
Quelle magnifique idée littéraire et fictionnelle !
Rechercher son homonyme sur Internet.
C’est ce qu’a fait l’Ă©crivain espagnol Pablo Martin Sanchez.
Pablo Martin Sanchez a Ă©crit l’anarchiste qui s’appelait comme en 2012 et son roman vient d’ĂȘtre traduit aux Editions Zulma et La contre-allĂ©e.
Pablo Martin Sanchez est connu pour ĂȘtre le traducteur en espagnol de Raymond Queneau, Delphine de Vigan ou HervĂ© le Tellier.
Il fait aussi partie de L’Oulipo. L’Oulipo a pour but de dĂ©couvrir de nouvelles potentialitĂ©s du langage et de moderniser l’expression Ă travers des jeux d’Ă©criture.
Donc Pablo Martin Sanchez tape son nom sur google et au milieu d’un nombre important d’intrants , il dĂ©couvre son nom dans le dictionnaire des anarchistes espagnols .
3 petites lignes dans un article consacrĂ© Ă l’anarchiste Enrique Gil Galar : « CapturĂ©, il fut condamnĂ© Ă mort et exĂ©cutĂ© avec d’autres militants, comme Julian Santillan Rodriguez et Pablo Martin Sanchez « .
« Membre d’un groupe d’action, Enrique Gil Galar participa le 6 et 7 Novembre 1924 Ă l’expĂ©dition de Vera de Bidasoa au cours de laquelle une centaine de camarades venus de France Ă©taient entrĂ©s en Espagne «
Pablo Martin Sanchez se lance dans l’investigation et recherche documents et informations concernant cet homonyme ayant vĂ©cu au dĂ©but du 20Ă©me siĂšcle. tout cela se concentrera Ă Barracaldo dans la banlieue de Bilbao.
Il rencontrera TĂ©rĂ©sa, une vieille femme de 90 ans, qui est la niĂšce de l’anarchiste Pablo Martin Sanchez et qui lui permettra de dĂ©rouler le fil menu de la vie de l’anarchiste.
Mais comment dĂ©mĂȘler le vrai du faux, entre rĂ©cit historique et fiction ?
Il est Ă©vident que c’est jubilatoire pour Pablo Martin Sanchez de nous entrainer entre fiction et rĂ©alitĂ©. Et il le fait diantrement bien !
Il profite des interstices inconnus de la vie de Pablo Martin Sanchez pour nous immerger dans le Paris du début du 20Úme siÚcle : les quartiers populaires , les années folles mais encore les petits commerces et les linotypistes.
Une capitale dans laquelle grenouille les anarchistes de tous poils et plus spécialement espagnols.
Car c’est aussi la grande rĂ©ussite de ce roman : nous faire dĂ©couvrir une partie de l’histoire espagnole en ces annĂ©es 1920. Nous connaissons plus de l’Espagne la pĂ©riode la guerre civile de 1936. Elle a pourtant Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e par la dictature de Miguel Primo de Rivera qui a Ă©crasĂ© ces rĂȘves anarchistes et libertaires. des rĂȘves prĂ©curseurs de ce que seront le Pays Basque et la Catalogne.
Enfin comment ne pas ĂȘtre touchĂ© par ces engagements jusqu’Ă la mort ?
Je suppose que Pablo Martin Sanchez l’Ă©crivain a du cheminer longuement auprĂšs de Pablo Martin Sanchez l’anarchiste. Un cheminement qui se poursuit 10 ans aprĂšs la naissance du roman avec son Ă©dition en France.
J’ai rencontré Pablo Martin Sanchez à la FĂȘte du livre de Bron en Mars 2022.
Il était toujours imprégné de ce roman et de ce cheminement.
Sa dĂ©dicace : » Cette histoire du passĂ© qui parle bien du prĂ©sent. »
Le cheminement de deux homonymes Ă 100 ans d’Ă©cart mais qui parlent d’une mĂȘme voix .
Un livre qui parle d’aventure, d’Histoire, d’amour et de convictions.
Je vous le recommande chaudement.

Il a travaillé entre autres comme lecteur, correcteur, libraire.
Il traduit du français Ă l’espagnol.
Auteur de contes (Frictions, Ăditions la Contre AllĂ©e, 2011) et d’un roman (L’Anarchiste qui portait mon nom, Acantilado, 2012).
En 2014, il devient le premier membre espagnol de l’Oulipo.
