Avant la fin du monde de Laurent Decaux. Albin Michel 🟩🟩🟩🟩◼️

Avant la fin du monde

Laurent Decaux

Albin Michel

978-2-226-47516-9 Septembre 2022

519 pages

Vittorio de Mussi est génois. Il est au soir de sa vie et il décide d’écrire un livre qui retracera celle-ci. Il est le narrateur de ce roman. Nous sommes au 14ème siècle et Vittorio de Mussi écrit actuellement sur un long voyage contraint et forcé qu’il a effectué en 1347.
En 1347 la République de Gènes Venise La Sérénissime se partagent l’hégémonie de la Méditerranée Occidentale. Ils ont installés des comptoirs commerciaux en Grèce, dans le Pont Euxin mais aussi sur les bords de la mer Noire jusqu’en Crimée. En Crimée le comptoir génois se situe dans la citadelle de Caffa.
. Ce comptoir de Crimée est pour la République de Gènes une porte sur l’Orient , la soie les épices.
Caffa n’intéresse pas que Gènes. Derrière Caffa se profile l’empire mongol du Khan et celui-ci souhaite avoir un accès à la mer . Il décide donc d’attaquer la citadelle de Caffa.
Pou cette raison , la république génoise envoie une armada de 46 navires afin de combattre et anéantir l’armée du Khan.
Parmi ces navires le Pompée dont le capitaine est Daniel de Mussi, père de Vittorio. Vittorio est aussi à bord en tant que scribe et détenteur du journal de bord.
La route de Jaffa sera jalonnée de rencontres, de batailles navales et la route finira par croiser le fléau de l’époque : la peste noire.
Il est dit que ce fléau fut la première guerre bactériologique. L’histoire nous rappelle que le Khan catapulta ( au sens propre) les cadavres des pestiférés par dessus les remparts de Caffa afin d »inoculer le virus de la peste dans la citadelle.
Avec un grand talent de conteur et d’historien, Laurent Decaux nous entraîne dans une épopée haletante, sans temps morts, se lisant agréablement. L’histoire et le romanesque se liant pour notre plus grand plaisir.
Avant la fin du monde restitue les aventures de père et du fils de Mussi , confrontés à l’Eglise, déchirés entre leur rôle de soldat, de marin et cette peste noire qui les poursuit et s’insinue partout sur mer et sur terre.
Aura t’elle le dernier mot ?

Laurent Decaux naît le 22 août 1981 à Paris. Il est le fils de l’historien et homme de lettres Alain Decaux et de la photographe Micheline Pelletier

Après des études au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris.

Passionné de vin, il cofonde en 2006 les caves Nysa à Paris, dont il quitte la gérance pour se consacrer à l’écriture.

Au vent mauvais de Kaouther Adimi. Seuil . 🟩🟩🟩🟩◼️

Au vent mauvais

Kaouther Adimi.

Seuil

ISBN : 978-2-02-1050356-2 Août 2022

261 pages

Dans Au vent mauvais Kaouther Adimi dépeint le destin croisé de trois personnages durant la colonisation, là lutte pour l’indépendance et jusqu’à l’été 1992 ou l’Algérie bascule dans la guerre civile.
Ces trois personnages , Leila, Tarek, Saïd sont natifs d’un village de l’est algérien : El Zahra. Nous sommes en 1920.
Leila sera marié contre son gré à13 ans et aura la force de divorcer et de retourner vivre chez sa mère avec son petit garçon. En retour elle recevra l’opprobre des villageois.
Tarek est un enfant puis un adolescent timide et solitaire. Il est berger.
Saïd, d’une famille plus aisée est plus ouvert et poursuivra des études à l’étranger en Tunisie. Un avenir d’écrivain l’attend.
Tarek et Saïd sont frères de lait et Tarek a une amitié indéfectible envers Saïd.
Secrètement se met en place un trio amoureux. Leila est l’objet des passions des deux garçons.
La guerre va faire éclater ce trio ainsi que la colonisation et l’indépendance.
Dans l’avancée du roman Saïd va s’effacer peu à peu mais restera présent comme un filigrane pour Tarek.
Par contre Tarek va avoir la vie d’un immigré algérien. Il va épouser Leila, aura des enfants et pour subvenir aux besoins de tous il partira travailler et vivre en France afin d’envoyer régulièrement des mandats à sa famille. Ces retours en Algérie s’espaceront de plus en plus
Leila restée au pays avec les enfants décidera d’apprendre à lire et à écrire. Un début d’émancipation.
Il ne faut pas croire que Saïd a totalement disparu. Il va réapparaitre au détour d’une librairie et d’un livre à Alger. Un livre qui a traumatisé Leila.
Le vent mauvais ne souffle pas qu’au travers de la colonisation, l’indépendance ou la guerre civile. Il peut aussi souffler au travers une littérature noire, déniant les identités ou les manipulant.
C’est un beau roman d’émotion, de souffrance et qui nous dit ce qua vécu et vit le peuple algérien, ancré dans le colonialisme, l’indépendance, la dictature, l’islamisme et le besoin d’exister par lui-même.
Enfin la dernière page du livre est bouleversante. Ancrant Kaouther Adimi dans cette histoire , elle nous redit que quelle soit la littérature celle-ci nous happe entre Nos richesses et vent mauvais.

Kaouther Adimi naît à Alger, où elle vit jusqu’à l’âge de quatre ans, avant que sa famille ne s’établisse à Grenoble pour quatre ans. Durant cette période elle découvre le plaisir de la lecture avec son père, qui l’emmène chaque semaine à la bibliothèque municipale.

En 1994, elle rentre en Algérie, qui vit alors sous l’emprise du terrorisme. N’ayant que très peu d’occasions de lire, elle commence à écrire ses propres histoires. En 2008, elle reçoit le Premier Prix du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger pour Sur la tête du Bon Dieu.

Elle est diplômée en lettres modernes et en management des ressources humaines.

À partir de septembre 2021, elle est pensionnaire à la Villa Médicis, à Rome, où elle travaille à son cinquième roman, Au vent mauvais, dans lequel, à travers les destins croisés de trois personnages, elle dresse une grande fresque de l’Algérie, de la colonisation à la lutte pour l’indépendance, jusqu’à l’été 1992, au moment où le pays bascule dans la guerre civile. Ce roman a reçu le Prix Montluc Résistance et Liberté, le 7 avril 2023

Il ne se passe jamais rien ici d’Olivier Adam. Flammarion. 🟩🟩🟩🟩◼️

Il ne se passe jamais rien ici

Olivier Adam

Flammarion

ISBN : 978-2-080441- 775 Mai 2024

360 pages.

Roman choral, Il ne se passe jamais rien ici est un polar qui décrit une communauté humaine et familiale dans un petit village au dessus du lac d’Annecy.
Une femme est retrouvée morte sur les bords du lac d’Annecy. La communauté villageoise et familiale est bouleversée par ce qui est sûrement un féminicide.
Le roman d’Olivier Adam va parfaitement osciller entre enquête policière et drame familial.
Tout le monde connaissait Fanny la victime. Plus particulièrement la famille d’Alain Terrier et les habitués du Café des Sports. Beaucoup d’hommes peuvent être suspectés dans le village ou dans la famille. Plus particulièrement Antoine , l’un des enfants de la famille Terrier. Antoine est un jeune homme sensible, socialement mal intégré, addict à quelques boissons et drogues et qui partage avec Fanny un amour impossible.
Antoine est le suspect, voire le coupable idéal. Mais est-ce aussi simple ?
C’est avec plaisir que l’on retrouve l’écriture d’Olivier Adam et ces thèmes favoris : la famille, les secrets, la mélancolie, la tristesse, la France périphérique.
A travers ces thèmes il a abordé la question des migrants, les votes populaires, les secrets de famille, la parentalité.
Aujourd’hui il aborde le féminicide et la violence cachée des hommes.
Olivier Adam nous décrit cette communauté comme il en a l’habitude : des losers, des mal-aimés, des familles déconstruites.
Un roman noir qui traque la fragilité de ses personnages et plus particulièrement les hommes. Dans cette fange malsaine sera-t-il possible de faire éclater les secrets enfouis et libérer la parole .
Rien n’est gagné.

Né en 1974, Olivier Adam est l’auteur de nombreux livres parmi lesquels Je vais bien, ne t’en fais pas (Le Dilettante, 2000) et, aux éditions de L’Olivier, Passer l’hiver (Goncourt de la nouvelle 2004), FalaisesÀ l’abri de rien (prix France Télévisions 2007 et prix Jean-Amila-Meckert 2008), Des vents contraires (prix RLT/Lire 2009) et Le Cœur régulier. Il a publié aux éditions Flammarion Les Lisières, (2012), Peine perdue (2014), La Renverse (2016) et Chanson de la ville silencieuse (2018). Il est également auteur de romans pour la jeunesse : On ira voir la mer (L’École des loisirs, 2002), La Messe anniversaire (2003), Sous la pluie (2004), Comme les doigts de la main (2005), Ni vu ni connu (2009) et Personne ne bouge (2011).
Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma, dont son premier roman, Je vais bien ne t’en fais pas, qui sera primé aux Césars en 2007, Poids léger et Des vents contraires. Scénariste, il a participé à l’écriture du film Welcome.

On m’appelle Demon Copperhead de Barbara Kingsolver. Albin Michel. 🟩🟩🟩🟩◼️

On m’appelle Demon Copperhead

Barbara Kingsolver

Traductrice : Martine Aubert.

Albin-Michel

ISBN : 978-2-226-47837-5 Janvier 2024

605 pages

On m’appelle Demon Copperhead de Barbara Kingsolver s’appuie sur le roman de Charles Dickens : David Copperfield.
Elle transpose sont récit aux Etats -Unis, de nos jours en Virginie.
Nous sommes dans le Comté de Lee auprès d’une communauté « Melungeon  » et de blancs aux prises avec la pauvreté.
Dans la même veine que lz livre de Charles DickensOn m’appelle Demon Copperhead est un roman d’apprentissage. le roman est à une voix, celle du narrateur Demon Copperhead. Une narration faite à hauteur d’enfant, d’émotions et de souvenirs.
Et les premières lignes du roman donnent le ton :  » Déjà je me suis mis au monde tout seul . Ils étaient trois ou quatre à assister à l’événement et ils m’ont toujours accordé une chose : c’est moi qui est dû me taper le plus dur, vu que ma mère était, disons, hors du coup. « 
Demon, notre narrateur est né d’une jeune femme toxico et d’un père disparu.
Pendant les 600 pages du roman Demon va nous raconter les aléas et vicissitudes de sa vie.
Aléas et vicissitude ne rendent pas compte de la réelle violence de son enfance. c’est un constat brutal de ce que peut être la vie d’un enfant puis d’un adolescent dans cette Amérique de la violence et de la solitude.. Trimballé de services sociaux en famille d’accueil, Demon arrive à se construire une communauté d’enfants issus du même milieu social et de quelques adultes. La pauvreté, les larcins, s’insinuent de partout. Les inégalités ravagent cette jeunesse. Quelques personnes bienveillantes apaisent tant soit peu ces blessures.
Ces ravages ont comme toile de fond la crise des opioïdes qui gangrène les Etats Unis. La société Pharma Purdue inonde le marché de soi-disant médicaments juste anti-douleurs. Médicaments pour les personnes atteintes de cancer mais aussi pour les jeunes joueurs de foot américain.. Et l’on devient vite addict à ces médicaments.
Cette jeunesse pauvre, en manque de repères et d’affection se refugie bien évidemment dans ces opioïdes et plus particulièrement l’Oxy.
Le road trip, le road movie de Demon nous touche en plein coeur et sa résilience dans ce monde hostile est magnifique.
A la fin de ce roman , on ne souhaite pas laisser Demon. Mieux que cela on aimerait le rencontrer et passer un long moment avec lui et sa gouaille. Il mérite notre respect.

Barbara Kingsolver est une écrivaine américaine. Sous forme d’essais, de nouvelles ou encore de poèmes, ses écrits reflètent son intérêt pour la justice sociale et la biodiversité.

Lorsqu’elle est âgée de sept ans, ses parents l’emmènent au Congo où son père officie en tant que médecin.

Barbara Kingsolver décide de quitter le Kentucky, qui ne lui offrait pas l’avenir qu’elle souhaitait, pour l’Indiana où elle devient diplômée en Biologie. Après avoir poursuivi ses études en écologie et biologie à l’Université d’Arizona, elle y devient écrivain scientifique. Souffrant d’insomnie, elle se met a écrire « L’ arbre aux haricots » et commence ainsi sa carrière de romancière. Dans ses romans, elle traite avec un certain humour des thèmes pourtant sérieux de la défense de la nature, des réfugiés, du sens de l’indépendance ou de la sensualité qui s’affirme à chaque époque de la vie.

Dans « Un autre monde », elle fait vivre un jeune garçon entre Mexique et États-Unis. Elle y évoque aussi bien les manifestations de vétérans et leur répression violente sous Hoover, que les amours de Frida Kahlo et de Léon Trotsky, son assassinat en 1940 ou que le Maccarthisme qui vient à bout du jeune héros. Ce roman a reçu le Prix Orange pour la fiction en 2010.

Elle partage son temps entre sa ferme des Appalaches et l’Arizona, avec son deuxième mari, Steven Hopp, et ses deux filles.