Tous, sauf moi de Francesca Melandri .Gallimard💛💛💛💛💛

Tous, sauf moi par Melandri

Tous , sauf moi de Francesca Melandri est un livre qui nous donne l’impression de comprendre un peu mieux le monde qui nous entoure.
A travers la longue vie d’Attilio Profeti, 95 ans en 2010, Francesco Melandri nous raconte un siĂšcle de l’histoire de l’Italie.
SiĂšcle d’histoire italienne qui va de l’histoire coloniale au fascisme et aux grands flux migratoires de l’histoire actuelle.
Tous, sauf moi est la rencontre du passé et du présent et des conséquences de ces rencontres.
« Nous sommes blancs, Ilaria. Notre pĂšre est blanc.
S’il avait vraiment un quart de notre sang, il serait disons, beige. Et en fait il est marron.
Beige ? Marron ? Mais qu’est ce tu dis Attilio !
Tu veux évaluer la couleur de la peau avec un Pantone ?
Je n’ai pas besoin d’un nuancier. Je vois de mes propres yeux qu’il est trop foncĂ©.
Moi j’ai vu de mes propres yeux une carte d’identitĂ© Ă©thiopienne oĂč figure le nom de mon pĂšre qui est aussi le tien . Et çà c’est un fait. »
DĂšs le le dĂ©but du roman, on dĂ©couvre comment l’histoire la plus enfouie revient en boomerang par l’intermĂ©diaire de Shimeta Ietmgeta Attilioprofeti. En 2010 Shimeta se trouve sur le seuil de la porte de l’appartement d,Ilaria, romaine de 40 ans.
Ce jeune Ă©thiopien dit ĂȘtre Ă  la recherche de son grand pĂšre AttilioProfeti.
TroublĂ©e par cette rencontre avec ce migrant qui dĂ©clare ĂȘtre son neveu, Ilaria commence Ă  creuser dans le passĂ© de son pĂšre.
Elle va s’apercevoir qu’elle ne connait pas ce pĂšre dont la vie est indissociable de celle de l’Italie.
Attilio Profeti a traversĂ© le 20Ăšme siĂ©cle italien passant de la colonisation de l’Ethiopie, aux chemises noires sous Mussolini sans oublier le racisme, la corruption et les massacres en Ethiopie. Mais il a aussi vĂ©cu le libĂ©ralisme avec Berlusconi et la visite de Khadafi Ă  Rome.
Et dans les derniĂšres annĂ©es, bien que n’Ă©tant plus trĂšs lucide, il voit revenir vers lui l,Ethiopie par l’entremise de Shimeta.
Ce n’est pas que Shimeta qu’il voit revenir, c’est aussi la route migratoire actuelle, ces migrants africains qui sont entrautre le boomerang de la colonisation.
Ilaria, elle, voit apparaĂźtre la rĂ©alitĂ© de la vie de son pĂšre et de l’Italie du 20Ăšme siĂšcle entre fascisme et racisme.
C’est par des allers retours incessant entre 2010 et les annĂ©es de colonisation et de guerre que Francesca Melandri va nous dĂ©peindre cette Italie du 20 Ăšme siĂ©cle.
Passant de l’Histoire Ă  des moments intimes , elle nous dresse le portrait d’une Italie minĂ©e par ses souvenirs et ses fantĂŽmes.
N’ayant pas eu d’Ă©quivalent au procĂšs de Nuremberg , L’Italie n’a pas fait le deuil de cette Ă©poque fasciste.
On a passé sous silence pendant trÚs longtemps le fait que la plupart des Italiens soutenaient Mussolini.
Dans cette Italie , un Attilio Profeti est la norme, non pas l’exception.
C’est cette rĂ©alitĂ© , que Francesca Melandri met sous nos yeux et nous rappelle que l’histoire coloniale se confond avec l’histoire actuelle et la conscience collective
L’Histoire c’est toujours du prĂ©sent et du passĂ©. L’histoire de l’Italie c’est aussi l’Histoire de l’Europe
Je terminerais par cet interview de Francesca Melandri
 » Un demi-millĂ©naire d’histoire coloniale et le prĂ©sent des grandes migrations ne sont pas deux histoires diffĂ©rentes mais seulement deux chapitres de la mĂȘme histoire, de la mĂȘme longue Ă©poque, et bien sĂ»r cela ne concerne pas seulement l’Italie. Au contraire, il s’agit pratiquement de la description de l’Ă©tat de choses actuel de la planĂšte Terre. « 

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