
Voici un premier roman et un auteur qui risquent l’originalitĂ© , le sujet casse gueule et qui s’en sortent plutĂŽt bien.
En troisiĂšme de couverture un avis laconique : Ce premier roman ne contient pas une once de bonheur, c’est un feel-bad book. Une couverture au graphisme noir et blanc reprĂ©sentant un poil dans la main.
Tout cela pour un livre de plus de 500 pages à la pagination serrée dans laquelle une aération due aux paragraphes est peu présente.
Avouez qu’il y a mieux pour inciter Ă la lecture d’un roman.
Et pourtant Julien Leschiera, libraire à Clermont-Ferrand va nous arrimer à son feel-bad book.
PremiĂšre phrase du roman :D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais dĂ©sirĂ© autre chose que ne rien faire «
La gageure de Julien Leschiera sera de surfer sur ce pitch trÚs court. Et il tiendra la gageure.
Charles Dubois l’anti-hĂ©ros de ce livre est un ĂȘtre avachi. DĂ©jĂ intra-utĂ©rin le gynĂ©cologue avait prĂ©venu les parents : votre bĂ©bĂ© est mou et avachi.
Charles le sera toute sa vie. D’avachi il deviendra faineasse ou feignasse.
Charles est un oisif.
Charles Dubois est un anti héros flamboyant, exaspérant qui fuit la vie et la réalité. Il se raccroche à des vies parallÚles dans lesquelles son avachissement est moindre.
Cet avachissement n’est pas un acte politique. c’est juste une façon d’ĂȘtre : tout faire pour passer inaperçu et ĂȘtre invisible au monde. Il pense qu’en s’oubliant on l’oubliera Ă son tour. Bien que maĂźtre dans l’art de ne rien faire le monde est loin de le laisser tranquille.
Il devra faire face aux affres des copains et des copines , aux affres d’une vie de couple pour la moins monacale et autarcique. Il fera aussi des expĂ©riences ratĂ©es, mais comment pouvait il en ĂȘtre autrement, auprĂšs du monde de l’Ă©dition et des mĂ©dias. Son oisivetĂ© rĂ©ussira mĂȘme Ă lui faire traverser l’AmĂ©rique latine.
Contrairement au titre , les vies parallĂšles restent secondaires et c’est la multitude d’aventures qui prend le pas.
Cela peut ĂȘtre la limite du livre , car pour ĂȘtre un oisif de qualitĂ© , il faut avoir autour de soi des coups du destin aux bon moments . Des rencontres fortuites, une aide financiĂšre facilitent l’oisivetĂ©.
Cela n’enlĂšve rien Ă la qualitĂ© de ce premier roman ,tenu avec habiletĂ© sur plus de 500 pages par Julien Leschiera alors que le sujet du roman prĂ©disposĂ© Ă la glissade assassine.
500 pages pour transmuter un possible récit cafardeux en récit enlevé et parfois picaresque.
