
Livre culte. Iconoclaste. Humour.
Comment rester sourd au pingouin d’Andrei Kourkov ?
Personnellement je voue une affection prononcée pour le manchot royal. Sa grâce dans l’eau contrastant avec sa démarche pataude doivent être un miroir des domaines où j’excelle et des domaines où je suis d’une médiocrité affligeante.
Et puis Monsieur Manchot est aussi celui qui s’occupe de ces petits.
Ça valorise la paternité !
Donc je voue une affection prononcée pour le manchot royal.
Et donc voici un roman intitu lé le pingouin.
Funeste erreur. Notre pingouin, Micha dans le roman.est un vrai manchot royal , 1 mètre sous la toise , noir et blanc tout comme il faut.
Alors pourquoi parler de pingouin ?
Serions nous au prise avec des secrets, de la conspiration, du complotisme.
C’est bien possible.
Nous sommes au mitan des années 1990 à Kiev. L’URSS à vécu. La Russie émerge et Kiev et l’Ukraine restent encore des vassaux de Moscou malgré l’indépendance de 1991.
Le zoo de Kiev est à l’agonie. Que faire des animaux ? Pourquoi pas faire des demandes d’adoption.
C’est ce qui arrive à notre pingouin manchot.
Un écrivain au chômage Victor Zolotarev va le prendre chez lui.
Un appartement , une baignoire, du poisson congelé. Voilà la nouvelle vie de Micha.
Une nouvelle vie fait de mélancolie.
Victor au chômage n’est pas en bien meilleure forme.
Pourtant il va être contacté par un quotidien pour travailler à la rubrique nécrologique.
A lui d’écrire de belles nécrologies sur des personnes encore bien vivantes.
Travail lucratif que ces » petites croix » littéraires.
Et puis un beau jour ces » petites croix » disparaissent réellement.
Donc je résume : nous sommes à Kiev au début de l’indépendance de l’Ukraine mais encore sous influence de la Russie, dans un appartement avec Victor qui écrit des notices nécrologiques et un pingouin manchot neurasthénique.
Situation incongrue dans laquelle nous entraîne Andrei Kourkov. Il serait vain de résumer l’histoire de Victor et Micha.
Tout est dans le décalage et une certaine absurdité proche du réel.
Ce décalage et cette absurdité ne m’ont pas toujours convaincu.
Pourtant ce décalage et cette absurdité matche bien avec le monde post soviétique .
Donc pas toujours convaincu mais sûrement interpellé.
Reste Micha, le manchot royal.
Il me conforte dans l’affection que je porte à cet animal.
Rien que pour cela la lecture de ce roman est intéressante . Mais vous aurez compris que cela est éminemment subjectif !
Né en 1961, Andreï Kourlov est un écrivain ukrainien. Avant de se consacrer à l’écriture, il a exercé différents métiers comme rédacteur, gardien de prison, ou encore cameraman. Dans les années 1980, il écrit plusieurs scénarios de films. En 2000, il publie son premier roman, Pingouin, dans lequel il met en scène la vie quotidienne d’un chômeur en Ukraine. En 2014, il publie Face Nord, une biographie du photographe français Charles Delcourt.

Un entretien de 2022 d’Andrei Kourkov portant sur la situation de l’Ukraine et sur son dernier roman : Les abeilles grises.