
Après avoir lu Maîtres et esclaves de Paul Greveillac, j’ai plongé à nouveau dans son écriture en lisant son dernier roman Art Nouveau.
 A deux ans d’intervalle j’ai retrouvé la finesse classique de l’écriture, la précision clinique des phrases. Quel plaisir qu’une écriture qui enchasse des mots peu employés de la langue française et qui magnifie les conjugaisons.
J’ai retrouvé aussi ce manque de flamme que j’avais déjà ressenti dans Maîtres et esclaves.
Paul Greveillac a le don pour trouver des sujets très originaux.
Ici, il construit son roman autour de l’architecture et de l’Art Nouveau.
Pour nous entraîner avec lui, il convie Lajos Ligeti personnage fictif, architecte de profession.
Celui-ci quitte Vienne en 1896 pour Budapest où il pense s’installer afin de devenir un architecte reconnu.
Nous allons suivre son évolution jusqu’aux prémices de la première guerre mondiale dans cette empire austro hongrois s’étendant sur toute l’Europe Centrale.
La leçon d’histoire et d’architecture est passionnante. Par le luxe de détails, mise en valeur par l’écriture, nous nous immergeons dans la Budapest de la fin du 19ème siècle. Nous parcourons les rues pavées, les grandes avenues, les cabinets d’architectes , nous participons au foisonnement culturel, à la naissance d’un Art Nouveau sur la MittelEuropa. Nous voyagerons de Budapest, à Vienne ou à Prague.
Nous assisterons à l’expansion des cabinets d’architecture, à leurs rivalités. L’architecture du béton va poindre.
Lajos Ligeti peu à peu prend possession de cette ville, manoeuvre pour ouvrir son cabinet d’architecture.
Deux personnages vont l’aider, le soutenir , l’aimer.
D’abord, l’Oncle Jakob Karpati , vivant dans une masure en périphérie de Budapest. Un homme de bonté, juif de tout son être et serrurier de son état.
Puis Katarzyna Liski, sa muse qui deviendra sa femme.
Deux personnages pour lesquels va notre empathie…. à l’inverse de celle que nous éprouvons pour Lajos Ligeti au fur et à mesure que défile sa vie.
Et cette impression de renversement, nous la retrouvons dans le roman. Autant la première partie du roman nous enchante par cette découverte de Budapest et des arcanes de l’architecture, autant la deuxième est plus fastidieuse, manquant de souffle, un peu comme Lajos Ligeti devenant un personnage sans âme vivant dans une époque qu’il a du mal à incarner et à saisir.
Il me reste de cette lecture un plaisir certain pour le style et l’écriture de Paul Greveillac. Il est agréable de se perdre dans une écriture faite d’un riche vocabulaire et d’une audace de conjugaison.
De même pour l’Art Nouveau. Une belle découverte que ce foisonnement entre Autriche et Hongrie
Par contre le personnage de Lajos Ligeti s’estompera petit à petit de ma mémoire tout comme la situation politique de l’empire austro hongrois entre 1896 et 1914. Celle-ci ayant été traitée superficiellement me semble-t-il.
Il reçoit le prix Roger-Nimier ainsi que la Bourse de la Découverte de la Fondation Prince Pierre de Monaco pour son premier roman, Les Âmes rouges, dont l’histoire se déroule au temps de l’Union soviétique. Le personnage principal est un censeur, amoureux de cinéma et de littérature. Les Âmes rouges est également remarqué par l’académie Goncourt, qui le fait figurer sur sa liste de lecture pour l’été 2016 [archive].
En janvier 2017 est parue, dans La Nouvelle Revue française, La Narva, nouvelle inspirée par le Juste Uku Masing (en).
Le récit Cadence secrète. La vie invisible d’Alfred Schnittke est paru en avril 20172. Cette biographie romancée du compositeur Alfred Schnittke reçoit le prix Pelléas en avril 2018, bien qu’étant paru un an plus tôt3.
Son deuxième roman, Maîtres et Esclaves, est paru en août 20184. On y suit le parcours mouvementé d’un paysan du Sichuan qui devient, au plus fort de la Révolution culturelle chinoise, un grand peintre de propagande. Maîtres et Esclaves figure sur les dernières listes du Prix Goncourt5, du Prix Interallié6, du Prix Jean-Giono7, et du Prix des Deux Magots 20198. Il remporte le Prix Jean-Giono 2018. Il se voit également attribuer en 2018 le Prix de soutien à la création littéraire de la Fondation Del Duca [archive].
Son troisième roman, Art nouveau, est paru en août 20209,10,11,12. Le roman retrace la naissance de l’art nouveau hongrois à travers Lajos Ligeti, un architecte fictif juif, originaire de Vienne, qui tente de développer son cabinet à Budapest. L’Autriche-Hongrie, en proie aux nationalismes, à l’antisémitisme, moribonde sans le savoir, vit alors ses dernières années. Avec ce roman, Paul Greveillac se propose aussi, selon ses propres mots, de mettre en avant les « troublantes similitudes qu’il existe entre « le monde d’hier » et celui d’aujourd’hui. »
C’est vrai j’ai complétement oublié le personnage de l’architecte et par contre, l’écriture de Paul Greveillac est un délice !
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