
SidĂ©rations de Richard Powers est un livre fort qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Richard Powers ne se contente pas d’Ă©crire une histoire de science fiction ou une histoire d’astrobiologiste ayant l’oeil pointĂ© dans les planĂštes par la grĂące des tĂ©lescopes.
Il ne se contente pas non plus de la seule relation d’un pĂšre avec son fils hypersensible.
GrĂące Ă sa formation scientifique, son engagement Ă©cologique il nous livre un roman oĂč l’Ă©motion et l’intelligence lient des liens vertigineux dans notre monde chaotique.
Théo Byrne , astrobiologiste a perdu sa femme dans un accident.
Il Ă©lĂšve seul son fils de 9 ans, Robin. le petit garçon, hypersensible, dotĂ© d’une haute intelligence, avance au grĂ© de moments de calme et de crises de violence.
un petit garçon qui n’est pas fait pour l’Ă©cole, le lien social.
Pour le calmer Théo Byrne emmÚne son fils dormir à la belle étoile en lui racontant des histoires de planÚtes disparues ou inconnues.
MalgrĂ© ces moments sereins , ThĂ©o Byrne craint la mise en place d’un traitement chimique qu’il ne veut pas pour Robin.
Un ami lui parlera d’une thĂ©rapie comportementale , le NeuroFeedback qui devrait aidĂ© Robin.
Ce sera le cas.
Les rĂ©sultats sont fulgurants. L’intervention de l’Intelligence artificielle se rĂ©vĂšle trĂšs positive.
Tout cela peut paraitre beaucoup scientifique, un peu prise de tĂȘte. Cela aurait pu l’ĂȘtre. Mais ce n’est pas le cas. Et j’ai trouvĂ© dans la critique de Christine Ferniot dans TĂ©lĂ©rama la phrase juste pour expliquer cela :
» Richard Powers revient toujours vers l’Ă©motion la plus bouleversante : celle d’un homme serrant dans ses bras son enfant en le suppliant de ne pas disparaĂźtre pour rejoindre toutes ces planĂštes qui chaque jour, chaque minute s’Ă©teignent dĂ©finitivement «
LĂ est le coeur du livre de Richard Powers.
Tout les jours des mondes disparaissent. L’Ă©toile qui brille a dĂ©jĂ disparu et de ces mondes Ă©teints nous savons peu de chose. Ces mondes Ă©teints sont pourtant notre passĂ© et notre futur au milieux des galaxies.
Un petit bonhomme de 9 ans est une planĂšte Ă lui tout seul. Et ce petit bonhomme hypersensible rĂ©agit au quart de tour. L’Ă©tat de la nature, le dĂ©rĂšglement climatique n’est pas pour lui un problĂšme Ă rĂ©soudre dans 10 ans mais une tragĂ©die immĂ©diate.
Alors comment imaginer que Robin disparaisse sous un traitement chimique. Il est des Ă©toiles qui sont des vigies et qui ne doivent pas s’Ă©teindre.
Quelle place donnĂ©e Ă l’altĂ©ritĂ© ?
« il Ă©tait une fois une planĂšte qui ne comprenait pas oĂč Ă©tait passĂ© tous les ĂȘtres. Elle mourut de solitude. C’est arrivĂ© des milliards de fois rien que dans notre galaxie » Richard Powers Page 393.

RENCONTRE AVEC RICHARD POWERS. COURRIER INTERNATIONAL
Lâauteur de LâArbre-Monde a Ă©tĂ© parmi les premiers Ă mettre le vivant au cĆur de sa narration et Ă saisir lâangoisse qui nous Ă©treint face aux pĂ©rils Ă©cologiques. Son nouveau roman, SidĂ©rations, paraĂźt ce mercredi 22 septembre chez Actes Sud. Rencontre chez lui, dans les forĂȘts du Tennessee.
Câest une matinĂ©e frisquette et pluvieuse dâaoĂ»t. Le romancier Richard Powers se trouve dans lâune de ses retraites prĂ©fĂ©rĂ©es, une toute petite plage de galets qui borde un torrent de montagne, dans les Great Smoky Mountains [une chaĂźne de montagnes qui abrite un parc national, Ă cheval entre la Caroline du Nord et le Tennessee]. Il passe lĂ dâinnombrables heures Ă pianoter sur son bloc-notes Ă©lectronique, Ă nager dans les eaux glacĂ©es jusquâĂ lâengourdissement, et Ă contempler la canopĂ©e composĂ©e dâaulnes, de sycomores, de bouleaux, de pins blancs, de tsugas, dâĂ©rables et dâasiminiers, dans ce lieu quâil connaĂźt dĂ©sormais comme sa poche.
LâĂ©crivain est en arrĂȘt devant un gros rocher moussu dâapparence quelconque, entourĂ© de fougĂšres. âIl y a peut-ĂȘtre 50 espĂšces diffĂ©rentes de mousses sur 30 centimĂštres de rocher, sâenthousiasme-t-il. Si ça se trouve, ces lichens ont 1â000 ans.â
âNe me lancez pas sur le sujetâ, plaisante-t-il, tout en examinant une fougĂšre.
Richard Powers a posĂ© ses valises dans le Tennessee voilĂ cinq ans, Ă lâĂ©poque oĂč il travaillait sur son roman LâArbre-Monde [Le Cherche midi, 2018], une Ă©popĂ©e sur plusieurs gĂ©nĂ©rations traitant de la vie mystĂ©rieuse des arbres. Il avait fait le dĂ©placement dans les Smoky Mountains pour Ă©tudier la forĂȘt ancienne du parc. Il a Ă©tĂ© tellement envoĂ»tĂ© quâil a choisi de sây installer Ă demeure.
Câest en randonnant dans les bois alentour que lui est venue lâidĂ©e de son nouveau roman, SidĂ©rations [qui vient de paraĂźtre en anglais et en traduction française chez Actes Sud]. SituĂ© dans un futur proche, le livre a pour narrateur Theo Byrne, un astrobiologiste dont les travaux â la recherche de la vie sur dâautres planĂštes â lui semblent de plus en plus vains devant lâimminence dâun effondrement de la vie sur Terre. TourmentĂ© par les catastrophes qui surviennent autour de lui, Theo sâinquiĂšte pour son fils de 9 ans, Robin, accablĂ© de chagrin par la mort de sa mĂšre et par lâĂ©tat de la planĂšte.
Un auteur lessivé
SidĂ©rations est la derniĂšre incursion, peut-ĂȘtre la plus poussĂ©e, de Richard Powers sur le terrain de la science-fiction, mais on y retrouve aussi des similitudes inquiĂ©tantes avec lâAmĂ©rique contemporaine : une mĂ©tĂ©o dantesque, des troubles politiques, un prĂ©sident Ă la mode Trump, qui tweete Ă tort et Ă travers et qui invente des thĂ©ories du complot pour dĂ©noncer une prĂ©tendue fraude Ă©lectorale, un virus mortel qui se transmet des vaches aux humains et qui se propage Ă toute vitesse avant dâĂȘtre dĂ©pistĂ©.
Le roman tient lieu Ă©galement dâĂ©pilogue Ă LâArbre-Monde, dont le succĂšs a fait grimper en flĂšche la renommĂ©e littĂ©raire de Richard Powers. Avec lui, il a remportĂ© le Pulitzer de la fiction en 2019 et sâest retrouvĂ© en lice pour le Booker Prize [Ă©quivalent du Goncourt pour la littĂ©rature anglophone], ce qui lui a valu des Ă©loges de personnalitĂ©s telles que Barack Obama ou Jane Fonda. Mais si LâArbre-Monde a changĂ© sa vie et sa carriĂšre, il a aussi lessivĂ© Richard Powers, 64 ans aujourdâhui. Au point de le faire hĂ©siter Ă reprendre la plume.
Faire machine arriĂšre
âJe me disais : âPeut-ĂȘtre que ça y est, peut-ĂȘtre que jâai gagnĂ© le droit de profiter tout simplement de la forĂȘt.â DâoĂč vient cette idĂ©e que les artistes ne devraient jamais sâarrĂȘterâ? sâinterroge-t-il. Le problĂšme, câest que jâai Ă©crit un livre qui posait une question trĂšs difficile, Ă savoir : comment se fait-il que nous nous soyons Ă ce point Ă©garĂ©s et comment est-il possible de faire machine arriĂšreâ? Je me suis dit :
âMaintenant que tu as posĂ© la question, pourquoi ne pas Ă©crire un livre sur la forme que pourrait prendre ce changementâ?ââ
Merci pour ce partage. C’est ma prochaine lecture, j’ai vraiment hĂąte..
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une de mes futures lectures đ
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