
« On meurt, c’est tout, et on agrandit l’Ăąme de ceux qui nous aiment. On la dilate. La mienne va bientĂŽt exploser »
C’est ce que pense LĂ©onor de Recondo alors qu’elle est dans la chambre 508 del’hĂŽpital pour accompagner vers la mort son pĂšre FĂ©lix.
Ce texte agrandit , dilate aussi l’Ăąme des lecteurs.
Léonor est assise à la droite de son pÚre sur une chaise en plastique.
Sa mĂšre CĂ©cile est assise Ă la gauche de FĂ©lix dans la chambre 508, chambre d’hĂŽpital ressemblant Ă toutes les chambres d’hĂŽpitaux .
Un huis clos pour une mort annoncée .
Et puis miracle cette nuit du 25 Mars 2015 devient une nuit lumineuse, amoureuse, tendre.
Une nuit pour construire les souvenirs et les Ă©motions d’une vie. Une nuit pour accompagner une lente sĂ©paration . Une nuit dans laquelle s’endort FĂ©lix.
Et LĂ©onor de Recondo profite de cet endormissement de FĂ©lix pour nous transmettre son dernier rĂȘve : ĂȘtre assis sur un banc auprĂšs d’Ernest Hemingway et discourir de leurs vies , de leurs amours, de l’Espagne, du Pays basque de l’enfance de la guerre.
A ces pages oniriques ( mais relatant la vie de FĂ©lix et d’Ernest Hemingway ) rĂ©pondent la rĂ©alitĂ© de la vie et de la fin de vie de FĂ©lix.
C’est bouleversant, d’une profonde et juste Ă©motion.
Il y a de grands passages sur la rĂ©alisation d’un violon par FĂ©lix pour sa fille LĂ©onor.
Nous l’entendons ce violon.
Souvent déchirant aux cÎtés de Félix, Cécile et Léonor
Parfois tendre et discret pour accompagner le départ de Félix
Quelquefois tzigane , pour souligner le plaisir qu’avait FĂ©lix Ă retrouver son Pays basque et sa grand mĂšre Amatxo
Que ce livre porte bien son titre :Â Manifesto
Manifeste de l’amour, du partage, de la beautĂ© crĂ©atrice ( ah ! Les pages sur la table d’harmonie du violon )
Manifeste de Léonor pour Félix et Cécile
« Je devine le visage de CĂ©cile couchĂ© prĂšs du mien dans l’ombre. J’entends son souffle lent. Alors, sans crainte, je l’Ă©coute et le suis….
Je dépose mon coeur dans le tien
Tu dors, tu ne le sais pas.
Je tresse mon souffle autour du tien
Si discret, tu ne le sens pas.
Et je m’abandonne au sommeil »
Un livre remarquable .