Le rouge vif de la rhubarbe d’Audur Ava Olafsdottir. Zulma. 🟩🟩🟩🟩◼️

Le rouge vif de la rhubarbe

Audur Ava Olafsdottir

Zulma

Traduction : Catherine Eyjolfsson

ISBN : 978-2-843-04756 -5 Islande 1998 – France 09/2016

156 pages

Le rouge vif de la rhubarbe est un court roman, sensible, délicat et poétique se déroulant sur les terres islandaises.

Agustina a été conçue dans un champ rouge vif de rhubarbe. Un père de passage lors de l’escale d’un navire et absent à jamais. Une mère, scientifique de la migration des oiseaux, toujours aux quatre coins de la terre et qui n’existe que par des lettres.

Agustina vit auprès de Nina, une amie de sa mère.

Agustina est née avec des jambes de coton qui ne peuvent la porter et des béquilles sont ses meilleures amies.

Agustina a une vie horizontale, elle ne peut grimper, ou entamer des randonnées dans les paysages escarpés de son île. Elle a néanmoins un lien vertical avec les nuages, le ciel et Dieu.

Agustina a un rêve : atteindre le sommet de la Montagne, 844 mètres, afin de voir le monde de haut et de s’englober dans un paysage.

A partir des scènes du quotidien, autour de la cuisine, de la pêche, des rencontres, Audur Aya Olafsdottir va instiller une poésie et une tendresse autour d’Agustina, sirène ou ange.

Quand l’ordinaire de la vie et le handicap confèrent au merveilleux.

Auður Ava Ólafsdóttir est sans conteste la reine des lettres islandaises ! Depuis Rosa candida, le charme inimitable de ses romans tient peut-être à son talent sans pareil pour nous faire explorer les troublantes drôleries de l’inconstance humaine avec une poésie et un humour d’une grâce inégalable. Elle a reçu notamment les plus hautes distinctions nordiques, et le Prix Médicis étranger pour Miss Islande.

« Révélée au public français grâce à Rosa candida, l’Islandaise Auður Ava Ólafsdóttir possède l’art de dire les choses compliquées avec des mots simples. Celui aussi de suggérer l’émerveillement devant le miracle quotidien de l’existence. » – Elena Balzamo, Le Monde des Livres.

Je voulais vivre d’Adelaïde de Clermont-Tonnerre. Grasset. 🟩🟩🟩🟩◼️

Je voulais vivre

Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Editions Grasset

Prix Renaudot 2025

ISBN :978-2-246-83166-2 Août 2025

475 pages

Les Trois MousquetairesAlexandre Dumas, Athos, Porthos, Aramis, D’Artagnan et Milady de Winter. Que ce soit par la lecture ou le cinéma, nous avons tous aimé la bravoure des Mousquetaires et la félonie de Milady de Winter.

Tout comme l’autrice, Adélaïde de Clermont-Tonnerre. C’est ce qu’elle nous confirme à la fin de son livre Je voulais vivre. Mais depuis des années, un murmure insistant est venu parasiter ses pensées : Milady de Winter est-elle réellement la femme qu’on a couverte de tous les maux ? Est-elle l’idéale coupable en tant que femme désirante et désirée, femme diablesse, tentatrice et putain ?

Ce murmure est devenu envahissant et l’autrice a décidé d’écarter la légende pour rencontrer la femme. Milady, femme de fiction, méritait un roman afin que l’on connaisse sa vérité.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre s’est insinuée dans les blancs, les failles, les interstices de quatre romans de Dumas (Les trois mousquetaires, Vingt ans après, le vicomte de Braguelonne, La jeunesse des mousquetaires) afin de nous restituer Anne de Breuil, la comtesse De La Fère, Charlotte Backston, Milady de Winter.

L’autrice fait le portrait d’une femme libre, vivant dangereusement dans un monde dominé par les intrigues et les hommes. Nous traverserons le 17ᵉᵉ siècle aux côtés de figures bien connues mais au plus près d’Anne du Breuil.

À travers les voix de d’Artagnan,de James de Winter, d’Olivier de la Fère ou du Père Lamandre, Milady nous apparait sous un autre jour, se battant contre son destin et sa condition de jeune femme.

Servi par une écriture et un souffle romanesque, le roman se lit à l’aune des trois Mousquetaires, et nous permet de mieux cerner Milady, femme double, victime mais aussi maitre de sa destinée.

Une réussite.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, ancienne élève de l’École normale supérieure, est journaliste et romancière. Fourrure (Stock) a été récompensé par cinq prix littéraires, dont le prix des Maisons de la Presse et le prix Sagan, suivi par Le Dernier des nôtres (Grasset), Grand Prix du roman de l’Académie française 2016, traduit en dix langues. Et enfin, Les Jours heureux (Grasset, 2021), prix Cabourg du roman.

Nous sommes faits d’orage de Marie Charrel. Les Léonides. 🟩🟩🟩🟩◼️

Nous sommes faits d’orage

Marie Charrel

Editions Les Léonides

ISBN : 978-2-48833- 500-3 Août 2025

400 pages.

Nous sommes faits d’orage de Marie Charrel est un roman qui se passe en Albanie. L’Albanie, petit pays des Balkans, frontalier de la Grèce. La Grèce, terre de tragédie. Cette tragédie qui traverse le roman de Marie Charrel sur plusieurs générations. Cette tragédie trouve son substrat dans cette Albanie aux traditions séculaires faites de violence, de sorcellerie qui porte le nom de Kanun depuis le Moyen-Âge.

À la mort de sa mère, Sarah, qui vit en Islande, reçoit en héritage les clés d’une bicoque perdue dans les montagnes albanaises et une demande de sa mère : trouve Elora !

Sarah part en Albanie et découvre un village oublié et globalement abandonné. Elle apprend rapidement qu’Elora est morte il y a bien longtemps.

L’enquête sur Elora va se dérouler sur trois périodes : dans les années 1975, les années 1990 et maintenant en 2023/2024. Et durant ces périodes, l’Albanie est le pays le plus fermé au monde, dirigé par Enver Hoxha, dictateur admirateur de Staline.

Sarah, partie sur les traces de sa mère, va découvrir l’histoire d’un peuple et d’un pays ainsi que ses traditions autour de créatures étonnantes : les drangues, la shtriga, la kulshedra.

En 1975, trois jeunes garçons quittent leur village pour l’université de Tirana. Ces trois garçons, Sokol, Ilir, Dritan tombent amoureux de la même jeune fille : Esther. Esther épousera l’un deux et tous les quatre seront confrontés de façon différente à la dictature de Hoxha.

En 1990, Elora et Agon amis d’enfance, vont vivre un drame qui les séparera et les jettera dans la violence.

Marie Charrel entremêle avec talent les trois époques et confectionne une toile d’araignée, dans laquelle nous nous laissons prendre avec plaisir. Toile d’araignée entre dictature, violence et tradition.

Toile d’araignée qui nous offre des personnages de femmes magnifiques, en quête d’émancipation, de liberté. Dans cette société de vendetta (le Kanun), les femmes ont un seul pouvoir : arrêter les vendettas en offrant le pardon ; les hommes, eux, doivent venger sans fin la mort d’un homme.

Nous sommes faits d’orage est une histoire tragique et romanesque traversée par un souffle indéniable qui nous emporte.

La coïncidence fait qu’un autre livre sorti récemment parle aussi du Kanun. Il s’agit du livre de Jean-Christophe Rufin : le revenant d’Albanie. Son personnage principal, le consul Aurel Timescu, est lui aussi aux prises avec le Kanun. Livre plus léger mais aussi étonnant sur les traditions albanaises

Marie Charrel commence sa carrière en 2006. Diplômée de l’Institut d’études politiques de Grenoble, spécialité économie sociale, et de l’IPJ, elle devient lauréate de l’académie Prisma. Elle intègre ainsi la rédaction du magazine Capital.

Son premier roman intitulé Une fois ne compte pas est publié par Plon en 2010. Le livre reçoit un accueil enthousiaste de la critique.

En 2013, Marie Charrel rejoint la rédaction du journal Le Monde pour suivre la politique monétaire internationale et l’économie européenne.

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Cour Nord d’Antoine Choplin. editions du Rouergue. 🟩🟩🟩🟩◼️

Cour Nord

Antoine Choplin

Editions du Rouergue

ISBN : 978-2-81260-091-3 Janvier 2010

133 pages

Comme toujours avec Antoine Choplin, un roman court et ciselé. Antoine Choplin nous emmène dans les années 1980 dans le Nord de la France, entre pays minier et Lille. Y habitent Gildas et Leopold, père et fils. Ils travaillent tous les deux dans l’usine sidérurgique. Ce matin là, ils partent rejoindre les camarades en grève. Les patrons souhaitent fermer l’usine et une réunion syndicat – patronat est prévu dans l’après midi.
Gildas est le leader syndical de l’usine et espère empêcher la fermeture de l’usine.
Léopard est moins impliqué au grand dam de son père.
Léopard à une passion : le jazz et tout ce qui tourne autour de Theolonius Monk et Chet Baker. Avec trois amis ils forment un quartette dans lequel il joue de la trompette.
Autour de Gildas, Leopold et de l’usine, il y a le bar, lieu central des rencontres et des discussions, des moments d’aparté avec Nadine ou Ahmed.
Par petites touches Antoine Choplin va nous faire entrer dans ces vies et leurs mystères.
C’est simple, c’est fort, c’est humain.
Il me reste un bouquet d’oeillets rouges se détachant sur le marbre gris d’une tombe au son de la trompette de Leopold jouant Chet Baker.

Né en 1962, Antoine Choplin vit près de Grenoble, où il partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Il est directeur de « Scènes obliques », dont la vocation est d’organiser des spectacles vivants dans les lieux inattendus, des sites de montagne. Il est aussi l’animateur depuis 1996 du Festival de l’Arpenteur (Isère), qui chaque mois de juillet programme des rencontres inhabituelles entre des créateurs (notamment des écrivains) et le public. Il s’est fait connaître en 2003 lors de la publication de son roman, Radeau, (La Fosse aux Ours, 2003), qui a connu un vrai succès populaire (Prix des librairies « Initiales », Prix du Conseil Général du Rhône).

Les jardins perdus de Rouda. Liana Levi. 🟩🟩🟩🟩◼️

Les Jardins perdus

Rouda

Liana Levi

ISBN ;  979-1-03491-098-4 Août 2025

224 pages

Les jardins perdus est une cité du 93. Des barres d’immeubles différenciées grâce à des noms d’écrivains. Dans la barre Balzac vit la famille Chevallier. le père, la mère et les deux fils : Zac et Martin. Une famille blanche, comme d’autres dans cette barre et qui vivent avec des familles noires, maghrébines ou encore de l’Europe de LEst.
Nous sommes en 2023 après les émeutes causées par la mort de Nahel suite à un tir à bout portant d’un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre

Zac dans le cadre de ses études est parti faire un stage à Conakry en Guinée . Lors de l’un de ses retours il apprend que son frère Martin a disparu depuis quelques jours.
Zac ne peut admettre cette disparition et va partir à la recherche de son frère. Il va rapidement comprendre que Martin est parti dans un mouvement d’extrême droite.
Afin de retrouver son frère, Zac va se mettre sans ses pas et côtoyer ce mouvement d’extrême droite.
Les jardins perdus est un roman social touchant aussi bien le délitement familial que l’embrasement politique.
Les abandons, les renoncements sont le terreau d’idéologies nauséabondes.
C’est réaliste, cru et violent.
Le tout accompagné d’une bande son, rap
Un roman rêche, sans concession’ brûlant..

Rouda est né à Montreuil en 1976. Il est membre actif du mouvement slam depuis 2000 et est considéré comme l’un des pionniers de la scène slam française, notamment en tant que membre fondateur du collectif 129H et compagnon de route de Grand Corps MaladeS Petit Nico ou D’ de Kabal.

En 2006, il coécrit et interprète le morceau Parole du bout du monde, sur le premier album de Grand Corps Malade Midi 20, double disque de platine. Son premier album solo, Musique des lettres, sort en 2007 sur le label Le Chant du Monde / Harmonia Mundi. Il se vend à près de 10.000 exemplaires et fait l’objet d’une tournée de 50 dates en France et à l’étranger. The French Guy, son deuxième album solo, sort en 2016 en autoproduction et distribué par le label Modulor. Fatras, son troisième EP, sort en 2019.

De 2010 à 2013, il est également chroniqueur du Micro ouvert de la matinale du Mouv’.

Le 05 janvier 2023, il publie son premier roman, Les mots nus, aux Éditions Liana Levi, qui bénéfice d’un accueil enthousiaste  En 2024, Rouda est lauréat de la 37ème édition du Festival du premier roman de Chambéry..

Les remplaçants de Bernardo Carvhalo. Métailié . 🟩🟩◼️◼️◼️

Les remplaçants

Bernardo Carvalho

Editions Métailié

ISBN : 979-1-02261-454-2 Août 2025

208 pages

La couverture du dernier roman de Bernardo Carvalho représente un bimoteur au lever du jour ou au crépuscule survolant une masse à contrejour qui pourrait être une représentation de la forêt amazonienne.

Dans cet avion, un père et son fils de 11 ans. Tout au long du roman, il s’agira du père et du fils. Pas de prénom, pas d’affectif. C’est pareil pour tous les personnages du roman qui sont caractérisés par leur fonction : le directeur du théâtre, le banquier véreux, le médecin, l’Indien, le militaire.

Le père se livre à des transactions obscures en lien avec les militaires et in fine avec la dictature brésilienne. Dans cet avion, le fils lit un livre de science-fiction, où, après la fin de notre planète, un groupe d’humains explore l’espace. la lecture de cet ouvrage.

Le roman est aussi traversé par la vie de l’enfant 30 ans plus tard. de fait le temps est découpé et les souvenirs et la réalité s’entremêlent.

Et nous sommes un peu perdus, dans un flou comme le père et le fils au milieu des nuages et de la brume amazonienne.

On ressent que c’est un roman ambitieux voulant traiter du Brésil du 20ᵉ siècle et des relations inversées entre père et fils.

Malheureusement je n’ai pas adhéré au style de Bernardo Carvalho, et j’ai eu beaucoup de mal à suivre et comprendre l’entremêlement des situations.

Bernardo Teixeira de Carvalho, plus connu sous le nom de Bernardo Carvalho, né le 5 septembre 1960 à Rio de Janeiro, est un écrivain et journaliste brésilien. Il a été l’éditeur du supplément culturel Folhetim, et correspondant de la Folha de S.Paulo à Paris et New York.