La maison vide de Laurent Mauvignier. Les Editions de Minuit. đŸŸ©đŸŸ©đŸŸ©đŸŸ©đŸŸ©

La maison vide

Laurent Mauvignier

Les Editions de Minuit

Prix Goncourt 2025

ISBN : 978-2-7073-5674-1 Août 2025

752 pages

La maison vide est celle de la famille de Laurent Mauvignier. Cette famille au travers des gĂ©nĂ©rations a changĂ© de nom : Proust, Chichery, Douet, Mauvignier.

Elle a Ă©tĂ© la maison de Jules, hĂ©ros de 14-18, de l’arriĂšre-grand-mĂšre Marie Ernestine, de Firmin, de Marguerite, du grand-pĂšre AndrĂ©.

Une maison abandonnĂ©e et que va rouvrir le pĂšre de Laurent Mauvignier dans les annĂ©es 1970. L’auteur est ĂągĂ© de 7 ans. Ce pĂšre qui va se suicider quelques annĂ©es plus tard, sans donner de raison. Laurent Mauvignier tourne autour de ce suicide sans en faire le centre de son roman.

le centre se situe dans cette maison vide. Il faut interroger les meubles, les objets, le marbre cassĂ©, la LĂ©gion d’honneur, le piano. Il faut interroger les secrets, les vivants et les morts qui ont donnĂ© une Ăąme Ă  cette maison.

Par cette maison, Laurent Mauvignier va dire l’histoire de sa famille, une histoire faite de certitudes, de secrets et de non-dits. de piĂšce en piĂšce, la poussiĂšre a Ă©tĂ© mise sous le lit, des tiroirs n’ont plus de clĂ©s, les portes sont juste entrouvertes.

Alors d’une Ă©criture ample, fine, juste, tout va s’Ă©clairer petit Ă  petit.

« D’un bout Ă  l’autre d’un siĂšcle trop court, ils sont posĂ©s l’un en face de l’autre, (Marie-Ernestine et le pĂšre de Laurent Mauvignier) se rĂ©pondent, dialoguent par-dessus la bĂ©ance que laisse Marguerite, fille de l’une et mĂšre de l’autre. Moi, de mon cĂŽtĂ© de la rive du temps, j’aperçois tout ca comme le seul rĂ©cit diffractĂ© d’un monde dont la gloire a Ă©tĂ© – par la mort de Jules- le signe avant-coureur de la catastrophe familiale qui a nourri le rĂ©cit qu’aujourd’hui quelque chose en moi cherche Ă  comprendre, comme pour reconstituer le puzzle, vieux clichĂ© que l’image du puzzle, mais limpide et Ă©vidente qu’elle s’impose avec une force telle que je refuse Ă  la rĂ©voquer, oui, l’image d’un puzzle dans une histoire du temps que j’ai cherchĂ© depuis ce matin Ă  reconstituer en retrouvant le certificat de LĂ©gion d’honneur dressĂ© en 1920 sur lequel ont fait le panĂ©gyrique d’un Jules parmi les autres, mort dans la boue de la grande Guerre avec ces majuscules tonitruantes comme une charge de cavalerie. » (pages 23-24)

Ce que ne connait pas Laurent Mauvignier de l’histoire familiale, il va le reconstituer avec pudeur, justesse, violence parfois. Avec finesse, il va combler, les manques, faire remonter des douleurs, des absences, des rejets. Avec finesse, il met Ă  jour une rĂ©silience et donne de la dignitĂ© Ă  des souffrances tues.

Avec ce roman ample, Laurent Mauvignier perce les strates intergĂ©nĂ©rationnelles et fait surgir les drames familiaux enfouis dans la mĂ©moire et la conscience. Il transforme les secrets et non-dits en nouvelle prĂ©sence.

Cette reconstitution familiale nous touche car elle peut sĂ»rement ĂȘtre notre . La famille est le creuset, des silences, des secrets et des absences recuites .

« â€Šc’en nous laissant, nous, enfants et petit enfants d’une histoire dont nous ne connaitrons que l’Ă©cume, dans l’ignorance presque totale, jusqu’Ă  ce qu’il n’y ait plus un seul tĂ©moin ou seulement des gens trop ĂągĂ©s ou frappĂ©s de cette maladie au nom allemand : Alzheimer. » (page 723)

Laurent Mauvignier est un écrivain français.

Issu d’un milieu modeste, il abandonne des Ă©tudes de BEP comptabilitĂ© pour entrer Ă  l’École des Beaux arts de Tours en 1984. Il sera diplĂŽmĂ© en 1991 dans le dĂ©partement Arts plastiques, puis s’inscrira Ă  la facultĂ© de Lettres Modernes, sans mener Ă  terme ce nouveau cursus.

Son rapport Ă  l’écriture commence alors qu’il est hospitalisĂ© Ă  l’ñge de huit ans. Il reçoit un exemplaire d’ »Un bon petit diable », de la Comtesse de SĂ©gur.

Une rĂ©flexion sur « La maison vide de Laurent Mauvignier. Les Editions de Minuit. đŸŸ©đŸŸ©đŸŸ©đŸŸ©đŸŸ© »

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