Voici un roman qui est sur le fil du rasoir. Un sujet hautement inflammable : le terrorisme, l’Islam, les juges.
A ces éléments Karine Tuil rajoute les problèmes personnels du juge anti terroriste, à savoir son divorce et sa nouvelle relation amoureuse avec un avocat qui est défend le prévenu dont elle instruit le dossier .
Hautement inflammable ! Oh que oui !
Mais Karine Tuil mène cela à la perfection avec un fil narratif extrêmement tenu nous plongeant dans les arcanes de la justice et de l’anti terrorisme.
Alma Revel, 49 ans, juge anti terroriste doit se prononcer sur le sort d’un jeune homme revenant de Syrie et suspecté d’avoir rejoint l’Etat Islamique. Liberté ou emprisonnement ? Quelle décision ?
Parallèlement Alma Revel est confrontée à sa vie personnelle, avec un écrivain sur le déclin. Alma entretient une relation avec un avocat.
Divorce ou pas ? Mélange des genres dans la relation avec un avocat ? Quelle décision ?
La décision n’est pas unique, elle est multiple.
Les choix que fera Alma seront importants pour sa vie personnelle mais aussi pour la vie de beaucoup d’autres.
Ce livre est remarquable par le côté documentaire de la vie d’un juge anti terroriste. Cette documentation se chargeant de donner une âme, des émotions à Alma et propulsant le lecteur au coeur de ce maelstrom.
Les verbatims des interrogatoires du juge face à Abdeljalil Kacem, rentrant de Syrie sont absolument prenant et nous oblige , lecteurs, à nous questionner .
Comme la juge.
Abdeljalil est il sincère ?
Ne joue t’il pas de la taqiya , de la dissimulation ?
A t il des velléités terroristes ?
Doit on le laisser en prison avec un risque de radicalisation ?
Doit on le laisser en liberté avec le risque de provoquer un attentat ?
Quelle décision ? Quel poids de la responsabilité ?
Plus le livre avance , plus l’intensité augmente, plus nous sommes confrontés à nos choix individuels et sociétaux.
Décider reste un acte personnel, avec toutes ses conséquences
« -Le risque de prendre une mauvaise décision n’est rien comparé à la terreur de l’indécision (p185) »