
Deuxième plongée dans l’île de Chypre.
Après la lecture de L’île aux arbres disparus d’Elif Shafak, voici Les oiseaux chanteurs de Christy Lefteri.
Elif Shafak nous parle des migrations , de l’exil dans la Chypre Turco – grecque entre 1970 et 2020.
Christy Lefteri ancre son roman dans les années actuelles et va enquêter sur les nombreuses femmes invisibles et asiatiques qui vivent à Chypre.
Les trois premiers chapitres commencent par la même antienne : Un jour, le jour ou Nisha a disparu.
Ce jour ou Nisha a disparu , deux personnes vont nous en parler. D’abord Petra Loizides, opticienne vivant le long de la ligne verte, ligne de séparation de Chypre entres grecs et turcs. Nisha est la nourrice de sa fille Aliki mais aussi sa femme de mènage.
Puis Yiannis , jeune homme, locataire à l’étage de la maison de Petra. Il vit une relation amoureuse avec Nisha sans que Petra en soit au courant.
Yiannis est un ancien financier que la crise de 2008 a ruiné. Il vivote de petits métiers en petits métiers et vit du braconnage des oiseaux chanteurs.
A travers Petra et Yiannis nous allons peu à peu découvrir qui est Nisha. A savoir une jeune Sri lankaise qui depuis de nombreuses années vit à Chypre , en ayant laissé dans son île natale sa fille de 11 ans Kumari.
On va surtout découvrir les sombres réseaux d’un pays gangréné par les trafics en tous genres, trafics d’humains et d’animaux.
Christy Lefteri nous livre une histoire sombre avec beaucoup d’humanité et un personnage lumineux : Nisha..
Dans tout le livre ce sont les autres qui parlent d’elle.
Elle parle en son nom sur les deux dernières pages du livre, dans une lettre écrite à sa fille :
« J’ai tant à te dire. Sois patiente . La vérité a besoin de temps. »
La vérité a eu besoin de 350 pages. Cette vérité se mérite.
Merci aux Editions du Seuil et à Babelio pour cette belle découverte.

Elle est née de parents chypriotes. Elle anime un atelier d’écriture à l’Université Brunel. En 2010, elle a publié son premier roman, « A Watermelon, a Fish and a Bible ».
« L’apiculteur d’Alep » (« The Beekeeper of Aleppo », 2019), son deuxième roman, lui a été inspiré par son travail de bénévole pour l’Unicef dans un camp de migrants à Athènes.