, 71 ans, professeur à Princeton revisite la grande histoire de sa vie qu’a été son amour pour sa femme Anna Blume ( tiens, tiens un personnage des romans de Paul Auster).
Quand commence le roman Sy Baumgartner est veuf depuis 10 ans. Sur une plage, un soir, un dernier bain a été fatal à Anna. Une vague a brisé sa nuque.
Veuf vivant dans son appartement au gré de ses souvenirs.
Ce matin là un ensemble d’incidents, et une chute accidentelle va le ramener aux souvenirs de sa vie. Et les grands souvenirs de sa vie tournent autour d’Anna et de sa famille éxilée de l’Europe de l’Est et plus particulièrement.
Ce grand père maternel qui s’appelait … Auster.
Paul Auster nous gratifie d’un roman ou le désir de vie se télescope à la mémoire , parfois incertaine des souvenirs, alors que les prémices de la vieillesse apparaissent.
Lentement le puzzle de la vie de Baumgartner se met en place entre réalité, imagination et confession.
Les doutes, les angoisses, les fantômes perdus jalonnent le chemin.
Le vrai, le faux. Baumgartner– Auster.
Peut être le dernier roman de Paul Auster.

Paul Auster, né le 3 février 1947 à NewarkNew Jersey, aux États-Unis, est un écrivainscénariste et réalisateur américain. Une partie de son œuvre évoque la ville de New York, notamment le quartier de Brooklyn où il vit. D’abord traducteur de poètes français, il écrit des poèmes avant de se tourner vers le roman et à partir des années 1990 de réaliser aussi quelques films.

Le banquet des Empouses d’Olga Tokarczuk. Les Editions Noir sur Blanc. 🟩🟩🟩🟩◼️

Le Banquet de Empouses

Olga Tokarczuk – Prix Nobel

Les Editions Noir sur Blanc

Traduction : Maryla Laurent

ISSBN: 978-2-88250-866-9 Février 2024

1913. Sanatorium de Gorbersdorf ( aujourd’hui Sokolowsko en Pologne). Nichée au fond d’une vallée des Sudètes, entourée de montagne, la pension pour Messieurs reçoit des malades atteint de tuberculose ou de phtisie. Cette pension reçoit les personnes en attente d’une chambre de meilleure qualité dans les locaux même du sanatorium.
Un jeune homme arrive dans cette pension. Il s’agit de Mieczylaw Wojnik, étudiant en ingénierie des adductions d’eaux. Dans cette pension, il va être confronté à un parterre de Messieurs parfaitement tuberculeux et misogynes.
Dans l’un des précédents roman d Olga TokarczukSur les ossements des morts, des animaux de cette même région des Sudètes se vengeaient des chasseurs en les tuant.
Dans le banquet des Empouses, ce sont les Empouses qui sont à la manoeuvre pour punir ces Messieurs.
Olga Tokarczuk fait de ces Empouses les narratrices. Des narratrices qui aiment les détails et ….. les chaussures.
Cela donne un art de la description porté au sommet.
Les premières pages du roman pour décrire l’arrivée du jeune Wojnik sont un régal. Ou comment décrire un pavé luisant sur lequel apparait la jambe gauche, puis la droite marchant vers la pension pour Messieurs et petit à petit décrire des vêtements, un personnage, un lieu, une époque .
Tout comme la description que font les Empouses d’un aéropage de chaussures sous une table. Tout est dit , physiquement, psychologiquement et socialement.

Mais qu’est ce qu’une Empouse ? Si vous êtes féru de mythologie, vous le savez. Sinon vous le découvrirez au détour de ce livre étonnant.

Donc le jeune Wojnik c’est installé à la pension. C’est lui que l’on va suivre durant tout le roman.
Il va devoir faire face à la mort de la femme de l’aubergiste de la pension. Mais aussi faire face à ces Messieurs imbus de leur supériorité et que quelque soit la conversation tout finit autour de la femme pour déplorer ses faiblesses, son cerveau différent et son absence d’âme.
Wojnik doit aussi faire face à ses propres tourments : une mère morte en couche, ou comment croire qu’elle a abandonné son enfant.
De ces situations de départ, Olga Tokarczuk va écrire un roman ancré dans le réel, le fantastique, les croyances populaires. C’est un parti pris qui peut déranger . Mais ce parti pris permet de pointer la rigidité des normalités et les bouleversements du monde à l’aube d’une guerre mondiale.
C’est aussi un roman qui nous parle de nature, de forêt, de brumes et de soleil voilé.
Enfin, c’est surtout un roman féministe, tolérant qui ouvre sur toutes les mixités , sur toutes les identités.
Par delà le roman d’épouvante naturopathique Olga Tokarczuk parle au plus profond de nos croyances.

Olga Tokarczuk, née le 29 janvier 1962 à Sulechów (voïvodie de Lubusz) en Pologne, est une femme de lettres polonaise.

Elle obtient le prix Nobel de littérature 2018, décerné en 2019.

Olga Tokarczuk étudie la psychologie à l’université de Varsovie. Durant ses études, elle travaille, bénévolement, avec des personnes souffrant de troubles mentaux. Après avoir terminé ses études, elle devient psychothérapeute à Wałbrzych.

À partir de 1997, elle se consacre entièrement à l’écriture, se disant inspirée par William Blake. Elle contribue aussi à la revue littéraire Granta.

Le lendemain de l’annonce de son prix, la ville de Wrocław où elle réside rend les transports publics gratuits aux usagers ayant sur eux un livre d’Olga Tokarczuk.

Ses romans sont traduits en plus de 25 langues dont le catalan, l’hindi et le japonais. Elle est l’autrice polonaise la plus traduite hors de son pays.

Autres livres d’Olga Tokarczuk chroniqués sur le site :

Sur les ossements des morts : https://auxventsdesmots.fr/2020/06/04/sur-les-ossements-des-morts-dolga-tokarczuk-libretto-%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b/

Les livres de Jakob. : https://auxventsdesmots.fr/2020/07/27/les-livres-de-jakob-dolga-tokarczuk-noir-sur-blanc-%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b%f0%9f%92%9b/

Une Bête au Paradis. Cécile Coulon. L’Iconoclaste. 🟩🟩🟩🟩◼️

Une Bête au Paradis

Cécile Coulon

L’iconoclaste

ISBN : 978-2-37890-078-9

346 pages

août 2019.

Il n’est jamais trop tard pour lire et aimer un roman sorti en 2019. C’est le cas du roman de Cécile Coulon Une bête au paradis.
Nous sommes dans une campagne appelée le Paradis. Elle n’est pas géographiquement située. Au Paradis il y a la ferme d’Emilienne. Elle élève seule ces deux petits enfants Blanche et Gabriel qui ont perdu leurs parents dans un accident. Il y a aussi à la ferme un commis , Louis.
A l’adolescence arrive le premier amour de Blanche. Il s’appelle Alexandre. Alexandre ambitieux veut parcourir le monde. Blanche, elle, est enracinée dans les terres du Paradis. Leur amour survivra t’il ?
Cécile Coulon à l’égal d’un Franck Bouysse nous livre un roman réaliste, rural , rustique, ancré . Les chapitres sont courts et tous sont nommés par un verbe. C’est court et sa cogne comme un coup de poing. Toute la vie du Paradis est à l’aune de cette rugosité. Que ce soit les humains où les animaux. Tout fait un autour de ce réalisme. C’est un roman habité d’une violence et d’une noirceur qui doit exploser en tragédie.
Le tout porté par des personnages féminins magnifiques et des êtres sensibles différents.

Cécile Coulon, née le 13 juin 1990 à Saint-Saturnin (Puy-de-Dôme)1, est une romancièrenouvelliste et poétesse française.À l’âge de 16 ans, elle publie son premier roman intitulé « Le voleur de vie » (2007). Elle passe un baccalauréat option Cinéma. Après des études en hypokhâgne et khâgne à Clermont-Ferrand, elle poursuit des études de Lettres Modernes. En 2016, elle prépare sa thèse dont le sujet est « Le Sport et le corps dans la littérature française contemporaine ».

Ce que je sais de toi d’Eric Chacour. Philippe rey . 🟩🟩🟩◼️◼️

Ce que je sais de toi.

Eric Chacour

Philippe Rey

ISBN : 978-2-38482-034-04

Août 2023

300 pages

Ce que je sais de toi est le premier roman d’Eric Chacour. de parents égyptiens Eric Chacour est né à Montréal et partage sa vie entre le Québec et la France.
C’est donc un roman francophone fait d’une écriture élégante.
Ce que je sais de toi a obtenu le Prix Fémina des lycéens en 2023 et a été encensé par la critique et les lecteurs
Et pourtant je ne me joins pas à ce torrent de louanges. J’ai apprécié la qualité de l’écriture et la lecture du roman est très agréable, mais je n’ai ressenti que peu d’émotion pour les personnages que nous fait découvrir Eric Chacour. Peut être est ce dû au découpage du livre en trois parties : Toi, Moi, Nous. le narrateur, inconnu étant le moi. Il parle donc à la place du Toi et du Nous.
Cela m’a gêné car à aucun moment nous n’avons en réalité accès aux sentiments des autres personnages que le narrateur. Ce narrateur inconnu étant évidemment la clé de voûte du roman.
Toi est donc Tarek, un jeune médecin égyptien qui a repris le cabinet médical de son père au Caire dans les années 1980. Il est marié à Mira, femme discrète. Sa vie familiale tourne aussi autour de la matriarche arabe, de la sœur et de la servante qui connaît la plupart des secrets de familles. Médecine oblige, nous sommes dans la haute société égyptienne.
Et cette aristocratie n’est pas du goût de Tarek. Il ouvre un dispensaire dans le quartier défavorisé de Moquattam. Ce sera une redécouverte de son métier de médecin. le temps n’a plus de prise. Une amitié va naitre avec Ali, pauvre résident du quartier Moquattam. Tarek va le prendre sous son aile et tenter de l’ouvrir à d’autres horizons.
C’est cette histoire que nous raconte le narrateur. Comment la connaît il ? Est-il un personnage influent de cette histoire ? Une fois le narrateur connu, on pouvait espérer plus d’émotions, de ressentis et de sentiments. Ce n’est pas ce que j’ai ressenti.
Mais ce n’est que mon avis et il est loin d’être majoritaire.


Éric Chacour est un auteur québécois.

Né dans une famille de Syro-Libanais d’Égypte, il a vécu une partie importante de sa vie en France, où il a écrit les premières pages de son premier roman, « Ce que je sais de toi ».

Diplômé en économie appliquée et en relations internationales, il travaille dans le secteur financier.

Les naufragés du Wager de David Grann. Editions du Sous-sol. 💛💛💛💛💛

Les naufragés du Wager

David Grann

Traduction : Johan Fréderik Hel Guedj

Editions du Sous-sol

ISBN : 978-2-36468-411-9 25 août 2023

372 pages

Cette littérature du réel, comme dit en quatrième de couverture est absolument incroyable.
La somme des documents nécessaires pour la reconstitution de Les naufragés du Wager de David Grann est bluffante.
Nous sommes en 1740 , en Angleterre. le monde maritime est globalement coupé en deux d’Est en Ouest par deux grands protagonistes : L’Espagne et le Portugal.
Sa majesté britannique souhaite envoyer une escouade de cinq navires sous le commandement du commodore Hanson en mission secrète afin de piller les cargaisons d’un galion de l’Empire espagnol.
5 navires et plus de 2 500 hommes sur les mers. Aller jusqu’à Madère, puis descendre l’Atlantique Sud jusqu’au Cap Horn, le dépasser et ensuite remonter le Pacifique le long de la côte chilienne avec l’espoir de rencontrer le galion espagnol vers les côtes péruviennes.
Pour nous rappeler cette aventure , les journaux de bords des différents capitaines et second des navires.
C’est à partir de cette ressource que David Grann nous donne un livre extraordinaire.
Cela aurait pu être rébarbatif : la transcription des journaux de bords, les jours de mers, les maladies, les morts, les naufrages, les mutineries .
Ce n’est jamais rébarbatifs. Nous sommes entrainés dans cette histoire marine auprès de tous les protagonistes.
Davis Grann va s’attarder sur le naufrage de l’un des bateaux : le Wager.
Les passes d’armes entre le capitaine Cheap et ses seconds , Byron, Buckleley seront légions tout comme les mutins, les dissidents et les abandonnés sur une île. La rigueur climatique du Horn et de la Patagonie nous refroidira tout comme la vie spartiate de ces marins d’exception.
Il est étonnant de s’apercevoir à quel point ces capitaines quelque soit la situation avait la nécessité de coucher sur le papier les faits et gestes de leur bateau et de leur équipage. un besoin de justification pour le futur.
Car cette épique aventure doit avoir une fin . Et la fin doit se dire ou s’écrire devant l’Amirauté réunit à Portsmouth.
Qui plus est quand le retour en Angleterre se fait de façon dispersée : Des naufragés par-ci par là, un bateau un peu plus tard. le tout pendant quelques années.
Chaque retour est attestée par les écrits et les histoires des marins. Nous sommes en présence de récits contradictoires .Qui dit vrai ?
A l’Amirauté de décider par le questionnement , le procès et la prison. Mais il ne faut pas oublier que l’Angleterre est un empire et que l’on ne joue pas avec la grandeur de ce celui-ci. Empire dit aussi colonies par delà les mers.
Pas de vague. ( C’est le cas de le dire )
Reste un grand roman du réel ou la réflexion sur le sens du récit fait merveille.
Je vous conseille de regarder sur Arte la série sur Magellan qui est facilitatrice pour comprendre ce récit. 200 ans avant le Wager , les hommes de Magellan vivaient les mêmes affres.


David Grann, né le 10 mars 1967 à New York, est un journaliste et écrivain américain.

Jusqu’en 2003, Grann est rédacteur en chef de The Hill, un journal qui couvre l’actualité politique et institutionnelle de Washington.

Il travaille depuis 2003 comme journaliste au New Yorker1.