Tous les articles par alain deroubaix

La toile du monde d’Antonin Varenne. Albin Michel 💛💛💛

 

La toile du monde par Varenne

À trop vouloir traiter de sujets Antonin Varenne se perd un peu sans son roman La toile du monde.
Nous sommes en 1900. Paris bruisse des préparatifs de l’exposition universelle et des Jeux Olympiques.
De l’autre côté de L’Atlantique, à New York une jeune journaliste Aileen Bowman souhaite venir couvrir ces manifestations pour son journal le New York Tribune.
Jeune femme anticonformisme et libre, Aileen Bowman à de multiples raisons de venir à Paris. Hormis la couverture des événements de 1900, elle vient aussi en France pour retrouver ses origines.
Car Aileen Bowman est française et Alsacienne par sa mère .
Les parents d’Aileen Bowman ont vécu dans le Nevada et lui laisse en héritage un ranch et des terres
Dans ce Nevada, entre peaux rouges et blancs, Aileen Bowman à traversé son enfance avec Joseph , métis indien.
Celui ci est actuellement à Paris au sein du spectacle Pawnee Bill Show .
Ce voyage à Paris permettra peut être à Ailleen Bowman de le retrouver
Ce sont tous ses événements qui construisent La Toile du Monde.
Et de s’ajouter la construction de la première ligne de métro parisienne, la connaissance du peintre américain Julius Stewart.
Le caractère libre et anticonformiste d’Aileen Bowman fait qu’elle côtoie Marguerite Durand égérie du féminisme à la tête de son journal La Fronde, qu’elle côtoie les nuits parisiennes avec ses dérives sexuelles.
La recherche de ses racines et de Joseph permettent des digressions sur le Nouveau Monde et l’ancien monde européen, entre les Blancs et les Indiens.
Toutes ces touches surchargent La toile du monde et diluent le propos d’Antonin Varenne et la superficialité prend le dessus
Comme l’époque, à cheval entre deux siècles, Antonin Varenne reste un peu à quai sur les bords de Seine.
Dommage.

Le Testament de Dina d’Herbjorg Wassmo. Editions Gaïa 💛💛💛💛

Le testament de Dina par Wassmo

Avec le livre d’Herbjorg Wassmo , je suis devant une page blanche.
Je n’ai jamais lu ses livres , ni lu des livres de littérature scandinave.
La seule chose que je sais c’est qu’Herbjorg Wassmo a créé le personnage de Dina il y a plus de 20 ans et que huit à neuf livres lui ont été consacrée.
Autant le dire tout de suite , la non connaissance des livres précédents n’altère en rien la lecture de le Testament de Dina.
C’est un grand livre , ardent, douloureux romanesque. La part belle est donnée aux personnages féminins et à leur émancipation. Plus qu’un roman c’est une fresque.
Le roman se situe entre les années 1890 et 1892. Nous sommes tout au nord de la Norvège dans le Nordland et plus précisément à Reinsnes.
Dina vient de mourir dans l’incendie du domaine.
Le jour de son enterrement, sa petite fille Karna, âgée de 17 ans lit au milieu de l’église la confession de sa grand mère. En quelques mots Karna révéle que Dina à tué son mari Jacob et un russe du nom de Leo Zjukasky.
Dina demande que son corps repose en mer.
Stupeur dans l’assemblée et Karna suite à ces révélations se mure dans le silence.
Inquiet de la santé de sa fille Karna , Benjamin accepte qu’Anna, sa femme et belle mère de Karna l’emmène à Copenhaque afin qu’elle soit hospitalisée dans une unité pscychiatrique. Benjamin reste dans le Nordland où il continue d’être médecin et maire .
C’est un roman des émotions , des vibrations de l’âme. C’est un roman poignant et tragique.
C’est le roman de l’émancipation d’Anna , de la conquête de sa liberté de femme.
c’est le roman de l’enfermement de Karna mais aussi de ces médecins qui explore la folie des êtres.
Mais c’est aussi le roman de Benjamin , de ses faiblesses mais surtout de son humanité.
Quelque soit les personnages , principaux ou secondaires , ils insufflent une grandeur d’âme qui est au diapason de ses terres du nord de la Norvège.
Le souffle de l’écriture de Herbjorg Wassmo est magnifique.
Par des phrases courtes , dés fois un mot , des répétitions elles nous emmènent avec elles et surtout avec Anna -Karna et Benjamin.
A ce titre les premières lignes du roman pour décrire l’église et l’enterrement sont admirables.
Et que dire des chapitres où nous sommes dans la peau et le coeur de Karna ,présent dans sa maladie mentale.
Il est difficile de laisser ces personnages au terme de ce roman, car nous avons partagé bien plus qu’un roman. Nous avons partagé avec eux des émotions , des moments poignants et tragiques qui sont universels.
Avec son livre le testament de Dina , Herbjorg Wassmo nous entraîne loin , dans les recoins de l’âme humaine , mais toujours avec grandeur et bienveillance pour ces personnages.
Une grande découverte que ce livre .

Le Testament de Dina – Editions Gaia  – 558 pages. Isbn : 9782847208702

 

 

J’ai perdu Albert de Didier van Cauwelaert. Albin Michel. 💛💛💛

J'ai perdu Albert par Van Cauwelaert

Voici un roman de plaisir de lecture. C’est rapide,c’est rafraîchissant et pas prise de tête. Quoi demander de plus à un bon moment de lecture.
Trois protagonistes principaux : Chloé, Zac et Albert.
Chloé est une médium internationalement reconnue. Zac est un garçon à la dérive mais aussi apiculteur.
Albert est un squatteur d’esprit et pour l’instant il squatte chez Chloé
Mais ce squatteur d’Albert n’est pas n’importe qui. Il a pour nom Albert Einstein.
A partir de ce point de départ Didier van Cauwelaert va produire un roman loufoque, déjanté et semblant irréaliste .
Et pourtant on se prend à ces personnages et à cet esprit vagabond d’Albert.
Car c’est lui le personnage central de ce livre.
L’esprit d’Albert veut poursuivre ce qu’a vécu de son vivant Einstein et s’immice dans les esprits pour tenter de changer le monde. Avec Chloé il espère faire bouger les grands de ce monde. Avec Zac il espère renouer avec les abeilles et les bienfaits qu’elles appportent.
Bien sûr que tout cela est survolé et superficiel. Néanmoins cela donne à réfléchir sur la mediumité ,l’état de conscience augmentée . Et puis cela donne envie de lire sur la vie d’Albert Einstein.
En définitive un livre tel une sucrerie. C’est agréable sur le moment et on en reprendrait bien!

La saison des Bijoux d’Eric Holder. Seuil💛💛

La saison des bijoux  par Holder

Une déception que la lecture de ce livre de 2015 d’Éric Holder. Pourtant la quatrième de couverture est alléchante .Bruno , Jeanne est Alexis vont quitter les Bords du Rhône et du Massif du Pilat pour aller vendre leurs bijoux artisanaux dans un marché de 400 camelots sur les Bords de l’Atlantique entre Lacanau et Soulac.
Ils partent pour faire une saison. Ils seront confrontés aux autres camelots et au chefs de ceux ci ,un certain Forgeard qui domine son monde à coup de taxes , de violence et d’intimidation.
Pas mal comme sujet avec en plus la plume d’Éric Holder pour nous dépeindre les personnages mais surtout les lumières ,les nuages, l’océan de ce Médoc sui lui est cher .
Las, la mayonnaise ne prends pas.
Trop de personnages avec nom et surnom qui ne font qu’embrouiller la lecture. Après des descriptions caricaturales de personnages ,ainsi qu’un empilage de violence , de violence sexuelle font que La saison des Bijoux se vautre comme Fourgeaud dans ce monde des camelots.
Triste Médoc et triste marché

L’Art de perdre d’Alice Zeniter. Flammarion 💛💛💛💛💛

L'Art de perdre par Zeniter

Quel livre magnifique que L’art de perdre d’Alice Zeniter.
A travers trois générations sont abordés avec justesse et profondeur les thèmes de la transmission, de l’identité, du langage,du pays, de l’immigration et de l’émigration .
Sur trois générations nous allons suivre les turbulences d’une famille algérienne mais aussi Kabyle.
Nous sommes dans les années 1950/1960 sur la crête d’un paysage à quelques kilomètres de Palestro.
Sur cette crête 3 maisons qui accueillent la grande famille d’Ali.
Ali est un kabyle mais un français du fait de la colonisation de l’Algérie Française.
Durant la deuxième guerre mondiale il a combattu pour la France dans l’Est mais aussi au Monte Cassini en Italie.
Il est revenu au pays comme un héros. Quelques kilos de médailles accrochés à la veste.
Avec Yema ils vivent une vie simple sur leur crête.
Les enfants arrivent régulièrement même si des fois ,l’un d’entre eux ne peut se raccrocher à la vie.
Il descend régulièrement à Palestro où il participe à l’association des anciens des deux guerres mondiales.
Quand il descend à Palestro,il entend le bruit du monde et les soubresauts d’une indépendance qui veut s’installer en Algérie. Moudjahidin ou Fellaga. le choix n’est pas un choix. Il faut prendre position .
Ali voit les dégâts de la colonisation mais aussi du NFL
Pour protéger les siens il fait le choix de la France.
Il devient Harki.La force des mots!
Il doit quitter sa crête et sa Kabylie. Pour le FNL il est un traître au pays.
Avec sa famille il embarque pour la France et.. …les camps.
Hamid est l’un des fils d’Ali . Il avait 8 ans quand il a quitté l’Algérie au bord d’un ferry
Il a passé son enfance de camp en camp dans le Sud de la France jusqu’à ce que sa famille soit
autoriser à s’installer dans un Hlm à Flers dans l’Orne.
Dans 3 pièces et avec 9 enfants Ali et Yema vivent l’immigration et Hamid vit une intégration auprès de ses copains français comme lui.
Le lien se distend entre Hamid et Ali. Ils ne parlent plus au propre comme au figuré la même langue.
L’arabe peu à peu disparaît pour Hamid.
Pour Ali la langue française reste interdite
Ali se mûre dans ses secrets et dans sa Kabylie.
La transmission est impossible. Hamid n’a pas de passé.
Au tournant des Années 1970 / 1975 Hamid va partir vivre sur Paris et connaître sa future femme Clarisse.
Quatre filles viendront donner des petits enfants à Yema. Ali à déjà rejoint sa dernière demeure.
Naima est l’une de ces quatre filles
C’est elle qui est à l’origine de ce livre.
L’Algérie dont est originaire sa famille n’est qu’une toile de fond sans intérêt
Pourtant les questions identitaires, les attentats de Charlie,du Bataclan,de Bruxelles la renvoie à ses origines.
Mais ses origines sont insondables.
Son histoire familiale ne lui a jamais été raconté
A quoi peut elle et doit elle s’accrocher ?
A travers ses trois générations Alice Zeniter nous raconte,à distance sa propre réalité et nous donne à réfléchir sur le fond de la transmission.
Si il n’y a pas de transmission , tout se perd et la vision des choses est totalement déformée.
Pour Naima la représentation de l’Algérie c’est le Hlm 3 pièces de Ali et Yema et non la réalité d’un pays.
Si il n’y a pas transmission de la langue de la culture tout se perd.
Mais est ce que la perte n’est pas un bien plutôt que vivre dans des illusions .
Est ce que la perte ne permettrait elle pas d’être soi et de faire siens ses héritages
Les descendants ont un travail à faire à fin de s’approprier leur histoire mais se l’approprier dans le temps présent.
Ali et Hamid ne veulent ou ne peuvent pas parler de leur passé, de l’ Algérie .
C’est à Naima de retrouver ce passé dans la culture,dans l’histoire et d’en faire sa propre histoire.
Alice Zeniter emprunte à Elizabeth Bishop poétesse américaine les vers suivants:
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître
Tant de choses semblent si pleines d’envie
D’être perdues que leur perte n’est pas un désastre
Perds chaque jour quelque chose.L’affolement de perdre
Tes clés, accepte le,et l’heure gâchée qui suit.
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître
Puis entraîne toi,va plus gite,il faut étendre
tes pertes :aux endroits,aux noms ,au lieu où tu fis
Le projet d’aller. Rien là qui soit un désastre.
J’ai perdu la montre de ma mère. La dernière
Ou l’avant dernière de trois maisons aimées : partie !
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître
J’ai perdu deux villes,de jolies villes. Et plus vastes
Des royaumes que j’avais,deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n’y eut pas là de désastre.

Et quand Naima montrera une photo d’Algérie à Yema sur laquelle apparaît
Une femme de sa famille avec ses bijoux
Yema dira : elle porte mal ses bijoux !
Pour le reste l’Algérie le pays est perdu depuis longtemps.

Les Rêveurs d’Isabelle Carré. Grasset 💛💛

Les Rêveurs par Carré

Les rêveurs est le premier roman de l’actrice Isabelle Carré.
Je reste sur une impression mitigée. Autant le début du livre m’a interpellé, questionné , autant dans la deuxième partie j’ai trouvé cela long et un peu trop nombriliste.
Pour tout dire la lecture de la deuxième moitié du livre m’est apparu ennuyeuse et redondante.
Peut être est ce du au partie pris d’Isabelle Carré de ne pas avoir voulu faire un récit chronologique.
On ne se perd pas dans le livre , mais les incessants allers retours dans la jeunesse de l’auteur enlève le poids et la force d’un récit autobiographique linéaire.
Il est vrai que ces allers retours incessants font aussi entrevoir la difficulté de mettre des mots sur des souvenirs , des émotions.
Je n’ai pas réussi à aller derrière le sourire et la discrétion d’Isabelle Carré.
En réalité telle qu’on la connait lors de ces interviews.
Dans cette autobiographie , elle nous dit bien que cela est son grand combat et que l’image qui est donnée d’elle n’est pas conforme.
Cela paraît évident à la lecture des souvenirs de sa vie familiale entre dépression, révélation de l’homosexualité du père et tentative de suicide.
Malgré l’écriture d’Isabelle Carré , la bande son du livre ( Quelle bonne idée !) ou encore les flashs des années 1970/1980 je n’ai pas réussi à complètement entrer dans l’univers d’Isabelle Carré.
Les rêveurs resteront éthérés .

Ronce-Rose d’Eric Chevillard. Editions de Minuit 💛💛💛

 

Ronce-rose par Chevillard

Première lecture d’un livre d’Eric Chevillard avec Ronce Rose. C’est un euphémisme de dire qu’il est simple d’entrer dans l’univers du roman d’Eric Chevillard.
je n’ai rien lu de pareil jusqu’à maintenant hormis peut être Alice au Pays des Merveilles.
Nous sommes au centre d’un univers d’enfant dans lequel Ronce Rose se déploie. Elle même narratrice du livre nous confie son carnet secret et toutes ses réflexions. Elle vit avec Mâchefer et Bruce qui ont beaucoup à faire auprès des banques , des stations service et des commerces . Dans la maison d’en face , tel un échassier, un unijambiste pose question à Ronce Rose. Dans un sureau quatre mésanges chantent leur vie. Sur le trottoir passe Scorbella la sorcière.
Voilà l’univers dans lequel nous entraîne Eric Chevillard.
Il faut se laisser emporter par le texte , les personnages et surtout par le regard sur le monde de cette petite fille. ce n’est jamais enfantin . Bien au contraire.
Le monde est poétiquement au niveau des yeux de Ronce Rose. Les tournures de phrases , les jeux de mots accentuent cette impression.
tout cela semble irréel, mais c’est le regard d’un enfant entouré d’adulte.
Comme il est dit dans de nombreux articles sur ce livre, Eric Chevillard a voulu parler de la relation au père , de l’absence de la mère et du chemin de vie d’un enfant.
La fin étonnante du livre me donne une autre lecture de ce roman. Quelque soit l’idée que l’on se fait de ce roman Ronce Rose , il s’agit d’un magnifique moment de lâcher prise.

Le Lambeau de Philippe Lançon. Gallimard 💛💛💛💛💛

Le lambeau par Lançon

Se lancer dans la lecture de le lambeau de Philippe Lançon n’est pas un acte neutre. Nous voilà plonger pendant 500 pages dans les 8 mois de la vie de Philippe Lançon suite à l’attentat de Charlie Hebdo du 7 Janvier 2015.
Ces 500 pages nous empoignent, nous prennent aux tripes et nous laissent chamboulé aux bords de la nouvelle vie de Philippe Lançon.
Comme éditorialiste et chroniqueur, Philippe Lançon assistait à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
Des bruits, des jambes noires , des hommes et des femmes qui tombent ,des corps, de la cervelle et du sang. Philippe Lançon est gravement blessé mais il est conscient. Récit glaçant de deux minutes de la vie des hommes.
Au tirs méthodiques et au cri Allah Ahkbar succède le décompte des pompiers :un mort là, un mort là, un mort là. …
Philippe Lançon à eu le bas du visage emporté par une balle d’arme de guerre.
Sa vie vient de basculer. le monde d’en bas n’est plus son monde.
Son nouveau monde a pour nom : hôpital, opérations ,blocs,greffes souffrance ,morphine, cauchemar.
Mais aucune haine pour ses jambes noires qui ont fauché tant de vie.
Tous les chapitres qui constitue la suite du livre vont être une succession de combat pour la vie.
Philippe Lançon n’a aucune complaisance envers lui même et ne verse pas dans un long lamento .Tout est digne , émotionnellement fort.Que ce soit sa relation aux personnels hospitaliers, ou avec Chloé sa chirurgienne , mais encore sa relation avec ces policiers qui veillent sur sa vie.
Malgré sa gueule arrachée et les tourments qu’il subit, il garde un oeil bienveillant et empathique pour ces personnels des hôpitaux qui travaillent dans des conditions difficiles .
Rien nous sera caché sur toutes ces opérations et greffes afin que le lambeau ne fume pas et que les fistules se bouchent.
Moralement ébranlé, Philippe Lançon l’est encore plus physiquement : un morceau de péroné pour remplacer la mâchoire manquante et un peu de la peau e la cuisse pour recouvrir ce péroné .
C’est rude, tout en réalisme mais sans une once de voyeurisme.
Philippe Lançon est au centre de lui même et nous livre simplement son combat,
Un combat qu’il arrive à adoucir avec les lectures de Proust, de Kafka ou encore la musique de Bach.
Des moments de lueurs et d’espoir avec ses parents , Gabriella sa compagne,mais qu’il est difficile de composer avec le monde d’en bas.
Comment ne pas voir dans cette gueule cassée les multiples gueules cassées de la première guerre mondiale cachées derrière leurs masques.
Lors d’une sortie de Philippe Lançon ,celui-ci se retrouve dans le métro face à un jeune arabe. Celui-ci sort un bonnet qu’il met sur sa tête. Moment de malaise pour Philippe Lançon qui met quelques personnes entre lui et ce jeune arabe au cas où. Et puis par peur il quitte le métro. Et de nous dire que la peur lui a fait honte !
Monsieur Lançon vous êtes un grand homme. Votre livre est extraordinairement poignant et humain
C’est cette humanité que nous devons appeler de nos vœux :ouverte,tolérante et qui ouvre grand les yeux sur ce monde , d’en bas ou d’ailleurs

La bonne vie de Matthieu Mégevand. Editions Flammarion 💛💛💛💛

La bonne vie par Mégevand

Quelle belle surprise que ce livre reçu dans le cadre d’une Masse Critique Privilège. Merci à Babelio et aux Éditions Flammarion
En quelques 140 pages Mathieu Mégevand va nous brosser le portrait et La bonne vie de Roger Gilbert Lecomte.
Poète maudit ayant vécu entre 1907 et 1943.
Avant la lecture de ce livre j’étais complètement ignorant de la vie de Roger Gilbert le comte.
Et ce n’est pas le moindre intérêt de ce livre .
Durant ce cours opuscule Mathieu Mégevand va nous entraîner dans vie déconstruire de Roger Gilbert Lecomte.
Tout est déconstruit, à commencer par la page se situant après la note de l’auteur. Juste deux mots sur la page mais quels mots ! : Créer- détruire.
La vie de Roger Gilbert le comte n’est faite que de cela : Créer pour se détruire . Les premières lignes du livre ne laissent pas de doute : « C’est très vite une histoire de destruction car la ville de Reims, après quatre années de guerre, est ravagée
Venant de Reims, Roger Philippe Lecomte avec ses amis René DaumalRoger Vailland et Robert Meyrat poursuivent une quête existentielle et poétique acharnée .
Cette quête commence à Reims pour les quatre amis entre poèmes ,alcool, drogue et roulettes russes
Reims ne suffit plus à leur création et à leur destruction par l’alcool et la drogue.Robert Meyrat ne les suivra pas sur Paris
Paris et son quartier Montparnasse ,Paris et les surréalistes d’André Breton.
Voilà un combat à la hauteur des fondateurs de la revue le Grand Jeu.
Ces années sur Paris ne seront qu’une descente aux enfers ,voulue et recherchée par Roger Gilbert Lecomte .
La force du livre de Mathieu Mégevand est dans cette description de la création qui détruit et qui rapproche de la liberté du poète.
Vraiment un très beau livre qui donne à réfléchir sur ces années 1930,la création et le surréalisme .

Bella Ciao d’Eric Holder . Editions du Seuil 💛💛💛💛

Bella Ciao par Holder

Voilà comme toujours chez Eric Holder , un livre court avec une écriture fine , ciselée , directe.
Bella Ciao est un roman du renouveau.
Le narrateur , écrivain de son état est gangrené par l’alcool.
Au bout de tant d’années à subir cette descente aux enfers , sa femme Myléna lui intime l’ordre de partir.
Notre homme alcoolique ,par la perte de son amour , envisage la noyade sur une plage du Médoc.
Suicide raté mais la possibilité de se raccrocher à une corde.
La corde a pour nom Franck qui lui donne un travail d’ouvrier agricole ,ou encore Mr et Me Robertson qui vont lui donner un toit ( une chambre ) dans leur villégiature du Médoc
Comme souvent dans les livres d’Eric Holder l’homme est à la reconquête ou la découverte d’une femme ( Bienvenue parmi nous – La belle n’a pas sommeil )
Dans Bella Ciao c’est la reconquête de Mylèna .
Par des touches minimalistes comme toujours , Eric Holder va nous transporter dans ce Médoc où il vit , nous faire découvrir le travail de la vigne mais aussi ces mots , ses couleurs , ses ambiances.
Ce Médoc de petits villages où le bistrot est le lieu central de vie.
c’est dans ce creuset que notre narrateur va se reconquérir se respecter avant de redécouvrir sa femme et ses enfants.
un joli moment de lecture et une fin de roman laissant la porte à toutes les interprétations