
DĂ©but de la quatriĂšme page de couverture, Texte de Philippe Jaenada : Ce n’est pas de la tarte Ă rĂ©sumer, cette histoire .
Oh que oui !
Essayons de faire simple.
27 mai 1964 – le corps d’un enfant de 11 ans, Luc Taron est trouvĂ© dans les bois de VerriĂšres en Seine et Oise.
Pendant un mois , un individu qui se fait appeler l’Etrangleur va inonder mĂ©dias et police de plus de 50 courriers pour revendiquer le meurtre.
Au bout d’un mois il se fera arrĂȘter . Il s’appelle Lucien LĂ©ger. Il a 27 ans. Il passe des aveux circonstanciĂ©s.
Un an et demi aprÚs il est condamné à la prison à perpétuité.
Il sera pendant trÚs longtemps le plus vieux prisonnier français.
Il restera 41 ans en prison jusqu’en 2005.
Lucien Léger mourra en 2008.
Fermez le ban comme dirait Philippe Jaenada.
Cela ne mérite pas, à premiÚre vue un livre de 750 pages.
C’est mal connaitre Philippe Jaenada.
Comme dans la Petite Femelle , la Serpe , Philippe Jaenada va minutieusement reprendre tous les éléments de ce fait divers.
Et comme toujours, il va intriquer sa vie personnelle dans cette enquĂȘte. FidĂšle Ă ses habitudes d’Ă©criture les disgressions sont encapsulĂ©es dans de multiples parenthĂšses oĂč l’humour vaut bien la longueur des parenthĂšses.
Reste que ce livre est un monument de documentation que Philippe Jaenada dĂ©structure pour nous dire que les monstres ne sont pas obligatoirement oĂč c’est le plus Ă©vident.
Dans cette société des années 60 encore proche de la fin de la DeuxiÚme guerre mondiale, les Trente Glorieuses semblent trÚs loin.
Philippe Jaenada nous dresse un portrait saisissant de cette époque en démontant point par point la réalité de tueur de Lucien Léger.
Il nous livre des pages Ă©tonnantes sur la rĂ©alitĂ© humaine d’Yves Taron , pĂšre du petit garçon tuĂ©. Il fait apparaitre des personnages au double jeu inquiĂ©tant tel Jacques Salce. Il n’exonĂšre pas Lucien LĂ©ger de ses responsabilitĂ©s.
Tout comme il n’oublie pas de nous montrer les terribles ratĂ©s ( volontaires ?) des diffĂ©rents enquĂȘteurs et commissaires.
MalgrĂ© les incohĂ©rences du dossier , aucune demande de rĂ©vision de procĂšs n’aboutira.
Et puis il y a Solange, la femme de Lucien LĂ©ger . Bout de femme ballotĂ©e par la vie et de santĂ© fragile. FragilitĂ© de santĂ© que l’on assimilera rapidement Ă une maladie mentale.
Solange qui restera fidĂšle Ă Lucien.
Solange , l’inverse d’un monstre.
Je suis sorti de ce livre un peu cassé par temps de noirceur, de folie , de mensonges , de monstres.
Tant de vies bousillées.
Cela reste une expérience de lire Philippe Jaenada et je ne la regrette pas.
Reprenant la quatriÚme de couverture de Philippe Jaenada : Dans cette société naissante qui deviendra la nÎtre, tout est trouble, tout est factice.
Quel terrible constat.
Au printemps des monstres
Philippe Jaenada EAN : 9782080238184
752 pages
Ăditeur :Â MIALET BARRAULTÂ (18/08/2021)

Philippe Jaenada est nĂ© Ă Â Saint-Germain-en-Laye oĂč ses grands parents maternels possĂšdaient le restaurant Le Grand Cerf. Issu dâune famille de pieds-noirs rĂ©cemment revenue dâAlgĂ©rie, il a grandi dans une banlieue pavillonnaire de Morsang-sur-Orge dans lâEssonne1. AprĂšs des Ă©tudes scientifiques, il sâest installĂ© Ă Â Paris en 1986 oĂč il enchaĂźne les petits boulots pendant plusieurs annĂ©es2. Sa premiĂšre nouvelle est publiĂ©e en 1990 dans L’Autre Journal. Les sept premiers romans de Philippe Jaenada sont d’inspiration autobiographique. Outre ses livres, il Ă©crit des articles pour le magazine Voici3. Avec sa compagne Anne-Catherine Fath, ils ont un fils, Ernest. Habitant le 10e arrondissement, il a ses habitudes au Bistrot Lafayette4.
Dans un style souvent humoristique, Philippe Jaenada se raconte dans ses sept premiers romans largement inspirĂ©s par sa propre vie. Il y raconte les pĂ©ripĂ©ties dâun Parisien toujours muni de son sac matelot et habituĂ© des bars de quartier « dans un dĂ©luge de phrases, de parenthĂšses, de digressions, avec un esprit d’une vivacitĂ© peu commune qui ne cesse de jouer Ă saute-mouton. Dans le drame, il n’oublie jamais la dĂ©rision, se mettant en scĂšne en train d’Ă©crire comme un forcenĂ©5. » Il se tourne vers le fait divers dans ses ouvrages suivants : Bruno Sulak (Sulak), Pauline Dubuisson (La Petite femelle) et Georges Arnaud (La Serpe, inspirĂ© du triple assassinat du chĂąteau d’Escoire). Tout en conservant son style caractĂ©ristique et ses anecdotes autobiographiques, il entreprend pour ces trois ouvrages un important travail de recherches archivistiques6.
Ces ouvrages lui ont valu de recevoir divers prix littéraires, notamment le prix Femina en 2017 pour La Serpe7.