
»Â Rimbaud marche toute la nuit, et Ă l’aube il s’assoit pour contempler sa rĂ©colte, seulement quelques pĂ©pites, parfois une bonne dizaine qu’il dispose en rond dans sa paume «
Ce roman est une pépite. Gardez le longtemps au creux de votre paume !
Court roman (187 pages ) mais quelle écriture quelle poésie!
L’Ă©criture est ciselĂ©e, dentelĂ©e comme les pics et les arrĂȘtes des montagnes ou se situe le roman.
Noele vit au pied de la GĂ©ante, montagne imposante et austĂšre. La GĂ©ante est le personnage central qui veille, qui peut ĂȘtre bienveillante mais qui peut aussi ĂȘtre dangereuse pour qui ne la respecte pas.
Noele, narratrice, fille de cette montagne, sorciĂšre Ă ces heures, la parcourt en tout sens afin de cueillir les plantes, fabriquer des tisanes et ramasser les fagots de bois qui prĂ©sage les feux de l’hiver.
Noele a un frĂšre , Rimbaud, qui parle aux oiseaux et qui court les ruisseaux et torrents afin de ramener les pierres d’or.
Noele et Rimbaud ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©s dans la montagne par La Tante. C’est la mĂ©moire du pays , la mĂ©moire de Noele.
A ces trois personnages il faut joindre Maxim et Carmen.
Maxim est un journaliste qui vient se ressourcer et se soigner au pied de la Géante.
Carmen est photographe engagĂ©e dans un centre sanitaire au Congo. Elle envoie des lettres Ă Maxim. Lettres que l’amour enveloppe.
Afin de faciliter le travail du facteur, c’est Noele qui apporte les lettres Ă Maxim.
l’histoire est posĂ©e. Seulement l’histoire. Elle ne se raconte pas. Elle Ă©meut.
Pour le reste ce n’est que poĂ©sie , dĂ©licatesse, dĂ©couverte ouverture.
L’Ă©criture de Laurence Vilaine est un Ă©crin dans lequel brille la montagne , ses calades , ses marmottes , ses immortelles bleues. L’Ă©criture est prĂ©cise pour nous dire l’importance d’une robe , d’une blouse , d’une flanelle ou le mouvement d’un chignon. L’Ă©criture devient poĂ©tique pour nous enivrer des immortelles des argousiers des sorbiers et des Tiou Tiou Tiou du petit duc.
L’Ă©criture est littĂ©rairement suave et Ă©lĂ©gante quand il s’agit de ressentir l’absence et la distance dans le transport amoureux:
« Je t’embrasse longtemps »
» Tu me manques… un peu. Ca veut dire infiniment «
« Dans ton cou je pose ma tĂȘte »
« Je te serre »
« C’est l’heure des silences que l’on chuchote, je t’enveloppe. »
c’est un roman du coeur , de l’Ă©motion, des sentiers et des chemins perdus dans la montagne Ă la recherche d’une chapelle, d’un amour.
Sans aucun doute il mérite une deuxiÚme lecture , installé dans le Mercantour au pied de la Géante. et de la vallée des Merveilles.
Merveille comme ce roman !