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Le Traquet kurde. Jean Rolin. P.O.L 💛💛💛💛

Le Traquet kurde par Rolin

Quel OLNI ( Objet littéraire non identifié) que ce court livre de Jean Rolin!
Nous voilà , pèle-mêle avec un traquet kurde , les monts d’Auvergne , l’île d’Ouessant mais aussi le British Muséum , des ornithologues , des hauts gradés de sa majesté , l’Etat Islamique , Mossoul , l’Irak ,le Kurdistan et aussi une multitude de noms d’oiseaux plus étonnants les uns les autres : la courvite isabelle , le sirli du désert , le bruant mélanocéphale , la sittelle de Neumayer.
C’est cet inventaire à la Prévert qui donne cette impression d’OLNI ( Objet littéraire non identifié )
Une fois que l’on a reposé le traquet Kurde et qu’on a laissé décanter cet inventaire , tout prend sa place et de OLNI (objet littéraire non identifiè) nous passons à une déambulation , à une méditation littéraire plus profonde qu’il n’y en à l’air.
Jean Rolin est un « fondu » des oiseaux et de ce qu’ils peuvent représenter.
Il ne pouvait rester insensible à la photographie d’un amateur : la photo d’un traquet kurde sur les pentes du Puy de Dôme.
Que faisait cet oiseau à 4 500 kms de sa zone de vie au Kurdistan.
En plus l’oiseau a été aperçu 3 mois après la bataille de Kobané à la frontière turco-syrienne.
A partir de ce fait Jean Rolin va nous entraîner sur les traces de ce traquet kurde de façon originale.
Tout d’abord en revenant dans les années 1900/1930 ,en nous évoquant d’éminents ornithologues britanniques qui étaient aussi d’éminents militaires au Moyen Orient. parmi eux l’édifiant Meinertzhagen , mythomane , peut être assassin. A coup sûr tueurs d’oiseaux et à la recherche de leurs poux.
Ce Meinertzhagen qui côtoya Philby , Laurence d’Arabie ou encore Ibn Saoud , le père de la future Arabie Saoudite.
Et tout ce beau monde construisit le Moyen Orient que l’on connait aujourd’hui. le traquet Kurde n’ayant cure des frontières lui vit exclusivement au Kurdistan à cheval sur l’Irak, la Turquie et la Syrie.
Autre façon de nous entraîner sur les traces du traquet kurde : nous perdre à Ouessant où des ornithologues du monde entier viennent compter le passage des oiseaux migrateurs. le nec plus ultra étant d’apercevoir, de voir ,de noter, de cocher l’oiseau qui n’ a pas de raisons de passer là. Comme le traquet Kurde sur le Puy de Dôme. Réchauffement climatique , migration forcée des oiseaux comme celle des hommes ?
Enfin Jean Rolin en grand reporter veut retrouver le traquet kurde dans son environnement naturel. le voila parti au Kurdistan à la recherche de ce petit oiseau alors qu’autour de lui les combats font rage entre L’Etat Islamique , les Kurdes , les Syriens.
Cela donne des scène ubuesques décalées mais qui parle de nous , de notre monde.
Vaut il mieux avec des jumelles , examiner une ligne de front ou essayer de trouver un traquet kurde ?
Est ce qu’avec des jumelles à traquer un traquet , peut on être pris pour un agent secret ?
Sous son écriture lègère , décalée , Jean Rolin nous laisse méditer sur notre monde .
Cette année il a été vérifié que 30% de nos oiseaux des campagnes avaient disparus. le chant des oiseaux se fait plus faible.
Et quand est il du chant des hommes ?
Ce traquet kurde sur les pentes du Puy de Dôme nous rappelle tout cela.
Migration , Migrants….

L’univers à portée de main. Christophe Galfard. Flammarion 💛💛💛💛💛

L'Univers à portée de main par Galfard

Il n,est jamais trop tard pour lire un livre. Celui de Christophe Galfard est sorti il y a deux ans. Mais dans le cadre de l’émission La grande Librairie de Novembre il était invité avec Hubert Reeves et Jean Claude Carrière. Et de disserter sur l’Univers , la nuit et les mondes parallèles. Christophe Galfard jeune astrophysicien travaillant avec Stephen Hauwking , excuser du peu ,
nous reparle de son livre sorti il y a deux ans . et là le discours est simple , compréhensible , sérieux et humoristique. L’univers à portée de main !
Dés le lendemain je me procure le livre et me jette comme un mort de faim dans la découverte de l’univers.
et dès les premières pages je retrouve ce discours simple, vulgarisateur .
En 400 pages nous apprendrons tout du plus grand au plus petit . le coup de génie de Christophe Galfard est de faire de livre un roadmovie où nous sommes tour à tour esprit , mini-moi , à califourchon sur un proton ou encore sur une plage des tropiques à admirer le ciel et les étoiles. Nous voyageons dans le Système solaire jusqu’au confins de l’Univers à 13.8 Milliards d’années.
A la sortie de ce livre , nous sommes heureux de pouvoir partager tant de connaissances et de remercier Christophe Galfard de nous avoir donner du temps et de la compréhension.
Quel bonheur de voyager avec Newton , Einstein , Higgs , Planck et tous ces prix Nobel du 20ème siécle.
Quel griserie que de voyager de Soleil en Voie Lactée et Trou Noir.
Et que dire de l’infiniment petit , la danse des électrons , des quarks mais aussi des gluons !
Bien sûr il arrive que cela soit ardu mais une deuxième lecture de quelques pages et c’est reparti.
Et puis Chistophe Galfard nous accompagne , nous prends par la main. Il a la bonne idée de toujours synthétiser ces avancées au bout d’une vingtaine de pages .Cela évite de ce perdre.
Il y aurait de quoi avec la gravitation , l’espace-temps , La courbure de l’univers ,l’électrofaible ,a physique quantique mais aussi les branes , la théorie des cordes et les univers bulles.
Mais non c’est un voyage de culture et de vulgarisation. Et puis nous sommes avec la grande tante de Sydney et ces vases !
Je ne regarderais plus le ciel de la même façon ni même ces petites poussières que l’on voit briller dans le soleil.
Merci Monsieur Christophe Galfard

A contre-courant d’Antoine Choplin. Paulsen 💛💛💛

À contre-courant par Choplin

Je ne connaissais pas Antoine Choplin. Il a fallu une Masse Critique de Babelio pour que je découvre ce livre dans la liste proposée. Vivant en Isère je ne pouvais qu’être intéressée et intrigué par l’idée de remonter l’Isère depuis sa confluence avec le Rhône jusqu’à sa source dans les glaciers de la Vanoise.
N’ayant pas reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique , je me le procurais et entamé la lecture de ce livre original.
Livre original dans sa forme avec cette remontée de l’Isère faite aux quatre saisons d’une année en suivant au plus prés possible les chemins de halage.
Antoine Choplin vit en Isére dans le Grésivaudan et cette marche déambulation est un retour aux sources.
Nous ne sommes pas dans un livre sur la randonnée et l’introspection. Il s’agit plus de bulles de 3 à 4 jours de marche sur un terrain connu d’Antoine Choplin. C’est une autre façon de voir de découvrir la région dans laquelle on vit , on travaille.
Chaque bulle de 3 jours correspond à une saison et à un tronçon de l’Isère à contre courant.
Et dans chacune de ses bulles Antoine Choplin se découvre et nous interroge sur l’écriture mais aussi sur l’industrialisation ou encore le tourisme.
Et pendant toutes les pages de cette déambulation , nous sommes heureux de marcher aux cotés d’Antoine Choplin et de ces compagnons de voyage ou de soirées.
Il nous donne à vivre une partie de son intimité . Quel plaisir de l’entendre parler du festival des Arpenteurs et des scènes obliques. Festival qui a lieu en Juillet aux Adrets dans le Massif de Belledonne en Isére.
Un festival qui veut parler de littérature de musique dans des lieux de montagne , éloignés tout en profitant de randonnées et de paysages magnifiques
Ce livre est un joli moment dans le temps et hors du temps.
Il m’a donné envie de repartir sur les chemins de halages de l’Isère vers La Sône et Saint Marcellin.
Mais il m’a aussi donné envie de repartir en montagne en compagnie d’un livre.
Un beau moment de lecture.

Les Chemins de Chartreuse. Promenade littéraire. Jean Sgard. PUG 💛💛💛💛

Les chemins de la Chartreuse par Sgard En ce dimanche ensoleillé de Mai 2017 , je me suis installé dehors face au Massif de la Chartreuse pour lire cet essai.
Pour un lecteur qui ne connaît pas la Chartreuse , le livre pourras paraître moins intéressant.
Encore que !
Les 200 pages de ce livre sont une déambulation de 700 ans sur les chemins de Chartreuse depuis l’installation de Saint Bruno au désert de Chartreuse jusqu’à Balzac et son médecin de campagne vivant dans les montagnes de Chartreuse,
Un essai qui fait réfléchir sur ce qu’est un chemin. A quoi sert il : lien-economie-religion -méditation etc….
Un essai qui parle de montagne de botanique de littérature de chrétienté, qui convoque Balzac,Chateaubriand,Lamartine,Rousseau ou encore Mandrin
Un essai qui nous rappelle que le Massif de la Chartreuse était le pourvoyeur en bois de la marine royale
Et puis il y a la Grande Chartreuse , ce monastère édifice mais aussi délimitant à lui tous seul ce massif de la Chartreuse et pour lequel existeront un Grand Chemin et aussi un chemin commercial et touristique


Cet essai est magnifiquement documenté et nous restitue une Chartreuse originelle qu’il me presse de retrouver sous mes pas lors de quelques randonnées dans les semaines à venir
Ce fût une belle après midi ensoleillée et à lire et contempler ce Massif de la Chartreuse et plus particulièrement le Grand Som sous lequel dans sa clairière verte et paisible, un monastère invite à prendre le Grand Chemin.

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Monastère de La grande Chartreuse et Le Grand Som  2 026 m.

Merci Jean Sgard pour cette rêverie et promenade chartrousine .

Lettre au dernier grand pingouin. Jean Luc Porquet . Editions Escales 💛💛💛💛

Lettre au Dernier Grand Pingouin par Porquet

Je viens de passer quelques heures avec un Grand Pingouin.
Vous ne connaissez peut être pas le Grand Pingouin ( je ne le connaissez pas avant moi-même)
Il s’agit d’un alcidé de 80cm de haut avec un très grand bec un manteau de plumes noires et blanches , des pattes palmées à 3 doigts et 2 moignons d’ailes.
Si vous souhaitez le rencontrer il faudra aller dans les musées d’histoire naturelle à Nantes le havre Abbeville ou encore dans les réserves des musées de Lille ou Saint Omer.
Le grand pingouin a disparu de la surface de la Terre en 1844.
c’est de ce constat qu’est parti Jean Luc Porquet pour écrire Lettre au dernier grand pingouin.
Cette lettre est un plaidoyer pour l’écologie , la nature et les animaux.
c’est aussi une réfléxion sur la place de l’homme , sur sa responsabilité dans le monde qu’il fabrique.
c’est une réfléxion érudite et vulgarisatrice sur notre écologie , sur notre économie sur notre pouvoir.
les cycles naturels de la terre ont fait qu’il y a eu cinq extinctions.
Nous sommes entrain de vivre la sixième. La différence par rapport au cinq autres c’est que celle -ci n’est pas entièrement naturelle.
c’est l’Homme lui-même qui est le chef d’orchestre.
Et Jean Luc Porquet de développer les thèmes de la croissance verte , de la décroissance.
De réfléchir sur l’intérêt de protéger le monde animal avant de protéger l’homme . Est ce normal ?
De réfléchir à un monde où l’on ne mangerait plus d’animaux ni les produits dérivés. Est ce bien le véganisme ?
Et puis il y a des moments de poésie autour des lucioles , des papillons , des petits déjeuners dans la maisonnette.
Je serais juste partagé sur la fin du livre où il termine en retournant au grand silence.
Est il trop tard pour agir ?
Cette élégie funèbre et désabusée est semble -t -il sans espoir.
je ne le pense pas . Toutes les actions entreprises ,même infimes sont un maillon sur le chemin de la terre.
Je terminerais par une anecdote personnelle.
Il y a quelque temps j’ai visité le Musée d’Histoire Naturelle de Paris et sa galerie de l’Evolution et la salle des espèces disparues
J’étais avec ma petite fille de 5 ans
Elle est restée sidérée devant le Dodo et elle a pleuré.
Elle disait : pourquoi il a disparu ? pourquoi il ne peut plus vivre ?
Dans ces pleurs il y avait une réelle émotion et une réelle incompréhension.
Ce livre de Jean Luc Porquet nous ouvre à ces émotions et ces interrogations.

Les passeurs de livres de Daraya. Delphine Minoui. Seuil 💛💛💛💛💛

Les passeurs de livres de Daraya par Minoui

Je me souviens d’un reportage TV, des gens dans un car évacués d’une ville en Syrie. J’avais en son temps était bouleversé par ces images. Des regards derrière une vitre de bus. Toute l’horreur de la guerre, des déplacements forcés.
Ce bus quittait Daraya dans la proche banlieue de Damas
En lisant Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui j’ai découvert pourquoi ce bus emmené loin des familles.
Par son écoute, son empathie Delphine Minoui nous offre un livre unique
Elle nous offre une réflexion profonde sur la réalité de la Syrie
Comment ne pas être ému, bouleversé par ces jeunes de Daraya qui vont relever un défi fou.
Daraya est une ville martyr de Syrie. Bachar El Assad est persuadé que cette ville est un nid de terroristes affiliés à al Nostra ou à Daesh
Et quand il ne pense pas cela il est persuadé que Daraya veut lui prendre une partie de son pouvoir dictatorial
Alors le régime syrien bombarde, affame Daraya.
Pendant 4 ans jours et nuits , nuits et jours
Daraya passera de 22 000 à 8 000 habitants . Des morts , des exils en Turquie.
Dans ce Daraya fracassé, des jeunes syriens vont entretenir la lumière.
Ils ont 23 ans et ils vont décider de construire une bibliothèque cachée pour eux et les gens de Daraya.
Ils vont récupérer dans les maisons bombardées tous les livres encore existants que ce soit des livres arabes,européens ou américains
Ils vont tout cataloguer et tout mettre à disposition
Il y a les enfants soldats. Il y a maintenant les bibliothécaires soldats
Ces livres sont pour eux synonyme de liberté de culture de résistance.
Delphine Minoui va nous faire découvrir ce parcours et nous convertir au bienfait de Skype Whatsapp et d’Internet et des réseaux sociaux
Ces réseaux sociaux qui sont pour ces jeunes syriens un lien primordial face à la dictature syrienne
Delphine Minoui,à la suite de ces jeunes syriens à été la passeuse de livres de Daraya
A notre tour d’être des passeurs de livre
Le livre qui par ces écrits est un vecteur de liberté de tolérance de culture.
Page 29 du livre
« Leur résistance par les livres est fascinante. …les livres ces sédiments de la mémoire qui défient les carcans.Du temps. de l’asservissement . de l’ignorance »
A lire absolument