L’infini patience des oiseaux de David Malouf. Albin Michel 💛💛💛💛

L'infinie patience des oiseaux par Malouf

Comment parler de ce livre qui m’a Ă©motionnellement bouleversĂ© ?
D’abord en disant que le livre de David Malouf , L’infinie patience des oiseaux m’attendait dans une librairie.
Une petite Ă©tiquette sur sa couverture . le libraire me dit tout le bien qu’il pense de ce roman , de la poĂ©sie ,de l’humanitĂ© de l’Ă©criture de David Malouf.
Ce livre Ă©crit il y a plus de 30 ans par l’Ă©crivain australien et qui n ‘avait jamais Ă©tĂ© traduit.
Va pour ce roman.
Le temps de lire la quatriĂšme de couverture et c’est la surprise !
Ce livre écrit par un auteur australien , qui parle des oiseaux , de la premiÚre guerre mondiale et ce passe en grande partie à ArmentiÚres.
ArmentiÚres est une ville du Nord de la France , dans les Flandres et située sur la frontiÚre belge.
C’est dans cette ville que je suis nĂ© et oĂč j’ai passĂ© mon enfance et mon adolescence dans les annĂ©es 1960.
Cette ville qui a été traumatisée par les guerres 14/18 et 39/45.
Toute mon enfance j’ai vĂ©cu avec ce souvenir des guerres et plus particuliĂšrement celle de 14/18 avec les rĂ©cits de mon grand pĂšre et de ces frĂšres.
J’ai retrouvĂ© dans les descriptions des Flandres ,par David Malouf ,une partie de mon enfance et adolescence.
Cette terre des Flandres si plate mais hérissée à perte de vue , de mausolées, de cimetiÚres militaires et de monuments funéraires.
ArmentiÚres , base arriÚre pour les combattants britanniques et australiens qui rejoignaient les tranchées et boyaux de Messines, Ypres ou Dixmude situés à quelques kilomÚtres.
Jim Saddler , Jeune australien va venir combattre dans ces tranchĂ©es des Flandres. Cette guerre il va la passer entre la base arriĂšre d’ArmentiĂšres ( The Nursery pour les britanniques ) et ces tranchĂ©es du plat pays des Flandres.
Et dans les descriptions de David Malouf , j’ai retrouvĂ© les lieux de mon enfance et une Ă©motion profonde pour ces lieux.
Ce sont ces lieux qu’il nomme, que lors de mon adolescence j’ai parcouru Ă  vĂ©lo : Bizet – Ploegsteert – Houplines – Messines – Ypres.
Ces lieux et cette terre marquĂ©e Ă  jamais par l’horreur des guerres.
Jim Saddler va vivre cette horreur , de tranchée en tranchée de Hyde Park Corner à Marwood Cope.
Hyde Park Corner devenu un cimetiĂšre militaire oĂč reposent 12 000 soldats britanniques ou australiens.
Durant mon adolescence , je suis passé de nombreuses fois à vélo sur la route qui borde Hyde Park Corner. Ces routes de bétons ou de pavés qui
sinuent jusqu’aux Monts des Flandres et qui rappellent Ă  jamais cette vie de tranchĂ©es.
J’ai l’occasion de retourner rĂ©guliĂšrement dans mes Flandres natales. Je reprendrais depuis ArmentiĂšres l’allĂ©e des Fous ( le 104 pour les ArmentiĂšrois) je traverserais la frontiĂšre puis le Ploegsteert, et un peu plus loin sur la route de Messines et d’Ypres , sur la droite ,s’Ă©lĂšvera Hyde Park Corner. Je m y arrĂȘterais et je passerais du temps avec Jim et Ashley, ainsi qu’avec tous les combattants de ces horribles guerres.
Je repenserais au vieux monsieur du roman de David Malouf , qui sur un bout de terre dĂ©vastĂ©e dĂ©pose les semailles d’hiver
Je repenserais aussi Ă  Jim qui au mĂȘme endroit « creuse la terre pour ressortir de l’autre cĂŽtĂ© »
et je relirais ce passage du livre de David Malouf :
« C’Ă©tait octobre dĂ©jĂ . Une nuit oĂč il ne dormait pas, dans le vieux cimetiĂšre oĂč on leur avait fait installer le bivouac, juste Ă  la sortie d’Ypres, il vit de grands vols d’oiseaux en route vers le sud, dĂ©coupĂ©s dans la lune . Des oies cendrĂ©es. Il entendit leurs cris lĂ  haut, trĂšs haut, tandis qu’elles progressaient rapidement en nettes formations triangulaires sur leur trajectoire ancestrale. Quand il s’endormit, elles passaient encore, et lorsqu’il se rĂ©veilla, les premiĂšres pluies d’automne Ă©taient lĂ . le sol, avec ses pierres tombales renversĂ©es, Ă©tait tout dĂ©trempĂ© et les hommes, couchĂ©s parmi elle ou dĂ©jĂ  debout et se prĂ©parant Ă  lever le camp, Ă©taient couverts de l’Ă©paisse boue des Flandres qui s’Ă©tendait maintenant Ă  perte de vue et emplissait entiĂšrement le paysage. »
De ce roman je retiens aussi la phrase d’Imogen Harcourt , photographe de son Ă©tat. « Voila ce que signifiait la vie, une prĂ©sence unique, et elle Ă©tait essentielle en toute crĂ©ature….. Une vie n’Ă©tait pas faite pour quelque chose. Elle Ă©tait simplement. »
Cette phrase est l’essence mĂȘme du livre de David Malouf.
Ashley Crowther revient en Australie pour s’occuper de la propriĂ©tĂ© hĂ©ritĂ©e de son pĂšre. il va dĂ©couvrir un paysage magnifique et magnifiĂ© par les oiseaux. Ces oiseaux que connait et aime Jim.
Ashley va faire de Jim le « conservateur » des paysages de sa propriĂ©tĂ©
L’Europe rentre en guerre. Les Îles britanniques aussi.
Bien que l’Europe soit loin , ce conflit n’Ă©pargnera pas Jim et Ashley qui partiront pour l’ Europe et plus prĂ©cisĂ©ment pour le Nord de la France et les Flandres.
La guerre dans toutes ces turpitudes mais « Une vie n’Ă©tait pas faite pour quelque chose. Elle Ă©tait simplement. »
Et c’est cette simplicitĂ© que David Malouf dĂ©crit avec humanitĂ© , poĂ©sie.
Cette vie qui est simplement mais qui inonde , qui tressaille dans chaque page du roman.
Cette vie que Jim et Ashley aime retrouver dans la nature , dans la diversitĂ© des oiseaux et dans leur long pĂ©riple d’oiseaux migrateurs.
« Voila ce que signifiait la vie, une prĂ©sence unique, et elle Ă©tait essentielle en toute crĂ©ature.
Quel grand roman !

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